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mercredi 30 avril 2014

Delwasse, Detoeuf et Alstom

Les péripéties que connaît Alstom rappellent à Serge Delwasse l'oeuvre d'Auguste Detoeuf...

"Si tu veux bloguer un truc rigolo, citation de Detoeuf (X1902), fondateur d'Alstom, dans le meilleur bouquin de management qui soit (http://www.amazon.fr/Propos-O-L-Barenton-confiseur/dp/2708107704) :
"le patriotisme industriel est un sentiment désintéressé qui se manifeste de deux façons : en ce qui concerne les ventes, par les fournitures au Gouvernement ; en ce qui concerne les achats, par la préférence donnée à l'industrie nationale. Le patriotisme industriel est sans limite en ce qui concerne les fournitures au Gouvernement ; il est limité, en ce qui concerne les achats à l'industrie nationale, à une différence de 5% avec les prix des fournisseurs étrangers"
tu peux d'ailleurs faire remarquer qu'Amazon a classé ce bouquin dans "histoire de la gastronomie" ! "

Discutons de l'Union Européenne ?

Quelle est l'utilité des élections ? Notre voix ne compte pas. J'en suis arrivé à penser que les élections sont comme les anniversaires : elles servent à s'interroger. Sur la raison d'être de l'institution, pour les élections. Sur sa vie, pour les anniversaires. Et si l'on examinait le fonctionnement de l'Europe ?

Partons de la crise ukrainienne. Cela démarre avec la fin de l'URSS. Les colonies soviétiques se convertissent au libéralisme américain. Au même moment, comme la Russie, elles sont ravagées par les conséquences du dit libéralisme. (En particulier, émergence des oligarques.) L'Angleterre et les USA les font entrer dans la "vieille Europe", qu'elles méprisent (tout en absorbant ses fonds d'intégration). Qu'a gagné l'UE ? Du fait de la crise, les pays de l'Est sont dans un piteux état. En Ukraine, la Pologne et les Pays Baltes (et la Suède) semblent se livrer avec la Russie à une manche d'une guerre éternelle. Elles y ont entraîné l'UE. La Hongrie est peu démocratique et très inquiétante. Et l'UE est soumise à une telle vague d'immigration que la perfide Albion veut en sortir !

Peut-être avons-nous bien fait d'accueillir les pays de l'Est. Mais tout n'aurait-il pas été mieux si la démocratie avait fonctionné, et si nous avions été informés de ce qui se tramait ? Alors, n'aurions-nous pas pensé à prendre les mesures appropriées ? Par exemple, s'assurer que les pays de l'Est partageaient bien le projet européen ? Et, si oui, que nous faisions ce qu'il fallait pour qu'ils entrent dans l'UE dans de bonnes conditions ?

Ces élections ne seraient-elles pas le bon moment pour s'interroger sur la démocratie européenne ?

mardi 29 avril 2014

Travail flexible

Que des nouvelles déprimantes. Il semblerait qu'aux USA et en Angleterre, certaines formes de contrat de travail permettent de convoquer un employé quand on le veut et pour une durée de travail non spécifiée. Au salaire minimum. Avec, de surcroît, délit de sale gueule. Des universitaires constatent que ce traitement n'est pas bon pour la santé.

Dans les années 60, il y avait du travail pour tout le monde, et on faisait grève à tout bout de champ. Aujourd'hui le faible ne semble plus avoir aucun droit. Surprenant comme l'existence humaine tient à peu de choses.

Le changement individuel

Je m'occupe des changements sociaux. L'homme qui les vit n'a pas à changer.

Mais ce n'est pas toujours le cas. Je crois que la particularité de l'homme est d'avoir une "raison" (un conscient par opposition à inconscient). Et que cette raison demande une modélisation du monde. Mais, en imaginant même qu'il existe une réalité, ce modèle n'en est qu'une pâle approximation. Quand elle n'est plus adaptée, l'homme est en panne. Dépression. Alors il doit réinventer ce modèle. Changement personnel.

La plupart des gens ne peuvent pas accepter cette remise en cause. Innovation (triche), ritualisme, ou repli.

lundi 28 avril 2014

L'Union Européenne ne peut qu'être un Etat ?

L'idée d'euro est née en 68. Les événements forcent une dévaluation du franc. L'Europe en subit le contre-coup. Il devient clair qu'elle ne doit pas être à la merci de tels aléas. Il faut une monnaie unique. Or, elle ne peut fonctionner sans les mécanismes redistributeurs de l'Etat.

Il a fallu 30 ans pour parvenir à l'euro. Quant à l'Etat européen, il se fait toujours attendre. Mais, il semblerait que l'on ne puisse y échapper, si l'on tient à l'UE. Autrement dit, ce n'est pas l'euro qui est la réelle cause des turbulences que connaît l'UE, mais le projet d'union.

Si ce raisonnement est juste, la plus grosse difficulté que va avoir à résoudre l'UE n'est pas tant l'adoption de l'euro que l'entrée massive d'Etats qui ne sont là que par opportunisme (pays qui sont en dehors de l'euro, et nouveaux adhérents). Car il n'y a pas d'Etat sans projet commun.

Réflexions qui proviennent d'un article de Jean Quatremer concernant l'histoire de l'euro.

Remise en cause

En vieillissant, je comprends que j'ai fait une erreur. J'ai mené mon travail, mes missions de conseil comme si ma vie, celle de la société, en dépendaient. J'ai surtout considéré ceux pour lesquels je travaillais comme des héros. Ce qu'ils acceptaient, comme un dû.

Je me trompais. L'homme ordinaire est poussé par son intérêt. Il juge à partir de règles. En particulier ses contemporains (i.e. "il faut faire ceci ou cela"). Et c'est en jouant sur ces règles sociales qu'il cherche à atteindre ses objectifs, en manipulant ses semblables. Autrement dit, il conçoit l'autre comme chose. Ce qui signifie aussi l'incapacité à affronter l'incertitude (= règles inopérantes), et à écouter. Et une grande lâcheté, dans la difficulté.

Curieusement, cette découverte tardive n'a pas nui à ma motivation. J'ai ma forme d'égoïsme. Au fond, j'ai le même idéal qu'Hannah Arendt. Une société, unie, qui fonctionne et qui crée une sorte d'oeuvre d'art : son avenir collectif. C'est cela la politique, au sens premier du terme. Plus besoin de croire aux autres. Je crois en la société. Et dans la recherche que représente ce blog.

dimanche 27 avril 2014

Péril vieux ?

« le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans devrait doubler d’ici 25 ans ». Conséquences du vieillissement mondial ? « un ensemble de forces réduisant l’investissement et augmentant l’épargne, sans action politique les contrebalançant, fait que l’impact du vieillissement (conduit à un monde) de croissance faible (…), un trop plein d’épargne et de très bas taux d’intérêt. Ce sera un monde dans lequel le vieillissement renforce les changements de répartition de revenus que les nouvelles technologies ont provoqués : les vieux qualifiés gagnent beaucoup, les peu qualifiés de tous âges vivent difficilement. Les non qualifiés et les sans emplois s’en tirent particulièrement mal, ne parvenant jamais à acquérir les compétences qui leur permettraient de devenir de vieux travailleurs productifs ».

Mme Merkel crée un salaire minimum, réduit l’âge de la retraite, encadre les loyers. The Economist regrette M.Schröder. Et M.Blair. Certes, il n’avait pas fait que du bien. Et, il a gagné 60m£ en collaborant avec des régimes peu reluisants ou à qui il avait accordé des faveurs lorsqu’il gouvernait. Mais, en ce temps, la politique anglaise avait une autre mine. A l’Est de l’Europe, les communautés russophones sont autant de pions dans le jeu de M.Poutine. Mais les populations locales voient avant tout leur intérêt matériel. Italie. La Ndrangheta aurait-elle une direction invisible ? Corruption à Bruxelles ? « Les normes éthiques concernant le lobbying sont souvent moins rigoureuses à Bruxelles qu’à Washington. » Les factions palestiniennes pourraient s’unir. Pour une fois elles y ont un réel intérêt. Et The Economist croit à leur succès. Au Yemen, « à chaque fois qu’un drone tue des civils Al Qaeda devient plus fort (…) mais la dernière vague d’attaques laisse penser que cette politique va continuer de plus belle. »

USA. Il devient trop coûteux d’exécuter les condamnés à mort. Les beaux jours de la peine capitale seraient finis. Et on redécouvre James Madison. « La solution de Madison était une république vaste et diverse, dans laquelle les partis et les intérêts se contrebalancent, réduisant le risque qu’une minorité s’unisse pour se liguer contre les autres. »

En Thaïlande, « on est au-delà de la logique et de la raison, c’est devenu une question de foi ». Le pays sombre dans le chaos ? A moins que la famille gouvernante actuelle ne laisse la place à quelqu’un d’autre de son camp. Grève massive en Chine. L’ouvrier sachant son avenir menacé par des pays à bas coûts veut une retraite. Quant aux très riches et aux cadres supérieurs ils sont tentés de passer à l’Ouest. Ils gagnent beaucoup d’argent, ont un travail passionnant, mais leurs conditions de vie sont détestables. La monnaie chinoise peut-elle devenir monnaie de réserve ? Non, car il est dans l’intérêt du pays de contrôler son cours.

L’économie du partage croît et affronte la justice. Comme d’habitude avec Internet, elle attaque à la marge les entreprises en place. C’est suffisant pour menacer leur survie. Mais aussi, elle court-circuite les taxes, les assurances et autres règles que s’est donnée la société.

La dernière mode chez les laboratoires pharmaceutiques est de s’échanger des unités. Pour pouvoir se spécialiser. M.Gentskow est un économiste spécialiste des médias. Il a découvert, en particulier, que « le web (…) siphonne des revenus de là où l’attention du lecteur est durable, et les fait croître, là où elle ne l’est pas » et « si plus de journaux avaient fait payer leur contenu en ligne (…) les ventes de papier et leurs revenus seraient plus élevés. »

La réglementation MiFID1 avait pour but d'accroître la concurrence sur les marchés financiers européens. Elle a eu des conséquences imprévues : perte de contrôle d’une partie des échanges. MiFID2 veut les empêcher. « Les conséquences risquent d’être aussi radicales et imprévisibles que celles de son prédécesseur. » Quant aux entreprises américaines : « Une vague d’acquisitions est un signal classique de la fin d’un cycle haussier, un signe que l’ingénierie financière a pris la place d’une croissance des affaires saine. » 

L’avenir de la centrale nucléaire serait en mer. On y trouve toute l’eau dont elle a besoin. (Et il n’y a pas de voisins ?)

