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mardi 30 avril 2019

Comment dire non poliment

Le problème du non, c'est que l'on est à peu près sûr que l'on doit dire non, mais on ne sait pas l'expliquer clairement. Ce qui fait que l'on est maladroit.

Je me demande si l'on ne devrait pas aborder la question comme cela : "je pense que je dois vous dire non, mais je ne sais plus pourquoi ; si vous avez un peu de temps à m'accorder, je vais essayer de retrouver mon raisonnement". Les relations humaines ne s'en porteraient-elles pas mieux ?

Les effets délétères de l'économie

En relisant ce que dit René Rémond de De Gaulle, je vois que l'État, selon de Gaulle, aime le progrès technologique, le changement et la réforme. N’étant rien sans l’unité de la nation, menacée par l’effet délétère de l’inégalité économique, il doit être un État social.

Or, toute notre élite, droite et gauche comprises, a plongé la tête la première dans l'économie. Et si nous en avions subi les effets délétères soupçonnés par le général de Gaulle ?

Et si l'économie rendait nécessaire la solidarité ? Il ne faut pas l'ignorer. Au contraire, c'est l'équivalent d'une attaque virale. L'économie incontrôlée nous avilit. Il faut s'entraider pour lui résister ?

lundi 29 avril 2019

L'âge de la paix ?

Pankaj Mishra écrit que nous vivons à "l'âge de la colère". Nous sommes mus par le "ressentiment" et le "mimétisme".

Mais, son analyse ne porte que sur une partie de la littérature récente. Les décennies de paix que nous avons vécues sont associées à une autre pensée : pragmatisme, théorie de la complexité, Hannah Arendt et Albert Camus. Elle préfère la pratique à la théorie, le bas au haut. Elle ne rejette pas. Elle absorbe. Car elle considère que le monde est fait de tout.

Le mot "théorie" est important. Car la pensée de l'âge de la colère est une pensée d'intellectuels. Elle ignore tout un peuple qui, lui, ne vit pas de pensée, mais de réalité.

Si l'on veut un "âge de la paix", il faut que nos intellectuels rééquilibrent leur pensée, pour revenir sur terre ?

Double de Gaulle

La France d'après guerre a été un chaos. Anciens collabos, nouveaux résistants, syndicats révolutionnaires, PC stalinien, intellectuels engagés, militaires putschistes, etc. Comment cette société a-t-elle pu cohabiter ? Une croyance, que le monde a partagé. On s'était trompés. La science et le progrès nous montrent la voie. Le retour au mal est impossible.

Contrairement à l'image que l'on en a, de Gaulle a été un homme de son temps. Il aimait le progrès

Mais il n'était pas que cela. Il était aussi "grandeur nationale", valeurs éternelles. C'est peut-être cela que ne pouvait plus supporter la jeunesse. Et qui a causé une révolution. Le leader du changement doit se méfier de ses idées fixes ? 

Apprendre à penser avec les intellectuels

L'intellectuel est passé du marxisme au libéralisme. L'intellectuel croit au "bien". Ce bien est l'opinion commune d'un "certain milieu". Il pense comme ce milieu. Il n'a pas d'esprit critique.
Et, comme M.Attali et sa prospective, il est déterministe. Il ne croit pas que l'homme crée le monde.

L'intellectuel nous montre ce qu'il ne faut pas faire ? Penser, c'est avoir un esprit critique, et l'utiliser pour guider une action créatrice ?

dimanche 28 avril 2019

Le sens de l'escalade

Un américain grimpe une falaise, à pic, de 914m, à mains nues. Conquérant de l'inutile ? Pourquoi prendre un tel risque ?

Mais est-il différend de nous ? Il a commencé par reconnaître, prise par prise, la paroi, et nettoyer la roche "à la brosse à dents". Travail long, calme et patient. L'ascension ensuite n'a été que la parfaite répétition des gestes appris. Travail de fonctionnaire ?

Notre vie est peut-être moins spectaculaire. Mais en attendons-nous autre chose qu'une routine satisfaisante à laquelle un objectif donne un sens ? Ne sommes-nous pas les "Sisyphe heureux" de Camus ?

L'âge de la colère

Une idée apparue il y a trois siècles a changé le monde. Elle explique ce qui nous arrive... Ce livre est le produit type de l'élite intellectuelle anglo-saxonne, à son meilleur. Une dissertation sur l'évolution de l'humanité. Une analyse des travaux des plus grands penseurs mondiaux. Il est écrit par un Indien, qui n'a étudié qu'en Inde, mais qui s'est marié à la haute société anglaise (il est apparenté à  David Cameron). On est au coeur du sujet.

