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jeudi 30 septembre 2021

L'assisté se rebiffe

"On dit toujours des pauvres “c’est des assistés”, mais moi ayant vécu des deux côtés du monde, je peux vous dire à quel point la bourgeoisie est assistée dès la naissance, a tous les privilèges, le capital scolaire, etc. Les éléments de langage qu’on entend sont totalement faux : l’assistanat est du côté de ceux qui ont déjà tout." (Lien)

Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire ?

Ou, comme le dit Pascal, "ne pouvant faire qu'il soit forcé d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force" ?

L'abandonnée de Tourguenieff

3 longues nouvelles. Tourguenieff (Tourgueniev) mériterait d'être lu par les féministes. Elles l'aimeraient. Car les hommes y sont falots, sans qualités. En particulier le narrateur. Les femmes y sont héroïques et opprimées. Pour les uns et les autres, le mariage est la grande affaire d'une vie. Une vie qui, d'ailleurs, est courte.  

Comme dans Mémoires d'un chasseur (que je préfère), Tourgenieff s'intéresse aux humbles. Les dominants n'ont pas d'histoire ? Et, en dehors de leur contentement de soi, bien peu de substance ? 

mercredi 29 septembre 2021

Angleterre sans chauffeurs

Stations sans essence. La Grande Bretagne manque de conducteurs de poids lourds. Certaines stations, dans les zones densément peuplées, ne sont plus approvisionnées. Avec l'augmentation soudaine du prix du gaz, c'est le drame du moment, si j'en crois la BBC. Beaucoup de gens ne peuvent vivre sans voiture. 

Causes ?  Nombreuses, probablement. 

  • Brexit et dépendance vis-à-vis d'étrangers de l'UE, qui ne reviennent pas. 
  • Examens de permis de conduire qui n'ont pas pu se faire du fait du virus. 
  • Achats en panique. Certains accumuleraient les litres d'essence. On entend que des pompes ont vendu 5 fois les volumes habituels. 
  • Système de juste à temps, qui ne supporte pas le moindre aléa. 
  • Conditions de travail des chauffeurs qui se dégradent, depuis longtemps, sans que rien ne se fasse. (La raison d'être de l'appel massif aux immigrés ?)

Et il va bientôt y avoir Noël.

On parle de visas temporaires pour immigrés, d'augmentation du temps de travail des chauffeurs, d'appel à l'armée...

Recruter localement pourrait avoir un gros impact sur l'emploi : le manque est de plus de 100.000 conducteurs, dit-on... Mais aussi sur l'inflation : pour les attirer, il faut augmenter les salaires, et améliorer les conditions de travail, y compris l'infrastructure d'accueil. 

Au fond, le Brexit méritait bien son nom ? La Grande Bretagne a eu recours (comme beaucoup certainement), pendant fort longtemps, à des expédients. Ils l'ont amenée à la limite de la rupture ? 

Eloge des frontières, par Régis Debray


La frontière est, soudainement, à la mode. Le titre de ce livre a attiré mon regard. Une explication de la dite mode ? 

Surprise : il date de 2010. Une conférence au Japon. Pauvres traducteurs ! Car Régis Debray est un virtuose du langage qui, de surcroît, manie incessamment la référence à une antiquité et une culture opaques au Japonais. A vrai dire, ce n'est pas du Français, c'est du philosophe moderne : du virevoltant. Heureusement, c'est dix fois moins long que du Jankelevitch. 

Qu'ai-je compris ? 

Que nous vivons à l'heure du "sans frontière", alors que, quel que soit le phénomène que l'on étudie, on ne peut que constater que la frontière est le propre de la vie. (La frontière c'est la vie ?) Certes. Survient alors une argumentation systémique. L'absence de frontière a des conséquences palpables. Quand il n'y a pas de frontière, il n'y a pas de limites. On ne sait plus mettre les choses à leur place. Notre vie perd le nord. Ce qui produit, paradoxalement, ce que nous constatons tous les jours : une création anarchique de frontières locales, à l'échelle quasiment de l'individu, partout. Et avec les conflits que cela signifie, puisque les dispositifs qui garantissent la paix entre frontaliers n'existent plus à cette échelle. Guerre de tous contre tous. 

A qui profite le crime ? Au riche et à la haute finance, qui ne sont que "flux" et qui exècrent les barrières. Qui perd ? Le pauvre, qui est vissé au sol, et qui ne peut prendre que des coups. 

Commentaire 

Parfait exemple d'énantiodromie : quand on ne veut pas de frontière, on a des frontières partout. Et surtout chez les riches, qui doivent s'entourer de barbelés et payer des armées privées, et se déplacer en hélicoptère, comme au Brésil. 

La membrane d'une cellule, la peau d'un homme... séparent l'intérieur de l'extérieur. Qu'est-ce que l'intérieur d'une frontière ? Quelle forme de vie permet-elle ? Peut-être ce que les anthropologues appellent "culture". La fameuse "société", qui n'existait pas selon Madame Thatcher. La France, l'Allemagne, l'Angleterre... sont des êtres vivants. C'est peut être une des leçons de l'épidémie, qui a vu la réapparition, quasi instantanée, des frontières. 

mardi 28 septembre 2021

Léninisme numérique

La Chine tape sur ses entreprises de la high tech. Ce qui est surprenant, car son succès tient en partie à avoir su développer sa propre Silicon Valley, en fermant ses portes au modèle original. Il y aurait trois raisons :

  • Des irrégularités de gestion. 
  • Le gouvernement chinois veut avoir accès à leurs données, pour contrôler le pays.
  • Réorienter leur activité du frivole au sérieux, pour servir la géopolitique chinoise. 
C'est un rappel à l'ordre. Un rappel que le maître absolu est le parti communiste, et que la Chine est une dictature. Une dictature numérique. 

En Occident on s'enrichit entre deux crises, en Chine, entre deux purges ?

France : drame de la solitude ?

Sous-marin australien : que pèse la France ? Comme en Irak : la France aboie, l'Amérique envahit ?

Leçon ? Et s'il fallait, une fois pour toute, comprendre que la France n'est rien et que hurler ne sert à rien ? 

S'inspirer des Allemands ? Eux ne protestent pas, ils agissent. Et ils agissent sur les mécanismes qui régissent le monde. A commencer par l'économie. 

(Et si c'était ce que leur a enseigné 40 ? Même détermination, autres moyens ?)

Epidémie ?

Ai-je bien entendu ? La BBC annonçait 800 morts du coronavirus, par semaine. Satistiques Internet. Eh bien oui, et en France, il y a, en moyenne, 60 morts par jour. Or, tout semble être revenu à la normale, au masque près. 

Lassitude ? Tant que les hôpitaux ne sont pas saturés, tout va ? Les affaires des entreprises ne sont pas compatibles avec les mauvaises nouvelles ?... Mystère. 

lundi 27 septembre 2021

La relocalisation n'est pas pour demain

Conférence de l'ESCP sur la relocalisation. Où l'on apprend que la délocalisation n'a pas été une bonne affaire. Rien ne marche correctement avec une "supply chain" étirée. Il n'y a que des "coûts cachés". Manque de réactivité, baisse de qualité, contrefaçon, risques d'approvisionnement, risques de réputation, freins à l'innovation (on a découvert que, pour innover, il fallait que la création et la production soient proches)... Paradoxalement, ce sont ceux qui avaient le plus à gagner, le textile et le jouet, et qui en ont le plus profité, qui étaient les moins faits pour être loin de leurs marchés et des modes. 

Va-t-on revenir à la raison ? Non, car, entre temps, nous avons perdu les compétences nécessaires à faire le travail maintenant délocalisé ! (La délocalisation ou l'attrape nigaud ?)

L'espoir : reconstruire à partir de ce qui existe encore de compétences sur notre territoire. 

(La conférence disait aussi que la France a été particulièrement efficace dans l'élimination de son industrie, il n'y a que la Grande Bretagne qui ait fait mieux, et, encore, marginalement.)

Le monde selon Trump

Biden, Trump, même combat ? Voilà ce que l'on entend. Conséquence des sous-marins australiens. 

Question d'hommes ou de principes ? Et si le principe américain était le rapport de force ? Protégez-moi de mes amis... Et ce rapport est plus facile à appliquer vis-à-vis de quelqu'un qui a confiance en vous que vis-à-vis d'un ennemi. 

Si je suis milliardaire, c'est parce que j'ai travaillé dur pour cela. Vous n'en fûtes pas capable, obéissez, maintenant. On retrouve ce raisonnement partout. Je me souviens d'une interview par France Culture d'une démocrate américaine qui disait que la classe moyenne blanche devait ses conditions de vie à ce qu'elle ne voulait pas s'adapter à la modernité : qu'elle ne vienne pas se plaindre ! La "méritocratie" est une justification de la domination des intellectuels. Ces thèses ne sont pas qu'américaines, bien sûr. 

Notre société est constituée de patrons et d'intellectuels, des Chinois et des Suisses. Comment faire que des individus n'utilisent pas le rôle que leur donne la société humaine pour détruire cette société ? La question que nous pose M.Biden ? Comme quoi l'égoïsme myope peut avoir des mérites ?

Woke

Un débat sur le "wokisme". Il faut se tenir à la page. Même ce blog. 

"Woke" ? D'après wikipedia, c'est un terme noir américain, qui signifie "woken", éveillé. Cela serait une injonction à rester sur le qui-vive. Le terme aurait été récupéré par l'intellectuel de gauche pour regrouper toutes les "dominations", dans une nouvelle Internationale : "dominés de tous les pays, unissez-vous". 

Débat utile ? Si l'on en parle en France, toujours en retard d'une guerre, c'est probablement que l'affaire est derrière nous. Le "wokisme" (ou "intersectionnalité" !) aboutit à la contradiction. Tout dominé est un dominant. 

