Pages

jeudi 31 juillet 2014

Le développement durable, question de comportement, pas de technologie

L’écoconception ? Une cochonnerie. Voilà l’impression que me donnent les bâtiments "haute qualité environnementale" de mon quartier. France Culture (Les révolutions invisibles) va dans mon sens.

L’écoconception a un effet contraire à ses objectifs ! Et cela parce qu’elle déresponsabilise celui qui l’habite. Les Suisses éviteraient ce phénomène en faisant signer une charte de bonne conduite. 

Arbre de connaissances


TriviumSoft-TMM.png

« TriviumSoft-TMM » par Ahmed FEKHAR — TriviumSoft. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons

Les arbres de connaissances permettent de représenter la richesse de chaque membre d'une entreprise. Wikipedia leur consacre un article.
Les arbres de connaissances constituent une nouvelle approche du repérage des connaissances et des compétences dans une communauté de personnes. Ils apportent une solution concrète au problème que se posait Nicolas de Condorcet à la fin du xviiie siècle : comment donner une représentation de l'opinion générale à partir d'opinions particulières ? Ils posent la problématique du processus d'acquisition des compétences et celle de l'espace de leur mise en sens. Le moment essentiel de la pratique des arbres de connaissance est la reconnaissance : reconnu par d'autres, chacun augmente son implication par rapport aux autres. La reconnaissance est à la base de la socialité : les arbres de connaissance privilégient la notion de partage plutôt que celle d'échange.
En cette période libérale où l'on pense que certains sont "créateurs de valeur" et d'autres des parasites, je trouve élégante cette façon de représenter la complémentarité de l'humanité.

Deux questions :
  • Comment identifie-t-on "l'atome" de connaissance / compétence ? 
  • Comment montre-t-on les compétences collectives d'une organisation ? (De même qu'il est probablement impossible de déduire le comportement d'un homme de la description de ses organes, ou celui d'une équipe à partir de la connaissance de ses joueurs.)

mercredi 30 juillet 2014

Les 3 âges de la conduite du changement ?

Une histoire drôle fait rire trois fois un Belge : une fois quand on la lui raconte ; une fois quand on la lui explique ; une fois quand il la comprend. Voici ce que l'on disait dans ma jeunesse.

Un échange avec une étudiante me fait me demander s'il n'en est pas de même pour la conduite du changement. On a manifesté un intérêt intellectuel pour elle dans les années 2000. On en a beaucoup parlé vers 2008, probablement du fait de la crise et des réformes Sarkozy. Mais c'est seulement maintenant que cela semble devenir concret pour l'entreprise et l'Etat. Anxiété de survie ?

(Autre conjecture. En 2008, l'Etat a remis à flots pas mal d'entreprises. Il leur a évité le changement qu'elles auraient dû faire ; et il s'est endetté. Mais la situation des entreprises ne s'est pas améliorée. Au lieu d'un changement, on en a maintenant deux à faire - entreprise et Etat.)

Nouvel emploi, licenciement, retraite... gestes qui sauvent ?

On me demande : que faire lorsque l'on change de travail, ou que l'on est licencié, ou encore que l'on part à la retraite ? Remarques tirées de mes observations :

En fait, ces changements ressortissent au "recadrage". Il s'agit de réinventer sa réalité. 

CHANGER D'EMPLOYEUR
Je constate que le changement d'employeur est source de souffrance. Raison : nous entrons dans la nouvelle entreprise pleins d'illusions. Nous croyons qu'elle aura des avantages qui manquaient à l'ancienne. Or, elle a surtout une culture différente de l'ancienne. Et l'ancienne culture est devenue une seconde nature pour nous. C'est un peu comme si nous arrivions dans un pays exotique. Seulement, nous ne nous en rendons pas compte, parce que ce pays parle notre langue et semble partager nos coutumes. Il se passe alors quelque-chose d'étrange. Nous connaissons, de temps à autres, des déconvenues incompréhensibles. Les conditions d'une dépression sont réunies. 

Que faire ? Observer. Mais sans être passif. Soyez curieux. Je dis à mes élèves qu'ils sont les anthropologues de leur entreprise. C'est en voulant comprendre ce qui la fait réussir, en étant sensible à ses bizarreries (paradoxes) que l'on voit apparaître ses ressorts cachés ("hypothèses fondamentales"). 

Connaissez-vous l'histoire de Mermoz à l'Aéropostale ? Mermoz passe un entretien d'embauche à l'Aéropostale. On lui demande de piloter un avion. Il fait moult acrobaties. Recalé. A l'Aéropostale on vole droit. Il reprend l'avion et vole droit. Il est embauché. 

Question critique qui doit guider votre enquête : qu'attend-on de vous ? Généralement, pas ce que vous pensez. Beaucoup plus simple (et chiant). Attention, c'est un examen de passage. Une fois que vous aurez prouvé que vous pouvez voler droit, alors vous pourrez, et devrez, faire preuve d'initiative. Comme Mermoz.

LICENCIEMENT ET RETRAITE
Anecdote. Une personne, livide, elle doit prendre l'avion. Elle a peur. Elle a un casque de moto dans les mains. Mais la moto, c'est infiniment plus dangereux que l'avion ! lui dis-je. Oui, mais on a l'impression de maîtriser la moto. Pas l'avion. 

Etre licencié, partir à la retraite sont des changements subis. Ils provoquent le deuil. Comme le dit mon dernier livre, l'antidote du deuil est la "responsabilité", c'est-à-dire prendre son sort en main. 

Le problème du licencié, c'est qu'il se croit incompétent. Bilan de compétence ? Oui et non. Les compétences des bilans sont ordinaires (commercial...). Or, l'examen d'un homme ayant un peu d'expérience montre qu'il a un savoir unique. Par exemple il réunit deux caractéristiques antinomiques (il est créatif et scrupuleusement rigoureux, etc.). Prendre conscience de cela vous gonfle à bloc.

De là on se demandera où ce savoir unique peut faire merveille. Technique "test d'argumentaire". Allez voir des gens "de bon conseil" et parlez leur de vos idées : que feraient-ils à votre place ? Peuvent-ils vous indiquer une autre personne de bon conseil pour affiner votre enquête ? Il arrive souvent que vous trouviez un employeur en cours d'enquête. 

Quant à la retraite. Un peu différent, plus pervers. On arrive aujourd'hui à la retraite au sommet de ses forces intellectuelles, et dans une bonne condition physique, et on peut y demeurer vingt ou trente ans, voire plus (cf. Stéphane Hessel). Or, jusqu'ici, on était propulsé par la pression sociale. Fini. Si l'on ne veut pas devenir un légume, il faut s'inventer un moteur. Même technique que précédemment. Mais, en ayant une bien plus grande ambition. De changer le monde ?

mardi 29 juillet 2014

Argentine et Russie : le marché en guerre contre la démocratie ?

La Russie vient d’être condamnée à verser 50md$ à un oligarque. Hier une décision de la justice américaine en faveur d’un « fonds vautour » américain pourrait avoir pour conséquence une faillite de l’Argentine… (Et l’affaire de la BNP est du même type.)

Désormais les Etats ne sont plus souverains. Et la justice est l’arme des marchés financiers ! Ceux-ci étant aux mains non des USA, comme on le dit souvent, mais plus vraisemblablement d’une petite clique d’individus qui tire les ficelles de son économie. Et elle a déclaré la guerre aux ennemis du marché. (Cela coûterait déjà 1000 milliards $ à la Russie.)

La démocratie serait-elle morte ?

Et si les BRICS n’étaient pas en passe de créer un nouveau FMI (billet précédent), mais un système financier séparé. Le nôtre ayant été parasité ? 

lundi 28 juillet 2014

Un FMI pour la France ?

Il y a quelque temps, The Economist disait que les Chinois étaient très très idiots. Pensez donc, ils veulent créer (avec les autres BRICS) une banque qui concurrencera le FMI. Et que fera-t-elle ? Elle financera des investissements d’infrastructure.

Et si c’était intelligent ? Car tous les pays occidentaux ont commencé par construire leurs institutions, la recherche scientifique, l’école, la santé, la justice, les ponts et chaussées… Et si c’était ce qui manquait aux pays en développement ? Et si c’était parce que le FMI leur imposait l’utopie du marché qu’ils n’arrivaient pas à émerger ?

Et si nous devions faire de même ? En particulier revoir une école qui produit une élite inadaptée, une masse d'exclus et de plus en plus de terroristes ? Une science qui ne poursuit plus rien de fondamental ? Une santé qui a perdu de vue nos intérêts ?...

Que changer en France ?

Mes rencontres du moment me font me demander si la Fondation Condorcet, qui en est une, n'a pas trouvé le mal de notre pays. 

Je perçois deux messages dans son discours :
  • Fondamental : la compétence est en bas. Illustration. Entreprise en quasi faillite. En désespoir de cause, son dirigeant a l'idée de demander à ses collaborateurs s'ils peuvent faire un petit quelque chose pour elle. Surprise. Ils savent comment la redresser. Mais, on ne leur a jamais demandé leur avis, alors ils ne l'ont pas donné. On croirait entendre mes livres, et les sujets sur lesquels je travaille en ce moment. 
  • Notre système d'enseignement éjecte une grosse partie de la population. Perte de compétence.
Ce dernier point me semblait, à tort, secondaire. Il m'est revenu en mémoire lorsqu'un ami m'a raconté l'histoire d'un de ses enfants. Le divorce de ses parents le bouleverse. Il ne parvient pas à demeurer dans le cursus scolaire classique. Il bascule dans le professionnel. Et là, c'est le drame. Il devient le souffre douleur de sa classe. Il est sauvé in extremis par la détermination de son père. 