Cette "idée" est la pensée des Lumières. Elle dit à l'individu qu'il n'est pas soumis à la nature et aux usages, il ne tient qu'à lui de réaliser ses rêves, d'enrichissement matériel, les plus fous. Séduit, il détruit l'ordre ancien, mais il se trouve gros Jean comme devant. D'où "ressentiment" qui finit en "nihilisme", nettoyage par le vide. Au fur et à mesure que cette idée se répand au travers du monde, les mêmes phénomènes se reproduisent, de la France à l'Allemagne, puis à la Russie et à l'Italie et enfin à l'Afrique et à l'Asie. Enthousiasme, révolution, chaos.

Tout commence avec Voltaire et Rousseau. Voltaire est un grand bourgeois qui veut être noble à la place des nobles. Il met son esprit au service de ses intérêts. Ses idées, venues d'Angleterre, sont le moyen de détruire l'ordre social qui empêchait la réalisation de ses ambitions. Il s'acoquine avec les Staline et Mao de son temps. Les despotes éclairés, Catherine II de Russie et Frédéric II de Prusse. Il les enjoint de réformer les peuples, arriérés, à la baïonnette. Quant à Rousseau, puis Tocqueville, s'ils s'opposent à Voltaire, ce n'est peut être pas tant parce que ses idées sont erronées, que par "ressentiment". Car, du fait de la nature asociale de l'un, et de l'aristocratie de l'autre, ils n'ont pas de place dans le monde de Voltaire.

Le moteur du changement mondial est le "ressentiment" et le "mimétisme", dit le livre. Exemple : Voltaire. Mais, ce sont les Allemands qui font du ressentiment une arme, rationnelle et systématique, de destruction totale. D'une part, ils construisent leur identité comme projet de liquidation de la France qu'ils ont tant aimée, et qui les a humiliés. D'autre part, partant de Rousseau, ils inventent la philosophie moderne. Au fur et à mesure de leur entrée dans le modèle occidental, les autres nations l'adopteront en l'adaptant. Cette philosophie exploite les failles de la pensée des Lumières. Elle les érige, chacune, en système, en absolus, par mimétisme. Il y a les Romantiques qui s'opposent au matérialisme. Il y a ceux qui promeuvent l'intelligence du peuple contre celle des élites. Il y a le nationalisme, contre l'individualisme. Nietzsche dit aux perdants qu'ils sont des surhommes. Et tout cela finit dans l'anarchie de Bakounine, et le nihilisme de loups solitaires : faisons sauter ce monde pourri, et repartons de zéro.

En quoi cela explique-t-il notre époque ? La société mondiale est homogène par ses aspirations "occidentales". Elle est dominée par un petit groupe de parvenus. Il doit sa fortune à de belles paroles, que l'humanité a crues. Ce qui provoque un violent "ressentiment" des laissés pour compte. Mais il se croit porteur de la modernité. Il ne peut y avoir que des arriérés, des fanatiques, qui s'y opposent. Il les combat par l'excommunication. Réduits à la déchéance, ils n'ont qu'un moyen d'exprimer leur liberté : le choix de leur mort.

samedi 27 avril 2019

L'Education nationale a changé la société ?

Quel a été le grand changement de notre époque ?

De mon temps encore, l'école n'éduquait pas, elle sélectionnait. Elle donnait un rôle social. Ensuite, on apprenait sur le tas. Et cela même si l'on était polytechnicien. Pour la grande masse de la société, cet apprentissage de la réalité, de la complexité dirait Edgar Morin, commençait tôt.

Aujourd'hui tout le monde passe sa jeunesse à l'école. Seulement, sans avoir changé son enseignement, sinon en le dégradant, elle prétend fournir des produits finis. (Certains, en en sortant, prennent la direction du pays.) Mais aussi éliminer les déchets. Et ces déchets sont les "non intellectuels". Ceux qui jadis fournissaient la société moins l'aristocratie, des artistes aux milliardaires, en passant par les Rousseau ou les Diderot.

L'Education nationale fait de nous des inadaptés ?

