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mercredi 31 mars 2010

Invention de la société moderne

J. Bradford DeLong se demande quelles sont les raisons qui ont fait de notre société ce qu’elle est. Réponse :

Fin 19ème, invention du processus systématique d’invention et d’innovation (invention de l’inventeur et du laboratoire), permise par deux révolutions : des moyens de communication et de transport globaux. Désormais une nouvelle idée peut être connue partout, et un nouveau produit vendu partout, permettant ainsi des fortunes sans précédent.

Compléments :

Déséquilibre des échanges mondiaux (suite)

Certains disent que le déséquilibre des échanges mondiaux a été créé par une soudaine passion pour l’épargne. Désaccord de chercheurs :

Ils constatent que si les Chinois se sont mis à épargner, il n’y a pas eu augmentation de l’épargne mondiale. Par contre, là où il y a eu spéculation immobilière, il y a eu déficit. Pourquoi ? Parce que les peuples se sont crus riches, et qu’ils ont dépensé ce qu’ils ne possédaient pas.

En particulier, la corrélation semble se vérifier particulièrement bien pour les pays européens. Confirmation du point de vue allemand : le salut est dans la rigueur ?

Compléments :

mardi 30 mars 2010

Point Angleterre

Curieux. Mettant un terme à son pessimisme, The Economist voit à l’Angleterre des lendemains qui chantent.
  • Après avoir rappelé qu’il y a 3 ans « l’économie britannique était la plus forte d'Europe », il explique qu’elle n’est pas une seconde Grèce, mais qu’elle a de solides fondamentaux (dus à Margaret Thatcher), à savoir, des salaires modérés, des syndicats « petits et faibles » et un taux de change flottant. Bref le paradis sur terre.
  • Quant à l’économie, elle n’est pas aussi dévastée que d’autres articles le prétendaient, l’industrie « qui compte encore pour la moitié des exportations », demeure la 6ème du monde, et « les services financiers, même à leur pic, constituaient seulement 8% de l’économie, contre 12% pour l’industrie ».
  • Un seul point noir : le surpoids de l’État. Mais les conservateurs vont réduire sa taille (« les dépenses du gouvernement ont cru de 44% du PIB en 2006 à 52% en 2009, à comparer avec les 48% de la soi-disant étatiste Allemagne. »).
Compléments :

Point Grèce

L’Europe a mis au point un plan financier d'aide à la Grèce. La poussière retombe. Dans quel état est le pays ?
  • Apparemment, pas de révolte, gouvernement toujours populaire.
  • Quant à son plan de rigueur, il n’est réalisable que si la Grèce peut emprunter à un taux réduit. L’accord européen est arrivé à temps. Par contre il y aurait besoin de 3 fois plus d’argent qu’envisagé (75md€ et non 25) et de 5 ans au lieu de 3 pour arriver au niveau d’endettement voulu.
  • Dans quel état cela laissera-t-il le pays ? L’histoire ne le dit pas.
Compléments :

Jihad et Arabie Saoudite

Le Jihadisme saoudien semble avoir une curieuse histoire :

Naissance : conjonction d’intérêts favorables à l’Ouest et d’une volonté de quelques-uns d’accomplir des actions glorieuses au nom de l’Islam. Puis erreurs du pouvoir qui conduisent au conflit, et aussi révolte au spectacle des souffrances du monde musulman. Devenu plus adroit, le gouvernement saoudien ferait entrer la situation dans l’ordre.

Enseignement ? Dans la lutte contre Al Qaeda « il est plus urgent de se préoccuper des symboles de la souffrance musulmane, que de réformer économiquement et politiquement les pays arabes ».

lundi 29 mars 2010

Cyriaque Magloire Mongo Dzon

Entendu (partiellement) avant-hier chez RFI. Jugement sur la décolonisation.

Ce n’est pas la colonisation qui a pêché, mais la décolonisation. La France cheminait avec l’Afrique, pourquoi l’a-t-elle abandonnée aux mains d’élites corrompues et rétrogrades, qui ont mis un terme à son voyage vers la démocratie ? Voilà ce que j’ai cru comprendre.

Compléments :
  • Si mon interprétation est correcte, Cyriaque Magloire Mongo Dzon partagerait la vision de J.S.Mill d’un colonisateur qui guide le colonisé dans son évolution culturelle. 

Nouveau taylorisme

Dans l’émission que je cite dans le billet précédent, il est question d’un « nouveau taylorisme ».

Des employés d’un centre de recouvrement de FT témoignaient. Certains étaient d’anciens techniciens, qui avaient été fiers de leur état, et maîtres de leur sort et d’un petit royaume technique. Aujourd’hui, ils sont téléopérateurs, une pièce dans un rouage. Plus exactement, ils sont en bout d’un mécanisme dysfonctionnel qui crée l’incompréhension du client (les commerciaux de FT semblent vendre n’importe quoi), qui éclate sur eux.

Un des interviewés explique qu’il préférerait travailler à la chaîne, parce qu’au moins là il serait sûr de ne pas avoir de surprises. Dans le taylorisme des services la menace de la crise est permanente.

Et on ne parle que de rendement, de rentabilité. C’est étrange. Massacre des employés au nom de la rentabilité. Mais quel peut-être la qualité du service au client dans ces conditions ? Et l’avenir de l’entreprise ? Décidément, le culte de la rentabilité rend idiot.

Compléments :
  • Le rapport « Bien être et efficacité au travail », note : « La santé n’est pas l’absence de stress ou de maladie : c’est « un état de complet bien être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité », selon la définition donnée par l’organisation mondiale de la santé. » Autrement dit, si l’employé ne se sent pas bien à son travail, cela signifie qu’il est mauvais pour la santé.
  • Plus loin : « L’employeur est légalement responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés et a une obligation de résultat en la matière. » Bien lourde responsabilité, qui explique certainement des délocalisations vers des contrées où le travail dans les mines peut tuer des milliers de personnes, sans que qui que ce soit ne s’en préoccupe. 

Conditions de travail

J’ai lu le rapport « Bien être et efficacité au travail » remis au premier ministre le mois dernier. Le diagnostic initial est particulièrement déprimant :
Les grandes « familles » de facteurs de stress ont fait l’objet de nombreux travaux d’experts. Dans notre perspective de praticiens, nous retenons en particulier :
- la fréquence accrue des réorganisations, restructurations et changements de périmètre des entreprises, qui impactent tout ou partie de l’organisation et modifient parfois brutalement les conditions dans lesquelles les salariés exercent leur activité ;
- la peur du chômage et l’incertitude sur l’avenir, qui génèrent chez les salariés un sentiment d’insécurité et les rendent plus démunis face aux difficultés rencontrées sur le lieu de travail ;
- l’accélération et l’augmentation des exigences des clients dans une économie fortement tertiarisée depuis trente ans, marquée par de nouveaux modes de services (call centers, guichets, caissières…) ;
- l’utilisation parfois à mauvais escient des nouvelles technologies, qui « cannibalise » les relations humaines : elle fragilise la frontière entre vie privée et vie professionnelle, dépersonnalise la relation de travail au profit d’échanges virtuels et accélère le rapport au temps de travail – introduisant une confusion entre ce qui est urgent et ce qui est important. En une génération, on est passé d’un collectif de travail physiquement réuni
à une communauté d’individus connectés mais isolés et éloignés les uns des autres ;
- le développement de nouvelles formes de taylorisme dans le domaine tertiaire. Caractérisées par la standardisation et la parcellisation des tâches et des relations, elles peuvent faire perdre le sens du travail. Lorsque les méthodes de management incitentsimultanément à la prise d’initiative, les salariés se trouvent en situation d’injonction paradoxale. Les process doivent rester un moyen : ils ne règlent pas les enjeux humains, qui se jouent dans la proximité du management ;
- l’intériorisation par le management de la financiarisation accrue de l’économie. Elle fait de la performance financière la seule échelle de valeur dans les comportements managériaux et dans la mesure de la performance, sans prise en compte suffisante de la performance sociale ;
- la mondialisation, conjuguée avec une centralisation des organisations, qui éloigne les salariés des centres de décision, décrédibilise le management de proximité et crée un sentiment d’impuissance collective et individuelle ;
- le développement des organisations matricielles et du reporting permanent, ainsi que certains comportements managériaux, qui contribuent au sentiment de perte d’autonomie, d’efficacité et d’utilité des équipes ;
- les difficultés dans les relations de travail, au sein d’une équipe ou avec le supérieur hiérarchique, notamment lorsque l’isolement réduit les occasions d’échange ou d’écoute ;
- les contraintes de transport, notamment dans les grandes agglomérations ou dans les zones géographiques mal desservies, qui créent de nouvelles tensions – surtout lorsqu’elles se cumulent avec des questions d’organisation personnelle qui pèsent particulièrement sur les femmes (modes de garde des enfants etc.) ;
- l’augmentation des attentes en matière de lien social vis-à-vis des entreprises, avec la diminution des autres formes de lien social (famille, école, cité, églises…), qui devient critique lorsque difficultés personnelles et professionnelles se cumulent.
Suivent des recommandations. Mais j’ai du mal à imaginer qu’une situation aussi catastrophique puisse être corrigée facilement.