Ce que j'entends (peut-être à tort) est qu'à côté de l'école ordinaire, il y a un "non man's land" peuplé d'animaux. Ces enfants, livrés à eux-mêmes, recréent une société sauvage. Le fils de mon ami avait probablement le tort de ne pas leur ressembler. Et surtout d'être particulièrement fragile. Ce qui me rappelle aussi mon enfance à Argenteuil. J'y ai côtoyé des élèves qui commençaient à ressembler à cela. 

Ce qui ne va pas ici n'est pas tant la perte de compétence que subit l'économie du fait de l'indigence de notre système scolaire, c'est surtout de laisser partir à la dérive tous ces êtres humains. 

Ce qui ne va pas dans notre société, c'est qu'elle s'est mise à considérer que ceux qui occupaient certaines positions sociales avaient des talents essentiels, qui leur donnaient le droit de mépriser, et de détruire, leurs prochains. 

dimanche 27 juillet 2014

Ukraine : la série de l'été en Russie

Ukraine. Les séparatistes abattent par erreur un avion civil. En Russie, la popularité de M.Poutine est exceptionnelle (83%). « Les Russes voient la guerre en Ukraine comme un drame télévisuel captivant ». Toutefois, « M.Poutine se soucie de son image internationale ». La Pologne s'arme pour pouvoir faire la guerre à la Russie. Mais l'industrie de la France n'aura pas de contrats, puisqu'elle fournit la Russie.

En Italie, M.Berlusconi est lavé d’une partie des charges qui pesaient sur lui. La justice, de gauche, a obéi à M.Renzi, qui a besoin de l’appui de M.Berlusconi pour réformer le sénat. La Croatie est dans de sales draps. Et son élite, corrompue, ne fait rien pour l’en tirer. La Grèce est sous tutelle de ses créditeurs internationaux. Elle aimerait s’en dégager. Ce ne sera probablement pas possible. L’Allemagne est la seule puissance européenne qui compte. Mais elle n’agit pas en leader. (Ou en Führer ?) Israël / Palestine. Les deux camps semblent commencer à penser qu’il faudrait peut-être trouver une solution pacifique à leur éternel conflit. Les islamistes chassent les chrétiens d’Irak. L’anarchie règne dans les pays qui bordent le lac Tchad. Les sectes islamistes y prospèrent. La Malaisie élit un nouveau président. L’opposition, mauvaise perdante, ne devrait pas pouvoir paralyser le pays.

Aux USA, le choix des parents influe considérablement sur le succès des enfants. Les parents riches s’occupent de plus en plus de leurs enfants. Ils les couvent, et leur parlent beaucoup (ça développe l'intellect). Les pauvres pas du tout (l’année dernière, 61% des femmes n’ayant pas le bac qui ont accouché étaient célibataires). Tout se joue dans les premières années de la vie.

Le marché (l’Occident ?) n’aime pas certains pays. Ce qui leur coûte gros. En réduisant massivement la valeur de leurs sociétés (le « price earning ratio » des entreprises russes est de 5,2, contre plus de 25 pour les entreprises américaines), et en leur faisant payer cher leurs emprunts (9,8% à l’Argentine, contre quasiment zéro en Occident). Siemens change de dirigeant. Entreprise pas assez rentable. Il faut faire un élégant redécoupage d'activités pour plaire aux marchés financiers. De manière plus préoccupante, l’entreprise semble avoir développé une culture de la défiance fort peu allemande, et sa conséquence : « une mauvaise capacité à la réalisation de projets ». Microsoft rationalise son portefeuille d’activités. Le pragmatisme est au pouvoir.

Le coût des énergies propres est bien supérieur à ce que l’on pensait jusque-là. « Les gouvernements devraient attaquer les réductions d’émissions plutôt que s’entêter à promouvoir certaines formes d’énergies renouvelables. »

On essaie d’expliquer la schizophrénie par la génétique. Ce qui pourrait avoir un peu plus de succès que les travaux de ce type menés pour d’autres maladies.

Justice. « Pour toutes les culture, présentes ou passées, l’intention du criminel compte plus que le mal qu’il a fait. » « On peut donc faire l’hypothèse que l’impartialité résulte de l’évolution, qui a voulu que (la raison l’emporte sur la passion). »

Vous voulez apprendre ? Méfiez vous des livres !

Mon actuelle lecture de métro est un ouvrage sur le pragmatisme. Le pragmatisme est la philosophie de l’action. Le livre, lui, est une discussion de docteur de la loi des subtilités et variantes de cette pensée, en les comparant aux autres formes de philosophie. Un agréable exercice intellectuel qui vide le pragmatisme de son sens : l’action.

Henri Poincaré, probablement un des matheux les plus brillants de tous les temps, refusait de se noyer dans les démonstrations. Il avait probablement compris le danger de l’exercice intellectuel gratuit, qui se nourrit de lui-même. Ce danger est celui des livres qui prétendent nous dire la « seule bonne manière » de faire. Livres de management, évidemment, mais livres scientifiques, d’une manière générale. Les livres sont l'opium de l'intellectuel

Le bon livre est celui qui vous donne un éclairage que vous n’aviez pas, et qui vous pousse à l’exploration. Il doit vous apporter ce que mon premier livre appelait des « méthodologies ambulatoires ». Elles doivent vous aider à penser sur vos pieds.

Le livre n’est pas inutile. Mais il faut le dominer, ne pas se perdre dans les subtilités de ses démonstrations. Il faut en tirer des outils. Et surtout des questions, ouvertes. 

samedi 26 juillet 2014

Les critères de succès d'une collaboration

Qu'est-ce qui fait réussir une collaboration ? se demande un article. Deux choses apparemment :
  • Un projet annoncé, et compris, dès le départ ;
  • Disposer d'une autorité (personne), qui tranche en cas de besoin. 
Intéressant. Je rapproche cet article de ce que je dis dans mon premier livre des conditions d'une fusion entre deux entreprises. Le premier point est un de mes messages favoris (et généralement incompris). Le second est moins évident. Ou peut-être pas. J'explique que, pour qu'il ne rencontre pas de résistance au changement, un projet doit être perçu comme "juste". Le deuxième point est peut-être une exigence de justice ?

Pourtant toutes les collaborations auxquelles j'ai participé n'ont pas fonctionné. Pourquoi ? En fait, je réussis quand je travaille pour un client ; je rate pour mon propre compte. Différence ? Dans la première, je dispose de la structure sociale de l'entreprise cliente. Les bases de l'équipe sont présentes. Matériau de coercition. Rien de tel avec un groupe de personnes, lâche.

Qu’est-ce que juger ?

Dans un précédent billet je parle d’Hannah Arendt qui se demande ce que signifie « juger ». Voici mes idées sur le sujet. 

Ne pas se faire rouler dans la farine. Ou plutôt réduire à l’état animal. C’est l’idée première des Lumières. Remettre en cause les lois, prétendument de la nature, que l’on cherche à nous imposer, pour nous réduire en esclavage. Hannah Arendt semble attribuer ce mode de jugement à Socrate, et penser qu’il est exclusivement destructeur. En fait, il force à la création ! Il est impératif de reconstituer ce qui a été détruit, sous peine de ne plus pouvoir vivre. Jugement douloureux, tout de même.

Apprendre du passé. Faire ce dont la France a horreur : se demander pourquoi elle a collaboré pendant la guerre ; pourquoi elle a eu un comportement aussi lâche, auparavant ; mais aussi ce qu’a été la colonisation, et pourquoi la décolonisation a été un tel désastre, alors qu’elle était portée par de si bons sentiments. Dans tous ces cas, juger, ce n’est pas condamner. Car, ce qui est en jeu, ce n’est pas tel ou tel, mais la nature humaine. Juger, c’est apprendre. Hannah Arendt semble apprendre deux choses du passé. Des comportements individuels exemplaires, qui doivent nous inspirer. Ou des projets sociétaux qui ont échoué, mais qui, s’ils réussissaient un jour, pourraient transformer notre vie. Quant à moi, je crois qu’il faut surtout apprendre de nos erreurs. Persévérer est diabolique.

Et le jugement esthétique de Kant ? Chester Barnard explique que le « leader » du changement est capable de relire le code de lois d’une société pour en donner une vision inattendue et enthousiasmante. Les grands conquérants semblent avoir ce don. La Révolution française a peut-être été un tel moment (d’ailleurs Kant la cite). J’y vois, aussi, ce qui sépare Bill Gates et Steve Jobs. Ils répondent à la même fonction (ordinateur). Mais, chez l’un c’est soviétique et chiant, chez l’autre c’est génial. C’est peut-être là que se trouve l’esthétique. Il existe de mauvais projets (destructeurs de l’humanité), et de bons projets. Mais, dans ces derniers, il y en a qui sont tristes à pleurer, et d’autres qui nous font vibrer. La politique (la vraie) est une oeuvre d'art ?

Hannah n'a pas tout vu ?
Est-ce tout ? Le travail de ce blog, au fond, est de distinguer l'émergence de nouveaux systèmes. C'est-à-dire de "structures", d'ensemble de règles du jeu, qui vont nous contraindre, et transformer notre vie. C'est tout le combat de The Economist, qui cherche à nous convaincre que le "libre échange" est une loi de la nature. Comme une pendule arrêtée, sa solution à nos maux est immuable : démantelez les lois de la société, car elles bloquent le bon exercice du marché. Pour moi, juger c'est avant tout comprendre ce qui se cache derrière les mesures "de bon sens" avec lesquelles on nous lave le cerveau.

