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mercredi 18 septembre 2013

L’entreprise résiliente

Le « modèle du marché » nous menace d’Armageddon, disait un précédent billet. Y a-t-il un antidote ?

Curieusement, c’est un modèle à la philosophie aussi simple que celui du marché. Je l’appelle, faute de mieux, « l’entreprise résiliente ». Je donne à la résilience une définition particulière. « Ce qui ne tue pas renforce ». Résilience = capacité à profiter du changement (aléa) pour « devenir mieux ». Autrement dit résilience = durabilité.

Comment devient-on résilient ? Deux mots clés : organe et écosystème.
  1. Ce qui rend un organe (cœur) résilient c’est son « écosystème ». Il partage le « choc » du changement. Il guide l’organe. Il en est de même pour l’écosystème naturel ou pour l’entreprise. L’art de la résilience est donc celui de la construction d’un écosystème. Un tissu de sous-traitants mais aussi de clients, et peut-être de concurrents. Mais cette résilience est aussi interne à l’entreprise. C’est la capacité à « apprendre », à acquérir des compétences qui se révéleront décisives un jour. Cet écosystème a deux ingrédients : diversité et confiance. Plus l’écosystème est divers plus il est créatif. Plus on s’y fait confiance, plus on est réactif face à l’aléa.
  2. Etre un organe social a surtout un sens très particulier. Il s’agit d’occuper une fonction unique. C’est l’envers du modèle du marché, basé sur la concurrence et l’hostilité. De même qu’il n’y a qu’un cœur, l’entreprise organe est la seule à savoir fabriquer quelque chose qui est essentiel à la société.
Ce modèle d’entreprise a des bénéfices inattendus.
  • Paradoxalement, le modèle de l’organe est beaucoup plus rentable que le modèle du marché. L’organe est en « monopole ». Il peut donc prélever ce que les économistes appellent une « rente ». Bien entendu, il n’a pas intérêt à s’endormir sur ses lauriers, sans quoi il sera la victime du prochain changement qui va secouer son environnement. Plus proche du brevet que du monopole, cet avantage. Autre bénéfice : le capital de marque. Les universitaires disent que ce capital est la rémunération de la confiance que le consommateur a appris à faire à l’entreprise. Construire une entreprise sur la confiance est donc un moyen de lui donner de la valeur !
  • Et le modèle de l’organe règle la question de la stratégie. Aujourd’hui les entreprises se plaignent que le monde est imprévisible. Elles sont incapables de quelque stratégie que ce soit. Or, l'imprévisibilité est la raison de notre liberté ! Et elle n'empêche pas la stratégie. Car un « organe » sait toujours ce qu’il a à faire. Sa mission.
  • Et que fait-il ? Il peut utiliser son écosystème de relations pour faire pencher l’avenir dans une direction favorable ; renforcer ses capacités d’adaptation, utiles au passage du prochain changement ; apprendre, acquérir de nouvelles compétences, qui lui permettront de tirer encore mieux parti du dit changement. Son travail consiste à « changer pour ne pas changer ». Il se prépare au prochain coup de Trafalgar. Afin de ne pas y perdre son identité. Et, au contraire, de l'enrichir. 
Modèle théorique ? idéaliste ? Il existe partout. On reconnaît l’entreprise allemande, ou japonaise. Ou même le tissu industriel italien (aujourd’hui en capilotade, malheureusement). Mais, voilà, il a pris un coup dans l’aile. Le tissu économique a perdu en résilience.  

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