L'effet pervers du concours

Un virtuose du violoncelle disait, en substance : "pour gagner ce concours, j'ai fait ce qu'il fallait. Une fois que je l'ai eu gagné, j'ai fait comme je l'entendais". (Dans Les grands entretiens de France Musique.)

Idem pour les concours et les élections de nos présidents ? Nous croyons sélectionner selon nos désirs, alors que nous donnons le pouvoir à des gens qui les rejettent ?

vendredi 26 avril 2019

ENA : fin du Phénomène bureaucratique ?

On annonce la fin de l'ENA. Est-ce la fin des effets pervers qui lui sont associés ?

Une logique a présidé à la création de l'ENA. Celle du progrès et de la planification. Ce que l'on a appelé "le phénomène bureaucratique". Avant guerre, un peu partout dans le monde, s'est installée l'idée qu'il y avait une voie à suivre, le progrès ; que des esprits éclairés, distingués par l'Education Nationale, la voyaient. Il fallait donc les installer au pouvoir, en faire des hauts fonctionnaires, pour qu'ils guident le peuple vers le meilleur des mondes.

Ces hauts fonctionnaires avaient une éthique. C'était des "grands serviteurs" de l'Etat. Ils étaient conscients de devoirs écrasants vis-à-vis de la collectivité, mais aussi du cadeau qu'elle leur avait fait en les sélectionnant et en leur permettant de faire des études prestigieuses. C'était des missionnaires, avec tout ce que cela sous-entend d'humilité, de pauvreté, de sacrifice et d'exaltation. Comme les instituteurs, "hussards noirs".

La fabrique des oligarques
Seulement, la voie s'est brouillée. Les aspects effrayants du "progrès" se sont révélés. Parallèlement, la société est devenue égoïste et individualiste. Et l'ENA est apparue aux ambitieux comme un moyen quasi instantané d'acquérir la gloire et la fortune : l'Etat et nos multinationales sont entre les mains des "plus" hauts fonctionnaires.

Et ce à un moment où la légitimité des ses élèves s'est évaporée. Car la spécialisation d'hier n'existe plus. Il y avait un petit groupe d'éduqués supérieurement, et une masse de quasi analphabètes, deux races différentes, ayant des langues différentes. C'était la France féodale : pour la 3ème République, "l'ascenseur social" avait pour mission de créer une aristocratie du "mérite". Notre république avait conservé la structure de l'Ancien régime. Aujourd'hui, l'éducation est partout. S'il n'était question que de la qualité de sa formation, personne n'irait à l'ENA.

Folle justice japonaise

Des amis libanais s'inquiètent de la déraison de la justice japonaise. Pauvre Carlos Ghosn.

Ce blog parle d'un homme qui escalade 900m de falaise, à mains nues. S'il décroche, il se tue. Mais on ne parle pas de folie de la nature. Idem pour les skieurs hors piste qui déclenchent des avalanches.

Faut-il compter sur la magnanimité de la société ? Elle n'est pas "raisonnable". L'homme doit utiliser sa raison pour éviter l'avalanche sociale ?

Les tweets du canard

Le canard enchaîné a un compte twitter. Surprise. Car le Canard refuse la transformation numérique. Et il s'en porte extrêmement bien.

Serait-il particulièrement intelligent ? En effet, ses tweets m'ont rappelé ce que me disait une spécialiste des relations presse sur le bon usage d'Internet. Il faut être rare, ne pas saturer la capacité d'intérêt du lecteur. Les tweets doivent porter uniquement sur ce qui a trait à sa "mission", et apporter une information unique (puisqu'elle vient d'un traitement de l'information à la lumière de son analyse, unique par nature). C'est exactement ce que fait Le Canard, qui annonce, en quelques mots, la révélation que contiendra son prochain numéro.

jeudi 25 avril 2019

Martine Monteil

Martine Monteil a fait une brillante carrière dans la police. France Culture lui donnait la parole, la semaine dernière. Quel rapport avec la culture ? Féminisme ? Démontrer que la femme, partout, peut faire ce que fait l'homme, voire mieux ?

Au fond Martine Monteil n'est pas d'accord avec cette assertion. Les femmes ont des qualités, en particulier de relations humaines, mais les hommes en ont d'autres. Ils sont complémentaires, mais pas comparables. Par exemple, quand il s'agit de prendre des coups, l'homme est fortement recommandé. Paradoxalement, plus la femme est femme, plus l'homme est homme et mieux ça marche. La police doit ressembler à la société, surtout.

