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lundi 31 octobre 2011

Nouvelles du mois

La crise en Europe. Comme le dit notre président, elle pourrait avoir atteint une phase où elle va demander du courage pour être résolue. Ne met-elle pas les dirigeants européens en face de ce qu’ils se cachaient depuis fort longtemps ? (France : le piqué ?, L’Angleterre rit de son malheur ?, Italie et changement, Stratégie française, Stratégie allemande, Démocratie et crise, Fin de la crise de la zone euro ?, Irlande tirée d’affaires ?, Islande tirée d’affaires, L’Europe déçoit, Panne de démocratie française, Banque malade, Slovaquie et Europe, L’envol de la BCE, Spéculation et banque centrale, Changement en Angleterre, Ayons peur : L’Allemagne soigne l’Europe par le feu ?) La crise entre (difficilement ?) dans le débat présidentiel : Sarkozy à Munich ?, Hollande et l’Europe, Hollande le barbare ?, Hollande, ce mystère, Politique de Sarkozy, Holbry, Mue du PS?, Le programme de M.Hollande ?, Tactique électorale.

Autres changements du moment : Élections en Tunisie, Somalie, Échanges Israël Palestine, Changement en Angleterre. Globalement, le mécontentement est général Indignés américains, Mouvements de mécontentement. Et le capitalisme est critiqué : Révolte contre le capitalisme ?. En tout cas, il est en panne : Où investir ?





Décès de Steve Jobs : Apple y survivra-t-il ? Microsoft achète Apple, Sale Jobs ?, Qui était Steve Jobs ?, Pauvre Jobs.


Le changement (Le libéralisme est bon ?, Le changement est bon, Qu’est-ce qu’un leader ?) et ses techniques (La sélection du donneur d’aide). Ce qu’il faut faire et ne pas faire (Changement permanent, Prix Nobel et crise européenneHP et le mythe du sauveur) …  Attention : le changement n’est pas une question d’idées : Blog trompeur.

France : le piqué ?

M.de Villepin joint ses forces à celles de M.Sarkozy. Les temps l’exigent.

Rejouent-ils le scénario du vol Rio-Paris : ils cabrent l’avion dans la mauvaise direction ? C’est pour cela que le manche résiste ?

C’est ce que semble penser Paul Krugman : la France est entrée dans un cercle vicieux (que ne devrait pas tarder à sanctionner le marché ?). (European Doom Loop - NYTimes.com)

L’Angleterre rit de son malheur ?

La crise européenne produit une forme d’orgasme de l’Angleterre thatchérienne.

A-t-elle raison de se réjouir ? Peut-être. Elle pourrait ne pas en avoir de nouvelle occasion avant longtemps.

La moitié de ses exportations va vers la zone euro ; la City, qui apporterait 2,5% de PIB d'excédent commercial à l'île, est promise à la décadence, si elle est distraite par l'incertitude européenne ; et que feront les multinationales qui considèrent l’Angleterre comme une plate-forme d’attaque du marché européen ?

Compléments :

Italie et changement

Les promesses de M.Berlusconi seront-elles plus qu’un écran de fumée ?
  • En Italie, le changement est toujours venu de l’extérieur.
  • M.Berlusconi est apparu après l’opération « Mains propres », qui a dévasté la classe politique italienne. Il demeure sans alternative.
  • Dans ce monde d’assistés (?) seul rayon de soleil : la banque d’Italie. Elle produirait une sorte de corps d’élite. Le nouveau président de la BCE en étant issu, peut-on espérer un miracle ?
(A tale of two Italians)

Évolution sociale

Nous sommes passés de l’ère de l’usager à celle du client, et maintenant à celle du coconcepteur, disait, en substance, un dirigeant.

Un esprit mal intentionné pourrait traduire ainsi cette phrase : après avoir été redevable au citoyen, l’entreprise l’a exploité, et maintenant, lui ayant fait les poches, elle va le mettre au travail ?

Peut-être que ce parcours a une cause commune ? Nous avons d’abord considéré le citoyen comme un assisté. Puis nous avons trouvé logique et moral que ce sous-homme paie pour ses crimes ?

Prochaine étape ? Découvrir que l’homme est respectable ? Retour, durable cette fois, à l’ère de l’usager ?

dimanche 30 octobre 2011

Stratégie française

Crise euro. La France est-elle plus habile que l’Allemagne ? Prolongement du billet précédent.

Le stoïcisme du peuple français est digne d’éloge : il accepte tous les sacrifices sans mot dire. Mais ce que nous gagnons à suivre l’Allemagne n’est pas clair.

Risque de perdre sur tous les tableaux ? Se faire haïr comme un laquais de l’Allemagne, payer les pots cassés de la crise, sans aucune récompense pour sa collaboration ?

Stratégie allemande

L’Allemagne a-t-elle raison de vouloir guérir l’Europe par la crise ?

Un ami pense que oui. Mon expérience lui répond non. Et que l’attitude allemande est culturelle.

L’Allemand justifie la fin par le moyen. Il est programmé pour concevoir et suivre des procédures. À la manière SAP. Mais, du coup, il ne sait pas où il va, et surtout s’il s’égare. Je l’ai souvent constaté.

N’est-ce pas le cas, ici ? L’Allemagne ne va-t-elle pas se mettre à dos l’Europe, alors qu’elle pourrait en avoir besoin ? Elle vit de l’export, il lui faut donc des clients en bonne santé ; et sa propre situation n’est pas saine : elle a parié sur l’énergie renouvelable, qui passe un triste quart d’heure ; sa démographie est préoccupante ; son système éducatif ne marche plus…

Surtout, mon expérience m’a montré qu’infliger un remède de cheval pour transformer une organisation ne fonctionnait pas. Il faut jouer le « domino » : donner un coup de pouce dès qu’elle a fait un pas dans la bonne direction. Cela l’encourage et accélère le changement.

Appliqué à l’Allemagne, ceci signifierait consommer pour faciliter le redémarrage des économies voisines.

Compléments :

Des bénéfices du blog

Pourquoi, de très grands économistes perdent-ils du temps à écrire des blogs ? Trois résultats :
  • Un lien venant d’un des huit principaux blogs américains améliore de manière significative le nombre de téléchargements et de consultations.
  • Écrire un blog améliore la réputation de l’auteur de manière significative par rapport à celle de ses pairs
  • Les blogs affectent l’opinion des lecteurs.
Bref, ça rapporte d’écrire un blog. (En fait, on observe ici les bénéfices usuels de la publicité.)

Mais pourquoi n’en est-il pas de même en Italie ? (et en France ?) Hypothèses : une familiarité faible avec l’économie ; un petit nombre de médias ; une méfiance innée vis-à-vis de l’individu ; un marché petit ; une économie de marché plus chétive qu’aux USA donc peu favorable à l’usage d’outils marketing comme le blog.

Homme Dieu

Ce qui permet à la société de fonctionner est le respect, par nous, de rites vis-à-vis de symboles sacrés. L’individu est l’un de ces symboles. De ce fait, nous sommes, et nous nous comportons comme, des dieux.

Voici ce que dit Erving Goffman, inspiré par Durkheim.

Compléments :
  • GOFFMAN, Erving, Interaction Ritual: Essays on Face to Face Behavior, Pantheon Books Inc, 2003.

samedi 29 octobre 2011

Sarkozy à Munich ?

F.Hollande reproche à M.Sarkozy d’avoir conclu un accord en trompe l’œil (sans le mécanisme qui aurait garanti que l’Italie ne puisse pas être attaquée par les marchés), et vendu l’Europe à l’ennemi, la Chine.

Notre président courage aurait-il rejoué Munich ?

Mais, la France est-elle capable d’entendre ce type d’argument ? Visiblement, M.Sarkozy pense que non, et qu’il faut lui parler à la façon « moi Tarzan, toi Jane ».

Surtout, M.Hollande se prépare-t-il à faire coller ses actes à ses paroles ? Comment va-t-il faire entendre raison à la Chine et à l’Allemagne ? Comme M. de Villepin, lors de la guerre d’Irak : la crinière au vent, et en calbute ? 