Hommes politiques : incarnation du mal ?

Discussion après discussion, je comprends que "politique" est devenu l'équivalent de "mal". Curieux. On nous dit aussi que la démocratie est la plus belle conquête de l'homme. Et que, pour les Grecs et pour nous, il n'y a pas mieux que la "politique", le peuple décidant du sort de la cité. 

Que reproche-t-on aux hommes politiques ? Ils sont sensibles aux courants d'air ? Mais n'est-ce pas parce qu'ils sont conçus pour obéir à l'opinion ? Et si le problème venait de là, de nous ? Car, si nous en avons la volonté, nous pouvons les faire aller dans une bonne direction. Ce qui pêche aujourd'hui, c'est que la critique de la politique a conduit à l'abstention. Plus exactement nous ne possédons plus de pensée collective.

Ce qui fait le jeu de certains. En particulier de ceux dont les intérêts ne s'accommodent pas d'une démocratie en ordre de marche. Une démocratie qui les contrôlerait.

Mais le système n'est pas à jeter. Il faut simplement le faire fonctionner.

samedi 26 avril 2014

Google+ : la déroute

Le patron de Google+ disparaît. Google+ a été défait par Facebook (1 à 100, en termes de temps de consultation). Dernière victime de la bienheureuse destruction créatrice (?) de l'ère du numérique.

Dr Valls and Mr Sarkozy ?

M.Valls fairait subir un traitement de cheval aux collectivités locales. Voilà ce que disait la radio vendredi. Ne reprendrait-il pas la politique de M.Sarkozy ? me suis-je demandé. Cette idée m'est déjà venue en rendant visite aux Chambres de Commerce. Elles ont été malmenées par le précédent gouvernement. Mais, si j'ai bien compris ce que l'on m'a dit, ce n'était rien en comparaison avec ce qu'elles subissent aujourd'hui. Une chose a changé, cependant. Hier on protestait, aujourd'hui non. Le pli est pris ? Comme en Angleterre, ou MM.Blair et Brown ont fait un emploi systématique, avec le fanatisme des nouveaux convertis, des mesures que Mme Thatcher avait introduites avec beaucoup de prudence ?

A moins d'un changement de cap brutal, une révolution en quelque-sorte, les gouvernements n'ont pas de marge de manœuvre ? Comme le dit mon dernier livre, nous subissons le changement ?

(Présentation du plan d'économie de M.Valls.)

Complot mondial ?

Il y a un complot me dit-on. N'entend-on pas de plus en plus parler "d'héritiers" ? Ce blog ne résume-t-il pas des travaux qui montrent un phénomène de ce type ? Notre société a changé de modèle. Alors qu'elle voulait armer l'individu pour la vie. Désormais, elle ne combat plus les handicaps innés. Ce qui avantage, mécaniquement, les héritiers. Mais y a-t-il complot ?

Et, si simplement, il s'agissait des effets d'idées massivement partagées ? Une sorte d'individualisme, par exemple ? Il suffit de croire que tout vous est dû pour ne plus vouloir rien donner. Non seulement les mécanismes sociaux de redistribution ne fonctionnent plus, mais le moindre choc est fatal à l'individu. Plus rien ne peut freiner sa chute. Ce qui permet à ceux qui possèdent des positions stratégiques (les oligarques) d'écrémer la société.

Il est logique qu'ils veuillent nous maintenir dans l'ignorance. En particulier en divisant pour régner (en nous montant les uns contre les autres) ou en détruisant l'éducation. Mais, le font-ils consciemment ? Il suffit qu'ils soient convaincus qu'ils sont "créateurs de valeur", ou que Dieu récompense leurs vertus, pour que leur action ait cet effet. Ils diront alors que l'enseignement doit être réservé aux meilleurs, donc à eux. Mais seule l'adhésion de tous peut produire ces phénomènes. Ils sont au dessus des forces humaines.

vendredi 25 avril 2014

Qu'est-ce que la spéculation ?

L'immobilier parisien aux prises avec la spéculation mondiale, dit le billet précédent. Le livre qu'il cite pense qu'elle est momentanée. Vraiment ?

Je reprends ce que je lis à peu près partout. 1) Enrichissement massif d'une partie de la population ; 2) il y a de l'argent à la recherche de rendements (en particulier du fait de la politique de taux bas des banques centrales). Questions :
  • Et si la "spéculation" venait de ce que l'argent dégagé par les "riches" n'allait pas à des investissements productifs, mais cherchait, au contraire, des "placements" ? 
  • Et si cette spéculation n'en était pas toujours une ? L'augmentation des prix de l'immobilier permet au riche de se réserver une partie du territoire ou des biens. Elle n'est pas forcément sans lendemain. En quelque sorte, il y a dévaluation des avoirs des pauvres. 
  • Le système tournerait-il à vide ? Risque d'auto destruction ? A contrario, cela signifierait-il qu'il y a énormément de moyens pour des projets utiles, productifs ? Mais que ceux-ci manquent ? Entrepreneurs, à vous de jouer ? 

Grand Paris

Grand Paris, sortir des illusions, approfondir les ambitions. Livre de Jean-Pierre Orfeuil et Marc Wiel. Scrineo, 2012. Le Grand Paris, ce que l'on a fait, ce qui aurait dû être fait.

"On pourrait ne retenir de la vision de Nicolas Sarkozy et ses collaborateurs que sa mégalomanie brouillonne, dont témoignent l'énormité de l'investissement public envisagé en période de disette de ressources publiques, les virages à 180 degrés sur les moyens de le financer, de l'autofinancement magique par les plus values foncières à l'impôt et la dette, ou encore la création de nouvelles institutions là où il était diagnostiqué qu'il y en avait trop." L'irrationalité semble la raison même du projet. On croirait entendre Louis XIV. On casse les projets d'aménagement existants, trop médiocres. Seule la démesure est digne de la France. On ne sait pas la financer ? On masque le trou (20md€). La mesquinerie est indigne des conquérants ?

Qu'est-ce que cela va donner ? Des cercles vicieux. L'opposé des objectifs du projet. Toujours plus de spéculation, des conditions de vie de plus en plus mauvaises pour le Parisien, moins d'emplois, plus de dettes pour la nation... Or, on aurait pu faire bien, quasiment pour rien. Pour cela, il aurait fallu accepter la réalité et avoir l'expérience de l'urbanisme...

Si je comprends bien, le moteur de la transformation de la région parisienne, c'est la spéculation internationale. Elle fait augmenter le prix de l’immobilier. Ce renchérissement force les populations à s’éloigner de leur lieu travail. Ce que les pouvoirs publics veulent combattre par des investissements en infrastructure. Ils ouvrent de nouveaux terrains à la spéculation… Bref, en quelque sorte, l’argent public pave notre enfer de ses bonnes intentions (enrichit le spéculateur et creuse le déficit national).

« On n'a pas besoin de lumière, quand on est conduit par le Ciel ». Le précédent gouvernement semble avoir cru que gouverner c’était confier le pays aux forces du marché. Donc atomiser la société. En particulier, écarter, quel que soit le prix à payer, la résistance au changement. Il a donc flatté les intérêts de la RATP, et des collectivités de gauche... Et le corps des ponts et chaussées, qui aurait pu être un intermédiaire compétent, n'existe plus...

Le livre propose des solutions assez simples et pratiques aux problèmes de l'agglomération parisienne. Il illustre ce qu'aurait pu faire une institution intermédiaire comme le corps des ponts, s'il était encore en vie. Il me semble, surtout, qu'elles ont un principe commun. La démesure a été rendue possible par un manque d’informations. Il nous empêche de percevoir le dit cercle vicieux. L’éparpillement des acteurs, leur concurrence ?, en est la cause. (C'est le principe même du modèle du marché.) Si l'on veut prendre à contre le cercle vicieux, on doit rétablir l’information du public, et aider les acteurs concernés par l’aménagement du territoire à se remettre à travailler ensemble.

(De la spéculation : un commentaire.)

jeudi 24 avril 2014

A qui profitent les dépenses éducatives ?

"A qui profitent les dépenses éducatives ?". Voilà qui laisse entendre que notre éducation a ses misérables et ses privilégiés. En tout cas, il démontre qu'il y a différence de traitement. L'Etat a investi 340.000€ dans les études de M.Wauquiez (et des rares personnes qui ont enchaîné autant de formations que lui), contre 100.000€ pour les scolarités courtes. L'écart de durée entre les formations longues et courtes n'arrête pas de se creuser. La différence entre le premier décile et le neuvième (ou dixième ?) est passée de 6,5 ans en 85 à 8,3 en 2010.

L'Etat devrait-il investir autant sur chacun ? Ou en favoriser certains, parce qu'il les trouve plus intéressants, ou, au contraire, qu'ils ont besoin de plus d'aide que les autres ? L'article ne le dit pas. Mais il note que "le système éducatif actuel est de moins en moins largement financé par les catégories aisées qui en bénéficient pourtant de plus en plus".

Ce qui me frappe, surtout, est l'inefficacité du dispositif. Le coût des scolarités courtes a quasiment doublé en 25 ans. Leur qualité me semble s'être affaissée. Quant aux scolarités longues, leur durée ne paraît pas un gage d'utilité. Le texte parle de gens qui empilent les masters, par exemple.

(Référence : Pierre Merle, « À qui profitent les dépenses éducatives ? », La Vie des idées, 22 mai 2012. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/A-qui-profitent-les-depenses.html)

mercredi 23 avril 2014

Linkedin, métaphore du marché ?

