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lundi 30 juillet 2012

Europe, Lewin et autres idées


Mes réflexions de la semaine sous une forme que je tente de rendre un peu plus fluide que celle de la précédente édition. Pour faciliter la lecture de la personne pressée, les thèmes apparaissent en gras.

Un des événements marquants de cette semaine aura été le transfert de ma ligne téléphonique mobile. J’y travaille depuis janvier. À l’origine de l’histoire se trouve une malheureuse proposition de joindre ma ligne à celle d’un partenaire. Mais le rapprochement n’ayant as été durable, j’ai voulu reprendre mon numéro. Une première tentative échoue, pour un motif incompréhensible à l’époque (mon partenaire n’a pas payé sa facture et apparemment cela bloque le système d’information de l’opérateur). Nouvelle tentative en avril. À chaque fois il faut reconstituer un dossier. Pas de nouvelles. J’appelle le centre de renseignement à plusieurs reprises. Les premiers épisodes m’apprennent que ma ligne est identifiée par le système d’information comme celle d’un particulier, ce qui me vaut d’être aiguillé vers une personne qui n’a pas accès à mon dossier, puis un transfert au service « professionnels » - avec toutes les explications et attentes que cela signifie. Après plusieurs discussions (d’une vingtaine de minutes), je finis par croire que mon cas est en passe d’être réglé. Mais, toujours rien. Nouvel appel. On me dit que l’on me rappellera. Encore rien. Je rappelle – après passage de conseiller en conseiller, je découvre que le système d’information de la société refuse le transfert. On va me rappeler. Rien encore. Nouveau coup de fil. Nouveau téléopérateur à qui j’explique une fois de plus mon cas. Transfert à une instance supérieure. Effectivement, on a consulté la direction technique de ma part, qui s’est montrée impuissante. Cette fois-ci, je suis jugé digne d’urgence. Une solution est trouvée : créer une nouvelle ligne et lui donner mon numéro. Je reçois donc une nouvelle carte SIM, qui remplace l’ancienne. Je remercie la charmante opératrice qui m’a guidé pas à pas dans l’opération, en m’appelant à chaque étape. Dans l’affaire j’ai perdu ma connexion Internet. C’est apparemment normal, il faut attendre deux jours au moins pour qu’elle soit rétablie. Mais c’est un bien petit tracas par rapport à celui qui aurait résulté de la disparition de ma ligne professionnelle…
Curieuse affaire tout de même. Elle ressemble beaucoup à ce que je vis dans mon métier (animation du changement), d’abord. Surtout, elle paraît révélatrice des évolutions de notre société. Comme dans les contes du lundi de Daudet, on y voit des téléopérateurs charmants se débattre avec un système d’information et une organisation dysfonctionnels. Alors que cet opérateur télécom parle de licenciements, n’a-t-il pas plus urgent à faire ? Ses processus internes ne mériteraient-ils pas de sérieuses améliorations ? Ne serait-il pas judicieux, aussi, qu’il se préoccupe de ses clients ? Peut-être que s’il avait fait tout ceci, ce que l’on serait tenté d’appeler son métier, il aurait trouvé des moyens efficaces de développer sa rentabilité et de se mettre hors de portée de l’attaque de Free ? Encore une entreprise qui a vendu son âme et le salut de ses clients aux séductions trompeuses de la gestion financière et de l’enrichissement facile ?

Mais, je reconnais être un triste sire, qui n’est pas adapté au progrès. Je suis d’une génération marquée par le service public. J’ai, en effet, aussi mal pris l’annonce, la semaine dernière, de la suppression par Google d’iGoogle. Nième application tuée par son créateur. Mais comment avoir confiance en une telle société ? En fait, ce comportement est typiquement américain. La croyance au pouvoir du marché, capable de sélectionner, à la Darwin, les meilleurs produits.
Dans un sens le marché américain est effectivement intelligent. Par exemple, les commentaires d’Amazon.com sont excellents, ainsi que les articles de Wikipedia anglais. Cela tient, probablement, à ce que les Américains se spécialisent et se taisent quand ils ne savent pas. Mais ce n’est pas le cas en France. Le Français croit qu’il a tous les talents, et il jalouse ceux qu’on lui dit admirables (journalistes, scientifiques, etc.). Du coup, ce qu’il produit sur internet est prétentieux et sans intérêt. (Un jugement qui s’applique à ce blog, et dont j’essaie de tenir compte.)

Au sujet de l'Amérique et de sa dernière tuerie, Paul Krugman publie un curieux graphique sur son blog. Il s'agit du nombre de morts par arme à feu. Ce qu'il y a de bizarre n'est pas que la courbe américaine soit très au dessus de celle des pays civilisés, mais qu'elle soit en cloche, avec un pic dans les années 70. On tue moins aujourd'hui que jadis. Mais surtout, je me demande si, en prolongeant cette courbe vers les années 50, elle ne rejoindrait pas les nôtres. Ce qui m'a amené à faire un parallèle avec la libération de la sexualité, qui démarre aussi dans les années 50 : et si, aux USA, l'individu libéré s'était affirmé dans le maniement des armes ? Jusque-là ses instincts étaient contenus par les règles sociales ? L'usage des armes droit fondamental à l'égal de la liberté sexuelle ?

On a beaucoup parlé, cette semaine, de PSA et de la fermeture de ses usines. Que penser de la réaction du gouvernement ?
La presse anglo-saxonne affirme que le marché européen est dramatiquement surcapacitaire, et qu’il faut fermer un grand nombre d’usines. (C’était aussi l’opinion d’un syndicaliste de PSA entendu à la radio.) Sous cet angle, l’annonce du gouvernement (vague prime écologique et encouragement à l’innovation) a quelque chose d’extraterrestre. The Economist s’égosille, d’ailleurs : le problème de l’Europe, c’est son manque de compétitivité. Mais quand va-t-elle regarder les choses en face ? Sortez les clowns. C’est d’autant plus coupable que l’Europe entraîne dans sa chute l'Angleterre, et peut-être aussi l’Amérique. (Sont-elles tirées par leurs vertus propres où vivent-elles de l’exploitation des autres nations ?)
Je me demande s’il ne faut pas lire l’intervention de François Hollande sous un tout autre angle. Depuis les origines de ce blog, j’applique le modèle du dégel de Kurt Lewin. Ce modèle dit que, en crise, une société remet progressivement en cause ce qu’elle croit. C’est ce qui me semble arriver actuellement. Mme Merkel rejette le mythe du déficit permanent. Quant à M.Hollande, il ne veut plus de licenciements. L’Europe a commencé à rejeter le modèle anglo-saxon, consommation, compétitivité, vie à crédit, etc. Mais, c’est un acte de foi. En dehors de ce refus, elle n’a rien à proposer.
Nos gouvernants doivent comprendre que tout n’est pas que valeurs courageusement affirmées, que les miracles n’existent pas, qu’il faut descendre du monde éthéré des idées de Platon et affronter l’inélégante réalité : déficit de PSA, Espagne et Grèce en perdition, chômeurs, SDF ou employés de PME dont la faillite ne fera aucune vague…

Quant à l’analyse de l’opposition, elle n’est pas plus terrestre. Selon elle tout est une question de coût du travail. Pense-t-elle réellement qu’une différence de coût du travail est ce qui explique les bénéfices faramineux des fabricants automobiles allemands (19md pour VW).
Cette obsession du coût du travail est suspecte. Que cache-t-elle ? Imaginons que l’on réduise les charges salariales, qu’est-ce qui pourrait les remplacer ? Les impôts. Mais, comme le disait un billet précédent, plus on est riche, plus l’assiette d’imposition régresse. Donc, l’intention réelle de la mesure n’est-elle pas d’enrichir les riches ? D’ailleurs, où iront les économies dégagées par les entreprises – investissements ou dividendes ?
Procès d’intention ? Peut-être, mais pas d’une intention coupable. Car elle fait l’hypothèse que le riche est un créateur de valeur et donc d’emplois. Plus on lui donne d’argent, plus nous en profitons. Malheureusement, comme le notait The Economist la semaine dernière, ce n’est pas ce qui s’est passé. Le riche n’a pas créé, il a consommé. Et il nous a appauvris.
Le mécanisme par lequel il y est parvenu est peut-être celui du « low cost ». J’entendais il y a quelques temps un invité de France Culture s’émouvoir de ce que nos impôts locaux étaient versés aux compagnies low cost. Effectivement, le low cost semble une bonne idée, localement. Sauf que tout est devenu low cost. Avec deux conséquences : « low salary » et services dégradés. Exception : pour une nouvelle classe d’oligarques : « high bonus ». Et pour que le système fonctionne, malgré l’appauvrissement du marché : publicité et endettement ?

Limits to growth semble effectivement déboucher sur un processus de ce type. Ses auteurs constatent que plus la croissance est forte, plus il y a de pauvres. En effet, leur population et l’enrichissement des riches vont plus vite que la croissance. La croissance tire le pauvre de la pauvreté uniquement si elle est accompagnée d’un système d’assurance sociale. Alors, comme le note Poor Economics, le pauvre renonce à avoir des enfants en pagaille : plus besoin de cette assurance pour ses vieux jours. À noter que l’Inde a peut-être compris cela, qui parle de fournir de tels systèmes à son peuple (ce que déplore The Economist de la semaine dernière, il voudrait des ponts et des routes).
Tout ceci m’amène à une conclusion inattendue : le modèle libéral fondé sur la croissance est un mécanisme de désocialisation. Et c’est pour cela qu’il génère la pauvreté, par sa nature même. Car la pauvreté n’est pas ce que je croyais, un manque de richesse. Être pauvre c’est être aux marges de l’organisation sociale, dans une zone d’anomie, de non droit et de non entraide, propice à la dépression et au suicide (Durkheim).  

