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dimanche 30 avril 2017

Jeunesse

MM.Tsipras et Renzi ont attaqué le rempart Merkel, et ils ont dégringolé. Il est possible que M.Macron tente l'aventure à son tour. Mais il le fait avec une base qui sera peut-être extrêmement instable. Il n'a que des ennemis. Peut-être dira-t-il, comme un ancien client, dirigeant de mutuelle, et croisé de l'économie sociale : "comment se fait-il que je doive me battre contre ceux pour qui je me bats ?".

Si j'en juge par mon expérience, c'est l'inconscience qui permet de réussir l'impossible. Et, lorsque l'on est jeune, on est inconscient. La jeunesse de M.Macron est un atout immense. 

Les grandes gueules

Un film sur l'amitié, c'est rare. Un film, dans lequel on gagne les batailles, mais on perd la guerre, encore plus. On veut réinsérer des prisonniers en liberté conditionnelle dans la société. Au début, il faut faire leur bien contre eux. Au moment où l'on croit avoir réussi, c'est l'échec. L'équilibre était trop instable. C'est aussi un film sur les principes. Bourvil, en particulier, tient tête à la société, oligarques locaux ou mafieux parisiens, au péril de sa vie, par révolte contre l'injustice. 

Morale de l'histoire ? Peut-être, comme dans certains films de Clint Eastwood, la vie est une lutte, le bonheur est d'être "droit dans ses bottes". Cela permet de se faire quelques amis.

(Film de Robert Enrico, 1965.)

Ingénierie système


Françoise Caron est un des quelques spécialistes français de l’ingénierie système. Qu’est-ce que l’ingénierie système ?

Genèse
François Caron fait une thèse en chimie quantique. Elle travaille sur un projet de CAO chimie puis est embauchée par la start-up Dassault Systèmes. Elle s'occupe de « l’industrialisation des produits et des processus » (on partait alors de zéro). Ensuite, elle rejoint un cabinet de conseil expert des architectures de systèmes d’information.  Elle y « crée une activité spécifique pour le marché industriel : développer des architectures modulaires pour faciliter la gestion de gros projets : plusieurs équipes, plusieurs niveaux de chaînes de valeur… » En 2005, elle « crée Eiris Conseil, un cabinet centré sur l’ingénierie système qui en était à ses prémices en France. Pour répondre aux problématiques  et « points durs » industriels de grands comptes Airbus, Schneider, constructeurs et équipementiers automobiles, etc. et aussi de PME, » elle « poursuit aussi une activité de recherche dans le domaine et enrichit ainsi l’offre de conseil et de formation du cabinet. »

Ingénierie système
L’entreprise française, telle que je la vois tous les jours, c’est du bruit et de la fureur. On y vit dans l’urgence. On part dans tous les sens. On fait du spécifique pour chaque client. Et plus on fait du spécifique, moins on a les moyens de développer un produit compétitif, et plus on refait du spécifique pour compenser… L’ingénierie système corrige cette tendance regrettable.

« L’ingénierie système fournit des outils pour parer aux aléas de la réalité, de l’imperfection. Ainsi, tout devient gestion du risque. » « Par exemple, nous pouvons profiter de la fenêtre de tir marketing que nous ouvre telle innovation, même si le produit n’est pas totalement abouti, en nous dotant des moyens de réagir en cas de risques avérés, voire en cas d’imprévus. Et au-delà de la simple correction de tir, il sera possible de profiter de l’occasion pour tirer le meilleur parti des retours de terrain. »  On entre alors dans une logique d’amélioration permanente.  Brillant.

A ce point apparaissent quelques idées d’une grande puissance. La première est le « plan produit ». L’entreprise publie son plan de développement et le partage avec son marché.  C’est son outil de relation client. Le client exprime son besoin et l’entreprise en tient compte dans sa réflexion. Le client peut ainsi savoir ce qu’il peut attendre de son fournisseur, à long terme. Fini le tout spécifique.
Ce plan produit est aussi le moyen de pilotage de projet.  « Il est dirigé vers l’utilisateur et piloté par une « matrice de couverture » des fonctionnalités requises par le marché. »

Finies aussi les négociations conflictuelles et les demandes imprévues. Les échanges avec les  clients et les fournisseurs deviennent des flux  « organisés et gérés ».

Autre concept important : celui de la traçabilité. Tout le jeu économique se gagne dans un savant mix innovation, réutilisation. Il faut profiter de l’innovation aussi tôt que possible pour en tirer l’avantage maximal, mais il faut réutiliser au mieux l’existant pour réduire les coûts et les temps de mise au point. Tout cela se fait par une capitalisation intelligente de l’expérience passée, réussie ou non.

Et l’on en arrive à un bénéfice inattendu. L’ingénierie système garantit à la fois les coûts, les dates de mise sur le marché, et donc les revenus. De ce fait, les moyens dont ont besoin la recherche d’innovation et le développement de nouveaux produits sont sanctuarisés, dirait notre gouvernement. Fini le cercle vicieux français.

samedi 29 avril 2017

Make Europe great again ?

Quel est le projet de M.Macron pour l'Europe ? Il parle de plan de relance et d'uniformisation des lois sociales (billet précédent). Paroles vides ? 

En exploitant les bas salaires des pays de l'Est, notamment, l'Allemagne a obtenu un avantage sur les pays de la zone euro, leur imposant une forme de dévaluation. Remonter les niveaux de vie européens réglerait en grande partie les problèmes français. En outre, les délocalisations de plus en plus se faisant à l'intérieur des continents, cela les réduirait aussi (cf. affaire Whirlpool). 

La "création de valeur" en Europe passerait d'une logique de mise en concurrence, de licenciement et de réduction de salaires, à une logique d'innovation, et peut-être aussi de collaboration intra européenne pour l'exportation. Forteresse Europe. Mais Forteresse conquérante. Il y aurait un danger inflationniste, probablement. 

Nos difficultés viennent de l'Europe : M.Macron et Mme Le Pen sont peut-être d'accord. Seulement l'un veut la changer, alors que l'autre veut en sortir. 

Domino

M.Macron pense à l'Europe. Son projet demanderait de montrer à l'Allemagne que la France est vertueuse. Ce qui fait dire à La Tribune : bis repetita. Depuis près de dix ans, l'Europe n'arrête pas de faire plaisir à l'Allemagne, qui en demande toujours plus. Le problème de l'Europe : c'est l'Allemagne. C'est à elle de changer, pas à la France. 