A commencer par l'intellectuel promoteur du concept, ultra riche, ultra privilégié, ultra blanc. Car si l'on parle de wokisme, aujourd'hui, c'est que sa domination de la parole publique, la "cancel culture", n'est plus totale. 

dimanche 26 septembre 2021

Financement local

Et si l'on finançait localement l'économie locale ? C'est le combat de Territoires et financements innovants. Idée qui mériterait d'être étudiée ?

En effet, c'est une des forces de l'Allemagne. Les banques régionales sont des investisseurs patients, de long terme, pour les entreprises régionales. En cas de difficultés, on peut compter sur elles. Voilà qui est bénéfique pour l'économie locale, et donc nationale. 

En outre la solution alternative, le capital risque, est extraordinairement dangereuse. En effet, il demande des taux de rentabilité invraisemblables, à relativement court terme (par exemple un doublement de la valeur de l'entreprise à 5 ans). Ce qui conduit, comme le note Michael Porter, à de la "cavalerie". C'est fatal à l'entreprise, et au petit porteur. 

Seulement, ce n'est pas simple à mettre en oeuvre. Il faut un véhicule, et aussi un état d'esprit. Si l'on croit ce que l'on entend, les banques allemandes, contrairement, par exemple, à l'Etat français, sont de bons (de réels) investisseurs : elles ne sont pas passives. 

(On dit d'ailleurs la même chose des syndicats allemands, qui se comportent comme des investisseurs, et non des défenseurs de droits acquis.)

Heureuse Allemagne ?

L'Allemagne a des dirigeants stables. J'entendais hier, que Mme Merkel avait vu passer 5 premiers ministres anglais. Quant aux gouvernements français, ça ne se compte plus. Heureux allemands. 

Paradoxe. Dans son génie, très français, de Gaulle avait cru que pour qu'un dirigeant dure, il fallait que son mandat soit long. Simple bon sens, non ?

Eh bien, le mandat d'un chancelier est court, et pourtant il occupe longtemps le pouvoir. La raison ? 

La coalition. Au totalitarisme jacobin, l'Allemand oppose la recherche de consensus entre sensibilités de l'opinion. Cela ne permet pas de décider vite. Mais de bien décider. D'ailleurs, à chaque fois que Mme Merkel a décidé à la française (le nucléaire, l'immigration...), ça a été un désastre. Etre français ne s'improvise pas.

Qu'est-ce qui nous manque pour appliquer la méthode allemande ? Probablement des partis qui représentent quelque chose de plus que l'ambition de leur leader et de ceux qui veulent le remplacer. Et, cela va avec, le respect de l'autre, ne pas croire qu'il y a une seule vérité, celle que l'on a en tête. Pas très français tout cela ? Mais, impossible n'est pas français !

La recette de la licorne

On se plaignait que la France n'avait pas de licornes. Il en pleut !

Comme quoi, le Français finit toujours par comprendre. Il a longtemps cru, bêtement, qu'une "licorne" était une entreprise qui gagnait beaucoup d'argent, ou, au moins, qui se développait très fort, avec une grosse rentabilité. Pas du tout. Une licorne est une entreprise qui lève beaucoup d'argent !

Dans le monde des licornes, plus que le plumage, c'est le ramage qui compte. Et les temps sont favorables : il y a une montagne de cash qui ne parvient pas à se placer ! Bienvenue dans le "Magic quadrant" du Gartner, qui porte bien son nom : c'est le monde de l'illusion. Comme "licorne", d'ailleurs.

samedi 25 septembre 2021

Chine : début de la fin ?

Evergrande, gigantesque promoteur immobilier chinois, est en difficulté. Lehman Brothers chinois ? Faut-il craindre une crise mondiale ? J'entendais un interviewé de la BBC (jeudi dernier) dire que le risque était plutôt un ralentissement de croissance de l'économie chinoise : cette crise appauvrissant le citoyen. Or, la croissance chinoise est le moteur du monde...

Cela m'a rappelé une de mes anciennes prédictions. J'ai pensé que Chine et Japon se ressemblent par leur culture. Et que la Chine connaîtrait un repli après une forte croissance. Or, il se trouve que le repli japonais a commencé par une crise immobilière... Y a-t-il plus qu'une coïncidence ? 

La bonne façon d'apprendre la conduite du changement

Je viens de faire une étude des clusters (groupements d'entreprises). Leurs équipes d'animation m'ont épaté : leurs techniques de conduite du changement mériteraient de figurer dans "leading change" de Philip Kotter. LA référence.

On me dit : rien d'étonnant. L'équipe d'animation n'a aucun pouvoir, comment donner des ordres à des adhérents, qui sont des dirigeants ?, mais elle a une obligation de résultat : si rien de concret ne sort, ses jours sont comptés. La conduite du changement est une simple question de sélection naturelle ?

vendredi 24 septembre 2021

Banane à retardement ?

"De 1972 à 1993, la chlordécone, un insecticide hautement toxique, a été épandu sur de nombreuses terres agricoles de la Martinique et de la Guadeloupe. Ce pesticide très persistant dans l’environnement est à l’origine d’un scandale environnemental et sanitaire et fait l’objet depuis 2006 d’une bataille judiciaire à l’issue incertaine." (Emission de France Culture

Il est surprenant que l'on s'étonne que l'on puisse croire à la théorie du complot. Dans ce dossier, il n'y a que des questions. Pourquoi ce pesticide a-t-il été utilisé alors que des études avaient montré sa dangerosité ? Pourquoi le président Macron a-t-il reconnu, dans une envolée lyrique dont il est coutumier, la responsabilité de la France, sans qu'il n'en résulte rien, apparemment ? Et que fait-on des terres concernées ? 

Si je comprends bien, la réponse est : rien. La quasi totalité de la Gouadeloupe et de la Martinique est contaminée par une molécule qui ne se décompose pas, ou difficilement. Alors, on y fait pousser des plantes qui semblent peu l'absorber. Bref, la question est compliquée, or, pour le moment, rien de grave ne s'est produit ? Et je continue à manger des bananes des Antilles. 

L'immoraliste


Hasard d'une bibliothèque. Préjugé peu favorable. André Gide fut une vache sacrée, une lecture quasi obligée à l'époque de mes parents. En outre, j'aime peu le style et les histoires des romans de ce temps. 

Le premier contact renforce ce sentiment désagréable. Roman court, histoire sans grand contenu. Des personnages, de la haute société, qui ne sont plus de notre époque. Un jeune rentier connaît un moment Nitzschéen. Son éducation l'avait tenu dans un carcan. Il a la révélation des nourritures terrestres. Mais, c'est un faible. Il demande à ses amis de le sortir de la déchéance morale dans laquelle un moment de folie l'a conduit. En attendant, il aura provoqué la mort de son épouse. 

Après coup, je me suis demandé s'il n'y avait pas une autre façon de lire L'immoraliste. La confession d'un homme, Gide, qui se découvre, et qui découvre sa nature. Une histoire "en train de se faire". Et un auteur qui demande l'avis du lecteur : certes, j'enfreins la morale, mais suis-je réellement un sale type ? N'y a-t-il pas un moyen de réconcilier nature et morale ? Du coup, ce que je trouve sec et sans contenu pourrait, au contraire, être pudeur et élégance.

Peut-être, surtout, est-il dangereux d'appliquer à un auteur l'idée que l'on a fini par se faire de lui. C'est, au contraire, un être humain qui avance dans l'inconnu. 

Mme Merkel, ou l'art des relations internationales ?

Quelle est la qualité la plus sous-estimée d'Angela Merkel ? "Elle a écouté tout le monde - petits, moyens, grands pays, elle n'a jamais fait de distinction", dit Juncker, qui sait ce que c'est que d'être premier ministre d'un pays minuscule et a travaillé avec tous les chanceliers allemands depuis Helmut Kohl. "Cela explique aussi son influence dans l'UE." (...) Merkel « a toujours suivi le débat politique intérieur dans les autres pays de plus près » que les autres dirigeants, dit Juncker. "C'était son charme politique européen, que tout le monde avait l'impression qu'on pouvait lui dire les choses comme elles sont dans son pays, et elle a intégré cela dans le réseau global de solutions européennes auquel elle a contribué." (lettre de politico.eu concernant l'élection allemande, hier.) 

Un modèle pour les autres dirigeants ? Aime et fais ce que tu veux ?

jeudi 23 septembre 2021

Emotion contagieuse

"les émotions, comme le rhume, s'attrapent" Les émotions seraient contagieuses. Quelques "pisse vinaigre" peuvent changer radicalement l'humeur d'un groupe. 

Voici ce que je lis dans un article (Large Group Interventions and Dynamics, par Barbara Bunker et Billie Alban). D'autant plus inquiétant que cela semble incontrôlable et aléatoire. 

Ce serait une propriété des groupes de grande taille. Une sorte d'instabilité naturelle, façon "aile de papillon" et théorie du chaos ?

Que faire ? J'en retiens surtout qu'un homme averti en vaut deux, et qu'il faut éviter les grands groupes (les diviser en petits groupes). 

Remarque : c'est peut-être le rôle des sociétés : elles nous structurent. La "foule" serait-elle un phénomène contre nature ?

