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samedi 30 juin 2012

Les nouvelles du mois

Principaux thèmes développés ce mois, par ce blog :

L'affaire du moment, c'est : comment éviter Apocalypse 2030. L’enquête se poursuit. Nous traversons toujours une dépression…
France :
Le monde :
Internet :
Management :
Crise. En cette période d'incertitude, ne serait-il pas bien d'en revenir à ce qui compte réellement?

La PME française : état chronique de dépendance ?

Beaucoup de gens croient que le salut de notre économie tient à la PME. Il faudrait qu’elle suive le modèle allemand : dominer un marché de niche grâce à l’innovation. Ce qui produit un cercle vertueux : le monopole donne de belles marges, qui nourrissent la recherche et développement... Rêve ou réalité ? Ce que je retiens d'une discussion entre experts de la PME :
  • « Les PME sont à la remorque des grands groupes ». Elles sont « researchless » comme l’électronique est « fabless ». En réalité, elles fournissent une sorte « d’intérim » à la grande entreprise : elles lui apportent des ressources par beau temps, qu’elle licencie ad nutum.
  • La PME française semble stupide ! Alors qu’elle est pauvre et sans défense, elle ne fait rien pour améliorer son sort. En particulier, « le Français ne collabore pas ». Les PME italienne, par contre, fonctionnent comme un « tissu » : en cas de malheur, une entreprise sera secourue par ses partenaires, voire ses concurrents. Autre exemple : les appels à projets européens. On peut y trouver pas mal d’argent. Mais seules les entreprises étrangères vont le chercher ! Le patron français « a horreur de faire des dossiers » ! « Le dirigeant attend la manne. » « (Si les petits patrons sont) sous-traitants ce n’est pas par erreur ».
Puisque l’entreprise française n’est pas encore éteinte, j’imagine que ses handicaps doivent avoir des contreparties. Effectivement « on a 3 ou 4 fois de quoi réindustrialiser la France ». Mais, comment faire fructifier ce potentiel ? 

Notre système monétaire creuse notre tombe ?

Décidément, nous vivons sur de la dynamite. Après notre consommation de ressources naturelles, qui nous conduit à la catastrophe, voilà que notre système monétaire est par nature instable. C’est du moins ce que j’ai compris du résumé d’une étude du Club de Rome. (Money and Sustainability – the missing link | THE CLUB OF ROME (www.clubofrome.org))

Notre situation est effectivement délicate : plus personne n’a le droit à la dette, alors qu’une masse de gens va arriver à l’âge de la retraite. On prévoit que le rapport dette sur PIB devrait atteindre 3 à 6 d’ici 2040, dans la plupart des pays de l’Ouest. Il semble aussi qu’il y ait quelque chose de malsain dans nos marchés financiers : « En 2010, le volume des transactions en devises atteignait 4000 milliards $ par jour. Un jour d’importation et d’exportation de tous les biens dans le monde représente environ 2% de ce chiffre. Ce qui signifie que 98% des transactions sur ces marchés sont purement spéculatives. »

Notre système monétaire aurait des vices redoutables : la crise serait endémique (en moyenne dix pays connaissent une crise chaque année) ; il influencerait notre comportement (asocial, court-termiste…) ; il mettrait les gouvernements entre les mains des marchés financiers.

Solution ? Un « écosystème » de systèmes monétaires locaux, chaque institution (entreprise, commune, pays, ONG…), créant la ou les siennes.

Apparemment, il y aurait des théories scientifiques solides derrière tout cela… (à creuser)

Risque et changement : l’organisation

Troisième facteur de risque : l’organisation. On entre dans le domaine, terrifiant, de la résistance au changement. Mais je ne parlerai pas de cette question ici, qui fait l’objet du billet le plus lu de ce blog.

Ce qu’il faut retenir, surtout, c’est que la résistance ne prend pas toujours un air de résistance. Elle approuve pour mieux vous trahir.
  • Elle peut être ritualiste, lorsqu’elle juge que votre changement est une justification de ce qu’elle a toujours fait. Exemple : votre direction technique se lance dans de grands projets technologiques.
  • Elle peut aussi être innovante. C'est Potemkine et la Grande Catherine. Vous pensez qu’on vous a construit des villages, alors que vous voyez des décors de théâtre. C’est la « créativité comptable » anglo-saxonne, ou le système D français, et peut-être la politesse chinoise.
D’où vient ce risque ? D’abord de ce que vous demandez à votre organisation ce qu’elle ne sait pas faire (même si cela vous semble facile). Ensuite de sa culture. Il vous suffira d’une brève analyse historique pour savoir à quoi vous attendre.

vendredi 29 juin 2012

Différence Google Analytics et statistiques Blogger

Pourquoi y a-t-il de telles différences entre Google Analytics et les statistiques de Blogger ? N'appartiennent-ils pas à la même maison ? J'ai mené une enquête :
  • Le problème serait général : il y aurait de très gros écarts entre Analytics et les statistiques données par les hébergeurs de blogs. 
  • Son origine vraisemblable : la capacité à distinguer les clics humains de ceux qui ne le sont pas (beaucoup de robots roderaient sur Internet...). Analytics serait meilleur à ce jeu, mais peut-être un petit peu trop intransigeant. 
Conclusion ? Plus du bricolage qu'une science exacte. Probablement, Analytics serait plus fiable que les autres programmes, mais un peu au dessous de la réalité.

Compléments :
  • Cela expliquerait pourquoi les statistiques de Blogger pour ce blog indiquent autant de lecteurs étrangers : ce sont des robots ! (Russes, notamment.)
  • Que j'aie pu penser que les deux programmes ont une même base provient probablement de ma culture colbertiste ; l'entreprise américaine doit être dirigée par les lois du  marché : ses équipes partent dans tous les sens, et les meilleures gagnent.

Média social : nouveau CV

Il semble qu’au moins aux USA, les recruteurs cherchent à définir le profil psychologique d’une personne à partir de ce qu’elle publie sur Internet.

Dans un sens, c’est ce qui était prévu : on pensait pouvoir déduire les goûts des hommes à partir des données qu’ils fourniraient à Internet. Ce qui l’était moins est que le recrutement serait le premier utilisateur de ces informations.

Il paraîtrait aussi qu’il y aurait maintenant des agences qui vous aident à vous montrer à votre avantage…

Les médias sociaux peuvent-ils révolutionner ma communication ?


Le cas. Soit un individu. Que peut-il dire sur Internet ? Que doit-il ne pas dire ? Quelles sont les conséquences d’une prise de parole ? Devons-nous avoir une stratégie de publication sur Internet ?...