Et si M.Macron jouait aux dominos ?
Il me semble que M.Macron croit en ses réformes, il ne les fait pas pour l'Allemagne. Par ailleurs, pourquoi ne change-t-elle pas ? Parce que la France a fait corps avec elle, ce qui a bloqué les velléités de rébellion grecques, italiennes ou autres. M.Macron semble beaucoup plus déterminé, courageux ?, que ses prédécesseurs. Le secret du changement réussi, c'est "d'y croire". Et je soupçonne de plus en en plus que M.Macron "y croit". Et, surtout, il a un atout maître : Mme Le Pen. Il peut dire : "c'est moi ou la fin du monde". 

Mais, pour qu'il réussisse, il faut qu'il fasse accepter à l'Allemagne une mesure qui va avoir des effets immédiats sur l'emploi. Quelque-chose qui donne de la visibilité à très long terme à l'entreprise, et ne puisse pas être remis en cause par un changement politique. 

Difficile à trouver, en temps de paix ? La recette du changement, encore une fois, c'est d'y croire. Pour retrouver confiance en soi. Il suffit d'un premier succès, symbolique, d'un domino... 

Reflux du populisme

Les milieux d'affaire aiment à se faire peur. Ils voyaient Mme Le Pen au pouvoir. Mais ils prennent aussi un peu vite leurs désirs pour des réalités. Ils pensent maintenant que la vague populiste est en recul, définitivement.

Or, il est singulièrement idiot de comparer les situations françaises, anglaises et américaines. En Amérique, un leader populiste est à la tête d'un parti de gouvernement, avec lequel il doit composer. En Angleterre, un parti de gouvernement a pris en main un sujet populiste, probablement pour éviter qu'il ne tourne mal. En France, Mme Le Pen devrait diriger seule. C'est totalement différent. Pour qu'un tel type de leader prenne le pouvoir, il faut un saut dans l'inconnu que seule justifie une crise majeure. Comme avant guerre. 

C'est un piège pour M.Macron. En effet, il est facile de confondre la crainte du chaos avec une déclaration d'amour. 

Mal français

L'inquiétude de M.Macron ? Comme M.Hollande, être trahi par son camp. Mal français ? La stratégie de la CGT est de ne signer aucun accord. Ainsi, elle en profite, les mains propres. Et M.Mélenchon : je profiterai de l'élection de M.Macron, sans lui donner mon soutien ? Profiter par la nuisance : voilà pourquoi le pays subit crise politique sur crise politique ? De Gaulle pensait y avoir mis un terme. Il avait tort.

L'idée de M.Macron est de n'accepter que des ralliements individuels. Comme cela, il peut espérer être entouré de gens qui lui sont fidèles. Sûr ? En tout cas (article cité plus haut) cela empêche la dislocation des partis de gauche et de droite. Ils vont affronter les élections législatives unis. Donc forts. Le pays risque d'être ingouvernable.

Solution ? Il y a eu des moments sans parasite. Par exemple pendant les guerres napoléoniennes ou après guerre. Alors, le changement "venait d'en bas". Un consensus national muselait la nuisance. Une grande partie de la littérature sur le changement s'interroge sur les moyens de susciter un tel mouvement. Réponse ? Sous toute réserve :
  • Il y a des moments favorables. Kurt Lewin compare le changement à un changement de phase en physique. (Cf. transformation d'eau en glace.)
  • Comme en physique, le changement se fait par catalyse. Une idée qui revient régulièrement est celle du "leader libérateur" (ou nom équivalent). Ce n'est pas un messie. C'est quelqu'un qui révèle au groupe ce qui compte pour lui. Pour James March il est "poète et plombier". Il doit à la fois créer une vision séduisante, mais aussi savoir la mettre en oeuvre en pensant au détail. (Napoléon aurait dit : "le succès est dans l'exécution".)

vendredi 28 avril 2017

Pensée magique

Et si M.Macron ressemblait à ces inspecteurs des finances que j'ai rencontrés récemment ? Ils quittaient l'administration dégoûtés par elle. Ils pensaient que l'entreprise représentait son antithèse. En particulier ils croyaient, m'a-t'il semblé, en la rédemption par le "numérique". Pensée magique ? 

Pour moi la rédemption pourrait venir de la PME. Si elle se développait, elle embaucherait en local, et en peu qualifié. Elle réglerait tous nos problèmes d'un coup. Or, mon expérience me montre que nos entreprises ont un potentiel qu'elles ignorent. Que faudrait-il pour que mon changement réussisse ? Accepter la réalité et en comprendre les règles. La réalité, c'est un marché international. Et les règles, ce sont les techniques du commerçant : donner envie d'acheter ce que l'on a. Et le numérique ? Au mieux un moyen. Certainement pas une fin. 

Qu'est-ce qui coince ? 
Malheureusement, comme le disait Tocqueville, la France croit à des théories abstraites et compliquées. Dans notre cas :
  • L'Etat et ses énarques dirigent la grande entreprise, qui donne des ordres à la PME. 
  • Comme à l'époque de la "guerre en dentelles", le Français est armé de préjugés ridicules qui le ligotent. Paradoxalement, c'est presque plus vrai pour les jeunes que pour les vieux. L'Américain monte une entreprise pour gagner de l'argent, sachant qu'il va commencer par en baver. Le jeune français la mythifie !
(Mais si le Français parvient à traduire les lois du marché en des règles abstraites et compliquées, peut-être qu'il apportera un peu d'éthique, et de durabilité, à notre monde ?)

MM. Macron et Hollande

M.Macron est-il l'héritier de M.Hollande ? Et si c'était le contraire ?  The Economist voyait l'un comme l'ultralibéral idéal, et l'autre comme un apparatchik gauchiste teinté dans la masse. Dans ces conditions, si ce dernier organisait une cohabitation avec MM.Valls et Macron, c'était l'effet d'une ruse machiavélique (mitterandienne, plutôt), aurait-on pu penser. Et si ça n'avait pas été le cas ? Et s'il s'était converti ? (La thèse de The Economist.) Ce qui lui a manqué, peut-être, est d'avoir dit, comme tente de le faire M.Macron, qu'il comprenait les problèmes de ses concitoyens, et qu'il n'avait pas d'idées préconçues pour les résoudre. Mais que le mal du pays, c'était ses divisions. Et qu'il voulait, avant tout, y remédier. 