Je suis abonné à un grand nombre de groupes linkedin. Je constate que je n'y participe plus. Je n'ai pas le temps. Peut-être, aussi, que le retour sur investissement n'est pas suffisant. Qu'est-ce que je cherche ? Des discussions intéressantes. Cela arrive parfois. L'une d'entre elles m'a fait acheter un livre utile. D'autres m'ont fait rencontrer des gens bien. Mais, globalement, c'est décevant. Pourquoi ?
  • En dépit des efforts des animateurs, la participation est faible. Ce sont toujours les mêmes qui répondent. Et beaucoup d'entre-eux cherchent une distraction plutôt qu'une discussion de fond. Je crois aussi qu'Internet fait peur. Ainsi, j'ai constaté que mes étudiants prennent depuis quelques temps des pseudonymes pour écrire sur le blog (privé) de mon cours. Sans se rendre compte que, de ce fait, je ne peux pas les noter. 
  • Il y a un problème d'usage. Linkedin me semble adapté aux échanges en profondeur. Or, il sert à certains, pas toujours aux animateurs d'ailleurs, pour se faire de la pub. C'est le cas des associations d'anciens. Elles noient d'annonces les groupes dans lesquels elles s'infiltrent. Du coup, les débats intéressants sont perdus dans le flot. Il en est de même des événements et communications importants, d'ailleurs. On ne les voit plus. Il serait bien mieux de publier des listes mensuelles d'événements, comme le faisait l'association Insead au temps béni où elle n'avait pas dématérialisé sa communication. Ailleurs, ce sont des cabinets de chasse de têtes qui se sont emparés d'un groupe. Plus d'intérêt. Partout, il semble qu'une forme de parasitisme ait dénaturé l'esprit de linkedin. 
Charles Gide disait que le laisser-faire donnait ce que donne un jardin laissé à lui-même : de mauvaises herbes. Je me demande si linkedin n'est pas une métaphore du modèle du marché.
  • Peu de gens maîtrisent correctement les réseaux sociaux. Sans apprentissage organisé (école...), la société ne s'approprie pas l'innovation de façon homogène. 
  • Une forme de peur fait que les participants sont rares. Et, ils tendent à vampiriser le groupe (mauvaises herbes ?).
(Sur le même sujet, un billet du JDN.)

Le patronat français est-il communiste ?

Voilà quelques temps, j'ai rencontré une association de dirigeants. Le professeur Schmitt et moi, nous voulons lui parler de nos travaux sur la transformation de l'entreprise. Sentiment bizarre. Nous comprenons petit à petit qu'on se méfie de nous. On nous voit comme des consultants. Et on ne peut pas faire confiance à des consultants !

Qu’une association de dirigeants se méfie des consultants, des entrepreneurs, a quelque-chose de paradoxal, vous en conviendrez. Ne vivons-nous pas à l’époque du marché ? Même l’université a été gagnée par lui. Il est fini le temps béni où l’on pouvait faire une confiance aveugle à la parole sans biais du normalien communiste. Un jeune enseignant peut prétendre gagner 300.000€ ou plus, et il le fait en vendant ses services ! Comme me le disait un syndicaliste de la Chambre de Commerce de Paris (que j’ai accompagnée dans ses changements) : comment pouvons-nous vous faire confiance, puisque vous êtes payé par le patron ? Question terrible. Le dit syndicaliste étant lui-même payé par le dit patron.

La devise de la bourse de Londres est « my word is my bond ». Les Anglo-saxons croient que les affaires sont une question de confiance. Moi aussi. Et s’il était temps que la France se réconcilie avec l’argent ? Et découvre qu’il ne corrompt pas systématiquement ? Et qu’il est possible de créer des réseaux de confiance ? Il se trouve que c’est le thème du papier que j’ai écrit avec le Professeur Schmitt. (Un redoutable esprit subversif, qui vendrait son âme pour un kopeck.)

mardi 22 avril 2014

L'erreur d'Hannah Arendt ?

Hannah Arendt me semble dire qu'il n'y a de réalité que "politique". C'est-à-dire définie par un groupe humain. Tout le reste, la science en particulier, n'est qu'illusion, qui ramène à l'homme. N'est-ce pas d'ailleurs la signification du principe d'incertitude d'Heisenberg ?

Paul Watzlawick et mon billet précédent contredisent cette idée. Si le groupe humain s'en tient à une réalité qui lui est relative, il se trouve rapidement pris dans des dysfonctionnements qui ne sont pas de son fait. Il doit tenir compte de quelque-chose d'autre que lui. Quelque-chose que l'on peut peut-être appeler la "nature", faute de mieux. Je me demande aussi si la découverte de cette nature ne s'appelle pas le "travail". Quelque chose qu'Hannah Arendt (avec les Grecs classiques) semble réserver aux animaux.

L'entreprise est-elle prise dans un "jeu sans fin" ?

De quels changements, l'entreprise a-t-elle besoin ? J'interviewe un dirigeant. 

Aujourd’hui, le problème de l'entreprise, c’est le « ritualisme du P&L » (compte de résultat). En particulier, elle est obsédée de main d'œuvre directe (MOD), d’achats, productivité.
Cela produit des effets pervers :
  • L’attaque de la MOD conduit à une automatisation à outrance et à une transformation de la MOD en MOI (main d'oeuvre indirecte), sans réaliser que les deux sont équivalents ; puis à la délocalisation, mais elle ne sert à rien puisque la MOD ne compte plus que pour 5% des coûts. D’autant que l’on s’acharne à continuer à réduire la MOD et à automatiser alors qu'il faudrait faire le contraire pour profiter des bas salaires. 
  • Ces indicateurs sont faciles à manipuler. Par exemple les mêmes gains de productivité sont attribués à plusieurs endroits. Ils comptent plusieurs fois. Chaque année les objectifs non atteints sont remis à zéro. Tout ceci permet de rétrocéder au client des gains de productivité de 4 ou 5% par an, en se persuadant que l’entreprise les a obtenus. Ce qui est faux. Et de très loin. 
L’outil du rituel est le reporting, documents Powerpoint et Excel à milliers de paramètres. Le dirigeant est impuissant face à cette masse de données. Surtout qu’il craint de perdre la face en disant qu’il ne les comprend pas. Le processus s’accompagne d’une perversion du contrôle. Des règles très compliquées sont appliquées mais l'essentiel n'est pas contrôlé. Par exemple les acheteurs doivent rendre les cadeaux qu'ils reçoivent mais ils ne changent jamais de poste. Si bien qu'ils finissent par s'entendre avec leurs fournisseurs.

LES GESTES QUI SAUVENT
Que faire, dans cette situation? lui ai-je demandé.

Le nouveau patron doit commencer par des actes symboliques. Il doit casser les rituels, montrer que désormais la loi de l’entreprise, c’est l’action et le résultat concret. Faire des exemples. (Des ritualistes en chef ?) Surtout, le dirigeant doit écrire « la constitution de l'entreprise ».
  • Quelques règles simples de contrôle. 
  • Manuel qualité. 
  • Reporting en 3 indicateurs. Ensuite : qu'avez vous de neuf à me dire ? 
Casser les rituels sans arrêt sinon ils se réinstallent.

UN CAS POUR PAUL WATZLAWICK ?
J'ai été surpris. Cette description ressemble à ce que dit Paul Watzlawick. Illustration inattendue d'une théorie fort abstraite ? Le mal de l'entreprise serait-il lié à sa définition de la réalité ?

Voici ce que je comprends de cette théorie. Les sociétés humaines définissent la réalité (leurs règles). Quand un problème survient, les gens s'acharnent à appliquer les règles, alors qu'il faudrait les changer. Non seulement elles ne les changent pas, mais une sorte de folie, ou "jeu sans fin", s'empare du système. Plus il s'éloigne de la réalité, plus les gens se sentent pousser des ailes.

Si cette explication est correcte, il s'agit peut-être du jeu du P&L (= représentation de la réalité). Un pépin survient : la réalité construite n'est plus opérante. Le système s'emballe. Le chef donne des objectifs invraisemblables. Pour le satisfaire, les équipes trafiquent les chiffres, mais selon les règles de leur réalité. Cela demande une sorte de génie. Et tout le monde est épuisé, mais content de soi. Enron ressemblait à cela, juste avant d'exploser.

Comment casser ce mécanisme ? Que dit l'interviewé ? Il demande à chacun de penser par soi-même, en fonction des impératifs de sa fonction (clients, machines...). Il définit une nouvelle réalité. Une réalité qui n'est plus celle de la comptabilité ? Mais celle des fonctions opérationnelles de l'entreprise ? Problème curieux, à creuser.

lundi 21 avril 2014

Pologne, pays que l'on fuit ?

Que sait-on de la Pologne ? Pour ma part, pas grand chose. J'ai entendu dire que c'est un des seuls pays européens à avoir traversé la crise sans difficulté. On entend aussi que, avec les anciennes colonies soviétiques, elle affronterait la Russie sur le territoire ukrainien... Il se pourrait, surtout, que la Pologne soit un pays que sa population fuit.

Deux événements auraient marqué son identité actuelle :
une révolution sans une goutte de sang versée, qui a donné naissance à une démocratie bancale et à un capitalisme sauvage, mais aussi le "rapprochement" avec l'Europe. 
Le résultat ne semble pas agréable.
L'entrée dans l'Union européenne en 2004 a correspondu à l'émigration d'environ 2 millions de personnes - principalement en Grande Bretagne - dont 1 million constitué de femmes entre 20 et 40 ans (...) les Polonais, conscients de leur énergie et de leur talent, préfèrent souvent refuser le cadre social polonais et "s'investir" dans un autre pays. 
(Références : Marcin Darmas, « Démythifier la société polonaise », La Vie des idées, 7 novembre 2013. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Demythifier-la-societe-polonaise.html

Vivons-nous une lutte des classes ?

Affrontement entre peuple et héritiers ? 99% contre 1 % ? N'est-ce pas ce que dit Thomas Piketty ? Ou une façon d'interpréter le billet que je lui consacre ?

Pas sûr. Nous sommes dans une période d'incertitude. Défendre ce que l'on a va de soi. Exemple ? Nouveau collègue. Allez-vous l'aider ? En ces périodes de licenciement massif, n'est-ce pas dangereux ? Et si c'était un concurrent ? Et est-ce prudent de le faire ? Imaginez que votre aide se retourne contre votre intention, ne pourriez-vous pas avoir des ennuis ?

Celui qui est en place n'aide plus celui qui en a besoin. Ce dernier échoue donc, souvent. Or, celui qui est en place ne peut pas faire grand chose avec ses simples forces. Espérer que la chance, et sa discrétion, lui évitent d'être victime de la prochaine restructuration ? Sur-place, au mieux ? Car, nous avons tous besoin d'aide. Et l'aide se construit, en échange de l'aide que nous donnons.