En attendant un rétablissement d’un semblant de solidarité sociale, comment blinder l’homme pour qu’il résiste au mauvais temps ? Grande discussion avec Dominique sur les mérites de la méditation. Je le choque en trouvant suspects ceux qui la pratiquent (cf. mon billet sur Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner). Mes arguments. Ce sont des privilégiés - qui ne subissent pas d’agression sociale sérieuse. Et surtout, je ne trouve rien d’admirable aux moines de différentes tendances. Qu’ont-ils apporté au monde ? Il me semble qu’il faut extraire de la méditation ce qu’elle a de bon pour la santé et l’injecter dans la vie telle qu’elle est. Pas besoin de retraite dans un monastère pour Bobo. Que nous apporte donc la méditation ? Pour le moment, je vois deux choses : 1) donner de multiples intérêts au cerveau, ce qui met en minorité et en relatif nos préoccupations centrées sur notre nombril, et qui nous pourrissent la vie ; 2) enraciner dans notre être les effets bénéfiques de nos petits bonheurs quotidiens. Ce qui sous-entend qu’il faut se donner de telles satisfactions.

Pour finir, et pour poursuivre « changement et culture », un des feuilletons de ce blog, voici le changement chez les Grecs anciens et en physique. Etienne Klein traitait de la question sur France Culture, samedi dernier. Parménide pense que l’être ne change pas. Pour Héraclite, la seule permanence est le changement. La physique les met ex aequo : la particule ne change pas, mais les lois physiques non plus. Mais qui a été le premier : les lois ou les particules ? Comment y a-t-il pu y avoir origine du monde et néant ? Je me suis demandé s’il y avait nécessité de l’un et de l’autre. J’ai remarqué que le changement servait avant tout à préciser ce que l’on est. On change pour être encore plus soi ?
The Economist, pour sa part, consacrait un dossier à Israël. Les Juifs orthodoxes représentent maintenant 26% de la population des enfants entrant l'école primaire. Afin de calmer leurs ardeurs belliqueuses, The Economist suggère qu’ils ne soient plus exemptés de service militaire.
The Economist s’attaque aussi à la question de savoir ce qu’est être juif. Un peu décevant. Il n’avance que des arguments génétiques ou juridiques. Pas de trace de ma définition favorite : « être juif, c’est avoir des enfants juifs ». Et si être juif était culturel ? Et si, mieux, c’était appartenir à un « système » au sens systémique du terme (cf. ce que ce blog dit des travaux de Paul Watzlawick) : un système vous amène à adopter le comportement qui lui est nécessaire. Autrement dit, si vous épousez un Juif, vous devenez une mère juive. Mais peut-être suis-je déformé par mon métier, et vois-je des systèmes partout ?

jeudi 26 juillet 2012

L’Apocalypse joyeuse, ou la conquête de l’Ouest par le progrès

L’Apocalypse joyeuse (Jean-Baptiste Fressoz, Seuil, 2012) est l’histoire d’un changement : comment le progrès est entré dans notre société.

Comme dans le film la Conquête de l’Ouest, l’histoire est racontée en quelques épisodes marquants : l’inoculation de la petite vérole, la vaccination, l’avènement de la Chimie, le gaz d’éclairage et la chaudière.

Dans cette affaire, les Indiens nous ressemblent étrangement. Ils ont une conscience environnementale étonnamment proche de la nôtre, pour commencer. L’Ancien régime pense en effet que le « climat », une forme d’écosystème, conditionne la nature humaine. Sa police a donc pour rôle de maintenir un statu quo fondé sur l’expérience accumulée par l’espèce humaine depuis les siècles des siècles. (Mécanisme de régulation de « bien commun » qui ressemble à celui décrit par Elinor Ostrom.)

Et ces gens ont peur du progrès. Et ils ont raison. Il a fallu beaucoup de temps et de drames pour mettre au point toutes ces innovations. Les chaudières explosaient, de même que les gazomètres, et le gaz d’éclairage (tiré du charbon) émettait, entre autres, du monoxyde de carbone. L’acide sulfurique détruit tout sur son passage. Et les usines sont implantées en pleine ville. Les faibles ont fait les frais de l’expérience, à l’image des enfants trouvés qui servent de cobayes humains à la mise au point de la vaccination. Les Nazis n'ont rien inventé. 

Pourquoi le progrès a-t-il gagné ? Peut-être parce que ses promoteurs étaient, comme les héros de l’Ouest, extraordinairement déterminés. S’ils n’entrent pas par la porte, ils passent par la fenêtre. Leur aventure est celle de la lutte de l’individu contre la société.

Entre leurs mains, la science est un formidable moyen de manipulation. Elle leur donne d’abord le pouvoir. C’est peut-être le plus important. Car ils construisent une administration qui va uniformiser et centraliser le pays, en dépossédant notables et régionalismes. Cette administration scientifique édicte des normes, supposées rendre inoffensive la technologie. Mais, toutes les tentatives pour convaincre le peuple par des équations sont insatisfaisantes. (On notera au passage une démonstration mathématique de l’innocuité des gazomètres par l’élite scientifique de l’époque, qui ressemble étrangement à celle qu’a subie l’énergie nucléaire.) Ils vont, finalement, acheter ce qui s’oppose à eux. Ils donnent un peu d'argent aux riverains de leurs usines, embauchent ceux dont ils détruisent les terres et la vie... Mais surtout, il y a l’assurance. L’assurance transforme les risques que fait courir l’entrepreneur en un coût prévisible. De ce fait, son avenir l’est aussi. 

mercredi 25 juillet 2012

Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner

Livre d’entretiens réalisés et présentés par Patrice van Eersel (Albin Michel, 2012). Dominique a déjà commenté ce livre. Que puis-je ajouter à son commentaire ?
Les nouvelles techniques d’imagerie montrent que presque tout ce que l’on croyait sur le cerveau est faux. Comme le dit Dominique, notre cerveau est éminemment malléable et social.
C’est une très bonne nouvelle. D’abord, parce que même avec une fraction de cerveau l’homme peut se réinventer. Ensuite parce que la société est en elle-même une forme de thérapeutique, et que rétablir entre nous un lien social sain ferait probablement cesser une des grandes souffrances de notre temps.
Le cerveau, en fait, n’arrête pas de se détruire et de se reconstruire, de se recâbler, en réaction aux stimulations de son environnement. L’homme est conçu pour entrer en résonnance avec ses proches. Il est empathique, et même altruiste, par nature. Mieux : le nourrisson sculpte son cerveau par imitation. Mais cela est aussi une raison de racisme : la notion de « nous et les autres » apparaît très tôt dans nos têtes. Et aussi d’indifférence : nous éprouvons de la souffrance avec l’autre, et voulons la faire cesser. Si c’est impossible, il nous faut nier la cause de nos maux.
Il semblerait qu’il y ait une forme de gymnastique du cerveau, « apprendre, aimer, agir, méditer rend vigoureux nos neurones et leurs synapses ». Gymnastique continue et répétée. Attitude critique : la curiosité. Car le neurone qui ne sert pas crève. La médiation serait-elle une forme de curiosité ? Elle renforce optimisme et système immunitaire. Et attention à garder une bonne condition physique : le corps sain est nécessaire à l’esprit sain. Et réciproquement : être gentil et détendu guérirait des crises cardiaques ! Et les gens ayant une vie conforme à leurs désirs ne développeraient pas Alzeimer…
Le sujet est extraordinairement passionnant, Patrice van Eersel écrit fort bien, et pourtant ce livre m’a frustré, dès son troisième chapitre.
Tout d’abord, il est un peu répétitif : ses interviewés tendent à dire la même chose. Ensuite, je les trouve peu convaincants quand ils s’éloignent de la science et s’aventurent dans des considérations plus ou moins philosophiques. En particulier, la théorie sur le mimétisme de J.M. Oughourlian, nous désirons ce que l’autre a, semble capable de prouver tout et son contraire. Je trouve aussi que leur amour de la médiation et des moines de toute espèce a quelque chose de mécanique, et d’un peu ridicule. On en arrive à juger le moine à son nombre d’heures de médiations, comme un pilote d’avion ! Finalement, je goûte peu leur critique désabusée de la société moderne. Cette critique (et leurs nombreuses retraites) me paraît une excuse confortable pour l’inaction, un coupable manque d’empathie.
(C’est aussi un des reproches que je fais à Konrad Lorenz, le copain de Dominique : j’aurais préféré qu’il critique moins notre société, et qu’il se demande plus en quoi les théories dont il était si fier alors qu’elles étaient liées au nazisme, avaient pu pêcher. Ce faisant, il aurait certainement produit de grandes découvertes.)

lundi 23 juillet 2012

Du scandale du Libor à la méditation

Les réflexions du moment. Ça commence apparemment mal, mais ça finit bien. J’espère.

Notre monde anglo-saxon
Le scandale du Libor touche la banque française
Le 18 juillet, un article du Financial Times (Rate probe turns to four major banks) révèle qu’un trader français se serait entendu avec d’autres banquiers pour trafiquer les évaluations du Libor (taux de prêt interbancaire). 2 banques françaises seraient concernées : le Crédit Agricole, d’Emporiki, et la Société Générale, de Kerviel. Si l’affaire touche le Libor, elle serait antérieure à celle qui est au cœur du scandale actuel.
Méthode CV d’Hervé Kabla : j’ai demandé à Google ce qu’il avait à me dire du trader soupçonné. Linkedin donne 5 résultats. Apparemment, tous pour le même homme. Il change souvent de poste. Et cela donne des diplômes différents d’une fois sur l’autre, et pas exprimé avec la formulation ordinaire (école des pétroles et moteurs, par exemple). En outre, dans un article à la louange d’un ministre marocain, ex trader, il apparaît avec un de ses présumés complices.
Conclusion expéditive. Ça ne me semble pas du Kerviel, une malversation durable et dont on est étonné qu’elle n’ait pas été détectée, mais, plutôt, une petite embrouille entre amis. Plus fondamentalement, cette affaire montre que la banque est devenue un Far West. Motivation première s’enrichir ? Pour le reste, la fin justifie les moyens ?
Punir les crimes économiques
The Economist (Fine and punishment) constate que c’est l’ensemble de l’économie qui est pourrie. Les pénalités acquittées par les entreprises anglo-saxonnes l’année dernière se sont élevées à 10md$.
Mais ce ne serait pas dissuasif, parce que tricher rapporterait infiniment plus que le montant d’une amende.
Marx avait-il raison ?
Les entreprises n’investissent plus. Raison : investir n’est ni dans l’intérêt de leurs dirigeants, ni dans celui des fonds d’investissement qui sont leurs actionnaires. Aux USA, le ratio profit / PIB, qui était de 3% au début des années 80 atteint 15% aujourd’hui.
Ces entreprises licencient, ce qui déprime le marché, et renforce leur attentisme. (The Economist : Corporate profits.)
Difficile de voir comment se tirer de ce cercle vicieux. À moins que d’autres types d’entreprises (familiales, étatiques, économie sociale) ne prennent l’avantage suscitant un phénomène d’imitation ?
De l’intérêt d’avoir un écosystème économique diversifié ?
L’homme, laissé pour compte
Je lis Hot, flat et crowded, best seller américain. Il explique que le mal de l’Amérique est de n’avoir pas investi dans la formation de ses ressortissants.
En fait, il me semble que c’est plus grave que cela. Ce n’est pas que l’école qui est concernée, mais surtout l’entreprise. Elle n’a pas cherché à améliorer la productivité de ses personnels, du coup, elle peut dire aujourd’hui qu’ils ne sont pas compétitifs par rapport à ce qui se fait dans les pays émergents.
Paul Bairoch, un économiste dont j’ai tiré plusieurs billets, a analysé la productivité des pays sous-développés d’après guerre. Il a constaté qu’en dépit de leurs salaires faibles, il n’était pas rentable d’y produire, la productivité du travailleur occidental compensant son surcoût. Cette fois-ci, notre société a préféré délocaliser que gagner en productivité.
Pays émergents : pétards mouillés ?
The Economist constate que la marche triomphale des pays émergents n’est pas aussi irrésistible qu’on nous l’a dit (Dream on ?). En particulier leur taux de croissance record s’expliquerait en partie par quelque-chose qui ressemble à une bulle de crédit.
C’est curieux. Le phénomène rappelle ce qui est arrivé au Japon. C’est devenu un tigre de papier au moment même où on nous annonçait que sa domination du monde était inéluctable.
Et si notre capitalisme avait besoin d’épouvantails pour faire avancer ses projets (réduire sa masse salariale ?) ?
La défaite de la science
Encore Hot, flat et crowded. L’Amérique avait fait de gros progrès en termes de consommation de pétrole du fait de la crise de 74. Étrangement, ensuite, il y a eu recul. L’ère Reagan / Bush aurait conduit à un gaspillage volontaire. Au motif que la culture américaine était, justement, le gaspillage. Surprenant.
J’ai aussi compris pourquoi les Américains appelaient leurs 4x4 des « trucks », c’est-à-dire des camions : parce que la loi autorise les camions à consommer beaucoup plus d’essence que les voitures ! Posséder un 4x4, c’était donc avoir le permis de polluer !
Retour aux analyses de P.Krugman (économie) ou J.P.Schmitt (science des organisations) : nous avons vécu une période étonnante où la science a été liquidée ? Grand moment d’illumination mystique : le Dieu Capitalisme était arrivé sur terre ? Curieux qu’aucun de ses promoteurs n’ait tenté de marcher sur l’eau.
Terre sinistrée
Blog du Club d’Amsterdam (10 juillet) : Douglas Mulhall, Diana de Held s’inquiètent de l’avenir de la terre arable. 50% aurait été perdu. Elle serait remplacée par des fertilisants chimiques issus du pétrole.
Parmi les conséquences imprévues de ce changement se trouve l’effet de serre : « deux tiers du carbone de la terre et de l’atmosphère sert de nutriment à la terre arable ».
Une amie égyptologue me disait que la terre égyptienne, privée des alluvions du Nil depuis le barrage d’Assouan, avait été remplacée par l’engrais, qui brûle les mains lorsqu’on le touche.
Le tourisme : nouveau colonialisme ?
Géopolitique du tourisme (www.grenoble-em.com) : le tourisme est la première activité économique mondiale. 9% du PIB mondial, 250 millions d’employés. Mais le tourisme ne fait pas que des heureux. On parle de « néocolonialisme », et l’Algérie a décidé d’y renoncer.
L’argument libéral est, ici comme ailleurs : le tourisme fournit de l’argent à des pauvres, pourquoi le refuser ? En fait, il rapporterait fort peu : « entre 5 et 25% du montant dépensé pour un forfait, tout compris », tout le reste étant récupéré par des sociétés sans lien avec le pays.
En outre, je me demande si cet argent ne va pas seulement à certaines classes de la population visitée. Le reste subissant plus d’inconvénients que d’avantages.
Syrie : Assad, la fin ?
The Economist semble croire que les jours du clan Assad sont comptés. Si c’est le cas, ce serait un exemple, étonnant, qu’un peuple sans beaucoup de moyens peut mettre en déroute un pouvoir surarmé.
Déroute aussi des théories de l’économie néoclassique ? Ce qui fait la force de l’homme, c’est sa propension à la revanche, à périr pour une cause, et / ou peut-être à sous-estimer ses chances de mort (théories de Kahneman sur l’optimisme), et de se lancer dans des aventures insensées ?

Culture française
Parc Citroën


Je rends visite au Parc Citroën, du 15ème arrondissement de Paris. Le 15ème n’a pas beaucoup de verdure, et il est heureux que celui-ci existe. En outre, il a une disposition originale par rapport aux jardins publics ordinaires, par exemple le jardin du Luxembourg : il est fait de multiples jardins. Au lieu de n’avoir qu’un seul espace, on en a plusieurs. Dépaysement en peu de mètres carrés.
Mais il n’échappe pas à notre culture et à ses défauts. Il est récent et pourtant délabré. Les plaques qui constituent ses murs se fendent et tombent. Mauvaise qualité. Une fois de plus nous ne nous sommes pas donné les moyens de nos ambitions ? Et ses jardins ne sont pas très beaux. J’ai l’impression qu’ils se sont contentés d’être des idées originales. La réalisation ne comptait pas. Peuple de théoriciens ?
Éducation nationale : la logique du bourrin ?
Suite d’enquête sur le bac. Le gardien de mon immeuble me confirme qu’il ne faut pas viser au dessous de la mention très bien. Il s’inquiète pour son aîné, doué, mais peu motivé.
Je me demande si notre système actuel ne favorise pas les bourrins. La difficulté paraît avoir été remplacée par la quantité. Par conséquent, jadis quelqu’un de doué pouvait se contenter de quelques exploits, aujourd’hui, l’élève doit absorber énormément de détails d’autant plus inutiles qu’il n’est pas certain que les enseignants dominent parfaitement leur sujet.
Un problème du modèle bourrin est qu’il n’est pas stable : le bourrin placé par l’école au sommet de l’entreprise aura du mal à avoir de l’ascendant sur un intellect supérieur.
Mais tout ceci n’est que conjectures gratuites.

Construire le monde d’après
Résilience
Suite de notre réflexion sur la résilience, après lecture de Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner, conseillée par Dominique.
La résilience, donc, c’est sortir d’un choc, sans être détruit. Mais c’est sortir autre. C’est compenser ce qui a été perdu par des capacités jusque-là insoupçonnées. C’est une sorte de renaissance. Et elle passe par un apprentissage, qui ressemble à celui des débuts de la vie. Comme dans mes livres sur le changement, le plus dur est la décision initiale. Le fameux « effet de levier ».
Cela semble avoir des conséquences dont on ne parle jamais. Par exemple, j’entendais ce matin qu’il était question de réintroduire le loup dans certaines régions. En fait, il n’y a pas de raison de penser que la nature serait nécessairement mieux avec des loups : l’écosystème peut avoir trouvé une solution originale à sa disparition, qui va être mise en péril, peut-être, par son retour. La complexité du monde s’accommode mal des idéologies simplistes.
Méditation
Encore, Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner. Décidément la méditation a le vent en poupe. Elle nous renforcerait, à la fois mentalement et physiquement.
Cependant, je ne suis pas convaincu que nous devions tous devenir des moines, comme paraissent le croire les interviewés du dit livre.
La redécouverte des bénéfices de la médiation vient de la découverte de la plasticité du cerveau. Le cerveau se programme en permanence. Or, la méditation lui ouvre des horizons nouveaux. Du coup, nos petits maux quotidiens n’ont plus qu’un champ d’expression réduit.
Le vice de notre siècle est l’individualisme, qui s’est transformé en narcissisme, qui a pour revers de faire de grands malheurs de petites difficultés personnelles.
Nous avons donc besoin de mettre tout ceci en perspective. Et pour cela il est à la fois bon de s’ouvrir au monde, et de comprendre la richesse de sa vie intérieure. C’est ce à quoi vise la méditation, mais ce n’est pas le seul moyen de le réaliser.




samedi 21 juillet 2012

La résilience : une solution élégante ou terriblement efficace?