Stratégie Mélenchon

En entendant, dimanche, M.Mélenchons ne pas donner de consigne de vote, je me suis dit qu'il ferait une drôle de tête si Mme Le Pen était élue. Mais comment éviter de commettre de nouveau l'erreur faite par J.Chirac, il y a quinze ans ? Etre incapable de tirer le moindre enseignement d'un coup de semonce, et s'enferrer dans l'erreur ? Comment faire comprendre à M.Macron qu'il est sur un volcan, et qu'il vaudrait mieux qu'il évite de danser ? En prenant le risque de faire péter le volcan ? 

jeudi 27 avril 2017

Whirlpool

Usine Whirlpool délocalisée. Mme Le Pen arrive. Bain de foule. Les ouvriers avaient, d'après France Info, voté pour elle. M.Macron la suit. Hué. Mais il tient tête. Il parle de reprise et de formation. Les ouvriers ne sont pas convaincus. Mais ils l'écoutent, au moins un peu. Première : un homme politique affronte la foule et ne fait pas de promesse facile. Il a répondu à mes deux billets précédents (que j'avais écrits avant-hier.)

Seulement, les ouvriers ont raison. Reprendre une PME qui marche, oui, reprendre une unité d'une multinationale : non. Elle ne peut pas vivre sans le groupe. Et la formation dont parle M.Macron, non plus, ne marche pas. Il est quasi impossible de retrouver un travail dans certaines zones, et surtout (quelle que soit la qualification !) quand on a un certain âge. Et notre système de formation permanente est un désastre.

Comment en est-on arrivé là ? Les coûts de l'usine étaient "7% plus élevés" que ceux d'un équivalent en Pologne, dit-on. Ces chiffres viennent-ils d'Excel ou de la réalité ? Que se passe-t-il lorsque l'on prend en compte le manque à gagner dû au déplacement, au plan de licenciement, à la perte de savoir tacite, à l'augmentation inéluctable des salaires en Pologne ?... En fait, l'expérience montre qu'un changement bien mené fait gagner beaucoup plus de 7%. On a, d'ailleurs, longtemps fait ce type de changements. Mais, à l'heure des multinationales, le court-termisme prévaut. 

La France est en face d'un changement. Si l'on veut éviter un chômage de masse, il faut une forme de solidarité entre dirigeants et employés. Or, comme le montrent la Guyane et Whirlpool, nous croyons encore à la grève. Pire : le chacun pour soi est le principe de la multinationale. Oui, le changement demande du talent ! Voilà pourquoi Whirlpool lui a préféré la délocalisation. Cette option n'est pas ouverte à M.Macron. 

Les influences de M.Macron

Qui a été invité à La Rotonde, par M.Macron ? "Les invités étaient symboliques : le héros de la gauche verte, Daniel Cohn-Bendit, le mentor politique de M.Macron et l'ancien conseiller du président Mitterand, Jacques Attali, des acteurs et des personnalités du spectacle dont François Berléand et Stéphane Bern, l'écrivain Erik Orsenna, l'architecte Roland Castro and l'actrice Line Renaud."

Ces gens sont-ils admirés par les Français ? On dit que ce qui fait l'attrait de M.Macron est sa nouveauté. L'ancien est compromis. M.Macron l'a-t-il compris ? Refait-il le coup de M.Sarkozy, son yacht et le Fouquet's ? Le coup de l'homme qui croit qu'il a été élu parce qu'il porte les aspirations du pays ? 

In quiétude

M. Macron victime du syndrome Sarkozy / Hollande ? MM. Sarkozy et Hollande ont perdu leur pouvoir quasi instantanément : leur comportement a immédiatement montré qu'ils ne comprenaient pas ce que ressentait la population. 

Pour M.Macron, la situation pourrait être pire. Si cette faiblesse se révèle entre les deux tours, ses multiples oppositions vont se réveiller et le mettre, dès les législatives, en situation de canard boiteux. Président impotent. Mme Le Pen voudra-t-elle encore du pays après un tel gouvernement ? Tout peut se jouer en peu de temps. Il va falloir du génie pour ce tirer d'un tel piège.

(Ce qui explique peut-être pourquoi M.Macron a suspendu un jour sa campagne, lundi : pour réfléchir ?)

Première Macron

Ce qui m'a toujours surpris, c'est à quel point les Anglais nous haïssaient. Il suffit de lire The Economist, ou d'écouter les émissions amusantes de la BBC pour en être frappé. Il y a peu de pays qui nous aiment. A quoi cela est-il dû ? La France n'a jamais été qu'une grande puissance sans lendemain, mais elle a toujours manifesté un complexe de supériorité ridicule ? Si M.Macron devient président, la France sera dans une position inédite. Pour la première fois, peut-être depuis Louis XIV, elle ne manifestera pas bruyamment, au moins extérieurement, son exception.

Une situation durable ? Si c'est pour manipuler le système mondial de l'intérieur, peut-être. Si c'est une reddition sans conditions, probablement pas. 

mercredi 26 avril 2017

Sociologie de l'électorat

Etude de l'IPSOS, que je caricature... Qui a voté pour qui ?
  • Mme Le Pen : ceux qui perçoivent un "déclin". Les "perdants" du changement ? 
  • M.Macron : "les optimistes". Les gagnants du changement ? 
  • M.Mélenchon : l'électorat de gauche. 
  • M.Fillon : les vieux. 
Si l'on s'en tient à cette analyse expéditive, M.Macron doit prendre garde à l'erreur que beaucoup ont commise ces derniers temps, à commencer par Mme Clinton, et les oligarques russes : dire aux "perdants" qu'ils ont mérité leur sort, parce qu'ils refusent le "progrès". En effet, le "progrès" tendant à faire de plus en plus de victimes, ceux qui veulent l'arrêter sont de plus en plus nombreux. 

Vote et revenus

Mme Le Pen et M. Mélenchon reçoivent quasiment 55% des votes des électeurs gagnant moins de 2000€ par mois... (graphique ci-dessous vient d'ici, tiré d'une étude de l'IPSOS).


La situation n'est pas la même qu'aux USA où M.Trump a pu récupérer l'appui d'un des deux partis de gouvernement. (Ce qui, en même temps, ne permet pas de qualifier son gouvernement de "populiste".) Mais ce graphique montre probablement l'ampleur du malaise national. Et aussi que le triomphalisme que M.Macron a manifesté à l'annonce des résultats du premier tour est extraordinairement dangereux. Il va devoir très rapidement comprendre les problèmes perçus par la population, et comment y remédier autrement que par des mesures idéologiques. En attendant, il serait compréhensible que l'électorat manifeste son mécontentement par une très large abstention. 

