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mercredi 30 juin 2021

L'intelligence artificielle est-elle intelligente ?

L'intelligence artificielle tombe sur un os : déterminer ce qui est semblable. (Article.)

Ennuyeux. Imaginons que vous lui confiiez votre sécurité, et qu'elle ne vous reconnaisse pas...

Or, c'est un exercice qu'un enfant ou un animal font instantanément. 

On nous dit que l'IA nous bat aux échecs ou au go, donc est plus intelligente que nous. Mais est-ce de l'intelligence, ou de la puissance de calcul ? Après tout, ma calculatrice calcule plus vite que moi, et calcule même ce que je ne peux pas calculer. D'ailleurs, pour le programme d'échecs, les échecs sont tout, alors que pour nous, ils ne sont qu'une goutte d'eau dans une diversité en réinvention permanente. 

De surcroît, c'est un problème aussi vieux que l'analyse de données, la question du "clustering". Rien de neuf, contrairement à ce que l'on nous a annoncé ?

En tout cas, dit l'article, cela pose une question : qu'est-ce que l'intelligence ? Peut-être aurait-il fallu commencer par là ? 

Le féminisme est-il un élitisme ?

Il semblerait que tout le programme électoral d'Hillary Clinton ait été de prouver qu'il n'y avait plus de "plafond de verre" pour les femmes. Ce qui fait qu'elle s'est fait battre par quelqu'un qui passait pour un pauvre type. Ce qui est d'ailleurs aussi le cas de Joe Biden. Une autre forme du "coup de pied de l'âne". 

Et si le féminisme moderne était un élitisme ? me suis-je demandé en écoutant les revendications de quelques femmes à la radio, qui me rappelaient celles de Mme Clinton. Elitisme au sens moderne du terme : volonté de domination ?

mardi 29 juin 2021

Vive le praticien ?

Boris Cyrulnik se définissait comme un "praticien", pas un chercheur. 

Je me reconnais bien dans cette idée. J'ai eu à quatre occasions la possibilité de faire une thèse, à chaque fois dans des conditions honteusement exceptionnelles. J'ai toujours refusé. Et pourtant, depuis l'école primaire, on me considère comme une caricature de chercheur. 

Pour moi, la recherche se fait au contact de la vie, pas dans le confort d'un laboratoire. C'est un peu la dialectique du maître et de l'esclave, que l'on attribue à Hegel. On n'apprend qu'en se confrontant à la réalité. Le véritable chercheur est un esclave ?

Cela fait du bien de dire du mal

Penser que nos maux sont dûs à des personnes, en particulier à des proches, c'est ne rien comprendre à la systémique. La société est un système. Ce sont ses dysfonctionnements qui causent nos difficultés, qui nous jettent les uns contre les autres. L'Ancien régime parlait de "trouble à l'ordre public". 

La critique est-elle inutile pour autant ? Elle peut, elle aussi, être systémique. Comme l'explique Bergson, le rire est un moyen élégant de remettre l'autre à sa place. Celui qui "dit du mal" est un lanceur d'alerte, d'une certaine façon.  

Et dire du mal est peut être une première étape de raisonnement. On commence par s'en prendre à son prochain, puis, on en arrive à se demander s'il n'est pas le symptôme d'un dysfonctionnement systémique ? 

Ne censurons pas notre mauvaise humeur ? 

Faut-il voter pour voter ?

Quelle abstention ! Démocratie en danger ? 

Quels sont les enjeux de cette élection ? Pour commencer, en dehors des sortants, il n'y avait que des inconnus. Même le FN ne fait plus le spectacle, depuis qu'il recrute des mercenaires venus de partis traditionnels. Ensuite, une nouvelle équipe régionale aurait-elle fait mieux que l'ancienne ? En tout cas, dans la grande tradition française, elle serait, par principe, repartie de zéro, sans même prendre la peine de tirer de conclusions de l'expérience passée. On a évité un changement.

Vous voulez que l'on vote ? Donnez-nous envie de nous déplacer ? dit le Français ?

lundi 28 juin 2021

Benjamin Stora

Benjamin Stora était interviewé par France Culture. 

J'en retiens sa vision de l'accession du Parti Socialiste au pouvoir. Ce fut un peu : sous la plage, les pavés. Les soixante-huitards étaient de joyeux drilles, idéalistes. Ils ont découvert bien vite que, derrière le PS, il y avait les énarques. Adieu l'utopie, et la belle vie. Conséquence : la tristesse de M.Mélenchon ?

Je retiens aussi son enfance en Algérie. Contrairement à ce que je pensais, Albert Camus n'était pas isolé. Beaucoup croyaient à une option que l'on appellerait maintenant "sud africaine". Mais le temps de Mandela n'était pas venu ? 

Voilà qui ferait un beau sujet d'"uchronie" : et si l'Algérie était maintenant une ou plusieurs régions françaises ? 

(D'ailleurs, Mandela n'était pas aussi novateur qu'on le dit. Les Romains ont accordé la citoyenneté à leurs colonies...)

Le changement en France, simple question de coopération ?

"Certains des défauts traditionnels véhiculés par la tradition des Français, la tendance à intellectualiser, à conceptualiser, la demande de clarté logique, la passion individualiste et le culte des relations humaines et du moralisme apparaissent désormais, sinon comme des qualités, du moins comme de possibles ressources. Un monde où la qualité primera la quantité, où la ressource humaine primera la ressource matérielle, est un monde où les Français seront beaucoup plus à l'aise que dans celui de la quantité et de la standardisation. (...) Ce qui manque généralement, ce ne sont pas les ressources mais la capacité à mobiliser et à orchestrer leur mise en oeuvre (...) la capacité à faire coopérer des personnes plus libres devient à la fois plus difficile et plus décisive dans le monde nouveau de l'innovation." (Michel Crozier, L'entreprise à l'écoute.)

Est-ce toujours d'actualité ?

Et si, dans un monde où l'innovation prime, l'esprit français était une ressource que nous ne percevons pas ? Et si révéler ce potentiel avait un nom : équipe ? 

dimanche 27 juin 2021

Réhabilitation du petit blanc

Raisins de la colère, saison 35, ou plus ? L'autre jour, j'entendais parler d'un film américain. On y voit les "petits blancs" ruinés par la crise des subprimes. Ils prennent leur voiture, et partent à l'aventure. Culture américaine : "land of opportunity", et jamais abattu. Et code de l'honneur : c'est à l'homme de faire son destin. 

Le petit blanc, dont on a dit qu'il était un résistant à la modernité, un raciste, un sexiste, un condamné aux poubelles de l'histoire, deviendrait-il respectable ?

Un ennemi est un ami vu de dos ?

(Ce qui m'a fait penser à mon père. Lui aussi a connu des difficultés terribles. Il n'a jamais protesté, il a cherché, calmement, à se tirer d'affaires par ses propres moyens. Mais, curieusement, alors que le sort l'avait projeté à 10000m de profondeur, il n'a jamais cherché qu'à regagner la surface. Pourquoi n'a-t-il pas utilisé le génie invraisemblable dont il avait fait preuve, pour atteindre 10000m d'altitude et se mettre définitivement à l'abri ? Pourquoi s'être contenté d'une vie de galérien ? Le sens de l'honneur du "petit", quelle que soit sa couleur ?)

Totalitarisme

Totalitarisme. Bien grand mot. Qui sait ce que cela signifie ? Terme d'insulte sans grande réalité ? 

Peut être, simplement, une pathologie sociale, une crise de folie de l'humanité ? 

Hannah Arendt disait "croire possible l'impossible", autrement dit croire au père Noël. Pour ma part, j'ai remarqué que certains pensent que la haine peut-être une solution aux maux de la société. Meilleure définition ?

samedi 26 juin 2021

La crise de la culture

Il n'y a pas de choc des civilisations, mais une crise de la culture, disait Olivier Roy, dans Questions d'Islam (France Culture). Le renouveau de l'islamisme, par exemple, cherche à combler un vide. 

Par culture, il ne faut pas entendre "ministère de la culture", ou "maison de la culture", mais la culture au sens des anthropologues. 

Et ce manque de culture explique les tentations suicidaires des dits islamistes. Mais les Nazis avaient, eux, une forte Kultur, et, pour autant cela n'a pas été bon, fut-il dit. 

Je me suis demandé s'il n'y avait pas là une application directe des théories de Durkheim : on se suicide soit par insuffisance soit par excès de culture... 

En tout cas, ce qui est surprenant est que c'est une reprise des thèses d'Hannah Arendt, 70 ans après elle. Relisons son oeuvre ?

(Par ailleurs, Edgar Schein dit que le rôle de la culture est de nous rendre heureux...)

Dégagement en touche ?

L'élection de M.Macron a été un exercice de "dégagement". Où sont les dégagés ? 

Ils se sont probablement rabattus sur les points névralgiques du pouvoir en France. Les régions, d'abord, qui sont devenues des baronnies, et des tremplins pour l'élection présidentielle. Idem pour les grandes villes. Mais, il y a, aussi, une invention récente : les intercommunalités.  

Ces gens se transforment-ils au contact de la réalité, ou, au contraire, vont-il la transformer à l'image de ce que l'électeur a voulu dégager ?

vendredi 25 juin 2021

Nette artificialisation

Artificialisation, mot nouveau. Je découvre, avec le mot, sa signification. D'une part ma commune s'est couverte, en périphérie, de très grands entrepôts, d'autre part, elle a bétonné de très grandes zones agricoles, pour en faire des habitations. Et, effectivement, autre mot que l'on entend maintenant partout : il n'y a plus de commerces en "coeur de ville". 