Veut-on une société à la Dickens? L'homme est-il également respectable ?... Une fois les systèmes démasqués, choisir entre eux est peut-être une question d'esthétique. 

vendredi 25 juillet 2014

Bulle Amazon ?

Amazon ferait-il peur ? Il perd de l'argent, et cela commence à inquiéter les investisseurs. Dans un précédent billet, je disais que l'économie de marché ressemblait fort à l'art de la spéculation. Et je citais Amazon. Car le rapport entre le prix de son action et ses revenus est de l'ordre de 20 fois celui de la moyenne des entreprises cotées (qui est exceptionnellement élevée). 

S'il y a perte, c'est parce qu'il y a investissements. Amazon se lance régulièrement dans des projets futuristes exceptionnellement consommateurs de capital (cloud, smartphone, entrepôts...). Et si c'était pour faire rêver les investisseurs ? Leur faire oublier que ses activités ne gagneront jamais suffisamment d'argent pour justifier la valorisation actuelle ? Et si Amazon était, effectivement, l'équivalent du cœlacanthe pour la bulle Internet, un fossile qui aurait survécu à ses congénères ? 

La compétence, nouvelle mode de management ?

Deux tendances ont le vent en poupe. D’abord un grand mouvement de liquidation des corps intermédiaires, j’en parle ailleurs. Ensuite, à l’opposé ?, une injonction à développer les compétences de l’entreprise. Qu’est-ce qu’une compétence ? Quelque-chose de contrintuitif. Partons du simple au moins simple.

Les compétences sont propres à une entreprise. Il n’y a pas de vendeur, de chef de produit, de contrôleur de gestion… Chaque personnel développe un mélange unique de, en quelque sorte, compétences élémentaires. 

Ces compétences sont techniques, mais, surtout, humaines. Exemple. Pourquoi un groupe fonctionne-t-il, un autre pas ? Peut-être parce que dans le premier il y a quelqu’un qui a un talent d’animateur. Pas dans le second. 

Les compétences critiques sont généralement tacites (cf. le talent de Steve Jobs). Voilà qui est bien loin de ce que l'on nous dit. La transmission de savoir ne se fait pas par livre, mais par compagnonnage.

D’où, déjà, moult applications possibles. Vous voulez innover ? Mélangez vos compétences ! Vous avez peur d’en perdre ? Technique de l’écosystème... La stratégie devient alors question de développement d'une "infrastructure" de nouvelles compétences. On retrouve la « strategy as stretch » de Hamel et Prahalad (Competing for the future).

Mais attention, et c’est là où cela devient subtil. Comme le disent Hamel et Prahalad et surtout Jean-Pierre Schmitt, les compétences de l’entreprise sont avant tout collectives. Si elle veut les développer, il faut, en premier lieu, qu’elle constitue des équipes. Pour cela, ses membres doivent se retrouver dans des circonstances dans lesquelles ils ont l’occasion de coopérer (ce qui est difficilement possible, par exemple, dans un cabinet de conseil dont les consultants sont saupoudrés un peu partout). Alors, on leur donne, collectivement, des responsabilités importantes. Et ça passe ou ça casse, ils forment ou non une communauté... Si ça réussit, on développe le talent collectif par une succession de projets bien choisis. 

jeudi 24 juillet 2014

Mettez un historien dans votre entreprise

Mettez un historien dans votre entreprise. Il vous fera connaître son identité. Ce qui est fondamental pour articuler stratégie, marketing, communication et bien d'autres choses... Voici ce que dit le blog de Harvard

Pour ma part, je préfère les anthropologues aux historiens. L'anthropologue décrit l'entreprise comme un "système". Il dit quels sont ses ressorts. D'ailleurs, mon travail ressemble beaucoup à de l'anthropologie. Mais à une anthropologie qui viserait à transformer la communauté qu'elle étudie. Bref, il n'y a rien de neuf dans ce que dit Harvard. Simplement, peut-être, le fait que l'entreprise, après une période de folie technologique et "libérale" (au mauvais sens du terme) s'intéresse à nouveau à l'homme dans toute sa complexité.

Hannah Arendt : juger

La tradition grecque voulait que la mort du philosophe soit à l'image de sa vie. Il semble que c'ait était le cas pour Hannah Arendt. Toute son oeuvre parait tendue vers la question du jugement. Et elle est morte en ayant mis la première feuille du livre qu'elle voulait consacrer à la question dans sa machine à écrire. 

Qu'aurait-elle dit ? Ce livre est une enquête. Il part de ce qui semble le plus proche du résultat final. Un cours sur Kant et la faculté de juger. Il serait révélateur des idées d'Hannah Arendt. 

Qu'y apprend-on ? Kant s'intéresse au jugement esthétique. Curieusement, ce qu'il entend par là est tout le contraire de ce que nous avons en tête. Nous pensons, probablement, que le goût est un mélange d'influence culturelle et de préférence personnelle. C'est quelque-chose que l'on garde pour soi. Pour Kant, le goût est  universel (au moins parce qu'on essaie de l'exprimer en se mettant à la place de "l'autre"), non rationnel, et l'on cherche à le faire partager... Cela semble correspondre à ce que l'on appelle le "chef d'oeuvre", qui renouvelle l'art de temps en temps : Beethoven, Victor Hugo (la bataille d'Hernani)... 

Cela se complique encore. Hannah Arendt veut faire dire à Kant ce qu'il n'a pas dit. Elle veut tirer de ses travaux sur le jugement esthétique une théorie du jugement politique. Le problème à résoudre est le suivant. Jadis, les sociétés jugeaient en fonction de critères immémoriaux. Mais le progrès a été si rapide qu'ils n'ont pu être adaptés. C'est cette faillite qui a rendu l'impensable, le totalitarisme, possible. Il faut maintenant juger sur ses pieds, au coup par coup, seul. Comment faire ? Les deux exégètes qui se sont penchés sur son cas, me semblent déboucher sur des solutions complémentaires :
  • Le jugement serait rétrospectif. C'est le jugement de l'historien. Ce jugement ne permet pas d'agir, mais de supporter la vie. Car la vie est tragique. Et ce n'est qu'en regardant vers l'arrière que l'on peut constater qu'elle peut avoir eu du bon. Et espérer que ce qui aurait dû réussir, pour le bien de l'humanité, mais a échoué, finisse par triompher. (Pour Kant, il doit y avoir progrès, sinon la vie serait absurde.)
  • Ce même jugement rétrospectif peut permettre d'identifier des exemples édifiants. Exemples qui peuvent servir de guide à l'action.
Juger, c'est repérer ce que le passé a fait de bien ? Le paradoxe avec Hannah Arendt, c'est qu'elle a une forme de pensée mathématique, qui transforme tout, Socrate, Kant, Hegel et les autres en concepts bien nets ; qu'elle semble avoir une idée derrière la tête ; et pourtant que je ne la vois pas apparaître... Ne l'ai-je pas comprise ? En tout cas les philosophes patentés ne semblent pas mieux partis que moi... Et, peut-être que les questions comptent plus que les réponses... 

ARENDT, Hannah, Juger, Sur la philosophie politique de Kant, Seuil, 1991.

mercredi 23 juillet 2014

Recherche introvertis (désespérément ?)

Le blog de Harvard recherche des introvertis. Car, ils savent écouter. Et, aujourd'hui, en marketing, c'est décisif. D'autant plus que nous vivons à l'ère des médias sociaux...

Décidément, le monde change. Fini "big data" qui fait travailler le marché pour vos intérêts ? Finis les "créateurs de valeur", qui inventent l'avenir par le seul génie de leur intellect ?... Serions-nous en passe de redécouvrir que l'homme, les groupes humains, et les marchés sont des êtres complexes et dignes d'intérêt, voire d'admiration ?

(Le consommateur redevient complexe et intéressant, décidément : un autre article.)

L'arnaque de "l'économie de la connaissance"

J'entendais parler d'économie de la connaissance. Exemple ? Google. Mais qu'est-ce que Google ? Un algorithme qui n'a rien de scientifique et des masses de serveurs. Où est l'intelligence ? Les Chinois ont d'ailleurs interdit Google chez eux, et développé la même chose.

Ce que les Chinois ont compris, c'est que la force de Google est d'avoir su parler au marché. Google aspire de l'argent qui devrait aller vers des projets sérieux, qui eux sont intelligents (cf. les turbines). Est-ce pour cela qu'ils cherchent à lever des fonds auprès des marchés occidentaux ?

mardi 22 juillet 2014

Hamas, Ukraine, drones, marché et individu

La mesure de rétorsion a connu une révolution ! Guerre des drones de M.Obama, Ukraine, Israël contre Hamas, c’est partout pareil. Les USA et Israël visent des individus. La rétorsion n’est pas collective.

Ce qu’il y a de curieux est que lorsque ces mêmes personnes nous parlent de marché, il s’agit d’une force aveugle et mystérieuse. Mais, pourquoi le marché ne serait-il pas comme Al Qaeda, la Russie ou le Hamas, le fait d’un petit nombre de meneurs, qu’il suffirait d’intimider ? N’est-ce pas, d’ailleurs, ce que réussit le pouvoir Chinois vis-à-vis d’Internet et, plus généralement, des aspirations à la démocratie ?

Nous traiterait-on comme des imbéciles ?

Comment agir sur les systèmes ?

Le piège avec les systèmes est qu’il y a système et système.