Statue de la liberté

D’après Wikipedia voici ce que dit la Statue de la liberté (du moins le dernier paragraphe de la plaque qui est à ses pieds).
Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge,
Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
De ma lumière, j'éclaire la porte d'or !
Je me demande si l’Amérique ne conserve pas cette vision de l’Europe : culture incompréhensible, fantoches opprimant ceux qui ne demandent qu’à être d’honnêtes travailleurs, et se livrant à des guerres ridicules. 

Violence à Park row

Film de Samuel Fuller, 1952.

Idéal américain de la start up. Idéalisme, talent, détermination monomaniaque et audace, à la limite de la légalité, font le bien collectif et amènent la fortune. Et la violence fait partie du métier.

Où l'on voit aussi que l'idéal de la gratuité, un des grands moments de la Bulle Internet, était déjà présent à la naissance de la presse. De bons articles attireraient le lecteur, qui attirerait le publicitaire, qui ferait vivre le journal et la démocratie, puisqu'elle dépend d'une libre information...

vendredi 28 octobre 2011

Démocratie et crise

B.Obama s’impatiente de la stupide impuissance européenne.

Curieusement, il est lui-même impuissant, et pour les mêmes raisons que l’Europe : lutte entre pouvoir fédéral et États. (BBC News - Echoes of Washington in euro deal)

C’est une question de démocratie. Le principe du libéralisme est de protéger la liberté individuelle. Pour cela nos régimes démocratiques sont conçus, comme un équilibre de forces, pour paralyser toute tentative d'oppression.

À ce sujet, l’Allemagne trouvant l’Europe insuffisamment démocratique, en fait définir les règles par sa propre démocratie. (La zone euro roule des mécaniques - Coulisses de Bruxelles, UE)

Croissance et complexité

Le potentiel créatif d’un pays serait lié à la diversité de ses connaissances. The buidling blocks of economic growth: Complexity matters | The Economist

Cette idée semble être peu favorable à la globalisation : la prospérité d’un pays tiendrait beaucoup à son savoir propre. En outre, il ne serait peut-être pas judicieux de tuer des industries au motif qu’il y a moins cher ailleurs… 

Paris rend fou

Paris rendrait fou certains Japonais. Les causes ne sont pas claires : désillusion massive provoquée par la réalité ; effet destructeur du simple contact avec notre comportement national. SYNDROME JAPONAIS – Ces Nippons qui deviennent fous à Paris | Big Browser

Je me demande si le phénomène n’est pas similaire à celui qu’a traversé un ami libanais.

Il s’était imaginé que le Libanais chrétien était un Occidental oublié par les croisades. Il croyait, aussi, mieux connaître nos mœurs que nous-mêmes. Son comportement était bizarre, d’une certaine façon caricaturalement arabe (la femme comme chose…), mais il a longtemps été protégé par son diplôme de grande école, son charme libanais... Jusqu’à ce que les échecs s’empilent et qu’il se replie sur lui-même.

Le problème décrit ici semble donc venir d’une illusion, dont on n’arrive pas à prendre conscience, peut-être parce qu’elle remonte à très loin et qu’elle est devenue constitutive de son identité. Elle conduit à des revers à répétition. Le monde paraît alors privé de sens.

L’artiste comme start up

Finie l’époque où la maison de disques trouvait ses vedettes dans le caniveau.

Dorénavant elle va au secours de la victoire. L’artiste est devenu une start up. Il doit démontrer la rentabilité d’un modèle économique qui ne demande qu’un peu de cash pour s’étendre. D’ailleurs, les « managers » ressemblent de plus en plus à des business angels. Et de plus en plus d’artistes se passent d’éditeurs. (A new, improved hit machine)

L'art est devenu financier.

jeudi 27 octobre 2011

Fin de la crise de la zone euro ?

Les mesures qui viennent d’être prises par les gouvernants de la zone euro sont à mi chemin du consensus qui s’était dégagé chez les économistes. (En particulier, ils pensent déterminant un prêteur de dernier ressort pouvant garantir la dette des États solvables.)

S’ils ont raison, la crise ne devrait connaître qu’une accalmie. 

Tactique électorale

Un jour, le parti gouvernemental parle de morale, le lendemain, reprenant un argument de la droite américaine, il juge que M.Hollande serait ridicule en patron des armées…

Pourquoi ne voit-il pas que ces arguments peuvent être retournés contre le président ?

Parce que sa tactique est de laisser flotter des idées afin de sélectionner celles qui séduisent le peuple ? Il n’en envisage pas les conséquences : perte de crédibilité du président ?

PIB

Imaginons que l’on évalue les terres et ressources naturelles américaines du 15ème siècle aux prix actuels, et que l’on répartisse cette fortune sur ses peu nombreux habitants d’alors, j’imagine qu’on les trouverait fabuleusement riches.

On reproche beaucoup de choses au PIB, notamment qu’il ne mesure pas la destruction de ressources naturelles, revers de la production, et qu’il nous fait considérer comme nul ce qui est gratuit (comme l’amitié, la psychanalyse de l’homme bien portant). Mais je me demande si l’on a repéré qu’il générait une création de valeur à rebours.

mercredi 26 octobre 2011

L’informatique détruit l’emploi ?

Deux universitaires, a priori éminents, concluent que les technologies de l’information détruiraient l’emploi. Au moins aux USA. Elles auraient donné un effet de levier majeur sur le reste de la population à quelques « stars », les enrichissant massivement. (How IT Costs More Jobs than It Creates - Technology Review)

La preuve principale serait la courbe de l’emploi qui, pour la première fois depuis la dernière guerre, n’aurait pas progressé en une décennie. (Alors que la population du pays a cru de 9,7%.)

Science et manipulation

L’entreprise étudie ce que trahissent les mouvements de notre regard pour savoir quoi nous vendre, et comment nous le vendre.

Elle arrive aussi à mesurer nos changements de battements de cœur à ceux de la couleur de notre peau. (The all-telling eye)

Bref, notre subconscient est le champ de bataille des « marques ». 

Les droites aujourd’hui

Rémond, René, Les droites aujourd’hui, Points Histoire, 2005.

Sinistrisme : les idées politiques naissent à gauche et terminent, quand elles réussissent, à droite. Toutes les droites sauf une forme de droite fondamentaliste, « réactionnaire », pleurant sur le passé (originellement contre-révolutionnaire), sont nées à gauche.

La droite libérale, initialement orléaniste, la droite « bonapartiste », dirigiste et populiste, ont été rejointes par des courants radicaux et démocrates chrétiens.

En fait, ces lignes de pensée ne semblent pas définir des mouvements mais plutôt être plus ou moins présentes dans chacun d’entre eux. Ce qui compte peut-être plus est ce qui différencie la gauche de la droite.

Il s’agit d’une attitude à l’homme et à la société. Pour la gauche, qui se définit avant tout par la défense de l’individu, l’homme serait naturellement bon, et doit être laissé à ses aspirations ; ses malheurs sont dus à la société. Pour la droite, l’homme est naturellement mauvais et doit être maintenu dans le droit chemin par la société et ses traditions. En découlent des affrontements quant à la famille, aux mœurs, et à l’autorité.

Tout n’est pas de gauche ou de droite, mais il est bien difficile de ne pas prendre position. Exemple : gaullisme des origines, qui a été aspiré à droite.

mardi 25 octobre 2011

Progiciel de gestion

Une société a du mal à se faire payer par ses clients. Pour que ses factures lui soient réglées, il lui faut accomplir une véritable enquête.

Exemple. Filiale française d’un groupe allemand. Le processus de facturation est géré par un progiciel de gestion. La commande est passée par la filiale, mais doit être approuvée par la maison mère. Approbation informatique, qui doit être rapprochée du document initial (ce qui ne semble pas aller de soi) pour déclencher le paiement. Le processus se déplace alors en Inde. Malheureusement, non seulement la rigueur n’y est pas celle qu’attendaient les concepteurs allemands du logiciel, mais, du fait du décalage horaire, il est difficile d’y trouver un être humain capable de remédier à un éventuel dysfonctionnement.