Bref. L'incertitude crée la prudence, et la prudence favorise celui dont la position sociale est dominante. L'héritier. Il profite de la situation. Il fait ce qu'il peut pour l'entretenir. Mais il n'est pas certain qu'il soit à son origine. Si la confiance revient, il perd son avantage. Or, étrangement, les périodes d'incertitude peuvent susciter l'entraide.

dimanche 20 avril 2014

Changements en Chine

Changement en Chine. Elle adopte le modèle occidental en accéléré. Transformation à haut risque. Le problème du moment vient des villes. Bientôt 1md d’habitants. Un tiers des villes est constitué de migrants paysans. Ils sont considérés comme des étrangers. Ils vivent dans des conditions difficiles. The Economist aimerait qu’ils deviennent citoyens afin qu’ils aient accès à la sécurité sociale. Ainsi ils cesseraient d’économiser. Et ils dépenseraient. Ce qui serait bon pour l’économie. Mais cela rencontre beaucoup de résistances. Y compris venant d’eux. Puisqu’ainsi ils perdraient le droit à une terre sur leur lieu natal. A la campagne les élus locaux exproprient les paysans pour les entasser dans des immeubles. Créer des villes serait bon pour la croissance. A cela s’ajoute une classe moyenne puissante, qui craint le déclassement, la concurrence, et des riches qui cherchent surtout à quitter le pays… Mais, il y a des heureux : "fonctionnaires, qui travaillent pour le gouvernement ou le parti communiste". 

Les Chinois visitent le monde. On se bat pour les attirer. Pour ce faire, il faut qu’ils obtiennent facilement des visas. Leur réserver un traitement spécial. Flatter leur fibre romantique. Et faire savoir que l’on existe en touchant leurs réseaux sociaux.

Ukraine (suite). La Russie voudrait en faire un chaos, mais pas un Afghanistan. L’Ouest cherche à causer des dommages économiques à la Russie. L’incertitude pourrait être suffisante pour inquiéter banques et entreprises occidentales, dont le pays dépend fortement. Pourquoi les partis d’extrême droite européens aiment-ils Poutine ? « affirmation musclée de l’intérêt national, insistance sur la tradition chrétienne, son opposition à l’homosexualité et sa façon d’avoir mis les secteurs économiques vitaux sous le contrôle de l’Etat. » Leur pression pourrait amener les gouvernements européens à être accommodants avec la Russie.

L’Algérie élit un président invisible. Le groupe qui contrôle le pays n’a pas pu se mettre d’accord sur un autre nom. Et le peuple préfère encore cette solution aux troubles qu’il a connus.

Aux USA, il y a de plus en plus de femmes au foyer. Et, à conditions équivalentes, elles gagnent quasiment autant que les hommes. Ce qui ne fait pas les affaires de M.Obama, qui veut acquérir cet électorat à sa cause, en disant qu’il subi une discrimination. L’Américain verrait très mal l’adultère (mais pourrait le commettre, pour peu qu’il soit sans risques). Le Japon renoncerait à ses penchants nationalistes. En Afghanistan l’ennemi des Américains ne serait pas les Talibans, mais les Pakistanais, qui tirent les ficelles des précédents. Mais on ne peut pas se fâcher avec le Pakistan.

Le monde consomme de plus en plus de charbon. C’est polluant, ça crée de l’effet de serre, ça tue, et c’est même radioactif, mais ce n’est pas cher. Les agences de crédit ne se sont jamais mieux portées (marges de l’ordre de 50%). Les dernières bulles spéculatives (biotech, médias sociaux, Tesla…) se dégonfleraient un peu. Mais les fonds d’investissement ont levé énormément d’argent. Ils ne peuvent qu’en créer une nouvelle. Les grands du capital risque font de moins en moins de LBO. Ils prêtent aux entreprises et aux grands projets d’infrastructure. L’Espagne n’a pas réussi à créer de marque. Si bien que ses olives font de l’huile italienne, et que son vin devient français. Entre autres.

Le riche travaille plus que le pauvre. Parce qu’un travail du riche est amusant. Et que plus on gagne, plus on a à perdre à prendre des vacances. Mais aussi que les loisirs sont assimilés à la paresse. The Economist croit en Carlos Tavares.

On met au point la fusée qui retombe sur ses pieds. Objectif : Mars. Les fougères doivent leur survie à un gène qui leur permet d’utiliser les longueurs d’onde qui arrivent à l’ombre. 

Le Capital au XXIème siècle : malheur au vaincu ?

Le Capital au XXIème siècle. The Economist lit le livre de Thomas Piketty, chapitre par chapitre (le premier est ici). Ce qu'il dit ? Plus de croissance. Le jeu des "rentiers" qui dominent la société est d'amplifier le phénomène. D'où la "dépression séculaire" dont parlent tant les économistes. Conséquence pratique, pour vous et moi ? Lorsque l'on est au fond du trou, on a peu de chances d'en sortir. (D'où les enjeux des réformes en cours en France : les perdants, individus ou entreprises, ne sont pas prêts de revoir le jour.) Que faire, me suis-je demandé ? 

Ne pas compter sur l'aide de la société. C'est à nous de nous débrouiller. C'est le message de ce blog. Mais il a, malheureusement, un revers. C'est un encouragement pour ceux qui ont un rien de le défendre, et de bloquer ce qui paraît menaçant. Donc les transformations sociales qui, à long terme, pourraient leur être favorables. Car il y a ici un paradoxe. La part des richesses possédées par le 1% des Américains les plus riches est passée de 10 à 25% en quelques années. Ce qui signifie que, dans un monde en stagnation, celle appartenant aux 99 autres % s'est réduite de 90 à 75% (perte de 17%). Les 99% auraient donc tout à gagner à s'unir. Mais ils voient leur intérêt à court terme. Il est de ne pas perdre ce qui leur reste. Et le phénomène de s'amplifier.

Les précédents ne sont pas rassurants. Si les "rentiers" ont disparu, après guerre, c'est parce que la crise (la guerre ?) les avait "euthanasiés". Allons-nous en revenir aux années 30 ? Solution plus pacifique ? MM.Krugman et Summers estiment que seules les crises spéculatives peuvent donner des couleurs à l'économie. Joie ? Surtout, les effets de cette panne deviennent irréversibles. Car non seulement il y a création de pauvreté, mais il y a destruction de ce qui permettait à l'individu d'être fort et utile à la société. De l'éducation en particulier. Mais aussi des infrastructures de transport, du logement, des systèmes de santé...

Échec et mat ? La France et l'Allemagne ont mis un terme à 150 ans de violence. Tous les précédents ne sont pas noirs. L'espoir est faible (et il a fallu une guerre pour les amener à la raison). Mais il fait vivre.

(Dans le même ordre d'idées : Slowdown puts 1bn middle class at risk dit The Financial Times.)

samedi 19 avril 2014

BCE, créature de Frankenstein ?

Inquiétant article (référence en pied de page). La BCE, "première banque supranationale au monde", aurait échappé à ses créateurs. Elle détruirait la démocratie pour imposer la loi du marché.

A l'origine était la Bundesbank. En échange de l'approbation par l'Allemagne de l'euro, la BCE est construite sur la modèle de sa banque centrale. La BCE a une mission restreinte, maîtrise de l'inflation, mais n'est soumise à quasiment aucun contrôle. Elle va utiliser la crise pour étendre son influence. Car, c'est d'elle que dépendent les systèmes bancaires des pays les plus faibles. Non seulement elle dicte leur politique aux pays qu'elle aide, ce qui n'est pas dans son mandat, mais encore elle fait sauter Berlusconi qui, avec tout le mal que l'on peut en penser, avait été élu démocratiquement. Encore plus surprenant. Au sein de l'Europe les pouvoirs politiques, les Etats, se méfient les uns des autres. "Politique" est devenu un gros mot. Ils préfèrent les technocrates de la BCE aux représentants des autres peuples. De ce fait les hommes de la BCE conduisent l'UE.

Et si c'était à HAL, l'ordinateur de l'Odyssée de l'espace, que ressemblait la BCE ? Plutôt qu'à la créature de Frankenstein dont parle l'article. En effet, c'est la BCE qui a "participé au cadrage de la crise financière comme une crise budgétaire et fiscale", autrement dit elle pourrait avoir manipulé notre interprétation de la crise, afin qu'elle lui soit favorable. D'autant qu'elle serait à son origine : "un rapport de l'OCDE montre notamment que les politiques monétaires passées ont été la principale cause de la formation de la bulle immobilière et par là, de la fragilisation des pays touchés par la crise".

Et ses membres sont des banquiers (M. Draghi vient de Goldman Sachs). La démocratie européenne aurait-elle été capturée par la finance internationale ?

(Référence : Clément Fontan, « La BCE : un problème démocratique pour l’Europe ? », La Vie des idées, 15 avril 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/La-BCE-un-probleme-democratique.html)

Crédit Agricole : changement mal conduit ?

Pour une raison mystérieuse, il se trouve que le Crédit Agricole me dédie 4 conseillers. (Il faut dire que j'ai un compte entreprise et un compte personnel, peut-être suis-je particulier.) Jusque-là je n'en avais qu'un et c'était bien, vu ce que je lui demande.

Plus étrange, les dits conseillers ont été incapables de me faire signer quoi que ce soit, faute de pouvoir imprimer les documents utiles... (Les documents m'ont été envoyés par mail. Moi, j'ai une imprimante en état de marche.)

Symptômes de dysfonctionnements préoccupants ?

vendredi 18 avril 2014

3 Suisses, La Redoute, fin de catalogue

3 Suisses et Redoute deviennent pur Internet, entendais-je dire. Cela me semble une mauvaise idée.
  • D'abord, question d'intuition. Ces décisions me paraissent idéologiques. Et ce n'est jamais bon de décider sans penser. Ou, du moins, d'avoir une pensée aussi peu originale. D'ailleurs, rares sont les modèles Internet purs qui marchent. Même Amazon, géant avec qui il est quasi impossible de rivaliser, a des marges ridicules, qui tiennent peut-être à de l'optimisation fiscale.
  • Ensuite, parce que j'ai l'habitude d'acheter en ligne, que j'ai cherché à utiliser ces sites, et que j'y ai renoncé. Mais aussi, parce que je trouve que le catalogue, c'est pratique. 
Evidemment, ces entreprises sont dans une situation difficile. Elles sont face à des attaques multiples (ventes en ligne, chaînes de magasin (!)...), qui doivent réduire suffisamment leurs chiffres d'affaires pour rendre intenable leur modèle économique actuel. Que faire ?