Cette liste me donne le même sentiment qu'un reportage sur le travail chez France Télécom entendu tout à l'heure (Les pieds sur terre, de France culture). L’entreprise marche sur la tête, parce que ses dirigeants se sont coupés de la réalité.

Je crois que tout rentrera dans l’ordre le jour où ils comprendront que leurs salariés sont au cœur des processus critiques de l’entreprise et que ce sont eux qui savent comment les transformer pour l'enrichir. Quand les salariés seront à nouveau devenus une richesse, toute cette irrationalité suicidaire disparaîtra.

Changement chez les dinosaures

Le changement biologique :
L'ordre ancien est détruit. Il y a une période de confusion. Alors un nouvel écosystème émerge, qui ressemble de manière surprenante à l’ancien, mais avec des acteurs différents.
Easy come, easy go.

Compléments :
  • Les révolutions procèdent de même dit l'article. Tocqueville aurait approuvé (L'Ancien régime et la Révolution).

dimanche 28 mars 2010

Journée du changement

Comme deux fois par an, nous subissons aujourd’hui un décalage horaire.

Cela a-t-il la moindre utilité ? Je n’ai jamais rien  vu qui le démontre indubitablement. Mais je suis attaché à cette journée, parce qu’elle est symbolique. C’est notre journée du changement, comme il y a une journée de la femme. Deux fois par an nous sommes amenés à réfléchir à ce qu’est un changement technocratique. Ma contribution :
  • Le changement technocratique est conçu par un être supérieur. Il modélise le monde par une équation, et en déduit ce qui va faire son bonheur. Si mes souvenirs sont bons, le changement d’horaire devait faire gagner à la France « 100.000 tonnes de pétrole ». De même, pour créer des dizaines de milliers d’emplois, il suffisait de mettre les taxis en concurrence parfaite, et la taxe carbone élimine l’effet de serre. (Les 35h auraient dû supprimer définitivement le chômage.)
  • Le secret du changement technocratique, c’est de faire abstraction de tout ce qui n’est pas mesurable. C'est-à-dire de la réalité de la vie. C’est d’ailleurs pour cela que le changement paraît aussi miraculeux : on en a oublié le coût réel ! C’est aussi pour cela que l’échec de la mesure est incompréhensible : le gain n’était-il pas évident ? Seule explication : malveillance d’un peuple de retardés. 

Reengineering gouvernemental

Nathalie Segaunes a mené une enquête auprès de nos ministres. L’agitation de l’omniprésident les laisse désœuvrés. Tout leur effort consiste à imaginer des actions de communication qui les fassent remarquer. N’y a-t-il pas que cela qui compte pour le président ?

Alors qu’il n’est question que de réduction de déficit, pourquoi le gouvernement ne réduit-il pas le nombre de ses ministres et secrétaires d’État ? Ce serait fort et symbolique, non ?

Il pourrait suivre les recommandations de Michael Hammer, le gourou du reengineering : un reengineering doit viser à diviser par deux les effectifs d’une entreprise. Deux fois moins de ministères, donc. Cela ferait de grosses économies : car les ministres sont fort bien payés, et s’entourent de gens qui le sont aussi.

Compléments :
  • Il y a ici une méthode extrêmement efficace de réduction de coût, que j’ai utilisée quelques fois, mais qui semble peu connue : réduire le haut de la pyramide. Ça touche relativement peu de monde, mais ça diminue massivement les dépenses de personnel. Il y a probablement quelque chose de culturel dans notre imperméabilité à cette idée. Il y a quelques années j’ai demandé au patron des achats de PSA pourquoi son service n’était pas fait de « low cost people ». C’était dans sa logique et ces personnes, à proximité des fournisseurs, auraient été idéalement placées pour négocier avec eux. Bizarrement, il n’a pas semblé comprendre ce que je lui disais. 

Archéologie culturelle


Les migrations au sein de l’Allemagne se feraient toujours en fonction des zones d’implantation des dialectes anciens.

Faiblesse de l’intégration allemande qui n’a pas su constituer de culture unique ? Ou les cultures anciennes se maintiennent-elles longtemps, et influencent-elles nos comportements à notre insu ? 

samedi 27 mars 2010

Crash stratégie de Sarkozy ?

Dans un précédent billet je m’interrogeais sur les réactions de B.Obama et de N.Sarkozy face au revers. Je me demandais s’il n’y avait pas quelque-chose de culturel dans leur comportement :

B.Obama, comme un champion sportif américain, sort le grand jeu quand il est au plus mal. Alors que N.Sarkozy, comme le champion sportif français ?, perd ses moyens et s’enfonce dans la caricature ?

N.Sarkozy, qui semble un excellent animateur du changement, est un mauvais leader du changement. Il est trop impulsif, alors que tout le succès d’un changement est dans sa préparation. (Surtout lorsque l’on travaille avec une organisation aussi complexe qu’une nation !) Cette préparation consiste essentiellement à définir ce qui va mettre la nation en mouvement, et à construire l’infrastructure de contrôle du changement.

Il aurait besoin de quelqu’un, d’une équipe, qui lui apporte des propositions de réforme réfléchies, et qui fasse émerger, dans l’administration, les réseaux nécessaires à la mise en œuvre des dites réformes.

Comment va se terminer le mandat présidentiel ? Canard boiteux enfermé dans un bunker ? Renaissance une fois la logique fautive poussée à l’absurde, et le fonds de l’abîme de la déprime atteint ?...

Compléments :
  • D’ailleurs, je me demande si la nation n’a pas amélioré ses mécanismes de résistance au changement. En début de mandat, elle était surprise par la vitesse d’exécution du Président, maintenant, elle paraît voir dans chaque annonce présidentielle un coup de bluff. Elle cherche des contradictions et ridicules dans le discours, et elle les dénonce immédiatement, ce qui coupe l’élan présidentiel. Bricolage industriel.

Coût du travail

Encadré de la page 66 de L'Usine Nouvelle (n° 3184 du 18 mars 2010) :
Les états généraux (de l’industrie) ont permis de soulever le manque de compétitivité français. Le poids des charges sociales handicape les entreprises à l'export. La réflexion sur le financement de la protection sociale doit avoir lieu rapidement. Faute de quoi, inutile d'espérer un redressement de l'industrie française !
Bref, si la France ne se débarrasse pas de son système de protection sociale, ses entreprises ne seront pas performantes. L’article parle ensuite de primes de l’État et de robotisation. Voici comment un Américain lit cet article :
Cette réaction quasi-nationale quasi-unanime pourrait prendre racine dans l'absence de l'éthique protestante du salut par le travail et la domination par l'éthique catholique du salut par la grâce, de Dieu ou de l'État.  Si on met tout sur le dos des charges sociales, que personne ne pourra changer sans allumer une révolution dans les rues, c'est aussi une excuse pour ne rien faire. Appeler l'État pour légiférer OK, mais on attend toujours le salut d'en-haut. Ce qui conduit à inscrire l'assistanat jusque dans les chromosomes. La réaction d'un Américain est, "Nous n'avons pas les moyens ?  Eh bien, on va les créer... par la force de notre pensée et de notre travail." Malgré les charges sociales. Après tout, je crois savoir que les Allemands ont à peu près les mêmes charges, mais cela ne les bloque pas comme ici.
Compléments :

  • Le sus-nommé Américain ajoute ceci à sa déclaration :
Dans l'Usine Nouvelle du 11 mars, je lis à la page 22 que "Selon Eurostat en 2008 (les charges sociales) pèsent 42,5% des réumnérations brutes en France, contre 23,5% en Allemagne."  Mais le coût horaire des deux pays est le même: environ 33 euros l'heure. 

vendredi 26 mars 2010

Avantage de l’altruisme

À l’envers des théories qui prônent l’égoïsme, il semblerait qu’il soit un handicap économique :
Au fur et à mesure que les sociétés sont devenues plus complexes, celles qui ont développé des systèmes sanitaires, de transport, de fourniture d’énergie, etc. ont mieux réussi que celles qui ne l’avaient pas fait. Il se peut que la notion d’équité soit équivalente à ces systèmes.