L'expérience de la banlieue

J'ai été en avance sur mon temps. J'ai quitté Paris avant tout le monde. Mais pas pour la province, mais pour la banlieue. J'ai pu constater, une fois de plus, que l'on est conditionné par son environnement. Vivre en banlieue, c'est :

  • Comprendre les gilets jaunes. J'ai retrouvé, 40 ans après, le lieu de mon adolescence. Surprise : nous sommes totalement dépendants de la SNCF, et elle ne fonctionne plus. Et les avions ? Il n'y en avait pas. Maintenant nous avons deux couloirs aériens. Ils passent en rase motte (pour simplifier le travail des contrôleurs aériens ?). Visiblement la vie des classes moyennes s'est dégradée, sans que cela émeuve le politique. Au contraire ?
  • Comprendre le populisme. L'élu aime l'insécurité, et les polices municipales qui l'accompagnent ? Ca fait vendre ?
  • Comprendre l'écologiste. L'Artificialisation est une réalité ! Ma petite commune a désormais de gigantesques magasins entrepôts. Et les anciennes plaines agricoles sont bétonnées par des programmes immobiliers. D'où vient cette mode ?
  • Comprendre la politique. La commune de banlieue ressemble à l'Etat. Le maire y est quasiment de droit divin, il est incontrôlé. Le seul moment démocratique est l'élection municipale. Et, encore : la médiocrité appelle la médiocrité. 
  • Découvrir le ciel, que l'on ne voit pas à Paris. Et la lune. Du coup, je me suis intéressé à ses phases, et à Vénus !
  • Découvrir la nature, et qu'il peut y avoir des fleurs toute l'année, vive la pluie !, des araignées utiles et curieuses à observer, des nids de guêpes... 

mercredi 22 septembre 2021

La bonne façon de réformer ?

Enquête sur le programme Territoires d'industrie. Son but est de favoriser la réindustrialisation du pays, en partant du terreau industriel local. 

Au lieu d'imposer d'en haut, comme il le fait d'ordinaire, le gouvernement laisse l'initiative à ce que le programme appelle un "binôme élu, industriel" de volontaires. 

Voilà qui change, effectivement, du jacobinisme :

  • L’Etat fait un diagnostic rigoureux et honnête. 
  • Il identifie un potentiel, et le moyen de l’exploiter. 
  • Il n’intervient pas directement, mais met à la disposition de volontaires, dont il a décrit les caractéristiques, la « boîte à outils » dont son analyse montre le besoin (y compris concernant ses propres services, dont il décrit les défauts avec objectivité), ainsi qu’un plan directeur pour guider un projet.
Et quand il y a volonté locale, ça marche, et pour relativement pas cher. 

Problème ? La volonté. Ce type de démarche repose sur l'initiative. Comment réformer le pays, dans son ensemble, dans ces conditions ? 

Par le "nudge". Le gouvernement semble jouer sur des réflexes conditionnés (tout cela s'inscrit dans des "contrats" avec l'Etat, c'est associé à des subventions...). Et ensuite, l'émulation : l'élu va au secours de la victoire. Il suffit de quelques réussites pour que tout le monde suive. 

Admirables Anglais

Pourquoi la France s'évertue-t-elle à intervenir chez ses anciennes colonies ? Nos intellectuels disent que le colonisateur est haïssable. Et, lien de cause à effet ?, il semble évident que nos ex colonisés trouvent le Français haïssable. Je me demande depuis toujours pourquoi nous ne sommes pas cohérents. 

Paradoxalement, les Anglais, alors qu'on pourrait penser que leur "diviser pour régner" a laissé le monde à feu et à sang, ont beaucoup mieux réussi leur coup. Leurs colonisés les admirent, rêvent de s'installer chez eux, et leur font former leurs élites. (Il faut dire qu'ils ont su conserver des universités dignes de ce nom.) 

Serait-il temps que le Français se regarde dans une glace ? 

Transition climatique : retour sur terre

Augmentation du prix de l'énergie. L'économie repart. Et, il n'y a pas de vent. Ce qui fait que l'Allemagne doit brûler du charbon. Et M.Poutine en profite pour jouer de son pouvoir de nuisance. Et l'Europe condamne les mines de charbon polonaises. Mais où les Polonais vont-ils trouver de l'énergie et des emplois ? Et comment les pauvres, partout en Europe, vont-ils parvenir à absorber les hausses de prix ? (France Culture, hier matin.)

Et voilà. Le changement ce n'est pas que des petites filles qui affrontent les grands de ce monde, ce n'est pas que des décrets, c'est aussi des réalités déplaisantes, sur lesquelles les grands n'ont aucun pouvoir. Si on veut les éviter, il faut un minimum de planification dans le changement... Avec la solidarité comme principe.

mardi 21 septembre 2021

Tous complotistes

L'incendie de Lubrizol par France Culture (Les pieds sur terre), l'autre jour. 

Une journaliste, dont la famille habite à Rouen, enquête. Elle annonce que le gouvernement a confié le dédommagement des victimes et l'étude des impacts de la pollution à Lubrizol, louche. Elle interviewe une association de riverains, qui mène une contre enquête. Elle visite le site avec une représentante de Lubrizol, qu'elle présente comme une employée modèle de la world company.

Imaginons que notre journaliste, ou sa famille, aient été employées par Lubrizol, auraient-elles trafiqué les données d'enquête ? Pensent-elles que leurs concitoyens sont moins honnêtes qu'eux, ou, qu'au contraire, aucun homme n'est honnête lorsque son intérêt est en jeu ? Mais, si c'est le cas, n'y a-t-il pas de multiples conflits d'intérêt dans cette enquête ? Et son contenu : preuves ou insinuations ? 

La théorie du complot expliquée ? Même l'immaculée France Culture ne peut résister à la tentation ?

Et aussi la raison d'être de la justice : juger à charge et à décharge ? (Et pourquoi c'est un travail difficile, et long ?)

Great India

Les Indiens jouent un rôle important en Angleterre, notamment en politique. La raison en est culturelle. Ils ont des compétences utiles à la société moderne que n'ont pas les natifs. On voit aussi leur émergente domination aux USA où beaucoup de multinationales sont dirigées par des Indiens. Contrairement aux Américains (et aux Français, d'ailleurs), les études scientifiques ne leur semblent pas honteuses. 

Ce qui me laisse penser qu'un jour un Indien pourrait être premier ministre anglais, sans, qu'au fond, cela ne gêne grand monde. L'Angleterre pourrait-elle devenir une réserve indienne ?

Metavers

L'avantage d'être vieux est de revoir renaître régulièrement les mêmes nouveautés. L'infâme GAFAM parle maintenant de Metavers. L'artificiel va coloniser le réel. Rien de neuf. (Article.)

Pourquoi de telles idées renaissent-elles ? Mêmes raisons que pour la voiture autonome : le GAFAM a des masses d'argent dont il ne sait rien faire. Seule idée : imposer l'idéologie qui sous-tend son modèle, par KO. Comme on le lisait à l'époque de la Nouvelle économie, au moment de la chute de l'URSS, il y a quelque-chose dans la culture américaine qui la pousse à vouloir dominer le monde ?

Combat désespéré ? "Réchauffement climatique : le secteur du numérique génère plus de gaz à effet de serre que l'aviation" lit-on, "En imaginant que les émissions du secteur du numérique restent stables d'ici 2050, elles représenteront 35,1 % des émissions globales d'ici là." 

lundi 20 septembre 2021

Changement et culture

Chaque culture a sa façon de conduire le changement, voici ce que j'ai observé (un exemple de "loi forte des petits nombres" !) :

  • La conduite du changement est généralement conçue comme une question de lien social. C'est jouer sur les forces souterraines, qui agissent sur un groupe humain. 
  • L'as de la conduite du changement, c'est le nord africain. Seulement, il lui manque le cap, la forme de rationalité occidentale. Quand il le trouve, il fait des miracles. C'est un plaisir de travailler avec lui. 
  • A l'autre extrémité, il y a le nordique. Lui ne comprend rien au changement. Strictement rien. Apparemment son comportement est totalement organisé par des règles quasi explicites. Le protestantisme certainement. Et cela explique probablement pourquoi autant de libéraux ou d'anarchistes sont protestants : ils n'ont pas besoin de société. Dans ces conditions, le changement se fait en concevant en groupe un plan d'action, qu'on suivra méthodiquement. Sans aucune capacité de changer de cap, si les événements changent. En revanche quand la machine est lancée, c'est un bonheur. Un de mes meilleurs souvenirs. 
  • La France est dans un entre-deux inconfortable. Il y a de la rationalité, et de la société. Malheureusement pas mélangées, y compris au sein d'un même individu. C'est probablement aussi vrai des pays latins. Mais mes rares expériences italiennes ou espagnoles étaient autrement plus agréables que les françaises.
  • Paradoxalement, les Anglo-saxons sont assez proches des Français. En plus nordiques, mais tout de même un peu sociaux, très pragmatiques, et plutôt agréables. 
  • A un moment, j'ai travaillé avec de Japonais. Le changement se faisait en deux temps. Un fourmillement, apparemment irrationnel, ou tout le monde avait le droit de dire n'importe quoi, et pendant lequel, par essai et erreur, le projet se formait, puis une phase planifiée, d'exécution parfaite. C'est peut-être comme cela qu'évolue une culture qui a une forte fibre collective. 
  • Le plus curieux est que le changement paraît un sujet de conversation universel. Tout le monde est plus ou moins frustré de ne pas parvenir à faire ce qu'il juge évidemment bon. 

Qui sont les perdants du changement ?

Il n'est pas juste de dire que la "classe moyenne" a souffert. Certains de ses membres se portent mieux que jamais. Par exemple certains retraités forment une nouvelle "leisure class". Il y a longtemps des études américaines disaient déjà qu'il était difficile de trouver un profil type des perdants du changement. Par exemple, un nombre significatif était dans les classes les plus éduquées, alors qu'elles sont supposées avoir le vent en poupe. 

Je me demande si la solution à ce paradoxe n'a pas quelque chose à voir avec le mot "mérite". Les dominants attribuent leur succès à leur "mérite". Nous vivrions en "méritocratie". Or, pour commencer, si le "mérite" semble toujours être associé aux mêmes formations, le moyen d'y accéder n'a plus rien à voir avec ce qu'il fut encore il y a trente ans. 

Et, surtout, et si les perdants étaient ceux qui avaient le réel "mérite" ? Chester Barnard explique que la colonne vertébrale d'une entreprise est faite de ceux qui poursuivent l'intérêt général. Il appelle ces gens des "exécutifs". Les autres suivent leur intérêt égoïste. "Exécutif" = méritant ?