Cela répondait-il à un besoin ? Ou a une mode ? En tout cas les collectivités locales semblent mettre autant de zèle à défaire qu'à faire. Cela relance l'économie. "Destruction créatrice" ? 

(Tout cela passe bien au au dessus de la tête de la démocratie...)

Monde d'idiots ?

Ma mère s'occupait du service du courrier d'une banque. Un jour, ce service reçoit des boîtes de soupe. Les collègues de ma mère s'esclaffent. Elle leur fait remarquer que la banque a une cantine, et que ce sont peut être des échantillons. C'était effectivement le cas. 

Qu'il est fréquent de trouver les autres idiots. Mais n'y a-t-il pas que l'idiot qui trouve l'autre idiot ? L'idiotie est peut-être tout simplement un raisonnement non abouti ? Paresseux ? 

Voilà ce que j'ai essayé d'enseigner un temps à mes idiots d'élèves...

jeudi 24 juin 2021

Exode urbain

L'urbain veut fuir la ville. Tout le monde en parle. 84% des Français aimeraient vivre dans une ville moyenne plutôt qu'une métropole, disait le journal de la MAIF. Le confinement a révélé une aspiration extrêmement puissante. Et si les grandes villes se vidaient ?

Or, toute une théorie s'était développée autour de la mégalopole. Elle aurait été l'avenir, le dynamisme, le creuset de l'innovation. Tout le reste n'était que ringardise. Cette théorie a probablement inspiré le projet du Grand Paris. Mme Hidalgo, d'ailleurs, est une autonomiste

Comment des revirements aussi brutaux, aussi radicaux, peuvent-ils s'expliquer ? 

Peut-être est-ce, encore, une question "d'élite". Elle profitait des avantages des mégalopoles, sans en subir les inconvénients. Elle a créé un mythe qui lui convenait. La réalité l'a fait craquer ?

Quel est le nom du changement ?

On s'y perd. Certains nous disent que tout va mal, d'autres que tout va bien. Qu'en est-il ? Une hypothèse :

Ce qui est certain est que le pays est inefficace. Il produit moins qu'il ne consomme. Ses dettes ne font qu'augmenter. 

L'explication semble se trouver dans le livre Smart simplicity d'Yves Morieux. Comme les entreprises qu'il étudie, notre société est devenue "compliquée". Elle s'est rigidifiée par bureaucratisation. Comme le disent les gilets jaunes, il faut payer toujours plus pour en avoir toujours moins.

C'est un effet contre-intuitif du libéralisme, me semble-t-il. Mais attention, il ne faut probablement pas entendre ici "libéralisme" simplement comme une idéologie, mais comme une aspiration à la liberté, un rejet de toute contrainte, d'une grande partie de la société, qui se retrouve, d'ailleurs, aussi bien à gauche qu'à droite. Et ce au moins depuis 68.

Deuxième paradoxe de ce "libéralisme" : notre modèle social lui a résisté. Mais, pour qu'il puisse se maintenir, il a dû être largement subventionné. Et, comme personne ne voulait faire preuve de solidarité, l'Etat a dû s'endetter. Cela explique probablement le discours "libéral idéologique" qui nous enjoint de nous débarrasser des "paresseux", pour ajuster nos dépenses sur des recettes en perpétuelle diminution.  

Si cette hypothèse est juste, la question que nous devons résoudre est : comment rendre notre "modèle social traditionnel" économiquement efficace. Ce qui supprimera les causes de tension qui montent les Français les uns contre les autres.

mercredi 23 juin 2021

Le socialisme est-il un colonialisme ?

Michel Rocard aurait cherché à faire la lumière sur la culpabilité du gouvernement français au Rwanda. Cela révélerait une ancienne ligne de fracture du PS entre colonialistes et anticolonialistes. (Article de Telos.)

Voilà qui est surprenant. On imagine mal un socialiste colonialiste. Il est vrai que la colonisation a été une idée de gauche. Clémenceau était bien isolé quand il s'y est opposé. Ensuite, pendant la guerre d'Algérie, c'était la gauche qui était au pouvoir. Et que F.Hollande ait envoyé des troupes au Mali m'a beaucoup étonné, en son temps. Mais tout de même. 

Y aurait-il dans certains courants de gauche un mythe nationaliste ? Ou, une forme de doctrine de la compassion ?... Extrêmement mystérieux. 

La renaissance des campagnes


Mal être en ville, circuits courts, relocalisation, télétravail, artificialisation, désertification des coeurs de ville... Publié en 2019, on trouve dans ce livre tous les thèmes apparus lors du confinement. Ils étaient déjà présents bien avant !

Il semble être une réaction à un double mouvement. D'une part, le "printemps des métropoles", courant de pensée apparemment dominant, qui voulait que l’avenir soit à la métropole. Elle traînerait les "wagons" ruraux. Ce qui exigerait que l'on allège sérieusement les dits wagons. Ce qui aurait été le cas, selon cette théorie. De l'autre, peut être en réaction, le sentiment que rien ne compte en dehors des métropoles. Que le gros de la population est abandonné. Ce qui alimenterait le vote FN.

Le livre montre qu'il n'en est rien. Que les métropoles ne sont pas les creusets de l'innovation, mais qu'elles en donnent l'illusion en captant la valeur créée partout dans les réseaux économiques (c'est là où se trouvent les sièges sociaux). Que la campagne est plutôt dynamique, entreprenante et en bonne santé, et que surtout les habitants des villes rêvent d'y habiter. Ce qui ne va pas, d'ailleurs, sans friction, entre le Bobo et l'autochtone. 

Commentaire

Cependant, bien que cela se perde dans le livre, il semble bien qu’il y ait des facteurs de désertification préoccupants. Ils sont difficiles à caractériser, car la "campagne" ne signifie rien, la France est éminemment hétérogène. 

On y fait allusion à une population qui doit s’éloigner des villes, dont elle ne peut plus payer les loyers. Là aussi ce n'est pas clair. Il semble qu'il y ait d'une part le "gilet jaune", qui a un emploi, mais qui en est éloigné, d'où sa sensibilité au prix de l'essence, et, d'autre part, un segment de population qui ne vit plus que des aides de l'Etat, ce qui alimenterait le vote FN. Entre le Bobo riche, et qui tend à constituer des ghettos, le gilet jaune, le déclassé et la population locale est-il étonnant qu'il y ait des tensions, même si aucune de ces populations n'est dans une situation désespérée ?

Certes, l’enseignement primaire serait meilleur à la campagne qu'en ville, mais, ensuite, c'est le contraire. Si vous naissez à la campagne, vos chances d'appartenir à l'élite sont très faibles. Voici qui n'est pas dans notre tradition. Et il est clairement écrit que ce qui permet à la campagne de maintenir des conditions de vie décentes, c'est, en quelque-sorte, la solidarité nationale (subventions directes, retraités venus s'y installer…). N'est-ce pas fragile ? Et, me demandé-je, cette solidarité est-elle payée par les urbains, comme tant d'eux le croient, ou par les dettes de l'Etat ?

Qu'en conclure ? Que le printemps des métropoles est devenu un hiver, mais que ce n'est pas encore le printemps de la douce France. Et ce probablement parce que, à l'image de son système de santé, elle est dysfonctionnelle. Pour le moment la dette est son seul moyen de maintenir un modèle de société auquel elle s'accroche. 

mardi 22 juin 2021

Boris Cyrulnik

A posteriori, l'enfance et même la jeunesse de Boris Cyrulnik ont été un cauchemar. Il n'a quasiment pas connu ses parents. Il est pris par la rafle de Bordeaux. A 6 ans, il a l'idée de se cacher dans des toilettes. Ce qui en fait peut être un des seuls survivants de la dite rafle. Il est caché et passe de famille en famille, sans pouvoir aller à l'école. Après guerre, il fait la navette entre deux personnes qui veulent l'adopter. Il ne comprend rien à ce que lui enseigne l'école (puisqu'il n'y a jamais été), mais, miracle, une institutrice détecte son talent. Quand il commence ses études de médecine, il n'est pas éligible aux bourses d'étude et doit travailler chaque matin trois heures avant ses cours... 

C'est fou ce qu'il en faut peu pour qu'une vie bascule d'un côté ou de l'autre. C'est d'ailleurs ce qu'il dit des Allemands, qu'il a connus surhommes avant leur défaite, et gentils immédiatement ensuite. Qu'elle est grande l'influence de la société sur l'homme ! 

Il a côtoyé la folie humaine, et c'est ce qui a fait sa vocation : en comprendre la cause.

(Emission A voix nue de France Culture.)

Jacques Bouveresse et Michel Foucault

J'entendais Jacques Bouveresse, philosophe, expliquer à France Culture que ce que Michel Foucault disait de Nietzsche ne correspondait pas, du tout, à ce que celui-ci avait écrit. 

Pourquoi Michel Foucault n'a-t-il pas été définitivement discrédité ? Il n'est pas le seul dans son cas. Je crois que nous avons vécu un temps où la rigueur intellectuelle n'a pas été une valeur fondamentale de notre société. 