Compléments :
  • L’égoïsme est à la base du modèle d’Adam Smith, de l’économie néoclassique (homme rationnel, qui optimise son intérêt), et des théories néoconservatrices

jeudi 25 mars 2010

Euro

La baisse de l’euro semble ébranler la journaliste qui m’annonce les nouvelles, ce matin. Je ne comprends pas. Le monde entier cherche à dévaluer sa monnaie, pour relancer son économie, pourquoi alors se lamenter d’un euro faible, qui ne peut qu’aider nos chômeurs ?

Et si c’était un moyen, maladroit, de se plaindre du manque de solidarité européen, de l’égoïsme allemand ?
Mais pourquoi l’Allemagne n’aurait-elle pas le droit de donner son point de vue ? Pourquoi serait-il fatalement moins bon que le nôtre ? N’est-elle pas fondée à dire qu’il est anormal qu’un pays puisse trafiquer ses chiffres ?

Ce que l’Europe est en train de faire, c’est de créer une jurisprudence. Une fois construite, elle servira, immédiatement, lors d’une prochaine crise. Pour cela elle a besoin de réfléchir. Ce qui demande un échange d’idées. C'est cela la démocratie.

En fait, on reproche à l’Europe de ne pas être solidaire, alors qu’elle est en train de construire cette solidarité ! Mais quand aura-t-on fini de croire à la génération spontanée (autrement dit au père Noël) ?

Le mâle est démodé

Les femmes ont le choix entre :
  1. Des hommes virils, garants d’une descendance en bonne santé, mais qui sont infidèles.
  2. Des efféminés plus fidèles mais moins bons reproducteurs.
Le progrès scientifique serait nuisible aux premiers : « L’hygiène et les mauviettes, semble-t-il, vont main dans la main ». (Face off)

mercredi 24 mars 2010

Taxe carbone

Les mésaventures de la taxe carbone paraissent une illustration des « réformes ratées ». La réforme est lancée sans être très bien ficelée. Résistance de lobbies. Attaque par le camp du président. Les incompréhensions se multiplient. Elle est vidée de sa substance. Le conseil constitutionnel l'achève. Le président s'en désintéresse.

Cependant, les « réformes ratées » semblaient correspondre à des projets mûrement réfléchis. Celle-ci apparaît comme une improvisation opportuniste :
M.Sarkozy est victime de lui-même, d'un coup tenté au lendemain des élections européennes de juin2009. Europe Ecologie a réalisé un score historique de 16,3%. Se projetant sur les régionales de 2010 qui s'annoncent difficiles, M.Sarkozy exhume alors une idée de Nicolas Hulot, celle d'une taxe carbone, censée taxer l'énergie, pour récupérer l'électorat Vert. Le chef de l'Etat rêve aussi d'arriver fin décembre en champion de l'environnement au sommet de Copenhague sur le climat. L'enjeu est historique. Au Brésil, en septembre, M.Sarkozy compare cette révolution aux débats sur la décolonisation, l'élection du président de la République au suffrage universel… ou la peine de mort.
Bizarre contraste avec B.Obama. Le président américain, se transcende dans l’adversité, se transforme, et renaît triomphant. M.Sarkozy, lui, paraît perdre ses moyens. Jusqu’à caricaturer ses propres défauts. Différence culturelle ?

Nanoparticules

On s’inquiète de leur nocivité. On a des doutes.

Le plus curieux est à quel point elles sont répandues : chaussettes, ciment, sucre en poudre et sel, crème solaire. 

Les bénéfices associés semblent infimes, et surtout pouvoir être obtenus par d’autres moyens (par exemple modification de comportements, pour les chaussettes et les crèmes).

L’innovation est trop importante pour être laissée aux industriels ?

Compléments :

Combat aérien

Airbus et Boeing agiraient comme un oligopole, au moins en ce qui concerne les A320 / B737 (respectivement 81% et 77% des appareils vendus). Ils n’auraient pas envie de les remplacer.

Mais ils pourraient y être contraints : un nouveau type de moteurs ultra-performants est apparu, et il équipe une nouvelle génération d’avions : Mitsubishi, Bombardier, C919 chinois et Irkut MS-21 russe.

Compléments :

mardi 23 mars 2010

Réforme bancaire aux USA

Un des feuilletons de ce blog : comment contrôler le danger financier américain ? Point d’étape :

Il semblerait que l’on s’oriente vers un suivi par la Réserve Fédérale des établissements les plus dangereux. En cas de risque de faillite, l’établissement serait découpé en morceaux et remis en ordre (les actionnaires, en particulier, essuieraient les pertes). Ces grands établissements alimenteraient, aussi, ce qui semble un fonds d’assurance. Enfin les échanges de produits dérivés, aujourd’hui difficiles à connaître, se feraient par le biais d’une chambre de compensation.

Commentaire :

Nombre d’économistes pensaient que le système financier américain aurait dû subir ce traitement lors de la crise. Mais le gouvernement américain a choisi de le renflouer sans contrepartie, d’où réémergence des comportements criminels antérieurs. Or, le combat n’est pas perdu. Le législateur semble se préparer à utiliser les prochaines crises pour faire entrer, les uns après les autres, les contrevenants dans le rang. Le procédé n’est peut-être pas idiot : une crise imprévue n’est pas un bon moment de réforme. En agissant en deux temps le gouvernement américain peut avoir évité une crise dévastatrice, sans pour autant avoir renoncé à civiliser le système financier.

Encore faut-il que le nouveau mécanisme d’intervention soit bien conçu.

Compléments :

Police russe

Le système policier russe serait bâti sur un modèle original :
  • Il serait dirigé par l’ex KGB, qui exerce la « fonction de répression de l’État », hors de tout contrôle, et dont le fonctionnement « repose sur ses liens traditionnels avec le crime organisé ».
  • « La fonction principale des agences de respect de la loi en Russie n’est pas de protéger le public du crime et de la corruption, mais de protéger la bureaucratie (dont elles-mêmes) du public ».
  • « Pour s’assurer la loyauté, le système permet aux services de police et de sécurité de gagner de l’argent avec leur permis de violence ».
  • Résultat : « les services policiers, judiciaires et pénitenciers sont des composants d’une industrie dont le métier et la violence légitime et qui utilise les gens comme matière première ».
Après Goldman Sachs, le KGB ? Nouvel exemple de parasitisme, d’un organe social qui se retourne contre la société ? 

lundi 22 mars 2010

Concurrence internationale

Le Monde consacre un article à la conquête du marché des centrales nucléaires par les pays émergents. Un extrait :
"Les Chinois sont capables de les construire", constatait Hervé Machenaud, le nouveau responsable de la production et de l'ingénierie d'EDF, quand il dirigeait sa branche Asie-Pacifique. Le directeur général de CGNPC, Quian Zhimin, n'en fait pas mystère. Aux journalistes qu'il rencontre, il glisse un document sans ambiguïté sur ses ambitions : "Acquérir la technologie grâce à l'ouverture du marché, importer la technologie avancée de l'étranger, en coordonner l'assimilation et favoriser l'innovation afin de devenir autonome dans la conception." La CGNPC doit, selon lui, "acquérir les compétences nécessaires pour construire des centrales 100 % chinoises". C'est cette capitalisation des savoir-faire, à partir des technologies françaises en particulier, qui a permis à Séoul de s'imposer face aux Français.
Ce qui pose de curieux problèmes. Par exemple, le savoir-faire français nous a coûté des décennies de recherche, de longs investissements à perte, et beaucoup de risques humains. Quel prix cela a-t-il été payé par nos clients émergents ?

Ils semblent vouloir utiliser ce que nous leur avons vendu pour nous éliminer du marché : que ferons-nous quand tous nos savoir-faire auront été rayés de la carte ? Un autre article (voir page 40) dit :
Leurs champions (des pays émergents) réécrivent les règles du jeu en se battant sur l’innovation, la carte maîtresse qui était supposée permettre aux entreprises européennes et américaines de rester concurrentielles en dépit de coûts élevés, du poids énorme des retraites futures, et de contrats sociaux douillets.
Plus loin
Ceux qui affrontent la concurrence directe (ou indirecte) du (…) grand nombre de diplômés que produisent la Chine et l’Inde souffrent. (…) Les personnes qui sont dans les 40% du bas de la distribution des revenus aux USA n’ont connu aucune amélioration dans leurs conditions de vie réelles en 20 ans – en dépit de la plus longue période de croissance économique connue en un siècle.
Serait-il temps de mettre un terme à la politique qui a consisté à laisser faire tout et n’importe quoi aux dirigeants de nos grandes entreprises, et de réfléchir à comment affronter un monde émergent peu amical ?

Raisons de l’euro

The Economist raconte une curieuse histoire :

Mario Soares convoque les meilleurs économistes portugais et leur demande ce qu’ils pensent de l’adhésion à l’UE. Tous sont contre. Il leur dit alors qu’il vient d’envoyer une demande d’adhésion. Pourquoi leur avoir demandé leur avis ? Pour montrer qu’il ne s’agissait pas d’une décision économique. Dans l’UE, le Portugal ne sera jamais plus une dictature.

N’a-t-on pas tort de juger la zone euro en termes économiques ? Comme l’UE n’a-t-elle pas été créée pour nous débarrasser de nos vices ? Une monnaie commune ne devait-elle pas imposer une homogénéisation sociale, de ce fait éliminant notre pêché capital : la guerre ?

La zone euro aurait-elle était créée, non parce qu’on a sous-estimé la complexité de son établissement, mais justement à cause de l’effort qu’elle allait demander ?

Entreprise citoyenne

Discussion avec un avocat fiscaliste très occupé d’acquisitions : les entreprises sont riches et s’achètent les unes les autres.

Je venais juste de voir un article qui disait : « Beaucoup d’entreprises sont sorties de la crise avec des niveaux record de liquidités, cependant elles voient peu de possibilités de croissance interne ». D’où dividendes, croissance externe ou achat de leurs propres actions…

Victoire de la gestion financière ? Les entreprises ne créent plus : elles licencient quand ça va mal, et inquiètes du peu de dynamisme d’un marché au chômage, dépensent leur argent en usages improductifs, ensuite ? Cercle vicieux ?

Compléments :
IF YOU need an explanation as to why political discontent is so widespread on both sides of the Atlantic, take a look at figures compiled by Dhaval Joshi of the hedge fund RAB Capital. This recovery has benefited companies a lot and workers not at all.  In the US, Joshi calculates that, in cash terms, national income has risen $200 billion since the depths of the recession in March 2009. But corporate profits have risen by $280 billion over that period, while wages are down by $90 billion. One would have to go back to the 1950s to find profits outperforming wages in absolute (cash) terms, and even then it was on a much smaller scale. In Britain, national income rose $27 billion in the last two quarters of last year. Profits were up £24 billion and wages just £2 billion.

Réforme de santé américaine : point

Point sur la réforme de la santé aux USA :
  1. Le problème qu’elle doit résoudre résulte du « vice » de l’économie de marché et de la culture américaine. Pour l’Anglo-saxon, économie de marché = innovation. Plus souvent, économie de marché = monopole. Dans ce cas : pas de concurrence entre hôpitaux, ou entre assurances, qui assurent de moins en moins de monde. En outre, les hommes de la santé font payer cher à leurs patients l’habitude locale d’intenter des procès et de réclamer des « dommages punitifs ».
  2. La réforme semble mal fichue, mais elle répare une injustice sociale (le nombre de non assurés est de l’ordre de grandeur de notre population), elle pourrait lancer un processus d’amélioration continue (véhicule nécessaire aux projets républicains ?). Surtout, pas de réforme maintenant aurait signifié réforme dos au mur, en situation de crise.
Compléments :
  • Du « vice » : Montesquieu, Tocqueville, et plus récemment, Crozier et d’Iribarne, ont dit que tout modèle social a des vices de construction, l’inverse de leurs forces (leur logique constitutive poussée à l’absurde ?).
  • Cette réforme a illustré l’abjection de l'élu américain, qui ne voit pas plus loin que son intérêt personnel, et surtout une erreur de débutant de B.Obama, excusable.
  • Mes informations viennent de : Pass the bill.

Espoir à l’Est ?

Dans mon bilan de santé des économies de début de crise, j’avais laissé l’Europe de l’Est dans une situation quasi désespérée (Europe de l’est : bombe à retardement ?). Que lui est-il arrivé ?

Cette situation n’était pas homogène, mais une menace planait sur beaucoup d'États : leur économie dépendait des banques étrangères, qui risquaient de se replier sur leur territoire d’origine. Vu de loin, la question semblait bien plus critique que celle de la Grèce.

Mais il n’y a pas eu de drame. Exemple de solidarité sociale, même internationale ?
  • Les États les plus touchés ont procédé à des plans de rigueur redoutables. Mais le peuple n’a pas bronché, pas plus que les fragiles coalitions gouvernementales.
  • Le FMI et la BCE, notamment, sont venus au secours des banques européennes, afin d’éviter leur désertion.
Grâce à la chance, à un sain jugement, et à une aide amicale, l’Europe de l’Est a conjuré le désastre.

dimanche 21 mars 2010

Christine Lagarde

J'ai appris que Christine Lagarde est le meilleur ministre des finances européen selon le Financial Times. (Ancienne nouvelle, à laquelle je n’avais pas fait attention – ou qui n’a pas fait de bruit.)

Je sais peu de choses de Mme Lagarde, sinon qu’elle parle parfaitement anglais et que ses propos sont dans la logique de ceux de la presse anglo-saxonne. Même si je la perçois plutôt du côté de ceux qui lisent l’information que de ceux qui la font, c’est une première en France.

Nouveau « Nobel Obama » ? On récompense un ressortissant d’un peuple de sauvages pour sembler, presque, être « l’un des nôtres » ?

Chômage :

Cette semaine j’ai parlé de chômage. Qu’en sais-je ?
  • Ce dont on nous a rebattu les oreilles depuis 30 ans est faux. On nous a dit qu’une économie performante créerait de l’emploi. Or, les économistes les plus orthodoxes affirment qu’il y a un taux naturel de chômage (courbe de Phillips), et qu’il est élevé. Or, chacun d’entre nous, et les économistes de plus en plus, sait que si un homme ne trouve pas un emploi à son entrée dans la vie active, ou si sa vie professionnelle est troublée, il a de fortes chances de devenir éternellement inemployable. L’économie de marché créerait naturellement l’exclusion.
  • Une erreur commune est de penser que plus l’on produit de richesses, moins il y a de pauvres. En imaginant que le PIB soit autre chose qu’une vue de l’esprit, nous sommes beaucoup plus riches que nos parents. Pourtant ils connaissaient le plein emploi, nous connaissons la précarité.
  • En fait, le chômage est une question d'entraide sociale. S’il y avait de l’emploi pour tous dans les années 60, c’est simplement que l’État le répartissait. Mais ce système n’a pas su s’adapter aux transformations de l’économie mondiale.
Conclusions provisoires :
  • En l’absence d’une organisation mondiale viable, la nation demeure le niveau pertinent de solidarité sociale, de protection de l’individu.
  • Si elle juge que le chômage est un fléau, elle doit s’organiser pour répartir le travail, mais en le faisant de manière à ce que, globalement, elle résiste à la dislocation de la moins disance internationale.
  • Cela passe probablement, en interne, par la mise au point d’un système de « flexisécurité », et, en externe, en l’imposition aux États concurrents de systèmes de protection sociale équivalents aux nôtres.
Compléments :

Maîtriser le parasite

Quel que soit le problème auquel B.Obama est confronté, à commencer par celui du système financier, il semble qu’il ne rencontre que des individus qui jouent leur intérêt à court terme contre celui de la société. Parasitisme. (Ou peut-être « hubris » grec, le vice qui disloque les sociétés ?)

Je me souviens d’une caricature de l’époque de la « Nouvelle économie », où l’on voyait un informaticien travaillant à son ordinateur et se demandant à quoi lui servait la vieille économie. Image suivante : coupure de courant (on était à l’époque où Enron rançonnait le marché de l’électricité californienne). Application :
  • Le mécanisme du parasitisme, tel qu’illustré par Goldman Sachs, c’est ne pas jouer son rôle social, afin de tirer un profit de la société. Exemple pratique : la banque que vous dirigez adopte un comportement suicidaire, qui vous enrichit incalculablement. Au bord du précipice, l'État doit la sauver sous peine d'une crise mondiale (too big to fail). Il vous donne de l'argent qu'il s'attend à ce que vous utilisiez pour faire accomplir votre rôle social, financer les entreprises. Vous refusez d'obtempérer, vous vous versez cet argent...
  • Que Goldman Sachs ou que les Démocrates le veuillent ou non, ils appartiennent à une société, et une société c’est l’interdépendance. Pour ramener un contrevenant à l’ordre, il suffit de trouver ce qui lui est essentiel, et qu’il croit, inconsciemment, un acquis, et de l’en priver. De ce fait, on s’est donné un moyen de négociation : nuisance contre nuisance.  