Au fond, pour bien utiliser Internet, il faut être responsable au sens de la loi française. C'est-à-dire assumer les conséquences de ses actes.

Attention aux traces ! Tout ce que l’on y publie peut être retrouvé par Google. (Facebook fournit un espace, un peu, protégé.) Les risques ? Multiples et subtils : paraître puéril (le pire ?), diffamation involontaire, révéler ses absences à un cambrioleur, etc.

Mais il y a aussi du positif - tout aussi subtil. Internet nous permet de dire du bien de celui dont on en pense le plus : soi. C’est un moyen unique d’expression de son narcissisme. Mais ce narcissisme, s’il est exprimé intelligemment, peut avoir le même effet que la communication d’une entreprise : il fait de nous une marque, « moi 2.0 ». Pour cela, tout tient à la « manière de le dire ». Ce n’est pas tant le fond qui compte, que sa « capacité à se mettre en valeur ». Nous pouvons tous être séduisants !

Risque et changement : le dirigeant

Un spécialiste du redressement d’entreprise dit que les contre exemples de mes livres sont des « erreurs de conduite ». Effectivement, le dirigeant va bien souvent droit dans l’iceberg. C’est une des principales causes d’échec du changement.

Il est victime de la prédiction auto réalisatrice : les conséquences de ses actes le renforcent dans des certitudes erronées. C’est un mal propre à l’espèce humaine.

Un exemple (réel) ? Un grand patron parie sur l’effet d’échelle. Plus son entreprise sera grosse, plus ses coûts de structure seront faibles, et plus sa marge sera élevée. Il élimine une grande partie des services centraux et lance une politique de croissance commerciale agressive, qui réussit. Baisse de rentabilité. Ce qui l’amène à accélérer le mouvement. D’ailleurs, peut-il changer de cap sans perdre la face vis-à-vis du marché, des analystes, de son conseil d’administration ?

(Explication du paradoxe : l’entreprise n’a pas assez de personnels qualifiés pour gérer la croissance de son activité, d’où dysfonctionnements et coûts imprévus. Il aurait fallu, au préalable au changement, identifier les compétences rares et en tirer le profit maximum, peut-être par centralisation…)

Qu’est-ce qui fait que le dirigeant est, cependant, plus susceptible à cet effet que vous ou moi ? C’est parce qu’il est seul, bien souvent. Personne n’ose lui dire qu’il est nu… C’est aussi parce qu’il ne se donne pas les moyens, à commencer par le temps, de s’assurer que le changement fonctionne correctement. Ce que n’arrange pas le fait qu’il soit arrivé au sommet de l’entreprise sans avoir rencontré les réalités humaines.

jeudi 28 juin 2012

Entrons-nous dans l'ère de la diversité et de l’écosystème?

Depuis quelques années, j’entends beaucoup parler d’écosystème. Écosystème d’entreprise d’abord. Puis que l’homme n’est rien sans son écosystème. Et enfin que l’homme, lui-même, est un écosystème.

Écosystème semble aller de pair avec diversité. La condition de survie de l’écosystème, donc de ses membres, est, peut-être, qu’il devienne de plus en plus divers. Le rôle du membre de l’écosystème serait, même, de chercher à développer cette diversité.

Je ne sais pas à quoi cela est dû. Mais cela semble prendre le contre-pied de la tendance naturelle de la civilisation née de la Révolution industrielle, qui aurait cherché à tout uniformiser. Par exemple, c’est le combat de Taylor. Il voulait amener tout le monde aux « meilleures pratiques », pour des raisons « d’efficacité ». C’est l’idée qui sous-tend les progiciels de gestion modernes (SAP, Oracle…).

L'intérêt récent pour la diversité semble provenir de la crise. L’idéologie dominante ayant été ébranlée, son idéologie opposée a profité du vide pour se faire entendre ?

Compléments :

Portrait robot de l’utilisateur de Facebook

Résumé d’une étude. Qu’est-ce qui intéresse ceux qui utilisent Facebook :
  1. Observer en voyeurs la vie des autres.
  2. Se créer une identité propre.
  3. Pouvoir donner libre cours à leur narcissisme intérieur.
Ils ne regarderaient, donc, pas la publicité… (Décidément Facebook ne vaut rien ?)

Risque et changement : le changement

Personne ne semble comprendre ce qui fait le danger du changement.

Le changement c’est la boîte de Pandore. Une organisation humaine est un équilibre entre les forces qui la composent (par exemple les ambitions de ses membres). Si l’on élimine des contrepoids, certaines sont libérées. Cela donne des transformations brutales et inattendues.

Le changement est particulièrement trompeur pour notre bon sens parce que nous sommes tellement prisonniers de notre univers qu’il est inconcevable pour nous qu’il puisse brutalement basculer dans l’inconnu ; et parce que ce qui émerge du changement était invisible avant.

Un exemple de conséquence imprévue ? La plupart des révolutions ont démarré comme des améliorations bénignes de l’existant. Cf. Louis XVI ou Gorbatchev. Et un exemple d’émergence : Napoléon Bonaparte. Quant à l’entreprise, l’exemple le plus simple que l’on puisse donner est celui de l’acquisition de société : vous investissez dix milliards dans une société pleine de promesses, le lendemain elle se révèle une coquille vide… (HP et Autonomy.)

Comment identifie-t-on le danger ? Pour se limiter au simple et efficace : il faut se mettre à la place de ceux qui doivent appliquer le changement. Si rien n’est fait pour qu’ils le fassent correctement, vous êtes très mal parti… 

mercredi 27 juin 2012

Bonne nouvelle : la France plonge dans la récession ?

Il semblerait que la France suive le cercle vicieux prévu. Pour réduire ses dettes, elle va devoir réduire ses dépenses, ce qui va freiner son activité économique, stimuler le chômage, etc.

Cela est dramatique. Mais est-il possible de faire autrement ? La solution à la crise n’est-elle pas globale ? On crèvera ensemble ou on s’en tirera ensemble ? Pas question de faire différemment des autres ?

Que le gouvernement socialiste s’en soit rendu compte n’est-il pas le signe qu’il n’est pas dogmatique, comme on aurait pu le craindre ? Bonne nouvelle ?

Mais, quid de Madame Merkel ? Nouvelle dame de fer ?

Compléments :

Pourquoi nous ne croyons pas nos dirigeants (et gouvernants)

On n’apprend pas de l’histoire ? En tout cas, la campagne de vaccination contre la grippe, en 2009, et celle contre la variole, au XVIIIème siècle, semblent avoir échoué pour la même raison.

