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dimanche 28 février 2021

Réindustrialiser la France

Dans les années 70, que l'avenir soit au service faisait consensus parmi les élites occidentales. La France s'est désindustrialisée. Et elle est allée, dans ce domaine, beaucoup plus loin que des pays comparables. 

Les conséquences de cette politique étaient visibles depuis longtemps, en termes de chômage, des malaises sociaux associés, de désertification rurale, et de déficit du commerce extérieur. Mais, apparemment, il a fallu l'épidémie, et les failles béantes qu'elle a révélées (santé, télécom, numérique...), pour que nos gouvernants prennent conscience que le pays avait perdu sa "souveraineté". 

D'où des propositions d'économistes pour "réindustrialiser" le pays. 

Bonnes idées ? Le changement est un processus long, qui commence par une prise de conscience. C'est elle qui compte...

Le modèle allemand peut-il être français ?

Un dirigeant me disait que l'obsession de l'entreprise allemande était de "ne pas sortir de son savoir-faire". 

Intelligemment exploité cela a un effet extraordinairement vertueux : l'entreprise adopte une stratégie de "niche". Elle répond très bien à un besoin très important pour un certain type de client. En conséquence, contrairement à la multinationale, qui doit être un "leader par les coûts", pour servir le gros du marché, elle a de grosses marges. Mais elle reste souvent relativement petite. Et, elle tend à être internationale : plus son marché est étendu, plus elle peut se spécialiser, plus elle est difficile à déloger... 

Cela pourrait-il marcher en France ? Ce n'est pas impossible, car l'entrepreneur français, aussi, a, mais implicitement seulement, un savoir-faire dont il ne veut pas sortir. Seulement, n'en étant pas conscient, il ne l'exploite pas. Plus grave ? Le dirigeant allemand pense qu'un bon travail mérite une bonne rémunération. Le patron français, lui, n'a pas confiance en soi. Du coup, il se paie mal, et il paie mal. De ce fait, il ne peut se tirer du cercle vicieux du "ni fait ni à faire". 

samedi 27 février 2021

Défiance nationale

Nous avons beaucoup en commun avec l'Allemagne. Quand il s'agit de choisir un fournisseur, nos grandes entreprises préfèrent les entreprises allemandes aux entreprises françaises. 

Cela nous pose un problème gênant : l'entreprise innovante a besoin d'un marché national fort pour lancer ses produits. Notre "défiance nationale" a probablement un coût économique extrêmement élevé. 

D'où vient-elle ?

Je me souviens du temps de mes études où le gouvernement avait imposé à mon école d'acheter français. Du coup nous avions des ordinateurs Bull, qui tombaient sans cesse en panne, et qui se programmaient par  cartes perforées. (Le Macintosh était déjà un succès !) Est-il étonnant, dans ces conditions, que la France ait créé aussi peu de "licornes" ?

Exception ou règle ? Notre "défiance nationale" vient-elle d'une politique industrielle maladroite, qui a donné un marché captif à l'incompétence ? 

La relance commence-t-elle par un pacte de réconciliation ? 

Les changements de l'assemblée nationale

Durant la 3ème et la 4ème républiques, l'assemblée nationale était tout. Voix du peuple, voix de Dieu. Puis de Gaulle a vaincu. L'assemblée n'est plus rien. Composée d'inconnus (en particulier en ce qui concerne le parti présidentiel), elle ne fait qu'approuver les décisions du gouvernement. Lui qui devait être exclusivement "exécutif" est devenu législateur. Malédiction de la France. On pense que gouverner, c'est imposer ses idées, sans écouter celles des autres. 

Dans son travail sur la démocratie représentative, John Stuart Mill propose quelques idées qui mériteraient d'être considérées. Chez lui, le représentant du peuple ne représente pas une idéologie ou un territoire. Au contraire, il est choisi pour son talent de libre penseur, sa capacité à analyser une situation et à en tirer une analyse pertinente. C'est le rayonnement que produit sa pensée dans l'exercice de ses fonctions de citoyen qui le porte à l'attention de la population. Il ne fait pas carrière dans l'appareil d'un parti. Finalement, paradoxalement, le meilleur élu est celui qui ne veut pas être élu ! 

Dans ces conditions l'assemblée devient un "Think tank", mais au sens noble du terme, un endroit où se forme une pensée collective. 

vendredi 26 février 2021

L'industrie disparaît

Temps des bilans. Pourquoi la France s'est-elle autant désindustrialisée ? Un universitaire me disait que c'était dû à un choix de V. Giscard d'Estaing. J'enquête. Je trouve deux articles (Atlantico et France Culture).

Le déclin de l'industrie serait lié à une politique "néo libérale", dont M.Giscard d'Estaing a effectivement le crédit. Elle apparaîtrait quasiment immédiatement après la disparition du général de Gaulle. Il faut laisser faire les lois du marché. 

Paradoxalement, cette politique serait inspirée d'une doctrine allemande, alors que les Allemands ne sont que stratégie collective et industrielle, fort peu libérale. 

Un facteur important dans ce changement serait que "Nos élites ont rêvé d’une industrie sans usine". Or, ces élites ont la double caractéristique de vivre en dehors de la pratique et de la réalité, et d'avoir énormément de pouvoir. 

(Quant au président Giscard d'Estaing, faut-il interpréter le fait que le ministère de l'industrie ait été absorbé par le ministère des finances lorsqu'il le dirigeait comme la mise sous tutelle du corps des mines, qui portait la politique industrielle du pays, et le début de la "financiarisation" de l'économie ? Un règlement de comptes entre polytechniciens ?) 

Indestructible raison ?

J'ai toujours tort, dit ce blog. Ce qui est parfois faux. En particulier, lorsqu'il lit les analyses qui sont faites des changements en cours. Ce qui était prévu s'est passé. Effectivement, les réformes ont donné le contraire de ce qui était attendu par nos gouvernements successifs, qui ont, essentiellement, fait une politique identique. 

Quel enseignement peut-on en tirer ? 

Que nous ne pensons pas. Les politiques suivent des modes identiques aux modes vestimentaires. On les absorbe sans réfléchir. En ce sens on peut même considérer que nos hommes politiques ne sont pas responsables des politiques qu'ils ont appliquées : ils n'ont fait que suivre ce qui se disait dans leur petit milieu international. 

Pour autant, il existe une raison qui résiste. Paradoxalement, les textes que je cite viennent souvent de Sciences Po, la fabrique de l'élite, qui apparemment ne les lit pas !

Conclusion : les Lumières ont échoué. Elles voulaient, justement, que nous ne soyons plus victimes de ces phénomènes de foule. La liberté, c'est cela. C'est penser par soi-même. 

Le problème que cela pose n'est peut être pas tant comment faire que nous pensions que : comment éviter que les derniers remparts de la pensée ne soient emportés ? 

jeudi 25 février 2021

Occident narcissique

Comment les croisades ont elles été perçues par les Arabes ? se demandait Concordance des temps, de France Culture. 

Comme nous décrivons les invasions barbares et Rome (ou les périodes de trouble lors desquelles se sont illustrés les Vikings), à savoir un empire qui s'effondre, miné par ses contradictions internes, et des forces extérieures qui en profitent pour le mettre à sac. Dans ce cas ces forces sont : les Mongols, les Turcs, et les croisés. Et ce sont de loin les premiers les plus terribles, et qui ont le plus durablement marqué les esprits. Ne serait-ce que parce qu'ils ont balayé l'Iraq et l'Iran, qui étaient le coeur du monde islamique. Israël n'avait que peu d'importance. Ce qui remet le narcissisme occidental à sa place. 

(J'ai aussi lu que pour l'Inde, les "conquêtes" d'Alexandre n'avaient laissé aucun souvenir. Idem en ce qui concerne les guerres médiques des Grecs, qui, pour les Mèdes, n'étaient qu'un épiphénomène. Peut-être cela nous ferait-il du bien de reconsidérer l'histoire autrement que de notre point de vue ?)

Mauvais temps ?

Le temps est une construction, nous dit la phénoménologie. En quoi cela nous concerne-t-il ? 

Dans la vie humaine, le temps n'est pas celui des horloges. La même durée n'est pas perçue de la même façon selon les circonstances. Or, la science nous impose de pus en plus son temps, celui des espaces intersidéraux. Pour la médecine, il n'y a qu'un objectif : rallonger la vie. La fin justifie les moyens. 

Achille a choisi une vie courte et glorieuse. Et si notre vie avait baissé en intensité, et si elle était devenue moins humaine ? 

mercredi 24 février 2021

La triste et édifiante histoire du haut fonctionnaire ?