Mais ce n'est pas ce que j'ai retenu de cet entretien. J'ai retenu que Michel Foucault était quelqu'un de très sympathique. Apparemment, c'était aussi le cas de Sartre. Ce ne va-t-il pas à l'encontre de l'opinion de Proust ? me suis-je demandé. L'être humain peut être infiniment mieux que son oeuvre. (N'est-ce pas toujours le cas ?)

lundi 21 juin 2021

Science et idéologie

Il y a deux samedis, le magazine d'archéologie de France Culture parlait du néolithique. Cela a été l'occasion d'évoquer des théories qui se sont succédé en archéologie en seulement un demi siècle : elles furent marxistes, post modernes, anarchistes, et maintenant écologistes, climatiquement angoissées. 

Néolithique : point de départ de "l'anthropocène" ? Les archéologues le pensent, mais pas les spécialistes du climat (l'anthropocène nous est quasi contemporain), ou les géologues (l'anthropocène est une illusion). Il est certain que chacun a des preuves irréfutables à faire valoir à l'appui de sa théorie. 

Voilà qui va peut-être dans le sens des théories de Karl Popper. Ce n'est pas la preuve qui compte, c'est la prévision. Toute preuve n'est que partielle, on ne peut rien en déduire. La science fait des prévisions "falsifiables", selon un anglicisme. 

Le biais de confirmation remporte les élections ?

Plus facile d'interpréter que de prévoir ! Que penser des dernières élections ? Peu de votants, cela semblait prévisible. Effet covid ?  Quant aux résultats, la surprise semble le relatif faible score du FN (tout de même souvent second). 

Pour le reste, ceux qui ont gagné sont ceux qui dirigeaient, et qui ont fait leur travail pendant l'épidémie. C'est ainsi que mon homme politique local, fort peu charismatique par ailleurs, obtient à chaque élection des scores dignes d'une république soviétique. L'idéologie perdante des élections ?

Paradoxalement, bon pour M.Macron ? Lui aussi était aux commandes pendant l'épidémie. Mauvaise affaire pour les partis traditionnels ? "Biais de confirmation" : il doit maintenant y avoir une bonne dizaine de personnes qui se sentent appelées par la France pour la gouverner ?

France d'Ancien Régime

La France est un curieux pays. On entend à la fois que, pour la changer, il faut toucher au plus haut niveau (son président), mais, lorsque l'on travaille avec les chevilles ouvrières de l'administration, qui, pourtant, fréquentent quotidiennement notre élite politique, on trouve une grande prudence, vis-à-vis de ce niveau. Comme si les intellectuels qui nous gouvernent étaient impuissants ? 

Hypothèse Tocqueville ? La France n'a pas changé depuis l'Ancien régime ? Notre élite de bêtes à concours vit dans un monde des idées à la Platon, qui n'a aucune prise sur le réel ? Ou, peut-être, qui  a accès a un niveau de réalité qui n'entre en jeu que lorsque des niveaux plus bas ont agi ? De même qu'un Napoléon n'aurait rien été si la France n'avait pas eu une tradition militaire centenaire, et la plus grosse population européenne ?  

(De même qu'il a perdu, là où elle n'avait pas de tradition : à savoir sur mer.)

dimanche 20 juin 2021

Green Big Business

Entrefilet du Financial Times : "PwC plans 100,000-person hiring spree over five years. PwC will increase its global headcount by more than a third over the next five years as part of a $12bn investment in recruitment, training, technology and deals designed to capture a booming market for environmental, social and governance advice.

Le monde économique est en effervescence. On ne parle plus que de réchauffement climatique. C'est une très très grosse affaire. Il y a énormément d'argent à gagner. Après Internet et les sub primes, on a trouvé le relai de spéculation que l'on cherchait ? Bientôt une statue de Greta Thunberg à Wall Street ?

Hier, c'était de la contre culture de Joan Baez et Bob Dylan que le capitalisme avait fait des milliards (et d'eux des milliardaires). Sa puissance de récupération est fascinante. Il n'a qu'un ennemi : lui-même ?

Jouons au Lego

Bouleversement dans le BTP. Comment réhabiliter 500.000 habitations par an, quand on a de la capacité pour 70.000 ? Comment bâtir durable et décarboné ? 

La solution, en quelque sorte, c'est le Lego. Maison modulaire construite par des robots. Ainsi, il n'y a plus de pertes, le démontage d'une maison permet d'en monter une autre. Et tout ces modules sont suivis par ordinateur, qui conçoit et pilote la construction. A côté de tout cela, ces constituants doivent avoir le plus bas "poids carbone" possible. 

Uniformisation ? me suis-je demandé. Pas sûr, car le Lego permet de faire du sur-mesure. Peut-être, un jour, louera-t-on son ordinateur, et son robot et bâtira-t-on, chaque année, une nouvelle maison, de même que les Québécois déménagent chaque année. 

En tout cas, je me suis demandé si, au lieu de faire évoluer notre façon traditionnelle de construire des maisons, il ne faudrait pas partir de zéro. Faire un reengineering du BTP. En commençant par regarder ce qui se fait ailleurs : un igloo ne consomme pas d'énergie, les Japonais ont une île pauvre, et une culture de la pénurie...

Suisse anti écolo

Les Suisses votent pour les pesticides et se désintéressent du réchauffement climatique (article de Telos). Leurs raisons sont celles des Gilets jaunes. 

Voilà qui annonce des moments difficiles pour les mesures "tout environnementales" qui sont lancées partout dans le monde. 

Cela signifie peut-être que la croissance des inégalités a atteint un point critique, et qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs : il faut recréer une économie compatible avec les intérêts de la population avant de demander à cette économie d'arrêter de chauffer le climat. (Les deux pouvant certainement être combinés, pour peu que l'on fasse preuve d'un rien d'intelligence.)

samedi 19 juin 2021

La grève ou le retour à la normale ?

L'autre jour la radio était en grève. Retour à la normale ? Le virus avait privé le Français de restaurants, et le syndicaliste de grèves ?

Ce qu'il y a de curieux, c'est que la grève se pratique presque exclusivement dans l'économie sociale, en particulier dans la fonction publique. Entre agents SNCF et usagers, par exemple. Curieuse lutte des classes. 

Ailleurs, on dit que lorsque l'entreprise est "libérée", lorsque ses membres en sont responsables, il n'y a plus de grèves. Et si cela expliquait les syndicats de la fonction publique ? Les hauts fonctionnaires qui la dirigent leur auraient-ils donné à gérer le petit peuple d'exécutants ? La grève serait un moyen de faire acte d'efficacité ? 

(Faut-il rapprocher ce comportement de celui de la Corée du Nord ?)

La solitude du dirigeant de PME

La solitude, mal du dirigeant de PME ou d'ETI, dit une étude de BPI de 2016. (Ici.)

  • Pas ou mal entouré (3/4 d'entre eux)
  • Un sentiment d'écrasement face à la complexité du monde
  • Aucune reconnaissance de la part de la société (la PME n'existe pas, ils sont écrasés par la complexité administrative, les syndicats et leurs salariés leur sont hostiles)
  • De très grandes difficultés à recruter, donc pour s'entourer, pour presque tous
  • Des personnels qui font le minimum syndical
Le sentiment d'isolement est corrélé à la santé de l'entreprise et des affaires, et, quasiment, à rien d'autre. 

Y remédier aurait un impact immédiat sur la santé de notre économie, peut-être sans nécessiter des centaines de milliards de subventions ?

Ce qu'il y a de plus étrange dans ces études, est qu'elles disent toutes la même chose, mais que cela ne semble avoir aucune influence. L'administration, en particulier, qui en publie, dont celle-ci, ne semble pas capable de les lire. 

Le changement est à effet de levier, dit la systémique. En ce qui concerne les entreprises, nous ne l'avons pas trouvé ?

vendredi 18 juin 2021

Anti anti vac

Lorsque j'ai entendu parler des "anti vac", il s'agissait d'Américains. Pas surprenant, ai-je pensé. Ils sont nombreux à croire que la terre est plate, et qu'elle a été créée il y a 5000 ans. De telles croyances sont incompatibles avec le vaccin. Ridicule.

Mais, j'ai lu des études, scientifiques cette fois, qui montrent que la mise au point des vaccins n'a pas été une lutte du bien contre le mal, comme me l'avait dit l'école, mais, au contraire, un processus pas très propre, et très idéologique, qui a connu bien des échecs peu glorieux. L'homme a joué les cobayes.  Et il l'a parfois payé de sa vie. Même Pasteur tombe de son piédestal. 

Puis il a été question d'effets indésirables, notamment dus aux adjuvants. Et il y a le risque de toute innovation. Ainsi que le dit, en substance, le PDG de Moderna : si vous voulez connaître les effets à 10 ans des vaccins à ARN messager, il va falloir attendre dix ans. Or, ils sont nombreux les médicaments qui ont produit des effets secondaires graves. 

Dans cette affaire les anti anti vac ont été un rien schizophrènes. En effet, ils sont issus des milieux intellectuels, méfiants vis-à-vis du progrès, mais, en même temps, ce sont eux qui ont attaqué vigoureusement les anti vac, et, probablement, ont fait monter l'inquiétude de la population, qui a découvert qu'il y avait quelques raisons scientifiques d'être anti vac.

Ces anti anti vac auront contribué à nous réveiller de notre rêve de modernité. Le progrès scientifique n'a pas que du bon. Ici comme ailleurs, comme prendre la route par exemple, toute décision est en partie un acte de foi qui n'est pas sans risque. 