Résultat d’un « changement » inadapté à la nature d’une organisation ? Peut-on y voir quelques-unes des causes des difficultés européennes du moment ? 

Survie du vendeur

Il y a quelques années on parlait « d’infomédiaires » : des intermédiaires numériques possédant des informations tellement intimes sur leur marché qu’ils sauraient aller au devant de ses désirs inconscients.

On parlait aussi de CRM, un logiciel capable « d’orienter » mécaniquement l’entreprise en direction du besoin.

On découvre aujourd’hui que l’on n’a jamais eu autant besoin de vendeurs… (The art of selling)

Mais l’art de la vente avait-il disparu ? Ou servait-il à nous faire gober des balivernes ?

La sélection du donneur d’aide

Pourquoi est-on si souvent repoussé par celui que l’on veut aider ? Parce qu’il ne lui est pas évident que vous vouliez son bien. Il doit chercher à savoir :
  • Si vos intérêts sont conformes aux siens, afin de vous prendre comme confident : intérêt, personnel ou collectif ; pour qui travaillez-vous… ?
  • Si vous pouvez lui être utile : avez-vous déjà résolu les problèmes qui le préoccupent ?
Et voilà le compliqué : il ne lui est pas possible de vous dire qu’il est en difficulté. Car, si vous n’étiez pas une personne de confiance, vous utiliseriez cet aveu pour lui nuire ! Donc, il doit tenir des propos trompeurs et indirects, quitte à vous égarer...

Techniques utiles ?
  • Règle sociale fondamentale : ne jamais faire perdre la face à votre interlocuteur. Traitez-le comme il demande à être traité. (Y compris s’il se proclame plus compétent que vous.)
  • Démontrez votre compétence de donneur d’aide. À chaque fois qu’il vous dit avoir un problème (bien entendu pas de son fait), cherchez à l’aider à le résoudre. Cela peut se faire en simplifiant au maximum la question, de façon à la ramener dans le domaine du réalisable ; en utilisant au mieux les moyens (notamment relations informelles) dont vous disposez.
  • Votre statut de donneur d’aide est accepté lorsque la tension de l’échange tombe et que votre interlocuteur se met à vous parler de ses difficultés. 

Compléments :
  • GOFFMAN, Erving, Interaction Ritual: Essays on Face to Face Behavior, Pantheon Books Inc, 2003.
  • SCHEIN, Edgar H., Process Consultation Revisited: Building the Helping Relationship, Prentice Hall, 1999.

lundi 24 octobre 2011

Élections en Tunisie

L’Islam aurait le vent en poupe en Tunisie et en Libye. Surprise ?

C’était le scenario qui me semblait le plus vraisemblable au début de l’année. Même si ce sont quelques intellectuels qui font la révolution, la démocratie donne le pouvoir à la majorité, dont les préoccupations sont terre à terre.

Va-t-on vers un modèle turc, iranien, autre (sachant qu’aucun des deux premiers n’est arabe) ? 

Les banques remises à leur place ?

Il n’y a pas qu’en Europe. Les banques américaines passent un mauvais quart d’heure. Quelques grands noms pourraient-ils disparaître ? (Darkness visible)

Le secteur financier est-il en passe de reprendre la place qu’il n’aurait pas dû quitter ? (voir premier paragraphe de La finance mondiale mort la poussière.)

Groupon entre en bourse

Groupon, spécialiste des commandes groupées, semble être une entreprise de main d’œuvre déguisée en une start up Internet. Son marché est local et ses coûts de marketing s’élèvent à 958m$ (pour 280m de pertes, et 1,69md de CA). En outre, il n’y a aucun avantage concurrentiel. (The dismal scoop on Groupon)

Mais le marché évalue la société à plus de 10md$. 

dimanche 23 octobre 2011

Hollande et l’Europe

J’entendais M.Hollande dénoncer le manque de détermination du gouvernement face à la crise européenne.

L’argumentaire ressemble beaucoup à ce que l’on trouve dans la presse étrangère, et pas du tout dans la nôtre.

Le PS aurait-il choisi l’option de course de considérer le Français comme un être intelligent ? Tente-t-il de prendre M.Sarkozy à contrepied ?

Irlande tirée d’affaires ?

L’Irlande fait l’admiration collective. Un régime de cheval l’aurait sortie de l’ornière ?

Mais l’économie du pays dépend massivement des exportations, à un moment de panne de la consommation européenne, et sa dette demeure à plus de 120% du PIB, ce qui en fait une cible pour spéculateurs. (Pig no more?)

Modèle économique, basé sur le parasitisme de la zone euro ?, à revoir ?

Industrie pharmaceutique

Discussion avec un spécialiste de l’industrie pharmaceutique. Elle ne saurait plus à quel saint se vouer.

Les pays riches ont connu une croissance de leur consommation médicale phénoménale, les USA absorbant jusqu’à 50% de la production mondiale. Mais maintenant, c’est fini. Les fonds d’investissement qui ont mis des sommes colossales dans des fusions de laboratoires en sont pour leur argent. Les pays émergents pourraient-ils être un nouvel eldorado ? Faut-il revenir aux fondamentaux du métier, à la science, à l’innovation… ?

Tendance identifiée dans les premiers temps de ce blog : certaines industries (finance et santé notamment) ont parasité la société ; elles doivent maigrir, et réapprendre leur art, pour retrouver le sens du raisonnable ? 

Élections à Cambridge

Pourquoi ai-je reçu une lettre de l’Université de Cambridge m’expliquant que je pouvais voter ?

Parce que le poste de chancelier est à pourvoir, et que les titulaires d’un master sont appelés aux urnes.

J’ai aussi appris que j’aurais pu aider un candidat à se présenter : il lui suffit de 50 signatures de gens comme moi.

Je n’ai rien fait, et le mari de la reine a été remplacé par un boutiquier, Lord Sainsbury des supermarchés. L’Université a besoin d’argent.

Compléments :

samedi 22 octobre 2011

Islande tirée d’affaires

L’Islande, grande pécheresse, semble bien mieux se tirer d’affaires que le Portugal ou l’Irlande.

Pourquoi ?

Elle n’a pas payé toutes les dettes de ses banquiers. Mais surtout son taux de change flotte. Ses salaires sont, en euros, à 60% de ce qu’ils étaient. (Why Not The Worst? - NYTimes.com)

L’économiste la donne en exemple. Mais qu’en serait-il du monde si on le suivait ?

Gaullisme de De Gaulle

Le Gaullisme « est une affirmation de la liberté contre tout déterminisme », en premier lieu celui de l’économie. « L’agent de cette liberté, qui la mettra en œuvre, c’est l’État ». Il est le représentant de l’intérêt général, et le seul capable de le réaliser. Comme jadis le roi, il fait respecter les droits du peuple par les barons modernes, puissances d’argent, syndicats, partis politiques... poussés par un appétit aveugle.

Cet État aime le progrès technologique, le changement et la réforme. N’étant rien sans l’unité de la nation, menacée par l’effet délétère de l’inégalité économique, il doit être un État social.

Le Gaullisme, comme la France qu’il est supposé incarner, n’est ni de gauche ni de droite. Peut-être parce que « le Gaullisme a besoin d’une personnalité qui l’entraîne » et que les successeurs de De Gaulle en manquaient, ils n’avaient pas les moyens de prolonger un tel projet, et ils sont partis à droite.

Voilà ce que je comprends du passage que René Rémond (Les droites aujourd’hui, Points, 2007) consacre au Gaullisme.

Blog trompeur

Ce blog donne une idée fausse de ce qu’est le changement.

Le changement n’est pas une question d’idées, mais de rigueur et d’un professionnalisme du détail infime, à l’allemande. Le succès est dans l’exécution, comme disait Napoléon. Le bon animateur du changement est un obscur.