L'histoire récente de la France, c'est la création, après guerre, de champions nationaux. Ils sont dirigés par des hauts fonctionnaires, généralement des membres du corps le plus prestigieux de polytechnique (les Mines). La France a le monopole de l'intelligence, il faut en profiter ! Ces gens en arrivent à penser que, pour faire l'intérêt du pays, ils doivent faire celui de leur entreprise. Elle devient une multinationale comme les autres. Parce qu'ils ne sont pas très habiles à ce jeu ? ils sont remplacés par des énarques, eux mêmes remplacés, de plus en plus (Air France, Sanofi) ?, par des étrangers. D'ailleurs, il est fréquent que ces "champions" finissent acquis par d'autres (Alcatel, Arcelor, Lafarge). Exit le haut fonctionnaire. 

Notre élite fut-elle l'idiot utile d'un jeu qui la dépassait ? Quelle leçon, autre que d'humilité, en tirer ?

Pauvre femme

Emission sur Rebecca Clark. Une musicienne anglaise inconnue. Sans cette affreuse discrimination, cette charmante femme aurait écrit beaucoup plus d'oeuvres, disait la présentatrice. 

Mais, elle est née en 1886 (décédée à 93 ans). Ce qui m'a fait penser à mon grand père. Il était un peu plus jeune qu'elle. Il n'aurait jamais été question qu'il fasse de la musique, car il était trop pauvre pour cela. En revanche, il a fait 3 ans de service militaire, puis deux ans de guerre, où il a perdu un bras. Et il est mort à 55 ans. 

N'est-il pas ridicule de donner des leçons à l'histoire ? 

mardi 23 février 2021

Mauvaise santé

Dans ma jeunesse, on avait l'impression que notre santé était entre de bonnes mains. Nous étions le pays de Pasteur. Qu'est-il arrivé ? Voici ce que je retiens de deux études : l'une sur le secteur de la santé en général, et l'autre sur Sanofi, en particulier :

  • "Quand j’ai commencé ma carrière, jeune chercheur venant de Belgique, j’ai été ébloui par la science française, notamment au CNRS. Malheureusement, je dois dire qu’au fil des décennies, les moyens n’ont cessé de s’éroder et la bureaucratie de fleurir." L'appareil administratif s'est nourri sur la bête ? (On réduit le nombre de soldats pour avoir plus de généraux ?) Et ce par un effet Tour de Babel de création d'agences qui tirent chacune de son côté. Paradoxe d'une politique dite "libérale" ?
  • Sanofi, "champion" français, parti d'Elf Aquitaine (!), a été construit, de bric et de broc, par acquisitions. Lancée sur fonds français, la société est maintenant aux mains d'investisseurs étrangers. Elle a suivi la mode qui consiste à acheter sa recherche en acquérant des start up. Comme le disait un précédent billet, personne n'a vu que cette mode faisait le jeu des USA, car plus propices au financement des start up. La start up française, elle, n'a pas les moyens de se financer. (A moins de partir aux USA.) Le champion qui devait "tirer" la recherche française l'a abandonnée ! Il ne reste qu'un désert ?
  • Doit on s'en consoler ? Sanofi n'est plus français, mais on n'a peut être pas perdu grand chose, car il est peu malin : il a raté les "bonnes" start up. (Est-ce pour éviter qu'ils ne le sanctionnent, qu'il verse de gros dividendes à ses actionnaires ?) 
  • Quant aux médicaments de tous les jours, ils ont été délocalisés, parce qu'ils rapportent peu. Ils nous arrivent par des chaînes d'approvisionnement dont la seule raison d'être est le coût. Ce qui les rend incompréhensibles, et sensibles aux aléas, comme on l'a vu. Le souci de l'administration est de réduire le prix des médicaments, ce qui ne fait qu'accélérer le phénomène. 
Qu'en conclure ? 
  • Tout cela n'est pas le résultat des "lois du marché", mais d'une politique industrielle délibérée ? Toute notre politique industrielle a donné le même résultat ? Ce qui devait créer les conditions de compétitivités du pays, comme pour les coopératives agricoles, s'est retourné contre ceux qu'il devait servir (le citoyen, et les intérêts de la nation). 
  • Les hauts fonctionnaires qui dirigent notre administration et nos entreprises ont joué les moutons de Panurge, en appliquant les idées reçues du moment. (Ou les oligarques russes ?) 
  • Grande faille de notre processus démocratique. 
Que faire ? On part de loin. Un des articles dit que l'on ne pourra pas s'en tirer seul. Il faut l'aide de l'Europe. En tout cas, cela pose la question du "champion national". Mais aussi celle de l'intervention de l'Etat, redoutable apprenti sorcier. Mais comment revivifier notre économie sans lui ? 

Les dommages de l'éducation

Darwin aurait dit que le travail de modélisation scientifique l'avait rendu incapable d'apprécier l'art qu'il aimait tant dans sa jeunesse. Ce qui était une grande perte. 

Et si le travail intellectuel "reprogrammait" le cerveau en effaçant certaines capacités ? 

Je ne sais pas ce qu'il en est. En tout cas, je constate qu'écrire des livres m'a amené à m'intéresser aux techniques des écrivains, voire à leurs manuscrits. Mais aussi à leur vie. Je ne lis pas un livre, je m'entretiens avec son auteur ! 

Quant aux films,  les analyser m'en a dégoûté. Jadis je voyais l'histoire que l'on voulait me raconter, maintenant j'aperçois les ficelles du réalisateur, et ses intentions d'influencer le spectateur. 

Notre formation nous déforme. Nous fait-elle plus gagner qu'elle nous fait perdre ?

lundi 22 février 2021

Le coiffeur et le mathématicien

Je fréquente les réseaux sociaux pour des raisons plus ou moins professionnelles. Je n'y suis pas à l'aise. J'ai essayé de les utiliser comme une sorte de revue de presse, mais ça ne marche pas bien. Je voulais y lire de l'information pas trop stressante. Donc je m'étais mis à suivre des scientifiques. Au moins la recherche fondamentale, elle, n'était pas troublée par les controverses du moment. Raté :

D'abord, tout le monde a voulu dire qu'il était contre Trump. Comme si cela avait le moindre intérêt : tous ses lecteurs partageant son avis. Ensuite, ces gens se prennent pour des célébrités. Les moindres événements de leur vie leur paraissent démesurément importants. Admirez-moi, disent-ils. 

Il paraît que les coiffeurs sont devenus des "influenceurs". Eh bien, il me semble qu'ils ont plus de légitimité à l'être que les mathématiciens : au moins eux parlent de ce qu'ils connaissent : la mode. 

Le côté de Guermantes


L'art de Proust est celui de la parenthèse. Chaque mot peut faire l'objet de plusieurs pages de digressions. Et il y a des digressions dans la digression. Tout cela se coagule en quelques événements importants, comme si notre vie n'était faite que d'eux. Entre temps, rien ne se passe. D'ailleurs c'est un temps confus. Je me demande s'il ne confond pas ses souvenirs. Par exemple, il parle du procès Dreyfus et de la guerre russo-japonaise comme si elles étaient contemporaines. Son narrateur, qui lui ressemble beaucoup, paraît, souvent, avoir au moins dix ans de moins que lui. 

Je trouve cela extrêmement mal construit. Parfois c'est pénible. Difficile de s'intéresser à tous ces instants découpés en morceaux. Surtout au début. Mais il y a des moments de grâce. Ce sont des rencontres avec les membres de la famille Guermantes. Quelques jours avec Saint Loup, à côté de sa caserne, une réception chez Mme de Villeparisis, une autre chez le duc et la duchesse de Guermantes. Comme un anthropologue, Proust est à la fois intégré à la société qu'il observe, la plus haute aristocratie qui soit, et extérieur à celle-ci. D'ailleurs, il exerce sur elle une fascination certaine. Peut être parce qu'elle en est à ses derniers feux. Certes elle demeure riche et brillante, mais elle est condamnée : elle ne comprend pas le monde qui s'annonce. 

Il y a aussi des moments surprenants. Proust semble n'être qu'un observateur. Et pourtant, alors que rien ne le laissait prévoir, il met en pièces le chapeau du baron de Charlus, pour lui manifester son mécontentement ! 

La fin est extraordinaire. Swann annonce au duc et à la duchesse de Guermantes qu'il va mourir. Ils ne sont que bonnes manières. Et il n'y en a aucune qui soit prévue pour une telle occasion. Ils ont une obligation : une réception. Ils le laissent sur le trottoir. 

dimanche 21 février 2021

Anti communauté

Les réseaux sociaux sont des questions de "communautés". Qu'est-ce qu'une communauté ? 