Nous sommes un système. Mais nous formons système avec notre environnement. Nos problèmes viennent généralement de là. La difficulté est de comprendre qu’il faut agir sur le second, mais que le premier n’évoluera pas. Or, nous avons tendance à faire le contraire. Nous voulons nous changer (par exemple nous « guérir » chimiquement d’une dépression), alors qu’il faut changer d’environnement. Il faut remettre la baleine à l’eau disait un billet précédent. Ce type de changement passe donc souvent par la destruction d’un système malsain.

Mais ce n’est pas toujours possible. En effet, comme ces vieux couples, il peut nous être devenu impossible de vivre sans notre système. Il faut penser à le changer. Par exemple, il serait peut-être bien qu’Alstom, qui semble avoir une tendance naturelle à pisser le cash, mette en route un système de « target costing ». Ce faisant, on modifie le « système Alstom », en lui ajoutant un nouveau « thermostat », un nouveau contrôle. L’entreprise change de nature. Un peu comme ces voitures jouets qui deviennent des robots. 

lundi 21 juillet 2014

Manager intermédiaire : la chasse est ouverte

Le manager est en danger. Soudainement, j'entends cette idée partout : les entreprises sont devenues bureaucratique. Un excès de cadres produit surcoûts et rigidité. Il faut s'en débarrasser. (Microsoft, en exemple.)

C'est d'ailleurs aussi ce que dit le rapport que j'ai écrit avec Jean-Pierre Schmitt. Inattendu, nous sommes à la page. Cependant, je ne suis pas sûr que l'on sache bien ce que signifie cadre ou cadre intermédiaire. Pour nous, il y en a deux types. 

  • Le cadre proche du terrain (le sous-officier de l'armée), qui a souvent conservé un gros savoir-faire, mais qui aujourd'hui a perdu tous ses repères, vit dans les dysfonctionnements résultant de réformes ratées, et paraît souvent résister au changement. 
  • Une forme de technocratie gestionnaire et ritualiste (les colonels de l'armée mexicaine), très diplômée, extrêmement coûteuse, qui mène une existence de réunions et de voyages internationaux. Elle a émergé avec le nouveau mode de management, financier, des entreprises. 
C'est cette technocratie qui doit être allégée. (Elle ferait donc bien de songer à une reconversion.) Quant au cadre de terrain, on doit lui donner un coup de pouce pour le remettre en selle. 

Comment tuer la pensée systémique ?

L’après guerre fut systémique. Toute la science l’a été. Et la plupart de nos progrès techniques. Pourquoi cette pensée n’est-elle plus la nôtre ?

Peut-être parce qu’elle a été tuée par la science. La science est anti systémique. Ou plutôt elle est un système en elle-même. Elle cherche à faire de tout un programme. Quelque chose de prévisible, mécaniquement. En particulier elle a voulu modéliser les systèmes, cartographier les manières de les faire changer…

Eh bien, le système est un être vivant. Si vous l’enfermez dans une cage, il crève.

L’apprentissage de la pensée systémique, ce n’est rien d’autre que réaliser la conséquence terrifiante, ou grandiose, d’un monde fait de systèmes. Puis réfléchir à ce que cela signifie. Vous redécouvrirez les résultats scientifiques. Et surtout, vous conserverez ce qui est essentiel pour vivre dans ce monde de systèmes : votre capacité à penser sur vos jambes. Ou plutôt, votre capacité d’émerveillement. 

dimanche 20 juillet 2014

Vieille Amérique

« Même si la croissance potentielle repart un peu, l’Amérique va de plus en plus ressembler aux économies vieillissantes, à faible croissance, qu’elle méprisait ». Le chômage est faible, mais l’Amérique ne croît pas. Le moteur de son développement est grippé.

La France est enlisée au Mali. M.Hollande a voulu faire comme M.Mitterrand. Mais il n’avait pas les mêmes atouts. En Ukraine, « La colère sur le terrain peut-être en train de créer ce que Alexender Golts (…) appelle « une longue guerre partisane » ». Elle aurait échappé au contrôle de la Russie. Justice italienne. Cauchemar de l’économie. Cause culturelle, peut-être : ce qui compte n’est pas l’efficacité mais l’élégance intellectuelle du jugement… La Suisse, une confédération, pourrait-elle donner des leçons à l’UE ? Elle semble avoir tiré le meilleur des cultures qui la composent. Mais, « l’union monétaire suisse est arrivée après des siècles d’unité politique ». Remaniement ministériel en Angleterre. M.Cameron a constitué un gouvernement en vue des prochaines élections. Il a de bonnes chances de gagner, vue la médiocrité d’Ed Milliband. Gouvernement faible, et qui n’améliore pas les chances de l’Angleterre de rester dans l’UE. Israël et les Palestiniens. Pas une guerre mais recherche du retour au statu quo ante. Le Hamas est dans l’intérêt d’Israël, qui craint qu’il ne soit remplacé par Al Qaeda. Les frappes visent essentiellement ses membres, et leur famille. Aux USA, le monde politique se solidifie en deux camps, qui ne veulent pas se parler. Démocratie paralysée.

Venezuela. A la suite d’une grève, M.Chavez a licencié une grande partie des employés de son industrie pétrolière. Ils avaient une compétence rare. Ils sont partis faire la fortune des pays voisins. Les BRICS (ou la Chine, surtout ?) ont décidé de remplacer le FMI. Ambition : aider les pays en développement à investir dans des infrastructures de transport. Au Japon, la côte de popularité de M. Abe choit. « M. Abe est perçu comme ayant fait passer en force, contre la volonté de la plupart de la population, un changement historique de la politique de sécurité japonaise ». Les capitaux, les oligarques et les mafieux de la Chine continentale sont en passe de museler la presse de Hong Kong. Chine continentale dans laquelle les victimes de la nouvelle révolution culturelle, anti corruption, sont de plus en plus nombreuses. Nouveau gouvernement égyptien. Paternaliste et paralysé par sa dépendance aux intérêts spéciaux nationaux.

Qu’est-ce qui tire l’industrie pharmaceutique ? La recherche des failles de la législation. L’industrie pétrolière, elle, parie que le pétrole restera cher et  que les gouvernements seront incapables de combattre le réchauffement climatique. Après des années douloureuses, les affaires de l’industrie de l’armement repartent. Mais le marché est fragmenté et difficile. L’industrie de l’armement doit devenir efficace. Apple et IBM s’allient. Les forces d’IBM vont se mettre à vendre les produits d’IBM à l’entreprise. Leurs concurrents sont pris par surprise. Qu’attendre de Big data ? Pas de rupture, une optimisation à la marge, mais sur de gros volumes.  

La systémique pour les nuls

Conduire le changement demande une pensée systémique. Qu’est-ce que la systémique ?

Si notre vie est un cauchemar, c’est la faute aux systèmes 
Pas de systémique sans histoire. Je choisis Les limites à la croissance. Le rapport du Club de Rome, issu du MIT. On en a retenu qu’il s’en prenait à la croissance. On lui a objecté que, sans croissance, on ne pouvait pas éliminer la pauvreté. Ce qui revenait à dire que, par principe, le rapport ne pouvait exister. Car, il constate que « la croissance » épuise les ressources naturelles. Elle nous appauvrit, donc. La croissance crée la pauvreté.

Juste ou pas, on a ici l’idée clé de la pensée systémique. Les malheurs du monde, de la nation, de l’entreprise, du couple… viennent de ce que nous confondons cause et conséquence. Le problème de votre couple, ce n’est pas votre conjoint, mais les circonstances dans lesquelles vous vous trouvez, qui font que vous-vous insultez.

Cette confusion produit la « prédiction auto réalisatrice ». Vous-vous enfoncez dans un cercle vicieux. Israéliens et Palestiniens, Allemands et Français… Voilà l’origine des cauchemars de notre vie.

Que faire ? Comment se comporter dans un monde de systèmes ? Et si la cause des mauvaises notes de votre fils, c’était vous ? Commencez par vous demander si vous ne devriez pas faire le contraire de ce que vous faites. Nouvelle grande idée de la pensée systémique. 

Système = résistance au changement
Qu’est un système ? me direz-vous. Une résistance au changement institutionnalisée. Le système est « quelque chose » qui maintient constante une valeur importante pour lui. Exemple type : le thermostat. Les machines sont des systèmes ! Mais surtout, vie = système. A commencer par l’homme, qui n’est qu’un assemblage de constantes : température, pulsions cardiaques... Autre système : l’entreprise.

Le comportement collectif comme mécanisme d’autocontrôle
Une entreprise innovante, par exemple, va exploiter au mieux ses ressources rares (sa recherche). Pour cela, elle éliminera systématiquement les produits qui ne lui « rapportent pas assez ». Imaginons que, un jour, elle n’arrive plus à trouver des idées suffisamment rentables. Elle ne produira plus rien. Elle s’effondrera sous ses coûts fixes. Voilà la question de la « marge brute » dont parlent les business cases. L’erreur de l’entreprise ?  Ne pas avoir réduit ses coûts fixes. Mais comment peut-on être aussi bête ? vous dit l’universitaire.

Parce que les membres de la société ne suivent pas une règle comptable. C’est la combinaison de leurs comportements qui fait « comme si » ils le faisaient. Nouveau résultat. C’est le comportement collectif qui assure l’autocontrôle du système.

Le changement se fait à effet de levier
Dans l’entreprise innovante, chacun se comporte en innovateur, inconsciemment. L’ensemble ne sait que remporter des marchés en proposant quelque-chose d’unique. Si vous attaquez les coûts fixes, vous tuez la raison d'être de l'entreprise, sa capacité d’innovation. Elle ressemble à une baleine échouée. Il faut se demander comment la remettre à l’eau. Pas lui dire de marcher, comme le pense l’universitaire.