Ce qu'illustre cet entretien, c'est peut-être le "bonheur fou" de Giono. Une existence exceptionnellement réussie, et les joies de la vie policière. Martine Monteil était faite pour son métier. La police, c'est une famille idéale, extraordinairement unie. Son travail est passionnant. La traque du meurtrier, c'est encore mieux dans la réalité qu'à la télévision (qui est très fidèle à la réalité, apparemment).

New Grub Street

George Gissing, un des grands romanciers anglais, est inconnu en France. Roman en abîme. C'est un romancier qui parle du métier de romancier. C'est la bohème anglaise. Mais, en Angleterre, la bohème, c'est la misère. Le romancier, pisse, jour après jour, de la copie. Il est entre les mains, très visibles, du marché. Et il doit produire ce qui se vend dans le segment qui correspond à ses compétences. Le format requis est le roman en 3 volumes, de 300 pages chacun, et cela s'écrit en deux mois. Eventuellement, il complète ses revenus en donnant des cours à des ouvriers, qui gagnent mieux que lui.

Londres n'est pas Paris. La misère y est abjecte. Car c'est une ville pauvre, froide et humide, en proie à une pollution permanente, qui entre dans les habitations et saisit à la gorge. Ce livre a quelque-chose de balzacien. On y est obsédé par l'argent. Tout est calcul permanent. Il est question du prix de tout : du pain, des taudis, des habits, des livres (d'occasion)... On y indique les revenus qu'il faut pour survivre, pour entretenir une femme, etc. L'obsession du romancier, c'est de gagner assez pour pouvoir se marier. Seulement, il sait qu'un ménage peut, par ses dépenses, causer sa perte. Alors, il a la tentation de se marier "au dessous de sa condition", ce qui tourne mal, la plupart du temps. Et lui ferme les portes de la bonne société, nécessaire à la réussite.

Il y a des gagnants, aussi. Ce sont ceux qui savent qu'ils n'ont pas de talent. Le romancier raté, qui conseille les auteurs, ou le critique - polémiste, qui met sa plume au service des intérêts favorables à sa carrière. Eux jouent avec les règles du marché.

New Grub Street a été écrit en deux mois, et c'est perceptible. Il y a du flottement. Du remplissage. Cela manque de substance. Ses trois livres auraient dû en faire un, dit-on à un personnage. C'est un bon conseil. Mais c'est un témoignage fort. L'économie de marché produit toujours les mêmes phénomènes. Ce livre parle d'aujourd'hui.

La logique du politiquement incorrect

Les media tonnent contre l'antisémitisme, l'inégalité des sexes, l'homophobie, etc. Difficile de ne pas entendre un rappel à l'ordre à chaque fois que l'on ouvre la radio...

Du coup, si vous êtes mécontent, et voulez choquer l'élite, vous savez quoi dire. Ce qui enchante le journaliste ? Il aura encore plus d'agissements détestables à dénoncer.

mercredi 24 avril 2019

Printemps arabes : leçon de négociation ?

Je cite une étude qui s'étonne des printemps arabes. Pourquoi l'Occident a-t-il lâché des régimes qu'il avait soutenus pendant des décennies, alors qu'ils n'avaient rien fait de neuf ?

La raison est peut-être évidente : l'URSS. L'URSS disparue, ces régimes ne servaient plus à rien. Et ils avaient deux vices : leurs valeurs n'étaient pas occidentales ; ils refusaient le marché. On dit parfois que l'Amérique a soutenu des dictatures, mais elle l'a fait à contre-coeur ? Ce n'était pas dans sa nature ?

Cette histoire illustre les théorie de négociation en situation de conflit de Thomas Schelling, économiste. Les dictateurs pensaient qu'ils étaient utiles à l'Occident : ils étaient un rempart contre l'islamisme (ou nom plus adapté). Ils se croyaient donc inattaquables. Mais un tel atout n'est utile, dit T. Schelling, que lorsqu'il est perçu. Or, les élites, farcies d'utopies, qui dirigent l'Occident ne le voyaient pas. D'où la tactique de M.Assad : il a utilisé ce que W. Ury appelle le "non pédagogique". Il a vidé ses prisons de leurs terroristes pour que l'Occident apprenne par l'expérience qu'il avait plus à gagner en jouant avec lui que contre lui. Celui qui remporte une négociation conflictuelle est celui qui est prêt à se suicider.