Or, son insistance sur l'intérêt collectif n'est-elle pas un obstacle pour l'ambitieux ? Une raison de mise au chômage pour "résistance au changement" ?

(C'est ce qui semble être arrivé en Russie : ceux qui faisaient avancer le pays ont été les premières victimes de son virage libéral des années 90, qui a vu l'émergence des "oligarques".)


Jeunesse optimiste ?

Enquête sur la jeunesse. Ce n'est pas ce que j'entends à la radio (enquête de Challenge, commentée par Telos.)

  • Elle serait plus préoccupée par la fin de mois que la fin du monde (ce qui est normal : elle doit gagner sa vie)
  • Ses valeurs sont plus collectives (entraide...) et moins individualistes que celles des générations anciennes. 
  • Elle est plutôt optimiste. 
Jeunesse pragmatique ? Voilà qui augure bien de l'avenir ? 

(Et pose la question de savoir si les journalistes, qui ne nous donnent pas cette image de la jeunesse, ne projettent pas sur elle leurs fantasmes... de vieux blancs, individualistes et inquiets.)

dimanche 19 septembre 2021

Examen du gouvernement

Mise en examen de membres du gouvernement pour sa gestion de l'épidémie. J'ai entendu dire qu'il était question, notamment, d'abandon de poste. Un ministre aurait-il les mêmes devoirs qu'un capitaine de vaisseau ?

Qu'en penser ? 

Les Athéniens jugeaient leurs amiraux pour abandon de citoyens, même lorsqu'ils avaient gagné une bataille. L'élu est un élu, un représentant, il va avec son mandat de rendre des comptes. Cela ne sert pas à grand chose, probablement, à la personne concernée (surtout lorsqu'elle est exécutée, comme chez les Athéniens), mais c'est une leçon pour les autres. Y compris pour le citoyen : nous avons des devoirs que nous ignorons. 

C'est peut-être aussi un antidote contre la théorie du complot...

La France torpillée

Cette semaine on parlait d'un contrat de 50md€. L'Australie n'achète plus des sous-marins français. Elle fait équipe avec l'Angleterre et les USA contre la Chine. Bien entendu, comme au temps de la guerre froide, c'est une bonne affaire pour l'économie américaine. Tout l'intérêt de la Chine est peut-être là : justifier un néoprotectionnisme favorable à une relocalisation ?

J'entendais la radio dire que M.Biden se comportait comme M.Trump. Ce qui n'est rien comprendre à l'Amérique. M.Trump était l'archétype de l'Américain. Si on le lui a reproché, c'était le jeu de la politique comme d'habitude. 

Mais cela nous pose surtout une question, à nous Européens. Qui est le pire : le Chinois ou l'Américain ? L'un qui veut envahir Taiwan et l'autre qui exploite ceux qui lui font confiance ? Comment vivre entre Charybde et Scylla, lorsque l'on est aussi divisé que l'UE ? 

samedi 18 septembre 2021

Belmondo au Panthéon

Belmondo ? Populaire et plutôt sympathique dans ma petite enfance. Ce n'est que plus tard que j'ai découvert qu'il avait été un acteur intello, pas mauvais du tout, d'ailleurs. Mais, pour moi, il avait sombré dans l'oubli. Il était mort depuis longtemps. 

D'une certaine façon, sa mort l'a ressuscité. Phénomène Johny Hallyday. Il a droit à des funérailles nationales. Le pays serait-il nostalgique de ce qu'ils ont représenté, de leur temps ? Déficit de gens à admirer ? Au moins, ils ne peuvent plus nous décevoir ?... Mystère.

Toujours est-il que les hommes politiques ont flairé le moyen de capter cette popularité nouvelle pour regonfler la leur. 

(Anecdote. A une époque, j'ai fait une enquête sur une marque qui avait disparu. Personne ne le savait. J'ai entendu : c'est sûrement une très bonne marque, car on n'en entend pas dire de mal ! Mon client l'a relancée. De l'avantage d'être une gloire d'antan ?)

PH

"en général, un shampooing extra doux est un shampooing destiné aux bébés (jusqu’à 4 mois environ). Pourquoi ? Tout simplement parce que son pH de sa peau et de son cuir chevelu est neutre (7). Alors qu’un adulte, son pH est de 5,5, donc acide. Ce « manteau acide » des cheveux et de la peau joue une fonction « barrière ». Il permet de lutter contre le développement des germes et il augmente la fabrication des céramides de la couche cornée. Alors, pour les cheveux stressés, il n’y a rien de mieux que de choisir des soins avec un pH entre 4.5 et 5.5." me dit une amie. 

Ce qui m'a rappelé les cours de chimie. pH, n'est-ce pas -logarithme de la concentration de H+ ? Vagues souvenirs. Je vais me renseigner chez wikipedia, et découvre, une fois de plus que l'Education nationale m'a raconté des bêtises. Les définitions modernes parlent bien de H+ (proton), mais en précisant qu'il y aurait une question "d'activité" du dit proton, dont le calcul semble ressortir à l'art. 

Le pH est une question d'acides (moins de 7) et de bases (plus de 7). Eh bien, attaquer le problème sous cet angle ne l'éclaire pas vraiment. Apparemment, on a commencé par découvrir qu'il y avait des acides, et des bases. Mais sans donner à cela une définition très claire. Puis la science s'en est mêlée. Elle a trouvé des définitions, qui, à chaque fois, ont rencontré des limites. Il y aurait même une théorie qui ne parlerait pas de protons, mais d'électrons. 

Est-ce l'empirisme qui a eu le dernier mot ? Comme l'intelligence, on définit l'acidité par sa mesure ? Est acide ou basique, ce que les instruments de mesure trouvent acide ou basique ?

Attrape moi si tu peux

Pourquoi certains n'attrapent-ils pas le coronavirus ? Un article un peu ancien dit que l'on a découvert que des échantillons de sang antérieurs au début de l'épidémie réagissaient au virus. 

La défense contre les virus ne serait pas que par anticorps, qui, d'ailleurs, ont tendance à disparaître. Il y aurait des "cellules T", qui se souviendraient des infections passées. Or, le coronavirus serait une variante du rhume. 

On espérait, que, de ce fait, il n'y aurait pas besoin de vacciner toute la population. Mais, visiblement, ça n'a pas marché. D'après ce que l'on entend, on pourrait être "porteur sain". 

La morale de l'histoire est peut-être que la dernière ligne de défense est le corps humain. A force d'infections, il apprend à se défendre... Dans ces conditions, le rôle de la médecine serait, peut-être, d'atténuer l'attaque, pour lui simplifier la tâche. 

(L'article pourrait aussi expliquer pourquoi repérer les causes d'infection serait au dessus des capacités de l'intelligence artificielle : "c'est imprévisible, car de nombreuses variables se combinent d'une manière que vous ne pouvez pas comprendre : votre histoire, votre nutrition, comment vous avez été infecté, combien de [virus] vous avez contracté - même l'heure de la journée où vous avez été infecté. Et toutes ces variables se combinent de manière imprévisible".)

vendredi 17 septembre 2021

Insaisissable virus

On me raconte l'histoire suivante : une jeune femme, vaccinée, attrape le coronavirus. Elle est contaminée par un de ses enfants. Pas d'assistance respiratoire, mais forme particulièrement carabinée. Ses enfants sont à peine touchés, son mari, non vacciné, pas du tout. 

Un article explique en partie ce phénomène : il faudrait "huit fois plus d'anticorps pour une personne vaccinée pour bloquer le variant (delta, par rapport à ce qu'il fallait pour bloquer le variant alpha)". Ce qui explique la relative faible protection qu'apporte les vaccins actuels ou une infection par une souche antérieure. 

J'en déduis deux choses. Il serait une mauvaise idée, particulièrement dans les milieux médicaux, de ne plus faire de tests. Et il serait intéressant de chercher à comprendre pourquoi certains sont touchés et d'autres pas. 

Sous développement : programme de gouvernement ?

A l'époque où je lisais The Economist, je citais souvent ses articles qui expliquaient que la main d'oeuvre anglaise était devenue si peu chère que les entreprises locales n'achetaient plus de machines. Peut-être première depuis la révolution industrielle, la productivité anglaise baissait ! 

J'ai retrouvé une observation similaire, faite beaucoup plus tôt, chez Michael Porter : l'Angleterre vit de ses acquis, sans les renouveler, et même en les consommant. Elle semble avoir choisi une stratégie de sous-développement, i.e. vivre sur des "facteurs de production" abondants et bon marché, autrement dit une main d'oeuvre pauvre qui garde de son passé impérial une certaine discipline et un niveau de qualification relativement haut (par rapport à son prix). 

Or, on peut dire quasiment la même chose de la France. Au gain de productivité, elle a préféré le chômage et la main d'oeuvre chinoise, et l'Education nationale est dans un état quasi inconcevable. 

Ce blog est féru de systémique, et ce demande quel est le "système" qui peut avoir de telles conséquences. 

La France est-elle d'extrême droite ?

Enquête sur l'opinion des Français (Telos). 50% pour le rétablissement de la peine de mort, 86% pense que l'autorité est une valeur trop souvent critiquée, 62%, on ne se sent plus chez soi... 

Etrangement, les écarts entre bords politiques ne sont pas immenses. 67% des sympathisants PS déclarent que la religion musulmane essaie d'imposer son mode de fonctionnement aux autres. 39% veut rétablir la peine de mort. 

Le Rassemblement National porterait-il bien son nom ?

Faut-il douter de ce type d'étude ? Ou constater qu'il y a un gouffre entre ce qu'affirment les médias et ce que pense le Français ?  

jeudi 16 septembre 2021

La naissance du mépris

Le mépris semble inné (billet précédent) en France. Comment expliquer cela ? 