Il va falloir s'y faire la résilience va devenir notre sujet récurrent.
 Dennis MEADOWS, chercheur et auteur du rapport sur la croissance, sorti en 1972, à la demande du Club de Rome, nous dit qu'il y a 40 ans, il était encore temps d'agir pour infléchir les tendances catastrophiques, annoncées par ses prévisions pour 2030.
Malheureusement 2030 était si loin et ce n'était que des prévisions construites sur un modèle inconnu par des chercheurs et pour un groupe d'influence...

40 ans plus tard les prévisions ont été confirmées. Notre modèle est bien destructeur.

Et aujourd'hui, MEADOWS semble dire qu'il n'est plus temps de réfléchir à "comment changer notre trajectoire", car l'humanité est trop complexe et "la nature" s'en chargera.
Pour autant l'heure n'est pas à la résignation, mais toujours à la construction propspective.
Paradoxal!
Certes!
Il s'agit en réalité de se préparer à construire sur de nouvelles bases, un peu comme après une guerre mondiale destructrice...A la différence près que nous avons en mains les indicateurs qui mènent à la "guerre" et la capacité à l'anticiper pour l'absorber et prévoir sa sortie.
C'est la qu'intervient donc la résilience.
Comme un matériau qui se déforme sous la contrainte pour se reformer ensuite une fois la contrainte disparue ou comme une parcelle de prairie ou de forêt se régénère après un incendie - d'autant mieux que sa biodiversité était grande -

Finalement c'est du DARWINISME amélioré :
L'espèce qui survit n'est pas la plus intelligente mais celle qui sait le mieux s'adapter aux changements. oui, mais ici, c'est aussi l'espèce intelligente qui saura prévoir ce changement pour s'y adapter au mieux.

Bonne réflexion!




mercredi 18 juillet 2012

80 hommes pour changer le monde


Un sympathique livre de Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux (Le Livre de Poche, 2005). Il se lit d’une traite. Histoire de deux fraîchement diplômés qui parcourent le monde à la recherche d’entrepreneurs qui le rendent durables.
On y retrouve des idées récemment croisées par ce blog, notamment celles de Cradle to  cradle, et quelques thèmes traités par Poor Economics
Les interviewés sont des entrepreneurs au sens noble du terme. Des visionnaires, qui se sont longtemps battus pour leurs idées. Ils sont, aussi, issus de milieux favorisés, ont presque toujours fait des études exceptionnelles, et, pour les ressortissants de pays pauvres, possèdent un accès aisé aux milieux financiers américains. Chaque nation a sa spécialité : les riches se préoccupent d’environnement, les pauvres de déshérités.
Ce livre a été écrit il y a 8 ans, et rien n’a changé depuis. Pourquoi l’exemple de ces entrepreneurs n’a-t-il pas été imité ? me suis-je demandé.
Ils étaient trop exceptionnels pour cela ? Ils occupent une niche (cf. ce que dit Poor Economics du microcrédit) ? Leurs idées sont trop novatrices pour le marché (une tentative de location de moquette, sur le modèle produit – service de Cradle to cradle, a échoué) ? Effets pervers : ce qu’ils économisent permet de polluer plus ailleurs (cf. les thèses de Gail Tverberg) ? Ou, tout simplement, limites de l’initiative individuelle, de la « big society » de David Cameron : pour sortir l’homme de la pauvreté il faut un effort (inter)national concerté ?

mardi 17 juillet 2012

Comment éradiquer la pauvreté : Poor Economics

Afficher l'image d'origineComment éradiquer la pauvreté ? « Laisser faire » le marché ou aider le pauvre ? Deux économistes du MIT, enquêtent. Ils testent ces idées sur des populations témoins. Résultat ? Les pauvres ne font pas ce qui paraît évidemment bon pour eux. Pourtant, leur comportement a une logique impeccable. Et dans des circonstances comparables, nous ferions comme eux. Les pauvres ne sont ni des paresseux, ni des martyrs. Ce sont des gens comme les autres, mais qui font face à des circonstances exceptionnelles. Ce que je retiens :
  • Vues les ressources disponibles, les pauvres pourraient manger à leur faim. Mais leur manque d’espoir en l’avenir fait qu’ils recherchent des consolations qui les privent des moyens de satisfaire des besoins, apparemment, fondamentaux.
  • La santé est une question trop complexe pour être laissée à l’entendement du seul individu. Il faut créer une infrastructure / un système, dans lequel l’homme tende naturellement à prendre des décisions favorables à sa santé.
  • Pour que le système éducatif fonctionne, il faut des enseignants devant réaliser une mission claire et simple : enseigner les connaissances essentielles.
  • Pourquoi les pauvres ont-ils de grandes familles ? Pour assurer leurs vieux jours. Pour réduire la taille de la famille, donc augmenter son aisance, il faut un système de sécurité sociale.
  • Ce qui caractérise la vie du pauvre, c’est un niveau de risque colossal. Un incident et c’est la spirale de la destruction. Les pauvres ont développé des mécanismes d’assurance remarquablement sophistiqués. Mais ils ne sont pas parfaits et ils ne prennent pas en charge la santé. Il est difficile pour un assureur privé d’approcher ce marché : sans institutions adéquates, les contrats ne peuvent être respectés. Seuls peuvent être assurés des risques incontestables, donc majeurs. Le plus efficace semble la subvention qui permet de réduire le coût d’achat d’une assurance. Ce n’est pas de la charité, mais un investissement de l’État
  • La microfinance n’est pas le miracle que l’on croit souvent. Elle repose sur l’autoncontrôle exercé par une communauté, qui permet de réduire le coût du crédit. Ce coût s’explique à la fois par le nécessaire suivi du débiteur, et par la flexibilité qu’il demande. La microfinance ne convient qu’à une minorité de pauvres, et pas à l’entrepreneuriat.
  • Le pauvre vit dans un état de dépression tel qu’économiser lui demande d’aller contre sa nature (chercher des consolations). Lui donner un peu d’espoir aurait un impact direct sur sa capacité à économiser.
  • Les pauvres ne sont pas des entrepreneurs par nature, mais par nécessité. Leur rêve est d’être fonctionnaire. Et leurs affaires ont une très faible capacité de développement. En fait pour qu’elles se transforment significativement, il faut franchir un cap, qui demande un énorme investissement (et peut-être même une réorganisation de la société : dans un même village, il y a une multitude de commerces identiques). Pour qu’ils puissent prospérer, il faut leur donner un « bon emploi » salarié stable. La stabilité apporte la confiance nécessaire pour envisager et construire son avenir.
  • Les pauvres ne seront pas sauvés par de grandes théories, mais par des formes de micro actions. Si l’on comprend la logique du problème particulier dans lequel se trouve une population pauvre donnée, on peut l’aider à en sortir, en utilisant de très faibles moyens. En la maintenant ainsi à flots, on rendra supportable l’attente du décollage (éventuel) de son économie nationale, qui l’extraira définitivement de la pauvreté.
(Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo, Poor Economics, PublicAffairs, 2011.)

lundi 16 juillet 2012

PSA et autres nouvelles

Les réflexions de la semaine…

La France et le changement
Licenciements boursiers : beaucoup de bruit pour rien ?
PSA veut fermer des usines françaises. J’entends les syndicats et le PC parler de « licenciements boursiers » et demander des lois qui les interdisent.
Mais pourquoi réagir si tard ? Cela fait des années que la situation de PSA se dégrade !
Pourquoi, aussi, s’émouvoir particulièrement de PSA, alors que partout les entreprises licencient et ferment ? Pourquoi ne parle-t-on pas des travailleurs précaires ? Et les chômeurs ?
Je me demande si tout ce bruit n’est pas simplement un moyen de se donner bonne conscience. Et si, au lieu de faire du bruit, nos « partenaires sociaux » se demandaient comment prévenir les crises ?
Faut-il aider PSA ?
François Hollande parle d’intervenir dans le dossier PSA. A-t-il raison ? J’ai l’impression que le consensus mondial l’approuve. B.Obama a sauvé Detroit, et personne ne paraît le lui reprocher, aux USA. L’Allemagne défend jalousement son savoir-faire. Les pays émergents cherchent à construire le leur.
PSA représente beaucoup plus que ses intérêts propres. Il permet de vivre à tout un écosystème d’entreprises et de savoir-faire accumulé. Et cet écosystème ne travaille pas que pour l’automobile. Sans grande entreprise, disait un article de The Economist traitant de l’Angleterre, tout cela disparaît.
Cela milite-t-il pour un contrôle des dites grandes entreprises par la collectivité nationale ? Comme en Allemagne ? Et, quand elles sont « too big to fail », par l’Europe ?
Comment aider PSA ?
Pourquoi PSA est-il dans une mauvaise passe ? L’entreprise serait, selon l’expression américaine, « managed and not led ». Traduction : ce serait l’amour de l’argent qui l’inspirerait et non celui de l’automobile. Ainsi, la Tribune, cette semaine, observait que PSA fabriquait des voitures que l’on n’a pas envie d’acheter, et que, contrairement aux marques allemandes, elle n’est pas dirigée par des passionnés d’automobile. Peut-être, aussi, à la différence de VW (note de la semaine précédente), PSA ne s’est-il pas suffisamment intéressé à son outil industriel.
Doit-on aider PSA à aimer la voiture ? En tout cas, il serait bien de chercher à combler le déficit de politique industrielle de l’industrie automobile française.
Sans argent, il va falloir faire preuve de génie…
Travailleur pauvre
Discussion avec une avocate. Elle est effarée par le nombre de possesseurs de CDI ne pouvant joindre les deux bouts. Inconcevable qu’une société puisse accepter des travailleurs pauvres.
Curieux cercle vicieux. Pour oublier leur pauvreté, ils tendent à chercher des (maigres) consolations, qui peuvent les amener, d’expédient en expédient, à un endettement dont ils n’arrivent plus à se tirer.
Le pauvre ne manque pas de vertu, comme le pense le néoconservateur, il manque d’espoir, et… d’argent ?
Cercle vicieux de la prostitution française
The Economist se penche sur la prostitution française (On the game) : nos prostitués sont immigrés ; notre législation vise à les éloigner des yeux chastes. 
Europe : la France roulée dans la farine
La France est un pays de matamores d’opérette. Voilà ce que je retire d’un article de Pierre Verluise (Géopolitique de la France : quelles sont les conséquences de la crise économique ? sur www.diploweb.com)
La France se gargarise de projets grandioses : armée européenne (Sarkozy), Europe qui contiendrait la Russie pour faire pièce à l’Allemagne (Mitterrand)… La France « donne des gages », mais n’obtient rien. Pendant ce temps, « l’Allemagne a su paramétrer l’euro à son avantage ». Et l’Angleterre a « (construit) une « Europe marché » en empêchant l’émergence d’une « Europe puissance » ».
Le dirigeant français victime d’un colossal complexe de supériorité ? Il ne sait pas que le changement est un travail patient de transformation de la société, pas l’idée de génie d’un individu ?
Génie de l’ingénieur anglais
Des chercheurs reproduisent les exploits des perceurs de barrages de la seconde guerre mondiale. La revue du département d’ingénierie de l’université de Cambridge retrace l’expérience.
L’histoire est intéressante. La RAF a réussi à détruire certains barrages importants pour l’Allemagne nazie en utilisant des bombes qui ricochaient sur l’eau, passaient au dessus des protections, et explosaient en profondeur. C’est compliqué à réaliser, mais cela ne demande quasiment aucun moyen, une fois que l’on a trouvé la bonne formule (qui est celle du ricochet : il faut que la bombe tourne avant de la lâcher, au ras de l’eau).
Curieux. L’ingénieur anglais est génial et pourtant il est méprisé. En France, c’est le contraire : il se croit tellement intelligent qu’il pense qu’il n’a plus rien à prouver ?
Henri Bouquin
Une pensée pour Henri Bouquin, qui vient de décéder.
Henri Bouquin était un des plus grands spécialistes français du contrôle de gestion.
Il m’a étonné, lorsque je l’ai rencontré pour la première fois il y a dix ans. Je lui ai présenté mon livre, qui était à l’état d’une quarantaine de pages peu lisibles. Il a pourtant immédiatement situé les travaux auxquels je me rattachais (la systémique du MIT), alors que très peu de gens les connaissent en France, et qu’ils semblaient fort éloignés de son domaine de recherche.
Henri Bouquin était peut-être un des derniers représentants du professeur d’université français. Un esprit extraordinairement élégant, qui comprenait tout et qui avait tout lu. Mais qui ne voyait pas l’utilité de vulgariser sa pensée. Le bon élève était celui qui comprenait le maître.
Son décès a-t-il, comme celui des philosophes grecs, quelque-chose de symbolique : avait-il encore sa place dans une université dominée par l’arrivisme, la politique et l’argent ?
L’Amérique lui aurait certainement apporté la fortune et la gloire. N’était-il pas la matière même des modes de management ? N’avait-il pas étendu le champ du contrôle de gestion aux sciences humaines ? Mais, dans son université, il était vu comme dépassé, car il ne copiait pas les Américains.
Inflation de mentions au bac
Baccalauréat. Autour de moi, on ne parle que de mentions bien ou très bien. Je découvre maintenant que le bon élève vise les félicitations du jury (18/20). Ce n’était pas comme cela de mon temps.
Explication simple : pour augmenter le nombre de bacheliers il a fallu abaisser la difficulté de l’examen. Trop simple ? Ce qui m’intrigue est la similitude entre ce que sont devenus nos examens et le système anglo-saxon. En Angleterre et aux USA aussi, il est assez facile d’avoir une note maximale. D’ailleurs la valeur des notes est inversement corrélée à celle des cours, histoire de ne pas mécontenter le client. (Le phénomène est particulièrement marqué en ce moment.)
Car, dans les pays anglo-saxons, l’élève est non seulement client, futur mécène, mais aussi membre de la haute société. Il n’est pas de bonne politique de le mécontenter.
Il est tentant de se demander si les changements qu’a connus notre système de notation ne reflètent pas ceux de notre société : on donne un diplôme sans valeur au pauvre, et on distingue l’héritier ?

Notre monde anglo-saxon
L’Amérique renaît de ses cendres
The Economist (Comeback kid) se réjouit que l’Amérique se soit réformée, contrairement à l’Europe. L’Amérique a purgé ses banques et son immobilier. Elle profite maintenant de son dollar dévalué pour exporter vers les classes moyennes émergentes, et du gaz de schiste, dont ne veut pas l’Europe. Ceci ne réduit pas le chômage, mais on ne peut pas trop en demander.
En rapprochant cette renaissance du rejet par l’Angleterre des droits de l’homme européens, j’en arrive à me demander si la force des Anglo-saxons n’est pas de retourner contre ses intérêts les règles de la société. Il leur est d’une formidable utilité que le gaz de schiste, les OGM, la durée de travail soit limitée chez nous, parce que cela nous ligote.
Enseignement pour nos contestataires professionnels ? S’ils veulent être efficaces leur protestation doit être mondiale. Sinon, ils ne feront que tirer dans les pieds de leur camp.
Irrationalité économique de l’entreprise
Le professeur JP. Schmitt me fait part de son immense perplexité. Il a passé un demi-siècle à observer l’entreprise, et il n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi les innovations organisationnelles majeures ne sont pas adoptées. Même celles qui ont fait la preuve concrète de leur efficacité supérieure : personne ne les copie ! Pire : l’entreprise utilise aujourd’hui des techniques dont la stupidité est scientifiquement démontrée, et ce depuis longtemps.
L’explication que je donne à ce paradoxe rejoint celle que The Economist apporte à l’irrationalité bancaire (The golden rules of banking) :
La banque défie les lois du marché. Le banquier gagne à tous les coups. Y compris et surtout lorsqu’il est licencié. Pourquoi ? Parce qu’il écrit les règles du jeu.
Je me demande si, au fondement de ces règles, il n’y a pas le risque. Le secret du succès est de faire courir des risques, qu’elle ne perçoit pas, à son entreprise. Ce risque peut rapporter à court terme à son auteur, par l’apparence du succès. Dans tous les cas, il paiera infiniment moins qu’elle les conséquences d’un échec.
Solution du paradoxe : on n’est pas en face d’une recherche d’optimum collectif, mais individuel ?
Afrique, nouveau Far West
L’Afrique est la seule zone du monde promise à un bel avenir économique. Et, en plus, elle n’est pas protégée par des lois ou des gouvernements ennuyeux. L’industrie de l’alcool se prépare à la prendre d’assaut, par « l’innovation ».
(Intoxivation, The Economist)
Europe, ancien Far West
Apparemment le gouvernement Roumain n’aurait pas des usages très démocratiques.
Après la Hongrie et Chypre, nouvelle mauvaise acquisition de l’Europe ? Pourquoi autant de précipitation dans l’élargissement ? Pourquoi pas d’accompagnement à l’intégration ? Pourquoi si peu de contrôle des pays membres ?...
Après « l’Europe marché » est-il temps de construire une « Europe puissance » ?
Le Mali détruit le patrimoine mondial
On s’est ému cette semaine de ce que des fondamentalistes détruisaient des momuments maliens. Curieusement, les malheurs de la culture nous bouleversent plus que ceux des peuples.
En tout cas, cette affaire nous met devant notre impuissance et devant une propriété du changement qui n’arrive pas à pénétrer l’esprit français : le changement ne se fait pas en un claquement de doigts. Il demande un travail de préparation, long et minutieux. Ainsi, le génie militaire de Napoléon et d’Alexandre n’aurait rien été si leurs nations ne leur avaient pas donné des armées nombreuses et efficaces.
Qu’est-ce que la résilience
Dans un billet précédent, je disais que Dennis Meadows voyait comme seule issue à la crise des ressources naturelles qui nous menace la résilience de notre société. C'est-à-dire sa capacité à résister à un énorme choc, sans perdre son âme.
Un début d’étude me montre que la résilience n’est pas ce que je pensais. Elle est collective, et non individuelle (solidarité / partage) ; elle est active et non passive (créativité). (à suivre.)

L’homme éternel
Pourquoi le gringalet a-t-il gagné la sélection naturelle ?
Il semblerait que l’espèce humaine ait préféré le modèle du couple à celui du mâle dominant.
Du coup l’homme tend à être maigrichon et fidèle (et jaloux ?). (How the Weak inherited the Earth, Smithsonian.com). Cela aurait des intérêts : plus de nourriture pour la femme, une capacité de reproduction plus démocratique pour l’homme. Aussi, pour l’enfant, il est mieux d’avoir deux parents qu’un. D’ailleurs, la durée de l’enfance humaine demande une longue protection.
L’espèce humaine serait-elle très tôt orientée vers une stratégie sociale de survie ?
Nos décisions sont conditionnées par notre environnement
Il paraît qu’il en faut bien peu pour influencer nos décisions. Ainsi une table bancale nous fait croire que la société est instable, et agir en conséquence. De même nous tendrions à voter du côté où penche notre chaise… (Tall, dark and stable, The Economist.)
Qu’il en faut peu pour nous influencer ?
Comment l’Allemagne peut-elle imaginer que tout aille mal ailleurs ?
Comment fonder une démocratie sur la raison, dans ces conditions ? 

vendredi 13 juillet 2012

Les médias sociaux peuvent-ils révolutionner la communication de la nouvelle entreprise ?