Et voilà un dernier résultat, fondamental. Dans le monde des systèmes, les changements se font "à effet de levier". Ils ne coûtent rien. Ne pas persévérer dans l'erreur. Tout est là.
(L’universitaire est un exemple de baleine échouée. La démonstration de cette affirmation est laissée au lecteur, à titre d’exercice. On notera, par ailleurs, que l'entreprise innovante et les limites à la croissance sont deux exemples d'un même phénomène.)

samedi 19 juillet 2014

Armée, schizophrénie et politique française

Le 14 juillet, on disait que le chef d'Etat major de l'armée avait failli donner sa démission. D'un côté l'Etat guerroie, de l'autre il sabre dans le budget de l'armée ! Or, l'armée n'a déjà plus les moyens de faire la guerre. Sans l'Amérique et ses prêts de matériels, elle n'est pas grand chose.

Depuis quasiment toujours, notre Etat est schizophrène. C'est l'histoire de nos champions nationaux, des noyaux durs, d'Alstom et de Bouygues, du Grand Paris... C'était déjà la cas sous Louis XIV. Non seulement, il a bâti Versailles, mais surtout, il s'est lancé dans une guerre contre l'Europe qu'il n'avait aucune chance de gagner. Le financement de ces âneries a amené Colbert à faire preuve d'un rare talent pour ruiner la France.

Ce qu'il y a d'étrange dans l'affaire, c'est qu'elle suit toujours le même schéma. D'un côté un dirigeant, pris d'un coup de folie. Et de l'autre le grands commis de l'Etat qui rançonne la nation, pour payer le caprice royal.

Comment expliquer ce curieux phénomène ? Peut-être que nous sommes une nation clientéliste. Etre puissant, c'est pouvoir donner, sans compter.

(Ce qui rejoint une remarque de Marc Abélès : le député "se fait bouffer", son pouvoir vient de sa capacité à donner, par exemple, un temps, des exemptions au service militaire - Un ethnologue à l'Assemblée, Editions Odile Jacob, 2001)

L’autodafé du management intermédiaire

Régulièrement, les couches intermédiaires de la société (de l’entreprise…) font l’objet d’une tentative de destruction. Or, on ne peut s’en passer ! Curieux ? Il semblerait que ce soit à nouveau le cas. Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ?

Notre société est individualiste. L’individualiste poursuit son intérêt. Il a deux façons de ce faire :
  • Il comprend qu’il n’est rien sans la société
  • Il se comporte en parasite.
Il est difficile d’être un parasite dans une société où chacun est proche de chacun. En conséquence : faible contrôle, parasitisme ; fort contrôle, « altruisme ».

Depuis 68 (?), la société est libérée. Nous utilisons notre rôle social comme pouvoir de nuisance. La SNCM,  dont la seule raison d'être semble la grève, est l’exemple type de ce phénomène. C’est pourquoi on veut lui faire la peau. Et à nous tous, par la même occasion. Car nous sommes tous des intermédiaires.

(Remarque. Les Grecs parlaient déjà très bien de cette question. Les « grands » sophistes, ceux qui étaient comparables à Socrate par la portée de leur pensée, estimaient que l’homme devait chercher 1) à maximiser les intérêts du groupe auquel il appartenait, tout en 2) s’assurant que ses intérêts, au sein du dit groupe, étaient respectés. Second point que nous appelons la justice. Les « petits » sophistes, quant à eux, expliquaient comment entourlouper son prochain à l’anglo-saxonne. « Sophisme » est donc devenu péjoratif.)

vendredi 18 juillet 2014

La vocation de la Silicon Valley ? La destruction de la société

The Economist explique que la stratégie de la Silicon Valley est de chercher les failles de la société. De l'attaquer par surprise. Si elle ne réagit pas à temps, c'est la fortune.
« dans l’esprit de la Silicon Valley, d’agir vite et de casser de la vaisselle, ils conduisent de rapides tests de l’appétit du public et du régulateur pour une modification des limites de ce qui est une pratique commerciale acceptable »
On retrouve ce que disait Bill Aulet, du MIT. L'innovateur est un pirate. Mais aussi la théorie du "créateur de valeur" de mon billet précédent.

Voilà donc une Silicon Valley qui annonce ouvertement qu'elle n'est pas là pour créer, mais pour dépecer la société. Et la dite société ne réagit pas. Elle admire la Silicon Valley.

La création de valeur expliquée

Depuis quelques années est apparu le « créateur de valeur ». Son arme est le « changement pour le changement ». Un changement qui n'a d'autre objet que de casser les habitudes de l'organisation. Miraculeusement, cela fait que la rentabilité de l’entreprise augmente.

Cet homme se prend pour un Dieu. Pensez-donc, par une action aussi simple, la désorganisation, il fait faire des miracles à l’entreprise. Cela ne confirme-t-il pas qu’il possède un don surhumain ?

Le phénomène s’explique simplement lorsque l’on interviewe les membres de l’organisation. Les mesures du management produisent le chaos. Pour que le travail puisse se faire, il faut donc compenser le dysfonctionnement. On fait plus avec moins. Jusqu’à ce que ce ne soit plus possible.

C’est alors que l’on parle de résistance au changement. 

jeudi 17 juillet 2014

Socrate en chamane

J'entendais l'émission des racines du ciel se demander si Socrate était un chamane. Etre un chamane, c'est faire disjoncter la raison, afin de laisser parler l'inconscient. 

Ce qui semble fort possible. En effet, les Grecs (Platon, notamment) semblaient croire que c'était lorsque l'on était confronté à l'absurde (i.e. que sa raison faisait face à une contradiction), que l'on avait accès à la vérité. 

Il me semble aussi que ce qui "pense" est l'inconscient. Le rôle premier de la raison, du conscient, est la communication (à très vaste échelle), pas la réflexion. Or, il est souvent utilisé pour nous manipuler. En particulier maintenant, où nous faisons l'objet d'un lavage de cerveau sans beaucoup de précédents. D'où, peut-être, le besoin de méditation et autres exercices du même type, qui nous permettent de déconnecter notre conscient. Et d'avoir accès à notre être réel ? 

Malheureux employés de multinationales

Depuis quelques-temps, je croise des cadres supérieurs qui me disent la même chose. Tous travaillent dans des multinationales. 

Leur entreprise semble marcher sur la tête. Décisions plus stupides les unes que les autres. Les délocalisations en Pologne ne fonctionnaient déjà pas, on migre vers l'Inde. Le nouveau personnel est incapable de faire un travail qui demande des années de formation. Ce qui génère une masse de coûts indirects, de perte de chiffre d'affaires, etc. Il y a des intérimaires, des jeunes partout, plus personne ne sait travailler. On vend division après division, on coupe pour vendre, puis on réalise que ça n'a aucune réalité économique, mais le mal est fait... Quant aux managers, ils passent leur existence hors de la réalité, en visioconférence. Sorte de danse de la pluie. 

Selon moi, c'est le baroud d'honneur du management gestionnaire. On l'utilise d'autant plus qu'il a détruit le potentiel créatif de l'entreprise, et qu'elle ne sait plus innover. Il ne reste plus que lui. Ce sera comme cela tant que le top management des entreprises n'aura pas été renouvelé ou ne se sera pas réformé. 

Faut-il partir ? C'est à envisager, si vous-vous sentez mal dans votre peau. Car il existe des entreprises saines. Et un cadre sup qui a gardé le contact avec la réalité a une grosse valeur.  Il est même possible que, sans le savoir, il soit un des piliers de l'entreprise. Il vaut d'autant plus cher que la multinationale lui a apporté un savoir-faire en termes d'outils et de méthodes de management qui ferait du bien à beaucoup d'entreprises. Les meilleurs partent, d'ailleurs. 

Vous êtes un héros ? Une idée. Tentez un petit changement à votre manière. Quelque chose qui va frapper les esprits, parce qu'il tape dans les préoccupations du top management, la rentabilité. Alors le succès appellera le succès. Vous allez devenir indispensable. Et il n'y a pas loin à chercher. Il suffit d'attaquer les dysfonctionnements de l'entreprise. L'argent et les clients fuient de partout. 

Ni l'un, ni l'autre ? Geste qui sauve ? Parlez de vos tourments, de l'irrationalité de votre management... C'est comme cela que l'on élimine le stress. 

mercredi 16 juillet 2014

Fondation Condorcet

J'ai découvert la Fondation Condorcet. Elle est présidée par Francis Mer.

Son idée est que pour sauver l'économie française il faut "faire confiance". Le savoir est en bas. C'est le message de tous mes livres. Et c'est leur raison d'être. Mais, la fondation va bien plus loin que moi. Tout d'abord, l'entreprise doit développer "agressivement" les compétences de ses membres. Ce doit même être l'ossature de sa stratégie. Mais, avant tout, il faut vaincre ce qui bloque l'épanouissement de l'entreprise : le carcan d'un droit social jurassique. Et, pour cela, il faut expérimenter. 

Le commando de personnalités qui le dirige mène ce projet comme une mission.  

(Le site de la Fondation : ici.
Droit social : un exemple suédois difficile à reproduire en France du fait du dit droit.

Vive l'Ecosse libre ?