La cellule familiale est dirigée selon l'arbitraire des parents. L'enfant ne compte pas. Pourquoi aurait-il quelque-chose à dire, on ne veut que son bien ? 

Lui n'est pas d'accord, et se révolte. 

Ce qui conduit à un paradoxe. On pourrait penser que l'on devient individualiste parce que l'on nous enseigne à être contents de nous. Tu es le meilleur ! Or, il pourrait y avoir une autre voie : le mépris. Cela construit des certitudes totalement arbitraires, car échappant à toutes les formations, mais indestructibles ! 

Théorie pertinente ? 

(Nos certitudes sont peut-être simplement que si une idée me passe par la tête, elle est bonne. Nos certitudes sont momentanées ? C'est cela le bon plaisir ?)

Mépris français

Mépris, caractéristique française. Hier matin, c'était un sujet de discussion pour France Culture. 

L'émission reprenait une de mes vieilles théories (qui est en fait celle de Tocqueville) : nous n'avons rien changé à l'Ancien régime. Certes, mais encore ? Comment se sauve-t-on du mépris ?

Il y a tout de même des choses curieuses : quelqu'un comme Madame Hidalgo, dont les désirs sont des ordres, a elle-même terriblement souffert du mépris. 

Une idée ? Le mépris, c'est ne pas écouter l'autre, parce qu'il n'y en pas besoin. Puisque l'on a raison. C'est, dirait Edgar Morin, l'anti pensée complexe. La structure de la société est la matérialisation de cette raison. Par conséquent, la société n'écoute pas l'individu. Je suis professeur, taisez vous. Mais l'individu n'accepte pas ce diktat, car il sait qu'il a raison ! Il se révolte. Et dès qu'il a un pouvoir, sur sa famille, sur une association, sur une commune... il l'exerce selon son "bon plaisir", comme le disait Tocqueville. 

Et si le "bon plaisir" engendrait le mépris ? Et si son antithèse était la prise de conscience de l'importance vitale de l'autre ? Le mépris guéri par la solidarité ? 

Plus personne ne nie le réchauffement climatique

Plus personne ne nie le réchauffement climatique, disait un ami. Il en voulait pour preuve que l'on ne voyait plus de contradicteur dans les débats de réseaux sociaux. A quoi un autre ami répondait que c'était normal, il avait été récupéré par le grand capital, qui y voyait son intérêt. 

On peut aussi parler de communautarisme : il ne sert à rien de contredire quelqu'un, il ne changera pas d'opinion. Chacun chez soi. 

Et à quoi servent les débats d'idées ? On entend de plus en plus dire (y compris chez France Culture) que l'intellectuel aboie, la caravane passe. Ce qui n'est pas très rassurant. 

mercredi 15 septembre 2021

Angela Merkel, présidente de l'Europe

Les Européens, toutes nationalités confondues, aimeraient qu'Angela Merkel dirige l'UE. Nouvelle de politico.eu, hier. 

Il poursuivait en disant que cela montrait que l'UE n'en voulait pas à l'Allemagne de sa politique. 

Est-ce la seule interprétation possible ? Par exemple, ne préférerait-on pas qu'Attila soit dans son camp, plutôt qu'en face de soi ? 

L'intelligence renaît ?

Lorsqu'on lit ce que dit Michael Porter des USA (billet précédent), on peut se demander si l'histoire des dernières décennies n'est pas celle de l'extension de leur modèle culturel au monde. La soft power américaine aurait-elle quasiment réussi à coloniser la Terre, comme l'annonçait la Nouvelle économie dans les années 90 ?

Nous avons tous été ubérisés. Amazon, la perle de l'innovation ?, de gigantesques entrepôts employant des galériens. Le cloud ? Des masses d'ordinateurs. Production de masse, vacances de masse, consommation de masse, travail de con... Même l'élite est devenue de masse. Le parvenu dans toute sa splendeur, qui n'a plus d'aristocrate à singer, cela donne un oligarque russe, ou un inspecteur des finances qui se prend pour un entrepreneur. Nous avons vécu le quart d'heure américain, le degré zéro de l'intelligence ?

Martin Buber dirait que nous sommes passés du "tu" au "cela". Plus de nature, de mystère humain, d'émerveillement, plus que de la matière. L'or transformé en plomb. 

Mais, alors, nos lendemains pourraient-ils chanter ?

USA : forces et faiblesses

Dans les années 90, Michael Porter fait une intéressante analyse des USA :

  • Il rappelle que les USA sont étonnamment riches en ressources, or, contrairement aux pays qui leur ressemblent (Brésil et même Canada), ils ne se sont pas endormis sur leurs lauriers et ont développé une économie extrêmement sophistiquée. 
  • Les USA dominaient quasiment tous les secteurs de l'économie après guerre. Ils ont perdu presque partout, sauf, dans les secteurs critiques, tels que la défense. Pourquoi ? se demande Michael Porter :
  • La caractéristique des USA, quasi culturelle, c'est la production de masse. Mais c'est aussi une faiblesse, car produire en masse est généralement incompatible avec une haute qualité. C'est une stratégie coût, pas innovation. 
  • A cette époque, mais peut-être toujours aujourd'hui, leur état est inquiétant : une science de haut niveau qui ne se transforme pas en entreprise ; baisse de qualité des ressources humaines ; des employés peu formés ;  une immigration facile, qui fournit de la main d'oeuvre bon marché - et ne pousse pas à l'innovation ; un marché peu exigeant ; une tendance à la déréglementation (peu soucieux de la santé humaine, des conditions de travail, de l'environnement...) ; endettement à outrance ; judiciarisation à outrance ; un management qui n'aime pas la technique ; aucun effort pour cultiver un tissu de partenaires. 
  • La puissance des fonds de pension c'est la victoire du court terme. D'où manager professionnel (pas entrepreneur), fusions et acquisitions, pas d'innovation, sous-traitance à l'étranger des composants les plus complexes (donc perte du savoir-faire de l'entreprise). 
  • Mais le pays est exceptionnellement propice à la start up. 
Commentaire 

Les travaux de Michael Porter affirment, de manière inattendue, que la puissance de l'économie est intimement liée au modèle culturel d'un pays. Plus ce modèle veut le bien de ses citoyens, plus, par exemple, il pousse ses normes environnementales, sanitaires ou sociales, plus son économie est forte. Paradoxalement, le socialisme est bon pour l'économie ! 

Or le modèle américain, comme le modèle anglais, est un modèle de classes. Ils s'accommodent très bien d'avoir des miséreux, des réserves et des ghettos, et des milliardaires. Et cela tient peut-être à ce que ce sont des sociétés individualistes. Car, on ne peut pas, seul, passer de gros obstacles. Le modèle bureaucratique "d'organisation machine", démiurge / exécutants, que revêt la coopération aux USA, n'est pas efficace pour faire autre chose que de la production de masse de faible exigence. 

En fait, on oublie que les USA sont un monde, relativement peu peuplé, qui pourrait vivre de ses propres ressources naturelles (et de celles de ses satellites). D'ailleurs, ce qu'ils appellent "world games", sont des championnats nationaux. Constatant qu'ils ne sont pas aussi magnifiques qu'ils croyaient l'être, ils pourraient très bien se replier sur leur territoire, et y rester d'autant mieux qu'ils perdront en compétitivité. 

mardi 14 septembre 2021

Paris, je te quitte !

Paris, je te quitte, est un site web qui aide les familles de Parisiens à s'installer en province. Voilà qui répond à un très vif besoin. Pas tant du Parisien, d'ailleurs, que de la province. 

En effet, c'est fou ce que le bon sens peut dire de sottises. En particulier, il reproche au Français, par comparaison avec l'Américain souvent, de ne pas être mobile. Mais sait-on ce que cela signifie être mobile ? Il ne faut pas seulement trouver un emploi, mais deux, il faut une habitation, des nourrices, des écoles, des universités, du sport, des hôpitaux... Or, ce dont souffre la province, c'est "d'attractivité", abandonnée des programmes de développement gouvernementaux (qui croyaient à une mondialisation des mégalopoles ? Façon Grand Paris ?), il lui manque beaucoup. Du coup, ses entreprises ne parviennent pas à recruter. Cercle vicieux. 

On oublie que les Etats américains sont des Etats, c'est à dire des pays, on y trouve tout, idem en Allemagne, d'ailleurs. 

Et c'est pourquoi, lorsque l'on est Français, vouloir partir de son territoire est extraordinairement compliqué et doit être un réel "projet de vie" géré en mode "changement planifié" ! D'où l'intérêt de Paris, je te quitte

Musique contemporaine, quel marché ?

Ecouter France Musique, c'est s'interroger sur la musique contemporaine. Sa particularité, c'est d'être atroce, et d'être présentée par des animateurs sinistres. Pour eux, la musique contemporaine, c'est un sacerdoce, probablement.

On découvre aussi qu'elle a certainement des difficultés à trouver son "modèle économique". France Musique, croyant probablement à la vertu de la publicité comme opium du peuple, a recours au matraquage. Est-ce efficace ? 

J'ai eu la surprise d'entendre qu'un élève de Schönberg avait fait fortune à Hollywood. Et, effectivement, la musique de Schönberg peut très bien convenir à un film. Particulièrement à un moment inquiétant. 

De tous temps, la musique a fait le bruit de l'argent. Car, il faut de l'argent pour payer le créateur. Et il doit faire ce qui plait à son commanditaire. Qu'il soit royal, noble ou papal comme ce fut les le cas pour Bach, Mozart, Beethoven, Pergolese et bien d'autres, ou qu'il soit pauvre, pour le jazz, le rock et autre folk. Et si la musique contemporaine employait cette voie ? Elle pourrait faire du Gerschwin ou du West side story à la Bernstein. Ou peut-être se repositionner "haut de gamme", événement sinistre et cher pour salon d'oligarque parvenu, nouveau phare de la culture globale ? 

