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samedi 14 février 2009

La France dans la tourmente

Ce blog répète ce qui se dit ailleurs. Comme la France n'intéresse personne, je n'ai pas tellement d'idées sur ce qu'elle devrait faire face à la crise. Un début de réflexion.

Un récapitulatif pour commencer. Ce blog segmente en deux le monde :

  1. Les cigales. Les dépensières, Amérique en tête, dont les ménages et les entreprises ont fait d’énormes dettes.
  2. Les fourmis. Les mercantilistes (Chine, Allemagne et Japon), qui empilent plus qu’elles ne dépensent. Pas uniquement de l’argent, mais aussi des savoir-faire et des capacités de production dont elles privent les cigales, qui ne peuvent plus gagner leur vie, donc payer les exportations des fourmis. Le mercantilisme est une forme guerrière du protectionnisme.

La combinaison de ces deux phénomènes aurait créé la crise. Les cigales doivent reconstituer leurs stocks de protection et leurs capacités de production ; les fournis sont dépendantes de l’incurie des cigales : elles doivent apprendre à consommer et revoir leur stratégie de destruction du tissu économique adverse. Il semble que, pour une nation donnée, il y ait un équilibre à trouver : un niveau raisonnable d’exportation, de dette, de capacité de production nationale. Il correspond à l’état de robustesse actuel de l’économie mondiale ?

Et la France ? Elle est plutôt cigale. Mais pas excessivement. Manque de rigueur ? Son côté latin ? Ou mal américain, incorrectement diagnostiqué ?

  1. Le mal américain n’est pas le seul fait des banques. C’est la croyance qu’il suffit d’installer les lois du marché quelque part, pour que le meilleur des mondes en résulte. Pour l’entreprise cela signifie une gestion uniquement financière, et l’incapacité à développer son assurance sur la vie, l'avantage concurrentiel (ce qui demande une compréhension intime de son métier). Conséquence : entreprise peu durable, et, à terme, disparition de l’écosystème de sous-traitants qui vivait en symbiose avec elle. Or la crise est favorable à ce mal. Sous couvert de nécessaire rigueur, on fait ce qui serait bloqué en des temps meilleurs. On me dit, par exemple, que les opérateurs de télécom diminuent massivement leurs dépenses de recherche et de sous-traitance, pour maintenir leur rentabilité. Comme ils n’ont pas changé de modèle économique (construit sur la recherche et la sous-traitance), ils hypothèquent leur avenir. 
  2. La disparition des mammouths pourrait laisser de la place aux « jeunes pousses ». Mais la France leur offre-t-elle un terrain propice ?
  3. À ceci s’ajoute le mal anglais : l’injection des lois du marché dans le service public. La destruction de l’aide aux plus défavorisés qui en résulte a un effet pervers : il les force à économiser. Ce qui n’est pas bon pour l’économie.

L’élite française avait été contaminée par son admiration du modèle anglo-saxon. Sait-elle encore d'où viennent ses idées ? N’y voit-elle pas une invention originale (donc brillante) ?D'ailleurs, ne fait-elle pas face à un dilemme : gérer une entreprise en développant sa compétence est (apparemment) compliqué quand on ne connaît pas son métier, de même qu’utiliser le service public pour le bien collectif ? (Deux exemples d’anxiété d’apprentissage.) Risque de résurgence d'un vieux réflexe de notre élite : « du pain et des jeux » ? Encourager nos vices : subventionner certaines clientèles, tirer parti de nos penchants xénophobes…

Mais il n'y a pas que du noir dans notre culture : le pays est dirigé par des (anciens parfois) grands commis de l'Etat qui ont longtemps mis l'intérêt collectif avant le leur ; ils ont été formés pour résoudre des questions complexes. S'ils ne cèdent pas à la tentation de la facilité, ou à leur anxiété d'apprentissage, l'espoir est permis.

Compléments :

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