L'invention de l'élite

Le mot "élite" est devenu un terme de dérision. Mais ce n'est pas le plus surprenant. Car l'élite moderne ne correspond pas à la tradition. Dans les pays anglo-saxons, il n'y a pas de tradition d'élitisme du diplôme, comme chez nous. Et chez-nous, l'élite actuelle n'a pas fait les études qui, dans notre tradition, sont d'élite... 

Phénomène souvent noté : une classe dominante cherche à justifier sa domination par sa supériorité. Ainsi, dans son histoire de l'économie, J.K. Galbraith explique que la théorie économique est un sophisme au service des classes dominantes ou montantes. 

Phénomène naturel ? "Mythe" dont parle les anthropologues ? Mythe dont le rôle est d'expliquer et de maintenir en ordre la structure des sociétés dites "primitives" ? Ou perversion du mécanisme ?

(Je me souviens avoir vu un article dans la presse américaine dans lequel un diplômé expliquait qu'il devait son intelligence à l'hérédité. Cela m'avait frappé, parce que je me souvenais d'articles de Science et Vie, lus dans ma jeunesse, qui disaient qu'il n'y avait pas héritage de QI.)

jeudi 17 juin 2021

L'intelligence est-elle systémique ?

Petit à petit, étude après étude, on nous explique que nous avons subi des réformes qui ont donné le contraire de ce que l'on en attendait. La dernière en date est la réforme des régions de M.Hollande, qui a augmenté la centralisation, la rigidité bureaucratique, les coûts de fonctionnement de l'Etat... 

L'explication du phénomène s'appelle "pensée simplifiante", selon Edgar Morin. Paradoxalement, les grands esprits qui nous gouvernent ne comprennent pas que nous vivons dans un monde "complexe". Et que la complexité met en déroute leur "bon sens". 

Voilà pourquoi notre élite est l'objet de la risée populaire : elle est bête. L'intelligence serait-elle systémique ? Après tout, c'est ce que disent bien des cultures. Par exemple le Tao, qui est comprendre le "mouvement des choses". Le Wuwei, le non agir, c'est obtenir ce que l'on désire sans effort. 

Le paradoxe de la situation est que tout ceci est la faute de notre Education nationale, qui, comme le dit Edgar Morin, enseigne et sélectionne la pensée simplifiante.

(D'ailleurs le QI est une mesure de pensée simplifiante.)  

Le temps et le changement

Question : "ça concerne la conduite du changement... Un des points majeurs, vu de moi, est de definir des objectifs abordables de temps nécessaire à la transformation. Un exemple typique pour moi est la transformation de la machine de vente. Dans quel timing peut on s'attendre à voir des résultats probants ? Eh bien il faut prendre en compte des aspects comme la durée moyenne du cycle de vente. Si le produit nécessite en moyenne 12 mois de cycle de vente, alors, il ne faut pas s'attendre a pouvoir en mesurer les résultats avant au moins 18 a 24 mois... J'ai vu tellement de boss de ventes se faire virer avant même la durée du cycle de vente, parce que les résultats "tardaient" à venir. Et à l'inverse, j'ai vu des nouveaux boss des ventes cueillir les lauriers qu'ils n'avaient pas semé... Ce point fait-il partie des principes de base de la conduite du changement ?"

Effectivement, il y a là un point de conduite du changement mal traité et mal compris. Pourquoi ? Parce qu'il y a une différence de point de vue et d'expérience entre celui qui demande le changement, et celui qui le fait. Il faut du temps au second, alors que le premier veut un résultat immédiat. Du coup, j'ai rencontré beaucoup de dirigeants qui se sont fait licencier, alors qu'ils faisaient un travail remarquable. 

Pour ce sortir de cette "injonction paradoxale", il existe une technique. Il faut expliquer la dimension du changement, sa complexité, etc., puis dire comment on va résoudre le problème (étapes), et ensuite donner une série de jalons, avec critères d'évaluation, qui ponctuent le parcours. En fait, il faut signer un "contrat" entre les deux parties. 

Ces critères d'évaluation peuvent être plus ou moins "qualitatifs" (par exemple obtenir un rendez-vous avec un très grand compte exceptionnellement prestigieux). Ce qui est essentiel, et toute la subtilité de la technique est là, c'est qu'ils paraissent être des preuves fortes, quasi surprenantes, que l'on est sur la bonne voie. Il faut ensuite que l'on tienne le plan, jalon par jalon, quitte à ce qu'il y ait des "coups de théâtre", mais que l'on montre, à chaque fois, que, si le plan d'action ne peut être appliqué, on a trouvé une meilleure idée, et que l'on garde le cap. C'est le second point clé de la méthode.

Peut être plus important que la technique est de comprendre sa raison. Celui qui demande des délais invraisemblables est, lui-même, pris dans une chaîne de décision. Par exemple un fonds d'investissement a lui-même des actionnaires, et ainsi de suite. Cette chaîne de décision, très impersonnelle, ne peut pas comprendre d'arguments sophistiqués. En conséquence, ce dont à besoin l'interlocuteur de celui qui est responsable du changement, c'est d'un argumentaire simple qu'il va, à son tour, exposer aux échelons supérieurs de la chaîne. 

mercredi 16 juin 2021

Le retour de Michel Crozier ?

Il y a un changement à la française, je crois. C'est celui qu'a mené Michel Crozier, il y a quelques décennies. Il correspond à un renouveau du pays, oublié aujourd'hui, mais qui a eu lieu au moment où l'offensive japonaise a commencé à battre de l'aile. Ce type de changement part d'en bas. Pour résoudre les problèmes systémiques d'un Air France ou d'une SNCF, il demande son avis aux gens du terrain. Et il en tire une vision globale, que le haut peut mettre en oeuvre. 

Je me demande si notre gouvernement n'essaie pas de faire du Michel Crozier sans le savoir. L'autre jour j'entendais le directeur de la stratégie de l'ANCT (remplaçant de la DATAR) dire que son agence cherchait à trouver ce que les territoires faisaient de bien, pour le faire connaître. De même, l'Etat négocie des contrats de relance avec les collectivités locales. Contrats qui devraient déboucher, me semble-t-il, sur 834 expérimentations. Le changement n'est plus imposé par le haut. Il part d'en bas.

Pourquoi cela ne marche-t-il pas encore ? Parce que le gouvernement n'a pas encore réinventé la technique Crozier. Il est toujours dans une forme de laisser-faire maladroit. Comme cela a été le cas avec son "comité citoyen", une technique bien connue des études de marché, et qui n'est pas adaptée, c'est de notoriété publique dans ce milieu, à la question que l'on voulait lui faire résoudre. La méthode Crozier demande une enquête. Celui qui la mène doit vouloir changer les choses. Il n'est pas passif. Il cherche à identifier les questions à résoudre, les solutions de ces problèmes, et les personnes clés qui sont sur le chemin critique du changement. 

Michel Crozier nous dit : encore un petit effort ?

Chasse en meute

La faiblesse de la PME française ? Elle ne chasse pas en meute. Voilà ce que l'on me dit depuis que j'enquête sur la question.

La chasse en meute a quelque-chose de culturel. La chasse en meute italienne n'est pas la même que l'allemande, me dit-on aussi. C'est, d'ailleurs, une question qui semble beaucoup moins évidente que ce que je pensais quand j'ai découvert ce sujet. 

Prenons le cas allemand, tel que j'en ai entendu parler récemment. Quand il y a appel d'offres, une entreprise et ses sous-traitants (allemands) répondent ensemble. En France, une seule entreprise répond. Lorsqu'elle a gagné, elle fait, elle-même, des appels d'offres. D'une part il est fréquent qu'elle ne travaille pas avec des Français, d'autre part la relation qu'elle a avec eux est très différente de celle qu'ont les Allemands, puisque ces derniers ont conçu l'offre ensemble, alors que l'entreprise française impose des spécifications à ses sous-traitants. 

Ne faisons pas d'angélisme, me dit-on encore. Les relations entre Allemands ne sont pas tendres. D'ailleurs, quand on y regarde bien, tous les membres du groupe partagent le risque de l'appel d'offres, alors que, seule, la grande entreprise française le fait. Si les Allemands chassent en meute ce n'est peut être pas tant qu'ils veulent rester entre Allemands que parce qu'ils y trouvent un intérêt : leur groupe fonctionne comme ce que M.Porter appelle un "business cluster" : tout le monde apprend en même temps, et tout le monde profite de ce que l'autre a appris. C'est une sorte de cercle vertueux. Et c'est ce qui fait que ce dispositif ne peut pas être battu par une sous-traitance low cost, à la française. Car une fois qu'il est concurrentiel, il devient toujours meilleur, alors que la sous-traitance low cost ne fait que stagner. 

Le fait que cela n'a rien de culturel est démontré par ce que l'on trouve, en France, des entreprises qui ont adopté ce dispositif

mardi 15 juin 2021

Reynaldo Hahn

Reynaldo Hahn reviendrait-il à la mode ? Jusque-là je le connaissais comme ami de Proust. L'autre jour j'ai entendu quelques-unes de ses mélodies à la Tribune des critiques de disques (France Musique), et grande surprise : j'ai aimé. Avec les poèmes qui allaient avec (Victor Hugo et Verlaine). En fait, il en est de plus en plus question. 