Baudelaire et Flaubert vécurent de leurs rentes. C'est une autre solution. Notamment pour enfant d'oligarque. A condition de savoir aspirer à une gloire posthume. Et d'être discret.

lundi 13 septembre 2021

David et Goliath, l'association et la technocratie ?

Une association concurrence la SNCF, et elle prétend, bien que toute petite, être la plus efficace. L'effet d'échelle, qui a justifié toutes les stratégies de nos grands patrons serait-elle prise en défaut ? L'association mobilise le génie humain, la technocratie fait le contraire ? 

Ce que cette histoire a d'intéressant est qu'elle était le modèle qu'avaient en tête probablement beaucoup de Français avant la guerre de 40. Ils voyaient la France comme un juste milieu entre l'individualisme et le communisme. Un individu "très libre", avec une couche sociale, très fine. Un monde d'associations. Mais tout cela a été balayé par l'Etat technocratique, paternaliste, et massif. 

Crise des médias

Pourquoi nos journaux ne se vendent-ils plus ? On répond, généralement : Internet, ou "montée du mal" : le Français est manipulé par des puissances occultes. 

A un moment, j'ai beaucoup utilisé le "perceptual mapping". Idée très simple, en ce qui concerne les journaux : ceux qui vous lisent vous ressemblent. Or, que trouve-t-on dans les pages du Monde, par exemple ? Les nouvelles des USA, avec un jour de retard, le traitement scientifique de questions de sexualité exotique, des résultats sportifs pour intellectuel cool. Bref, le coeur de cible du Monde, c'est le Bobo, et celui qui se prend pour un Bobo, ou peut-être encore plus justement, le soixante-huitard. Bref, c'est maigre. 

Et si nos journaux se demandaient qui sont les Français ?

dimanche 12 septembre 2021

La France changerait-elle ?

On n'en parle pas beaucoup, mais le gouvernement semble avoir adopté une méthode de changement révolutionnaire, eu égard à la tradition du jacobinisme français. Il signe des contrats de relance avec les "territoires", en donnant les moyens de les mettre en oeuvre à ceux qui en manquaient (ingénierie de projet). Et cela semble marcher, les collectivités locales y mettent, effectivement, du leur. Souci "d'équité territoriale" écrit-on. (Article.)

Lorsque je lis ce qui se dit sur sa réforme de l'enseignement, je me demande si le souci du gouvernement n'est pas cette fameuse "équité". Essaierait-il de réparer les dérives du passé ? 

Si c'est le cas, pourquoi ne le dit-il pas ? Fameux phénomène dont parle Michel Crozier : en France, on a le droit de bien faire, mais seulement à condition de ne pas le dire ?... 

Juger le passé

Husserl et Heidegger disent, apparemment, que la pensée est une construction sociale. Bref, croire que la nature est mathématique est idiot. Car les mathématiques ont demandé toute une histoire pour s'élaborer. Chaque étape de la pensée collective a produit une interprétation différente de la nature. La dernière en date n'a rien d'une vérité absolue. 

Voilà qui semble probable. Mais aussi qui fait de notre attitude actuelle un paradoxe. Pourquoi cette tendance de l'intellectuel à juger le passé à l'aune de la doxa moderne ? Pourquoi déboulonner des statues ? D'ailleurs, à y bien regarder, nos ancêtres ne sont-ils pas tous coupables de quelque-chose qui va à l'encontre de la morale dominante ? Pourquoi réécrire le passé, comme l'ont fait les Soviétiques ? 

L'intellectuel est un individualiste obsédé par la pureté et qui est incapable de concevoir que l'histoire de l'humanité soit un mouvement social éminemment complexe, et éminemment bon, puisque nos purs idéaux en sont le résultat ?

samedi 11 septembre 2021

Education nationale en travaux

Emission sur le délabrement des bâtiments de l'Education nationale, et sur les travaux qui ont fini par être décidés, mais qui sont faits pendant les cours ! (France Culture)

Un élu, responsable du dossier pour la Région Ile de France disait, en substance : c'est la faute de nos prédécesseurs. Je ne pensais pas qu'il existe encore des hommes politiques de ce type. 

En tout cas, c'est un sujet qui, depuis ma propre enfance, m'a toujours surpris : comment se fait-il que la France ait un tel mépris pour ses enfants ? Qu'est-ce qui est pourri dans notre système ?

Apparemment, le gouvernement aurait réussi à faire passer quelques réformes, sans susciter l'ire des syndicats d'enseignants. Un exploit, nous dit-on. Mais la France a chu à un niveau difficilement imaginable : "La France n’amène que 2% de ses élèves au niveau avancé en mathématiques alors qu’ils sont 11% dans les autres pays de l’OCDE ou de l’UE.

Quelqu'un a-t-il eu le projet de faire de la France une nation sous-développée ?

Solitude du dirigeant

Solitude du dirigeant français. La BPI a publié une étude sur le sujet. D'ailleurs, c'est devenu un lieu commun. Mais cette solitude est-elle bien ce que l'on en dit ? Une discussion m'a amené à me rappeler d'une anecdote curieuse. 

Réunion de comité de direction d'une PME. Je remarque qu'un directeur, homme de confiance du PDG, semble mal à l'aise. Je ne sais pas trop comment je m'y suis pris, mais je lui ai demandé ce qui n'allait pas. Il en est ressorti quelque-chose comme : la nouvelle DRH applique dogmatiquement le code du travail et le personnel est inquiet car il risque de ne pas y avoir assez de monde pour faire face au "coup de feu" annuel de juillet. (Je suis très fier d'avoir compris cela, car je n'étais pas là pour cette question, et je ne connais rien au métier de l'entreprise.) J'interroge le PDG : est-ce grave ? Il me répond : oui. Pensez-vous que je doive intervenir ? me demande-t-il. Moi, surpris : bien sûr ! Plus surprenant : il a réglé la question en deux coups de fil. 

Ce type d'incidents a émaillé ma vie, depuis mon premier stage en entreprise. Mais je n'en ai pas compris la teneur. En effet, j'étais tout content de pouvoir résoudre aussi facilement des questions qui paraissaient aussi critiques. Au fond, je pensais : qu'ils sont ridicules ! Complexe de supériorité. 

Je crois maintenant qu'il y a quelque-chose dans la culture française qui fait que "l'on ne se parle pas". Peut-être que le Français a un respect inné pour la hiérarchie, les conventions sociales, même s'il est syndicaliste ou révolutionnaire, voire anarchiste. Cela mériterait d'être étudié. 

En tout cas, je fais actuellement une étude qui va tout à fait dans ce sens. Je constate que, pour qu'un groupe d'entrepreneurs puisse se constituer, il faut qu'il y ait un intermédiaire qui fasse émerger les sujets dont on n'ose pas parler...

L'uranium s'enflamme

Hier, le Financial Times annonçait que les prix de l'uranium s'envolaient. Grosse spéculation. L'uranium est vu de plus en plus comme l'énergie de la transition climatique. 

La roche Tarpéienne est proche du Capitol ? Les écologistes pensaient avoir réussi le changement du siècle en convainquant le monde du réchauffement climatique. Ils possédaient l'arme absolue : l'énergie dite "renouvelable". Certains devaient déjà penser "décroissance". Le résultat est inverse. Les "forces du marché" ont vu que l'élimination du carbone avait tous les ingrédients de la prochaine bulle spéculative. Et le nucléaire a désormais le vent en poupe. Grâce à lui on va pouvoir consommer dix fois plus ? Voilà ce que donne un changement conduit par l'intellectuel ? 

Le FT annonçait aussi que la Guinée était un champion de l'aluminium, mais que sa population n'en avait pas profité. Et pourtant elle était dirigée par un socialiste. Voilà un intellectuel qui avait compris le bon usage de la parole ? 

vendredi 10 septembre 2021

Que ne ferait-on pas pour faire parler de soi ?

Michel Barnier, le rempart de l'UE, aurait demandé à ce que la France dispose de remparts contre l'UE. Notamment en termes d'immigration. 

Voilà qui met l'UE sens dessus dessous. Si chaque Etat choisit les législations qui lui conviennent, il n'y a plus d'union ! (Politico.eu ce matin.)

De l'influence du milieu et des effets délétères du milieu politique français ? Il vous transforme illico un incorruptible en démagogue ? 

(En tout cas, s'il voulait que l'on parle de lui, il a réussi son coup.)

Réformer l'Etat : impossible n'est pas français

Autour de moi, on en veut à M.Macron de ne pas faire maigrir l'administration. Mais comment licencier des fonctionnaires ?

En fait, l'Etat a connu une transformation curieuse. Ses réformes "libérales" ont consisté à liquider les couches de l'administration qui aidaient les citoyens et les entreprises, pour les remplacer par des donneurs d'ordres. L'administration ressemble à une pyramide inversée, des chefs et pas d'exécutants, me disait un haut fonctionnaire. Pire, la loi NOTRe, qui a créé de grandes régions, les a faites sur le modèle de l'Etat. Il n'y a plus un Etat, mais 14, maintenant. Et le millier d'intercommunalités leur emboîtent le pas. Mal français.

Il n'est pas impossible que la société civile ait commencé à réagir. Il n'est donc peut être pas judicieux de regonfler les anciennes couches utiles de l'Etat. Mais le reste ? 

Solution simple, sans licenciement : reconfigurer l'Etat pour l'efficacité. Et payer le personnels inutiles à ne rien faire. Une forme de chômage, mais illimité. Bien sûr, rien n'empêche de concevoir des programmes de reconversion volontaire de ces personnels. Par exemple, pour ceux qui le peuvent, l'enseignement (plus la classe est petite mieux on apprend), ou des formes de "mécénat de compétence".

jeudi 9 septembre 2021

Salazar

Salazar, dictateur portugais dont on parle peu. Une émission de France Culture s'intéressait à son histoire. 