Définition négative ? C'est quelque-chose dans lequel je ne suis pas à l'aise. C'est surprenant : j'ai passé ma vie, privée et publique, à organiser et à animer des événements sociaux. Déjeuners, dîners, clubs, compétitions sportives, conférences... Point commun ? Pas de leader. Chaque individu reste un individu. Il n'y a pas de pensée commune. Les rapports sont polis, mais l'approbation n'est jamais gagnée. Le silence manifeste le désaccord. 

Une communauté, par contraste, est un renoncement à la pensée ? Une bulle, qui s'est inventé une réalité, en marge de la réalité ?

Coup de froid au Texas

Exceptionnel coup de froid au Texas. Mauvais coup pour le réchauffement climatique, au pays de Donald Trump ? 

Les promoteurs de la "transition climatique" nous prennent pour des benêts. Ils nous disent : regardez, il fait plus chaud, c'est la cause du réchauffement climatique. Et quand il fait exceptionnellement froid ? Ils nous répondent que ça ne change rien à leur thèse. 

Et effectivement, un coup de chaud il y a quelques milliers d'années a produit une glaciation de l'hémisphère nord. Le réchauffement climatique ne produit pas nécessairement le réchauffement des températures partout sur la Terre. C'est une question de systémique. Mais la systémique, ce n'est pas pour les benêts. 

Mais aussi, il y a des phénomènes climatiques violents, que nous ne comprenons pas très bien. Comme celui qui a touché le Texas. Qui sait s'ils ne pourraient amener un froid polaire en France, auquel ne résisterait peut être ni le chauffage de ma maison, ni le réseau d'EdF, et donc pas mieux notre foule grandissante de pauvres ? Et si l'on se demandait ce qui se passerait si l'on était transformés en Texas ? 

Leçon de communication : ce n'est jamais une bonne idée de prendre les gens pour des imbéciles ? 

samedi 20 février 2021

Qu'est ce que le libéralisme ?

Que signifie libéralisme ? D'ordinaire, je dis que son principe est qu'il n'y a que des individus, et pas de liens sociaux entre eux. Donc pas de "société" au sens des sciences humaines. (cf. "la société n'existe pas", de Madame Thatcher.) Mais cette définition semble trop abstraite pour mes interlocuteurs. 

Aujourd'hui, on en découvre une autre. Le président Giscard d'Estaing a été le pionnier du "néo libéralisme" à la française. Cela signifie "laisser faire". Et cela a eu une conséquence amusante. Auparavant la France cultivait des "champions nationaux". Eh bien, le laisser faire a laissé passer ces champions sous contrôle étranger (Alcatel, Arcelor, Pechiney, Sanofi, Lafarge...). Ils sont partis avec un savoir qui était quasi centenaire. Ils n'ont pas exercé leur rôle d'entraînement de l'économie nationale, dos disparition de PME et d'ETI. Et l'investissement du contribuable a été perdu. 

Le libéralisme semble avoir une seconde conséquence moins évidente. C'est un changement des principes de la politique. Au lieu qu'elle assure la régulation du "bien commun", par exemple en faisant que les trains arrivent à l'heure, elle ne suit que ses propres intérêts. La gauche soutient ses affidés, par exemple en encourageant les grèves syndicales, la droite riposte en mettant en pièces les bastions de la gauche. Malheureusement, ces bastions sont, justement, le "bien commun" (ou "république"). 

Toutes les phases libérales qu'a connues la France ont eu les mêmes résultats. A chaque fois elle a constaté que seuls les forts peuvent être libéraux, et qu'elle est faible. Le libéralisme, la némésis, de l'hybris français, notre mal endémique ? 

Allongement de la vie

Proust raconte la mort de la grand mère du narrateur de son roman. Elle ne se sent pas très bien. Les médecins se contredisent. Elle a un malaise. Elle tombe dans le coma. Elle meurt. La fin de Proust lui-même ressemble à cela. En ces temps, on mourrait plus jeune, mais plus vite, qu'aujourd'hui ?  

Ne serions nous pas victimes d'une forme d'acharnement thérapeutique qui change la nature de la vie ? Bergson parle de deux formes de temps. Il y a le temps linéaire de la physique et de la science, le temps intersidéral, et notre temps, le temps réel de la vie, peuplée d'événements. Il semble que la science nous impose de plus en plus son temps. Y avons nous gagné ? 

Le cordonnier thérapeute

Un spécialiste du redressement d'entreprise me disait qu'il devrait faire pour son entreprise ce qu'il faisait pour les autres. Les cordonniers sont mal chaussés. C'est bien connu. 

Mais ce n'est pas au cordonnier de se chausser, ni au coiffeur de se coiffer, ni au chirurgien de s'opérer. Nous avons besoin des autres pour résoudre nos problèmes. 

Certes. Mais le problème est peut être le problème lui-même. Comme semblent le montrer ces exemples de gens qui ont subi des violences dans leur jeunesse, il est difficile d'exprimer ses maux. Peut-être que nous prenons des chemins détournés pour cela. Nous cherchons nos maux chez les autres. Jusqu'à ce que les techniques que nous avons mises au point pour les aider nous fassent découvrir que nos difficultés ne sont pas si graves que cela, puisqu'elles ont désormais une solution simple, pour les autres. 

Il y aurait tout de même une façon d'être un cordonnier bien chaussé ? D'avoir fabriqué suffisamment de chaussures pour que l'une nous convienne ? 

vendredi 19 février 2021

GameStop

Un temps, j'ai été bombardé de nouvelles de l'affaire "GameStop". 

De quoi s'agit-il ? D'un jeu américain. Faire de l'argent avec de l'argent. La spéculation. Il existe une profession dont le métier est de parier contre un cour de bourse (par exemple celui de Tesla). Cela se fait en vendant à terme des actions que l'on n'a pas. Si le prix baisse, on a gagné. Mais s'il augmente, c'est raté. Et cela, comme souvent, produit un cercle vicieux. Car dès que les prix montent, tous les vendeurs à terme doivent acheter des actions pour pouvoir respecter leur contrat, ce qui fait monter l'action... Si vous voulez gagner beaucoup, il faut donc faire comme les vendeurs à découvert, mais contre eux : acheter des actions contre lesquelles ils ont joué. Si vous êtes assez nombreux à le faire, le cercle vicieux démarre. Ils sont pris à la gorge. 

Comme dans toutes les spéculations, celui qui gagne est celui qui lance le mouvement. Cela attire une foule de gogos, dont les dernières générations se font prendre à revers. Car, il y a toujours un moment où celui qui était au début juge qu'il a assez gagné. Le cercle vicieux part à l'envers. 

Dans ma jeunesse, on m'a dit que les marchés financiers étaient parfaits, et que cela avait été démontré par des prix Nobel... 

Qu'est-ce que la thérapie ?

J’ai tiré de ce que j’ai lu et de mon expérience que la "thérapie" du psychiatre est simplement une question de parole. 

Parler ou faire parler quelqu'un conduit à la formulation de « problèmes » au sens mathématique du terme. Et une fois que l’on a un problème bien exprimé, il existe beaucoup de techniques pour le résoudre. 

Je crois qu’il y a un mécanisme purement humain qui fait que notre façon, humaine, de traiter nos soucis consiste à les faire passer de l’inconscient au conscient, puis, ensuite, de faire appel au groupe, ou, du moins, aux connaissances acquises par le groupe, pour traiter la question. (Connaissances que l'on trouve, par exemple, dans les livres.)

Bien sûr la transformation de l’inconscient au conscient est longue et difficile, mystérieuse. Sans fin ? 

Je dis l’envers de Freud, lorsqu’il parle du refoulement. Tout commence par le passage de l’inconscient au conscient. Une fois là, on "refoule" probablement parce que l’on ne sait pas résoudre le problème.  

jeudi 18 février 2021

Le client et l'intelligence artificielle

Votre numéro n'est pas attribué, me dit-on. J'ai eu peine à le croire : on ne peut plus joindre mon téléphone portable (mon téléphone professionnel...). 

Cela tombe au mauvais moment. Je ne peux pas m'occuper du problème. Dès que c'est possible, je cherche un moyen de me renseigner. Site web : tapez votre requête. Réponse : vous voulez être mis en liste rouge ! Je cherche un numéro de téléphone. Rien sur le site. Google m'en donne un. Mais son répondeur me renvoie sur le site web ! De quoi vous rendre fou. Jusqu'à ce que je trouve une liste de menus. Après un choix de mots assez contre-intuitif j'obtiens : il y a des problèmes à votre adresse, ils seront résolus dans deux jours. Entre temps j'avais écrit un SOS sur le forum de l'opérateur. Il a fini par obtenir la même réponse. 

