Mal être en ville, circuits courts, relocalisation, télétravail, artificialisation, désertification des coeurs de ville... Publié en 2019, on trouve dans ce livre tous les thèmes apparus lors du confinement. Ils étaient déjà présents bien avant !
Il semble être une réaction à un double mouvement. D'une part, le "printemps des métropoles", courant de pensée apparemment dominant, qui voulait que l’avenir soit à la métropole. Elle traînerait les "wagons" ruraux. Ce qui exigerait que l'on allège sérieusement les dits wagons. Ce qui aurait été le cas, selon cette théorie. De l'autre, peut être en réaction, le sentiment que rien ne compte en dehors des métropoles. Que le gros de la population est abandonné. Ce qui alimenterait le vote FN.
Le livre montre qu'il n'en est rien. Que les métropoles ne sont pas les creusets de l'innovation, mais qu'elles en donnent l'illusion en captant la valeur créée partout dans les réseaux économiques (c'est là où se trouvent les sièges sociaux). Que la campagne est plutôt dynamique, entreprenante et en bonne santé, et que surtout les habitants des villes rêvent d'y habiter. Ce qui ne va pas, d'ailleurs, sans friction, entre le Bobo et l'autochtone.
Commentaire
Cependant, bien que cela se perde dans le livre, il semble bien qu’il y ait des facteurs de désertification préoccupants. Ils sont difficiles à caractériser, car la "campagne" ne signifie rien, la France est éminemment hétérogène.
On y fait allusion à une population qui doit s’éloigner des villes, dont elle ne peut plus payer les loyers. Là aussi ce n'est pas clair. Il semble qu'il y ait d'une part le "gilet jaune", qui a un emploi, mais qui en est éloigné, d'où sa sensibilité au prix de l'essence, et, d'autre part, un segment de population qui ne vit plus que des aides de l'Etat, ce qui alimenterait le vote FN. Entre le Bobo riche, et qui tend à constituer des ghettos, le gilet jaune, le déclassé et la population locale est-il étonnant qu'il y ait des tensions, même si aucune de ces populations n'est dans une situation désespérée ?
Certes, l’enseignement primaire serait meilleur à la campagne qu'en ville, mais, ensuite, c'est le contraire. Si vous naissez à la campagne, vos chances d'appartenir à l'élite sont très faibles. Voici qui n'est pas dans notre tradition. Et il est clairement écrit que ce qui permet à la campagne de maintenir des conditions de vie décentes, c'est, en quelque-sorte, la solidarité nationale (subventions directes, retraités venus s'y installer…). N'est-ce pas fragile ? Et, me demandé-je, cette solidarité est-elle payée par les urbains, comme tant d'eux le croient, ou par les dettes de l'Etat ?
Qu'en conclure ? Que le printemps des métropoles est devenu un hiver, mais que ce n'est pas encore le printemps de la douce France. Et ce probablement parce que, à l'image de son système de santé, elle est dysfonctionnelle. Pour le moment la dette est son seul moyen de maintenir un modèle de société auquel elle s'accroche.