Dans les deux cas, les esprits éclairés, qui voulaient convaincre leurs concitoyens, partaient du principe que ceux-ci décidaient seuls, dans leur chambre, à partir de considérations statistiques « rationnelles ». En fait, l’homme décide par observation de ses congénères. (Le risque et la multitude - La Vie des idées)

Voilà qui explique bien des échecs du changement. Le dirigeant s’adresse à une raison individuelle qui n’existe pas. Le choix est un mécanisme social. Les publicitaires l’ont bien compris. 

Aimons les animaux comme nous-mêmes

Apparemment notre opinion des hommes est la même que celle que nous avons des animaux.
Quand on n’aime pas les animaux, on n’aime pas non plus les immigrés, par exemple. (Seeing Others as Less-than-Human | Psychology Today). Deux applications me viennent en tête :
  • Dans ma jeunesse, Le Canard Enchainé appelait Valéry Giscard d’Estaing un « viandard », un chasseur qui tue pour tuer. Quelle opinion a-t-on de l’homme quand on est un viandard ? La même que celle qu'avaient les rois, eux aussi de grands chasseurs ?
  • J’ai toujours pensé qu’il y avait une place pour les animaux, et une place pour les hommes. Je ne suis pas pour la fraternisation… 

Préparer un changement au milieu des flammes

Face au changement, nous faisons tous la même erreur : nous pensons que c’est compliqué, ou miraculeux. Eh bien non, le changement c’est du travail, avant tout. Voici ce qu’une longue expérience, conséquence d’un grand âge, m’a appris :

mardi 26 juin 2012

Nos microbes nous sont consubstantiels

Nous aurions co évolué avec les microbes qui vivent avec nous. Sans eux, par exemple, notre système immunitaire ne peut pas se développer. En outre chaque individu aurait ses microbes spécifiques. Nous sommes des écosystèmes sur pattes. (Species-Specific Microbes May Be Key to a Healthy Immune System: Scientific American

Bref, il va falloir faire attention à une trop grande hygiène. 

L’Angleterre en route vers la sortie ?

L’Angleterre pourrait vite sortir de l’Union Européenne. Aucun de ses leaders politiques ne pense que ce serait sage de le faire, mais tous ont intérêt à provoquer un référendum. Il ne peut que se terminer par un départ. (A Brixit looms)

Faut-il se réjouir du retrait d’une puissance qui a passé son existence à diviser le continent pour y régner ? 

Comment réussir un changement ? évaluer sa complexité

Il y a quelque chose de paradoxal dans notre façon nationale d’envisager le changement. Réussir le changement est probablement ce qu’il y a de plus important pour notre société. (« Le » et pas tel ou tel changement, c’est-à-dire maîtriser le processus générique de changement.) Or, nous nous entêtons à échouer, alors que bien faire ressortit au bon sens.

lundi 25 juin 2012

Les conséquences imprévues du protocole de Kyoto ?

Le protocole de Kyoto avait pour objet de réduire nos émissions de CO2. Il semblerait avoir eu des effets imprévus.

Les contraintes qu’il a imposées à l’Ouest auraient encouragé ses industries à migrer vers les pays émergents, qui n’étaient pas encombrés par de telles normes. Mais eux ne consommaient pas du pétrole, mais du charbon, et pas très efficacement… Chômage à l’Ouest et CO2 à l’Est… (Thoughts on why energy use and CO2 emissions are rising as fast as GDP | Our Finite World)

L’écolo nous ferait-il avaler les pilules du capitalisme ?

Compléments :
  • Image empruntée à wikipédia.

Faisons vœu de pauvreté pour sauver la planète ?

La croissance mondiale semble parfaitement corrélée à sa consommation d’énergie. Conséquence (approximative) : si vous voulez baisser de 80% nos émissions de CO2, vous devez réduire par 5 notre PIB ! (revenir aux années 30, si l’on fait l’hypothèse d’une croissance annuelle de 2%.)

Le plus étrange est que tout ce que nous tentons pour réduire ces émissions ne fait qu’aggraver le mal :
  • Notre capacité à produire de l’énergie limite, donc, notre croissance. Tout ce qui permet de produire des énergies alternatives conduit à une accélération de celle-ci. Ainsi, elles ne se substituent pas au pétrole (dont la production est stable), elles s’y ajoutent. Or, elles sont massivement émettrices de CO2 (gaz, biocarburants).
  • L’Ouest expédie ce qui consomme de l’énergie dans les pays émergents, qui sont moins efficaces que nous dans le domaine.
Les énergies alternatives ont un immense intérêt, donc, elles donnent bonne conscience à l'écolo en permettant de faire de très bonnes affaires...

Compléments :

Moralité et virilité sont incompatibles

Apparemment, l’homme est prêt à tout pour défendre sa virilité. Alors, la morale ne compte pas. (When Men Are Less Moral Than Women: Scientific American

Attention donc aux situations de virilité menacée : on ne peut plus lui faire confiance, et il devient dangereux ?

Est-il judicieux de confier des fonds d’investissement, des entreprises ou des États à des hommes ?

dimanche 24 juin 2012

The Economist excommunie François Hollande

The Economist n’a pas de mots assez durs pour condamner les intentions de M.Hollande. En particulier celles qui taxent les grandes fortunes et condamnent les licenciements. Il prédit une fuite des « créateurs de valeur », et un chômage de masse.

La reculade de Hollande

D’après ce que disent les journaux, François Hollande aura été rapidement défait par Angela Merkel : il a abandonné l’idée des eurobonds. Les économistes unanimes semblent croire que non seulement le chaos est à la porte de la zone euro, mais plus l’Allemagne tarde à intervenir, plus elle perd en crédibilité, et moins il lui sera possible d’agir une fois la catastrophe inévitable.

L’employé doit-il avoir une vie privée ?

Un paradoxe frappe une étudiante. Elle travaille dans une entreprise américaine. On lui dit que l’employé doit s’épanouir, or, il a tellement de travail qu’il ne peut avoir de vie privée.

Son explication : l’entreprise offre de très bonnes conditions de travail, afin que l’employé fasse de son travail sa vie.

Ça m’a rappelé une remarque d’Edgar Schein qui dressait un parallèle entre les processus d’intégration des entreprises américaines et le lavage de cerveau qu’il venait d’étudier dans la Corée d’après guerre de Corée, et une autre remarque, cette fois de John Kenneth Galbraith, qui pensait que les dirigeants américains appelaient leur vie sociale « travail ».

En tout cas, cela semble le cas pour Barack Obama. Mercredi matin, France culture rapportait qu’il avait passé 600h sur un terrain de golf depuis qu’il est président.

samedi 23 juin 2012

L’espèce humaine peut-elle durer plus que les dinosaures ?

Imaginons que l’espèce humaine parvienne à maîtriser son écosystème, aura-t-elle droit à un bout d’éternité ? Pourrait-elle durer des millions d’années ?

