Pages

mardi 1 mai 2012

Le libéralisme : une idée qui a fait son temps ?

Le libéralisme vivrait-il ses dernières heures ?

On nous enjoint de réformer nos États, de réduire nos dettes, de déréglementer notre économie pour qu’elle crée enfin « des richesses » et de l’emploi. Sans cela « les marchés » nous grilleront de leurs feux. Le discours dominant est massivement libéral.  Mais le doute s’est installé.

De la Chine à l’Europe en passant par l’Inde et la Russie, le monde s’est systématiquement libéralisé à partir des années 80. Les États ont vendu ce qui générait des revenus (par exemple la production d’énergie, les télécoms, parfois des banques) et ont conservé ce qui n’était pas rentable. En outre, ils ont relâché leur rôle régulateur. Cela a créé de grandes fortunes, mais aussi beaucoup de souffrance et de résistance à l’injection d’une seconde dose du même traitement. Partout, le populisme menace.

Et les feux de l’enfer ? L’Amérique refuse de se réformer et n’a pas été punie pour cela. C’est plutôt les pays vertueux qui vivent l’enfer : Irlande, Angleterre, Espagne, Grèce… (les trois premiers sont, curieusement, les champions du libéralisme européen). Et la BCE n’a-t-elle pas infligé une défaite aux marchés financiers ? Au fait, qui sont-ils ? Une force de la nature, aveugle, ou un mouvement entraîné par une clique de copains, qui pourrait être remise au pas pour peu qu’on le veuille ?

Petit à petit, les idées de Paul Krugman gagnent du terrain : il faut une relance Keynésienne. Ce qui sous entend, au moins à court terme, plus d’État, et pas moins. On peut d’ailleurs se demander si la prochaine série d’élections européennes ne va pas connaître une vague socialiste.

Le changement comme dégel

Le changement a quelque chose d’extrêmement contrintuitif, et celui-ci ne semble pas être une exception. Une majorité se forme, qui rejette les idées qui occupent le haut du pavé. Mais, étant composée d’individus isolés, elle ignore qu’elle est une majorité. Il faut une sorte d’incident pour qu’elle se découvre. Alors, ce qui semblait un consensus est renversé, à la surprise générale.

Et l’avenir ? Il est imprévisible. Il se cristallisera autour d’une idée qui aura probablement deux caractéristiques : comme le libéralisme en son temps, elle sera portée par des gens extrêmement déterminés (pour qu’elle puisse percer), elle semblera répondre aux maux à court terme de la population. 

Compléments :
  • Le modèle du dégel est dû à Kurt Lewin, c’est aussi le modèle de la transition de phase, en physique. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire