vendredi 18 septembre 2009

Conservateur et bolchévisme

Ce blog observe avec étonnement une sorte de manipulation partie des USA et qui a contaminé le monde ces dernières décennies, une contamination qui a fait dire à nos valeurs le contraire de ce qu’elles signifiaient initialement. Un nom est derrière cette transformation : Ayn Rand (Ayn Rand and the Invincible Cult of Selfishness on the American Right).

Cette femme à la culture sommaire, totalement inconnue en France, semble avoir été un gourou. L’ancien patron de la FED, Alan Greenspan, était un membre de sa secte. Il lui doit toute sa pensée économique, et deux bulles spéculatives. D’ailleurs, l’influence d’Ayn Rand demeure telle que ses livres se vendent encore à un demi-million d’exemplaires par an.

Née Alisa Zinov'yevna Rosenbaum, en Russie, elle avait été tellement marquée par la révolution bolchevique qui avait exproprié ses riches parents qu'elle semble avoir été inspirée par une sorte de bolchevisme inversé.

  • Elle affirme que le riche est à l’origine de tout, que sa fortune est la mesure exacte de son apport à l’humanité, et que la chance n’a aucune part dans son succès. Le reste du monde n’est que paresseux : que les riches fassent grève, et nous crèverons.
  • Toute la théorie libérale des dernières décennies, celle qui semble démontrée par les meilleurs prix Nobel, est dans ses paroles : le laissez-faire, les marchés qui s’autorégulent, la sélection naturelle des plus utiles, c’est le bien. Il est immoral de distribuer l’argent des riches aux pauvres. D’ailleurs on ne parle plus de riches, mais de ceux qui « travaillent dur », le mot pauvre et remplacé par « paresseux ». Comme les bolchéviques, Ayn Rand et ses disciples modernes ne s’adressent pas à la raison, ils manipulent la morale universelle pour nous amener à faire ce qu’ils désirent. Ça s’appelle du lavage de cerveau.
  • Sa pensée, à la gloire de l’égoïsme (!), est, en réalité, un totalitarisme. Elle-même semble s’être comportée avec ses proches comme un petit Staline.

Compléments :

  • Ayn Rand ne m’était pas inconnue, comme je l’ai cru, en fait j’avais vu un très bizarre film tiré d’un de ses romans, La source vive, une histoire d’architecte joué par Gary Cooper. (Un film que la critique intello française adore, de même qu’elle adore Clint Eastwood… Il faudra un jour s’interroger sur la curieuse proximité entre nos bobos et les ultraconservateurs américains.)
  • Le billet que cite Barack Obama paralysé ? m’a mis sur la piste d’Ayn Rand. Il montre comment le discours républicain moderne applique à la lettre ses préceptes. Lisez Ayn Rand, et vous saurez répondre du tac au tac à la moindre réforme de B.Obama. De manière plus inattendue, N.Sarkozy parle comme Ayn Rand.
  • Le mail que je cite dans Propagande américaine illustre de manière parfaite le procédé d’Ayn Rand : un dirigeant s’y présente comme une victime de l’état. Il a passé la meilleure partie de sa vie à construire son entreprise, alors que les gens de son âge s’amusaient, aujourd’hui on jalouse sa fortune et on l’impose honteusement pour aider la mère célibataire et ses 4 enfants. Bouquet final : il va faire grève, fermer boutique, et qui va être le dindon de la farce ? Ses employés, ses clients, et la société, mais ils n'auront que ce qu'ils méritent, ces incapables.
  • La classe ouvrière du 19ème siècle pensait, à l’inverse d’Ayn Rand, qu’elle créait la richesse et était exploitée par les classes supérieures : Lutte de classes. Ses révolutions ont été une tentative infructueuse de prouver son point de vue.

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