Le livre du billet précédent se prête à la modélisation.
La France de 89 est construite sur une fiction : une
société d’individus. Elle ignore que l’homme forme des groupes et que ce sont
ces groupes qui permettent à une société d’exister.
Je me demande si à l’origine de tout ceci il n’y a pas la
question de l’individualisme. L’individualiste exploite la structure sociale à
son avantage (oligarque). Ce qui est inacceptable. Du coup, on ne veut plus de
structures sociales (institutions). Mais sans structure sociale, pas de société…
que faire ?
Inventer une utopie. Pendant que les Français croient à cette
utopie (le progrès après-guerre, par exemple), ils ne pensent pas à leur intérêt
personnel. Du même coup, on peut reconstituer les institutions. Car on peut
alors les peupler de missionnaires de l’utopie (les énarques d’après guerre,
les instituteurs et les polytechniciens, avant eux). Des gens qui ne sont pas
individualistes pour deux sous. La société fonctionne donc.
France condamnée à des cycles ? Enthousiasme utopique, désillusion
face à la réalité, dépression et poujadisme ? (Je soupçonne que les USA,
autre société individualiste, sont aussi soumis à ce type de phénomènes.)
A moins que ces « révolutions culturelles » ne
finissent pas modifier la culture du pays ? Le guérissent de son
individualisme et lui injectent un peu de sens pratique. Une autre possibilité
est une société de travailleurs indépendants et interdépendants. L’idée me
vient de mon observation de la société, des travaux d’Elinor Ostrom et de ma
réflexion sur la résilience. Dans une société le rôle de l’Etat est faible. Les
hommes sont moins protégés et plus interdépendants qu’aujourd’hui. Ce qui rend difficile
un individualisme - parasitisme du social. Une organisation sociale plus légère
conduit aussi, peut-être, à une plus grande liberté et à une moindre
productivité.
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