Au fond, elle a un avantage sur les dinosaures : elle peut probablement mieux défendre son écosystème qu’eux. Et, peut-être aussi, s’adapter rapidement à des environnements devenus hostiles.

Mais elle a fait tellement de choses en quelques milliers d’années, qu’il est difficile de croire qu’elle s’arrêtera là et qu’une de ses innovations ne lui pétera pas à la figure…

Peinture et méditation

Je rencontre l'épouse de Gary Markowitz, un peintre américain, qui s'installe à Paris après une vie vagabonde. (Pour voir ses oeuvre : http://www.markowitzart.com/).

Ce qu'elle me dit. Ses tableaux sont faits d'une juxtaposition de fines nappes de couleur. Ce qui leur donne un aspect nébuleux et féerique. Si l'on se plonge dans leur contemplation, les différentes inspirations du tableau se révèlent progressivement. L'esprit de l'observateur est entraîné dans une forme de méditation.

Or, il se trouve que je discutais, il y a peu, de méditation et de ses bienfaits. J'en suis arrivé à me demander s'il n'y avait pas là une des vertus de l'art : soigner l'homme comme ne peut pas le faire la médecine.

Drame mondial : la politique du court terme ?

Dennis Meadows (suite) se lamente de ce que nos gouvernants ne voient pas plus loin que leur élection. Pour contenter les foules, ils amassent des dettes, que nos enfants devront payer. La pire de toute est la destruction des ressources qui étaient nécessaires à la survie de l’espèce.

Oui. Mais, si je m’intéresse à notre pays, les dettes de la France ne viennent pas de la République. Elles sont quasiment consubstantielles à notre nation. Nos rois, qui, eux, avaient une dynastie à maintenir, étaient des paniers percés. À tel point qu’ils devaient vivre d’expédients, et brûler du Templier de temps en temps. Jusqu’à Louis XVI, qui, moins habile que les autres, a payé de sa tête leurs impérities.

Et si notre problème venait de l’organisation même de notre société ? Elle est hiérarchique. Le Roi Soleil ou l’Homme Normal sont supposés être omniscients. Or, la théorie des réseaux montre que ce mode d’organisation est impropre à traiter un afflux d’information. Pour résister, elle doit, justement, devenir un réseau, c'est-à-dire répartir le traitement de l’information sur ses composants, pour en décharger sa tête.

Et, en plus, un réseau est résilient : il tient bien les chocs.

Compléments :

vendredi 22 juin 2012

Notre avenir : une crise continue ?

Je découvre une thèse extrêmement surprenante. La production de pétrole serait limitée pour des raisons économiques, non pas par la disponibilité de ressources. En effet, un curieux mécanisme fait qu’il n’est jamais rentable d’exploiter certains gisements. Et ce phénomène nous condamnerait à une série de crises sans fin.
La recherche suggère que lorsque les prix du pétrole atteignent un niveau suffisamment haut (estimé par Steven Balogh à 85$ le baril en dollar 2009), le prix élevé du pétrole commence à faire basculer l’économie dans la récession, la récession contre le mouvement de hausse, le prix du pétrole baisse. Avec le temps, ce prix augmente de nouveau, jusqu’à ce que la hausse mène une fois de plus à la récession. Ce cycle de hauts et bas conduit à une oscillation des prix du pétrole, qui ne les fait jamais augmenter suffisamment pour accroitre réellement la production. Cette impossibilité d’atteindre des prix suffisants fait aussi que l’énergie renouvelable ne devient jamais concurrentielle.
Étrangement, ce simple mécanisme serait suffisant pour fournir une explication alternative aux crises actuelles. Les lois du marché font que l'économie n'aura jamais assez d'énergie pour ses besoins ?

Compléments :  
  • À approfondir : Getting Started | Our Finite World (Merci à Dennis Meadows de m’avoir fait découvrir les travaux de Gail Tverberg, qui méritent d’être regardés de près.)

Langage digital d'entreprise

Jeudi, l'Institut de la qualité de l'expression de Jeanne Bordeau présentait l'étude qu'il a réalisée sur le langage digital de l'entreprise. Comment s'exprime-t-elle sur Internet ?

Mal. Si vous enlevez le logo, vous ne savez plus qui parle.

Une société sans mal peut elle exister ?

Je me demande si un grand nombre de gens que je lis n'ont pas fini par penser que seule une catastrophe peut nous débarrasser de notre addiction au mal, ou des vices de notre société. (Suite de ma réflexion.)

J’en doute. Une société post chaos serait probablement un monde à la Mad Max. L'idée du mal y aurait un net avantage concurrentiel, d’autant plus que ce qui bloque la croissance aurait été éliminé, la planète ayant été vidée d’une partie de sa population. Comme le dit The Economist, les crises renforcent le capitalisme.

Elinor Ostrom a mieux à proposer :

Sauvés par Elinor ?

Elinor Ostrom s’est intéressée à la gestion d’un « bien commun » par une population. Elle s’est rendu compte que quelques règles permettaient de la réaliser (voir compléments). Dans notre cas, le « bien commun » est peut-être « Gaia », l’écosystème planétaire condition de la prospérité de l’espèce.

Ce qui me frappe en lisant « Cradle to Cradle » est que nous commençons à avoir un des éléments nécessaires au modèle d’Elinor Ostrom. À savoir une forme de modélisation de l’interaction entre l’homme et la nature : aujourd’hui nous produisons des déchets nuisibles, alors qu’il faudrait qu’ils soient utiles, que ce ne soit pas des déchets. Et, nous avons les moyens de passer d’un mode de fonctionnement à l’autre.

Bien sûr, mettre en place un tel système est un changement (au sens de ce blog) extrêmement complexe. La crise de la zone euro n’est certainement qu’une aimable plaisanterie en comparaison. Mais, au moins, nous avons une lueur au bout de notre tunnel.

Compléments :
  • Lecture obligatoire : Governing the commons.
  • Autrement dit le bug de fonctionnement de l’espèce humaine est de croire que la mort doit suivre la naissance, alors qu’une espèce peut-être éternelle et se réincarner continument. (L’éternité me semble un peu longue, disons plutôt quelques milliers d’années.)
  • Quant à notre avenir il pourrait réaliser les rêves de Rousseau et de Lévi-Strauss : une communauté en équilibre avec son écosystème. Mais une communauté mondiale, non pas une tribu.
  • Quand au mal, il ne faut pas l’attaquer, ou le déplorer, mais l’ignorer. Il a fait son temps.

Les médias sociaux peuvent-ils révolutionner la communication de crise ?