Je me demande si nos entreprises n'ont pas trouvé, comme bon moyen de gagner de l'argent, le rapport de forces. Pourquoi n'y avait-on pas pensé plus tôt ? Face à une multinationale, le client n'est rien. Partant de là toutes les économies sont possibles. Tout le monde a envie d'entendre que l'intelligence artificielle fait des miracles. Plus besoin de personnel. D'autant qu'avec l'IA, la plainte du client n'est plus audible ! 

Métamétéo

Il n'y a rien qui change aussi vite que des prévisions météo à quinze jours. Cela peut même changer dans l'heure. Pourquoi faire des prévisions, dans ces conditions ? 

Ce qui est curieux est que les modèles mathématiques qui sont à l'origine de ces prévisions sont aussi ceux auxquels ont doit le "battement d'aile du papillon" : une incertitude microscopique a un impact macroscopique. Autrement dit, il n'est pas impossible qu'ils soient impropres à toute prédiction ! (La raison en est simple : la prévision du jour J+1 se fait en fonction du jour J. Or, le jour J est incertain.)

Au fond, nous avons maintenant une science d'individu et de marché. Chacun arrive avec son idée, son "produit", son modèle "numérique" et son ordinateur, et affirme qu'il a raison, et, c'est au "marché" de faire le tri, à Dieu de reconnaître les siens. Sauf que cela n'a aucun sens de trier de mauvaises idées.

Et si l'on en revenait à la manière dont on faisait la science quand on n'avait pas d'ordinateurs ? On constaterait à nouveau que le temps est une question de masses d'air. (Elles se repèrent par le type de nuages qu'elles produisent, et par la pression.) En conséquence, ce qui compte est de savoir quand il va y avoir changement de masse d'air. A ce moment, il y a changement de temps. Une telle science est une science d'équipe, qui est capable de descendre de sa bicyclette pour se regarder pédaler, ou, pour parler comme Platon, de sortir de sa caverne. C'est une méta météo.

mercredi 17 février 2021

Génial Google

Cela fait longtemps que j'ai noté qu'il y avait de grosses différences d'opinion entre Google Analytics et le comptage des vues de ce blog (qui appartient aussi à Google). Quasiment un facteur 10. Avec une curiosité : Google Analytics me dit que ce blog a eu des périodes à zéro vue ! 

Mais, avec Google, on n'est jamais au bout de ses surprises. Même le comptage des vues du blog a ses mystères : lorsque je clique sur les statistiques d'un billet, j'obtiens une belle courbe. Eh bien il arrive que la courbe me dise qu'il y a eu deux fois plus de vues de mon billet que ce qu'annonçait les statistiques initiales ! 

(De même, lorsque je demande les "best sellers" du blog, je n'obtiens pas les mêmes résultats, et de très loin, que si je regarde les statistiques individuelles des billets.)

Quand on vous dit que Google ne recrute que des génies ! 

La joie de décider

J'entendais parler de courage, et de décision, et de joie qu'il y a à décider. (Chez Jankélévitch.)

En ces temps de pandémie, d'incertitude, nous sommes stressés. Prendre des décisions est un moyen d'y mettre fin. Seulement, il ne faut pas prendre n'importe quelle décision. (Les guerres mettent un terme à l'incertitude !) La bonne décision est nécessairement "courageuse" ?  

mardi 16 février 2021

Réformes ratées

Pour mes cours, j'ai fait, pendant des années, des analyses des changements (ratés) menés par nos gouvernements. Eh bien je ne m'attendais pas à ce qu'ils aient eu de telles conséquences. 

Quand on parle de l'Education nationale, on croit qu'elle a creusé les inégalités. Il n'y a plus que certains quartiers qui ont droit aux grandes écoles. On dit aussi qu'elle n'apporte pas la formation dont a besoin l'entreprise. En fait, c'est pire que cela. Non seulement il n'y a plus de formation à l'artisanat, ancienne richesse du pays que l'Education nationale considère désormais comme une "voie de garage", mais il y a une perte totale de connaissances de "bases". Si bien que les entreprises ne parviennent pas à recruter, à moins de monter des centres de formation. L'impact de ce changement en termes d'emploi doit être considérable. Car c'est un cercle vicieux : moins l'entreprise peut recruter, moins elle peut se développer et créer de l'emploi... 

A cela se combine les réformes des régions dont je n'avais pas compris la portée. Apparemment, le gouvernement Hollande a poursuivi les réformes Sarkozy. Il était estimé que le déficit du pays venait d'une mauvaise gestion des finances régionales. En conséquence, il semble qu'il ait été décidé de les affamer, pour les forcer à la réforme. La conséquence n'a pas été celle prévue. Il semblerait que les métropoles régionales se sont mises à se comporter comme Paris. Mais les zones rurales ont été dévitalisées. En particulier, elles ont perdu la compétence économique, alors qu'elle ne peut pas être exercée par la Région, qui est trop loin du terrain, et qui a été atteinte du mal parisien : des masses d'intellectuels qui donnent des ordres sans avoir la moindre idée de quoi ils parlent. Là aussi, conséquence emploi. Impossible de recruter, parce que personne ne veut plus vivre à la campagne : pas d'école pour les enfants, pas de travail pour le conjoint... 

J'ai l'impression qu'il y a une prise de conscience du désastre. Seulement, "on part de loin". Par certains côtés, le pays est en ruines. (Il est même surprenant qu'il n'y ait pas plus de mécontentement. Le Français grogne beaucoup, mais, au fond, c'est un bon bougre ?) Et il demeure une armée mexicaine d'apprentis sorciers, qui ont tous les pouvoirs, mais presque plus "d'opérationnels de terrain" pour remettre le pays en marche, à la manivelle.

Le doute est un appel à l'aide

On me reproche, et on reproche à ce blog, de douter autant. Mais cela n'a rien de dépressif. Ce doute est un appel à l'aide. J'ai constaté qu'ensemble aucun problème ne nous résistait. Or, notre société est faite de gens qui s'obstinent dans un individualisme qui les rend aveugles. Pour avoir l'impression d'avoir raison, ils se forcent à ignorer la réalité. Et c'est parce qu'ils l'ignorent qu'elle va leur jouer, et nous jouer, de vilains tours. 

Husserl parlerait "d'intersubjectivité transcendantale" : on n'analyse bien une situation qu'à plusieurs. Et tout commence par la "suspension" de ses préjugés, le doute.  

(Voilà pourquoi une science qui ne doute pas, ce qui est actuellement son cas, n'en est pas une.)

lundi 15 février 2021

Climat et virus

"Les changements climatiques induits par l'activité humaine affectent la croissance des plantes et des arbres. Au siècle dernier, les habitats naturels de la province chinoise du Yunnan sont passés d'arbustes tropicaux à la savane et aux zones boisées - faisant entrer 40 espèces de chauves-souris supplémentaires, qui transportaient avec elles environ 100 types de coronavirus." lit-on dans la lettre de l'université de Cambridge. 

D'où l'on déduit que le changement climatique facilite l'épidémie. 

Mais est-ce très sérieux ? Le changement climatique est un phénomène planétaire. Ce qui est décrit ici est un changement local. C'est un peu comme si je disais que ma maison a produit un bouleversement climatique. (Ce qui est juste.) Nous savons depuis longtemps que l'activité humaine bouleverse notre écosystème, et que c'est à l'origine des épidémies. 

Navrante "science" ?

Science des sociétés

La sociologie est la science des sociétés. Mais elle me semble dans une impasse. 

Une science des sociétés devrait regarder notre société "de l'extérieur", pas "de l'intérieur" comme aujourd'hui. On constate alors qu'elle a un comportement qui n'est pas aléatoire. Les Chinois, par exemple, lorsqu'ils disent que le monde passe du Yin au Yang, et inversement, voient probablement juste. Comme un vol d'oiseaux migrateurs, la société obéit à des lois d'organisation "émergentes", qui produisent ce qu'Emile Durkheim a appelé des "faits sociaux". La société a des caractéristiques particulières. Par exemple, elle est "conservatrice" ou "innovante". Ces faits sociaux ont leurs caractéristiques, et leurs pathologies. Par exemple, selon Durkheim, il y aurait un taux "normal" de suicides (suicide = fait social), et un taux excessif (pathologique). De même, promouvoir l'innovation (fait social), produit le crime, qui est une forme d'innovation. On peut donc limiter, mais pas éliminer le crime. De même que l'on ne peut pas éliminer les accidents d'auto, à moins de ne plus rouler. 

