Que reproche-t-on à M.Ghosn ? D'après ce que j'ai pu trouver, il aurait utilisé sa carte de crédit pour faire des cadeaux à sa nouvelle épouse, et payer un mariage coûteux à sa fille. Il aurait aussi couvert une manoeuvre boursière malencontreuse. Voulant assurer son salaire contre un changement de cours du Yen, il aurait pensé prévoir les mouvements de la bourse, malheureusement, elle est allée à l'envers de ses prévisions. Et il s'est retrouvé à devoir payer de l'ordre de 15m$. Ce serait un ami milliardaire du Golfe (rencontré lors de ses études au Liban) qui l'aurait dépanné. M.Ghosn l'aurait remboursé sur les fonds de Nissan. On apprend aussi que Nissan payait la scolarité de ses 4 enfants à Stanford (très très cher). Cela avait été négocié légalement.
Management inter culturel
Ce qu'on lit aussi, c'est que M. Ghosn fut un héros japonais. Apparemment, il y avait même une bande dessinée sur lui, et il a donné son nom à un plat national. Et si les malheurs de M.Ghosn venaient d'une méprise ? Et si les Japonais avaient cru qu'il était un des leurs, alors que lui les considérait comme des Américains comme les autres ? Il pensait obtenir par la force ce que lui valait la confiance ? Et si c'était cette confiance trahie qui avait valu le déchaînement incontrôlé de la justice japonaise ?
Curieusement, j'avais entendu dire que M.Ghosn s'entendait mieux avec ses collaborateurs japonais que français. Est-ce que ce qui semblait avoir fait son succès, son management inter culturel, ne s'est pas retourné contre lui ? Et s'il avait, involontairement, exploité les failles des cultures, mais pas leurs forces ? Et si, une fois réveillées de leur surprise, celles-ci s'étaient retournées contre lui ?
L'ascenseur social fait une victime ?
Et s'il avait été victime, lui-même, d'un drame inter culturel ? Ce qui me frappe chez M.Ghosn, c'est à quel point il ressemble à mes amis libanais. Même sa capacité de travail, dont on s'émerveille tant, n'a rien d'exceptionnel. Ils sont malheureux dans leur famille. Leur activité professionnelle c'est leur vie. Leurs amis, leur véritable famille, sont leurs partenaires commerciaux. Mais, surtout, les plus brillants sont venus faire leurs études en France. La France leur a donné ce qu'elle avait de mieux. Mais ce n'est pas beaucoup. Car, nous sommes un Etat bureaucratique. Or leurs anciens camarades, incultes peut-être, ont fait fortune dans les affaires. Celui qui, dans son enfance, était le plus admiré, est maintenant, à leur échelle, un prolétaire. On lit que M.Ghosn a reçu 100m€ en quelques années. Mais que reste-il après impôts et divorce (M.Ghosn a été victime du démon de midi) ? Comment assurer un train de vie digne de son rang ? C'est peut-être le noeud du problème. Ce que ni vous ni moi ne pouvons comprendre.
Car, un yacht de milliardaire du Golfe, d'oligarque russe ou de Bernard Arnault peut valoir 500m$ ou plus. A quoi ressemble le voilier de 12m de M.Ghosn à côté de ces bateaux de 100 à 180 m ? On dit aussi que le départ de M.Tavarès vient de ce que M.Ghosn ne voulait pas prendre sa retraite. Mais comment vivre parmi ses égaux avec un salaire de retraité ?
Comme dans Stupeur et tremblements, le Japon a rappelé à M.Ghosn que le démiurge, cela n'existe pas ?