Cependant, en procédant à l’envers de ce qui se fait actuellement, c'est-à-dire de bas en haut, il produit un changement efficace, qui tire le meilleur de ce que l’entreprise a d’unique, et, surtout, un changement qui est motivant, à la fois pour les employés et pour leur (top) management.  

vendredi 21 octobre 2011

Hollande le barbare ?

Le précédent billet comparait la Corrèze à l’Arkansas. Le Don et ses cosaques seraient peut-être plus appropriés :

Wikipedia écrit que le Limousin a connu son « apogée » du XII au XIIIème siècle, à l’époque de la domination anglaise. Puis, il cite Balzac :
À cinq lieues au-delà de Limoges, après les gracieux versants de la Vienne et les jolies prairies en pente du Limousin qui rappellent la Suisse en quelques endroits, et particulièrement à Saint-Léonard, le pays prend un aspect triste et mélancolique. Il se trouve alors de vastes plaines incultes, des steppes sans herbe ni chevaux, mais bordées à l'horizon par les hauteurs de la Corrèze.
On apprend aussi que les loups y rodaient au début du siècle précédent, et peut-être encore dans les années 70…

Sous une apparente bonhommie, François Hollande est-il à l’image des terres qui l'ont élu ? 

Hollande, ce mystère

Élu d’un département aussi arriéré que l’est l’Arkansas par rapport aux beaux quartiers de New York, que pense et qui est François Hollande ? se demande The Economist. (French politics: Sauce Hollandaise | The Economist)

Le succès de M.Hollande tiendra-t-il à sa bonne mine ?

Révolte contre le capitalisme ?

The Economist s’inquiète des mouvements de mécontentement qui couvrent le monde. Le capitalisme (la globalisation) pourrait-il en être victime ? Capitalism and its critics: Rage against the machine | The Economist

Peut-être une solution ? « Une étude par Patricia Justino de l’université du Sussex a examiné la relation entre inégalités et mouvements sociaux en Inde et a conclu que la redistribution peut stopper le mécontentement. Cela pourrait bien être le résultat des mouvements actuels ». (Economics focus: Unrest in peace | The Economist)

Le voleur

Film de Louis Malle, 1966.

Un polytechnicien victime d’une crise existentialiste trompe son ennui en volant le bourgeois. 

jeudi 20 octobre 2011

L’Europe déçoit

Une fois de plus les dirigeants européens semblent avoir fait le juste pas assez pour calmer la crise. (The euro crisis: Carla, Europa and the fable of two births | The Economist)

Sont-ils incompétents comme le pense la presse internationale ? Une succession de crises va-t-elle les forcer à prendre les décisions appropriées ? Ne peuvent-ils pas aller plus loin : ce que demandent les économistes est-il inacceptable pour le peuple (cas grec ?) ? La zone euro va-t-elle finir par exploser ? Fut-ce une utopie de trop ?

Compléments :

Télévision et apprentissage

Une exposition d’enfants de moins de deux ans à la télévision pendant plus de deux heures par jour serait associée à des difficultés de maîtrise du langage. (Au passage, on apprend que 39% des foyers américains laissent la télévision allumée du matin au soir.)

« Laissez les s’ennuyer un peu (…) c’est comme cela qu’ils apprennent à s’amuser et qu’ils font des découvertes, et c’est ainsi qu’ils peuvent penser librement ». (Vacuum Tube: Kids under 2 Should Not Watch Television: Scientific American)

La télévision plonge l’homme dans la passivité et l’empêche de se livrer aux tâches qui auraient cultivé son intellect ? La télévision, activité d'éteinte ?

Innovation mobile

Ces dernières décennies, l’innovation a été portée par les technologies de l’information et de la communication.

Après le PC, Internet, le smart phone, le « cloud »… Il paraît que l’avenir est à une électronique grand public, et qui s’adapte à l’homme, et non l’inverse.

Signe des temps, alors que l’innovation d’après guerre était tirée par la défense, celle-ci vient du marché.

Question : est elle une avancée aussi significative que les vagues d’innovation précédentes (les transports, l’énergie, les premiers progrès médicaux, l’électroménager…) ? Ou y a-t-il rendements décroissants ?  

Compléments :

Un poisson nommé Wanda

Film de Charles Crichton, 1988.

Ce qui est surprenant est l’apparition en milieu de film d’un personnage qui devient central à la fin. Après enquête, cela s’explique par le fait qu’il est le coauteur du film, et un Monty Python. Donc un homme que l’on aurait dû reconnaître immédiatement comme important.

L’Anglais est cultivé et coincé, et l’Américain inculte et sans complexe. Le fantasme de l’un c’est d’être l’autre. 

Réflexion pénétrante sur les curieuses relations américano-anglaises ?

mercredi 19 octobre 2011

Ruée vers le gaz de schiste

Du gaz de schiste est découvert dans un État américain. Les entrepreneurs locaux en tirent immédiatement profit, vendant des chaussettes chaudes, ou transportant des gravats. Des petites fortunes se font. Mais cela crée peu d’emplois : les personnels locaux ne sont pas suffisamment qualifiés. Et l’environnement ? On s’en fiche : au mieux, on surveille la qualité de l’eau que l’on consomme. (Hydraulic Fracturing Brings Money, and Problems, to Pennsylvania - NYTimes.com)

Au fond, l’Amérique n’a pas beaucoup changé, l’esprit de la ruée vers l’or y est toujours présent. La fin, faire fortune, justifie tous les moyens.

Nature d’Obama (suite)

En juin 2002, durant une crise budgétaire en Illinois, un sénateur de Chicago ouest, Rickey Hendon, plaidait avec l’énergie du désespoir pour épargner une réduction budgétaire à un centre de soin pour enfants de sa circonscription. Un sénateur junior de Chicago sud, Barack Obama, vote contre lui, en expliquant que des temps difficiles exigent des choix difficiles.
Dix minutes plus tard, Obama se lève, demandant que soit épargné un programme du même type, dans sa constitution, pour des raisons de compassion humanitaire.  Hendon, livide, s’en prend à Obama, dénonçant deux poids deux mesures. Obama devient livide, lui aussi. Ainsi qu’Hendon le raconte, Obama vint vers lui, « colla son visage irrité contre le mien » et me dit : « vous m’avez rendu ridicule au Sénat, si vous recommencez, je vous casse la figure ». (How Barack Obama went from cool to cold | World news | The Guardian)
Barack Obama serait-il un sophiste ? 

Nobel d’économie

D’après Paul Krugman, le prix Nobel d’économie ne reconnaît pas une avancée scientifique (comme pour les sciences plus « dures »), mais attire l’attention du public sur des idées qui méritent d’être connues. (Nobel Lies)

mardi 18 octobre 2011

Panne de démocratie française

Crise de l’euro. À gauche comme à droite, personne n’en parle. Faillite démocratique ? (Le déficit démocratique français contre l’Europe - Coulisses de Bruxelles, UE)
L’Europe fait partie du domaine réservé du chef de l’État (et de ses conseillers) et il ne vient à l’idée de personne, même pas de l’opposition, de remettre en cause ce fait du prince. La dérive a-démocratique de la France ne peut que renforcer la défiance d’une partie des Français à l’égard de l’Europe.
Tradition française : État tuteur et citoyen assisté ? Mais, en cette période électorale, est-il possible de faire autrement ? Tout discours un peu honnête n’est-il pas susceptible de mécontenter, avec l'assistance d'un concurrent politique, quelque intérêt particulier ? Cercle vicieux ?

Amazon : mort de l’éditeur ?

Amazon devient éditeur. Son objectif serait de supprimer ce qui est entre l’auteur et le lecteur.

Amazon semble avoir recruté de très bons éditeurs, capables de repérer des auteurs inconnus. Et a une énorme capacité de promotion. (Amazon Rewrites the Rules of Book Publishing - NYTimes.com)

Va-t-il tuer les maisons d’édition ou les forcer, par sa concurrence, à réapprendre leur métier ? 