Comme à chaque fois que le Quebec ou une autre partie de son empire est en danger de sécession, l'Angleterre s'inquiète. L'Ecosse va-t-elle la lâcher ? Il y a peu de chances que le référendum sur son autonomie débouche sur un départ. Et pourtant, il n'est pas impossible qu'il soit dans les intérêts des milieux d'affaire anglais. Voici pourquoi :
  • Si l'Ecosse devient une nation, tout sera à construire. Voilà une nouvel el dorado pour l'aventurier ! D'autant que l'Ecosse pourrait lui proposer des conditions de faveur. 
  • Si l'Angleterre quitte l'UE, cela enlèvera beaucoup d'intérêt, pour l'entreprise, de s'y trouver. L'Ecosse pourrait être une enclave européenne. Pourquoi ne pas faire campagne sur ce thème ?
  • Comme on l'a vu avec l'épisode Juncker, l'Angleterre n'a pas de sens de l'honneur, elle ne suit que son intérêt. En conséquence, si l'Ecosse devient libre, l'Angleterre courtisera ce nouveau marché. 

mardi 15 juillet 2014

Airbus en difficulté ?

Apparemment, Airbus serait dépassé sur le segment des "gros" avions, et tenterait de se refaire sur les "petits". Il ferait quelque chose qui ressemble à ce que l'automobile appelle un "facelift". Les anciens modèles seraient rajeunis avec des moteurs de dernière génération. (L'article.)

Ça ne donne pas tout à fait une image de grande compétitivité ?

Ecosystème et liberté

L’écosystème joue un rôle déterminant dans la liberté individuelle, ai-je dit. Ma définition d’écosystème n’est pas habituelle.

Définition. Selon moi, un écosystème est un ensemble d’individus dont chacun a un savoir unique, mais qui peut être remplacé par la combinaison des autres. 

Corollaires
L’écosystème a un moteur. La course de l’individu « contre » le reste de l’écosystème. L’individu fait face au risque d’obsolescence. L’écosystème à celui de la dépendance.

Chaque individu doit donc se cultiver, et, surtout, bien connaître les autres membres de l’écosystème, et ce, paradoxalement, de façon à pouvoir être indépendant de chacun d’entre eux. (Je t’aime, moi non plus ?) Il faut du contact, de l’échange.

Reste la question de l’éducation du nouvel homme (enfant). Comment faire qu’il devienne être libre ? Le modèle de Maslow me semble s’appliquer : son écosystème doit apporter à l’individu les moyens de donner ce qu’il peut être le seul à donner.
  • Je crois que le plus gros du problème est résolu si l’écosystème traite la question en sa qualité de groupe (non plus d’individus). Alors, il va chercher une solution qui est bonne pour le groupe. Donc, probablement, à aider l’enfant, plutôt qu’à l’asservir.
  • Ensuite, l’enfant doit être équipé pour une vie d’écosystème. Il doit apprendre à remettre en cause les idées reçues (étonnement qui est la base de la philosophie). Pour cela, il doit apprendre à tisser des écosystèmes. Et à identifier et développer ses compétences.
Résumé. Un écosystème digne de ce nom a deux conséquences sur l’individu : il l’aide à développer une compétence unique (autoréalisation de Maslow) ; il lui apprend à penser et agir collectivement (plus une idée de Kant que de Maslow ?). 

lundi 14 juillet 2014

A quoi sert le 14 juillet


14 juillet sur les toits des Champs. Mon premier défilé. Manque de culture militaire, ai-je constaté. Aussi bien de moi que du public. D'ailleurs, ce qui est applaudi est surtout le civil, les pompiers, ou les chiens des démineurs. 

Faut-il supprimer le défilé ? me suis-je aussi demandé. Sa fonction n'était-elle pas, comme en Union Soviétique, de faire étalage de la puissance de la France. Or, la France n'a plus de puissance... Mais elle aime encore ses militaires quand ils combattent pour des causes humanitaires. Et elle aime ses Champs Elysées, où elle fait défiler ceux qu'elle veut célébrer.

Que signifie être libre ?

Selon les Lumières, nous devons apprendre à utiliser notre raison. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord, un objectif, disent les Lumières : être capable de mettre en cause les idées reçues, les idéologies que la société cherche à nous imposer, dans l’intérêt de certains. Mais comment procéder ?

Il me semble, pour commencer, qu’il faut toujours « pédaler ». Lorsque l’on est « en roue libre », c’est que l’on est emmené par l’intérêt de quelqu’un d’autre. On est sur un tandem. Notre éducation nous a appris qu’il était agréable d’être obéissants. Voilà, peut-être, un signal d’alarme.

Conséquence importante. Il faut aimer l’aléa. Il faut être optimiste au sens de Martin Seligman. C'est-à-dire voir le pépin comme une chance de s’améliorer, de se transformer. Autre définition de résilience.

Pour être résilient, il faut être armé. Je ne crois pas que l’on puisse se sortir seul des idéologies, c’est trop compliqué. Le moyen d’exploiter l’aléa est d’appartenir à un écosystème de gens intelligents. Ils doivent nous aider à réfléchir et à en mettre en œuvre ce que nous avons trouvé (les pragmatistes parlent « d’enquête »).

D’où un autre impératif pour l’individu. Pour faire parti d’un écosystème, il doit lui être utile. Pour ce faire, il doit développer une compétence unique. C’est le « travail ». Un travail utile à la collectivité.

Je soupçonne que cette question de travail est critique, comme le dit Hannah Arendt. Mais qu’elle a mal traité la question. Pour commencer il y a deux façons de voir le travail. Une bonne, celle dont parle le paragraphe précédent. Une mauvaise, qui fait de l’individu soit un parasite qui se cultive sans que cela n’apporte rien au groupe (l’ermite ?), soit, au contraire, une « bête de somme » décérébrée (la définition d’Hannah Arendt).

Mais il y a mieux. Cette question du travail montre le danger d’une certaine forme de pédalage. Celui qui confond liberté et mise en question permanente, rébellion, ne fait que papillonner. Il n’accumule rien. (Contrairement à Hannah Arendt, qui a passé sa vie à transformer la philosophie mondiale en outil de combat.)

Résumé. Être libre, c’est choisir ses chaînes. Mais pouvoir les casser à tout instant. 

dimanche 13 juillet 2014

L’Ecosse et le Royaume uni, victimes de Mme Thatcher ?

L’Ecosse va-t-elle quitter le Royaume Uni ? The Economist pense que ce serait une folie économique. Les sondages semblent dire que ce ne sera pas le cas. Mais The Economist ne peut que constater la rancœur des Ecossais vis-à-vis de l’Angleterre. Comment en est-on arrivé là ? L’Ecosse a beaucoup profité de l’Empire. Mais elle a souffert de la désindustrialisation. Mais, c’est Margaret Thatcher qui semble avoir porté le coup fatal…

Mateo Renzi souffre, lui, de l’ombre de M.Berlusconi et de la réputation de manque de rigueur de l’Italie. Cela pourrait lui ôter toute capacité d'obtenir ce qu'il veut de l'Europe. Pourquoi les Scandinaves occupent-ils tant de postes de responsabilité internationaux ? Parce qu’ils sont petits, et peu menaçants, et que leur culture politique est celle du compromis. Le nouveau gouvernement indien ferait des réformes très favorables aux marchés. Les Pakistanais essaient de combattre un terrorisme, qui leur sert à déstabiliser l’Afghanistan, allié de l’Inde, mais qui leur retombe sur le nez. En Afghanistan, les élections présidentielles menacent de s’achever en affrontement ethnique. En Chine, l’économie se recentre sur la consommation intérieure et découvre que la logistique est un problème. L’entreprise privée essaie de construire ses propres réseaux.

Le jeune a changé. Il est devenu sérieux, les excitants, c’est fini ; et désenchanté, les idéaux et la politique, c’est fini. L’hypocrisie semble la caractéristique de beaucoup de pays émergents. Des idéaux élevés cohabitent avec la pire des corruptions. La retraite du vieil anglo-saxon pose un problème. Elle est dorénavant par capitalisation. Il ne semble pas que l’on ait trouvé une façon intelligente de gérer cet argent dans l’intérêt de son propriétaire. « Le danger est que cette liberté se traduise pour le système financier en une autorisation à imprimer de l’argent. » Les enfants qui cherchent la satisfaction immédiate deviennent des brigands.

L’industrie électronique japonaise n’est que l’ombre d’elle-même. Elle essaie de se réinventer. Notamment en revenant vers l’industrie lourde (et en administrant des fermes de haute technologie). Mais elle utilise mal ses atouts. Et est victime de la culture japonaise étouffante. Philips n’est guère mieux. Il cherche le salut dans la restructuration. Massacre à la tronçonneuse ? Ça semble plaire au marché.

La piraterie informatique fait courir un risque au monde d’autant plus grand que demain, homme et machine, tout sera connecté à Internet. Défaillance du marché. La sécurité d’Internet dépend de son maillon le plus faible. C'est-à-dire nous. Et nous ne faisons pas le strict minimum de protection. Mais aussi les éditeurs de logiciel ont pour règle le ni fait ni à faire. C’est la loi du marché. Big data. Aux USA, chaque camp amasse des données sur l’adversaire afin d’y trouver ce qui va détruire sa carrière. Certains fonds spéculatifs font de même pour repérer les failles des entreprises, et s’enrichir en les abattant. Emergence d’une génération de « réseaux anti sociaux ». Tels que Airbnb ou Uber, ils appartiennent à la nouvelle vague de « l’économie du partage ». Leur stratégie est celle du parasite. Ils lancent une offensive contre la société, et observent ce qui se passe : « dans l’esprit de la Silicon Valley, d’agir vite et de casser de la vaisselle, ils conduisent de rapides tests de l’appétit du public et du régulateur pour une modification des limites de ce qui est une pratique commerciale acceptable ». 

Comment construire une société d’hommes libres ?

Comment créer une société de gens libres, sachant que la liberté individuelle tend à être interprétée comme signifiant l’esclavage de l’(autre) homme ? Suite de deux billets précédents sur la liberté.