Comment expliquer ce retour en grâce ? Serait-ce une forme de réaction à la musique abstraite et intellectualiste, contemporaine ? Comme pour le baroque, qui s'échappe de Bach et de Vivaldi et retrouve des compositeurs oubliés depuis des siècles, une tentative de renouveler la musique classique, en revenant à ses sources ? 

Le résistant était-il un terroriste ?

Marc Ferro expliquait que pendant la guerre et longtemps ensuite, on a considéré les résistants comme des terroristes. Il est vrai qu'en représailles, on fusillait des otages. 

Mais n'est-ce pas la règle de la guerre ? Quand un pays bombarde les populations d'un autre pays, ce dernier procède à des représailles, en bombardant à son tour.

Et on peut se demander si la résistance, qui a très peu de moyens, et beaucoup de courage (un résistant n'est pas considéré comme un militaire), ne fait pas bien plus de dommages que l'armée traditionnelle. La résistance espagnole, en particulier, semble avoir beaucoup nuit à l'invincible Napoléon, par exemple. 

Certes, mais une guerre est-elle propice à une pensée rationnelle ?

lundi 14 juin 2021

Feed back positif

En reprenant des références qui me servent à étudier la PME, une chose m'a frappé. Toutes ces études ont le même biais. Elles commencent par dire ce qui ne va pas (et elles sont d'accord sur le sujet), et, ensuite, elles cherchent comment y remédier. Je crois que c'est très improductif : la critique provoque le rejet. 

J'ai adopté une autre approche. Je pars de ce qui va, et je cherche comment en profiter. Et ce qui va est que nos PME ont une créativité, mondialement, exceptionnelle. (Et c'est, d'ailleurs, en partie pour compenser ce qui ne va pas.)

Tout change, alors. En effet, "ce qui ne va pas" devient un moyen facile de se développer, pour pas cher, un quasi hold up : puisque d'autres le font, il suffit de les copier ! 

Cette approche, pas tellement courante dans notre culture, est appelée par les psychologues : "feedback positif". 

Heur et malheur de l'art moderne

La "création contemporaine" a envahi France Musique. 

Une théorie. Au 19ème siècle, l'art a fait l'objet d'une mode dans la haute société. Comme on le lit chez Proust, sa principale occupation était de faire preuve de "bon goût", en découvrant de nouveaux talents. Par conséquent, le véritable artiste devait être un innovateur, cf. les impressionnistes, Cézanne, Whistler, Picasso... Il "épatait le bourgeois", en le choquant. Et il devenait très riche. Mais le bourgeois, épaté, a vu le parti qu'il pouvait tirer de l'affaire. Il a acheté l'art. Il se fiche qu'il soit laid, ou qu'il soit beau. Le tout est qu'il fasse l'objet d'une sain mouvement spéculatif, comme une action. Seulement il a acheté l'art matériel, ce qui peut être acheté, donc les tableaux et pas la musique. 

Aujourd'hui les milieux intellectuels pensent toujours que le véritable artiste doit choquer les conventions, parce qu'il doit être en avance sur son temps. Et qu'ils sont des précurseurs du changement. Seulement, là où il n'y a pas spéculation, il n'y a pas de marché pour l'art révolutionnaire. Il y a Radio Classique. 

dimanche 13 juin 2021

Pascal Bruckner

Pascal Bruckner m'était inconnu. (Je me méfie de tout ce qui est contemporain, d'ailleurs j'ai peu de temps pour lire.) France Culture me fait comprendre que c'est un écrivain célèbre (entretiens d'A voix nue). Et, surtout, que sa pensée est en contradiction avec ce que je croyais la seule pensée autorisée. Et qu'il ne serait pas seul dans son cas. Il ferait parti d'un clan de célébrités, que je ne connais pas mieux : celui de MM.Glucksmann, BHL et Finkielkraut. Et je découvre que des gens comme Marc Ferro ou Jacques Bouveresse, autres intellectuels respectés, eux aussi, contestaient la doxa, depuis longtemps. Et ce simplement en comparant les propos de la doxa avec les faits.

Mais alors, et si cette "pensée autorisée" ou "socialement avancée" était celle d'une infime minorité ? (Même dans son camp d'intellectuels : car qui peut lire Pascal Bruckner sinon un intellectuel ?) Et si elle avait réussi à faire perdre le nord à toute la société, à commencer par nos partis politiques traditionnels, en faisant croire que nous n'avions que le choix entre elle et le FN. Et si elle était la cause de la position dominante du FN ? Et ce, peut-être pas exclusivement pour une question d'idées, mais parce qu'en ayant égaré le barreur, elle l'a fait entrer dans une zone de tempête, et que les passagers en souffrent ?

Phénomène à analyser par les sciences du changement ? Fameux effet de levier dont parle la systémique ? Une société est pilotée par des forces mystérieuses, qui se manoeuvrent sans moyens, pour peu que l'on soit bien placé ? Dans ce cas, les points névralgiques sont situés dans l'université, mais aussi, paradoxe, dans les milieux d'affaire. 

En tout cas, ce qui est bien connu est la façon dont se fait le changement. Par transition de phase. La majorité découvre, soudainement, qu'elle est une majorité. Que l'opinion qu'elle croyait minoritaire est partagée par tous. 

Liberté de parole de D.Trump

Il ne fallait pas couper le tweet de Trump, disait un intellectuel. Une entreprise privée ne peut pas s'en prendre à la liberté de parole, qui est un droit. 

Et si les tweets de M.Trump avaient déclenché une insurrection ? Atteinte à l'ordre public, c'est aussi un principe démocratique.

On est peut être dans une question de responsabilité. L'homme doit agir en fonction de sa conscience. Je coupe ou non le sifflet. Et ensuite, c'est à la justice de juger, à son rythme. Etre responsable, c'est s'exposer à être attaqué par la justice, et, peut-être, à consacrer une partie de sa vie à défendre ses décisions, voire à séjourner en prison. C'est un sacerdoce.

(Quand la bourse s'échauffe, les cotations sont coupées. Cela généralement apaise les esprits...)

Jardinier augmenté

 Le hasard m'a donné un jardin. Nouveaux problèmes. En particulier comment tailler, et bien tailler ? Je me demande si les conseils que l'on me donne sont bons. En particulier, depuis que je ne taille plus un rosier jusque-là famélique, il est devenu magnifique. De même, il est dit de "rabattre les fuchsia". Mais ils se portent très bien sans être "rabattus". 

Je me demande si le bon jardinier n'est pas, simplement, un observateur de la nature. La technique, l'expérience accumulée des autres, ne vient qu'après. Je me demande aussi si toute notre société ne nous dit pas de faire le contraire. Elle croit aux normes. Et elle impose ses normes à la nature, mais aussi à nous. Avant même de voir la nature, nous sommes programmés pour être "le maître et le possesseur de la nature". 

Un temps, il était à la mode de parler "d'intelligence augmentée". Cela ne s'applique-t-il pas au jardinier ? 

samedi 12 juin 2021

Inflation ?

La Deutsche Bank s'inquiète d'un risque d'inflation. L'inflation partirait des USA et gagnerait le monde. En revanche, la plupart des économistes pensent qu'il ne s'agit que d'une inflation conjoncturelle. 

Qui croire ? Le plus important est peut être de commencer par considérer ce que seraient les conséquences d'une vague inflationniste. Comme le dit la Deutsche Bank, il faut en revenir aux années 70. L'inflation a été le fléau de mes années d'adolescence. Le pays a beaucoup souffert alors. Ne souffrirait-il pas encore plus aujourd'hui, à l'heure où l'on parle tant d'inégalités ? Et surtout que deviendrait le fardeau de dettes de l'Etat, s'il devait les payer de plus en plus cher ? 

Un départ d'inflation paraît une question hautement irrationnelle. Les paniques, bien souvent, ne semblent pas avoir de cause bien sérieuse. Keynes parlait "d'instincts animaux", et cela s'applique probablement à tout ce qui touche à la finance. 

("US consumer prices climb at the fastest pace since 2008 US consumer prices accelerated by the most in nearly 13 years in May as pent-up demand combined with higher prices for goods to stoke concerns about inflationary pressures" Financial Times, jeudi dernier.)

Qu'est-ce que l'élite ?

Il arrive souvent que mes amis me demandent de parler à leurs enfants en période de doute. Je ne sais pas pourquoi. Je me demande, maintenant, si, ce faisant, je n'ai pas rencontré la fabrique de l'élite. 

Le phénomène est le suivant. Il y a des jeunes gens qui sont des bêtes à concours. Ils commencent par Normale Sup ou HEC, sont déçus par ce qu'on leur enseigne, entrent à l'ENA, finissent dans les premiers, mais, toujours aussi malheureux. Car, que la réalité est triste par rapport à ce qu'ils avaient imaginé ! peut-être aussi en rapport avec le sacrifice de leur jeunesse ! Leur talent, d'ailleurs, a quelque-chose de fascinant : quel que soit ce qu'on leur enseigne, sérieux ou moins sérieux, scientifique ou non, ils ont un sixième sens qui leur fait comprendre comment gagner le concours. 

Curieux personnages. A la fois un pouvoir immense, tout est à leurs pieds, ce sont des dieux, et une pensée parfaitement abstraite, coupée des réalités, et ultra sensible aux modes. Attachants et dangereux ? 

