Hervé Kabla a retrouvé un discours de Soljenitsyne aux élèves de Harvard, une critique bienvenue de notre civilisation dit-il. Je crois qu’Hervé est un homme qui ne voit que le bien ; et que je ne vois que le mal.
Ce discours, « le déclin du courage » me semble avoir deux aspects.
- La critique de l’Occident, ce qu’Hervé a retenu. Hommes politiques lâches, or il n’y a que l’élite qui compte, peuple matérialiste et veule perverti par le confort. Droits de l’homme, outils de manipulation ; légal qui étouffe le légitime ; presse, voix de la médiocrité et de la mode qui censure le génie et la pensée… « Les forces du Mal ont commencé leur offensive décisive. »
- La vision du monde de Soljenitsyne. Une poignée d’êtres d’exception, qui savent ce qui est bien. Un peuple de larves dont le droit « est de ne pas savoir » : « Une personne qui mène une vie pleine de travail et de sens n’a absolument pas besoin de ce flot pesant et incessant d’information ». L’humanité doit annuler l’erreur commise à la Renaissance, et revenir à un Moyen-âge « d’embrasement spirituel ».
Ce qui m’inquiète dans ce texte est qu’il reprend les critiques que l’on entend de partout sur l’Occident. Et que nous reprenons facilement à notre compte, sans en comprendre les conséquences. Mais qu’a-t-on à nous proposer en échange ? Le Moyen-âge de brutes et de boue d’Andreï Roublev ? Tout n’est pas parfait chez nous, mais est-ce la faute de nos idéaux, auxquels Soljenitsyne s’en prend, ou de leur mise en œuvre ? N’est-il pas encore temps de la corriger ? La science n’a-t-elle pas été précédée par les charlatans de Molière ?
D’ailleurs notre monde n’est-il que matérialisme lâche ? N’avons-nous pas toujours de nobles idéaux, qui comptent plus que nôtre vie et que les biens matériels ? Et notre force n’est-elle pas d’avoir un peuple qui est contraint de penser, parce qu’il ne peut faire confiance à ses élites ?
Quand au « déclin du courage », je ne sais pas dans quel camp il est. Le valeureux Soljenitsyne a peur de la « pornographie » et même de la « musique » occidentales. Quant au débat démocratique et à la bataille des idées, il n’a aucun goût pour les affronter.
Je ne pense pas que ce texte soit si manichéen. Il invite simplement l'occident à ne pas céder aux faiblesses que son confort offre. Cela suppose une classe dirigeante moins nombriliste, et qui essaie de construire l'avenir plutôt que de surfer sur son passé. De Gaule incarne une bonne vision, que des présidents comme Chirac ou même Sarkozy n'ont fait que parodier.
RépondreSupprimerPeut-être, mais je ne le ressens pas comme cela.
RépondreSupprimerQuand on déclare que l'Occident a fait fausse route à la Renaissance on n'est pas loin d'avoir une vision des réformes de l'Occident aussi radicale que celle d'Al Caïda...
Quant à nos dirigeants, je soupçonne que c'est notre système de sélection qui les déforme (les dirigeants exceptionnels sont ceux qui sont sortis des guerres ou du hasard). Bref c'est à nous, les petits, de prendre notre sort en main!