Banlieusards

Dans une des galeries de la gare Saint Lazare, il y a de grandes photos en noir et blanc de voyageurs, souvent sortant d'un train. Ils ne sont pas gais, ces gens. Le noir et blanc n'arrange rien.

Il me semble qu'ils ont beau être de toutes les origines et de tous les âges, ils ont des choses en commun. Et ce ne sont plus les Français d'antan. La confiance en soi et en l'avenir est partie. Ils sont inquiets. Ils sont habillés "pratique", léger, ils portent souvent des sacs à dos et des chaussures de sport, par exemple, comme s'ils devaient courir, ou rencontrer des événements imprévus.

J'ai constaté que "l'in quiétude" était la condition qui fait réussir le changement. Serions-nous prêts à l'affronter ?

mardi 25 avril 2017

Banlieue

Je me suis installé en banlieue à la suite d'une série de hasards. A cette occasion j'ai découvert que, sans m'en rendre compte, je n'avais jamais été heureux à Paris. Je pensais donc être original. Pas du tout, il y a actuellement une migration vers la banlieue. D'où nouvelle spéculation immobilière. On y tronçonne le terrain, pour y faire entrer des maisons. Et on s'y endette ferme. 

L'élite intellectuelle s'est gaussée de l'amour de nos pères pour la maison. Ce qui avait fait qu'ils avaient passé des vies à rembourser des emprunts. Eh bien, les nouvelles générations leur ressemblent. Peut-être pensent-elles que le sain épanouissement d'une famille demande une maison, même modeste ?

Nuit électorale

Un vainqueur de la campagne aura été le bluff : que les sondages se trompent était devenu une quasi certitude.

La démonstration de la prévisibilité du vote était d'ailleurs dans les quartiers généraux des partis, tels qu'ils apparaissaient à la télévision. L'homogénéité des partisans de MM.Mélanchon et Macron, ou de Mme Le Pen, était confondante.

Ce qui semble se dessiner pour les prochaines années, à entendre les discours des uns et des autres, cela semble être un combat entre ceux qui veulent rassembler, et ceux qui vont utiliser leur pouvoir de nuisance pour faire triompher leurs idées, coûte que coûte.

lundi 24 avril 2017

Aborder un changement

Les Montréalais déménagent chaque année, nous quasiment pas. Le déménagement est compliqué pour nous, pas pour eux. L'homme croit être libre, et n'en faire qu'à sa tête, mais il répète toujours les mêmes gestes. Quand ce n'est pas le cas, on parle de "changement". C'est alors que les problèmes commencent.

Il y a un moyen auquel on ne pense jamais d'éviter ces désagréments. C'est la préparation du changement. Et elle se fait par une "analyse de risques" ou de "complexité". Un problème bien posé...

Pour en savoir un peu plus :


Conditionnement bagnole

Un ami me disait que ses enfants n'avaient pas le permis de conduire. La bagnole a été un bien culturel, c'est fini. 

Pour la génération de mon père la voiture a été beaucoup. C'était la merveille du progrès, d'abord. Surtout lorsque l'on était pauvre. (Mon père a appris à conduire avec un ami garagiste, et  n'a longtemps possédé que des occasions proches de l'épave. Dans mon enfance, on n'était jamais sûr de finir un voyage.) C'était aussi l'affirmation de son statut d'adulte. Comme l'adoubement du chevalier. L'homme de cette époque semblait né avec des roues. Je me souviens de collègues, plus âgés que moi, qui faisaient chaque jour le trajet Grenoble Lyon et retour, et qui parcouraient la France en tous sens, toujours dans leur voiture. Je me souviens, installé dans un café du 16ème, y avoir vu s'arrêter les voitures des gens du quartier, qui venaient chercher leurs cigarettes... 

Si la voiture devient autonome, le progrès aura tué les joies du progrès. 

Tous surhommes !

Les expériences sur l'animal révèlent des capacités immenses. Paul Watzlawick observe que c'est l'homme qui a permis à l'animal de révéler son potentiel. Or, il n'y a rien au dessus de l'homme, qui le force à se transformer, conclut-il. Dommage ?

Et si cet être existait ? Et si c'était la société ? La société nous fait connaître les crises, les guerres, l'innovation..., la "disruption" en un mot (ou, plus littérairement, la "destruction créatrice"). Elles nous forcent à nous surpasser. A devenir des surhommes. Voilà ce qui aurait surpris Nietzsche ?

(Et tout cas, c'est le contraire de ce qui fait le fondement de mon métier, et de mes livres : en jouant sur les règles sociales, on réussit le changement, sans "bouleverser" l'homme...)

dimanche 23 avril 2017

Anarchie

Qu'est-ce que l'anarchie ? Ni dieu, ni maître. En particulier, pas d'Etat. Ce qui pose un problème technique. Hobbes et Rousseau pensent que, sans Etat, il n'y a pas de paix. L'état de nature c'est la guerre. Et les anthropologues semblent confirmer cette vision des choses. Les tribus "primitives" semblent surtout chercher à s'éviter. Mais quand elles se rencontrent, elles en arrivent vite aux mains. 

Cependant, il y a peut-être une solution. C'est le "communisme". Au sens ou ce qui est "au dessus de nous", nous appartient. C'est la logique de la "République", la chose publique. C'est aussi la logique de l'économie sociale. Beaucoup de communautés vivent ainsi. Dans notre cas, le dispositif n'est pas au point. Il suppose encore une division des tâches entre un gouvernant et des gouvernés. Et le premier tend à prendre les seconds pour des idiots. Ce qui leur donne des envies de bombe. 

Dieu

Bergson semble avoir voulu participer de la nature divine. Peut-on trouver dans ses travaux, un moyen pratique d'être Dieu, au moins un instant ? 

Bergson dit que c'est une question pour mystique, pas hommes de raison. C'est aussi une question "d'élan vital". Cela semble inaccessible. Mais il dit aussi que c'est une question de générosité et d'action. Celui qui est pénétré de l'élan vital agit naturellement bien. (En particulier, ce n'est pas un ascète qui vit de méditation.) Et si c'était tout simplement cela avoir un moment de félicité divine ? Confronté à l'entêtement stupide d'un morveux, avoir la générosité de ne pas lui donner de tournioles, mais percevoir la beauté que cache son irrationalité, et avoir l'inspiration de l'acte qui va faire de l'insupportable diablotin un ange ? Surhumain, effectivement. 

samedi 22 avril 2017

Désunion

L'enjeu des élections ? Le "syndrome chinois", comme dans le film du même nom. Une dislocation de la France, qui expédie l'Europe par le fond, et qui ébranle le monde. 