Curieusement ? c'est une crise économique, qu'il aurait su juguler, qui l'aurait amené au pouvoir. Mais c'est grâce à l'ascenseur social portugais, avant tout, qu'il a dû sa carrière. C'était un pauvre, qui avait pu faire de brillantes études, grâce à l'appui des prêtres. Pour le reste, en comparaison d'autres dictateurs de son temps, il fut modéré. Et il a prudemment navigué entre les factions qui s'entrégorgeaient. 

Cela m'a fait penser qu'il était toujours dangereux de séparer l'homme de son temps. Car Salazar est un contemporain de Mussolini, de Franco, d'Hitler, de Staline, de Mao et de Pétain, voire de De Gaulle. L'après première guerre mondiale aurait-il été favorable à des pouvoirs forts et nationalistes ? Une réaction à ce qui aurait été perçu comme un désordre producteur de crises ? Yin et Yang ?

Qu'est-ce qu'un entrepreneur ?

Un ami me disait que l'on avait fini par avoir une idée fausse de ce qu'était un entrepreneur. Tout diplômé de sciences po se prend, désormais, pour un entrepreneur. On croit qu'être entrepreneur, c'est être capable de faire de beaux discours pour lever des fonds. Non, cela s'appelle avoir des relations. 

Qu'est-ce qu'un entrepreneur ? C'est un patron de PME. C'est, avant tout, quelqu'un qui est en rupture avec l'ordre social. En conséquence, il n'a pas la rationalité du bon élève. Il faut le prendre tel qu'il est, et ne pas lui demander d'être poli, ou d'avoir étudié les dernières théories du management. En revanche, à partir du moment où il comprend que quelque-chose peut avoir un intérêt pour son entreprise, ce qu'il peut en faire, "impossible n'est pas français", rien n'est trop complexe pour lui. 

mercredi 8 septembre 2021

Changer le système pas les hommes

Le précédent billet dit de se méfier de la chasse aux sorcières. Ce qui ne va pas, c'est le "système", pas ceux qui le constituent. Qu'est-ce que cela signifie, dans ce cas ?

Il faut renoncer à l'illusion que nos grandes écoles (ou celles des autres) forment des dirigeants de multinationales. D'ailleurs, croire qu'une personne seule peut commander une entreprise, parfois des centaines de milliers de personnes, est erroné. 

On dit que les PME allemandes sont dirigées par des "triumvirats", il est probable qu'il faut concevoir maintenant un nouveau mode de direction de l'entreprise, qui soit une question d'équipe, et d'expérience prouvée sur le terrain, et pas en classe. (Ce que j'appelle parfois un "ordinateur social" : un groupe d'hommes "organisé" pour résoudre les problèmes qui se posent à l'entreprise.)

Un changement systémique est un changement qui s'en prend aux principes de notre pensée, pas aux hommes.

La fin de l'ère technocratique ?

Si l'on reprend les synthèses d'ouvrages cités par ce blog, il est tentant d'écrire l'histoire française ainsi :

  • Lors de la crise de 29, l'ingénieur français est convaincu que son intelligence lui permet de diriger l'économie et l'entreprise de manière, enfin, rationnelle. Suivons l'exemple de l'Allemagne. 
  • Le pouvoir lui est donné par Vichy. Pas épuré, il connaît ses heures de gloire lors de la reconstruction du pays. Progressivement, pour quelle raison ?, l'inspecteur des finances remplace l'ingénieur des mines. 
  • Les choses tournent mal. La réalité est plus complexe qu'imaginée. Car l'entreprise est une question d'innovation. Or, le haut fonctionnaire est un "commis", un exécutant. Il "administre". Incontrôlé, il élimine ce qui demande un trop grand talent entrepreneurial (l'industrie) et, pour le reste, fusionne, licencie, délocalise, en appelle au moins disant, empile les dettes...  
  • Le gaullisme, qui n'est pas un colbertisme, a voulu des champions nationaux (par gloriole ? pour entraîner l'économie locale ?). Cela pouvait justifier que le champion soit dirigé par un garant des intérêts de la collectivité. Mais la stratégie ci-dessus l'a amené à faire l'envers de sa mission. Comme les espions anglais de la guerre froide, il travaille pour l'étranger ?

Ce qui est en cause, c'est le système, plus que les hommes. (A suivre.)

mardi 7 septembre 2021

De la particularité du syndicalisme allemand

Comment peut-on être allemand ? s'interrogeait, parlant de nos syndicats, un précédent billet. 

Comme souvent en systémique, il semble que tout soit une question de principe, d'état d'esprit. 

En Allemagne, le syndicat semble convaincu que l'avenir de ses adhérent est lié à celui de leur entreprise. Tous sur le même bateau. En France, le salut, c'est l'Etat. La grève est un appel à l'intervention du gouvernement. 

Si ce raisonnement est juste, il suffirait peut-être que le salarié découvre qu'il ne peut pas attendre de salut de Dieu, pour que notre syndicalisme change... 

Raisons et changement

L'entreprise française ? Des multinationales dirigées par des fonctionnaires, et des PME dont toute comparaison internationale montre l'arriération. 

La raison nous dit que le cas de la France est désespéré. 

Or, il y a une autre réalité. La multinationale, comme le pays, n'est pas dirigée par son dirigeant. Ses employés ont une très grande autonomie. Quant à la PME, elle n'a aucune inhibition. (J'ai rencontré des taxis qui avaient décidé de faire développer une application à la Uber.) On comprend, dans ces conditions, pourquoi les va nus pieds de la révolution ont pu écraser les armées coalisées. 

Enseignement ? Ne jamais écouter sa raison quand elle croit avoir raison. Elle n'aperçoit, au mieux, qu'une partie infime de la réalité. Et, probablement, pas du tout les mécanismes du changement. 

lundi 6 septembre 2021

L'intellocène ne pense pas

Une masse de Français a fait 5 ans ou plus d'études après le bac. Nous vivons à l'ère de l'intelligence ! (Particulièrement en France, puisqu'ailleurs on trouve qu'une licence est bien suffisante pour vous faire appartenir à l'élite.) Or, sommes nous capables de penser ? Ce que nous appelons "penser" n'est que l'adoption de modes. Et, plus on est un intellectuel patenté plus c'est le cas : rappelons-nous le temps encore proche où l'élite philosophique de normale sup était marxiste, en dépit même de Soljetnitsyne. (Aujourd'hui ? Tous écologistes ?)

Comment expliquer ce paradoxe ?

L'Education nationale nous bourre le crâne. La connaissance ? c'est elle qui la possède. La connaissance est révélée. Elle nous tape sur les doigts, si nous ne disons pas comme elle. L'Education nationale apprend à ne pas penser ?

Or, lorsque nous sortons diplômés, nous-nous croyons des intellectuels ! 

Le scientifique et l'ingénieur

Laurent Schwarz, dans l'introduction à son cours de mathématiques, fait une distinction entre l'ingénieur et le mathématicien. Le premier n'aurait pas besoin de démonstrations rigoureuses. 

Voilà qui m'a choqué. Et voilà ce qui explique, ce que je ne fais que comprendre, pourquoi ma relation à mes collègues ingénieurs a toujours été tendue. J'ai toujours été attaché à la rigueur mathématique. 

Le propre de l'ingénieur est l'empirisme, au sens philosophique du terme. Ce qui compte est "que ça marche". Pourquoi ? ce n'est pas son problème. On ne voit jamais cela aussi bien qu'en Angleterre. Les Anglais ont d'excellents ingénieurs, alors "qu'ingénieur" est un terme, chez eux, de très peu de prestige. Ces ingénieurs ont des notions scientifiques rudimentaires. En termes culturels, ce sont des rustres. Tout leur art est dans l'intuition, l'expérimentation et le bricolage. 

La faille de l'ingénieur français est qu'il croit à son génie, mais qu'il a oublié qu'il devait être un expérimentateur. Ce qui produit bien des désastres. En tout cas, si j'avais écouté mes enseignants, et si je m'étais rendu compte plus tôt que je n'étais pas fait pour être ingénieur, je serais certainement passé à côté de la plus intéressante partie de ma vie ! 

dimanche 5 septembre 2021

Changement de logiciel

"En tant qu'individu, souligne (le professeur Diane Coyle, qui dirige l'institut de politique publique de l'université de Cambridge), il y a une limite aux changements que vous pouvez apporter à votre vie. Travailler dur peut vous donner un avantage. Mais c'est le contexte dans lequel vous vous trouvez qui peut changer votre vie." (Article.)

"Changement de logiciel", un terme élégant qu'aime notre élite pour qui le "logiciel" est une abstraction au même titre qu'une vache. Eh bien, il est possible que nous soyons en passe de changer de logiciel.

On a dit : le développement économique est une question d’individu ; la contrainte sociale s’y oppose. On découvre maintenant que c’est l’environnement immédiat de l’entreprise qui en fait, éventuellement, un champion. Et ce sont les exigences humaines qui forcent l’entreprise à se surpasser, à innover, et à s’enrichir. C’est ce que l’on appelle la « création de valeur ». 

Bien entendu, certains réussissent mieux que d’autres. Mais le génie de l'individu a besoin d’un substrat. Au tournant du vingtième siècle, l’innovateur français inventait des automobiles ou des avions, puis, après guerre, Bouygues a reconstruit la France, Dassault Systèmes, le seul éditeur de logiciel qui compte, est un ancien service de Dassault Aviation, Free est sorti du Minitel… Deux très grandes fortunes françaises sont construites sur les marques de luxe françaises. Chaque pays a ses spécialités, fruit d’une très longue histoire, et elles attirent ses entrepreneurs en puissance. La Silicon Valley ou Hollywood ne se sont pas faits en un jour. Il en est de même en sport, d’ailleurs. 

