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vendredi 26 septembre 2008

Blocage américain

Henry Paulson, ministre des finances américain et ancien dirigeant de Goldman Sachs, conduit le changement. Un plan de sauvetage du système bancaire. Il fait face à des difficultés.

Il veut retirer aux institutions financières leurs actifs les plus dangereux. Ils sont dangereux parce qu’on ne sait pas ce qu’ils valent. Je soupçonne qu’il pense que c’est ce qui fait peur au marché. Surtout cela peut amener les banques à la frilosité. Devant couvrir un risque inconnu, elles garderont leur argent plutôt que de le prêter. D’où faillites en série des entreprises les plus fragiles, rétrécissement du marché…

Un « consensus » d’économistes critique ces mesures. Ils sembleraient craindre une crise de liquidité. Mauvais esprit ? Je me demande s’ils ne craignent pas surtout une menace pour un système qu’ils croient parfait ne serait-ce les malversations de quelques-uns (qui leur ressemblent comme des frères, pourtant).

Les démocrates semblaient estimer la mesure injuste : elle va grever le budget américain, qui n’était pas brillant. S'ils gagnent les élections, plus de moyen de faire une politique sociale, rigueur financière nécessaire, mécontentement du pays et risque consécutif de victoire républicaine à mi-mandat.

Mais c’est une coalition de Républicains qui a fait capoter l’affaire. Au grand désespoir du Président Bush. Est-elle le porte-parole d’une Amérique d’en bas qui trouve injuste de gaspiller son agent pour sauver quelques escrocs ? Une Amérique d'en bas qui a la sollicitude de John McCain? Il n’a, bien sûr, rien à voir avec ce mouvement.

Le changement révèle les idéologies des uns et des autres, ce à quoi ils croient le plus, leurs ambitions. Le risque ? C’est qu’ils n’en démordent pas. C’est la surdité. C’est que l’individu fasse passer son intérêt avant celui du groupe. C’est le dilemme du prisonnier de la théorie des jeux. C’est ce qui est arrivé à la France de l’avant guerre de 40. Voilà pourquoi un changement ne peut pas passer en force.

Comment se tirer d’affaires ? « Ordinateur social ». C’est un mode de négociation, qui n’est pas une négociation, parce qu’on ne cherche pas un compromis, mais l’unanimité, et ce rapidement. Pourquoi ? Parce que si chaque parti est honnête, ses raisons représentent une part de la vérité. Elle doit figurer nécessairement dans la solution aux difficultés du moment. Et s’il y a des malhonnêtes ? Leur argumentation ne tiendra pas. Ils seront alors sous la pression de la réprobation publique, qui est insoutenable. Ce qui fait l’ordinaire de la résistance au changement, le « lien social », est ici la meilleure arme du changement.

Il y a dans les forces qui sous-tendent la société, des mécanismes qui permettent le changement. Conduire le changement, c’est apprendre à les utiliser. Je pense que la démocratie américaine l’a compris depuis longtemps.

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