Pas très scientifique, mes observations ? Cela mériterait l'enquête d'un anthropologue ? 

vendredi 11 juin 2021

L'invention du centre

Article d'analyse des régionales. "L’analyse de l’offre électorale pour ce premier tour des régionales confirme trois points : (1) la perte de centralité du PS à gauche, maintenant concurrencé par EELV ; (2) l’émergence d’un pôle centriste gouvernemental ; (3) le maintien d’un affrontement à droite entre l’alliance LR-UDI et le RN".

M.Macron est-il le représentant de la mondialisation heureuse, comme on le lit, ou a-t-il fait renaître "le centre" ? Doit-on y voir la réapparition d'une caractéristique nationale propre, qu'elle se soit appelée radicalisme ou gaullisme ? Quant au RN, il semble un amalgame nouveau. Le camp des mécontents ?

Babbitt


Années 20. Milieu de notables américains. Ils sont fiers de leur succès, et du succès de leur ville qui s'étend sans cesse, et de leur pays, et de leur modèle de société, qui produit en masse une existence standardisée. Ils sont hypocrites. Ils approuvent la prohibition mais boivent comme des trous. En matière de religion et de morale, ils sont les pires des Tartuffe. D'ailleurs, la seule culture qu'ils possèdent, tous, pasteurs inclus, est celle des affaires.

Babbitt est un agent immobilier prospère, un rien malhonnête. C'est cela avoir le talent des affaires : être juste à la limite des lois pour ne pas se faire prendre. Surtout, c'est un faible. Sa vie n'a été que renoncements. Il voulait être avocat, homme politique, défenseur du pauvre. Mais, il s'est marié, par pitié. Et il a dû gagner sa vie. Et il avait du talent. Il est maintenant gros et moche. Le livre raconte, avec verve et humour, sa dernière tentative de révolte, avant que le système, formidable et amical rouleau compresseur, ne le récupère. En quelque sorte, c'est le thème de La vie est belle de Franck Capra, mais à l'envers. C'est aussi 1984, façon USA.

Anthropologie de l'Amérique éternelle par un prix Nobel de littérature ? 

jeudi 10 juin 2021

Qu'est-ce que la sociologie ?

Vous êtes à la piscine. Vous êtes heureux. Puis les maîtres nageurs réduisent le nombre de lignes. Vous n'êtes plus heureux. Vous êtes gêné. Que les autres nagent mal ! 

La sociologie, c'est cela, selon moi. Notre vie est gouvernée par les lois de la société. Et ces lois nous rendent heureux ou malheureux. L'art de la sociologie est la bonne manière d'agir sur ces règles pour que nous soyons tous contents de notre sort. Art qui s'appelle le "changement", si l'on reprend la définition de ce blog. 

Quelles sont mes grandes techniques sociologiques ? 

  1. Il y a la systémique. Les lois agissent comme un thermostat. Ce qui signifie, d'une part qu'elles contraignent notre action, mais surtout, qu'elles peuvent être diverses mais qu'elles obéissent à un principe qui les gouvernent toutes. Le changement peut donc se faire vite et bien. 
  2. Pour trouver ce principe, il faut comprendre le système, c'est à dire, enquêter à droite et à gauche, accumuler les points de vue, jusqu'à ce qu'il se dégage une logique d'ensemble, mais aussi des "acteurs" qui aient l'envie et le pouvoir d'agir sur le système. On retrouve ici les techniques de l'anthropologie. 
  3. Un premier type d'action sociologique est celui de Durkheim et Lewin : il s'agit d'intervenir pour remédier aux crises (conflit entre minorités) ou à une "pathologie" du système (vague de suicides). 
  4. Un second type d'action consiste à ne pas se contenter réagir, mais à prendre les devants en modifiant l'organisation sociale. 
  5. Les deux types d'action ne sont pas incompatibles. La première permet, de crise en crise, de faire l'enquête dont il est question au point 2. 

Universalisme

Qu'est-ce que l'universalisme ? Je me demande si ce n'est pas ce qui provoque la "fin de l'histoire" de Hegel, le Graal des Lumières, le moment où l'homme n'est plus un ennemi pour l'homme, où il découvre que nous partageons tous une essence commune. Qu'est-ce que cela signifie ? 

Il semble que ce soit un milieu entre deux extrêmes. Il y a l'extrême de l'individu, qui se croit seul au monde et qui est un loup pour l'homme, comme dans la plupart des doctrines individualistes, et, à l'autre bout, l'extrême de la famille, où les frères sont ennemis. Ce qui est un paradoxe. 

Ce milieu est celui des "copains", ou de l'équipe, ou peut-être des anciens élèves de polytechnique, du temps passé. C'est peut être ce qu'ont réussi à grande échelle, plus ou moins, certains pays du nord de l'Europe. 

En quelque sorte fraternité culturelle, mais, surtout pas, génétique. 

Comment y parvient-on ? Révolution culturelle à la Mao, mais réussie ? Epreuve initiatique à l'échelle de l'humanité, façon covid ? Long travail sur la "Kultur" comme l'ont fait les Allemands ?... Mystère. 

Portée de baffe

La presse anglo-saxonne a immédiatement parlé de la tentative de gifler notre président. Risque du métier ai-je pensé. Point. Oubli. 

Mais, en entendant la réaction de M.Macron, par hasard à la radio, je me suis dit, ce que je me dis souvent en ces occasions : l'accident révèle les personnalités. (Et l'efficacité des services de protection, qui ont détourné le coup.)

(En tout cas, cet attentat rappelle un autre thème de ce blog : la "pensée simplifiante" d'une grande partie de la population, qui croit que l'on règle les problèmes du monde par la force.)

mercredi 9 juin 2021

Bataille des idées

Le RN aurait-il gagné la bataille des idées ? se demandait France Culture. Effectivement, ce sont les thèmes qu'il défend dont on parle. Paradoxe : l'intellectuel, le virtuose de l'idée, a perdu la bataille des idées ! 

Et c'est peut être bien plus lui qui a perdu, que le RN, qui a gagné. L'autorité intellectuelle est désormais disqualifiée. Nous avons, nous aussi, notre Fox News, mais ce n'est pas un média. C'est un ensemble d'organes d'expression diffus. 

Pourquoi le RN a-t-il gagné ? Parce que, tout simplement, contrairement à l'intellectuel, il raconte le monde tel qu'il est. Et beaucoup de gens s'y retrouvent. Et pas uniquement des déclassés, mais aussi de grands bourgeois, des militaires, des universitaires éminents, et des hommes politiques traditionnels, qui voient là un moyen de retrouver le pouvoir, la seule chose qui compte pour eux...

Pourquoi le RN est-il dangereux ? Parce qu'il suffit de tendre l'oreille à ce que l'on dit en famille, ou entre amis. Avec le diagnostic vient la solution, et celle-ci a un dénominateur commun : la haine. Et la haine nous serait fatale. Depuis des siècles notre pays, de défaite humiliante en défaite humiliante, s'effondre toujours plus. Aujourd'hui, avec ses dettes, ses champions des délocalisations, et sa haine fratricide, il est - fragile. Un épisode "nationaliste" et c'est le décrochage et la plongée dans l'abîme. 

Quelle est la solution ? Elle n'est pas dans la tchatche. On ne combat pas les idées du FN par des idées. Ceux qui votent FN n'écoutent pas les idées, ils en ont trop entendu. Ce qui alimente ce vote, c'est la colère. Il faut en couper les racines. C'est à dire, il faut réinstaller les conditions de la prospérité pour tous. C'est ce que fait Joe Biden aux USA. Mais attention, il faudra du temps pour que la haine s'atténue. Et, pendant tout ce temps, nous serons faibles. 

Et ensuite, il faudra s'intéresser à notre éducation, nationale : comment se fait-il qu'elle nous laisse croire que la haine puisse-t-être une solution aux problèmes de l'humanité ? Comment se fait-il qu'elle soit incapable de nous apprendre à penser ? 

Changement en Allemagne ?

 Mme Merkel part. Que va-t-il arriver ? 

"tout, ou presque, est possible. Ce n’est pas un drame, vu la culture politique centriste de l’Allemagne, ainsi que le pragmatisme des acteurs et la dispersion du pouvoir dans le fédéralisme coopératif (qui fait que gouvernement fédéral et les gouvernements des 16 Länder sont forcés à négocier des compromis en permanence) qui nécessite depuis longtemps une telle coopération entre des forces politiques au-delà des clivages gauche-droite traditionnels." (L'Allemagne d'après Merkel, quel renouvellement ? Telos.)

D'autant que les Allemands veulent à la fois plus d'écologie, et moins d'immigrés, thèmes de campagne de partis opposés. (Mais qui ont un point commun quelque peu égoïste...)

Pas de changement après Mme Merkel ? La personnalité du chancelier compte peu ? Peut-être en Allemagne, mais à l'étranger ? 

Loi NOTRe ou l'énantiodromie ?

"Le vrai but de l'Etat en 2014 était de faire croire à l'Union européenne qu'il était en train de faire des réformes utiles, et que ces fusions de régions allaient permettre des économies, soit pas moins de 10 milliards d’euros." Un post mortem de la Loi NOTRe, de création de grandes régions

Ce blog s'intéresse aux effets pervers des changements mal conçus. Avec la loi NOTRe, on semble avoir atteint des sommets. Il n'est pas possible de faire la liste des dits effets pervers présentés dans l'article, tant ils sont nombreux. 