Chiropraxie et changement de vie

J’ai profité d’une rencontre avec Isabelle Peyrussie, chiropracteur installée à Brive, pour lui demander si la chiropraxie pouvait changer la vie.

Qui vient vous voir ?
On vient quand on a des douleurs, au genou, au pied, etc. et que l’on a tout essayé ! On commence par la pharmacie de la maison. Puis on va chez le médecin. Puis on passe aux médecines douces. Parfois aux rebouteux. Il y a aussi ceux qui ne veulent pas voir le médecin et qui attendent, et qui constatent que la douleur ne passe pas. Du coup, la première séance est très longue. Je dois savoir par où ils sont passés. Je leur demande leur dossier médical, en particulier toutes leurs IRM et leurs radios. Je leur explique que s’il n’y a pas une amélioration significative en trois séances, ils doivent chercher un autre moyen de se soulager. Quand une personne est satisfaite, elle en parle autour d’elle. Arrivent alors sa famille et ses amis. 
Il y a des personnes âgées, qui ont des douleurs arthrosiques, qui ne peuvent pas tourner la tête, qui ont des douleurs aux genoux, etc. ; il y a les maux de dos de l’informaticien ; il y a le commercial qui fait des kilomètres en voiture ; il y a les enfants dont les parents veulent s’assurer que tout fonctionne bien ; je vois aussi de plus en plus de nourrissons. Il y a aussi les sportifs de haut niveau. Souvent, ils ont entendu parler dans leur milieu professionnel, généralement à l’étranger, d’une technique méconnue en France, par exemple l’A.R.T., et ils cherchent un spécialiste. Ils sont prêts à de longs déplacements pour une séance. 

Un exemple d’intervention ?
Mon premier patient. Il avait une sciatique, depuis des années, dont il n’arrivait pas à se débarrasser. J’ai agi sur ce qui comprimait le nerf sciatique à ses points de passage. On étire les vertèbres, les disques sont moins comprimés. Dès la deuxième fois, il se sentait beaucoup mieux. Depuis, il revient me voir tous les ans ou tous les deux ans. 
Mes satisfactions ? Quand quelqu’un qui a super mal au dos et ne peut pas se pencher, arrive presque à se toucher les pieds en fin de séance. Ou lorsqu’une personne qui ne parvenait plus à tourner la tête au stop, y arrive ! 

Quels sont les principes de la chiropraxie ?
C’est une thérapie manuelle. Elle traite les troubles de l’appareil locomoteur et de leurs conséquences. Elle s’applique à des tendinites, lumbagos, etc. Elle est bien moins connue en France qu’à l’étranger.
La chiropraxie c’est le triangle « Philosophie, art et science ». La philosophie, c’est le corps dans sa globalité. A l’envers de ce qui se pratique dans la médecine, qui devient de plus en plus spécialisée. L’art, c’est celui du « bon geste ». La science, c’est l’étude du corps humain et de son fonctionnement. Le diplôme demande cinq ans d’études. Et chaque année je me forme à de nouvelles techniques. 

La société actuelle a-t-elle des maux particuliers ?
Les gens sont de plus en plus stressés et il y a la mauvaise position informatique. 
Je vois beaucoup d’informaticiens. Mais tout le monde passe de plus en plus de temps penché sur un écran, smartphone, console de jeu ou autre. La posture est mauvaise. La tête part vers l’avant. Les épaules se replient. Cela tire sur les muscles, qui compensent, sur les cervicales. La douleur passe, puis revient. Elle s’installe constamment. On a vraiment mal. L’amplitude de mouvement est limitée. Certaines personnes ont des migraines. On prend des anti inflammatoires, puis on se tourne vers les médecines douces. Je les décoince et je leur donne des exercices et quelques conseils pour mieux se positionner devant l’ordinateur. Mon objectif est qu’ils viennent le moins souvent possible. 
Quant au stress, il touche tout le monde. Secrétaire, cadre, etc. Cela peut être, par exemple, une femme dont le mari est à l’étranger, et qui doit tout gérer toute seule, s’occuper de deux grands enfants, fait beaucoup de voiture, a un patron difficile… 
Quant aux chefs d’entreprise, ils souffrent souvent de lombalgies. Cela vient peut-être de ce que, à Brive, il y a beaucoup d’anciens rugbymen, et qu’ils ne font plus de sport, qu’ils mettent beaucoup la main à la pâte, dans leur entreprise. Et ils font beaucoup de voiture. 