Le cas. L’entreprise doit-elle avoir peur des médias sociaux ? Des rumeurs fausses peuvent-elles s’y propager ? Si oui, que faire ?

Quoi qu’ait pu nous faire penser le printemps arabe, Internet n’apporte pas du nouveau à la communication de crise, mais du différent. En fait, il donne le pouvoir de s’informer et de s’exprimer à l’individu, à l’isolé, au petit.
 
Cela peut être pour le meilleur, ou pour le pire. En tout cas, cela peut soulever des lames de fond, comme le montre un affrontement récent entre Greenpeace et Nestlé.

Que doit faire l’entreprise ? Elle doit écouter d’abord. Ensuite, face à une crise, il n’y a pas de seule bonne solution. Elle peut répondre, ou non, à une rumeur qui enfle. Ça dépend des cas. Mais sa communication doit être conforme à sa stratégie. Et elle ne doit pas oublier que « Internet est un moyen » parmi tous ceux dont elle dispose pour mettre en œuvre cette stratégie.

Oui, mais comment être à l’écoute de milliards d’Internautes ? Il y a des outils pour cela et des spécialistes. 

Peut-on stopper la croissance ?

Dennis Meadows (suite de la série qui lui est consacrée) a voulu arrêter la croissance pour éviter le chaos. C’est inattendu de la part d’un spécialiste de la systémique.

Bien sûr, l’idée phare de la systémique c’est : « le problème c’est la solution ». Dans ce cas, le problème semblait la croissance, il fallait arrêter de croitre. Mais comment peut-on s’opposer à ce sur quoi repose toute notre société ?

Alors, il en est arrivé à une seconde idée de la systémique : détruire le système vicié en le laissant aller au bout de sa logique suicidaire. Oui, mais là c’est non assistance à personne en danger.

Mais pourquoi ne pas utiliser le judo ? Faire de la croissance une bonne chose ? Or, qu’a-t-elle de dangereux ? Le fait qu’elle est fondée sur le gaspillage, et sur le bien matériel.

Mais il est tout à fait concevable d’imaginer une société sevrée du matérialisme et qui consomme des services, de l’immatériel ! Comme le dit Dennis Meadows, notre société doit maintenant passer du quantitatif au qualitatif, au développement de son être, non plus de sa taille. Eh bien, pourquoi ne pas encourager la production des biens immatériels qui favorisent cet épanouissement ? Et en plus ce serait bon pour la France, qui est le champion mondial de la culture !

Compléments :
  • Sur la systémique : Changement de deuxième ordre.
  • De manière intéressante, le modèle de développement social que semble utiliser D.Meadows est la pyramide de Maslow : la réalisation de l'individu (le fait qu'il devient ce qu'il doit être) a pour condition nécessaire la satisfaction de ses besoins physiques. 



jeudi 21 juin 2012

La Grèce fait appel aux Cosaques ?

Aperçu du fonctionnement du chemin de fer grec :
l’OSE (2500 km dont une bonne partie en voie étroite) n’assure que 0,5 % du transport passager et 2,5 % du transport fret. Surtout, alors que ses recettes ne sont que de 100 millions d’euros par an, ses dépenses atteignent 1 milliard d’euros annuellement (…). La dette cumulée de l’OSE atteint au moins 10 milliards d’euros (soit 400 millions d’euros d’intérêts par an, ce qui représente quatre fois ce qu’il perçoit en revenus). (…) La raison de cette gabegie ? Les salaires des quelque 5000 employés qui pèsent 300 millions d’euros. (…) le salaire moyen hors charges sociales des heureux cheminots grecs s’élève à 47.000 euros par an (…) certains conducteurs de train (quasiment vides) touchent plus de 100.000 euros par an. En dix ans, les salaires ont augmenté de 50 % sans aucune augmentation de la productivité... Le coût de l’entretien d’un réseau ubuesque (…) explique le reste de ce déficit abyssal. (Les coulisses de Bruxelles.)
Effet de l'entrée dans l'euro ? En tout cas, l’État grec n’a pas le courage de réformer son chemin de fer. Il pourrait le donner aux Chinois ou aux Russes. Eux savent se faire respecter… 

Marketing VIP Lounge

Hier soir, l'éditeur de logiciel de marketing Aprimo (Terada) a lancé son premier Merketing VIP Lounge. Son objet est de faire un point sur les dernières problématiques de marketing. Hervé Kabla en a fait un remarquable compte-rendu, je n'en dirai donc que quelques mots :

Fullsix y a présenté les intérêts (et la complexité) de la communication multicanal, de Bijenkorf (grands magasins de luxe hollandais - ce qui veut dire apparemment La ruche), comment le marketing de l'enseigne a pris en compte Internet. Et j'ai conclu (en 19'50''), en expliquant comment mener ce type de changement.

Ce que j'ai retenu, surtout, c'est le bon sens de De Bijenkorf. Son projet a fait l'objet d'une phase pilote, qui avait pour but non seulement d'évaluer sa rentabilité, mais aussi de tester toutes les idées reçues de l'entreprise ! Une fois convaincue, et débarrassée de ses préjugés, elle a pu passer au déploiement sans arrières pensées.

Des participants m'ont demandé pourquoi les entreprises ne suivaient pas les recommandations de mes transparents, ou l'exemple de De Bijenkorf, et s'entêtaient à rater leurs changements. J'ai dit que la cause en était probablement culturelle. En France, le dirigeant est supposé omniscient.

Le mal a-t-il du bon ?

Nous sommes minés par la conscience du mal, disait un précédent billet. Notre société est fondée sur ce principe, et, littéralement, nous en crevons.

Mais le mal n’a-t-il que des défauts ? Sauf peut-être chez quelques tribus vivant en harmonie avec leur écosystème, l’histoire de l’espèce humaine n’a été que successions de croissance et de décroissance. Par exemple, Moses Finley semble croire que la survie de la Grèce ne tenait qu’à une conquête territoriale continue, qui devait bien s’arrêter un jour. Il est possible qu’il en ait été de même pour Rome.

Ce que la révolution industrielle semble avoir eu de vraiment nouveau, c’est qu’elle a été le point de départ d’une croissance sans à-coup de la population, non marquée par les usuelles épidémies et autres drames naturels.

Bref, le mal peut avoir eu du bon. Dans un premier temps, un repli sur soi était peut-être nécessaire, l’expansion étant devenue impossible. Dans un second, le mal tel que le conçoit le protestantisme a conduit à sortir la démographie humaine de ses cycles malthusiens.