Contrairement aux oiseaux migrateurs, l'organisation de la société évolue. On passe, par exemple, de la société bureaucratique d'après guerre, au libéralisme du dernier demi siècle. L'un étant produit par l'autre, dans un enchaînement de contraires, qui ressemble à la dialectique de Hegel. 

Cette sociologie est une science de la décision. Elle nous dit le coût de nos choix de société (par exemple de l'innovation). Elle nous avertit aussi des pathologies de cette société. 

dimanche 14 février 2021

Nous sommes tous des autodidactes

La particularité de la France, c'est une éducation totalement abstraite. Personne ne sait rien faire de pratique. Le Français doit apprendre "sur le tas". Soit il est modelé par une entreprise, soit, poussé par quelqu'idée abstraite, il crée la sienne, et apprend en marchant. 

Ce qui donne un résultat qui décontenance l'étranger. Le Français a, à la fois, une haute opinion de lui-même, tout, au fond, en ayant conscience de ne rien savoir faire. 

Changeons de système ? Paradoxalement, celui-ci a des intérêts. Comme le dit la philosophie du pragmatisme, il n'y a rien de meilleur que l'expérience pour apprendre. Or, nous sommes tous des autodidactes. La seule chose qui nous manque est de prendre conscience de ce que nous avons appris, et de l'utiliser. 

Le Français est un diamant brut !

Le mystère du don et du contre don

Mystère du bénévolat. 

En y réfléchissant, je crois que le bénévolat est un échange. Chacun donne ce qu'il peut, c'est ça ce qui fait sa valeur. En particulier, on ne demande pas à quelqu'un qui n'a rien de donner. Mais il y a don et contre don. Si l'on a donné, l'autre est "obligé". On peut lui demander service, dans son domaine de compétence. Ce qui n'arrivera peut être jamais. S'il donne, il fera ce qui lui plaît, il sera heureux de donner. Et on élimine celui qui, manifestement, prend. Et le système se dissout dès qu'il faut rendre ses règles explicites, dès que le calcul y entre. 

Ce n'est pas un système marchand, mais d'assurance, d'entraide. 

samedi 13 février 2021

Les mystères de la philosophie

J'ai découvert la philosophie par un chemin bizarre. J'associais la philosophie à ceux qui la pratiquaient dans les années 60. Si bien que je suis parvenu à passer le bac sans l'avoir étudiée. (Je n'ai pas eu une bonne note !) Alors que j'avais déjà écrit plusieurs livres, j'ai constaté un parallèle entre ce que je disais et la pensée allemande. Il m'est venu à l'esprit que cette pensée était une pensée de la "communauté", contrairement à la pensée anglo-saxonne qui est une pensée de "l'individu". L'Allemagne est la terre de la sociologie ! De là, j'en suis arrivé à l'idée que, derrière tout cela, il y avait une "proto science" : la philosophie. Elle est la rationalisation des a priori d'une culture, me suis-je dit. Nous sommes tous philosophes sans le savoir. De branche en branche, j'ai commencé à lire des travaux de philosophie. 

Ce qui ne va pas de soi. Tout d'abord, elle emploie des termes qu'elle ne définit pas. Par exemple, Aristote parle de la "vertu", mais qu'est-ce que la vertu ? Ensuite, il affirme : "la vertu s'apprend". Vraiment ? J'en suis arrivé à me demander si ce qui comptait dans la philosophie n'était pas les questions qu'elle posait, et non ses affirmations. Par exemple, la phénoménologie attire notre attention sur les biais de notre jugement. Voici qui est une question vitale. Quelle solution propose-t-elle ? La "suspension" : ne pas réagir immédiatement. Là où cela ne va plus, c'est lorsque la phénoménologie prétend nous expliquer ce qu'est la réalité. Idem pour la vertu. 

Il y a peut-être des moments, dans la vie, où l'on se demande, comme Montesquieu, si la démocratie n'est pas une question de vertu. Du coup "vertu" prend un sens. Et, alors, on peut penser à Aristote : faut-il l'apprendre ? Même si l'on répond "non", au moins cela nous aura amené à réfléchir, et il y a des chances que notre décision soit meilleure qu'elle aurait été sinon. 

Anxiété de survie collective

La première fois que j'ai enseigné à des étudiants, je me suis demandé "que doivent-ils retenir ?". La conduite du changement demande de l'expérience de l'entreprise, que n'a pas l'élève.  

J'ai trouvé une curieuse réponse : "in quiétude". Mon expérience m'a montré que les entreprises ou les personnes qui réussissaient le changement étaient "in quiètes". Pas stressées, mais sur leurs gardes. Je pense qu'un alpiniste accroché à une paroi est "in quiet", ainsi qu'un Pygmée dans la forêt vierge. 

Je me demande si ce n'est pas ce que nous sommes devenus. Nous nous comportions comme des enfants. Nous pensions que le monde était aux mains des adultes. Et nous découvrons, soudainement, que les adultes, c'est nous. Nous commençons à nous dire qu'il faut prendre les commandes de notre vaisseau spatial. Seulement, nous le trouvons en mauvais état, et nous nous interrogeons sur comment cela peut bien se conduire, une planète. 

vendredi 12 février 2021

La médecine est trop importante pour être laissée aux médecins

Je confine, je ne confine pas, semble se demander le gouvernement. Il paraît découvrir que, dans la parole de l'expert, il y a à prendre et à laisser. Et qu'il faut généraliser la maxime de Clémenceau : la guerre est trop importante pour être laissée aux militaires. Va-t-il se mettre à penser par lui-même ? Et à se débarrasser des experts qui l'entourent ? 

Cela va peut être être un changement de notre temps. Les experts de tout poil se voulaient figure d'autorité. Mais, un Einstein peut dire "l'énergie atomique permet de faire des bombes", lorsqu'il s'agit de décider de les fabriquer et de s'en servir, il n'a pas l'expérience et les compétences qui conviennent. L'expert, par définition, a une pensée simplifiante. C'est un "savant", il ne peut pas être un "politique", aurait dit Max Weber. Le politique, c'est nous. 

Le succès du changement est dans sa préparation

Notre système sanitaire coûte cher et est inefficace. La faute aux réformes. Pourquoi ce que font nos gouvernements donne-t-il l'envers de leurs intentions ? 

Qui dit changement dit objectif et dispositif qui permette de s'assurer qu'on y parvient. Que l'on demeure sur la bonne trajectoire, comme le font les satellites, grâce à leurs moteurs. Donc :

  • D'abord, il faut trouver un objectif. En fait une "envie". En termes quotidiens, cela signifie simplement qu'il faut parvenir à comprendre ce que l'on veut faire. 
  • Ensuite, il faut chercher les moyens qui permettront de s'assurer que l'on va réussir. 

Cela ne veut pas dire que le changement ne sera pas fait d'aléas. Mais que l'on sera équipé pour le mener à bien.

Conséquence : le succès est dans la préparation. C'est ce qui fait défaut à notre gouvernement. Mais il y a cas exceptionnel : passage à l'euro. Un espoir ? 

Sommes-nous des OGM ?

Les vaccins nous transforment-ils en OGM ? se demandaient Les idées claires de France Culture.  

Un "expert" était interviewé. Qu'en ressort-il ? Les vaccins à ARN messager ne visent pas la cellule, donc l'ADN. En revanche, c'est le cas du vaccin d'Astra Zeneca. Bien sûr, on a tout fait pour qu'il ne touche pas à notre patrimoine génétique. Rassurant ?

J'ai lu une interview d'une scientifique, apparemment reconnue internationalement, qui s'inquiétait d'une modification involontaire du génome. Car la seule chose que nous sachions, est que nous ne savons pas tout. Mais que, dans l'évolution, les virus ont effectivement interféré avec notre génome : sans eux nous ne serions pas ce que nous sommes. En fait, il n'y a peut être pas de grand danger à court terme. Mais que se passerait-il si la pratique se généralise ? D'ailleurs, j'ai trouvé plusieurs publications qui en appellent à modifier le génome pour nous garantir du virus, et de tous les autres maux. Peut-on traiter une telle question en 5 minutes ? 

Opération contre les théories du complot, qui pave l'enfer de ses bonnes intentions ?

jeudi 11 février 2021

La transformation de l'artiste

Pourquoi la musique contemporaine est-elle aussi mal sonnante ? me dis-je, en écoutant France Musique.