On pense souvent aux Trente glorieuses comme à une période d'expansion. Mais, cette période n'a pas été sans crises. Seulement, le souci des gouvernants était la cohésion sociale. En particulier, leur obsession était le plein emploi. C'est cela qui a changé. Avec l'oubli des raisons de la guerre, le principe de notre société est redevenu le conflit. Parfois du fait d'un simple intérêt égoïste, mais souvent par volonté d'éradication du "mal".

De Gaulle représentait "la France". Si elle avait dû procéder à un règlement de comptes, jamais elle n'aurait pu se relever de la guerre. Y a-t-il un de Gaulle dans la salle ? Emmanuel Macron ? Mais, de ses idées à sa profession (financier), en passant par son parcours (le grand commis de l'Etat devenu oligarque), il est une inconcevable combinaison des facteurs de dislocation. Qui aura le dessus : le ramage ou le plumage ?

Faut-il désespérer ? Il arrive que le peuple soit plus sage que son élite. Un miracle est possible.

(On me répondra que de Gaulle était un Macron. C'était un général = un professionnel du conflit. Et on l'a porté au pouvoir, en 58, pour éviter un coup d'Etat de l'armée... En effet, pour signer une paix, il faut être un militaire victorieux, pas un pacifiste. Décidément, voter est un acte de foi.)

Le savant et le politique

M.Trump illustre la thèse du Savant et du politique de Max Weber. L'homme politique, le vrai, ne pense pas, il est son message. Ainsi il est capable de réagir immédiatement à l'aléa. Et il est imprévisible. Donc non manipulable. 

Quant au savant, sa formation le rend incapable de prendre une décision. D'ailleurs, elle en a probablement fait un esclave du système. Mais, sa science lui permet de savoir si le politique se trompe, ou de l'aider dans son projet. 

Notre société est probablement mal montée. Le savant ne doit pas avoir le pouvoir. Il ne peut qu'être un "grand commis", ou une conscience. 

Vendeur

Beethoven, Chopin et quelques autres génies de la musique ont vécu des cours qu'ils donnaient, ou de postes qu'ils devaient à des gens qui étaient, infiniment, moins compétents qu'eux. C'est le paradoxe de la relation client / fournisseur ! C'est le client qui choisit, mais c'est le fournisseur qui sait. 

Cela explique peut-être quelque chose de surprenant. J'ai noté que beaucoup d'artisans semblent avoir été formés aux travaux des psychologues de l'influence. Erreur. C'est le contraire. Je me suis souvenu que ces travaux ont été tirés de l'observation des commerciaux. Morale : il est probable que le manipulateur est plus convaincant que la personne compétente !

(Si nos génies de la musique ont réussi à survivre, c'est, probablement, parce que leurs clients pouvaient reconnaître leur talent. Chez les nobles, la culture était enseignée tôt, en particulier au futur roi. Cela explique peut-être pourquoi les parvenus ne transmettaient pas leur métier à leurs enfants, mais voulaient qu'ils aient la meilleure éducation. Cela a été vrai aux USA. Le riche donnait un mari européen à sa fille. L'inculture n'y est une vertu que depuis peu.)

vendredi 21 avril 2017

Ecole

Un père me racontait les malheurs de sa fille. Un professeur lui avait dit qu'elle n'aurait pas le Bac, donc qu'elle devait prendre une voie de garage. Il soupçonnait que le professeur n'avait d'autre objectif que ses statistiques de réussite au Bac. D'ailleurs, s'il avait pu se montrer aussi cassant et méprisant avec le père n'était-ce pas parce que celui-ci n'était visiblement pas très éduqué ? Alors ce dernier avait fait appel à un étudiant pour aider sa fille. Et, les quelques méthodes qu'il lui a apportées, ont produit des améliorations notables. Il a jugé l'enseignement du lycée déplorable, par ailleurs. Mais le père était toujours inquiet pour sa fille. Ce qui m'a serré le coeur. Il ne fait pas bon être faible dans notre société, me suis-je dit. 

Mais, se demandait aussi le père, ma fille travaille-t-elle vraiment ? Fait-elle semblant ?

J'entendais France Culture parler d'inégalités. Le système éducatif dont nous étions si fiers s'est mis à produire une ségrégation vue nulle part ailleurs. Je me demande si mon histoire n'explique pas beaucoup de choses. D'une part, nous avons un corps enseignant débordant de nobles principes, mais qui ne sait qu'éliminer, et pas aider, et encore moins enseigner. Mais aussi nous avons des enfants qui ont été rendus rebelles à l'apprentissage par une combinaison d'éducation fautive et de distractions, numériques ou non. Tout est perdu, fors l'espoir en l'homme ?

Interdépendance

Une histoire vécue il y a longtemps. Un appel d'offres est emporté par un fournisseur. Mais avec une perte de 200m. Perte cumulée sur 7 ans de durée du contrat, ce qui fait tout de même beaucoup. Consternation. (Le client n'y est pas pour grand chose. Consulté, il avoue ne pas avoir compris pourquoi on lui avait proposé un prix aussi bas.)

Inquiétude. Comment combler le trou ? Le projet est divisé en dix sous projets. Chacun essaie de proposer ce qu'il peut. Des idées enfouies depuis dix ans surgissent. On s'entraide. Et on réussit. En quelques jours. Enorme satisfaction. 

Mais, surtout, les protagonistes de l’affaire ont découvert que chacun avait un savoir-faire, remarquable, que les autres ignoraient. Ils se sont mis à s'estimer. Ils sont devenus une équipe. Pourquoi n’était-ce pas arrivé plus tôt ? N’avaient-ils pas multiplié les réunions d'avancement ? Parce que notre société est fondée sur le chacun pour soi. Le responsable commercial voulait vendre à tout prix. Plus le prix était bas, plus il était sûr de réussir. Une multitude d'unités de la société, de sous-traitants... étaient impliqués. Chacun avait son propre compte de résultat. Son intérêt était de "faire porter les pertes" du projet aux autres. Il les soupçonnait d'ailleurs de tricher, de les exagérer. 