S'inspirer des librairies ? Les librairies qui semblent réussir sont celles qui ne se contentent pas d'être des entrepôts, mais qui proposent "agressivement" leurs livres. Surtout, elles sont organisées selon un concept. En quelque sorte, ce sont des leaders d'opinion. Le client souscrit au concept. L'achat devient un rituel. (Le Canard enchaîné donne un autre exemple de cette idée.)

Je soupçonne qu'il y a un piège dans le modèle Amazon. C'est un gigantesque entrepôt. Et l'on y cherche le prix. Créneau étroit. S'il demeure de la place dans la vente à distance, elle est à chercher, au contraire, dans une idée qui donne du sens à l'offre. Ces entreprises n'ont pas besoin à leur tête de technophiles, mais de gens du métier.

(On en revient à Porter : leader par les coûts, différenciation, niche. Les 3 stratégies possibles.)

Faut-il écouter avant de parler ?

Que veut-il ? disent les psychologues. Avant d'imposer à l'autre nos idées, essayons de le comprendre.

Cela paraît à la fois juste et hypocrite. Le psychologue ne fait-il pas ce qu'il nous reproche de faire ? Ne nous considère-t-il pas implicitement comme un coupable ? Terrorisme intellectuel ?

Bien sûr, il a un peu raison, je suis le premier à le reconnaître.

Mais il peut avoir très tort :
  • Notre intuition est construite sur la connaissance de l'autre. Notre impulsion de vouloir lui dire ce que nous pouvons lui apporter n'est pas forcément hors sujet. C'est d'ailleurs la posture que l'on attend d'un expert, consultant, médecin ou autre. D'ailleurs, si cette impulsion nous est naturelle, c'est probablement parce qu'elle est efficace. Ainsi, on va vite en besogne. Pas besoin d'étaler l'autre sur un divan et de l'écouter pendant 200 séances pour lui être utile. 
  • Les études de marché que j'ai faites à une époque m'ont appris que peu de gens savent ce qu'ils veulent réellement. Il faut le déduire de manière indirecte. Et leur proposer des idées est une façon de procéder. En réaction, ils finissent par trouver ce qui compte pour eux. 
Conclusion : il faut probablement une écoute, mais elle doit être active. L'amitié ?

jeudi 17 avril 2014

Münich et l'Ukraine ?

Curieuse crise ukrainienne. M. Poutine semble désireux d'annexer les pays qui contiennent des minorités russophones. Mêmes arguments que ceux d'Hitler, en son temps ? Quant à l'Ukraine, comme la Russie, elle semble avoir été mise en pièce par les réformes des années 90. Le marché venu de l'Ouest.

Et l'Europe, une fois de plus, semble briller par sa lâcheté. L'autre matin, j'entendais dire que la Lettonie n'a pas donné sa citoyenneté à une importante communauté russophone. Elle est apatride. Les conditions d'une situation explosive. Et l'Europe ne dit rien.

Les malheurs de l'éducation supérieure américaine

Décidément, leur éducation supérieure préoccupe les Américains.
Les jeunes des Etats Unis ont moins de chances que les jeunes de n'importe quel autre pays avancé d'avoir une meilleure éducation que leurs parents.
() L'économie, combinée avec le système éducatif [a créé] des mécanismes qui reproduisent l'avantage de classe. Et l'éducation supérieure est devenue le point culminant de cette dynamique.
L'université entretient une société d'héritiers. Le titre de l'article : les diplômes sont-ils hérités ? Alors que notre enseignement supérieur est modelé sur celui des USA, cela devrait-il nous préoccuper ?

mercredi 16 avril 2014

Le professeur de philosophie est-il schizophrène ?

La philosophie aurait été vue comme un moyen de contrebalancer les excès des Lumières, et de la démocratie. Et ce à la fois par la IIIème République et les contre-révolutionnaires. Résultat. Un enseignement français de la philosophie dont la mission est l'ordre. Mais en apprenant l'esprit critique (le principe de la philosophie) !

Autre caractéristique curieuse. Pour être philosophe en France, il faut s'inscrire dans la raison pure. Celle dont Platon est le modèle. Ce qui a fait les affaires de Marx, réactionnaire de la pensée. Censurés les Proudhon, Saint Simon et autres (Camus ?) qui se sont préoccupés de raison pratique. (Or, n'étaient-ce pas eux les vrais philosophes ? Plutôt que les diplômés de Normale Sup ?)

Je me suis interrogé. Au fond, nous savons bien que nos enseignants sont des esprits totalitaires dont il faut se méfier. Merveilleuse incitation à l'esprit critique ? Certes, mais mauvais enseignement de la philosophie. C'est-à-dire du savoir-faire nécessaire à une pensée efficace.

(Librement inspiré de : Stéphanie Roza, « D’où viennent nos institutions philosophiques ? », La Vie des idées, 26 mars 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/D-ou-viennent-nos-institutions.html)

La sécurité sociale pervertie ?

Très intéressant résumé d'un livre important. Histoire de La Sécurité sociale. (Références en pied de billet). En fait bien plus que cela. C'est l'évolution des principes auxquels notre société obéit.

En résumé, du résumé. Le modèle que la France a voulu adopter après guerre est celui du solidarisme. Selon moi, c'est la continuation des idées des Lumières, poursuivies par la IIIème RépubliquePrincipe : l'individu(alisme) est une création de la société. Pas de la nature. En conséquence, la société doit armer l'individu pour qu'il puisse jouer son rôle d'individu. Et elle doit être un médiateur, un arbitre, qui veille à ce qu'il ne reçoive pas de coup bas des forces (sociales) contraires aux libertés individuelles. En particulier celles du marché. Conséquence. La "sécurité sociale" a pour objectif premier de construire des gens solides, qui, de ce fait, n'auront pas de pépins dans la vie. (On notera que ce modèle est dans l'intérêt de la société. Ainsi, elle forme de bons producteurs. Elle s'enrichit. Ce qui profite à ses membres.)

A ce modèle s'oppose une idée que je croyais anglo-saxonne, mais qui semble endémique chez nous. L'individu est une création de la nature.  Il a des droits. La société doit s'assurer qu'ils sont respectés. C'est tout. Conséquence. Un modèle "assuranciel". Ceux qui ont de l'argent s'assurent contre les risques de la vie. La société fait la charité aux autres. Dans la mesure de moyens de plus en plus faibles.

Après guerre, la sécurité sociale désirait le premier modèle. Mais les "intérêts spéciaux", patronat et syndicats, l'ont fait basculer dans le modèle assuranciel. Au lieu de la faire reposer sur l'impôt (le capital), il ont pris pour assiette le travail. D'où cercle vicieux. Les crises, le chômage... fruits des "forces sociales" (mais aussi de l'affaiblissement de l'individu ?) poussent à aller toujours plus loin dans l'élimination du solidarisme. Par souci d'économie. D'où nouvelle dégradation...

De plus en plus, la naissance décide de la vie d'un individu. Nous devenons un pays d'héritiers.

(Jean-Fabien Spitz, « Solidarité ou assurance ? Les fondements de la sécurité sociale en France », La Vie des idées, 4 avril 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Solidarite-ou-assurance.html

mardi 15 avril 2014

Savoir et démocratie

Dans une démocratie, l'accès au savoir, et la capacité à réfléchir jouent un rôle, évidemment, crucial. Pour les Lumières, la recherche du savoir est un devoir du citoyen. Tous chercheurs. Ou plutôt, le scientifique comme "amateur". Après guerre, l'Etat s'empare de la science. Aujourd'hui, le marché la met à son service. Il y aussi un retour de "l'amateur". Le savoir individuel est à nouveau mis à contribution (cf. "crowd sourcing", facebook, Amazon and co). Mais, contrairement au projet des Lumières, ce n'est pas l'épanouissement de l'individu qui est recherché, mais son asservissement au marché, son aliénation, selon le terme consacré.

(Réflexions suscitées par : Bilel Benbouzid, « Le gouvernement des sciences et des techniques », La Vie des idées, 10 avril 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Le-gouvernement-des-sciences-et.html)

Les méthodes de l'industrie s'appliquent-elles au service ?

Discussion. Je m'entends dire que les « méthodes de l’industrie » (la gestion de production) ne marchent pas dans le service. Pas d'accord :

J’ai passé une partie de ma vie à travailler sur la question de la productivité de processus humains. Par exemple des centres d’appel ou des commerciaux. J’ai même fait une étude sur la productivité des marchands de journaux, qui a eu un certain retentissement. A chaque fois, les gains ont été massifs. On est parfois passé de 0 (impossibilité de faire) à une très bonne performance (gros chiffre d'affaires). Comment ?

Point capital : il ne faut pas chercher à dicter sa conduite à l’individu ; il faut attirer son attention sur le fait qu’il existe certains moments décisifs dans son travail ; qu’alors, il y a plusieurs « options », et que celle qu’il a choisie n’est pas la plus efficace. Par exemple ?

Une étude menée à l'époque héroïque du câble. La plupart des gens sont incapables de vendre des abonnements, faute de « passer la porte ». D’autres passent, et vendent le facile, à marge réduite (cinéma / sport). Pas rentable. D’autres font de gros coups. Nouvel exemple. La porte la plus difficile à passer est celle de la mamie du 16ème. Or, certains vendeurs ont compris que la raison d’être de la mamie est ses petits enfants. Pour les attirer chez elle, elle perçoit l’offre TV de Disney Chanel comme une arme absolue. Pour l’avoir elle est prête à acheter le « bouquet » complet de chaînes. Elle en a les moyens…

Chacun a une technique, un angle d’attaque, qui peut être compris des autres. D'ailleurs, même les gros vendeurs peuvent s'améliorer. Car ils se contentent d’une technique qui marche. Mais, elle n’est pas optimale.

J’ai aussi travaillé sur la vente de matériel informatique (HP monde ou Sun Microsystems), de conseil ou la couture de produits de luxe (!)… partout on trouve ce type d’histoire. Et plus le service est complexe, plus les gains potentiels sont importants. En effet, contrairement à ce que pense mon interlocuteur, ce sont les processus humains (par opposition aux processus automatisés) qui peuvent profiter le plus des « méthodes de l’industrie ». Par exemple un centre d’appel peut gagner un facteur deux ou trois. Il en est de même, autre exemple, des équipes chirurgicales (mais l’information ne vient pas de mon expérience) ! Par ailleurs, il est aussi possible de sélectionner les individus en fonction du type de mission qui est à faire. Pour les « marchands de journaux » (souvent des tabacs), j’avais repéré des critères qui permettaient de savoir si une personne allait plutôt faire faillite, ou transformer un local poussiéreux en une PME de 5 personnes.