Voilà pourquoi l'individualiste exige la « déréglementation » : seul, il est incapable de franchir le moindre obstacle. Au contraire, non seulement rien n’arrête l’équipe, mais encore le parcours du combattant que lui impose la vie dont rêve la société stimule son intellect. Elle innove, elle crée « de la valeur », et c’est ce qui fait sa fortune.

Et le changement de logiciel, comment s'appelle-t-il ? Du néolibéralisme au néosolidarisme ?

Que cache la Burqa ?

Cet été, j'ai entendu une émission dont le sujet était le voile islamique. Une étude a été faite sur celles qui le portent. Curieusement, ce sont souvent des esthéticiennes. Cela ressemble un peu aux théories de Durkheim sur le suicide. Celle qui porte le voile est, en quelque-sorte, une championne des normes culturelles occidentales. Mais ces valeurs l'amènent à une impasse. Par exemple, elle ne peut pas être aussi belle que les images de magazines. Ou encore, elle a trouvé un "copain" vraiment gentil, mais ce n'est pas supportable. Il lui faut un homme, un guerrier. 

Quant à la législation sur le voile islamique, elle a, comme le pass sanitaire, durci le mouvement des durs. 

Intelligence artificielle raciste

Hier, Le Monde annonçait que l'intelligence artificielle de Facebook avait confondu des singes et des noirs, et s'en excusait. 

Voilà qui rappelle de bien vieux souvenirs. 

Acte manqué ? Et si l'IA n'était qu'un révélateur de préjugés ? Et si elle ne nous apprenait rien des autres, mais tout de nous ? 

Cela n'est pas aussi paradoxal qu'il y paraît. En effet, l'IA doit "apprendre" pour pouvoir décider. Or, elle apprend de ce dont on l'a nourri. Et nous la nourrissons de ce que nous pensons important. C'est aussi ce que nous faisons avec nos enfants. Mais, eux, ont un avantage sur l'IA. Ils possèdent d'autres sources d'information que nous. On ne naît pas homme, on le devient. Tout le contraire pour l'IA.

samedi 4 septembre 2021

Le gouvernement et le complot

Une étude de l'université de Cambridge constate que ce sont les malades qui propagent le coronavirus à l'hôpital, et pas les soignants. 

Cela m'a fait penser que le gouvernement était peut-être à l'origine d'une théorie du complot. En faisant un grand ramdam autour de la vaccination des hospitaliers, il pourrait avoir fait courir des bruits trompeurs. (D'un autre côté, on découvre que l'hôpital est dangereux parce qu'on y trouve des malades !)

Le discours politique, nouvelle victime du virus ?

Le carnivore réservoir de maladies

Le carnivore d'élevage serait un porteur sain de maladies. Et ce, paradoxalement, du fait d'un déficit de système immunitaire (serait-ce une bonne chose d'avoir un faible système immunitaire ?). Bref, gros danger pour l'homme. (Université de Cambridge.) 

Cette épidémie est-elle en train de nous amener à découvrir les effets imprévus de nos pratiques contre nature ?

La réinvention du tourisme

J'entendais dire que les Anglais ont passé leurs vacances en Angleterre. Ce qui a à la fois fait les affaires et rendu fous les restaurateurs et hôteliers locaux : l'Anglais est exceptionnellement mal élevé. (Ce que tous mes amis qui s'occupent de tourisme savaient depuis bien longtemps.)

Partout les citoyens découvrent leur nation. 

Déjà, l'année dernière, le Jura était la seconde destination touristique française, ce pourquoi il n'était pas prêt. Eloge aussi de la lenteur. Aller d'un endroit à un autre sans prendre l'autoroute, hors de prix, mais par le chemin des écoliers, en s'arrêtant ici et là pour découvrir que nous habitons, vraiment, un beau pays. Les apéritifs chez le producteur feraient fureur. 

Augmentation de Bonheur Intérieur Brut ? En réduisant ses dépenses de temps et d'argent, dans les déplacements au long cours et dans des lieux aseptisés, la vie s'enrichit ?

vendredi 3 septembre 2021

Panne de gaz

"Gas crunch" dit le Financial Times. L'offre ne suit pas la demande. Augmentation de prix sévères à prévoir pour les entreprises consommatrices de gaz et les ménages.

Décidément, cela n'arrête pas. 

Il est possible que cela signifie que les épidémies fassent faire à l'économie du yoyo, et qu'elle n'y soit pas adaptée. (D'autant que le yoyo encourage la spéculation ?) Il est aussi possible que la fameuse "supply chain" qui faisait des miracles pour répartir les productions de biens là où le marché donnait les prix les plus bas soit en train de montrer ses limites. D'autant que les nations semblent tendre à réserver leurs ressources pour leur propre industrie.

Faut-il, en urgence, repenser la "globalisation" ?

La philosophie ou le bon usage de la raison

Dans sa discussion de La mort, Vladimir Jankélévitch dit quelque-chose de curieux. Lorsqu'elle parle de la mort, la raison aboutit à des conclusions absurdes. Ce qui conduit à des comportements absurdes. A mettre fin à ses jours, par exemple, ou à se comporter comme un Nazi. Et, c'est le philosophe qui est le premier touché, la raison, son outil de travail, le rend fou.

Pour Vladimir Jankélévitch la mort est ce qui permet la vie. Et la vie est merveilleuse. Et elle est éternelle : rien ne sera jamais plus pareil, du fait que nous ayons été. Et elle a un sens, qui nous sera peut-être révélé, dans un éclair : "simple comme bonjour et bonsoir ; si simple que nous nous demanderons, le jour où nous saurons, comment nous n'y avions pas pensé plus tôt".

L'esprit de l'Education nationale

Débat concernant les inégalités dues à l'Education nationale (France Culture). Des mesures simples permettraient de les éviter. Par exemple, favoriser certains redoublements aidant à la maîtrise du sujet enseigné. 

A mon avis, voilà qui est contraire à l'esprit de l'Education nationale. Cet esprit est la sélection, pas la formation. Et cela tient à ce que nous croyons, comme l'Ancien régime, que le talent est inné. Et cette sélection se fait en jetant l'élève à l'eau, sans bouée. C'est à dire en rendant les sujets enseignés volontairement incompréhensibles. 

Qu'est-ce que cela donne ? Ce que j'ai vu de notre élite me fait penser qu'elle est faite de gens malheureux, et mal finis, parce que l'on ne leur a pas laissé le temps de parvenir à maturité. Vouloir un Mozart, c'est nécessairement commettre un assassinat ?

jeudi 2 septembre 2021

L'invention du marché ?

La mort est une maladie à laquelle on ne consacre pas assez d'investissements, entendait-on il y a quelques temps. 

Le moyen du changement, c'est souvent le sophisme. Par exemple, ce blog cite une idée qu'ont eue des Américains : beaucoup d'entreprises s'étaient engagées à payer une retraite à leurs salariés ; cela était donc une dette, et les dettes se renégocient, en particulier lorsque l'entreprise est en faillite ! Il suffisait donc de mettre des entreprises en faillite pour gagner beaucoup. 

Et s'il en était de même du marché ? Le marché n'est que "défaillances" exploitées par le virtuose. Et si le dit virtuose avait convaincu la société des bénéfices d'un marché libre, et réussi le casse du siècle ?

mercredi 1 septembre 2021

Le syndicalisme, c'est fini ?

Notre syndicalisme, et son modèle de lutte des classes, paraît étrangement archaïque. Est-il compatible avec "liberté, égalité, fraternité" ? 

Le syndicalisme allemand ou nordique peut-il être une solution de remplacement, comme beaucoup l'espèrent ? 

On le décrit comme un syndicalisme intelligent. Seulement a-t-on compris son principe ? 

Le syndicalisme allemand défend l'entreprise parce que le sort des salariés lui est lié. Ils en sont des actionnaires, parce qu'ils y ont investi ce qu'ils ont de plus précieux : leur vie. Implicitement : tous entrepreneurs. C'est, d'ailleurs, une idée proche qu'avait développée H.Dubreuil, en France, dès le début du siècle dernier. Dans ces conditions, le syndicat devient un "bien commun" du groupe "des entrepreneurs" qui n'appartiennent pas au comité exécutif de direction de l'entreprise. Il permet à cet ensemble de personnes dispersées d'avoir une pensée et une action communes.  

Mais le syndicalisme n'est qu'une partie d'un "système". Il est lié à notre conception du management, probablement héritée de l'Ancien régime. Si l'on veut que l'un change, l'autre doit aussi changer. (A suivre.)

Apprendre la liberté

J'ai toujours tort. Je n'ai pas soupçonné l'importance de "l'entreprise libérée" et des travaux d'Isaac Getz. Or, aujourd'hui, je crois que c'est le nom du changement. Seulement, il ne concerne pas uniquement l'entreprise, il concerne la France. 

Que signifie diriger une France "libérée" ? C'est être convaincu que l'on ne peut avoir aucune action directe sur l'autre, et sur la société. Finies les peines de prison pour les patrons qui ne font pas vacciner leurs employés ! Il n'est pas possible d'ordonner. Cela ne marche pas. Pire, on ne peut pas corriger celui qui se trompe ! Dans une telle société le "pouvoir" n'existe pas. En revanche, on a besoin de tout le monde. Car chacun a une pierre dont a besoin l'édifice. 

C'est l'art du changement. C'est ce qu'ont écrit les universitaires que l'on ne lit plus. Le "leader du changement" a du pouvoir sans pouvoir. D'où cela lui vient-il ? De ce qu'il trouve qu'il y a quelque part un malaise ou une envie partagés. Non seulement, il les exprime, mais il formule une solution qui révèle des lendemains qui chantent. C'est cette idée qui attire les gens de bonne volonté. Ce groupe obtient des réussites. Il grossit. Et la boule de neige fait une avalanche.