Le cas. Je monte mon entreprise, suis-je concerné pas les médias sociaux ? Si oui, comment dois-je m’y prendre pour en tirer parti, sachant que je suis au four et au moulin ?...

Internet n’est qu’un média, mais c’est un média extrêmement puissant pour diffuser de nouvelles idées, et c’est surtout le média du pauvre. Donc, oui, il est important de s’en préoccuper rapidement.

3 choses à ne pas rater : un site web ouvert (présentant des « fonctionnalités sociales ») ; fédérer son « écosystème » au moyen des médias sociaux professionnels (linkedIn…) ; construire un plan de « marketing en ligne » : analyser comment les différents médias sociaux peuvent accélérer le développement de la société. Très simplement : des vidéos de démonstration de produits ou d’interviews sont un moyen extrêmement puissant de faire savoir ce que l’on a de nouveau à dire.

De même qu’il a un comptable, le dirigeant doit se faire accompagner par une agence spécialisée. Et ce pour la conception et la mise en œuvre de son plan de communication. Prix ? de l’ordre de 6 à 15.000€/an (pour une petite entreprise).

mercredi 11 juillet 2012

Reengineering et autres réflexions de la semaine

Mes réflexions de la semaine passée :

Ce blog fait son reengineering
Je change de manière de rédiger ce blog. Fini les billets courts.
Pourquoi ? Pour avoir du temps libre non contraint par une obligation. Ce blog était devenu un esclavage, auquel je sacrifiais trop de temps. En outre, sa rédaction encourage à un suivi de l’actualité fort stressant (l’actualité étant faite des malheurs du monde).
Décision. Un billet hebdomadaire, qui regroupe les idées de la semaine. Des résumés de livres et des notes de cours. Cela a l’intérêt supplémentaire de m’éviter d'affronter l’éditeur de billets de Blogger, qui est particulièrement inefficace. Par ailleurs, plus de liens html : ils me coûtent trop.
Google stats
La semaine dernière, je me suis interrogé sur les différences entre les résultats les statistiques de Blogger et Google Analytics. (Pour ce blog, par exemple, les écarts d’évaluation entre eux peuvent atteindre un facteur dix !) J’en suis arrivé à l’hypothèse suivante : des chiffres enflés encouragent le blogger amateur, le client principal de Blogger.

La France et le changement
Sarkozy et ses affaires
M.Sarkozy fait l’objet de nombreuses poursuites judiciaires.
Au fond, ce qu’on lui reproche n’a rien d’exceptionnel. Magouilles politiciennes classiques. C’est un politicien normal pris dans un changement de règles du jeu. Ce qui n’est pas normal est, peut-être, seulement, qu’il se croyait a normal, mieux que les autres, alors qu’il suivait les mêmes rites. Ce qu’il a d’anormal est sa capacité à croire ce qui lui convient ?
Pourquoi la France est-elle bloquée par le changement ?
Éternelle question. Pourquoi s’évertue-t-on à rater le changement, alors qu’il serait si facile de bien faire ?
La réponse est probablement que l’on se débat avec un problème que l’on n’a pas identifié. Il est en partie bloqué dans notre inconscient. Une fois qu’il sera devenu conscient, on saura le résoudre de manière rationnelle.
En France, le changement est une manipulation
L’entreprise investit beaucoup dans la conduite du changement. Par exemple, de plus en plus souvent, il est prévu un « coaching » des personnels concernés, c'est-à-dire un accompagnement psychologique. Cela me surprend, parce que cela coût très cher, alors que les changements français veulent généralement faire des économies.
Je viens de comprendre ce qui gène l’adoption de mes idées par le marché. Pour lui, conduire le changement consiste à faire voir la lumière à des esprits retardés, ou à les manipuler, s’ils ne peuvent comprendre. Elle est conforme à un des paradigmes dominants de notre culture : le modèle du père, qui sait, et de l’enfant qui absorbe.
Compétitivité et émergence
On nous parle beaucoup de compétitivité. Affreux mot anglo-saxon qui signifie que le faible est coupable d’inefficacité, qu’il doit se repentir et se sacrifier.
Il me semble que ce mot doit subir le traitement que Kant a réservé à « conflit ». La compétitivité doit être une fructueuse et nécessaire collaboration des différences. Pas une destruction d’hommes.
Que crée la compétitivité / conflit à la sauce Kant ? Quelque chose de différent de ses composants, de même que des hommes mis ensemble créent une « société », un tout qui n’a rien à voir avec ses parties. La théorie de la complexité parle « d’émergence ».
Pour la flexibilité du travail
Dimanche, France Culture faisait son coming out ultra-libéral. Il disait qu’en France le travail était flexible. En effet, l’entreprise française fait beaucoup appel au CDD et à l’intérim, le licenciement est devenu facile. C’est bien. Ce qui est mal, c’est le chômeur : il est trop longtemps indemnisé, ce qui ne l’incite pas à travailler.
Pas d’accord. Ce système encourage, le CDD et l’intérim. C'est-à-dire la précarité, l’acceptation d’une classe de sous-hommes. En outre, cette précarité est mauvaise pour l’économie parce qu’elle ne développe pas les compétences des personnels concernés.
Une meilleure solution : la flexisécurité à la quelle j’ai consacré plusieurs billets. Un seul type de contrat de travail, qui permet un licenciement facile, mais une prise en main du chômeur par la collectivité. Elle est efficace : elle lui apporte qualification et emploi. Mais Pole emploi n’y est pas prêt, si j’en crois ce que m’en disaient des chômeurs rencontrés il y a peu…

L’Europe en route vers la Fédération
Zone euro : la rigueur comme rite de passage
Il y a quelque chose d’étrange dans ce que l’on nous dit sur la rigueur. Certes, à première vue cela semble logique : certains États ne peuvent pas être chroniquement débiteurs, d’autres créditeurs. À seconde ça l’est moins. Car, au sein d’une même nation, il y a des déséquilibres équivalents à ceux qui existent entre Grèce et Allemagne. (Cf. les comparaisons de Paul Krugman entre Mississipi et États riches des USA.)
J’en arrive à formuler une autre hypothèse. Il est possible que la constitution d’un groupe requière de ses membres une sorte de sacrifice, une souffrance, un investissement irrationnel qui prouve la détermination de chacun à mettre les intérêts du groupe au dessus des siens propres. Peut-être que la rationalité de la rigueur c’est ce sacrifice gratuit à la cause commune.
En tout cas, c’est ainsi que le psychologue Robert Cialdini explique le bizutage et les rituels de passage ou d’entrée dans un groupe.
Que perdrons-nous avec l’Angleterre ?
Plusieurs articles traitent du départ de l’Angleterre de la zone euro. Que pourrait-on y gagner, ou y perdre ?
Le départ de l’Angleterre nous ferait un grand bien. Depuis plus de cinq siècles, l’Angleterre divise pour régner (cf. l’histoire de l’Angleterre de Roland Marx). En outre, nous récupérerons quelques affaires appartenant à la City, qui sont très rentables selon The Economist. 
À l’envers, si l’on en croit le modèle de Kant (ci-dessus) : nous y perdrons ce qui fait sa particularité. Mais peut-être que ce qu’elle représente, un modèle non collaboratif qui sème le vent chez les autres pour y récolter la tempête, va-t-il trouver la place modeste qui lui revient dans un monde qui deviendrait solidaire ?
Je crois surtout que nous pourrions perdre une certaine forme de vie de l’esprit, que l’Angleterre réserve à son élite. Débat vigoureux, presse enquêtrice et indépendante, honnêteté intellectuelle qui en fait la vraie patrie de la science. Un monde sans pensée anglo-saxonne sera peut-être une forme de Japon, à la pensée pesante, dominée par des mécanismes de solidarité collective qui nuisent à l’épanouissement individuel.
D’ailleurs, cela semble aller de pair avec la diminution de la démographie mondiale. La croissance démographique fait exploser le lien social. Les règles sociales ont d’autant plus de prise que la population évolue peu.
Mais le moment rare de liberté que certains ont connu frécemment a fait beaucoup de victimes.
Chypre : l’île de la discorde
(Une note de CLES de www.grenoble-em.com)
La situation de Chypre est compliquée. Les Anglais y ont-ils joué, encore, aux apprentis sorciers ? « en 1956. Suivant l’adage « divide and rule » et afin de s’attribuer le rôle d’indispensable arbitre, les Britanniques décident de réintroduire les Turcs dans les affaires de l’Ile. » En tout cas, aujourd’hui, elle semble stratégique pour les Turcs. Surtout, elle paraît avoir retenu l’enseignement anglais : elle joue avec tout le monde : Europe, Russes, Israéliens, Chinois…
Faut-il se débarrasser de Chypre ? The Economist ne le croit pas. Chypre est un très important gisement d’énergie. Il faut s’en occuper si l’on ne veut pas que l’île prenne, comme l’Arabie Saoudite, l’Europe en otage de ses lubies.