La chiropraxie : la thérapie pour une époque coincée ?

L'erreur du patron de PME : c'est en étant petit que l'on est tranquille ?

Un patron de PME, sur son entreprise : « j’ai voulu faire un petit machin pour être tranquille ». « Je regrette d’être petit, car je suis obligé de tout faire. (En particulier) je perds 30% de mon temps en administratif ». « Si j’étais plus gros, j’aurais des moyens ».

Et si le paradoxe français était là : le dirigeant français veut être petit pour être tranquille, et il ne l’est pas justement parce qu’il est petit ?

Que signifierait devenir gros ? Il faut viser l’export, en « simplifiant le concept ». Voilà ce que n'a pas compris le dirigeant français : c’est en faisant plus simple que l’on grossit, et que l’on a les moyens de se simplifier la vie ?

mardi 23 avril 2019

Cas Ghosn : drame de la pauvreté ?

Que reproche-t-on à M.Ghosn ? D'après ce que j'ai pu trouver, il aurait utilisé sa carte de crédit pour faire des cadeaux à sa nouvelle épouse, et payer un mariage coûteux à sa fille. Il aurait aussi couvert une manoeuvre boursière malencontreuse. Voulant assurer son salaire contre un changement de cours du Yen, il aurait pensé prévoir les mouvements de la bourse, malheureusement, elle est allée à l'envers de ses prévisions. Et il s'est retrouvé à devoir payer de l'ordre de 15m$. Ce serait un ami milliardaire du Golfe (rencontré lors de ses études au Liban) qui l'aurait dépanné. M.Ghosn l'aurait remboursé sur les fonds de Nissan. On apprend aussi que Nissan payait la scolarité de ses 4 enfants à Stanford (très très cher). Cela avait été négocié légalement.

Management inter culturel
Ce qu'on lit aussi, c'est que M. Ghosn fut un héros japonais. Apparemment, il y avait même une bande dessinée sur lui, et il a donné son nom à un plat national. Et si les malheurs de M.Ghosn venaient d'une méprise ? Et si les Japonais avaient cru qu'il était un des leurs, alors que lui les considérait comme des Américains comme les autres ? Il pensait obtenir par la force ce que lui valait la confiance ? Et si c'était cette confiance trahie qui avait valu le déchaînement incontrôlé de la justice japonaise ?

Curieusement, j'avais entendu dire que M.Ghosn s'entendait mieux avec ses collaborateurs japonais que français. Est-ce que ce qui semblait avoir fait son succès, son management inter culturel, ne s'est pas retourné contre lui ? Et s'il avait, involontairement, exploité les failles des cultures, mais pas leurs forces ? Et si, une fois réveillées de leur surprise, celles-ci s'étaient retournées contre lui ?

L'ascenseur social fait une victime ?
Et s'il avait été victime, lui-même, d'un drame inter culturel ? Ce qui me frappe chez M.Ghosn, c'est à quel point il ressemble à mes amis libanais. Même sa capacité de travail, dont on s'émerveille tant, n'a rien d'exceptionnel. Ils sont malheureux dans leur famille. Leur activité professionnelle c'est leur vie. Leurs amis, leur véritable famille, sont leurs partenaires commerciaux. Mais, surtout, les plus brillants sont venus faire leurs études en France. La France leur a donné ce qu'elle avait de mieux. Mais ce n'est pas beaucoup. Car, nous sommes un Etat bureaucratique. Or leurs anciens camarades, incultes peut-être, ont fait fortune dans les affaires. Celui qui, dans son enfance, était le plus admiré, est maintenant, à leur échelle, un prolétaire. On lit que M.Ghosn a reçu 100m€ en quelques années. Mais que reste-il après impôts et divorce (M.Ghosn a été victime du démon de midi) ? Comment assurer un train de vie digne de son rang ? C'est peut-être le noeud du problème. Ce que ni vous ni moi ne pouvons comprendre.

Car, un yacht de milliardaire du Golfe, d'oligarque russe ou de Bernard Arnault peut valoir 500m$ ou plus. A quoi ressemble le voilier de 12m de M.Ghosn à côté de ces bateaux de 100 à 180 m ? On dit aussi que le départ de M.Tavarès vient de ce que M.Ghosn ne voulait pas prendre sa retraite. Mais comment vivre parmi ses égaux avec un salaire de retraité ?