Compléments :

Abstention

L'abstention serait devenue une manifestation politique. Elle dit à nos éligibles que nous ne les aimons pas, qu’ils ne sont pas légitimes, que nous voudrions élire d'autres qu'eux, mais que notre démocratie ne les laisse pas naître.

Il me semble depuis longtemps que nos éligibles sont des individualistes, des « libéraux », qui ne partagent pas les valeurs, essentiellement sociales, du pays (France : crise de gouvernance ?). Ils croient que notre vote leur prouve notre confiance. Alors que, pour nous, le choix se fait entre peste et choléra.

Cependant, esprit de contradiction ?, je me demande si nous devons leur en vouloir. Quel homme bien constitué voudrait d’une vie de pouvoir ? Ne sommes-nous pas contraints à le donner à des extraterrestres ? D’ailleurs ces extraterrestres parviennent-ils à mener des politiques d’extraterrestres ? La société ne réussit-elle pas, malgré leurs efforts et à la longue, à les faire marcher droit, à les orienter dans le sens du bien commun (« res publica » comme disaient les Romains) ?

Compléments :

samedi 20 mars 2010

Shabbat

Le correspondant de Libération s’emporte contre Lady Ashton. Ne prétend-elle pas consacrer son week-end à sa famille ?

Madame Ashton est différente des politiciens ordinaires. Elle bâtit. Elle construit l’infrastructure européenne.
Le politicien ordinaire, comme le dirigeant d’ailleurs, a fait de sa vie privée une vie publique. Il s'étale dans les journaux, il a une opinion sur tout, il ne pense pas, il ne fait rien, il parle. Il réagit aux courants d’air, aux idées du dernier gourou sans lendemain ou à la prétendue « volonté » de la bourse. C’est une girouette, un pantin.

Je souhaite beaucoup de succès à Mme Ashton. Il montrera peut-être que l’agitation fébrile qui a gagné l’État et l’entreprise, que l’on a glorifiée comme comme efficacité ultime, et que l’on prétend nous imposer, est grossièrement stupide ; qu’une vie équilibrée est favorable au développement sain de l'individu et aux intérêts de la société.

Compléments :
  • L’économiste Galbraith estimait il y a déjà fort longtemps que les puissants de ce monde étaient parvenus à nous faire prendre leur vie sociale pour un travail, et à nous la faire richement subventionner. 

Origines de la pensée grecque de Jean-Pierre Vernant

VERNANT, Jean-Pierre, Les origines de la pensée grecque, PUF, 2009. Les invasions doriennes mettent fin à l’ère mycénienne. C’est de là que naît la civilisation grecque. La société mycénienne obéit à un ordre hiérarchique rigide. Le roi a tous les pouvoirs, il contrôle tout dans le plus petit détail. Au contraire, la civilisation grecque est bâtie sur le conflit d’intérêts, mais sur le même plan. Conséquences inattendues :


Pensée grecque

Alors que les Mycéniens avaient construit un panthéon de dieux hiérarchisé identique à leur organisation sociale, les Grecs ne gardent de cet édifice qu’un souvenir vague, leurs dieux sont loin de leur vie. Leur société est faite sur le principe de l’égalité, de la complémentarité entre fonctions spécialisées et de l’affrontement d’intérêts individuels. Leur souci est d’assurer l’équilibre de cet édifice instable, dont l’ennemi est « l’hubris » (surtout vu comme soif d'enrichissement, mais que j’interprète, plus généralement, comme la folie de démesure de l’individu, qui oublie qu’il n’est rien sans la société).

Ils confient les anciennes prérogatives du roi à l’État, qui représente la communauté, le « bien commun ».
Le roi ne dit plus le droit, c’est la loi qui s’en charge, et le débat, dont le principe est la parole, la démonstration. De même, la monnaie, la force, l’écriture, la religion deviennent l’apanage de l’État, donc de tous.

La stabilité de ce monde, fait de forces antagonistes, est assurée par des principes géométriques, visant à équilibrer ces influences, et non plus par des mythes. C’est en cela que l’on peut parler de pensée « rationnelle ».

Cependant cette pensée, la philosophie, contrairement à la nôtre, ne cherche pas à agir sur la nature, mais seulement sur le groupe humain. Sa matérialisation est la cité, qui est l’image de l’équilibre. En son centre est l’Agora, symbole de l’État et du bien commun, qui appartient à tous et à personne en particulier. C’est là que se décident les affaires de l’État, et de l’individu. Autour d’elle, les citoyens (pour le Grec citoyen = homme) occupent des positions interchangeables et symétriques.


Commentaires

Je retiens de ce livre le lien entre la pensée individuelle et la structure de notre société. Notre édifice social est accompagné « de modélisations » (mythes ou science) qui en justifient l’organisation. Par conséquent, l’émergence de toutes les grandes pensées et religions, il y a 25 siècles, s’explique peut-être par l’avènement de modèles « modernes » d’organisations sociales.

D’ailleurs, inversement, comme le montre l’exemple des Lumières, l’évolution de la pensée d’une société conduit à celle de son organisation (marquée par la Révolution, dans ce cas).

Enseignement ? Penser c’est transformer l’organisation sociale. Travail de titan ! Plutôt que de prétendre penser par ses propres moyens (hubris ?), serait-il plus habile de chercher à convaincre la société de s’en charger ? De son évolution résultera, sans efforts, une pensée neuve ?

vendredi 19 mars 2010

Santé d’Obama

La réforme de la santé proposée par B.Obama a suscité la haine spontanée d’une partie de l’Amérique qui juge qu’elle bafoue ses valeurs, et, qu’en outre, le président ne tient pas ses promesses électorales (des débats transparents) :

Le président a laissé aux élus la liberté de lui proposer le texte de la réforme. Les Démocrates, en particulier, firent preuve d'une grande indiscipline (n’est-ce pas des demandes inconsidérées de leur gauche, se croyant en force, qui a suscité les inquiétudes du peuple ?). Pour obtenir les derniers votes, il a fallu faire des concessions, en douce. Opacité et texte emberlificoté. Arrive le vote final, les élus démocrates ont peur pour leur réélection. Vont-ils voter le texte ?

MM les démocrates, vous semblez ne pas voir plus loin que votre intérêt immédiat. (Mais les Républicains n’ont rien à vous envier.)

Mais c’est B.Obama le coupable en chef : en n’encadrant pas l’écriture du texte (« en ne contrôlant pas le changement »), il a laissé s’installer le chaos, dont il a beaucoup de mal à se tirer. Cependant, l'erreur est humaine, et ce qui ne tue pas renforce…

Compléments :
  • La description de la situation vient en grande partie d’un billet du correspondant local de la BBC.

FMI et Grèce

Il semblerait qu’il y ait un différend entre gouvernants européens sur quel organisme doit apporter des fonds à la Grèce.
  • Depuis le début de la crise, les économistes anglo-saxons semblent favorables au FMI.
  • Les gouvernants français préféreraient semble-t-il une solution européenne, au motif que la zone euro se ridiculisera si elle n’est pas capable de régler ses propres problèmes.
Mais, l’Europe ne se ridiculise-t-elle pas tous les jours, du fait de sa désorganisation, de son absence de ligne directrice, d’armées, de tout ? Alors, un peu plus, un peu moins ?

Compléments :

Israël et Obama (suite)

Poursuite du feuilleton. D’après un nouveau billet, M.Obama aurait marqué des points contre M. Netanyahou.

Les forces américaines pro-Israël n’auraient pas réagi très vigoureusement au mouvement d’humeur américain, et l’opinion israélienne n’aurait pas fait bloc.

M.Obama aurait remporté une manche.

Discrimination positive

Beaucoup de pays européens (dont la France) imposent maintenant aux grandes entreprises que 40% de leurs administrateurs soient des femmes (la moyenne actuelle est autour de 10%).

Problème : du fait du type de carrière que connaissent les femmes, le nombre de celles qui ont pu acquérir l’expérience nécessaire à la fonction est réduit. À tel point que les Norvégiens, qui ont pris les devants, se sont mis à recruter des étrangères.