Les « limites à la croissance », le rapport du Club de Rome, ne dit pas autre chose. Notre développement n’est pas durable parce que nous ne comprenons pas que nous dépendons des autres hommes et de la nature. Prenons conscience de notre interdépendance et nous sommes sauvés ? Et nous y gagnerons des amis ?

jeudi 20 avril 2017

M.Trump et le système

Pourquoi M.Trump se dit-il anti-système, alors que c'est un riche qui a fait nos études ? se demande le média intellectuel américain. 

Probablement parce que le système n'est pas une question de diplômes et de fortune. Le système, c'est le complexe culturo-financiaro-numérique qui s'auto proclame "camp du progrès". M.Trump vient de l'immobilier, un secteur traditionnel. 

Il a pour lui ceux qui se sentent les dindons du "progrès", mais aussi ceux qui se disent, de plus en plus, que, par ses diplômes, sa fortune et leurs intérêts, il leur ressemble ?

Mille milliards de dollars

Film précurseur ! C'est la théorie des 0,1% avant les 0,1%. 30 entreprises contrôlent 10% de la richesse mondiale. C'est le thème de ce film d'Henri Verneuil. Il date de 1982. 

Une multinationale, qui, par ailleurs, a collaboré activement avec le régime nazi, tente d'acquérir une entreprise française pour faire du commerce avec un pays fâché avec les USA, puis utilise les services secrets de ce pays pour liquider les gêneurs. (Dont Patrick Dewaere.) On la montre optimiser ses impôts, par le prix de transfert. On y voit un dirigeant, Mel Ferrer, demander que l'on écrive sur sa tombe la valeur de l'action de son entreprise. Pour inspirer ses successeurs. 

Tout s'explique
Caricatural ? Imaginons que le dirigeant ait un Dieu : la valeur boursière.  Alors ? Elémentaire... La collaboration avec les Nazis ?(cf. Opel et GM.) Comme l'explique le film, les dictatures sont prêtes à payer cher pour acheter la technologie dont se nourrissent leurs guerres. Deuxième exemple : respecter les lois nationales coûte cher. On les contourne en jouant les intérêts des uns contre les autres. C'est ainsi que l'on peut éliminer quelqu'un quasiment légalement. Il suffit de faire savoir à un pays que telle personne empêche un accord pour que celui-ci fasse ce qu'il faut pour s'en débarrasser. L'entreprise n'est pas responsable du résultat final. Dernière conséquence : ce que vaut un homme est sa fortune. Le riche compte infiniment plus que les autres. Alors, en perdre quelques-uns... 

Autre thème : le journaliste contre la multinationale. C'est très américain. Mais, ici, le journaliste en appelle aux Etats, pour qu'ils régulent les multinationales. Aux USA, le film aurait été à la gloire de l'individu, capable de tout. De construire des multinationales, ou de les faire tomber. Du mal, ou du bien. Il aurait été une leçon de morale. 

Smart data

Le smart data est une branche du big data et de l’intelligence artificielle. C’est un type d’algorithme qui traite des relativement petits volumes de données, mais de problèmes d’une grande "complexité". 

Les situations que nous rencontrons tous les jours, par exemple dans l’entreprise, combinent quelques dizaines à quelques centaines de paramètres. Or, au delà de deux ou trois paramètres l’homme est perdu. Le smart data, lui, identifie ceux qui comptent, et les valeurs qu’ils doivent prendre. Il permet à l’intuition humaine de se remettre en fonctionnement. 

Car cette intuition réussit ce qui est impossible à la machine : elle distingue le "système" derrière la complexité apparente de la réalité. C’est ce système qui est la cause de l’interdépendance des acteurs. Et donc de leurs conflits. Mais c’est aussi lui qui en est la solution.

(Ma définition de smart data est-elle universelle ?)

mercredi 19 avril 2017

Ambigüité Macron

Il y a quelque-chose de schizophrénique chez M.Macron. Il est "anti système" au sens où il ne dit pas : si vous êtes dans la mouise, c'est parce que vous refusez le progrès. Mais il est l'enfant de ce système. Sa carrière et ses costumes en sont une image caricaturale.

Est-il un second Tony Blair ? Pense-t-il que s'il est gouverné par une conscience de gauche, le marché peut profiter à tous ? Si c'est le cas, et s'il est élu, il devra vite trouver la raison pour laquelle M.Blair suscite une telle haine dans son pays.  

Pogonotomie

Il est curieux comme il faut du temps pour maîtriser les gestes les plus simples. Par exemple, faire un noeud de cravate, ou se raser (pogonotomie). J'ai perdu mon père jeune, et je me suis trouvé sans modèle. Si bien que j'ai dû tâtonner pour mettre au point ma technique. Il m'a fallu plus d'une décennie pour que j'atteigne une asymptote. Idem pour le repassage, auquel je me suis mis en autodidacte. 

D'où je déduis que l'on apprend principalement par l'imitation. Le rôle du milieu est fondamental. Et que l'Education nationale, qui croit à une forme de spontanéité du savoir, et à la capacité à sélectionner le talent, se trompe. D'ailleurs, elle n'est pas honnête. Ses concours les plus prestigieux sont réussis grâce à un "bachotage" féroce. Je me souviens par exemple d'une normalienne qui me parlait de l'agrégation, et de camarades qui faisaient des bruits laissant entendre qu'ils étaient tombés sur le sujet qu'ils attendaient, histoire de décourager leurs adversaires. 

Cela illustre aussi la nature du changement. Selon Paul Watzlawick, il y a deux types de changement. Le premier est un changement de système. On décide de passer du rasoir électrique au rasoir à lame. Cela se fait en un claquement de doigts. Le second est un changement au sein du système. Il prend une décennie, voire plus, et il avance par essais et erreurs. On se trompe beaucoup et soudain surgit une idée de la stratégie de repassage qui défait l'opposition du pli rebelle.

Interdépendance

J'anime un club. Deux membres se disputent. J'en écarte un. Mais je continue à le voir. Un jour, il me raconte ses projets. Je sais la personne dont il aurait besoin pour les faire réussir. Mais elle appartient au club... Dominique Delmas dit que le secret du développement durable est l'interdépendance. Nous devons comprendre que nous dépendons tous les uns des autres. Et de la nature. Or, grâce à Internet et à la globalisation, jamais nous n'avons été aussi liés les uns aux autres. Et de très, très loin.