Voilà un exemple de changement rapide à gros impact.

lundi 14 avril 2014

Platon, saint patron des intellectuels ?

Ce blog m'a fait découvrir la philosophie. En particulier Platon.

Que croyait Platon ? Que l'on pouvait diriger le monde par des idées. Particulièrement celles qui viennent à la tête d'élus, les philosophes. Bien entendu, le peuple ne pouvait pas comprendre. Il fallait lui raconter des histoires à dormir debout. C'est l'inventeur de l'enfer. Autrement dit du bien (lui) et du mal (nous).

Le technocrate se reconnaîtra dans ce tableau. Ainsi que le totalitaire. Mais encore plus l'intellectuel.

L'intellectuel est peut-être bien un individualiste, qui veut mettre la société à son service. Et il le fait avec son arme, le logos des Grecs, la "raison / parole". L'opium du peuple.

Marché, et rémunération du talent

Ce qui nous rapporte de l'argent est-il ce pour lequel on est le meilleur ? Je doute que beaucoup de gens répondent oui à cette question. (En dehors de ceux dont la seule motivation est de gagner de l'argent. Et qui sont devenus des experts du système.) D'ailleurs, le génie n'est-il pas bien souvent reconnu à titre posthume ? Et même si l'on se limite aux entrepreneurs qui réussissent, ils gagnent généralement bien moins que leurs héritiers !

Et si la principale caractéristique du marché était d'enrichir les héritiers ?

(De même ce qui vaut le plus cher pour nous n'a pas de valeur pour le marché. C'est pourquoi il le détruit allègrement.)

dimanche 13 avril 2014

Du bienfait de l'incertitude et du risque

Comment éliminer les crises financières ? Tout est une question de risque. Quand les organismes financiers se croient à l’abri des risques (soutien de l’Etat), ils deviennent irresponsables. Il en résulte une crise… il faut « réintroduire le risque dans le secteur privé ».

En tout cas, si le risque est bon pour la santé, les pauvres devraient se réjouir :

Le retour de Dickens ? Il y a de plus en plus de travailleurs indépendants. « l’économie pourrait avoir créé un grand réservoir de travailleurs, ressemblant aux « spinsters » du début de l’Angleterre du 19ème siècle, des femmes seules qui étaient payées à la pièce pour tisser du textile chez elles, ou aux dockers qui se massaient aux portes de ports dans l’espoir d’être pris pour une journée de travail. Cela signifierait une économie dans laquelle les salaires sont maintenus bas de manière permanente, et les profits demeurent élevés. » Art de la politique aux USA. Les milliardaires utilisent leur argent pour faire tomber les politiciens adverses ; on est élu de père en fille, histoire de capital de marque. Bouleversement en France. M.Drahi, simple polytechnicien, parvient à défaire les projets de l’establishment. Les entreprises ressortent les vieilles marques. Probablement parce que nous n’avons plus confiance dans les marques actuelles. Technologie de l’information, grave problème de sécurité. « Cet épisode est un nouveau rappel des problèmes de sécurité auxquels les entreprises doivent faire face à mesure que de plus en plus d’activités économiques se font en ligne. »

Europe. Les juristes allemands grippent le mécanisme européen. « Le juridisme germanique est le signe d’un désagrément profond : les gouvernements veulent les avantages de la monnaie unique mais pas le partage de risques et les transferts d’une fédération (…) pour fonctionner correctement une union monétaire a besoin d’une forme d’union fiscale. » Pourtant, des économistes semblent penser que l’entrée dans l’Europe aurait été extrêmement rentable. En particulier pour l’Irlande, le Danemark, l’Angleterre et le Portugal. Mais pas pour la Grèce. Les Grecs peuvent de nouveau emprunter sur les marchés financiers. Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. France et Italie, même stratégie : pas de stratégie ? Sortir de la rationalité financière pour prendre de vitesse leurs blocages internes (leurs Etats dans l’Etat) et externes (rigueur européenne) ?

La Russie organise des troubles en Ukraine, pour convaincre l’Occident qu’une fédération ukrainienne serait un moindre mal. La tâche des Ukrainiens est compliquée. Ils doivent à la fois résister aux provocations et faire avec un gouvernement d’oligarques, contre lesquels ils se sont soulevés… Curieusement, l’Angleterre serait plus sensible que l’Ukraine aux menaces russes. Cambridge University Press censure un ouvrage critique du régime de M.Poutine. En Afghanistan, les élections ont été plus calmes que prévu. « Les Afghans ordinaires ont envoyé un message : à leurs politiciens, que la stabilité nationale est plus importante que les intérêts particuliers ; au reste du monde, que leur pays mérite d’être aidé ; au Talibans, que leur prétention à représenter l’Afghanistan est sans fondement. »

Chine. Les ONG se développent, avec la complicité de l’Etat chinois. « Un curieux pacte, non formulé,  s’est fait : chaque parti accepte le compromis comme un moyen de progresser vers son objectif, à court terme, tout en espérant que l’avenir jouera en sa faveur. » Les Chinois prêtent aux pays d’Amérique latine, en échange de l’accès à leurs ressources naturelles. (Création d’une relation de dépendance ?)

Ciment. Dangote, énorme groupe nigérien. Il résulte de la volonté du gouvernement nigérien, de « subtituer » un producteur local aux importations étrangères. Holcim et Lafarge fusionnent. Ils seraient complémentaires. Holcim, marketing ; Lafarge, technologie. Ils voudraient faire du ciment comme un service, i.e. du ciment sur mesure, pour des usages spécifiques. (Fumeux ? Dirigeants en panne de stratégie ?)

Les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens sont mortes. Raison ? « Actuellement, Israël est fort et le mouvement palestinien faible. » Sur le long terme cette faiblesse n’est peut-être pas dans l’intérêt israélien : un Etat mixte sera dominé démographiquement par les Arabes. Le gouvernement sud-africain est massivement corrompu.

Les centrales nucléaires pourraient fonctionner au thorium. Cela aurait des tas d’avantages. En particulier qu’il est difficile de le transformer en bombe. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne nous a pas intéressé. On aurait trouvé un moyen de stimuler la régénération de certains organes (de souris). 

La vie des idées, publicité

Publicité pour un site que je viens de découvrir : http://www.laviedesidees.fr/. La vie des idées.

Des synthèses de livres français sur les sujets qui semblent intéresser ce blog... Peut-être aussi le souci de mettre un peu de science et de rigueur dans un débat national dominé par l'intérêt individuel, et donc par le sophisme ?

samedi 12 avril 2014

France : interdit de lire ses mails après 18h

Voilà comment la France est vue de l'étranger. Une négociation en cours syndicats / patronat aurait été interprétée par le Guardian comme signifiant que les employés n'auraient désormais plus le droit de regarder leurs emails après 18h. S'ensuit quelques phrases narquoises sur la paresse française.

Le plus étonnant dans l'affaire est que ce discours stupidement pro business, vient du Guardian, un journal intello de "gauche" anglais ! Combien de temps faudra-t-il à notre pays pour comprendre l'image qu'elle a à l'étranger ? Et qu'elle est entretenue par des intérêts concurrents, mais aussi par notre tendance ridicule à gueuler le mépris que nous avons les uns des autres ?

Pervers narcissique

La radio parlait de "pervers narcissique". J'ai cherché à en savoir plus...
qu'est-ce qu'un pervers, en langage psy? "C'est quelqu'un qui pense avant tout à sa toute-jouissance et qui, pour la satisfaire, transforme l'autre en objet. Quant au narcissisme, c'est un mal très contemporain ; c'est être tourné sur soi-même au point de l'obsession"
Ce qui a attiré mon attention ? C'est une personne qui semble avoir refusé le changement. Apparemment, elle n'a pas voulu accepter que la société bride son bon plaisir, dans son adolescence. Ce qui tiendrait généralement à la défaillance de la "fonction paternelle" de son éducation.

Ce serait quelqu'un qui serait à deux doigts du psychopate. Plus inquiétant, il semble incurable. Si vous en identifiez un (difficile : il est "un merveilleux comédien"), rien de mieux à faire que l'éviter. Comme quoi, on ne peut pas changer les gens.

vendredi 11 avril 2014

La "Supply chain" n'a plus la cote ?

La "supply chain" (chaîne d'approvisionnement) a été une des grandes innovations de ces dernières décennies. Elle cherche à produire au prix le plus faible en recherchant, partout dans le monde, le moins disant. On découvrirait maintenant qu'elle est particulièrement sensible aux crises. Sa complexité amplifierait les aléas (en particulier, les fournisseurs intermédiaires ont une très mauvaise vision du marché final). Les produits "simples" (non issus d'assemblages multinationaux) présenteraient moins de risques. (Article de Vox.)

De l'offshoring au nextshoring, comme le dit McKinsey ?

Macif augmentation

Par hasard, je regarde le montant de mon assurance Macif (habitation). Je suis surpris de la rapidité de son augmentation, sur les 5 dernières années : 6,8%, 4,5%, 4,0%, 6,0%. Depuis 2003, cela fait 4,8% par an. En revanche, "mobilier et contenus garantis" est rigoureusement constant...

Je suis de plus en plus à risques ? La Macif assure des gens de plus en plus à risques ? Mauvaise gestion ?...

jeudi 10 avril 2014

Les forces de l'entreprise familiale

Pourquoi l'entreprise familiale s'est-elle aussi bien tirée des deux précédentes crises ? se demande un article. Du fait de ses motivations. Le renom de la famille. Elles sont à long terme. Acycliques, en quelque sorte.

Inconscient et apprentissage

Complément à mon billet traitant de repassage. Je me demande si l'apprentissage ne se fait pas de manière inconsciente. Le mécanisme serait le suivant :
  • Nos actes ont quelque-chose d'aléatoire. (Phase initiale de l'apprentissage.)
  • L'inconscient repère ce qui semble réussir, et l'enregistre. Puis l'homme le répète. 

mercredi 9 avril 2014

Le coût de l'enseignement américain

Le modèle c'est l'Amérique. Du moins celui de nos universités et grandes écoles. Alors, l'Université américaine, un succès ? En tout cas, son coût a été multiplié par 5 en 35 ans ! Plus possible de se payer des études par son travail. Point de salut hormis l'endettement. A moins que vous ne soyez un héritier. 