Richesse peu durable

Les riches seraient plus riches que par le passé (au moins aux USA), mais riches moins longtemps.

En fait cela viendrait de ce que leur fortune est liée à des choix risqués. Ceci expliquerait aussi pourquoi, en tant que classe, leur fortune collective a nettement cru en proportion de la fortune nationale. (Rags to riches to rags to riches)

Autrement dit, le risque pris par le riche pour s’enrichir a appauvri la collectivité ? 

lundi 17 octobre 2011

Somalie

Pourquoi la Somalie est-elle une anarchie ? Parce que nous avons voulu lui imposer des gouvernants.

« L’émergence d’un nouveau mouvement national est encore la meilleure chance de la Somalie d’échapper à la misère ». (Don’t aim too high)

Échanges Israël Palestine

Les Israéliens et les Palestiniens décident d’échanger des prisonniers. Pourquoi maintenant ? (An extraordinary exchange rate)
  • Parce que la direction palestinienne pourrait aller de Syrie en Égypte, et que l’Égypte aurait demandé une forme de concession, en échange du déménagement.
  • Pour affaiblir le Fatah, qui a demandé à l’ONU de reconnaître un État palestinien.
  • Pour faire oublier au peuple israélien son mécontentement. 

Énergie solaire

Discussion avec un ex analyste financier spécialiste des clean tech. Pourquoi le solaire n’arrive-t-il pas à produire de l’énergie à un prix concurrentiel ?

Selon lui c’est un problème de politique industrielle : l’industrie a cherché avant tout à capter l’argent de l’État, ce qui lui a fait faire l’inverse de ce qu’elle aurait dû.

The Economist semble d’accord : l’énergie solaire est le type d’énergie qui a le plus d’atouts pour elle, mais, pour qu’elle puisse les utiliser, il faut créer les conditions extérieures qui le permettent (notamment taxe carbone). (Thou orb aloft full-dazzling)

dimanche 16 octobre 2011

Microsoft achète Apple

Microsoft a-t-il acheté Apple ? se demande un ami qui se débat, avec l’énergie du désespoir, contre le nouveau système d’exploitation de l’iPhone. (Le problème a été identifié ailleurs : iOS 5 update bricked my iPod Touch: Scientific American)

Conséquence de la disparition de Steve Jobs : plus rien ne fonctionne chez Apple ? 

Banlieues fondamentalistes

Certains immigrés chercheraient dans l’Islam ce que ne leur donne pas l’État français : l’appartenance à une communauté. (From Clichy to cliché)

Thèse de droite ? Validation de l’opinion anglo-saxonne selon laquelle le pouvoir intégrateur de la nation française est une illusion ?...

Ce serait le cas si l’intégration française n’avait jamais fonctionné. Or, elle a été redoutablement efficace. Elle a d’ailleurs liquidé nos spécificités locales, à commencer par les langues régionales. Son moteur était l’école universelle, qui, jusqu’à preuve du contraire, a été un programme de gauche.

Plus d’école, plus d’intégration ?

Compléments :

Même climat que l’année dernière ?

En termes de météo, cette année pourrait ressembler à l’année dernière (sur Paris) : été pourri, automne chaud, hiver long et froid. Mais avec un froid moins dur que l’an dernier. (Actualité Météo : Prévisions saisonnières : vers un hiver froid)

Où investir ?

L’investissement le plus sûr ? Pas d’investissement. Garder son argent liquide. Raison :

Nous courrons vers un avenir à la japonaise, une interminable récession, qui s’auto-entretient, puisqu’il n’y a pas intérêt à investir. (Nowhere to hide)

samedi 15 octobre 2011

Sale Jobs ?

Vu le culte que suscite Steve Jobs, une résurrection est probable.

Pourtant, il aurait été un tyran, qui a nuit à beaucoup de monde. (Saint Jobs, priez pour nous - M Magazine)

Grand théorème anglo-saxon ? Du mal sort le bien ? 

Journalisme et politique

Je découvre qu’un homme politique de plus a pour compagne une journaliste : Compagne d'Arnaud Montebourg, Audrey Pulvar répond aux critiques - LeMonde.fr

Après, DSK, François Hollande, Jean-Louis Borloo, Nicolas Sarkozy, un temps, et probablement quelques autres, cela ne fait-il pas beaucoup ? N’y a-t-il pas une proximité excessive entre politique et presse ? 

Politique de Sarkozy

N.Sarkozy ferait la politique allemande. En échange (?) d’une sorte d’Europe des nations. C’est ce que pense The Economist. (The driver and the passenger)

Est-ce sur un tel succès politique qu’il mise sa réélection ? Une Europe allemande, dans laquelle la France aurait une place de choix ? 

Nature d’Obama

Annonce d’une émission de la BBC concernant B.Obama et les élections présidentielles américaines.

Obama semblait « cool » lorsqu’il fut élu. Maintenant, il paraît « cold ». 

vendredi 14 octobre 2011

Mouvements de mécontentement

« Occupy wall street » atteint une sorte de masse critique. Après le Tea Party, les révolutions arabes, les « indignés »… naissance d’un nouveau type de mouvement populaire, favorisé par les médias sociaux ? (Occupy Wall Street Protests a Growing News Story - NYTimes.com)

En tout cas, ce type de mouvement sans chef semble profiter de l’exemple d’autres mouvements du même type pour adopter des pratiques qui ont réussi ailleurs (par exemple l’occupation de places publiques). 

Holbry

Depuis quelques temps la presse nationale et étrangère semble trouver que ce qu’il y a de plus notable chez Martine Aubry et François Hollande, c’est leur ressemblance.

Deux enfants de Jacques Delors, dont les fidèles sont identiques…

Compléments :

Changement permanent

Un cadre supérieur est dégradé suite à une réorganisation interne. J’ai du mal à comprendre son inquiétude : depuis plus de vingt ans, son entreprise se réorganise chaque année, les favoris se remplaçant comme dans un jeu de chaises musicales. Pourquoi ne se repose-t-il pas en attendant que son tour revienne ?

En fait, ce procédé me rappelle ce que Hannah Arendt dit du totalitarisme, qui purge régulièrement ses élites, et les renouvelle.

Le changement permanent est-il un moyen de casser les solidarités internes, rendant à la fois l’organisation sans moyen de résistance aux volontés de ses dirigeants, mais aussi sans capacité d’attenter à leurs jours ?

Compléments :
  • Ce qui est fascinant dans ce phénomène est que des êtres humains puissent être prisonniers de ce jeu, et, donc, de la volonté d'une autre personne...
  • ARENDT, Hannah, Le système totalitaire : Les origines du totalitarisme, Seuil, 2005.

jeudi 13 octobre 2011

MBA internationaux

Les MBA se disent globaux, et pourtant, ils enseignent la même chose à tout le monde, dans une langue unique. Mieux : ils ne parlent pas de problèmes culturels ou multinationaux. La seule chose de globale chez eux est leur implantation, dans plusieurs pays. Voici, en substance, ce que dit un chercheur de l’IESE.

Contradiction ? L’élite anglaise, durant sa phase colonisatrice, fut présente partout dans le monde, et partout y a existé comme une classe dominante, sans manifester un grand intérêt, sinon touristique, pour la culture locale. Pourquoi les MBA n’auraient-ils pas pensé que la globalisation c’était cela : une culture unique, celle des affaires, dominant le monde ?

Embryon américain

L’embryon est il une personne ? L’avortement est-il un crime ? Les tribunaux américains semblent commencer à le dire. (A person already?)
Alors se posent des problèmes inattendus. Les embryons doivent-ils être comptés comme des personnes par les recensements ? Est-ce qu’une femme enceinte peut être condamnée pour maltraitance, si elle fume, ou se voir refuser une chimiothérapie si elle peut nuire au fœtus ?
Exemple des limites de la raison et de ce que les règles absolues conduisent à des contradictions ?

Compléments :

Sites payants

Fin de l’accès gratuit aux sites des journaux américains. Ou, du moins, forte tendance.