Ce principe met en tort le droit français. C'est un droit individualiste. Il croit à la culpabilité, au mal absolu. Le droit du développement durable est un droit de l'équipe. Dans une équipe, on a besoin de tout le monde. C'est la pression sociale, ou plutôt de l'écosystème, qui force l'élément le plus faible à s'ajuster. Mais, tout le monde doit lui donner un coup de main, voire s'améliorer pour compenser les particularités du maillon faible. Si un membre refuse la part de changement qui lui revient, s'il juge qu'il est le bon dans un monde de mauvais, il sombrera avec le groupe. La question du développement durable n'est pas plus compliquée que cela.

(Le développement durable pose une autre question. Il semblerait que nous dépensions plus de 150% des ressources renouvelables de la terre. Comme cela dure depuis des années, nous avons dû largement entamer notre capital. Ce qui signifie qu'à force de faire des trous dans la coque pour alléger le bateau, la plus innocente vaguelette risque de l'envoyer par le fond. Le jour où ce sera le cas, il faudra se mettre à nager, sans avoir appris la natation...) 

mardi 18 avril 2017

On s'y père

Vichy et le Vel' d'hiv'. M.Macron répond à Mme Le Pen qu'elle est la fille de son père et que, lui,  il est du côté de M.Chirac, qui a reconnu la responsabilité de "La France". On s'y perd.

Car, M.Le Pen aimait plus les idées de Vichy que celles de Gaulle, non ? Or, Mme Le Pen se justifie par de Gaulle. Elle trahit son père, non ? Et M.Chirac ? Ne se disait-il pas gaulliste ? Sa reconnaissance de la culpabilité de la France n'est-elle pas une trahison de son père spirituel, le général de Gaulle ? Et M.Macron ? Il partage l'opinion de "l'élite", alors qu'il se dit "anti-sytème" ?

Et si le problème du pays était là ? Et si, au lieu de penser gagner les élections grâce à de grandes idées, nos politiques se préoccupaient de nos problèmes quotidiens ? Peut-être qu'on parviendrait à les résoudre. Et qu'un peu mieux dans notre peau, nous pourrions traiter ces questions complexes avec un peu plus de hauteur d'esprit ?  

France insensée

Pourquoi la France pourrait-elle commettre un acte insensé ? se demande l'économiste Paul Krugman. Tout y va bien. L'esprit public de France Culture reprend cette question. Deux camps s'affrontent. L'un croit qu'une partie de la France refuse le progrès, et se tapit dans l'ombre, hors d'atteinte des sondages, pour faire un mauvais coup ; pour l'autre, il y a une rébellion des "perdants" de la "globalisation", mais les sondages sont justes et un changement, pour le mieux, est en cours.

Auraient-ils vu juste ? L'homme politique dit : il y a des perdants ? C'est leur faute. Moi, je suis chez les gagnants. Mais à quoi sert-il, s'il laisse-faire ? Serait-ce ce que pense l'électeur ?

Inégalités

France culture parlait d'inégalités, samedi dernier. La France est un champion mondial dans ce domaine. L'inégalité est créée par l'école. Tout ce que l'on fait pour la combattre ne fait qu'empirer le mal. Les mesures gouvernementales désignent à la population ses zones de "non éducation", qui sont fuies par ceux qui le peuvent, d'où constitution de ghettos !

Ce qui est étrange, c'est que l'on ne parle pas d'un paradoxe. En effet, il y a un coupable évident : c'est l'enseignant. Cela semble évident, non ? D'ailleurs, Camus était un ultra pauvre, qui a été repéré par un instituteur d'élite. Notre histoire est faite de ces histoires. Pourquoi cela n'arrive-t-il plus ? Pourquoi, notre enseignement, qui est, de notoriété publique, de gauche et inspiré par l'esprit 68, n'a-t-il pas fait le bonheur du peuple, comme il le voulait ? Pourquoi, enfin, les enfants des enseignants réussissent-ils exceptionnellement bien ? 

Ce qui est intéressant dans cette question, n'est pas de désigner un bouc émissaire (quoi que, il serait bien que le dit bouc balaie devant sa porte avant de nous donner des leçons de morale). Mais d'en tirer un plan d'action. Et si les enseignants appliquaient à leurs élèves les recettes qui font réussir leurs enfants ? Certes, mais leurs enfants n'auraient plus d'avantage concurrentiel. Alors pourquoi ne pas inventer un enseignement dans lequel il n'y aurait plus de gagnant et de perdant ? Nous avons des talents différents. Nous sommes interdépendants. La sélection d'un prétendu "mérite" n'a aucun sens. Après tout, c'est cela l'égalité.

lundi 17 avril 2017

Kurt Lewin

Qui n'est pas expert du changement ? Qui connaît Kurt Lewin ? 

Kurt Lewin a été un psycho sociologue fameux. On l'a comparé à Freud. Mais il est mort prématurément. Voilà peut-être pourquoi on a oublié ce qu'il disait. Et ce qu'il disait c'est que le changement dirigé, celui que l'on pratique aujourd'hui, avait conduit au Nazisme. Si l'on voulait éviter le totalitarisme, il fallait adopter la technique du changement planifié. 

Ce n'est les très difficile de faire un "changement planifié". Juste une question d'état d'esprit. 


Course à l'armement

On en parle peu, curieusement. Une des promesses de campagne de M.Trump est d'investir dans l'armement. Or, les USA ont l'armée la plus puissante au monde. Cet homme est fou ? 

Dans son analyse de la prospérité d'après guerre, l'économiste John Galbraith explique qu'elle résulte d'un édifice social dont le moteur est l'investissement militaire. Dans les années 70 et 80, l'Amérique connaît un passage à vide. On estime généralement qu'elle relève la tête avec M.Reagan. Or, M.Reagan, c'est la guerre des étoiles. Et c'est une "course à l'armement" qui semble avoir été fatale à l'URSS. 

L'armement fournit à l'économie un marché protégé. En outre, il semble créer à la fois de l'innovation et des emplois traditionnels. Et, il assoit la puissance américaine, puisque personne ne peut se mesurer aux USA dans ce domaine. Finalement, cela n'est pas contradictoire avec la politique de M.Obama. Ce que M.Obama semble avoir compris, c'est la leçon du Vietnam et de l'Irak, les USA sont faibles lorsqu'ils interviennent au sol. C'est leur technologie qui fait leur force. Il a utilisé le drone, M.Trump envoie des missiles.

Ce que semble montrer l'histoire, aussi, c'est que le shérif est riche, pas le maître du monde... 