Jadis, l'artiste était payé par son public. Que ce soit le roi et la haute société, ou le peuple. Il faisait de la musique qui leur convenait, "classique" ou populaire. Puis, on a dit que la bonne musique était celle d'en haut. Et qu'il fallait l'enseigner en bas. Projet des "maisons de la culture". Financé sur fonds publics, le musicien est devenu instituteur. Il a fait la musique qui lui plaisait, et il l'a imposée au peuple.  

Pertinente hypothèse ? 

La réalité, c'est ce que je vois

La réalité, c'est ce que dit la science. Voilà, approximativement, les paroles de Neil deGrasse Tyson, un astrophysicien américain invité de France culture, jeudi dernier. Cela m'a frappé, car de tels propos est ce que reproche Husserl à la science. 

La science est interprétation. 

Par exemple, un oiseau est-il un individu ? Mais que serait l'oiseau sans la nature ? Que serait la plante sans l'abeille, et inversement ? Où commence et finit l'oiseau ? A quel moment la cellule devient-elle oiseau ? Et la poule et l'oeuf, qui est premier ? Autre exemple. Qu'est-ce qu'un savon ? A partir de quelle taille est-il et n'est-il plus savon ? Qu'est-ce qui le définit : sa composition, son effet ?... La physique, elle-même, n'est plus que principes de plus en plus abstraits. 

La science ou un des paradoxes du monde : l'erreur est formidablement productive. 

mercredi 10 février 2021

Neutralité scientifique

Paul Claudel, un temps consul en Chine, expliquait comment il voyait le petit peuple chinois de son temps : pauvre, mais heureux d'un rien, et sympathique. 

Un universitaire apparemment éminent percevait là un stéréotype colonialiste. (Concordance des temps, France Culture, samedi dernier.)

Cela m'a surpris. D'autant que ce que cela me rappelait ce que me disait, avec amertume, un cousin du seul souvenir qu'avait laissé un de ses ancêtres : quand il avait touché sa paie, il allait au bistrot, puis, saoul et les poches vides, se faisait ramener chez lui par son âne. (Dostoievski observe ce même comportement chez ses codétenus, par ailleurs.) 

Je me suis demandé ce que doit être l'attitude d'un éminent universitaire : doit-il donner des leçons de morale, ou observer ? 

Voyager dans le temps

Je lis Proust. Je l'ai découvert tôt dans ma vie. Curieusement, mon sentiment à son endroit ne change pas. Ce qui m'est désagréable depuis le début, c'est ce qu'il dit des femmes. Ça sonne faux. Ce qui s'explique (ce que je ne savais pas il y a 50 ans) par le fait qu'il était homosexuel. Dommage qu'il ait parlé d'homosexualité chez les autres, mais pas chez lui. 

En fait, c'est un gosse de riche irresponsable, qui m'horripile, mais je suis fasciné par ses descriptions. J'ai l'impression de les vivre. 

Le plus curieux est, qu'apparemment, il a voulu démontrer que la vie et l'oeuvre n'ont rien à voir, alors que, chez lui, elles sont inséparables. Et que, bien plus que celle d'Oscar Wilde, sa vie a été une oeuvre d'art. Un tour de force pour un homme qui est resté au lit.

Mais, ce qu'il n'a peut-être, surtout, pas compris, c'est l'influence de la société. Car, on retrouve chez lui les préoccupations de Bergson avec le temps. Mais aussi celles de Tolstoï et de Virginia Woolf, concernant la description de l'instant. Peut-être ce que l'anthropologue Clifford Geertz appelle "thick description". 

A défaut de voyager dans l'espace, voyageons dans le temps ? En notre ère de "globalisation" c'est un bien meilleur moyen de se dépayser ?

mardi 9 février 2021

Economie sociale dévoyée ?

Dans un précédent billet, je racontais une curieuse histoire. Il semblerait que les coopératives d'agriculteurs aient, en quelque sorte, asservi ceux qu'elles devaient servir. Elles auraient fait de l'Uber avant Uber. 

Pourtant, l'économie sociale, à laquelle appartiennent les coopératives, a été voulue par Proudhon et quelques autres, comme un moyen de défense du peuple face au capitalisme. Qu'est-ce qui aurait pu arriver ? Peut-être ce que Robert Merton a appelé le "détournement de but", propre à la bureaucratie. Une coopérative a des salariés. Ceux-ci ont pris le pouvoir sur elle, et lui ont inventé une mission qui n'était pas celle d'origine. (Probablement, le "progrès agricole", remplacer le naturel par l'artificiel.)

Comment éviter ce détournement ? Eliminer le salarié ? Les adhérents mettent la main à la pâte ? Il leur faut pour cela des procédures d'autogestion. C'est ce qu'a tenté la cité grecque. C'est le sujet qu'Elinor Ostrom a étudié sous le nom de "gestion des communs". Plus facile à dire qu'à faire ?

Communication produit

Pourquoi ne savons-nous pas "faire payer" notre créativité nationale ? Une question sur laquelle j'enquête. 

Je soupçonne que c'est parce que cela demande d'être, comme un Américain, une "bête de scène". Il faut "communiquer". L'entrepreneur français ne sort pas de son bureau. Au fond, ce qui l'intéresse c'est son métier, c'est-à-dire ce que fabrique son entreprise. Pourquoi en faire plus ?

Paradoxalement, quand il est sur un plateau, il est maladroit. Il se croit un homme célèbre. Il donne son opinion. Ce qui n'intéresse personne. 

Ce dont parle un Américain, ce sont de ses produits ! Mon iPhone ou ma Tesla sont pleins de fonctionnalités géniales ! C'est ce que l'on appelle la "communication produit". C'est qu'il faut apprendre. 

lundi 8 février 2021

La fin des banlieues moches ?


Changement à effet de levier : si l'on voulait amener de la joie dans nos vies, par où commencer ? 

Notre société est devenue moche. Et cela la rend triste. Pourquoi ? La machine, probablement. La main de l'homme n'a plus le droit de cité. Les maisons sont faites par des machines. Et même quand l'homme est là, il suit des procédures, il est une machine. Il y a pire. On aurait bien du mal à dire ce qui est "esthétique", mais il est certain que l'Education nationale détruit en nous tout ce qui peut ressembler à un sens de l'esthétique. Quand l'enseignant a passé, rien ne repousse. 

Comment changer, quand on ne sait pas où l'on va ? Commencer par un petit domino. 

Un designer urbain propose de s'en prendre à la tristesse des espaces publics, en leur apportant de la couleur (mais pas des tags moches). Un espoir ?

La femme et le pantin

J'entendais Nancy Huston dire que les mères devraient ôter le goût d'être macho à leurs fils. 

Intéressante réflexion. Indirectement cela donne à la femme une responsabilité dans ses malheurs. 

Mais cela pose aussi la question de l'intérêt personnel et de l'intérêt collectif. Car l'intérêt de la mère peut être différent de celui de la femme. Les cultures "macho" semblent aussi matriarcales. La mère exerce un pouvoir sur la société, et sur les autres femmes, au moyen de ses fils. On peut même se demander si, dans ces sociétés, il n'y a pas que la femme qui compte. Ce sont des sociétés violentes pour les femmes, parce que les femmes s'y combattent ? 

dimanche 7 février 2021

Petite France

Dans ma jeunesse, on disait que le français était une des langues les plus parlées dans le monde. Raté.

L'anglais, l'espagnol et le portugais ont gagné. Le français a perdu. La langue victorieuse a implanté sa population dans les terres colonisées. Il est devenu intéressant de la parler, y compris pour d'autres anciennes colonies, qui, elles, n'étaient pas peuplées par l'ethnie colonisatrice (comme l'Inde). En dehors de la France, de la Suisse, de la Belgique et du Québec, le Français est une langue coloniale. 

Alors, oublions complexes de supériorité et laissons nos anciennes colonies vivre leur vie et pratiquer l'anglais, et devenons des Suédois comme les autres ?

(Ce qui ne signifie pas abandonner la culture française. J'assistais à une conférence sur la Turquie, qui disait que le Turc était homme de "réseau", et qu'il existait le réseau des Turcs francophones. De modestes réseaux de diffusion de la culture française, le jour où elle sera remise sur pieds, pourraient avoir du succès. Mais, pour qu'ils réussissent, il faudrait que notre culture retrouve sa séduction d'antan.)

Qi collectif

 Qu'est-ce qui fait "l'intelligence collective" dont on parle tant ? Et surtout comment devenir "collectivement intelligents" ?

"Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin". Considérons l'UE. Faible, car divisée. Petit QI collectif. La France révolutionnaire a, d'ailleurs, mis en pièces l'Europe, jusqu'à ce que cette dernière s'unisse. 

La mesure du QI collectif, c'est l'équipe. Un ensemble d'individus est bêtise, une équipe est intelligence. 

La première chose à faire, en France, est de refaire équipe ? 

(Encore plus intelligent, la devise d'un de mes collègues est "faire ensemble autrement".)

samedi 6 février 2021

Les vertus ignorées de l'autodidacte

Un dirigeant me disait devoir son succès à ce qu'il était autodidacte. Voilà qui est bien français. Il n'y a que chez nous que l'on pense que, sans diplôme, on n'est ni musicien, ni peintre, ni philosophe, ni psychologue, ni entrepreneur ! 

Bill Gates et Mark Zuckerberg sont des "drop outs". Ils ont étudié un ou deux ans après le bac. C'est encore pire pour Steve Jobs. L'Américain digne de ce nom ne recherche pas un diplôme, quand il va à l'école, il achète de la connaissance (ou un réseau). Et il met un terme à ses études quand il gagnerait plus à faire autre chose. 

Par définition, les créateurs sont des autodidactes. "Trained incompetence" disait Thorstein Veblen. L'éducation nous coupe les ailes. Elle nous enferme dans un cadre de pensée.  

Collectiviser les vaccins

Et si on collectivisait les vaccins ? Avantages : tout le monde en aurait, y compris les pays qui n'en ont pas les moyens ? 

Cela pose le problème du "brevet". Toute notre société repose sur la propriété. C'est elle, actuellement, qui motive la création. S'il n'y avait pas eu une grosse carotte, il est certain que les vaccins n'auraient pas été mis au point aussi vite. Et il est même possible que les premiers d'entre eux à apparaître, les vaccins à ARNm, n'existeraient pas. Ils sont le fruit de la "spéculation", avec tout ce que cela signifie en termes d'éthique. Bref, si l'on met en cause le brevet, on vaccinera aujourd'hui, mais pas demain. 

A moins que la recherche publique ne redevienne performante. Jadis des Pasteur, des Flemming étaient motivés par l'intérêt général et le progrès scientifique. Cette motivation a été remplacée par le désir d'enrichissement, que seule apporte le privé. 

Inventer une nouvelle motivation : la solution de l'épidémie ? 

vendredi 5 février 2021

Empathie créative

"Encourager l'empathie augmente la créativité" dit une étude de l'université de Cambridge

Autres temps, autres moeurs? Il y a quelques années on parlait de guerre des talents, et on louait les mérites du quasi autiste. Le fameux "biais de confirmation" ? Les scientifiques obéissent aux humeurs du moment, et cherchent les preuves qui les valident ? 

Et si l'on inventait une "méta science" ? Cela a peut-être été tenté par la philosophie. Mais cela n'a pas eu apparemment beaucoup de succès. Difficile de ne pas être victime de préjugés ?  

Qu'est-ce qu'aider ?

Un psychologue disait qu'un "accident" faisait perdre à l'homme ses repères.  Il se sentait impuissant comme un nouveau né. (C'est le cas de beaucoup de dirigeants, actuellement.)

Or, il a en lui ce qui est nécessaire pour se tirer d'affaires, voire profiter des opportunités que produit tout changement. 

Le rôle du donneur d'aide est là : l'aider à "retrouver ses moyens". Une forme de rééducation ?

jeudi 4 février 2021

Le monde d'avant accélère

"Les investissements USA / Chine font mentir les tensions géopolitiques. Les chiffres montrent que les efforts de l'administration Trump pour découpler les économies ont échoué." Disait le Financial Times. 

Le monde d'avant, celui de la globalisation et de la délocalisation, a des raisons qui n'ont pas été ébranlées ?

La globalisation a été mue par le phénomène de "l'oligarchie" au sens russe du terme. Quelques personnes bien placées ont livré les secrets de fabrique de l'Occident en échange d'un enrichissement rapide. Enrichissement auquel beaucoup de sans grades ont participé d'ailleurs. En remplaçant les salaires occidentaux par ceux des pays "hors économie de marché" on faisait apparaître immédiatement de grosses économies. Bien entendu, quand on arrivait sur le terrain, on découvrait qu'il n'y avait pas que le salaire qui comptait, il y avait aussi une connaissance tacite qui avait demandé des siècle à se constituer. Mais il était trop tard. De toute manière, entre temps, le tissu économique occidental avait perdu son savoir-faire. Et ceux qui avaient pris ces décisions avaient été promus. 

La globalisation correspond à la logique de l'économie de marché. Dans cette logique un pays en dehors de cette économie ne "vaut rien". Il est donc normal qu'il soit envahi. Ensuite, selon le raisonnement de Jean-Baptiste Say, il se passe un phénomène vertueux : plus de gens échangent, et plus, individuellement, ils sont riches. Au lieu d'une économie de subsistance dans laquelle tout le monde fait la même chose, chacun se spécialise et profite de ce que les autres ont produit. 

Pour que cette logique marche, il ne faut pas que les nouveaux entrants dans l'économie de marché soient simplement "moins chers", cela tue l'échange, il faut qu'ils produisent du "différent". La voiture chinoise, par exemple, doit correspondre à un segment de marché qui n'existait pas. Pour le moment, c'est là que le changement coince. 

Opel, marque allemande

Y a-t-il encore des Opel ? Jadis, on disait qu'Opel était une marque allemande. Or, elle appartenait à General Motors. C'est d'ailleurs ce qui l'a coulée. GM lui a appliqué son degré 0 du marketing, la cantonner à une niche (le marché européen). Si bien qu'elle n'a pas conquis le globe, avec l'automobile germanique. Si Opel sait encore fabriquer des voitures allemandes, elle a une grande valeur ? 

Ce qui montre bien les illusions de la globalisation "libérale". Beaucoup ont cru devoir leur fortune à leur génie, et que leur nations n'étaient que des boulets. Les Japonais ont échoué lorsqu'ils ont voulu concurrencer les voitures allemandes. Ce qui est bon pour l'Amérique est bon pour GM ! L'Oréal n'est rien sans la coiffure française, et LVMH n'est que le résultat, bien pâlot, d'un millénaire de luxe français. Le génie de l'entrepreneur (comme de l'artiste) est de réaliser le potentiel de sa culture ?

mercredi 3 février 2021

Intelligence des foules

Quand j'ai du temps à perdre, je regarde ce que les statistiques de Google disent de ce qu'on lit de mon blog. A côté de quelques "best sellers" involontairement utilitaires, je découvre des articles que j'avais oubliés. Ils sont surprenants. 

Y aurait-il une intelligence collective ? Il y a tellement de gens qui font des recherches sur Internet, qu'il y a toujours quelqu'un qui parvient à percer le référencement de Google et à détecter une pépite ? 

Le désenchantement de l'homme célèbre

Pourquoi n'y a-t-il plus d'admirable homme célèbre ? me demandé-je en écoutant des hommes célèbres raconter leur vie. 

Jadis l'homme célèbre était un extraterrestre. Il avait reçu une éducation très particulière. Ce qu'il disait n'était pas compréhensible par le reste de la société. Ce ne pouvait qu'être admirable. 

Aujourd'hui, nous sommes éduqués. Nous comprenons ce qu'il nous disait. On découvre que c'était ce qui lui passait par la tête. Il n'y a pas que de la banalité dans son discours, mais il y en a beaucoup. Et aussi beaucoup de contentement de soi, déplacé. Il pensait qu'il devait sa situation sociale à son mérite. 

Peut être que les libéraux n'ont pas que des torts. Pour eux, le meilleur sort de la concurrence. Eh bien, d'une certaine façon, on est maintenant entre égaux, en concurrence pas loin d'être parfaite. Etre un homme célèbre admirable n'est plus une mince affaire. Va-t-il en émerger ?

mardi 2 février 2021

Covid 20

Nouvelle épidémie, dit le Pr. Raoult. Effectivement, on parle de nouvelles variantes du virus, britannique et sud africaine, pourquoi ne serait-ce pas, comme pour la grippe HxNy, une nouveau membre d'une même famille ? 

Qu'est-ce que ça change ? Parler de Covid 20, comme de Château Margaux 1920, laisse entendre que, chaque année, il y aura de nouvelles variantes du virus. Alors qu'aujourd'hui nous faisons le dos rond, nous espérons qu'il y aura un "monde d'après", on en aurait pris pour perpète. 