Raisons : la technologie pour ce faire est facile à utiliser ; Apple a réussi à faire payer ce contenu, il n’y a pas de raison qu’ils demeurent gratuits quelque part ; les revenus publicitaires sont en baisse rapide.

De ce (dernier) fait, les éditions papier devraient aussi voir leur prix augmenter, d’autant que leur lectorat restant est relativement captif. (Another brick in the wall)

Paradoxe ? Au lieu de donner la victoire à la gratuité, Internet aura augmenté la difficulté d’accès à l’information ? 

mercredi 12 octobre 2011

Banque malade

La Tribune titrait hier :
Crise financière : le lobby bancaire français se défend
C'est la santé des finances publiques de certains États de la zone euro qui est à l'origine de la crise, pas la santé des banques, a déclaré ce lundi la Fédération bancaire française (FBF).
Curieux. Je ne m’attendrais pas à ce qu’un marin qui s’est engagé avec une barque sur un océan mette en cause la tempête pour justifier son naufrage.

Les crises sont le propre du capitalisme, et les banques ne se sont pas armées contre. Cette réaction laisse même entendre qu’elles ne se sentent pas concernées par ce qui pourrait leur arriver.

Nos banques nous prennent-elles pour des idiots, ou, si elles croient à ce qu’elles disent, ont-elles les capitaines qu’elles méritent ? 

Slovaquie et Europe

La Slovaquie rechigne à participer au fonds de solidarité européen. Pourquoi aider un pays plus riche qu’elle ?

Curieusement, c’est l’argument inverse de celui généralement utilisé par les Allemands.

Exemple de résistance au changement ?

J’interprète généralement la résistance au changement comme une forme d’appel à l’aide.

À la fois la Slovaquie et l’Allemagne ont traversé des moments difficiles ces dernières années. Elles veulent s’assurer que cela n’a pas été ignoré, et qu’elles ne sont pas les dindons de la farce ? 

La presque île de Julien Gracq

La presque île est une surprise. Ses trois grandes nouvelles reprennent la trame du Balcon en forêt. Succession d'évocations de paysages ou d’atmosphères, admirables sans nul doute, conclues par un événement brutal et mystérieux.

Mais ces événements finals m’ont semblé une justification gratuite d'un processus mécanique. J’avais beaucoup aimé le Balcon, et je suis déçu. 

mardi 11 octobre 2011

Prix Nobel et crise européenne

Résoudre la crise européenne est évident, disent les derniers prix Nobel d’économie : il suffit de copier ce que les USA d'il y a quelques siècles, i.e. faire de la zone euro une nation. (Résoudre la crise de la dette, un jeu d'enfant pour les Nobel d'économie - LeMonde.fr)

Pourquoi l’Europe donne-t-elle un spectacle aussi lamentable ? Lâcheté et incompétence de nos gouvernants, bien sûr.

Mais qu’arrivera-t-il demain lorsque les peuples européens seront unis, et que, pour des raisons budgétaires, l’Allemagne trouvera que les services publics français sont par trop coûteux, qu’il faut réformer l’Éducation nationale… ? Que la Turquie ajoutera à la démocratie européenne une centaine de millions d’habitants, qui voteront en fonction de leur intérêt régional ?...

L’Europe peut-elle se construire par défaut ? En répondant par une solution de fortune à la crise qu’a créée la précédente solution de fortune ? Peut-elle se passer de l’adhésion générale à un projet commun ?

Mais une idée aussi stupide peut-elle atteindre le QI exceptionnel d’économistes distingués ?

Réduire les dépenses de santé

Une compagnie d’assurance donne des « miles » aux personnes qui ont une vie saine. C'est apparemment une réussite, et une bonne affaire pour elle. (Getting on the treadmill)

Exemple d’une application de la théorie économique dite « comportementale ».

Signe des temps : c’était l’ennemie jurée de la rationalité de l’économie néoclassique, elle a maintenant le vent en poupe. 

Dropbox

Dropbox offre un emplacement de stockage de ses fichiers indépendant de son ordinateur. Du coup, on peut y avoir accès de partout. Les deux premiers gigaoctets sont gratuits.

Intérêt supplémentaire : gestion de versions, qui évite de garder les étapes successives d'un document.

Inconvénient : dépendance du débit de sa ligne Internet (il faut un temps fou pour télécharger un dossier), ou d’un accès au réseau de son opérateur mobile, et lenteur d’ouverture des gros documents (cf. les présentations).

Danger : c’est une start up, risque de faillite ?

lundi 10 octobre 2011

Transaction à haute fréquence

Les transactions informatiques à haute fréquence attirent l’intérêt du régulateur.

On leur reproche d’être parfois utilisés pour manipuler les cours (par exemple en passant en masse des ordres, et en les annulant immédiatement), et peut-être d’augmenter leur volatilité, voire de créer des crashs artificiels. (High-Frequency Stock Trading Catches Regulators’ Eyes - NYTimes.com)

Signe des temps ?, l’argument selon lequel ce qui fluidifie les échanges fait le bien collectif ne semble plus suffisant pour tout excuser. 

Indignés américains

J’entends parler « d’indignés » américains par la radio. La presse locale  évoque plutôt des gens qui veulent « occuper Wall street ».

On ne semble pas savoir encore très bien ce que c’est. Tea partie des Démocrates ? En tout cas, le Président n'a pas intérêt à s'en approcher. Il a besoin de l’argent des riches pour sa prochaine campagne présidentielle. (The inkblot protests)

Et si c’était une chance pour les Républicains ? Ils sont les marionnettes du Tea Party, ce qui les rend inéligibles ; n’y seront-ils pas moins sensibles, s’ils disposent d’un contrepoids ? 

Politique industrielle

La politique industrielle a le vent en poupe. (Economics focus: Tinker, tailor | The Economist)

À vrai dire, ceux qui gagnent actuellement, qu’ils soient pays émergents, Coréens ou Allemands, sont ceux qui en ont une. Les dindons de la farce ont cru au libre échange…

Quant à la France, elle semble un petit peu dans le lac. (The inefficiency of industrial and innovation policy in France | vox)

dimanche 9 octobre 2011

Obama tue

Depuis quelques temps les Américains se demandent s’il est juste d’utiliser les drones de la CIA pour tuer, partout dans le monde et sans toujours y être invité, des terroristes soupçonnés. Parmi lesquels des Américains.

M.Obama est un juriste d’une telle subtilité qu’il peut faire ce qu’il veut de la loi ?

Compléments :
  • Drones and the law
  • Un aperçu des contorsions de la réflexion américaine.
  • Un inconvénient de cette pratique est qu’elle risque, en particulier, de pousser le Pakistan à la guerre civile. 

L’envol de la BCE

La BCE pourrait détenir les clés de la crise de la zone euro, à qui il manque un prêteur de dernier ressort. Et elle seule peut l’être. Voici une idée qui semble émerger avec de plus en plus de force.

La seule à ne pas en être convaincue est la BCE.

Compléments :

L’intuition de Steve Jobs

Le succès de Steve Jobs est le fait de choix « irrationnels ». Par exemple, il avait une obsession de la beauté.

On ne peut pas imaginer plus parfait contraste avec l’optimisation financière permanente qui a actuellement le haut du pavé, et son obsession de la maximisation de la fortune de l’actionnaire.

Trop de rationalité tue ? Le génie a des raisons que la raison ne comprend pas ?

Compléments :

Mue du PS?

Le PS semble avoir changé de visage.

Contrairement au modèle du male dominant choisi par le Gaullisme, le PS est caractérisé par de puissantes personnalités. Jusque-là, elles plaçaient leur intérêt au dessus de celui de leur parti, ou de la nation. 

Aujourd’hui, il possède toujours autant de gens intelligents, mais ils semblent croire à leurs idées (et elles ont pris un coup de jeune) et vouloir jouer l’équipe.