Les Lumières semblaient penser que c’était la société qui assurerait la rédemption de l'homme, naturellement porté au totalitarisme. Elle lui donnerait une raison « humaniste ». Mais les solutions proposées par les Lumières ne me semblent pas fonctionner. Montesquieu, par exemple, prônait une société dysfonctionnelle. Les forces susceptibles d’écraser l’homme se contrebalancent les unes les autres (exécutif, législatif et judiciaire). Or, cela laisse de la place à l’oppression locale, en particulier celle de l’enfant par une éducation malfaisante. En outre, comme l'a montré la 5ème République, ces pouvoirs peuvent être asservis. 

Une meilleure idée me semble être l’écosystème. Autrement dit éviter le contact direct (long) de l’homme avec l’homme. Toute relation passe par la médiation de la société vue comme un écosystème. La société doit elle-même être « équilibrée » au sens de Montesquieu, de façon à aider l’individu à apprendre à être libre. C'est-à-dire à utiliser correctement sa raison.

Je vais développer cette idée dans deux prochains billets.  

(Une précision concernant l'idée principale de ce billet. Le contrôle de la société doit se faire de manière « micro », par le lien social, et non « macro » - pouvoirs qui se contrebalancent – comme dans le modèle de Montesquieu.)

samedi 12 juillet 2014

Bretigny et systémique

L'affaire de Bretigny (billet précédent) m'a fait penser à un film que je n'ai pas vu. Je ne suis pas sûr que mon histoire soit correcte, mais c'est l'esprit qui compte ! Un homme condamné à l'immobilité donne des lettres à ses amis. Chacun est un élément d'une chaîne qui fabrique et va lui administrer un poison. Mais personne n'est au courant. Ils vont le tuer, sans être responsables de sa mort. 

Je me demande si ce conte systémique n'est pas à l'image de notre société. Elle a été éclatée, si bien qu'il n'y a plus aucune responsabilité. Vraiment ?

Nous ne sommes pas forcés d'exécuter ce que nous dit la lettre. La législation sur les contrats est claire à ce sujet. Un point essentiel du contrat est "l'intention" de chacun de ceux qui le forment. N'en est-il pas de même dans la vie ? Notre responsabilité première n'est-elle pas de nous demander quelle est "l'intention" (éventuellement inconsciente), qui se cache derrière ce que l'on nous demande ?

L'exécutant est coupable de ne pas avoir voulu être responsable ?

L’enfant, victime naturelle du libéralisme ?

Le film Conte de Noël montre une mère utilisant un enfant comme réservoir de pièces détachées.

Illustration d’une tendance naturelle du libéralisme. Estimer qu’être libre, c’est ne suivre que son intérêt égoïste. Cela conduit à la lutte de l’homme contre l’homme. Et à la victoire du fort sur le faible. L’enfant, faible par construction, est tout désigné pour être la victime de ce système.

La meilleure façon de procéder, probablement, est l’éducation. (Ce qu’avait compris 68.) C’est dans l'enfance que le cerveau se câble. La technique à utiliser alors pourrait être celle des Pavloviens ou des Béhavioristes : associer ce qui est bien pour soi, ou non, à des stimulations agréables ou non, pour l’autre. On peut ainsi construire un esclave. Mais, ça ne semble pas marcher parfaitement. Les psychologues notent que l’animal, l’homme ?, se « déprogramme » de lui-même. Mais, pour autant, se libère-t-il ? Peut-être que lorsque l’homme prend conscience du mauvais traitement qu’il a reçu, il veut se venger ? Le phénomène se perpétue ?

(Chester Barnard formule, dans The functions of the executive, une théorie qui me semble proche de celle-ci. Il disait que l’on avait appris à l’Américain à aimer l’argent pour mieux le contrôler.)

vendredi 11 juillet 2014

Bretigny et si nous étions tous responsables ?

Un ami me transmet le message suivant : 
L'accident de Bretigny et divers autres éléments me font te suggérer un thème de réflexion pour ton blog (pour que tu confirmes, infirmes et éclaires !).  
"Et si nous étions en collaboration sans le savoir " ?  
Dans les services techniques et l'administration (et ailleurs) il me semble que de plus en plus ce qui "compte" ce n'est pas de "faire un travail de qualité", respecter le client etc... _ et s'épanouir en conséquence _ (travail qui n'est plus, concrètement, demandé [si ce n'est théoriquement et pour le parapluie] par la hiérarchie obnubilée par les coûts et les primes) mais "passer entre les gouttes". Donc désinvestissement et report de toutes les responsabilités sur le "système". 
Si le train a déraillé, UPR peut dire que c'est la "faute" de l'UE et du démantèlement de la SNCF mais au delà c'est parce que "ceux qui savaient", sur le terrain, ont décidé de ne pas "bouger", tout en sachant que cela ne se "terminerait" pas bien, tout en estimant que ce "n'était pas leur problème " et qu'ils ne faisaient qu'"obéir aux consignes" . Et que "remuer" des problèmes pouvait leur causer quelques soucis. 
C'est comme ça, pour être brutal, qu'on a mis des gens dans des wagons à la destination inconnue, que l'on ne voulait surtout pas connaître...arrêtés par des policiers français, transportés par la RATP (tu connais le livre d'Orsenna sur cet épisode, je crois que c''est l'exposition coloniale où il gérait les pneus des bus) puis par la SNCF. Avec le "je ne veux pas savoir " de la majorité de la population. Et une presse aux ordres. 
Et entre temps on se focalisait sur les flux de loisirs et d'info lénifiante sur son portable...   
Et qu'apprendre le changement est indispensable mais alors du gros changement !
Et ma réponse. Cela ressemble à la théorie d’Hannah Arendt, sur le totalitarisme et la banalité du mal. Ce que cet événement révèle probablement est que chacun est individuellement responsable du sort collectif. Plus généralement, nous sommes tous individuellement responsables de l'état de la société. Ce que nous n’arrivons pas à comprendre.

Alors, je me suis dit qu'il devait être terrible d'être, aujourd'hui, un agent de la SNCF à Bretigny. Ce doit être effroyable de se dire qu'il en aurait fallu si peu pour empêcher une catastrophe. Et quid des dirigeants de la SNCF qui ne se sont pas rebellés contre les conditions qu'on leur imposait ? Et s'il était temps que la SNCF s'interroge ? Et s'il était temps que la société fasse de même ? Notre silence, notre irresponsabilité, ne nous préparent-ils pas de bien plus graves Bretigny ?

Le noble, idéal de l’homme libre

La question posée par les Lumières était celle de la liberté individuelle. Ce qui me frappe est qu’elles ont décrit l’état du noble. Le noble était au dessus de tout. Il suivait son « bon plaisir », c'est-à-dire son sens de l’honneur. L’honneur, ce sont les lois que se donne la raison. (Ce qui fait que le « bon plaisir » n’a rien d’arbitraire.) Exactement la recommandation des Lumières.

C’est Louis XIV qui a mis un terme à cette liberté. Au moyen de Versailles, il s’est attaché les nobles. Et il a fait nobles des banquiers. Si bien que la vieille noblesse est devenue une petite noblesse, cf. l’exemple de Chateaubriand. Surtout, il s’est appuyé sur des grands commis de l’Etat, issus du peuple. Une forme d’esclaves.

La technique n’est pas nouvelle. Dans nombre de pays, des esclaves, voire des eunuques, étaient responsables des affaires du pays. Il ne pouvait y avoir qu’un seul homme libre.

Les Lumières ont voulu démocratiser la liberté ?

jeudi 10 juillet 2014

UMP = ENRON ?

J'entends dire que l'UMP a quasiment 80m€ de dettes, alors qu'elle gagne 46m€ / an. Cela en dit-il long sur la capacité de gestionnaire d'hommes politiques qui se prétendent hommes d'entreprise parce qu'ils sont de droite ?

Mais, à toute chose malheur est bon. Et s'il y avait là un terrain d'entraînement ? Et si l'UMP devenait la maison témoin de réformes réussies ?

Comment motiver le fonctionnaire ?

Discussion avec deux égyptologues. Elles partagent l'avis commun. Puisque le fonctionnaire est inamovible, rien ne peut le motiver. Je leur ai démontré que c'était faux.
  • Diagnostic. 1) Elles crèvent d'un management couard. Et qui, au mieux, divise pour régner. 2) Du coup, elle nagent dans le dysfonctionnement. La fonction publique est une jungle de baronnies et de rites cocasses. C'est le royaume de l'irrationalité. Un territoire d'étude pour anthropologue. Etre un égyptologue est un parcours du combattant. Sans un amour de leur sujet chevillé au corps, et une énergie étonnante, elles n'auraient jamais fait aucune recherche.
  • Solution. Façon de mener le changement dans l'administration. Donnant donnant. Je fais sauter le dysfonctionnement, tu mets en place mon changement. 
Ce qui résout la question du management mou. Ce qui fait que le chef ne se comporte pas en chef est que le dit chef est un bobo bien pensant. Il ne veut pas être un flic, sa définition de "chef". Or, on ne lui demande pas d'être un flic. On lui demande seulement d'agir sur les dysfonctionnements de l'organisation. Et il n'a même pas à craindre pour ses privilèges. Ses collaborateurs ne demandent qu'à bien faire leur travail.

mercredi 9 juillet 2014

Cauchemars et examens, l'éducation comme traumatisme

La revue de Cambridge se demande pourquoi les nuits d’autant de gens sont faites de cauchemars de certains types d’examens (les examens de sortie de Cambridge). Il y a plusieurs théories sur la question. Dont une de Freud. Le point d'accord entre-elles étant qu’il s’agit d’un événement essentiel dans une vie. La seule technique qui donne un espoir de s’en tirer serait de chercher à revivre l’examen. (Waking terror, CAM 72)

Tout ceci m’a donné une idée de théorie. L’article dit que l’on ne doit pas confondre souvenirs de guerre et d'examens. Et pourtant, il me semble qu’il y a un parallèle. Je soupçonne que dans les deux cas le traumatisme n’a pas été pendant mais après. Autrement dit, l’homme posséderait un mécanisme qui balancerait dans l’inconscient tout ce qui menace de lui faire perdre ses moyens. Il devient aveugle. Ce n’est qu’une fois qu’il est en sécurité que l’événement peut être revécu.

