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samedi 11 avril 2009

Trou noir

Dans The Atlantic Online, l’ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson, explique que la situation actuelle de l’Amérique est celle des républiques bananières que secourt régulièrement le FMI. Bien sûr, il n’est pas possible de traiter la superpuissance mondiale comme tel. La crise de 29 ne sera donc qu’une douce farce de l’histoire par rapport à celle qui se prépare.

La chute de la République bananière, un cas

Les pays qui ont connu des faillites ces derniers temps suivent une voie relativement prévisible. Une oligarchie, fruit du « partenariat public-privé », se constitue à leur tête. En période faste, ses initiatives profitent à tous. L’appât du gain lui donne de plus en plus d’ambition, elle prend de plus en plus de risques, accumule les dettes. Ça claque. Le gouvernement répare les premières faillites, en ami, par détournement de bien social. Mais la crise dépasse ses moyens, et la question devient : quel oligarque doit être sacrifié ? C’est presque un appel au suicide. La question peut donc demander des années pour être tranchée, et le pays trépasser.

La Russie actuelle traverse cette phase.

L’Amérique comme application

La couche oligarchique américaine s’est constituée ces 25 dernières années. L’élite du pays est faite de financiers qui entremêlent, comme les grands commis de l’état français (mais en sens opposé), passage du privé au public et inversement. D’ailleurs la finance est vue comme un service public dont la mission est le bonheur mondial. On avait une telle confiance en sa sagesse, et si peu en celle du reste de la planète, qu’on lui a confié la gestion de ses risques.

Jusqu’ici la crise a été un petit arrangement entre amis. Le règlement des premières faillites a été l’occasion de quelques dons généreux. Mais, aujourd’hui, toutes les grandes banques sont en faillite virtuelle. Seulement, elles ne peuvent pas le dire. Alors le gouvernement américain a recours à une créativité qui évoque le meilleur d’ENRON : non seulement il masque des subventions colossales par des dispositifs d’une extrême complexité, mais il a mis la main sur d’énormes sources d’argent sans autorisation de qui que ce soit.

Le dernier plan de Timothy Geithner en est un exemple. Il lui aurait été suggéré par la profession financière. Elle a trouvé le moyen de payer aux banques leurs actifs à risque au dessus de leur prix (de ce fait les sauvant), et de faire que ceux qui les achètent s’enrichissent (à tel point qu’un autre article pense que les banques pourraient racheter leurs propres actifs - par des structures hors bilan). Bien entendu, c’est le contribuable qui paie ce beau tour de passe-passe.

Il n’est pas possible de prévoir l’avenir. Mais, comme le dit mon premier livre, la méthode des scénarios peut y aider.

Le scénario FMI

Si le FMI devait intervenir, il imposerait une nationalisation des banques, qui seraient nettoyées et revendues par appartements ; et un renouvellement de l’élite dominante. Pour que celle-ci ne puisse pas se reconstituer en oligarchie, il faut détruire ses véhicules de pouvoir (découpage des banques, lois anti-trusts, mécanismes anti-accumulation de fortune…).

Ce scénario n’a aucune chance de réussir : l’Amérique donne des leçons au monde.

Le Scénario russe

Les petits arrangements entre amis se poursuivent, ainsi que les faillites. Le chaos économique s’installe pour longtemps, car il a l'intérêt de masquer les culpabilités. De l’oligarchie on passe au grand banditisme. Allemagne années 30 ?

L’abîme

Un scénario favorable, quand même. L’économie mondiale s’effondre, l’Europe de l’est est balayée, emmenant avec elle les banques et l’économie de l’Europe de l’Ouest, les pays émergents sont terrassés par leur dépendance à l’exportation. Les USA finissent par être touchés. Ils sont forcés de revenir à la raison.

Compléments :

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