La culture anglo-saxonne domine le monde
Apprenons à influencer notre prochain
Géopolitique du smart power (www.grenoble-em.com) est un entretien entre J.F. Fiorina et Claude Revel, qui a écrit La France un pays sous influence ? Constat : les USA, pour faire triompher leurs intérêts, ont décrété une guerre « d’influence », de manipulation, dans laquelle tous les moyens sont bons. À commencer par leurs ONG qui privatisent « en douceur les relations internationales ».
Mme Revel encourage la Franque à lutter avec les armes anglo-saxonnes. Préalable : « réapprendre à penser » et « réapprendre à décider » !!
Sur ces deux points, elle a certainement raison. Je me demande d’ailleurs comment il s’est fait que nous ayons sous-traité notre cerveau aux Américains, nous qui fûmes des révolutionnaires des idées. Le départ de De Gaulle fût-il la victoire finale de la collaboration ?
Barclays ou la perversion de la finance
L’affaire Barclays semble extrêmement grave. Ce serait du super Kerviel : l’affaire pourrait coûter 200md$ aux banques concernées.
Il y a eu manipulation, continue, des taux interbancaires. Les plus prestigieuses banques mondiales seraient coupables. Or une grosse partie de la finance internationale repose sur ces taux. Le scandale est double, explique The Economist, d’une part, cette affaire révèle que manipuler les chiffres, quotidiennement, fait partie de la culture des financiers. Ensuite, le gouvernement anglais aurait contribué au mouvement, pour ne pas révéler l’état de banques qu’il ne voulait pas renflouer.
Qu’en conclure ? Probablement qu’il y a quelque chose de pourri dans la nature même de la finance. Et que cette pourriture est particulièrement propre à la banque d’investissement, que les Anglais appellent d’ailleurs « casino ».
Police privée, interplanétaire
The Economist (rock on) : la Nasa n’a plus assez d’argent pour s’occuper des astéroïdes qui pourraient s’écraser sur terre ; un consortium de riches a décidé de faire la police (i.e. de lancer un dans l'espace un télescope capable de repérer les objets dangereux).
Wikipédia et l’automédication
Poor Economics étudie les problèmes de santé des pays pauvres. Il en arrive à la conclusion que c’est une question trop complexe pour être laissée à l’individu. Il doit être placé, comme en Occident, dans un « système de santé », qui lui facilite la décision.
À l’inverse Wikipédia prétend mettre le savoir du monde dans une base de données. Ce qui signifie que l’on doit pouvoir se soigner seul. Nouvel avatar du mythe anglo-saxon de l’autodidacte et de l’autoformation, refus de la société et de son apport ?
Des avantages de la rédemption par la grâce
Mes amis américains mettent la paresse latine au compte de notre croyance à la rédemption par la grâce. Autrement dit, nous attendons le père Noël, sans rien faire.
Poor Economics constate expérimentalement que la religion catholique donne, en fait, un avantage concurrentiel au pauvre. En effet, elle lui confère la force de supporter son calvaire sans chercher de consolation immédiate. Ce faisant, il économise. Ce qui lui permet d’investir et de s’enrichir. Indirectement, il améliore son bonheur terrestre !
Religion et système
Dans la foulée de ce qui précède, je me demande si une religion n’est pas adaptée à un moment de l’histoire d’un peuple. Dans ces conditions, il est idiot de dire comme beaucoup que la nature de l’Europe est catholique.
À l’appui de cette théorie, on peut en appeler à la systémique. Un système est indépendant de ses conditions initiales. (L’exemple type de système est le thermostat.) Si une nation est un système, sa culture – la description du dit système – évolue sans nécessité de continuité. Le système devient un autre système.
Protestantisme et catholicisme
J’ai consacré plusieurs billets à la notion de mal comme fondement culturel de notre société, en partie du fait des thèses de Marshall Sahlins. À ce point de ma réflexion j’en suis arrivé à me demander si la particularité du catholicisme n’est pas de penser que l’on est porteur du mal. Pour le protestantisme, ce sont les autres qui le sont.
Nous sommes les enfants de notre environnement, Darwin s'est trompé
Didier Raoult (Life after Darwin, Project syndicate) s’en prend à Darwin. Nous ne serions pas les enfants de nos parents, mais de notre environnement. Par exemple, une partie de nos gènes vient de microbes, pas de nos ancêtres. Bref, il y aurait coévolution. Nous nous transformerions en bloc avec notre écosystème.
Retrouve-t-on l’idée de Schumpeter ? Ce n’est pas la concurrence frontale qui modifie l’homme, mais des contraintes globales ? Il est vrai que dans la nature, la notion d’affrontement n’existe pas : même si les espèces vivent souvent les unes des autres, elles ne cherchent pas à éliminer qui que ce soit.
Quant à Darwin, aurait-il été victime d’une idéologie créationniste ?

Nouvelles de l’entreprise (The Economist)
Pourquoi Airbus s’installe-t-il aux USA ? Parce qu’il y a d'énormes compagnies aériennes ayant beaucoup de vieux avions, à remplacer. Pour éviter le protectionnisme américain et les fluctuations de taux de change. Pour récupérer des subventions (160m$ pour un investissement de 600).
Qu’est-ce qui fait le succès de Volkswagen (18,9md€ de bénéfice) ? Apparemment les valeurs culturelles allemandes (capitalisme familial, soin du détail, innovation continue…), et aussi l’existence de plates-formes qui permettent de réduire les coûts de production de modèles extérieurement différents, mais intérieurement identiques.

Management
Que faut-il pour réussir dans un poste ?
Échange avec un spécialiste des ressources humaines. Pour lui, dans un poste, il y a des valeurs dominantes. Ne pas les avoir c’est l’échec. Exemple : responsable financier et dimension économique. Le reste est secondaire.
Je ne suis pas d’accord. Les fusions / acquisitions ratent faute de prise en compte de la dimension sociale du problème. Un directeur financier qui ne la comprend pas est un danger public.
Je crois donc qu’il y a effectivement des valeurs dominantes. Ne pas les posséder, c’est être rejeté par l’organisation, c’est le chômage. Mais les posséder, sans plus, ne signifie pas réussir dans son poste.

Psychologie
Ne nous précipitons pas
The Economist (no rush) : apparemment, des recherches montrent que lorsque l’on décide dans la précipitation, on tend à faire des entorses à l’éthique.
Qu’en déduire en ce qui concerne notre précédent président, éternel précipité ? Et, plus généralement, quant à notre époque d’Internet et de Tweet qui glorifient l’instantané ?
Aider les autres guérirait du stress
Helping others offers surprising benefits (Psychology today) explique qu’aider son prochain permettrait de lutter contre le stress, et allongerait même la durée de la vie ! D’ailleurs, les petits enfants préféreraient donner que recevoir…

Art et changement
Le Crépuscule des Pharaons
Exposition du musée Jacquemart-André. Dernier millénaire de l’histoire égyptienne (long crépuscule !). Une succession d’invasions et de réactions nationales. Les conquérants étrangers s’assimilent, au début, puis de moins en moins. D’autant que pour les Perses et Rome, l’Égypte n’est qu’une province. Quand à son art, il semble avoir été une tentative de retour à celui des périodes glorieuses. Mais avec des moyens de plus en plus faibles. 

dimanche 8 juillet 2012

Pourquoi l'expert est indispensable?

C'est probablement B. CYRULNIK qui apporte une explication parfaite.

Je rappelle que l'expert d'assurance et notamment en responsabilité civile, intervient au coeur d'une crise multidisciplinaire : technique, économique, sociale, environnementale et au milieu de parties prenantes diverses, l'assureur, le courtier ou l'agent, l'assuré, le tiers lésé l'avocat l'expert judiciaire, l'autorité administrative...
bref dans un écosystème de la crise aux couleurs développement durable ou RSE.

B. CYRULNIK nous dit  :
"Le morcellement du savoir mène au dogme, le dogme mène au pouvoir. Mais si  vous voulez vraiment explorer le monde, c'est autre chose. Impossible de morceler le savoir. Il faut mettre votre nez partout où il y a quelque chose à comprendre. Et éventuellement vous attaquez au dogme..."

Et c'est bien là que l'expert excelle,
- il parle technique avec le technicien et vulgarise pour le béotien.
- il entend le droit pour positionner utilement son expertise
- il connaît le contexte assurantiel pour le traduire aux parties comme un paramètre qui compte
- il expertise les enjeux économiques et les met en forme pour la compréhension indispensable de chaque type de sachant,
- il développe jour après jour de la relation sociale  de terrain si bénéfique  au cerveau (voir les dernières découvertes billet le cerveau est plastique social...),

Pour cela l'expert est à maturation lente et  son expertise repose sur le savoir faire cumulé au sein d'une organisation d'hommes et de femmes aux compétences multidisciplinaires qui se dosent avec subtilités.

L'expert est donc placé naturellement au sein de l'écosystème que constitue chaque litige.

Aujourd'hui comme l'abeille victime des pesticides qui boostent les rendement agricoles et empoisonnent les terres, l'expert est victime  de l'achat à forfait  qui boostent les marges...et tuent le savoir, le lien social, l'empathie, l'efficacité durable.

samedi 7 juillet 2012

Le cerveau est plastique, social et empathique

Voilà un ouvrage aux éditions ALBIN MICHEL, qu'il faudrait offrir à nos représentants politiques et à tout un chacun.
Il se présente sous la forme d'entretien avec des grands spécialistes comme B.CYRULNIK,
T. JANSSEN, P. BUSTANY, JM. OUGHOURLIAN, C. ANDRE et P. VAN EERSEL.
Il présente le dernier feu d'artifices de découvertes sur le cerveau, balaye tant d'idées reçues et apporte une bouffée d'optimisme bienvenue.

On y apprend que le cerveau est :

- plastique et qu'il peut créer des nouveaux circuits de neurones à plus de 90 ans! Un vieux cerveau est plus entraîné qu'un jeune car il connaît les raccourcis et fonctionne à l'économie.
- social grâce aux neurones miroirs qui permettent de rentrer en résonance avec les autres cerveaux. L'altruisme serait un instinct qui permet son développement positif,
- durable pourvu que l'on garde le goût d'apprendre toute sa vie, que l'on s'alimente correctement, qu'on ait de l'activité physique, que l'on garde son calme, sa gentillesse et de l'empathie.