The Economist pense qu’il aurait été moins dangereux, mais tout aussi efficace, de procéder différemment :

Le meilleur moyen d’augmenter le nombre de femmes dans les conseils d’administration est de s’assurer que plus de femmes acquièrent la bonne expérience plus bas dans la hiérarchie de l’entreprise.

jeudi 18 mars 2010

Israël et Obama

Une de mes théories est que B.Obama a modifié sa stratégie internationale. La gentillesse ayant échoué, il deviendrait méchant, pour retrouver une position de négociation favorable. Qu’en est-il en ce qui concerne Israël ? Compliqué :
  • Comme je le disais dans un ancien billet, les camouflets à répétition que B.Obama essuie des Israélien sont dangereux pour Israël. Ils montrent que son principal allié (son assurance sur la vie ?) est faible.
  • Mais le gouvernement israélien serait prisonnier d’une aile droite sans laquelle il ne peut pas grand-chose.
  • B.Obama serait particulièrement remonté contre les Israéliens, mais il ne peut s’aliéner le lobby juif américain, au moment où l'avenir de sa réforme de la santé tient à quelques voix, ni son opinion, majoritairement favorable à Israël. Selon certains, il manœuvrerait pour amener Israël à adopter une coalition gouvernementale un peu plus « pliante ».
Idées tirées des articles cités par Morning Brief (18-3) de Global Europe.

Évolution sociale

Beaucoup de foyers recrutant des hommes à tout faire emploient déjà une petite armée de nourrices, de personnels de ménage et de jardiniers.
La société anglaise a connu une intéressante évolution en quelques décennies. Si elle ne s’est pas globalement enrichie, les riches se portent bien mieux, et les pauvres ont retrouvé une situation qu’ils n’auraient jamais dû quitter : serviteurs.

Loulou

Pialat 1980.

Impression d’une histoire d’extraterrestres. Plus de repères connus. Les années 80 sont-elles si loin de moi ?

Après un difficile travail de modélisation, je me suis demandé si ce n’était pas une histoire de rencontre entre classes sociales. D’un côté la bourgeoisie, violente, irrationnelle, et impuissante, de l’autre le prolétariat, riche d’instincts primaires et d’inconséquence.

J’ai enquêté alors sur Pialat. On le disait violent, imprévisible, et cinéaste de la « vérité ». J’imagine que sa violence se retrouve dans les scènes bourgeoises. Quant à la partie populaire du film, j’ai du mal à y voir de la vérité. La « vérité » serait-elle la vision qu’a le bourgeois du peuple ?

Compléments :

mercredi 17 mars 2010

Herman Van Rompuy

Son expérience de la Belgique, pays cimenté par la haine que se portent ses composants, semble avoir été un terrain d’entraînement idéal. M. Van Rompuy pourrait être l’homme qu'attendait l’Europe.

Contrairement à ceux qu’on lui préférait jadis, il ne semble pas vouloir imposer son point de vue à l’Europe, sur tel ou tel sujet. Ce qu’il semble désirer, c’est faire de l’Europe quelque chose qui marche.

M.Van Rompuy est-il un homme d’ambitions désireux de pousser les gouvernements nationaux vers une plus forte intégration européenne ? Ou est-il un pragmatique, soucieux de ne pas imposer des idées à des gouvernements élus ? Les deux : il est un homme de compromis.

Juggling Europe's stars.

Portrait de l’Allemagne

Une étude sur l’état actuel de l’Allemagne :

  • La force du modèle allemand semble venir de ses PME, qui fabriquent des composants critiques, de son personnel hautement qualifié et autonome, de ses dirigeants qui réinvestissent le gros de leurs bénéfices, d’une vision nationale à long terme dont la dernière version est un mouvement combiné écologie / ingénierie vers les technologies vertes.
  • Difficulté démographique : En 2050, la population allemande devrait avoir diminué de 8 à 14 m d’habitants, la moitié de ce qui restera sera d'origine immigrée. De surcroît, le coût de la protection sociale, aujourd’hui de 65% du PIB, devrait atteindre 250% si rien n’est fait.
  • Son mécanisme de formation qui explique « pourquoi (l’Allemagne est) le champion du monde de l’exportation », et qui donne une « identité » tout autant qu’une formation à ses élèves, serait en panne. Il est divisé en trois morceaux, l’un forme les cols bleus, un autre les cols blancs, le troisième envoie à l’université. En dépit d’une égalité de revenus certaine, la position sociale tendrait à être héréditaire (« castes »). En outre ce système intègre mal les immigrés, et son principe fondamental, la formation en alternance, est victime d’un manque croissant d’offre des entreprises. Une partie de la population (particulièrement immigrés, Allemands de l’est) vivrait de la solidarité nationale, sans espoir de travail.
  • L’unification est / ouest aurait mis à terre le miracle économique de la RFA (« nettoyage économique »). Son coût social aurait forcé à une terrible politique de rigueur, à l’origine de l’efficacité économique allemande actuelle, mais aussi de tensions internes, qui rendent difficiles de nouvelles réformes (selon un sondage « 61% des votants désiraient plus de protection sociale et juste 21% plus de marché »).

Les Allemands semblent fiers de leur modèle, pourtant il paraît bien fragile…

Compléments :

  • Ces considérations viennent d’un dossier de The Economist : Older and wiser.

Les trois jours du Condor

Film de Sidney Pollack de 1975.

Un film illustrant une des caractéristiques culturelles de l’Amérique : la fin justifie le coup tordu, y compris de flinguer ses propres collègues, dont le travail menace ce que l'on juge être le bien supérieur.

Malheureusement pour l’intérêt du film, il est très en deçà de la réalité. Car c’est généralement avec la planète que jouent les « innovations » de l’élite américaine bien pensante. Les armes de destruction massive irakiennes et la relance du fondamentalisme musulman, n’en sont que de modestes exemples.

Compléments :

  • Comment Al-Qaïda et quelques guerres au cœur de l’Europe ont résulté du désir d’ennuyer l’URSS en Afghanistan : ELSÄSSER, Jürgen, Comment le Djihad est arrivé en Europe, Xenia, 2006. La Burqa en aurait été une conséquence imprévue : Voile intégral.
  • Le même trait culturel, ailleurs : Lehman Brothers.
  • Mon billet Liberté de la presse relate une histoire qui entre dans la catégorie de celle du Condor : coup tordu monté par un sous-traitant de l'armée, responsable de la collecte d'informations sur l'ennemi. Contrairement à ce que dit le film, il n'y a pas une (autre) CIA au sein de la CIA, il semble que chaque Américain soit potentiellement une CIA à lui seul.

mardi 16 mars 2010

Condamnation par contumace

Pourquoi les dirigeants de Lehman Brothers sont-ils susceptibles de poursuite, pourquoi ceux d’ENRON sont en prison, pourquoi Goldman Sachs est-il inattaquable ?

Parce que, compte-tenu de ses moyens, un procès serait trop coûteux. La justice ne s’en prend qu’aux dirigeants à terre, post faillite.

Incitation à ne pas faillir. Mais aussi explication des dissimulations de plus en plus gigantesques que font les entreprises américaines dans leurs derniers instants.

Compléments :

  • Comme le fait remarquer aussi l'article, le dirigeant n'est pas le seul à tomber, mais aussi ses complices, notamment les cabinets d'audit qui auraient dû contrôler l'entreprise (Ernst et Young pour Lehman, Andersen pour Enron).
  • A notre modeste échelle, c'est aussi ce qui se passe chez nous : c'est lorsqu'une entreprise est en faillite que les forces du bien, emmenées par le Fisc, se déchaînent sur elle. Elles la soumettent à un check up complet du droit français. MIELLET, Dominique, RICHARD, Bertrand, Dirigeant de société : un métier à risques, Editions d'Organisation, 1995.