Question : est-ce une bonne chose que l'éducation soit un traumatisme ?

(Il se trouve que depuis quelques années, je jette un coup d’œil à des cours de science. Curieusement, au premier contact, je n’arrivais pas à comprendre comment j’avais pu y comprendre quelque chose. Puis je me suis rendu compte qu’il ne fallait pas chercher à comprendre. Qu’en parcourant le cours, progressivement quelque chose s’en dégageait, qui était familier.)

Le numérique, c’est le stress ?

Mon antivirus me dit des choses bizarres. Il y a quelques temps, c’était Internet qui avait des hoquets. Mon portable ne sonne pas toujours quand on m’appelle, ou se fige au moment où je dois prendre un appel et ne reçoit pas les mails de partout. La communication est généralement mauvaise, d’ailleurs. Elle se coupe de manière incompréhensible. Il y a quelques jours, une amie m'appelle. La communication ne passe pas. Sa ligne Internet ? Mon portable ? Je la rappelle de ma ligne Internet, mais elle ne marche pas ! Finalement on s'appelle de portable à portable... Mes mots de passe ne sont-ils pas fragiles ? Cela ne pourrait-il pas être fatal au Cabinet Faurie ? Le numérique, c’est le stress !

Et, il y a pire. Un quai de métro. Chacun est plongé dans la lecture de son portable. Drogués du numérique. Ses esclaves.

Ce monde fait-il des heureux ? Les grands profiteurs du système ? Et leurs exécuteurs de basses œuvres, qui goûtent d’autant plus l’instant présent, que leur bonheur pourrait ne pas durer ?

mardi 8 juillet 2014

Numérique et résistance au changement

Etude de Cap Gemini. Les managers français n’aiment pas le numérique. Mais le petit peuple si. Conséquence logique : flinguer ces vieux ringards de managers ?

Mais en quoi un manager diffère-t-il substantiellement d’un opérationnel ? Et si je remplaçais l’un par l’autre n’aurais-je pas le même phénomène ? Non, répond Cap Gemini. Il s’agit de deux espèces séparées : le vieux désire une société bien organisée, le jeune est désenchanté, et prêt à vendre son âme au diable. 

Et si le malaise du manager venait de ce que l’entreprise est dysfonctionnelle ? Et si la cause en était que son top management s’en désintéressait ? C’est parce qu’il veut du numérique partout que les gens protestent. Et c’est parce qu’ils protestent qu’il veut plus de numérique, pour les remplacer ? 

Redéfinir la performance (suite)

La définition de performance change, ai-je dit dans un précédent billet. 
  • Hier elle était individuelle. 
  • Aujourd'hui, elle devient collective. 
Conséquence d'une évolution de la société ?
  • Hier, l'économie et les entreprises étaient fortes. Le succès, pour un individu, consistait à arriver à leur sommet (le dirigeant était un "oligarque"). L'inertie du mastodonte faisait le reste. 
  • Mais il n'est pas possible de vivre éternellement sur la bête. Il faut maintenant reconstituer les actifs de l'entreprise. Le dirigeant va de nouveau être jugé sur sa capacité à améliorer la performance réelle, donc collective, de l'entreprise. Après la destruction, la création ?

lundi 7 juillet 2014

Soljenitsyne = Snowden ?

Les USA auraient acheté un espion allemand pour qu’il les renseigne sur l’enquête menée par l’Allemagne sur les écoutes de la NSA… Pas très joli ? M.Snowden aurait-il rendu un grand service au monde en révélant les pratiques douteuses de son pays ? Ce qui m’amène à une autre idée :

Je vois un parallèle entre MM. Soljenitsyne et Snowden. Tous les deux ont dénoncé les turpitudes de leur régime. Et les idéologies de tous les deux sont, pour la plupart d’entre nous, bien pires que celles des dits régimes.

La mode numérique (ou digital ?) expliquée ?

On parle beaucoup d'entreprise numérique, de "digital"... J'ai consacré plusieurs billets à cette question qui me surprend. En effet, sur le fond il n'y a rien de neuf. Ce discours a au moins 15 ans, et la preuve est faite qu'il ne mène nulle part. Je ne le prenais pas au sérieux. Et, en même temps, d'une certaine façon, il mettait ce blog en échec. Puisque je n'arrivais pas à lui trouver une explication. En voici peut-être une. 

J'ai rencontré quelqu'un qui fréquente le meilleur monde, qui m'a dit que cette offensive numérique venait de ce que les entreprises étaient en panne de performance. Elles penseraient qu'il y aurait un traître. Les structures intermédiaires, syndicats mais aussi managers, seraient la source du blocage. (Sous la révolution, ces gens étaient appelés des "privilégiés".) Le numérique leur permettrait de s'en passer. Le dirigeant serait en ligne directe avec les opérationnels. Un ami m'a dit que Google avait effectivement tenté de monter une organisation sans management intermédiaire. Et y avait renoncé après un mois. 

Cette utopie est fascinante. C'est celle de la Révolution française, qui rejoint celle du marché. Plus de lien social (mon interlocuteur craint une nouvelle vague de suicides), que des électrons libres. Mais cela pourrait expliquer aussi le fameux "modèle du sablier", la disparition de la classe moyenne que l'on constate dans le monde anglo-saxon, au moins. Et si la classe moyenne était aussi la structure intermédiaire de la société, l'ossature de la "société civile" ?

dimanche 6 juillet 2014

Le pays arabe : régime fort, Etat faible…

Qu’est-ce qui empêche les pays arabes de s’adapter au monde moderne ? Selon The Economist, de multiples facteurs, en particulier l’Islam. Mais surtout l’adoption d’idéologies rétrogrades (Salafisme). Ce qui aurait mis, dernièrement, le feu aux poudres serait le développement des inégalités. (Au moins en Syrie, cela aurait été dû à une libéralisation économique.) Caractéristique ? « Régimes forts, Etats faibles ». (Et Al Qaïda prend le relais des régimes faibles ?) En Irak, confronté au dit Al Qaïda, les troupes gouvernementales font preuve d’un peu de vigueur, les Russes envoient des avions de combat, et les Américains aimeraient que le gouvernement devienne plus démocratique avant d’intervenir en force.

En Ukraine, M.Poutine utiliserait ce qu’il perçoit comme une technique américaine : créer une succession de crises, par manipulation en sous-main. En France, M.Sarkozy est arrêté. « Il aime tellement la compétition », dit un dirigeant de l’UMP, « que quand il n’y en a pas, il l’invente ». L’Italie est submergée d’immigrés et pourrait utiliser sa présidence de l’UE pour en obtenir de l’aide. L’Allemagne a conservé un système éducatif à trois vitesses. Une tentative de réforme de celle qui prépare à l’université, ne passe pas. M.Cameron aime désormais M.Juncker. Et attend son salut de Mme Merkel. Aux USA, plus M.Obama cherche à contourner le parlement et le Sénat, qui lui sont hostiles, plus ceux-ci le bloquent. (Peut-être faudrait-il qu’il apprenne à aimer la démocratie ?) En Inde, M.Modi fait face à la réalité du pouvoir. Plus compliqué que prévu. Idem en Thaïlande. Les généraux et le populisme sont aux commandes de l’économie. Le Japon veut réformer sa constitution pour qu’elle devienne plus guerrière. Ses pacifistes s’insurgent. Mais sa jeunesse est lasse de la culpabilité qu’on lui fait porter depuis la guerre. La campagne anti corruption de M.Xi Jinping fait tomber des pontes du régime. Ce qui révèle sa volonté d’exercer seul le pouvoir, mais aussi à quel point « le cœur du système est pourri ». La population de Hongkong tente de repousser une OPA sur son île par la Chine continentale, et ses oligarques.

« Cela ressemble au problème de l’œuf et de la poule. Sans forte reprise, les entreprises ne veulent pas dépenser. Mais si elles ne dépensent pas, il n’y aura pas de forte reprise. » Dernière mode de management : holacratie. L’entreprise doit être faite d’équipes qui s’assemblent spontanément pour mener une mission. Sévère amende pour BNP. Les USA mettent le monopole du dollar au service de leurs intérêts. Les obligations vertes font un malheur, bien qu’on ne sache pas trop de quoi il s’agit. Le commerce équitable serait un attrape-nigaud. Il ne rapporte quasiment rien à ceux qu’il était supposé aider. L’Afrique construit son infrastructure, en particulier ses réseaux de fibre optique. Un métier d’aventuriers. L’économie israélienne est dominée par une vingtaine de familles. Elles s’enrichissent au détriment de la population. Mais il est difficile de desserrer leur étau.

Les Tibétains devraient leur capacité à vivre dans des conditions difficiles à un croisement entre homo sapiens et une variante humaine disparue depuis longtemps. La conquête du monde par l’homme aurait été essentiellement une question de chasse à l’eau.