Et si nos présidents arrêtaient de diviser pour régner ?

Et si François Hollande était un président normal ? Comme M.Sarkozy, et probablement comme leurs prédécesseurs, il divise pour régner. Et ce serait même un maître de cette technique. Je me demande si ce n'est pas elle qui a fait son temps. (Et si ce n'est pas ce que nous dit Mme Merkel.)

Diviser pour régner permet l'exploitation, mais pas la production de richesses :
  • C'est évident : quand on est occupé à se battre, ou à revendiquer, on n'a pas beaucoup de temps pour faire des choses utiles. 
  • Plus précisément, il est possible que, pour mieux diviser, nos gouvernants nous fassent des promesses destructrices (voir billet précédent). 
  • En outre, le spectacle de nos luttes intestines donne une image effroyable du pays qui nuit gravement à son économie. (Donc aux revenus de ses entreprises, à la collecte d'impôts, à l'emploi...)
En divisant, le général peut dominer son armée. Mais il ne peut pas gagner la guerre. Au mieux il peut se rendre et obtenir en échange de sa capitulation une sinécure chez l'ennemi. Est-ce le projet de nos gouvernants ? Et si ce n'est pas le cas, le premier changement que devrait faire M.Hollande ne serait-il pas d'arrêter de jeter de l'huile sur le feu ?

(La justification de la politique du président normal est que le Français est abjecte. C'est une prédiction auto-réalisatrice. Car nos président flattent nos instincts les plus bas. Et ils nous encouragent à nous entre-tuer.)

mardi 8 avril 2014

Rwanda et royauté française

Si je comprends bien, au Rwanda la France a participé au génocide en croyant défendre sa grandeur. Il semblerait que cette idée de grandeur ait été chère à F.Mitterrand. Ce qui est étonnant, puisque la gauche accuse sans cesse la France d'impérialisme. Plus curieuse, encore, est la position du peuple français. Il n'est pas pour grand chose dans ces affaires. Pourquoi s'en prend-on à lui ? Autant, d'ailleurs, à l'intérieur qu'à l'extérieur ?

Et si ses problèmes venaient de ce que la Révolution et ses dirigeants ont endossé le passé royaliste du pays ? Un pouvoir qui avait mis à feu à sang l'Europe. Ce qui nous vaut probablement toujours l'inimitié de nos voisins. Et si l'on cessait de revendiquer ce passé qui fait commettre des atrocités à nos dirigeants et des ennuis au peuple français ?

Sur la France et sa culpabilité au Rwanda.

L'État français, disciple de Goldman Sachs ?

J'ai longtemps partagé les idées reçues sur nos hommes politiques. Les politiques sont des lâches qui ne peuvent pas résister aux demandes du peuple, à nos demandes. Je suis en train de changer d'opinion. 

Qu'il s'agisse des réformes qui ont amené 68 (fusion primaire / secondaire) ou du projet du Grand Paris, apparaît l'image de pyromanes. Ils nous proposent des projets que nous ne leur demandions pas. Or ces projets sont fous. Ils nous ruinent ou détruisent notre modèle de vie, et ils suscitent un tsunami d'espoirs déçus. Ils pavent l'enfer français.

Il y a quelque-chose de Goldman Sachs là-dedans. Pour faire fortune, Goldman Sachs a exploité deux phénomènes : 1) la confiance que l'on fait à une banque ; 2) la complexité des produits qu'il avait inventés. Nos politiques, de même, jouent sur notre confiance et nous endorment en nous masquant les conséquences de projets d'une complexité invraisemblable.

(On notera que la particularité de tous ces projets est que leurs conséquences ne sont pas ressenties par ceux qui les décident - cf. l'adoption de l'euro. Dans bien des cas, le Grand Paris ?, ils semblent même calculés pour faire exploser "l'ennemi", aller contre les intérêts du parti opposé.)

lundi 7 avril 2014

DuckDuckGo contre Google : à malin, malin et demi ?

Je découvre DuckDuckGo, un moteur de recherche, qui ne vous espionne pas.

Contrairement à Google, il ne conserve pas vos données de recherche. Parce qu'il pense qu'il n'en a pas besoin. Quand à ce qu'il trouve, pour le moment, cela semble plus soucieux du contenu que de la notoriété de l'information... 

Nouvelle vague d'innovations. La revanche du marché ? Les Google, Facebook et autres sont très riches. Une fraction de leur fortune ferait le bonheur de n'importe quel homme. Les débarrasser de leurs inconvénients, en particulier de leur tentation d'être de big brothers, peut permettre de leur tailler des croupières ?

Faut il internationaliser l'enseignement supérieur ?

Je lis une présentation concernant l'enseignement supérieur. Si je comprends bien il faut l'internationaliser pour faire comme les autres. Problème bien posé ?
  • Mes étudiants sont de plus en plus sélectionnés sur leur capacité à parler des langues étrangères (être étranger devient un avantage compétitif). Une telle sélection se fait au détriment des compétences de l'élève pour le sujet de la formation. En outre, il n'est pas certain qu'apprendre une langue pour l'apprendre, ne conduise pas à des déperditions. 
  • Le problème est, qu'à de rares exceptions près (par exemple les maths ou la médecine), l'université vit repliée sur elle-même : elle n'enseigne plus la science, mais ses fantasmes. Dans de nombreux domaines, il faut reconstruire les disciplines à partir de fondations reconnues internationalement comme solides (comme en maths ou en médecine). 
Bref, il faut peut être s'internationaliser mais pas comme on le dit. Une fois de plus, ce sont ceux qui devraient le faire, qui accusent ceux qui ne devraient pas le faire de ne pas l'avoir fait !

dimanche 6 avril 2014

Le monde : entre nationalismes et rodéo financier

L’Inde serait aux prises avec la passion du lucre, et l’individualisme. Les castes, c’est fini, ou presque. Ainsi que la politique clientéliste du Congrès. Et c’est un nationaliste qui a un millier de morts sur la conscience qui lui promet le paradis. En serait-il de même en Turquie ? M. Erdoggan a apporté le confort à la Turquie. Elle le réélit. La Hongrie maintient au pouvoir un petit Poutine ? En Chine sa campagne anti corruption permet au gouvernement d’éliminer de puissants adversaires politiques. Au Québec, le Parti Québécois semble avoir perdu les élections pour avoir voulu parler d’indépendance. Les nouvelles générations n’y sont plus favorables. Fin de la chasse à la baleine au Japon. Tradition en déclin, et coûteuse. 

Italie. Pour financer sa politique, M.Renzi vend les participations de l’Etat. L’Europe espère le salut du commerce. Plus exactement de négociations de partenariat avec l’Amérique et la Chine. Mais cela ne risque-t-il pas de la disloquer ? (Certains ayant infiniment plus à gagner que d’autres dans l’affaire.) Elle devrait comprendre qu’elle ferait bien de remettre en fonctionnement son moteur économique. Car, elle vacille au bord de la déflation. La surévaluation de l’euro, en particulier, lui coûtant cher. BCE, au secours ? Les banques centrales sont devenues les banquiers, permanents, des gouvernements. Et si nous nous en mordions les doigts ? « Du fait de ce dispositif les responsables politiques ont moins qu’avant à rendre des comptes ; en stimulant les prix des actions, que possèdent principalement les riches, cela pourrait bien avoir conduit à l’augmentation des inégalités, sans que c'ait été approuvé par un vote. Peut-être que dans dix ou vingt ans, on verra les événements récents comme le moment où le monde a franchi un cap. » En tout cas, la politique actuelle des banques centrale pousse les investisseurs vers les « frontières », des pays qui ne sont ni développés ni émergents. Pas bon pour la santé de ces derniers ? Et les pays émergents à emprunter à l’étranger, ce qui leur a été fatal lors de la crise de 97.

Aux USA, certains diplômes sont de mauvais investissements. Entre 15% (université sans but lucratif) et 22% (à but lucratif) des étudiants sont incapables de repayer leurs emprunts dans les 3 ans qui suivent le début des remboursements. Heureusement, les cours en ligne arrivent. En outre, l’Amérique, pays des libertés, donne l’asile éducatif à une famille allemande. Elle ne voulait pas d'une éducation publique pour ses enfants.

Petrobas, compagnie pétrolière brésilienne. Où l'on voit, une fois de plus, politique et économie ne font pas bon ménage. GM doit rappeler un grand nombre de voitures, après quelques morts. Quelque chose a cloché dans ses dispositifs de suivi après vente. Aux USA, des investisseurs veulent utiliser les technologies de l’information pour réinventer l’assurance, et la médecine. Arrivée du smartphone bon marché. Samsung serait menacé. D’où la recherche de nouveaux marchés (montres, bracelets électroniques, voitures). Les entreprises chinoises achètent des PME allemandes. Pas pour les démanteler, mais pour acquérir prestige et expérience. Les Allemands sont enchantés : « les Chinois pourraient être la solution aux problèmes de succession que rencontrent beaucoup d’entreprises du Mittelstand ». Les cultivateurs de roses du Kenya font face à des pressions contradictoires. Leurs clients occidentaux veulent à la fois des baisses de prix et la RSE. « En concentrant plus de pouvoir entre les mains de géants de l’agroalimentaire, la demande de l’Ouest que les entreprises soient de bons citoyens a des résultats que n’attendait pas la gauche. En même temps, elle surprend beaucoup de gens de droite : loin de tuer les entreprises, elle les encourage à devenir plus productives et innovantes. »

Réchauffement climatique, changement des scientifiques. « Le nouveau rapport (…) voit le climat comme un problème parmi beaucoup d’autres, dont les conséquences sont souvent conditionnées par les interactions avec ces autres problèmes. Et la bonne politique tente de réduire la charge, de s’adapter au changement, plutôt que de chercher à l’arrêter. » 

Quel est le problème du gouvernement français ?

Patate chaude : drame de François Hollande ? Plus personne à qui la passer ?

