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lundi 10 février 2014

MOOCs et importance du lien social dans l'enseignement

Un économiste s’intéresse aux conséquences des MOOCs :
  • Caractéristiques : lourd investissement de réalisation, des coûts quasi nuls d’utilisation. C’est un modèle presque inverse de l’Université, qui est soumise à des contraintes physiques et dont le « coût marginal » est très élevé.
  • La bataille devrait se faire sur la qualité. Comme pour les livres (les éditeurs devraient-ils se lancer dans les MOOCs ?), quelques cours devraient s’accaparer tout le marché. Faisant ainsi des stars d’une poignée de professeurs.
  • Les universités américaines se divisent en deux. Le bas de gamme qui devrait plus ou moins servir de support aux MOOCs ou périr. Le haut de gamme qui, lui, devrait impérativement ne pas collaborer avec les MOOCs. En effet son modèle est, en quelque-sorte, la « fidélisation » d’une élite étudiante qui, une fois fortune faite, en reverse une partie à son établissement d’origine. Pour cela il faut des liens humains exclusifs et forts.
Mes remarques :
  • Comme pour toute innovation, ses conséquences sont difficiles à évaluer, et laissées de côté. Quid des enseignants actuels, qui pourraient se trouver au chômage ? Et du modèle à adopter pour former les prochaines générations de professeurs, sachant que seulement quelques stars doivent survivre ? Quel rôle joue le lien social dans ce que l'on apprend à l'université, dans la capacité de l'élève à absorber efficacement beaucoup de connaissances... ? La force de Cambridge, par exemple, c’est que chaque élève est suivi par un superviseur, qui travaille avec lui en face à face. En outre, la vie sociale de l'étudiant et sa capacité à s'y faire remarquer, et à y jouer un rôle de leader (équipes sportives, clubs politiques, journaux universitaires, compagnies théâtrales...) sont vus comme des tests de ses qualités et sont décisifs pour sa future carrière. 
  • Internet a un effet très particulier. Son marché est souvent marginal (cf. les ventes de livres en ligne). Mais il conduit à un effondrement de ce qu'il attaque, qui était optimisé pour servir au meilleur prix son marché existant. Du coup, l'effet d'Internet peut être la disparition de services importants pour une grande partie de la population. Les MOOCs pourraient-ils avoir cet effet dévastateur ? D’un côté des formations extrêmement chères, du type de celle de Cambridge, désormais réservées à une élite de possédants ? De l’autre des cours d’accès facile et peu coûteux dont ne pourraient se tirer que quelques autistes ayant des talents et une volonté exceptionnels ? Ce qui ne leur ouvrirait, pour autant, pas de carrières magnifiques, celles-ci étant réservées à ceux qui ont des liens avec le meilleur monde, et qui savent s’y bien comporter ?
Peut-être serait-il bien de faire un minimum d’expérimentation avant de les laisser dans la nature ? En fait, ce qui ne va pas dans cette affaire, c'est le modèle du marché. Tout se passe comme si nous assistions impuissants à un combat que nous ne pouvons pas influencer, mais qui va déterminer notre sort. Or, si les MOOCs ont des vertus, elles ne peuvent pas remplacer celles de l'enseignement traditionnel. La question qui se pose est donc : comment maîtriser le "marché", afin d'avoir le meilleur de l'innovation et de la tradition, sans que l'un ne tue l'autre ?

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