Expulsions

D’après ce que j’entends, les locataires qui ne paient pas leurs loyers peuvent désormais être expulsés. Les journalistes semblent indignés. Cela me paraît soulever un problème qui n’a pas l’air d’être perçu :

  • Le droit de propriété n’est-il pas un droit fondamental ? Ne plus permettre d’expulsions ne signifie-t-il pas la fin de ce droit ? Dans ce cas, ne faudrait-il pas aussi dire comment réorganiser une société sans droit de propriété, et surtout comment opérer la transition vers cette nouvelle organisation ?
  • Si le droit à l’expulsion n’existait plus, n’y aurait-il pas beaucoup de gens qui ne paieraient plus leur loyer ?
  • Le droit donné aux locataires qui ne paient pas de ne pas être expulsés, n’a-t-il pas des conséquences sur l’offre de logements, restreinte et prudente ? N’empiète-t-il pas sur d’autres droits, notamment ceux d’avoir une offre de logement de location correcte ?
  • Pourquoi n’entend-on pas s’exprimer les partisans des « propriétaires » ? Ont-ils honte ? Ne sont-ils pas organisés ? Pourquoi, de ce fait, ne peut-on pas avoir de débat sur le sujet ?
  • Si l’on décide que tout le monde a droit à un logement, pourquoi faire payer ce droit au (petit ?) propriétaire, et pas à la collectivité ? D’ailleurs pourquoi tolère-t-on les SDF ?
  • Pourquoi n’en vient-on pas à la cause ultime : le chômage, et son maintien à un niveau élevé, et ne se demande-t-on pas comment l’éliminer ?

1705

Je complète le billet précédent par un type de réflexion que j’ai abandonné trop vite : qu’ai-je appris de mon blog ?

Ce qui le fait avancer, ce sont mes réactions aux nouvelles, généralement désagréables. J’ai fini par croire que le changement auquel équivalait son écriture c’était cela : survivre aux désagréments de l’actualité. En quelque sorte, la déminer sans se recroqueviller. Au fond, ce blog me force peut-être simplement à penser, c'est-à-dire à utiliser un semblant de raison plutôt que d'évacuer ce qui choque par quelques expédients faciles.

Le changement est-il réussi ? Non. Je ne suis pas curieux et je tends à ne pas lire les articles qui s’annoncent sinistres. Autrement dit, je ne suis pas « optimiste » au sens de Seligman : l’imprévu n’est pas promesse d’aventures délicieuses. Et l'optimisme est le seul indicateur du changement réussi, si l'on en croit mes livres...

En fait, tout dans ce blog est marqué par l'égoïsme. Il ne dit plus grand chose sur les techniques de changement. L'important, pour moi, c'est d'enregistrer des événements, marques-pages d'un raisonnement en construction. De même, mes chroniques de livre séparent de plus en plus ce que j'en ai retenu de mes commentaires - qui m'ennuient à la relecture.

Compléments :

1704

Quelques sujets traités cette centaine :

  1. Décidément la reconfiguration d’après guerre a été un montage théorique, anticapitaliste ?, qui ne tenait aucun cas des lois de l’économie (Drame de la Presse). Notre avenir immédiat n’est pas rose : La crise va-t-elle se poursuivre ? Ce qui ne devrait qu’augmenter l’anxiété ambiante, qui a des conséquences préoccupantes (Jeunes et alcool). Peut-être, quand même, une lueur au bout du tunnel ? Prendrions-nous conscience que l’homme n’est pas une machine, et que le changement doit tenir compte de sa complexité ? La France découvre l'Homme. Autre raison d’espérer : et si les CCI étaient le moyen qui avait manqué à l’État pour mettre en œuvre la transformation économique de la nation, qui désormais passe par la région ?
  2. Réflexion sur le rôle de l’industrie dans l’avenir de notre économie. Je n’avais pas compris ce qu’était la « lean production », orientation actuelle des techniques de production. Ensuite, l’industrie, contrairement à ce que l’on nous a seriné pendant des décennies, pourrait être l’avantage comparatif de l’Occident. Enfin, ce sont peut-être les « petits boulots », ceux que l’on délocalise les premiers, qui seraient le rempart de l’avantage concurrentiel d’une nation, et des « grands boulots », ceux de service et de direction, qui sont les plus faciles à acquérir pour un nouvel entrant.
  3. Conséquences des élections régionales. Le PS et ce qui le pousse me préoccupent. Serait-ce le « parti du bien », une machine à nous imposer ce que dicte la bien-pensance, sans se soucier de ses conséquences (Repentance) ? Par ailleurs, le spectacle, apparemment lamentable, de nos partis politiques cache-t-il un fait social qui pourrait être un bien pour le pays ? J’en suis arrivé à une idée fort surprenante

  • Les malheurs de la Grèce m’ont fait voir la zone euro comme l’effet d’un changement approximatif (une coutume locale : Lady Ashton), et à me pencher sur ses vertus, comparées à celles de taux de change variables. Si la zone euro veut tenir, elle devra apprendre à faire évoluer son tissu économique à l’unisson, donc à « conduire le changement ». (Voir notamment : Euro et Anglo-saxon.)
  • La conquête de l’espace serait-elle contre nature ? Hugo Boris.
  • Aux origines de la pensée occidentale : Cicéron.

lundi 15 mars 2010

Liberté de la presse

L’armée américaine aurait utilisé des journalistes, à leur insu, pour collecter des informations sur les Talibans.

Voici une nouvelle « innovation » américaine : détourner la liberté de la presse au profit de ce que quelques individus estiment une cause juste.

Le lombric d’Hollywood

De nombreux états et pays attirent les tournages de film à coups de subventions. À Hollywood, l’hémorragie est sévère (« la part de la Californie du marché mondial des films de studio (…) est tombée de 66% en 2003 à 34% en 2008 »).

Raison ? En moyenne 566 emplois créés par film, mais aussi « à chaque fois qu’un film est tourné dans un autre État, les gens du coin acquièrent des compétences qui rendent les tournages suivants plus faciles ».

Va-t-on assister à une reprise de la « théorie du lombric » dont parle Hervé Kabla ? Les décideurs d’Hollywood, trouvant qu’ils peuvent avoir le « petit boulot » moins cher ailleurs, vont laisser péricliter les compétences locales ? Puis ce sera au tour des acteurs, et enfin des « décideurs » remplacés par une génération spontanée de volontaires apparue là où les « petits boulots » se seront implantés ?

Et si, ici comme ailleurs, le « petit boulot » sans grade était le défenseur du savoir-faire national ? Le meilleur ami du grand ponte, qui pourtant le massacre, pensant ainsi augmenter ses bénéfices ?

Élections régionales (fin)

Avant d’aller voter, j’ai lu les dépliants des candidats. Comparaison UMP / PS :

Découverte. Les régions sont riches (4,5md de budget dit l’UMP) et ont une impressionnante capacité d’intervention (le PS parle d’investir un md€ pour la santé), y compris en appui de l’économie (le PS veut investir dans des PME, l’UMP annonce un « plan de relance »). Tout cela aurait dû donner un débat passionnant : pour une fois, il est question de sujets qui nous concernent tous les jours (par exemple la ligne 13 du métro, repérée par PS et UMP). Pourquoi n’a-t-on rien entendu ?

L’UMP semble proposer pas mal de choses en commun avec le PS, mais plus vague, plus brouillon, moins de chiffres, tentation de jouer sur la crainte (vidéo protection) ? Surtout une brochette d’extraterrestres, des « people » parachutés de ministères ou de secrétariats d’État (qu’ils occupent pour une raison difficile à saisir).

Je me suis demandé si l’UMP avait parié sur la communication, plutôt que sur le fond.

Compléments :

  • Un de mes anciens collègues, qui vit aujourd’hui à Montpellier, m’a dit que l’immense force de Georges Frêche était de croire en sa région, d’avoir de grands projets pour elle.
  • Je ne suis pas sûr que le poids des régions soit pris en compte dans le fonctionnement du pays. Quid du bon usage, et du contrôle démocratique, de leurs ressources énormes ? De l’articulation des actions nationales et régionales ?...

Fracture numérique

Il y a une dizaine d’années notre élite pensante s’effrayait que le peuple puisse être coupé des merveilles des nouvelles technologies. Ses craintes étaient elles vérifiées ? Les générations qui vivent d’Internet ont-elles un avantage concurrentiel décisif ? Font-elles passer leurs parents pour des dinosaures ?

Il semblerait qu’il soit difficile de distinguer les bénéfices d’être né en face d’un écran. Par contre cela pourrait annoncer une génération superficielle. L’exemple des questions politiques : elle abreuve les réseaux sociaux de ses avis. Mais aucune action n’en résulte.

Plutôt que d’être sincèrement plus engagés politiquement, il se peut qu’ils désirent simplement faire connaître leur activisme à leurs pairs.

dimanche 14 mars 2010

Lehman Brothers

Rapport d’enquête sur la faillite de Lehman Brothers :

Une fois de plus on a fait passer, légalement, des emprunts pour des entrées d’argent (une astuce dissimulait le remboursement). 50md$ tout de même. Ce qui était supposé être liquide, et mobilisable en cas de crise, ne l’était que très peu. Et plus l’on s’approchait d’une issue fatale, plus Lehman brassait de subprimes. Son désir d’être toujours plus gros lui avait fait oublier tout sens commun.