Il explique pourquoi la psychothérapie fonctionne, elle transforme biologiquement le cerveau.
Pourquoi le technique de visualisation utilisée par les sportifs est efficace, elle modifie le corps et le prépare.

Mais il nous alerte aussi, sur les travers de nos nouveaux modes de communications par SMS, mails, médias sociaux et téléphone portable.
Le cerveau a besoin pour reconnaître l'autre d'un long apprentissage pour devenir capable de déchiffrer  en quelques dixièmes de seconde les signes de l'autre : subtilités sur le visage, la respiration, les gestes le mouvements des sourcils....Grâce à cette reconnaissance et le rituel d'interaction se développe l'empathie, si bénéfique au cerveau.
Aujourd'hui, nous communiquons à travers des filtres technologiques- des écrans - qui nous empêchent d'avoir de l'empathie pour l'autre. Voilà une source de violence nouvelle...

Konrad LORENZ avait déjà évoqué cette problématique dans son ouvrage le 8 péchés capitaux ( 1972)  en faisant état de la transformation négatives des comportements du fait de la surpopulation dans les grandes villes. cette densification nuit à l'empathie qui engendre la violence.
Les dernières découvertes sur le cerveau confirment sa vision vieille de 40 ans et il n'avait pas connaissance de l'arrivée du web, et de ces découvertes sur le cerveau...

Comme le disent B CYRULNIK et . SERRES nous allons vers un remodelage de nos structures neuronales. Si nous voulons que ce soit pour un monde meilleur alors il faut tenir compte de celui qui nous gouverne : notre cerveau.
Il veut de l'amour, de la relation sociale intelligente et heureuse, de la créativité positive et une alimentation saine.
Joli programme politique.






vendredi 6 juillet 2012

Les médias sociaux peuvent-ils révolutionner les modes de management des consultants ?


Le cas. La mode de management fait la fortune du consultant. Mode de management ? Un nouveau type de mission de conseil, qui se répand comme une traînée de poudre, parce qu’elle répond à un besoin fort de beaucoup d’entreprises.

Si Internet n’est qu’un média parmi d’autres, bien utilisé, il donne quand même un sacré coup de pouce à la diffusion de nouvelles idées. Rare cas de cordonnier bien chaussé !, Hervé Kabla prend pour exemple le livre qu’il a coordonné pour l’association Media Aces des professionnels des médias sociaux. Plus de vingt mille téléchargements !

Conseils ? Utiliser l’exemple de clients qui veulent ringardiser leur concurrence (cf. Free), viser des relais d’opinion, donner beaucoup (mais pas trop !). Un service particulièrement adapté au consultant et à ses modes : Slideshare, site de partage de présentations. 

Elinor Ostrom (suite)

The Economist dédie sa page nécrologique à Elinor Ostrom :
collaboration était son mot d’ordre. Les voisins prospéraient s’ils collaboraient. Les plans collectifs les mieux conçus ne pouvaient que s’effondrer si les gens sombraient dans l’indivudalisme, ou à former des élites. (Elinor Ostrom)

jeudi 5 juillet 2012

L’Anglais et le continent

The Economist, dans une série d’articles sur Londres, explique que l’Angleterre a été (est ?) un îlot de calme environné par la fureur meurtrière du continent. L’Anglais aime à se croire un civilisé entouré de barbares.

Il oublie qu’il n’a été absent d’aucune des guerres du continent. Probablement, d’ailleurs, qu’il en a causé plusieurs.

Surprenant que cela lui soit sorti de l'esprit. En effet, il devrait s'enchanter de l'excellence de sa tactique. Non seulement ses concurrents étaient dévastés, mais certaines victimes (cf. les Huguenots, les vagues de Juifs germaniques…) venaient lui demander asile, lui apportant leur savoir-faire, et faisant sa fortune. Mieux : son fameux « diviser pour régner » faisait du monde un « marché » dont la définition est, comme chacun sait, un ensemble d’électrons libres, d’individus.

Si l’on y réfléchit bien, le crime était presque parfait. D’un côté naissait ce marché-chaos mondial, de l’autre, une minuscule élite tirait les marrons du dit chaos, sans effort aucun : simplement en faisant entrer dans ses rangs ceux qui avaient su l’exploiter (cf. les oligarques russes).

Mais, alors, pourquoi l’Angleterre est-elle aujourd’hui l’ombre d’elle-même ?

Il me semble que c'est pour cause de dettes. Dettes qu'elle a dues à des guerres (napoléonienne, mondiales…), puis à la nécessité de faire supporter leur sort aux perdants du dispositif, les prolos.

Alors, sans dette pas de chaos ? La politique du chaos ne serait-elle pas soutenable ?

Compléments :
(London) became a magnet for foreigners, partly because it was a convenient trading post and partly because it lay safely off the coast of a continent where bad things happened horribly often.
  • On notera au passage que l’Amérique, autre île, a adopté un modèle similaire, bonne conscience comprise. 

Combien vaut une nation ?

Les Nations Unies calculent le capital des nations. Il est divisé en trois : homme (formation / salaire), nature (ressources naturelles) et physique (capital productif). C’est le Japon qui gagne, grâce à son colossal capital humain. (The real wealth of nations)

N’est-ce pas discutable ? Ne serait-ce que parce que certaines ressources (toutes ?) sont la propriété de l’humanité, et que, quitte à mesurer le capital social, il faudrait l’étendre à ce qui est partagé par la population, la « culture », et non le limiter à ses individus ?

Mais, tentative à encourager, pour montrer à l’économiste, dans son langage, que toutes les croissances ne sont pas bonnes ? 

mercredi 4 juillet 2012

Le forfait, l'avocat, l'expert et le paquet de lessive.

Un expertise se déroule depuis deux ans avec comme objet des travaux de désamiantage litigieux.
Le marché initial en 2004 était de moins de 200 000 euros et, à la fin de l'expertise, soit 8 ans plus tard, les enjeux économiques sont de l'ordre de 7 millions d'euros!
Joli effet de levier d'un marché passé avec un peu de légèreté, mais le plus alarmant est bien ailleurs.
L'expertise judiciaire est en voie d'aboutir c'est à dire que l'expert judiciaire va pouvoir déposer son rapport sous peu.
Ce dernier, très expérimenté, donne un premier avis sur la position qu'il va  coucher dans son rapport et incite les parties à l'expertise à trouver un accord sur la base de ses futures conclusions.
Sans dévoiler la confidentialité attachée à cette affaire,  l'avocat et moi-même ne comprenons pas depuis plus de 6 mois que la partie opposée ne cherche pas à transiger car c'est d'évidence, et en toute impartialité, son intérêt.
Je profite d'une pause lors de l'ultime réunion pour interroger le conseil juridique de l'assureur de cette partie silencieuse.
Il ne semble pas posséder très bien son dossier et bloque sur un sujet déjà ancien et mineur au regard des enjeux. Et fin d'argumentation, ce conseil semble disposer à proposer l'ouverture d'une transaction à l'assureur, son donneur d'ordre.
J'échange sur ce sujet avec l'avocat que j'assiste techniquement et m'étonne de l'attitude de son collègue.
La réponse est cinglante :
L'assureur rémunère ses avocats au forfait. L'avocat assiste donc aux réunions, rédige des comptes rendus pour le prix du forfait. Pour ce travail "journalistique" bien entendu on ne prend pas les meilleurs...
Pour le reste, il ne propose ni stratégie, ni même ne répond aux demandes des confrères pour travailler sur une transaction. Ce n'est pas compris dans le forfait!
Résultat le dossier n'est pas piloté.
Cet assureur peut donc se targuer d'avoir des frais d'expertise (avocat et expert) réduits avec un bon score sur son reporting à la Direction.
Mais bien évidemment, ce reporting ne peut prendre en compte la perte attachée au forfait, non mesurable.
En effet, l'expertise aurait pu être éteinte depuis plus d'un an avec certainement  un accord économique intéressant.

Les assureurs sont ils conscients de l'effet dévastateur de l'application d'un forfait à une prestation intellectuelle?
Probablement que non car certains auraient en tête la mise en place d'enchères inversées comme dans la grande distribution!
J'attends avec inquiétude le résultat que donnera l'achat d'avocat et d'expert comme des paquets de lessive!
Surtout lorsque j'entends que certains assureurs "scorent" le comportement de leur prestataire lorsqu'il les représente...
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond!





Crépuscule de Londres

The Economist s’inquiète pour Londres. (A precarious brilliance) Le danger qu’il court est moins le déplacement du centre de gravité économique mondial, que la haine que l’Anglais ressentirait pour sa capitale.
Les trois groupes de gens qui sont particulièrement impopulaires en Grande Bretagne : les riches, les banquiers et les immigrants – sont ceux dont dépend Londres.
Mais ne peut-on pas le comprendre ? Certes, Londres semble subventionner le pays, mais il n’est plus anglais. Car, à en croire The Economist, son élite est étrangère, composée de grandes fortunes, acquises plus ou moins légalement, venues abriter biens et famille, ou de cadres supérieurs internationaux. À quoi s’ajoute d’autres étrangers, pauvres cette fois, qui travaillent beaucoup plus, et pour (beaucoup ?) moins que les indigènes.

En résumé : l’étranger s’est emparé de l’emploi et des beaux quartiers, et de tous les lieux de culture et de plaisir ? L’Angleterre est colonisée ? (Image du Wikipedia anglais.)