Par contraste, N.Sarkozy, ses exécuteurs de basses œuvres, et son appel à des valeurs ringardes paraissent une réincarnation de ce qui a donné à la France une envie de barricades ?

samedi 8 octobre 2011

Gueule de l’emploi

Un documentaire semble avoir réveillé la France aux pratiques de l’entreprise. ("La gueule de l'emploi" : un document choc sur le recrutement)
Il met en effet en évidence un processus de déshumanisation... des ressources humaines, consistant à valoriser et à susciter les comportements agressifs, individualistes, la guerre de tous contre tous, aux dépens de toute solidarité ou de toute empathie.
Surtout, il montre que ce processus obtient la complicité de tous, candidats et recruteurs, à sa réalisation. Le tout au nom du fait, pour les candidats, qu'il faut trouver un emploi à tout prix et, pour les recruteurs, que "ce sera encore plus dur dans le monde du travail".
Lorsque la Russie a été attaquée par une vague de libéralisation, ses citoyens ont fait bloc, les entreprises ont continué à proposer des crèches, le troc s’est substitué à l’économie officielle. En France, grands et petits ont collaboré avec enthousiasme à la dislocation de la solidarité ?

En tout cas, il est peut être temps de réinventer l’entraide…

Compléments :

Spéculation et banque centrale

Les marchés étant sensibles à la peur, et à la spéculation, les courbes d’offre et de demande d’emprunts nationaux ont plusieurs points de rencontre.

Les banques centrales n’étant pas soumises à la peur ou à la spéculation peuvent aider à maintenir le taux des dits emprunts dans le domaine du raisonnable. (The illustrated euro crisis: Multiple equilibria | The Economist)

Le laisser-faire atteint rapidement ses limites ? 

Le leadership dans les organisations

March, James G., Weill, Thierry, Le leadership dans les organisations, Les presses de l’École des Mines de Paris, 2003.

Un cours de James March qui saborde le mythe du dirigeant héro. Une réflexion sur la question du leadership stimulée par quelques classiques de la littérature internationale : d’Othello à don Quichotte.

Message principal : le dirigeant doit être ce qu’il n’est pas aujourd’hui. Il doit être un plombier et un poète (voir Qu’est-ce qu’un leader ?) Et surtout, il ne doit pas croire à sa propre légende : il n’est pas un surhomme.
 
Commentaires :

Je ne trouve pas ce livre à la hauteur de l’œuvre de James March, si j'interprète correctement :
  • Il ne voit du dirigeant que son intellect (qu’il juge fort moyen), alors que, à mon avis, le dirigeant est surtout formé par la société pour tenir un rôle, comme nous tous.
  • Curieusement, il ignore la littérature sur le leadership. Celle-ci dit que le « leader » est celui qui sait mener le changement. Ce leader voit, et met, de l’ordre dans un chaos apparent. Ces personnes sont rares, mais j’en ai rencontré, y compris chez mes étudiants, ce qui me fait penser que cette théorie est juste. Ce que décrit March, ce sont l’opposé des « leaders », ce que Kotter appelle des « managers », c'est-à-dire des professionnels du rite et non de la raison (ce qui n’est pas une condamnation : notre vie est avant tout faite de rites). D’ailleurs, sa vision du plombier et du poète rejoint l’analyse de Chester Barnard, qu’il ne cite pas.
  • Il confond innovation avec leadership. Il croit pouvoir dire que le dirigeant utile est celui qui explore des idées imprévues, folles. Mon expérience me laisse penser plutôt que le leader voit ce que nous ne voyons pas, mais qui est évident. (Comme en physique, c’est une question de modélisation.) D’ailleurs, les travaux de Robert Merton sur l’innovation montrent qu’elle est plutôt sociale qu’individuelle (on crédite une personne de la trouvaille, mais un grand nombre était sur la bonne piste). Et d’ailleurs, cela est aussi vrai dans l’art, où les écoles succèdent aux écoles.

Compléments :
  • BARNARD, Chester, The Functions of the Executive, Harvard University Press, 2005.
  • MERTON, Robert K., On Social Structure and Science, The university of Chicago press, 1996. 
  • KOTTER, John P., Leading change, Harvard Business School Press, 1996.

vendredi 7 octobre 2011

Constitution et Internet

L’organisation qui gère Internet semble une joyeuse anarchie. Elle est menacée de mise en ordre par des puissances dirigistes. Solution ? Qu’elle construise une constitution qui la protège. (A plaything of powerful nations)

Pas de démocratie sans constitution, comme le disait Aristote ? (Les politiques, Aristote)

Qui était Steve Jobs ?

Par essence un designer ? Ou un dictateur (« comme beaucoup de grands artistes, le contrôle quasi dictatorial d’Apple rendait possible la recherche de la perfection »), prêt à asservir la planète à son obsession : lui sacrifiant les travailleurs de ses sous-traitants et régnant en monopoliste ?

Compléments

Homme d’affaires et incertitude

Un précédent billet sur la testostérone et le trader (Trader : homme ou animal ?), m’amène à me demander si l’homme d’affaires n’a pas horreur de l’incertitude. Or la démocratie n’est qu’incertitude, comme le montrent les actuelles tergiversations européennes ou américaines.

Aussi, d’après Barry Eichengreen (Histoire du système monétaire international), les marchés financiers tendent par nature à exploiter les failles de la démocratie.

Le capitalisme aurait-il une tendance à la dictature ? À moins de remplacer les dirigeants par des dirigeantes, à faible poussée de testostérone ? Maternalisme avenir du capitalisme ?  

jeudi 6 octobre 2011

Le libéralisme est bon ?

Les théories dites « libérales » (sachant que le terme ne veut plus dire grand-chose) semblent avoir des fondations faibles. répète ce blog. (Dernier exemple : Markets Can Be Very, Very Wrong). Mon dernier billet dresse l'étendue des dommages.

Cependant, le premier billet de ce jour pose la question suivante : et si la société avait été trop serrée dans son carcan social, et s’il elle avait eu besoin d’un peu d’individualisme pour progresser ? Et si le discours libéral n’était qu’une rationalisation d’un mouvement dont il est la conséquence et non la cause ? Mouche du coche ?

Pauvre Jobs

Steve Jobs disparaît. Triste nouvelle.

Je garde de mon début de carrière, dans le logiciel, le souvenir d’une course à la prise de marché et à la promotion personnelle qui ne laissait pas le temps d’apprendre, et encore moins de faire correctement, son métier. Bill Gates est l’image même de cette escroquerie intellectuelle.

Puis il y a eu la bulle Internet, un moment où les beaux discours vides récoltaient des milliards.

Et alors vinrent les Google et autres Facebook, qui ont exploité leur position de goulot d’étranglement pour rançonner la planète.

Et surtout, il y a eu les oligarques. Tous ces gens, gonflés d’eux-mêmes, parvenus à la tête des entreprises sans en connaître quoi que ce soit, et qui ont criblé la société de dettes et de bonus. Une de leurs innovations décisives aura été de découvrir qu’il y avait des masses d’individus oubliés des droits de l’homme. Non seulement on n’avait pas à les payer, mais surtout ils n’avaient pas besoin de nos coûteux dispositifs d’hygiène et de sécurité, d'assurance sociale... Dès lors bien faire son métier n’était plus nécessaire, il fallait au contraire détricoter le savoir faire technique de l’entreprise et réinventer la procédure taylorienne qui permette d’exploiter ce peuple de miséreux.

Steve Jobs fut un bel innovateur qui a créé une belle société, qui a fait de beaux produits, et qui respectait ses clients. J'espère qu'il sera un modèle pour notre avenir. En attendant, il va falloir faire avec un désert. 

Compléments :
  • Ce blog s’est longtemps demandé si Apple survivrait à Steve Jobs. iPhone 4S (et non 5) = réponse ?

Le changement est bon

J’ai passé l’été à interviewer Valérie Morel et Eric Mimoz. Ils ont mené plusieurs centaines de projets de changement.

Leur technique consiste à amener l’organisation à trouver un intérêt dans le changement qu’on lui propose. Pour cela ils cherchent ce qui compte vraiment pour l’employé, dans son métier, et à faire que le changement le leur apporte.