Ce blog a fini par croire que nous parvenions à la fin du démantèlement de l'édifice national. Petit à petit, la droite faisant des réformes de gauche et la gauche de droite, nous en sommes arrivés à un pays bâti sur le principe du marché. Un principe qui veut qu'il n'y ait pas de société. Que nous soyons tous des électrons libres. Nicolas Sarkozy a probablement pensé que nous étions d'accord avec ce modèle, puisque nous nous dirigions vers lui depuis au moins 40 ans. A quelques vieilles barbes près. Il voulait donner l'estocade finale. Pour cela il a importé les techniques anglaises, que l'on appliquait partout en Europe. Elles visaient à diviser, les collectivités locales, les universités..., pour régner. Et ce de façon à liquider l'opposition au libéralisme. Tout en construisant la dite société d'électrons libres. Peut-être aussi "kill the beast", selon l'expression des Américains, l'Etat a été chargé de dettes de façon à ce qu'il ne nous reste plus que l'option de l'achever.

M.Hollande est probablement bien embarrassé. Car il n'y a aucune autre théorie en magasin. Or, on sait que celle-là ne fonctionne pas. Alors, malgré lui, il doit l'appliquer. Mais il ne peut pas le dire. Seule possibilité ? Espérer ne pas être pris ? Se cacher derrière des termes trompeurs ("social démocrate") ?

samedi 5 avril 2014

Marchés : la régulation par l'incertitude ?

Ce qui fait s'effondrer l'économie russe, ce n'est pas la sanction, mais la menace de sanction. De même la menace de réglementation, pousse les actionnaires à demander aux entreprises des comptes sur leurs risques environnementaux. Et les banques centrales créent, par leurs stress tests, des crises fictives qui cherchent à forcer les banques à demeurer vertueuses.

Et si la peur était le début de la sagesse ? Aurait-on là un moyen non totalitaire de rappeler l'entreprise et le marché à la responsabilité ?

vendredi 4 avril 2014

Mme Merkel über alles

En lisant ce que disent les étrangers, je réalise que Mme Merkel dirige l'Europe. Le fait-elle bien ou mal, me suis-je demandé ?

Ce qui me frappe, c'est qu'elle me semble penser par elle-même. Ne déciderait-elle pas en son âme et conscience ? Elle navigue probablement selon l'intérêt de son pays, mais je ne suis pas sûr qu'elle ne prenne pas aussi en compte les intérêts des autres. Car elle ne semble pouvoir compter sur personne. Autour d'elle, c'est l'irresponsabilité. La France ? Ne tirez pas sur l'ambulance. Les Italiens ? Massacre entre amis ? Cameron ? Le cire-pompes, qui veut s'attirer les bonnes grâces de la maîtresse ? Rajoy ? L'échec honteux ? Les pays du nord ? Repli égoïste ?

Ce qui semble louable :
Moins judicieux :
  • Sa volonté de rigueur pour les autres.  Elle plonge l'Europe dans une forme de cercle vicieux déflationniste. Mais peut-elle dire autre chose que "rigueur" aux irresponsables qui nous gouvernent ? 
  • Sa politique énergétique.

jeudi 3 avril 2014

Manuel Valls ligoté ?

The Economist semble penser que M.Hollande n'a accepté M.Valls qu'à la condition qu'il ne puisse rien faire...
entravé par des contraintes fiscales et politiques, M.Valls pourrait avoir moins de marge de manoeuvre qu'il ne l'espérait - ce qui pourrait être la raison pour laquelle M.Hollande, contre toute attente, a accepté de lui donner le poste. 
M.Hollande serait-il paralysé par nature ? Si c'est le cas, qu'il ait dit "le changement c'est maintenant" laisse rêveur...

La gauche contre les droits de l'homme ?

France culture (qui, par ailleurs, semble entrée dans l'opposition au gouvernement) parlait hier du racisme en France. Il serait en croissance. La raison en serait, en partie, le FN. Il s'en prendrait aux minorités qui ne respectent pas les droits de l'homme.

Ce qui m'a surpris. Le FN se serait-il accaparé les droits de l'homme ? Ce qui forcerait le PS à défendre ceux qui ne les respectent pas ?

France : la désintégration des pauvres ?

Samedi dernier (La suite dans les idées de France Culture), j'entendais Serge Paugam parler de "l'intégration" en France. En fait, cela concerne toute la population, pas exclusivement les immigrés. La société nous intègre de différentes façons : travail, famille, patrie, pour faire simple. Or, on constate que des pans entiers de la société sont désintégrés. Par exemple, alors que c'est lui qui aurait le plus intérêt à l'entraide, c'est chez le pauvre que le lien familial est le plus faible.

Curieux. Au fond, le libéralisme, théorie de riches, n'est valable que pour les pauvres. Eux ont droit au modèle du marché. A la lutte de l'homme contre l'homme.

68 : contre-révolution ?

Décidément, rien de ce que je croyais n'est comme je le pensais. Voici que j'en arrive à m'interroger sur 68. 68, curieuse révolution. Son mécanisme ressemble à celui que décrit Tocqueville concernant la révolution de 89. Seulement, de 68 n'est pas sortie une nouvelle société, comme en 89. Aucune pensée forte, de nouvelle organisation sociale, mais plutôt une forme de chaos, d'organisation bancale.

Bizarrement, 68 était supposé avoir "libéré la parole". Or, il n'y a plus de débat. Il y a, surtout, une sorte d'extraordinaire lavage de cerveaux. Et si 68 avait concouru à asservir la pensée ? L'exact contraire du projet des Lumières et de la République. Conséquence ? Ancien régime ? La domination des héritiers ? Héritiers de droite, fortunés, et de gauche, produits par l'Education nationale, et qui vivent dans les palais de la République ? Au fond, même combat ?

Et ces héritiers vivent le rêve de 68 ? Dans leur monde, il est interdit d'interdire ? Les droits de l'homme ne s'appliquent qu'à eux, pas au peuple ? Explication de la fameuse loi sur la protection de leur vie privée : elle masque leur hypocrisie ?

mercredi 2 avril 2014

Manuel Valls : redresser la France comme une entreprise ?

J'ai l'impression que peu de gens donnent cher de la peau de Manuel Valls. Non seulement le pays semble dos au mur. Mais notre premier ministre divise son camp, qui ne pèse déjà pas lourd... Que faire dans ces conditions ? (Sinon avoir le cœur léger, de n'avoir rien à perdre...)

Je me suis souvenu de ce que m'a dit un spécialiste du redressement d'entreprise. "Il ne faut pas faire profond." Passer un an à chercher la solution parfaite est le meilleur moyen d'échouer. Lui, il agit immédiatement. Il surprend. Il fait "ranger l'usine", "afficher la productivité", "repeindre un atelier" ; il fait "figurer son numéro de portable dans l'annuaire interne". Pourquoi ? Il a remarqué que "ça marchait". Ce qui m'a fait penser à une phrase d'Albert Hirschman : la condition nécessaire pour réussir un changement est "a bias for hope", "l'envie d'y croire".

C'est ce que m'a appris mon expérience. Un changement doit, si possible, commencer par un "problème périphérique" (par exemple le dysfonctionnement d'un centre d'appels). Non seulement le "problème périphérique" est généralement un bon échantillon des maux de l'entreprise. Quand on l'a résolu, on sait tout résoudre (technique du vaccin). Mais, surtout, le succès est contagieux.

Ce qui m'amène à une autre observation. Les mauvais résultats d'une entreprise s'expliquent souvent par des causes curieusement simples. Par exemple "les gens ne font plus ce qu'ils faisaient avant" me disait un dirigeant. (Principalement, ils ne s'entraidaient plus.) Autrement dit, ils avaient perdu leurs repères. C'était suffisant pour réduire la rentabilité de l'unité de 4/5ème.

Et si c'était cela le problème du pays : nous avons baissé les bras ? Une idée pour notre premier ministre ? Chercher à réussir quelque-chose. Même petit. Le simple fait de le voir se battre pourrait-il nous donner "envie d'y croire" ?

(Quant au redresseur d'entreprise, il ne fait pas que cela. "Je regarde la trésorerie, le carnet de commande... les dix indicateurs nécessaires au business". Et j'imagine que ses premiers succès permettent au potentiel de l'entreprise de se révéler.)

Qu'est-ce que les Lumières ?

Ce blog m'a fait découvrir les Lumières. Et qu'elles n'étaient pas ce que je pensais. Leur combat ? Curieusement simple. Que l'homme parvienne à penser par lui-même. Qu'il se dégage des idées reçues que lui impose la société. Le progrès, dans sa définition ultime, c'est le progrès de ce travail de libération.

Mais, surtout, ce que je n'avais pas vu, c'est à quel point le combat est d'actualité. Car nous sommes tous emberlificotés dans les mailles des règles sociales. Elles nous disent ce qui est normal ou pas. Et ce n'est pas dans notre intérêt. Exemple : « pour la première fois dans notre histoire, nous nous droguons pour paraître normaux » dit Spencer Wells.

Pourquoi ? Probablement en grande partie parce que, comme le pensaient les Lumières, ces règles sont manipulées. Elles servent des intérêts individuels, qui ne sont pas ceux de "l'humanité", c'est à dire de l'homme vu comme un homme.

(Sur les Lumières : Tzvetan Todorov, Kant, Peter Gay.)

mardi 1 avril 2014

Uber et les bénéfices de la réglementation des taxis

Uber, taxis à commander en ligne, est le dernier assaut en date contre le monopole des taxis. Ses prix sont déterminés par l'offre et la demande. C'est optimal, a priori : c'est susceptible de ramener le revenu du taxi à zéro, ou presque (le taxi passant de professionnel à amateur), et d'éliminer les congestions, puisque plus la demande est forte, plus le prix est élevé.

Cela, c'est la théorie. Car, dans la pratique, pour paraphraser Mme Thatcher, le marché n'existe pas. Il y a une société, et cette société est très inégalitaire. Le modèle d'Uber signifie plusieurs choses. D'abord que seuls les riches pourront voyager en taxi. Ensuite qu'un taxi amateur ayant un salaire proche de zéro peut avoir d'autres intérêts que ceux de son passager.

Augmenter le salaire des enseignants

Nicolas Sarkozy trouvait le salaire des enseignants faible. Cela m'intriguait. J'y voyais une manœuvre. Nous aligner sur les salaires américains ne pourrait que mettre l'université en faillite. L'enseignement deviendrait payant. Je viens d'avoir une autre idée.

Les bas salaires de l'enseignement le réservent aux prolos de gauche. Un enseignant bien payé, c'est la fin de la main mise de la gauche sur l'enseignement. Il est intéressant pour le riche d'enseigner. Du coup, le petit riche a un professeur riche. Il baigne dans des valeurs dignes de lui. L'enseignement est enfin en circuit fermé. Il devient un mécanisme de reproduction.