Maintenant, nous sommes arrivés au bout de la logique du mal, il va falloir trouver une autre idée. (à suivre)

Régler la crise de l’énergie

« Cradle to cradle » ne règle pas la crise de l’énergie. Ou, plutôt, il semble penser que cela se fera pas à pas, et que l’on finira par en revenir au circuit énergétique qui alimente le reste de la nature.

C’est probablement juste. Si ce qu’il appelle « le produit comme service » est adopté, tout un tas de choses pourront devenir quasi éternelles. Par conséquent, la production mondiale et, corrélativement, son besoin d’énergie se réduiront massivement. Nous entrerons dans le domaine de compétence des énergies renouvelables.

Il y a 30 ans, j’ai fait une étude sur l’énergie solaire, à laquelle on croyait beaucoup à l’époque. Curieusement, cette étude, qui n'était qu'un exercice scolaire, n’a aujourd'hui rien de ridicule. J’avais constaté que ce que l’on appelle maintenant les clean tech étaient à des années lumières de produire une part significative de nos besoins en énergie. Par contre, en adoptant des recettes aussi vieilles que le monde, il était possible de réduire massivement notre consommation. Par ailleurs, les pays en développement avaient de faibles besoins en énergie, qui pourraient être satisfaits par des techniques rustiques et anciennes.

Enquête sur la fin du monde, et sur Dennis Meadows

J’ai pris contact avec Dennis Meadows (homme charmant !), un des auteurs de Limits to growth, afin d'approfondir sa pensée. Du coup, son éditeur m’a transmis tout ce que la presse a dit de lui lorsqu’il est passé en France en mai, à l’occasion de la sortie de la 3ème édition de la version française de son livre.

Conclusion ? La croissance n’est pas soutenable. Comme nous ne sommes pas capables de la contenir, elle s’arrêtera toute seule, lors d’un méga crash. (En fait, il aurait fallu bloquer le PIB à son niveau de 75.) Bref, il va falloir construire une société capable d’encaisser les chocs. C’est la résilience.

Il identifie six moyens de construire cette résilience : 1) stocks / réserves, 2) solidarité et réseaux, 3) redondances, 4) réduction de notre consommation à satisfaction équivalent, 5) protections, 6) veille.

Piste intéressante : le monde doit passer de la croissance quantitative, au « développement », qui est une croissance qualitative. Métaphore : l’enfant grandit, puis l’homme s’épanouit, « il se développe intellectuellement, culturellement ». La société doit faire de même.

Compléments :

mercredi 20 juin 2012

Nos socialistes sont-ils révolutionnaires ?

J’entendais ce matin Henri-Gérard Slama dire que, probablement seuls au monde ?, nos socialistes rêvent de renverser le capitalisme. Seraient-ce les derniers des Marxistes ? En tout cas, ce dogmatisme antédiluvien est un obstacle à de bonnes relations avec Mme Merkel.

Curieusement, je n’avais pas compris que Jean Jaurès avait cette vision des choses. D’une part, lui qui était un éminent philosophe (entré mieux classé que Bergson à Normale sup), ne semblait pas juger l’œuvre de Marx avec une grande admiration. Ensuite, il paraissait surtout chercher « l’épanouissement » de l’homme. Un moyen, pas une fin. Mais je ne suis pas un spécialiste. 

Le mal est-il le moteur du capitalisme ?

Notre société est convaincue que l’homme est porteur du mal. Cela le pousse à « faire le mal », à se comporter de manière irresponsable. Je n'arrête pas de retomber sur cette thèse:
  • Elle est avancée par Sumantra Ghoshal comme cause de la bulle Internet. Il montrait que l’économie et les sciences du management faisaient l’hypothèse que l’individu devait être contrôlé, qu’on ne pouvait pas lui faire confiance. 
  • On la retrouve chez Marshall Sahlins et dans « Cradle to cradle », dans une formulation – nous nous aveuglons pour ne pas agir - proche des idées de Jean-Baptiste Fressoz (qui, lui, ne parle pas de mal).
Croire l’homme porteur du mal, a pour conséquence, disent les auteurs de « Cradle to cradle », que, tout occupé à sa repentance, il ne peut être révolutionnaire. Et si c'était là que se trouvait l'avantage concurrentiel de cette idée dans la sélection naturelle des idées ?
  1. En période de chaos (moyen-âge), cela permet à l’homme d’accepter un sort qu’il ne peut pas changer ; 
  2. cela fait aussi les affaires du puissant, dont les prérogatives ne sont pas menacées.
Mais, le coup de génie du mal a peut-être été le passage du catholicisme au protestantisme: 

Si l’autre est le mal, nous faisons son bien en lui infligeant les pires peines, par exemple en tirant de plus en plus de productivité de lui – la croissance, principe n°1 de l'économie – ou de richesses de la nature. Le mal est le moteur de l’innovation !

D’ailleurs, punir l’espèce humaine, n’est-ce pas le seul moyen de ne pas être le mal ? N'est-ce pas, aussi, faire le travail de Dieu ? Ne voyons-nous pas sa satisfaction dans les énormes récompenses matérielles qu'il nous octroie ? se disent peut être les maîtres du monde.

Alors, faut-il croire, au contraire, que l'homme est porteur du bien ? Il me semble plutôt que l’homme n’est ni bien, ni mal. L'existence précède l'essence, qui est sociale : l'homme n’est rien, a priori, il se construit en construisant le monde. Et, à mon avis, il ferait bien d’éviter le mal comme principe architectural…

Compléments :
  • Ghoshal, Sumantra, Bad Management Theories Are Destroying Good Management Practices, Academy of Management Learning and Education, 2005, Volume 4, n°1.

Le Grec n'est pas malhonnête

Paul Krugman observe que la Grèce était un pays honnête avant d'entrer dans l'euro. Elle était même parvenue à se développer à un rythme chinois. Mais voilà, la zone euro a été mal conçue: elle n'a pas, comme les USA, de dispositif pour maintenir l'équilibre financier des ses Etats. D'où spéculation et crise.

Bref, il serait bien que l'Allemagne (et les autres européens) arrête de se méfier de la Grèce, reconnaisse ses erreurs, et assume ses responsabilités...

Les bienfaits de la méditation

On n’a jamais autant parlé de méditation. Le jardin du Luxembourg n'a jamais autant compté de pratiquants des gymnastiques chinoises. Fait de société : si je comprends bien, le principal bénéfice de la médiation est de combattre les conséquences du stress (par exemple maladies cardio-vasculaires, trouble des fonctions digestives, reproductives...).

Qu’est-ce que méditer ? Apparemment, c’est déconnecter nos mécanismes de pensée ordinaires. (Mettre en veille la partie « supérieure » du cerveau ?) C'est soit se fondre dans le mouvement de la nature, soit se plonger dans sa propre vie interne.