Autrement dit c’est le changement en lui-même qui est bon, sa nature est secondaire.

En fait, tout tient à sa mise en œuvre. Celle qu’a adopté notre gouvernement, par exemple, semble étrange : il supprime des postes de fonctionnaires sans se poser la question de comment en sera affecté le service qu’ils rendent…  

mercredi 5 octobre 2011

Comment lire un livre de management ?

On reproche aux livres de management de ne rien apprendre. Curieusement, j’en ai lu un grand nombre et j’en ai tiré beaucoup d’enseignements pratiques. Comment m’y suis-je pris ?

Je ne cherche pas de solutions, mais des problèmes (les fameux paradoxes). C’est en essayant de les résoudre que je progresse. Curieusement, l’ouvrage m’apporte alors des techniques que je n’avais pas vues.

D’ailleurs, j’ai souvent vu commettre l’erreur suivante (souvent par moi, au début de ma carrière). L'homme est persuadé que si l’idée qu’il a en tête n’est pas acceptée par ses pairs, c’est faute d’une formule miracle. Ne la trouvant pas dans l’ouvrage de management qu’il lit, il le juge une escroquerie. 

Boeing et la CFAO

On m'a raconté que Boeing a voulu se passer de Catia, son logiciel de CFAO.

Or, je me souviens que l’acquisition par Boeing de Catia a été un des grands moments de la vie de Dassault Systèmes. Et que Boeing a investi énormément sur ce logiciel, notamment dans un travail pionnier de « dématérialisation ». (Les plans des Boeing sont numériques.)

Que Boeing ait envisagé de courir un tel risque est extrêmement surprenant. Cela s’expliquerait, peut-être, par le fait qu’un cadre ambitieux aurait cherché à prendre la place de ses collègues en montrant qu’ils étaient attachés à un logiciel dépassé… (Ce qui est fort classique.)

Si l’on additionne ceci aux autres malheurs de Boeing, on peut se demander s’il n’a pas été victime d’une attaque de carriérisme aigüe. Le plus surprenant dans l’affaire est que la société soit parvenue à résister et à produire des avions. L'entreprise est formidablement solide ?

Compléments :

Les pays émergents volent notre emploi

Peu d’emplois sont à l’abri de la concurrence des personnels peu payés des pays émergents (surtout pas les intellectuels). Et leurs populations sont immenses. Bientôt nous serons tous, ou presque, au chômage ? (Gurgaon grief)

Ce qu’il y a de curieux dans cette affaire, c’est que d’ordinaire, c’est la spécialisation qui défend de l’externalisation.

Les dernières décennies semblent avoir été une sorte de « déspécialisation ». Les entreprises ont amélioré leur rentabilité non en faisant mieux leur métier (innovation), mais en simplifiant leurs tâches de façon à ce qu’elles puissent être confiées à des personnels émergents peu qualifiés.

Si l'on en croit Adam Smith, on a eu droit à une forme de destruction de PIB ?

mardi 4 octobre 2011

Changement en Angleterre

À l’avènement de M.Cameron, je me suis demandé si sa « big society » n’allait pas rapidement devenir un « big mess », tant sa façon de réformer ressemblait trait pour trait à ce qui rate dans les entreprises, i.e. une inspiration idéologique, une mise en oeuvre en force. (Exemple) Cependant la manœuvre a été habile : elle a rassuré les marchés, alors que le déficit anglais est proche de 10%.

Me suis-je trompé ? En tout cas, The Economist fait un bilan désastreux des conséquences des actions gouvernementales (« débâcle des réformes de santé »…), mais reconnaît la séduction qu’elle exerce sur les marchés. Il suggère une relance. (Many miles to go)

Peine de mort

Tire ta langue de France Culture parlait de peine de mort, dimanche dernier.

L’abolition de la peine de mort me semble une invention récente. Au fond, la peine de mort est associée à des sociétés violentes. Peut-être en est-ce même une caractéristique ? Peut-être disparaît-elle parce que la logique du monde est, de moins en moins, que l’homme doit être un loup pour l’homme ?  

Météo fiable

Un Anglais a eu l’idée de chercher à corréler des règles, généralement tirées du bon sens populaire, avec l’évolution du temps. Après quelques décennies d’effort, il semble avoir mis au point une sorte de système expert plus efficace que les prévisions des ordinateurs. (Intelligent Life, septembre / ocobre 2011, The amateur weatherman who outdoes the professionals.)

L’idée est-elle généralisable ?

Compléments :

lundi 3 octobre 2011

Ayons peur

The Economist nous dit d’avoir peur. La crise est devant nous. « à un moment d’énormes problèmes, les politiciens semblent des lilliputiens. Voilà la réelle raison d’avoir peur ». (Be afraid)

Ce qui n’est pas clair est le type de peur qu’il faut avoir. Crise du type de celle des années 30, ou décennie perdue ?

Coupables ? L’Allemagne pas très résolue. Mais aussi peut-être la France, qui pour pousser un projet (fumeux et dangereux ?) de pilotage de l’Europe par les nations, accepterait, en contrepartie, le point de vue allemand… (Is anyone in charge?)

Le programme de M.Hollande

M.Hollande explique ce qui changerait s’il était élu.

Je ne vois pas grand-chose de renversant eu égard aux inquiétudes actuelles. Certes :
Il a souligné que "celui ou celle" qui remporterait la présidentielle devrait "affronter une situation comme jamais nous avons connue", et prendre "des décisions lourdes sans doute rapidement".
Mais rien de concret, sinon « qu’il s’est préparé ». (Hollande : ce qui changerait avec un président socialiste - LeMonde.fr)

À moins que son message ne soit que rien ne va changer, en dehors du pilote ? Bref qu'il ne va pas céder à la maladie endémique du socialiste : une idéologie simpliste ?

Saint Augustin

J’entendais il y a quelques jours Lucien Jerphagnon parler d’une expérience de Saint Augustin. Ce dernier observait deux nourrissons qui se jetaient des regards assassins, parce que l’un avait le sein de leur nourrice. Voilà qui prouve que l’homme est naturellement mauvais.

Curieusement, j’ai connu une expérience proche, mais que j’ai interprétée différemment de lui. Deux sœurs qui semblaient s’en vouloir à mort, depuis la naissance de l’une d’entre-elles. J’ai pensé que la première, à qui l’on avait laissé entendre qu’elle était fille unique, a trouvé injuste qu’il y ait rupture de contrat. Quant à la seconde, elle a trouvé injuste d’être assaillie de la haine de sa sœur, dès sa naissance, alors qu’elle ne pouvait être coupable de rien.

Bref, l’expérience de Saint Augustin ne dit rien sur la nature humaine, elle ne révèle que ses hypothèses préconçues. Il estime que l’homme est porteur du mal. Pour ma part je soupçonne qu’il a un sens quasi inné de la justice.

Compléments :

dimanche 2 octobre 2011

HP et le mythe du sauveur

Comme dans le village d’Astérix, où le bon poisson ne peut venir que de Lutèce, HP croit que le bon patron doit venir de chez les autres.

Or une étude a montré que plus le patron était réputé (et pouvait négocier un haut salaire), plus il était, en fait, mauvais. 

Le patron est un facteur de succès moins important que l’entreprise et sa culture. (The trouble with superheroes)

Compléments :
  • En fait, HP a choisi une personne qui a échoué par le passé à faire ce qu’elle doit faire maintenant...
  • Mauvaise nouvelle pour la France, dont les grands patrons sortent quasiment tous de l’administration ? Pas forcément : ils ont été des grands commis de l’État, ils peuvent être des serviteurs de leur entreprise et l’aider à développer ses talents, en toute humilité. Mais ce modèle, qui sous-entendait un lien étroit entre l’État et l’entreprise (la seconde exécutant les ordres du premier), mériterait peut-être d’être reconsidéré maintenant que ce lien n’est plus d’actualité.