Start up

Deux exemples de start up. Toutes les deux peuvent profiter de l'effet "feed back positif" des réseaux sociaux. Mais ça ne démarre pas. Question de fonds ? En y regardant de près, on constate :
  1. que l'application du premier est mal finie, donc difficile à faire fonctionner. Pas étonnant qu'elle ne soit pas utilisée ? 
  2. que le second pourrait immédiatement gagner beaucoup d'abonnés en faisant la promotion de son produit auprès de réseaux humains, ce qui déclencherait, probablement, l'effet positif attendu. 
Morale. Démarrer ce type d'entreprise demande beaucoup de professionnalisme et d'énergie. C'est un travail de terrain conventionnel, façon "plombier". Il est possible que l'entrepreneur américain le sache. Ce n'est pas le cas en France. On y attend un miracle instantané. Le second paradoxe est que le Français se plaint du manque de financement, alors qu'il en trouve facilement : indemnité chômage, crédit impôt recherche, fonds ISF. 

Au fur et à mesure de mes rencontres j'en suis arrivé à me demander si l'entrepreneur français n'est pas un spécialiste de la levée de fonds. Pour le reste, il cherche à se faire payer un salaire, sans avoir le désagrément d'avoir à subir de contrainte sociale.

dimanche 16 avril 2017

Journalisme

Un des ministres les plus brillants du gouvernement Cameron devient éditeur d'un quotidien. Tradition anglo-saxonne. La presse joue son rôle de presse : elle informe et elle fait réfléchir. Elle informe, c'est le journalisme d'enquête ; elle fait réfléchir, les intellectuels les plus brillants y écrivent. 

Pourquoi n'en est-il pas ainsi en France ? Peut-être parce que les journalistes se prennent pour des intellectuels, qu'ils nous assomment de leurs pensées communes, et qu'ils n'enquêtent pas. Mais aussi parce que les intellectuels ne savent pas écrire pour la presse. D'ailleurs, nous restent-ils des intellectuels ? Proudhon, c'est fini. 

Adieu poulet

Qu'est-ce qu'un film dit de notre société ? 

Que le flic est un héros, ici. Evident ? Pas pour nos médias : ils ne parlent que de "violences policières". Pour eux, la police, c'est le mal. Et si, pour le peuple, elle était le bien ? Plus curieux : pourquoi les deux héros du film sont-ils entrés dans la police ? Parce qu'ils étaient des incapables ! Elite de la police, mais échec de la société (de l'Education nationale ?) ! Un portrait dans lequel le Français se reconnaît ?

Qui sont les mauvais ? Le juge. Un avatar de l'inquisition qui sait, d'instinct, que le flic est pourri. Et qui met en oeuvre tout son pouvoir de nuisance pour l'empêcher de travailler. Et, surtout, l'homme politique. Le flic, d'instinct, sait qu'il est pourri. Et il a raison. 

Et s'il ne fallait pas chercher plus loin les conflits qui agitent notre société ? 

(Film de Pierre Granier-Deferre de 1975.)

Incompréhension

J'ai remarqué qu'il m'arrivait de ne pas être compris. Mais, lorsque je cherche à comprendre ce qui n'est pas compris, je découvre que mon interlocuteur pense comme moi ! Que se passe-t-il ? 
  1. Je parle de mon expérience. Je pense donc être en position "d'autorité". Ce que je ne vois pas est que certains termes que j'emploie ne sont pas compris. Et que cela fait que mon audience peut se sentir, faute de meilleur mot, agressée. Mon erreur vient de ce que ces termes étaient dans le vocabulaire (technique) commun, il y a quelques années. J'aurais trouvé insultant pour mes interlocuteurs de les expliquer.
  2. Il y a une forte volatilité du sens des mots. Je l'avais noté lorsque je faisais des études de marché. Le phénomène n'a fait que s'amplifier. La question du "fact checking" pourrait être liée à ce problème.
Morale 1 ? Il est important de partir, avec son auditoire, de bases communes de langage. Par exemple, en démarrant sur une anecdote de la vie quotidienne. Morale 2 ? On ne peut pas avoir raison contre son temps. 

(Exercice difficile pour un blog, qui doit écrire court, et éviter les répétions, qui lasseraient les lecteurs assidus...)

samedi 15 avril 2017

Charlie

Charlie Hebdo n'est-il pas une résurgence d'une forme d'esprit des Lumières ? A cette époque ceux qui s'appelaient des "philosophes" croyaient que ce que montrait la science de leur temps était la vérité.

Depuis, cette même science a découvert que le monde était "complexe". En particulier, derrière les religions et les coutumes difficiles à saisir, il y a des mécanismes de régulation subtiles et bénéfiques. La science des Lumières, elle-même, n'y échappe pas. Poussée à l'absurde elle suscite le "nihilisme" : à l'endroit de l'amour elle voit des hormones. Mais le néant a du bon ! L'homme réagit, découvre. Destruction créatrice. Changement. C'est la thèse de Hegel.

(Le nihilisme peut aussi produire le terrorisme, ou le chaos. Bien sûr.)

Huguenot

Les Huguenots furent mieux traités par l'Europe que les Syriens. Cela me semble avoir été le thème d'une émission de France Culture. J'ai surtout découvert que je croyais beaucoup de bêtises. 

Tout d'abord, Louis XIV n'aurait pas été seul dans son intolérance, contrairement à ce que l'on m'a enseigné. En ces temps là les royaumes cherchaient l'unanimité dans leurs rangs. Ensuite, le départ des Huguenots n'a pas été la ruine de la France, et la fortune des nations qui les ont accueillis, que l'on m'avait dîtes. Simplement, parce qu'ils n'étaient pas très nombreux, et que leur savoir-faire n'était pas miraculeux. Et les nations européennes les ont accueillis parce qu'ils servaient leurs intérêts. La Prusse, par exemple, cherchait à se repeupler à la suite de la guerre de trente ans, avec des personnes qui partageaient la croyance de son dirigeant. La Hollande pensait que les artisans français feraient sa fortune. Mais ils ne sont pas parvenus à donner un second souffle à l'âge d'or du pays. D'ailleurs, c'est peut-être en Suisse que ce jeu de l'intérêt se voit le mieux : les pasteurs français n'y trouvaient pas de travail, les pasteurs locaux ne voulant pas leur céder la place. 

Bref tout ceci semble très anglo-saxon : l'intérêt individuel pousse le monde. Il y a des circonstances favorables à l'immigration, comme les reconstructions d'après-guerre, et d'autres qui ne le sont pas. En revanche, ce qui est très français c'est notre auto détestation. Je me demande si ce n'est pas elle qui est la source d'une intolérance qui a fait couler tant de sang