Compléments
  • Le paysan tibétain semble méditer naturellement. Peut-être était-ce le cas des paysans de l’ancien temps : ils étaient plus mus par la nature que par leur propre volonté ? Ou plutôt leur volonté s'était fondue dans celle de la nature ? Est-ce pour cela qu’ils n’avaient pas besoin de vacances, alors qu’elles nous sont absolument nécessaires ? Ils ne subissaient pas de stress. Le stress: signe que l'on nous impose quelque-chose qui est contre nature ?

mardi 19 juin 2012

Quand l’intello manœuvre le peuple

Une série télé des années 70 – 90 semble avoir fait baisser massivement les naissances brésiliennes. Les héros avaient un enfant alors que la famille de l’époque en avait 6, en moyenne.

La série avait été écrite par des « artistes progressistes ».

Du pouvoir de la télévision sur les masses, et de celui de ceux qui savent l’infiltrer ?

L’histoire vient de Banerjee, Abhijit Vinayak, Duflo Esther, Poor Economics: A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, PublicAffairs 2011.

Grève à la radio

Hier, la radio publique est en grève. Je m'interroge.

A-t-elle attendu le résultat des élections pour se mettre en grève ? Cadeau fait aux socialistes ?

Mais, alors, curieuse façon de faire des cadeaux. Pourquoi commencer par une grève ? N'y a-t-il pas d'autres moyens de s'exprimer, à un moment où le gouvernement a un mal fou à faire croire à Mme Merkel que la France est autre chose qu'une République bananière doublée d'un panier percé ?

Si les usines d'armement ont pu faire grève au moment de la guerre de 40 (cf. L'étrange défaite de Marc Bloch), ce n'est pas en paix que nous allons renoncer à nos rites culturels ?

Du berceau au berceau, pour éviter le désastre écologique ?

J’enquête : peut-on éviter Apocalypse 2030 ? Une thèse surprenante (BRAUNGART, Michael, MCDONOUGH, William, Cradle to cradle, remaking the way, we make things, Vintage, 2008). Best seller, en Chine en particulier ; ses principes sont appliqués par de grandes entreprises, et la Hollande en ferait un usage systématique… Et nous, alors ? Ce que j’en retiens :

Pourquoi détruisons-nous la nature, et menaçons nous la survie de notre espèce ? Parce que nous faisons le contraire de la nature. Elle ne crée pas de déchets. Ce que produit une espèce est utile à une autre. La particularité de l’homme est de générer de la toxicité. En grande partie parce qu’il mélange ce qui ne devrait pas l’être. Pire, pour produire 1, il détruit 20.

Les effets pervers de la réglementation et de l’écologie

Le plus étrange est que nous dépensons des trésors d’ingéniosité pour nous masquer le danger :
  • Notre réglementation est contournée dans tous les sens. Par exemple, par la sous-traitance aux pays émergents, qui n’appliquent pas nos normes. Du coup les produits que nous utilisons émettent des particules extrêmement dangereuses. L’air intérieur de notre habitat serait particulièrement vicié. Autre exemple : l’amiante est interdite pour les disques de freins, elle a été remplacée par un produit plus dangereux encore !
  • Mais l’être le plus nuisible est l’écolo. Tous ses bons sentiments ne servent qu’à nous abuser. Par exemple ? Le recyclage de produits qui n’ont pas été prévus à cet effet a des conséquences redoutables.
  • Et il y a aussi cet écoterrorisme intellectuel, qui veut nous convaincre que l’homme détruit la planète, qu’il doit s’excuser d’exister. Il nous paralyse, alors qu’il faudrait au contraire réagir vigoureusement.
En fait, les principes mêmes de notre société semblent viciés. La Révolution industrielle est née dans un pays qui croyait que l’homme et la nature sont le mal. Peut-être pour les punir ? la forme de société qui en a résulté uniformise et détruit tout.

Parce que notre civilisation croit au mal, elle fait le mal ?

Devenons créatifs et heureux

Comment se sauver ? Suivons les lois de la nature : concevons des produits dont les déchets nourrissent le vivant, comme le fait un arbre. Principe fondamental. Fin du gaspillage des ressources naturelles. 

Surtout, la nature encourage la diversité. Une diversité riche, c’est une vie forte. Et, la force d’une espèce, plutôt que la simple capacité d’adaptation darwinienne, c’est son aptitude à s’insérer et à tirer parti au mieux de son environnement, des interrelations avec son écosystème. Enfin, la nature aime la redondance : c’est ce qui fait sa résilience, mais aussi lui donne la capacité d’innover.

Deux idées complémentaires. Tout d’abord, le « produit-service ». L’idée est de n’avoir que la jouissance d’une voiture, par exemple. Le fabricant en a la propriété. Si bien qu’il la conçoit pour qu’elle soit, elle ou ses composants, quasi éternelle. Idem pour un détergent.

Ensuite. Exploiter au maximum la diversité locale. Cela a pour avantage supplémentaire de forcer à la responsabilité : on paie plus facilement ainsi pour les conséquences de ses actes.

Non seulement l’homme n’a plus à s’en vouloir d’être en vie, mais il devient créateur de diversité. Achetez ce livre !

lundi 18 juin 2012

Europe : match France Allemagne ?

A quoi tient l'avenir de la zone euro ? La France veut une solidarité financière, sans perdre sa souveraineté. L'Allemagne estime que cela est impossible. Il faut un gouvernement européen qui impose des règles communes et qui empêche un pays de se laisser aller à la débauche financière. Cela va de pair avec un réel contrôle démocratique.

Conséquences ? Même âge de la retraite partout, dépenses publiques uniformisées... (Zone euro : ce que veut Berlin - Coulisses de Bruxelles.)

Cela est-il aussi simple que cela ? Non, car si le modèle de la pensée Merkélienne sont les USA, ses Etats ne fonctionnent pas ainsi. En particulier, ils semblent avoir une forte autonomie (certains possèdent la peine de mort, pas d'autres, par exemple), et la capacité à la faillite. Il n'y a pas de discipline financière commune, à mon avis, mais quelques mécanismes d'ajustement, et une bonne volonté partagée. (Relisons Tocqueville.)

Autrement dit, je soupçonne qu'on est en face d'un affrontement d'idéologies : d'un côté un modèle germanique, de l'autre une vision française du dirigisme d'Etat.

Ce n'est pas comme cela que l'on négocie. Il faut passer du comment au pourquoi. Sans quoi on s'étripe sans se comprendre. Une fois que l'on est d'accord sur les principes, alors on peut discuter posément et efficacement de mise en oeuvre. En outre, il faut simuler le changement en entrant dans son détail. Sans quoi ses vices de forme nous éclateront, une nouvelle fois, à la figure. Et il faudra aller de crise en crise. Chacune pouvant être fatale.