C'est une illustration du phénomène dit d'énantiodromie. Terme que l'on pourrait définir ainsi : quant un apprenti sorcier s'occupe de changement, il obtient l'envers de ses intentions. Nous sommes plus centralisés que jamais, nous n'avons jamais eu autant de fonctionnaires perdus dans les nimbes (les autres ayant subi un génocide), le coût de cet édifice n'a jamais été aussi lourd, et il n'a jamais été aussi inefficace. 

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Par Ferdinand Barth — Goethe's Werke, Domaine public, Lien

mardi 8 juin 2021

Effet Mélenchon

Depuis quelques-temps on parle d'une déclaration intempestive de M.Mélenchon. 

Curieux. Juste avant les élections régionales...

Technique de communication ? Efficace : il n'est question que de M.Mélenchon. Ce qui lui permet de répondre à ceux qui l'attaquent... Cercle vertueux. 

S'il y a technique, quel est son mécanisme ? M.Mélenchon, comme, avant lui, MM. Trump, Le Pen, Sarkozy et bien d'autres, s'en prend à ce que l'on n'a pas le droit de dire. Et cela produit une réaction des partis de la morale. Et c'est là, en fait, que se trouve le coup de génie : car quel qu'il soit, l'homme hait la censure et les donneurs de leçon. 

Ceux-ci sont pris au piège : au lieu de laisser s'exprimer ceux qui sont légitimement indignés, ils se croient autorisés à faire ce qu'ils aiment le plus : se donner en spectacle. 

(PS. Un sondage montrerait que la popularité de M.Mélenchon avait chuté de 10% avant qu'il tienne ces propos. Coïncidence ?)

Amnésie sociale

Le béton aurait été inventé par les Romains. Il y aurait des exemples de béton armé au Moyen-âge... Il n'y a encore pas longtemps, il fallait étudier le latin et le grec, et citer les auteurs classiques, les normaliens écrivaient des thèses en latin... Qui, bientôt, saura qui étaient Victor Hugo et Racine ? Et, à l'heure de la puissance aveugle de l'ordinateur, qui s'intéresse encore à l'algorithmique et aux mathématiques ?

Le progrès est un mythe. La culture n'est pas ce dont on se souvient quand on a tout oublié, mais une gêne qui empêche le plaisir. C'est l'histoire que raconte Claude Lévi-Strauss : celle de la tribu amazonienne qu'il arrête un moment, pour la faire parler de ses traditions, avant qu'elle ne se rende à la civilisation pour profiter de ses bienfaits. 

lundi 7 juin 2021

Zéro artificialisation

ZAN, objectif du gouvernement, Zéro Artificialisation Nette. Nouvelle tendance forte. Voilà qui génère du mouvement et des projets : on va réhabiliter les friches à tour de bras. 

Par des voies détournées, cela va-t-il toucher l'intelligence artificielle ? Ne commence-t-on pas à trouver que le tout Internet n'est pas écologique ? En tout cas, cela pourrait beaucoup gêner les énergies renouvelables : éoliennes et panneaux solaires occupent beaucoup de place... Pour résoudre les problèmes, de plus en plus nombreux, que nous pose notre changement vert, effectivement, il faut remettre en marche notre intelligence, naturelle ?

Faut-il être oisif pour penser correctement ?

Les philosophes grecs semblaient penser qu'une vie devait commencer par l'action et se terminer par la méditation, ce qui demandait d'avoir les moyens de l'oisiveté. La vie idéale était celle de Montaigne. 

Est-il impossible de réfléchir lorsque l'on travaille beaucoup ? Je me souviens d'une discussion entre un polytechnicien et un anthropologue, dans laquelle le premier tenait des propos, sur les hommes, d'un simplisme qui rappelait les théories du complot dont il est tant question aujourd'hui. Il est probable que s'il avait pris un peu de temps pour réfléchir au sujet de la conversation, il aurait changé d'opinion. 

Malheureusement, comme le montre le cas de Montaigne, il faut une vie pour réfléchir. Car la pensée se construit, petit à petit, étape par étape. Si l'on en croit Confucius, c'est à 70 ans que l'on atteint un semblant de maturité. 

Est-ce grave de ne pas avoir le temps de construire sa pensée ? Nous pensons collectivement. Au fond, la société nous demande seulement de bien faire notre travail. Le reste n'est que conversation de salon. Sauf lors des crises ? L'homme malheureux fait alors usage de sa pensée simpliste ? Et, à ce moment, on peut craindre le pire ?

La femme et l'écran

Les femmes à l’écran, la face cachée du cinéma - Seulement 34 % des rôles sont tenus par des actrices révèle une étude portant sur 3 770 films sortis entre 1985 et 2019. (Le Monde) 

Comment interpréter cette nouvelle ? 

  • Discrimination machiste ? 
  • C'est l'homme qui fait vendre, parce que c'est la femme qui achète ? 
  • Autre ?
Attention, complexité. Méfions-nous de notre pensée simplifiante, dirait Edgar Morin ?

(Un jour, je suis tombé sur une étude du wikipedia anglais, quasi anthropologique, concernant le cinéma porno. On y apprenait que le mâle, pour diverses raisons, n'y pèse pas lourd, c'est au mieux un intermittent. Les stars du porno sont des femmes. Comment Le Monde interpréterait-il cette nouvelle ?)

dimanche 6 juin 2021

Election et virus

L'autre jour, je regardais le taux de participation à des élections partielles. Il oscillait entre 18 et 25%, si mes souvenirs sont bons. Peut-on parler de démocratie dans ces conditions ? Effet virus ? 

Sera-ce l'opinion des vaccinés qui va faire les prochaines élections ?

Bureaucratie libérale

Le coronavirus nous a fait prendre conscience d'un phénomène paradoxal : la "bureaucratie libérale". L'exemple type est l'hôpital, dans lequel il y a plus d'administratifs que de soignants. Et, d'ailleurs, les soignants sont noyés dans l'administratif. 

Ce phénomène est apparu chez Mme Thatcher. Le paradoxe du "libéralisme", qui occupe le haut du pavé depuis quelques décennies, est qu'il a besoin d'une masse de bureaucrates pour être imposé. Autre paradoxe, son modèle se trouve chez Lénine. (Thatcher and sons.)

La France est en passe de devenir l'URSS, comme le disait un ancien élu communiste, que j'ai interviewé il y a quelques temps. 

Cette bureaucratie qui touche tout, de l'Etat à la multinationale, est inefficace. Qu'est-ce qui peut la remplacer ? Peut-elle s'assouplir façon "smart simplicity" ? Va-t-on plutôt vers des "clusters" de petites unités ?... 

Boom des SPAC

On parle beaucoup de SPAC dans la presse économique. Le SPAC est un fonds d'investissement. (Voir ce qu'en dit wikipedia.) L'objet du SPAC est généralement flou. Ses investisseurs ont, essentiellement, foi en ses managers. Et, si j'en crois wikipedia, les dits investisseurs ne retrouvent généralement pas leur mise. Ce qui n'est pas le cas, paradoxalement, pour ceux qui sont à l'origine du fonds.

Pourquoi un boom ? Probablement parce qu'il y a beaucoup d'argent qui ne parvient pas à s'investir. A chaque bulle, à chaque crise, depuis 20 ans, les banques centrales impriment de l'argent, toujours plus (l'unité est maintenant le millier de milliards), qui nourrit de nouvelles bulles. Chaque bulle est une croyance au père Noël. Cette fois-ci, on raconte que l'économie va repartir comme avant, mais qu'il va y avoir beaucoup d'entreprises qui sont surendettées. Donc, facile : on récupère ces sociétés, et on attend le beau temps. 

Seulement, beaucoup de ces sociétés n'allaient déjà pas bien avant, et parier sur un monde d'après qui serait identique au monde d'avant semble un rien dangereux. Il suffit de regarder où en était l'économie il y a seulement 10 ans pour s'en persuader. Surtout, tous ces investisseurs sont des moutons de Panurge : leur offre semble devoir dépasser très largement la demande. 

Qu'est-ce que cela peut donner ? Un crash qui ne toucherait que les gens riches ? Une façon de liquider la bulle spéculative qui s'est formée dans les couches hautes de la société ? Mais, tout est interconnecté. Surtout, cet excès d'argent est malsain, il va empêcher des secteurs entiers de s'adapter au changement, qui est permanent, répétons le. Cela peut faire de très gros dommages. 

samedi 5 juin 2021

La victoire du gros bon sens

Stéphane Bern, apparemment, en voudrait aux éoliennes. J'entendais aussi dire qu'il y avait une pétition opposant ce que France Culture appelle les "forces de progrès" (le milieu de la culture) au reconditionnement des téléphones, mesure écologique. Beaucoup de sujets dont il n'était pas correct de parler émergent, et cela semble faire les affaires du Rassemblement National. 

Depuis des années, le débat public est devenu une lutte du bien contre le mal. Il semble maintenant que cela se soit retourné contre ceux qui, jusque-là, faisaient l'opinion. Les idées adverses ont gagné, et ils n'ont aucun moyen de les contrer, puisque leurs arguments ne portent plus. Or, ces idées sont simplistes. 

Le paradoxe de la situation est que, pour s'en tirer, il faut établir un dialogue avec l'autre. Et cela même si l'on considère que c'est un dangereux imbécile... Le début de l'humanisme digne de ce nom ?