C'est le "framing", notre façon de penser dépend de la façon dont nous formulons les questions que nous nous posons. Et surtout cela influence nos actions ! Optimisme selon Robert Cialdini : pour certains "Covid 20", c'est la dépression ; pour d'autres, c'est le désir d'attaquer le mal à son origine, de changer le monde. 

Brideshead revisited


A mon âge on ne lit pas, on relit. Je relis Brideshead, qui ne m'a laissé aucun souvenir. Zéro. Sinon que je me suis toujours demandé si l'invasion de notre langue par le mot "revisité" ne vient pas du titre du livre. 

Evelyn Waugh a la réputation d'être féroce. Ce n'est pas le cas ici. Le livre se lit bien et agréablement. C'est l'histoire des derniers feux de la haute noblesse anglaise, avant guerre. (En cela l'auteur se trompe : la haute noblesse anglaise et ses châteaux ne se sont jamais aussi bien portés.) Mais ce n'est pas Proust. C'est un livre de dialogues, fort bien écrits, entre hauts personnages, plus que de descriptions. 

On y perce peut-être le vernis de cette société. On découvre, ainsi, que derrière la nonchalance, l'humour absurde, ou l'originalité cultivée de ses membres (aussi incompréhensible pour l'Anglais que pour l'étranger), qui les rend si séduisants, se cachent de grandes fragilités, et des drames humains terribles. 

La disparition du professeur Raoult

On n'entend plus parler du Pr. Raoult, me disais-je. Eh bien, il a droit à une interview. Et ses propos sont intéressants, notamment parce qu'ils différent de ce que l'on entend d'ordinaire. Plutôt dans le registre du bon sens scientifique, que dans celui du complot, d'ailleurs. 

Je n'ai toujours pas compris pourquoi il suscite une telle haine. J'entendais l'autre jour un invité de France Culture faire allusion, me semble-t-il, à ses déclarations, en disant qu'elles avaient été relayées par une presse qui a besoin de sensationnel pour vendre. Indirectement cet homme appelait, donc, la censure de ses voeux. Le Pr. Raoult aurait-il été un révélateur de certaines tendances peu démocratiques de notre société ?

lundi 1 février 2021

Noblesse oblige

Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion d'un coup d'oeil à la haute noblesse. On y parle de "cousins", pas tous nobles (la branche paternelle ne l'est pas), et d'ancien régime aussi bien que d'empire. On se marie beaucoup dans ce monde, ce qui est l'occasion de se rencontrer et de parler affaires. Il y a des cousins très riches, et d'autres, victimes de l'ascenseur social, mal en point. Les riches le doivent en partie à leurs relations, celles que l'on entretient lorsque l'on est invité à un mariage, et celles que cultivent les puissants du monde entier, Chine et Arabie saoudite incluses, unis dans des réseaux internationaux.  

Le plus intéressant est ce qui fait, toujours, le noble : la gloire, et la bravoure. C'est un aventurier. Du coup, on peut le prendre pour un commercial ou pour entrepreneur. Mais, à tort, car, généralement, il ne réussit que des exploits sans lendemain. Le roi et la noblesse françaises se sont ruinés, il est comme eux. Il ne compte pas. (La noblesse anglaise est demeurée riche, mais c'est une bourgeoisie à titres.) Tout est perdu fors l'honneur !

Je me demande si ce trait de caractère n'est pas demeuré le nôtre, et si cela n'explique pas pourquoi nous ne "savons pas faire payer notre talent", et pourquoi notre histoire n'est faite que d'envolées lyriques suivies de défaites calamiteuses. Plus de chaleur que de lumière, comme disent les Anglo-saxons ?

La phénoménologie de Husserl pour les nuls


Phénoménologie ? On n'évoque jamais ce mot sans stupeur et tremblements. La seule chose que l'on sache est que c'est incompréhensible. Dans ces conditions, il n'y a probablement pas grand risque à en parler. 

Vocabulaire

Comme la philosophie, la phénoménologie utilise un vocabulaire qu'elle ne définit pas. En partant du sens commun de ce vocabulaire, on est certain de se tromper. Paradoxalement, le sens commun est bien présent, mais on ne le retrouve qu'une fois que l'on a compris le sens que lui attribue le philosophe. 

Voici une tentative de décryptage que je fais de quelques mots importants à partir de leur contexte :

  • Quel est l'objet de la phénoménologie ? Paradoxalement, l'incompréhensible phénoménologie a pour objet la véritable compréhension du monde !
  • Phénoménologie : étude des phénomènes. 
  • Les phénomènes sont ce qui constitue notre réalité, ce que nous manipulons : poire, masse, attraction terrestre, etc.
  • Ces phénomènes sont le fruit de "l'intersubjectivité transcendantale". 
    • Subjectivité s'oppose à objectivité. Subjectivité = sujet = nous. Sans un travail fait par l'esprit de l'individu, à partir de l'information qu'il capte ("l'apparence"), il n'y a pas de phénomène. 
    • Transcendantal s'oppose à immanent. Le phénomène résulte de l'interprétation que fait l'individu de ce qui lui apparaît.
    • Intersubjectivité : le travail d'interprétation est collectif (entre sujets), de même que la société définit des codes de lois qui s'appliquent à tous, leurs concepts et leur vocabulaire. 
  • La question que traite la phénoménologie consiste à appréhender correctement les phénomènes. La "réalité" est un phénomène interprété de manière optimale. Ce qui est effectivement une question cruciale. Notre jugement fait l'objet de biais. Par exemple, une photo d'une mine à ciel ouvert aurait été interprétée comme le triomphe du progrès, après guerre, alors que maintenant on la voit comme un désastre écologique ; écouter une voix à la radio donne une image (fausse) de l'animateur...
  • La technique qui permet de combattre ces biais est la "suspension" (époché). On suspend son jugement pour éviter le préjugé, et on cherche à capter le maximum d'informations. Ce n'est qu'alors que le phénomène apparaît sous son "véritable" aspect. Cette appréhension optimale est "l'intuition". C'est ainsi que le juge d'instruction instruit un dossier.
  • "Intentionnalité". La théorie de Husserl est une théorie de l'intentionnalité. L'intentionnalité, propre de l'homme, semble être ce qui nous permet de mettre en branle le mécanisme qui aboutit au phénomène. "L'intentionnalité" est ce qui transforme "l'apparence" en "phénomène".
Application

Il y a différentes techniques de "suspension", dont celle de Descartes, qui consiste à douter de tout, afin de voir ce qui surnage. Husserl les applique à plusieurs questions.  

  • Le temps. Son analyse fait penser à celle de Bergson (en beaucoup moins évoluée ?). Notre temps n'est pas celui des horloges. Je découvre avec surprise qu'il m'a fallu une demi heure pour lire une page de ce livre. 
  • Le corps. Le rôle du corps dans la subjectivité. Où l'on voit que Lévinas a peut-être beaucoup emprunté à Husserl. 
  • L'intersubjectivité. Réflexion sur l'intersubjectivité transcendantale, et comment elle se produit.
  • Le "monde de la vie". Cela semble être ce que les anthropologues appellent "culture". C'est le savoir commun, les vérités acceptées. Husserl attaque la science sans conscience moderne. La science se croit "objective". En réalité elle ressemble à Binet qui disait que l'intelligence était ce que mesurait son test. Elle définit ce qui est réel par ce qu'elle sait manipuler et comprendre ! Ce faisant, elle passe à côté de la vie. "On ne voit qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux" dit Saint Exupéry. En fait, la science est elle-même une construction. Les mathématiques, par exemple, ne sont pas une vérité révélée, mais le fruit d'une très longue évolution. 
Observation 

Je n'ai sûrement pas fait un travail de suspension suffisant pour parvenir à la vérité concernant la pensée de Husserl. En tout cas, il touche à un point fondamental. Notre jugement, individuel ou collectif, tend à être gravement biaisé. Ce qui est extraordinairement dangereux. Il est probable que l'épidémie de coronavirus nous révèle, justement, que nous vivions jusque-là dans une inquiétante illusion. Il nous faudrait une science de la "suspension" (l'esprit critique des Lumières ?).

En revanche, je soupçonne que Husserl aurait pu profiter d'un cours de physique. En effet, derrière l'abstraction du propos, sa théorie semble résulter d'une simple observation de la vie courante. Or, l'étude de la physique laisse penser que cela ne mène nulle part. Pour expliquer les "phénomènes naturels" nous devons inventer de "l'inconcevable" (les atomes, la mécanique quantique, la relativité...). Peut-être, lui aussi, n'a-t-il pas fait une suffisante "suspension" ?