Hollande gagne, Sarkozy perd ?

Il semble que The Economist a vu juste : François Hollande est le gouvernant européen ayant le pouvoir le plus solide. L'Homme Normal est en position de Dirigeant de Droit Divin, comme de Gaulle et Louis XIV. L'excuse n'est pas permise, dans ces conditions. Et le pays, devenu totalement irresponsable, est à son plus critique. En outre, c'est au moment où Mme Merkel a pu gouverner avec des alliés de son choix que ses difficultés ont commencé... Les contre-pouvoirs ont l'avantage de diluer les responsabilités et d'aider à penser.

J'ai aussi l'impression qu'au sein de l'UMP la tendance Sarkozy a essuyé un revers. Cela signifie-t-il que c'est plus lui que son parti qui a perdu les présidentielles ?

Compléments :
  • J'ai aussi entendu Mme Aubry attribuer la défaite de Mme Royal à une traîtrise : les votes de la droite et de l'extrême droite. Discrimination ? Le votant à droite serait-il un pestiféré, un non-Français ? me suis-je demandé. La gauche va-t-elle gouverner pour les siens ?

Pense-t-on par soi-même ?

Ce blog m’a sorti du néant intellectuel. J'étais muré dans mes certitudes, me dis-je aujourd'hui. Grâce à lui, j’ai découvert beaucoup de problèmes difficiles à résoudre. Mais, pour autant, est-ce que ma pensée a évolué ? Deux observations m'affirment, paradoxalement, que non :
  1. Depuis toujours, je suis assez proche de l’opinion majoritaire et de ses nuances fortes, avec toutes leurs fluctuations. Pas de changement ici.
  2. J’ai mal connu mon père, homme très discret. En particulier, une (petite) partie de sa vie échappait à sa famille. Il lisait beaucoup, mais ne parlait pas de ses lectures. Je me demande maintenant s’il ne menait pas une réflexion sur des sujets de société. En fait, il s’intéressait au même type de livres que moi, aujourd’hui. Et je me demande s’il ne poursuivait pas le même type d’interrogations, et s’il ne le faisait pas de la même façon : par enquête bibliographique. Il est même possible qu’il ait eu les mêmes sujets d’indignation épidermique que moi. Mais, contrairement à moi, cette quête était personnelle. Il ne cherchait pas à changer le monde. Héritage de ma mère.
Quatre hypothèses :
  1. Ma réflexion n’a pas eu d’impact fort sur ma façon d’agir. Je reste marqué par mes origines.
  2. Justement, je suis resté attaché à mes origines, et non à la culture des classes dirigeantes françaises.
  3. Nos décisions non raisonnées sont peut-être raisonnables, puisque la raison ne parvient pas à les remettre sérieusement en cause. La raison rationalise l’inconscient ?
  4. Pour que le travail de la raison change vraiment le cours de notre vie, il faut qu’elle ait eu le temps de construire une sorte de modélisation du monde qui lui donne un avantage concurrentiel. Est-ce ce que les scientifiques entendent par le fait qu’il faudrait dix ans pour faire un génie ? 

Dieu et le sens de la vie

Jeudi matin j’entendais un écrivain portugais reprendre l’idée de Dostoïevsky selon laquelle sans Dieu la vie n’a pas de sens. Je n’en suis pas sûr.

Pour moi le besoin de sens est propre à la raison humaine. Sa caractéristique est de mettre tout en lois. De ce fait, elle a besoin, par souci de cohérence, d’une raison supérieure et bienveillante.

Mais ce n’est pas l’unique moyen de lui éviter la folie. En effet, l’homme crée une société rationnelle, à son image. En tenant compte de quelques contraintes, naturelles, il construit, donc, le sens de son existence. D’une certaine façon, elle ne se justifie pas par son passé, mais par son avenir. Il est responsable de son sort. 

dimanche 17 juin 2012

Zone euro contre nature ?

Arrêtons l’acharnement thérapeutique. Mettons un terme aux souffrances de la zone euro. Achevons-là, dit Dennis Meadows.  Beaucoup d’Américains pensent comme lui : aucune union monétaire n’a jamais tenu.

Mais un pays n'est-il pas une union monétaire ? L’Inde, la Chine, les USA sont comparables à l’Europe et ne sont pas menacés de chaos. Par contre, la Belgique, si.

Tout ceci a une raison : la confiance. Les Américains ont confiance les uns aux autres, ce qui fait qu’un État peut en subventionner massivement un autre, sans que ça ne pose de question à personne. Il en est de même en France : qui voudrait de la Corse ou de la Corrèze si la France était une union comptable ?

Toute notre crise ne tient qu’à cela : confiance. La confiance commence par un acte de foi. Mais un acte de foi qui n’est pas totalement irresponsable. Il est basé sur un raisonnement, inconscient, à long terme : peut-être aurons-nous besoin d’eux un jour ? Peut-être cela vaut-il la peine que nous les aidions aujourd’hui ? C’est le raisonnement dont sont faites les familles. Mais la confiance, cela se maintient aussi. Par la force de la pression sociale. Il est extrêmement difficile de jouer les parasites lorsque l’on appartient à une équipe…

Bref, ce qui se joue a peut-être deux faces : 
  • ai-je envie d’un monde où j’aimerais les Grecs ou les Allemands comme j’aime les Corses ou les Corréziens ? 
  • Quel type de lien social dois-je installer pour m’assurer qu’on n’abuse pas de ma confiance ?
Compléments :

L'inconscience comme réponse à la montée des risques

L’effet de serre, décrit en 1855 ! Depuis toujours l’homme sait les risques du progrès. Il en avait aussi peur hier qu’aujourd’hui. Mais, au lieu de prendre le taureau par les cornes, il préfère se bercer de mots. Il parle « de croissance soutenable », de « seuil de risque »… Le danger est transformé en argument de vente.

Mieux, le discours sur le « post modernisme », l'annonce d'une catastrophe imminente, conséquence inéluctable d'un progrès irresponsable, est en fait un encouragement à la passivité : le monde ne va-t-il pas se débarrasser, sans notre concours, de tout le mal dont est porteuse notre société de consommation ?

Voilà ce que je comprends de la thèse de Jean-Baptiste Fressoz : Les leçons de la catastrophe - La Vie des idées.

Compléments :
  • « L’histoire du risque ici racontée n’est pas celle d’une prise de conscience, mais celle de la construction d’une certaine inconscience modernisatrice. » dit l'éditeur du dernier livre de Jean-Baptiste Fressoz, L'apocalypse heureuse.