Pénible air de déjà vu. Ambitions invraisemblables d’une part et, d’autre part, quand ça commence à roussir, course en avant de dissimulation créative, qui trahit l’esprit en respectant la lettre.

Ce cercle vicieux est le mal américain, susceptible d’atteindre tout natif ?

Compléments :

  • Sur ENRON, exemple du coup de folie américain : EICHENWALD, Kurt, Conspiracy of Fools: A True Story, Broadway Books, 2005.

Élections régionales (suite)

Un complément à mon billet précédent :

Le résultat des régionales serait aussi une question d’hommes. Ceux du PS sont forts en région, faibles nationalement. C’est le contraire pour l’UMP.

Il y aurait en outre une question de tactique, M.Fillon se serait habilement placé dans la roue de M.Sarkozy, qui essuierait la bourrasque.

Le temps court du mandat présidentiel combiné avec ce que l'on a appelé "l'hyperprésidence" exposent davantage le président de la République. Celui-ci, d'ailleurs, n'est plus protégé comme il l'était traditionnellement sous la Ve République par le premier ministre. On assiste à une quasi-inversion : le président est au premier plan de la gestion de multiples dossiers, et c'est lui qui cristallise les mouvements d'humeur, alors que le premier ministre est davantage épargné. S'y ajoute le fait que le mode d'exercice de la fonction par Nicolas Sarkozy peut provoquer un trouble qui n'est pas essentiel mais qui peut brouiller les repères de certains électeurs de droite.

Il reste que l’électeur chercherait une « troisième » voie, hors des partis actuels. (Mais comment y parvenir : ceux-ci semblent sourds à l’appel, et vouloir tuer toute velléité de concurrence ?)

Élections régionales

On annonce que l’électorat va sanctionner le gouvernement. Raison : chômage fort, supérieur à ce qu’il est ailleurs. Malgré une plutôt bonne résistance à la crise.

Alors pourquoi n’a-t-on pas parlé de chômage lors de ces élections ? C’est surtout de discrimination qu’il me semble avoir été question. Un moyen de noyer le poisson ?

En tout cas, voilà qui contredit M.Huchon. Le peuple ne demande pas plus de démocratie locale, mais, au contraire, un État fort. À tel point que la « sanction », un conseil régional de gauche, est sans conséquence !

Mais, donc, pourquoi avoir constitué des régions ? Était-ce pour le bien de la nation, ou pour trouver un petit boulot à des hommes politiques en surnombre ? à creuser.

Compléments :

samedi 13 mars 2010

John Wayne et Clint Eastwood

Ils seraient l’Amérique de leur époque :

Wayne, celle qui est sûre d’elle-même et n’a peur de rien. Eastwood, l’Amérique méfiante, qui tire sur tout ce qui bouge, pour se rassurer.

Recherche du temps passé

Mon premier employeur invite son club d’anciens. Je retrouve une société laissée il y a 17 ans :

Grand succès de la soirée : bonheur inattendu de rencontrer d’anciens collègues, qui n’ont pas changés. Ils ont l’air bien dans leur fonction.

En les voyant, je me suis demandé pourquoi j’ai eu plus d’exigence qu’eux vis-à-vis de mes employeurs. Pourquoi leur ai-je demandé de me fournir un travail passionnant ? Pourquoi en ai-je épuisé si vite les charmes ? D’ailleurs pourquoi suis-je devenu si difficile à satisfaire ?

Le DS pour lequel je travaillais était minuscule et pourtant je le trouvais épatant. Je m’enthousiasmais pour un rien. Je pensais que nous allions révolutionner la construction navale, le placement de robots, l’usinage des pièces de tôleries… Aujourd’hui, DS est un gros succès qui emploiera sous peu 10.000 personnes, pourtant ça me laisse tiède. Ai-je vu trop de multinationales ? Je ne perçois plus que banalisation, « commoditization ». Le siège de la société évoque celui de Microsoft, son marché inclut la grande consommation, ses rapports annuels parlent de développement durable, les titres de ses dirigeants s’allongent comme ailleurs (« senior executive vice president » !)...

Quand aux applications informatiques elles me paraissent plus tirées par les effets spéciaux du cinéma, ou inspirées par la gestion, que par la conception de produits. Une vidéo qui parle de prêt-à-porter : on clique sans arrêt sur des lignes « coût », on entraperçoit à peine deux ou trois dessins, et encore c’est un 2D qui ne fait pas rêver. Jadis, je voulais transformer le métier de nos clients.

Étonnant aussi de trouver des gens de Procter et Gamble dans ce qui fut le temple de l’ingénierie française. La poudre à laver a défait les mathématiques ? Ou bonne nouvelle ? La culture si imperméable de DS (le langage y était codé : on y parlait en jeux de mots sur les noms de programme) laisse-t-elle enfin entrer des étrangers ? Beaucoup de noms américains en effet. Mais, au sommet, une équipe d’amis soudés par 25 ans de vie commune.

À force de vivre de crises et de changement, je ne sais plus apprécier le calme et le succès ?

vendredi 12 mars 2010

Le PS contre l’État ?

Déclaration de Jean-Paul Huchon, à l’occasion des élections régionales. Je n'ai rien compris. Je suis incapable de raccorder ses mots à quelque chose de concret. Quelles en seront les conséquences ? Bien, pas bien ? En tout cas un bout de la déclaration était totalement inattendu :

il me semble que face à un Etat jacobin, centralisateur, autoritaire et qui veut imposer en Ile-de-France les recettes que Nicolas Sarkozy applique à la France, il fallait un président expérimenté, rompu au dialogue avec l'Etat, capable de lui résister et surtout, capable de rassembler autour de lui non seulement toute la gauche, mais l'ensemble des élus qui croient que la décentralisation, la proximité, la démocratie locale sont des valeurs modernes, des valeurs d'avenir.

J’en étais resté à l’État jacobin. Qui l’a liquidé ? Quand ? Avons-nous été consultés ? Par quoi est-il remplacé ? Par une « démocratie locale » ? Sans plus d’explications (c’est moderne !? qui le dit ?), ça me semble léger, voire inquiétant. Surtout lorsque l’on y ajoute cette vision du « dialogue avec l’État » : « capable de lui résister ». Ni Dieu ni maître, l'anarchie vaincra ?

Gordon Brown

Pourquoi Gordon Brown revient-il (de très loin) dans l’estime populaire ?

  • La façon dont ses opposants exploitent les faiblesses et maladresses de Gordon Brown le rendent sympathique.
  • Les conservateurs ont voulu proposer un plan dont les défauts se retournent contre eux.
  • Curieusement, le parti travailliste est parvenu à se placer en position de contre.

Leçon de judo ? Il vaut mieux être attaqué qu’attaquant ? Alors on peut utiliser l’énergie de l’adversaire contre lui ?

jeudi 11 mars 2010

Dictature en Irak ?

La dictature est un scénario d’avenir pour l’Irak :

Plus probable qu’un coup d’état est une prise de pouvoir par des politiciens et des généraux agissant de concert.

Aurait-on fait une guerre et tué autant de gens pour revenir au statu quo ?

No promised land at the end of all this.

CCI

Vendredi, un P-DG me demande : à quoi servent les CCI ? J’ai eu deux jours pour me faire une opinion.

  • Elles savent mettre en œuvre le changement. C’est quasiment unique en France, pays où l’on dirige par ordonnance, à coups de principes théoriques et sans souci des conséquences de ses actes – qui annulent l’effet de ses intentions. (L'étrange changement de M.Sarkozy).
  • C’est elles qui développent le tissu économique français. Pas la grande entreprise, qui n’a pas besoin d’aide (sauf lorsqu’elle consomme les diplômés de leurs écoles), mais la PME et la TPE. Les CCI leur apportent les compétences qu’elles ne peuvent se payer, et dont le principal bénéficiaire est, en dernière analyse, la grande entreprise.
  • La CCI est le seul organisme potentiellement capable de construire une filière de formation professionnelle, le point faible endémique de la France, et la source de la domination économique allemande. (Transformation de l’entreprise française.)
  • La CCI est le relai naturel de la politique économique régionale de l’État. (Le changement de l’économie française.)

Mais le gouvernement n’a vu, dans ce qui semblerait devoir être un allié capital, qu’une source de coût. Il cherche à la réduire, à l’inimitable manière française.