Whistler

Le peintre, au 19ème siècle, fut un phénomène de société. Il était un dandy extravagant. Et lorsqu'il réussissait, il devenait un phénomène spéculatif, et extraordinairement riche. Mais, entre temps, ses moeurs dispendieuses lui avaient fait connaître tous les malheurs. Seulement, il était à la poursuite d'un idéal, d'une vision de l'art, auquel il sacrifiait tout. 

Voilà ce qui semble avoir été la vie de Whistler, peintre de son temps. 

(Whistler, édition Sirocco, 2004 : pas d'illustration sur Internet...)

vendredi 4 juin 2021

Le virus et le laboratoire

La première fois que j'ai entendu que le coronovirus pourrait venir d'un laboratoire chinois, c'était dans un laboratoire français, avant le premier confinement. Puis il a été dit que c'était totalement impossible. Complot. Aujourd'hui, cette thèse n'est pas loin d'être dominante. 

Mais comment y voir clair ? La solution pourrait passer par le dossier médical de mineurs chinois morts en 2012, et de chercheurs du laboratoires de Wuhan tombés malades fin 2019... (Financial Times)

Voilà qui semble une idée élégante. Mais, il y a probablement peu de chances qu'elle aboutisse rapidement. En effet, non seulement l'honneur de la Chine et en jeu, mais un laboratoire américain participait aux recherches de Wuhan, et, probablement, il n'a pas envie d'être mis en cause. D'ailleurs, n'est-ce pas l'infaillibilité affirmée superbement par la science et nos gouvernants qui est attaquée ? 

« L’un des problèmes de notre société aujourd’hui, c’est que les gens ne veulent pas être utiles, mais importants. » disait Winston Churchill...

Turner


Livre sur Turner. Que de l'abstrait moche. Je n'aime pas ses couleurs. 

En deuxième lecture, il apparaît quelque chose. Une forme d'impressionnisme qui ne serait pas impressionniste. 

Mais tout change lorsque je regarde la liste de tableaux que publie wikipedia. D'une part ses tableaux, éclairés de l'intérieur par l'ordinateur, se transforment, d'autre part, il apparaît que le style de Turner a changé du tout au tout. Comme chez Picasso, il y a même eu plusieurs périodes. Son intérêt, finalement, l'a porté au mouvement des éléments et de la lumière. 

L'art est-il, ou a-t-il été, une recherche de l'essence ? 

En tout cas, ce qui est surprenant est que Turner est mort extrêmement riche. Peut-être est-ce là un aspect paradoxal du capitalisme. En effet, les Anglais de son temps considéraient la peinture comme un placement. Et à partir du moment où quelque duc avait choisi un peintre, la spéculation le concernant menait bon train. Apparemment quoi qu'il produise. Ce qui, à l'opposé de ce que l'intellectuel pense du bourgeois, favorise les recherches artistiques les plus abstraites. 

jeudi 3 juin 2021

Nouveau rapport au temps

J'assistais à une conférence de France Stratégie, qui s'intéressait aux "politiques publiques du temps". On y découvrait que l'on s'interroge sur comment organiser la société de façon à ce que nous perdions moins de temps. En particulier, que nous ne fassions pas tous la même chose au même moment. 

Mais on y disait aussi qu'il y avait une aspiration de l'individu à un autre emploi de son temps. Il semblerait que ces dernières décennies nous ayons été dominés par "l'éthique protestante", dont parle Max Weber, et qui veut que la seule chose qui vaille soit le travail. Il y aurait une aspiration à la "décompactification" du travail de façon à ce que, dans une vie, nous puissions nous former, nous réorienter, nous occuper de nous, de nos proches et des autres, avoir un "impact" sur la société et la nature... quitte à repousser la date de la retraite, qui n'aurait plus autant d'intérêt. Une société du "libre choix" qui soustrairait l'individu au diktat de l'économie, qui "civiliserait le travail". 

Indice de plus que nous vivons un changement radical ? L'entrée dans une nouvelle ère ?

De l'importance du cluster

J'ai cité les travaux de Michael Porter sur les "business clusters". Son idée principale est que, jadis, ce qui comptait, en termes de succès économique, était la géographie, maintenant, c'est la capacité de transformation. Cela résulterait du succès de la supply chain : désormais quasiment quel que soit l'endroit où l'on est on peut recevoir au même prix, ou presque, tout ce qui se produit dans le monde. Ce qui "fait la différence", c'est sa capacité à transformer cela en quelque-chose d'unique (Cognac fabrique de la vodka...).

Cette capacité est une question de combinaison de conditions favorables au sein d'un territoire : accumulation de savoir faire, intimité entre ses membres, confiance, sentiment d'identité partagée, stimulation de la concurrence...

Quels sont les avantages d'un cluster ? C'est un intermédiaire (un "juste milieu" ?) entre le marché et la grande entreprise. 

  • Le problème du marché est le "coût de transaction" : tout le monde y étant en concurrence avec tout le monde il n'y a pas intérêt à partager l'information et les moyens qui sont nécessaires à l'innovation et à l'amélioration des produits. 
  • Sous cet angle, la multinationale devrait être plus efficace que le cluster, et elle peut l'avoir été (cf. Boeing ou IBM des temps héroïques), seulement, elle tend à la rigidité bureaucratique, qui tue toute créativité (le PDG est supposé omniscient), et il y manque fréquemment et de plus en plus le sentiment d'appartenance qui pousse l'individu à chercher autre chose que son intérêt. 

mercredi 2 juin 2021

Wall Street et la Chine

"Wall Street’s new love affair with China. At a time of growing geopolitical competition, US and European investment firms are plunging into the Chinese market." disait le Financial Times. 

Les délocalisation, aussi, s'accélèrent, semble-t-il. 

Que se passerait-il si la Chine déclarait la guerre à Taiwan ? Nos Etats viendraient au secours de nos multinationales en faillite ? 

Défaillance du marché ? Plus le risque grandit, plus les profits possibles le font aussi, et moins il y a de place pour la prudence ? 

Raison et réalité

Le seul moyen de savoir si le projet d'un entrepreneur va réussir, c'est de le confronter avec le marché. Soit il vend, soit il ne vend pas. (Article.) 

Kurt Lewin disait que pour comprendre quelque-chose il fallait chercher à le changer. Aucun raisonnement n'est juste dans l'absolu. 

Il y a probablement là un problème que notre société a mal résolu, et qui explique beaucoup de nos embarras actuels. Nous nageons dans la théorie, dans les beaux discours. Et toute notre éducation nous fait croire à cette illusion. Pas étonnant que nous soyons surpris lorsque la nature se révolte.

mardi 1 juin 2021

M.Macron, dirigeant français ?

Quelque-chose m'a frappé dans mon expérience du changement. Le changement réussi provoque une transformation du dirigeant français. Alors que, jusque là, il était entouré d'un "brain trust" de diplômés, qui l'isolaient de la réalité, il se met à diriger l'entreprise en lien direct avec ses troupes de terrain. 

Je me demande si ce n'est pas le destin d'Emmanuel Macron. J'écoutais l'autre jour le directeur de la stratégie de l'Agence De Cohésion du Territoire (qui a remplacé la DATAR), dire que son rôle était de repérer ce qui se faisait de bien dans les territoires, et de le faire connaître. De même, il y a actuellement négociation entre l'Etat et les collectivités locales sur des Contrats de Relance et de Transition Ecologique. On semble en revenir à un changement à la Michel Crozier, inspiré par le bas. 

Mais, ce qui manque à M.Macron, ce sont les élus. La difficulté est de trouver autre chose que les diplômés qui encombrent son parti, et les personnes d'appareil qui encombrent les partis politiques traditionnels et qui ne rêvent que d'être président de la République. 

Le territoire et le marché

On m'a enseigné que le marché était la source de toute création. Il fallait liquider le vieux (par exemple l'industrie textile) pour libérer les moyens qu'il immobilise, afin qu'ils aillent vers le marché, qui les transformerait en innovations. Eh bien, cela pourrait être grossièrement faux. 

Comme le dit Michael Porter, le véritable creuset de l'innovation est le "cluster", c'est-à-dire le territoire. C'est là que, depuis des siècles, tout un écosystème d'acteurs apprend et se transforme et amasse des connaissances. Et c'est l'innovation extérieure et l'évolution de la société qui, loin de le rendre obsolète, est le ferment de la transformation de cet univers créatif. 

Bref, si l'on veut transformer le pays, il faut partir de ses territoires, et chercher à voir s'ils n'ont pas une identité "économique" (des savoir-faire propres), et ce que signifient ces savoir-faire dans le monde actuel. 

C'est le fonds qui manque le moins. Voilà ce qui pourrait être dorénavant la devise de la France. 

Crypto régulation

Les crypto-monnaies vont entrer dans le champ de la loi, apprend-on. Il se trouve, en outre, que l'on a découvert récemment qu'elles n'étaient pas écologiques, car elles consommaient beaucoup de charbon chinois. 

Marche éternelle de la société ? Elle est prise de surprise par l'innovation et a besoin de temps pour reprendre ses esprits ? 

Mais, ses temps de réaction ne sont-ils pas un peu long ?

(Financial Times : "US regulators signal bigger role in cryptocurrencies market. US financial authorities are preparing to take a more active role in regulating the $1.5tn cryptocurrency market, amid growing concern that a lack of proper oversight risks harming savers and investors.")