Comme dans Stupeur et tremblements, le Japon a rappelé à M.Ghosn que le démiurge, cela n'existe pas ?

Economie de marché et changement

Depuis, au moins, Adam Smith, on dit que le mal est ce qui motive le capitaliste. Mais, du mal surgit le bien, espère-t-on. Un autre principe est "l'arbitrage". C'est un terme financier. Les organismes financiers cherchent les incohérences du marché, pour les éliminer. Officiellement, cela rend le marché efficace.

Mais le marché a une autre façon de procéder. Il modélise la réalité en termes d'argent. l'homme de marché fait ce qui lui rapporte le plus. Or, bien souvent, c'est la destruction de la société, ou de la nature, qui est le plus rentable. En effet, la modélisation réalité / argent étant particulièrement imparfaite, il y a des tas d'occasions "d'arbitrage". Par exemple, si je détruis entièrement la nature, j'ai un bénéfice monétaire immédiat. Les externalités négatives de mon acte, par exemple le fait que j'ai éliminé la vie sur terre, ne sont même pas calculables. Plus simplement, les lois sont de grandes occasions d'arbitrage. Il s'agit de jouer la lettre contre l'esprit. Parvenir, par exemple, à transformer le statut de vos employés de salariés en entrepreneurs, fait de vous un homme riche.

Les "imperfections du marché" ne sont donc pas l'exception, mais la règle du jeu.

lundi 22 avril 2019

737 Max version bêta

Une innovation du monde du logiciel aura été la "version bêta". C'est au client de tester le logiciel.

Maintenant que les avions sont pilotés par logiciel, les constructeurs aéronautiques semblent en passe de l'adopter. Je lisais qu'après deux cents heures de test, Boeing, apparemment peu ému par trois cents morts, estimait que son logiciel était corrigé, et que ses 737 Max pouvaient voler à nouveau. Les compagnies vont-elles augmenter leurs prix ? Le délicieux frisson du risque, ça vaut cher.

Biais cognitifs

Signal de SMS. Immédiatement une idée de l'expéditeur. Probablement fausse : personne dont il me plairait d'avoir un SMS. Pourquoi ne pas penser tout de suite au plus probable : réponse à mon dernier SMS ?

Ce type de biais explique peut-être pourquoi la "science" économique (ou une de ses branches dominantes), qui fait l'hypothèse d'un être omniscient est fausse à la base. Mais cela explique peut-être aussi comment fonctionne l'escroc : il nous laisse entendre que nos rêves vont se réaliser. C'est peut-être pour cela que je reçois tant de mail me disant que j'hérite d'un parent africain ou ai gagné au loto.

dimanche 21 avril 2019

De Blair à Glucksmann

J'ai entendu quelque-part que Raphaël Glucksmann pense avoir sauvé le socialisme français : son combat doit être l'écologie. Si c'est le cas, le raisonnement est probablement insuffisant.

Je crois que la gauche a souffert du syndrome Blair. Elle est tombée amoureuse du marché. Elle a voulu l'utiliser pour enrichir le pauvre. Ce faisant elle a vendu son âme au diable. Elle essaie de se racheter avec l'écologie. Mais elle a oublié ses origines : l'accès à l'éducation. Car la personne correctement éduquée n'est ni pauvre, ni manipulée par le populisme, ni destructrice de l'environnement. Car elle est à l'image de l'intellectuel, à l'image de Raphaël Glucksmann.

Science et argent

Le scientifique de talent doit être bien payé, entend-on. Curieux : l'histoire nous dit l'inverse.

Elle nous explique que la recherche est une vocation, une "révolte" au sens de Camus : on ne cherche pas pour être célèbre, mais pour résoudre une question qui tient à coeur. Elle nous dit surtout que le scientifique qui réussit est rarement reconnu immédiatement. Et ce pour une raison évidente : découverte signifie remise en cause des idées reçues.

L'argent a remplacé la vocation comme principe de la recherche. Il serait intéressant d'en évaluer les conséquences.

Super Glucksmann

Il y a peu encore, je n'avais pas entendu parler de Raphaël Glucksmann. Seul le nom de famille m'était familier, et encore j'aurais eu du mal à lui associer une ligne de pensée. Maintenant, Raphaël Glucksmann est le sauveur de la gauche. En regardant sa fiche wikipedia, je constate qu'il a déjà fait pas mal de choses. Notamment épouser une ministre géorgienne, puis ukrainienne, puis une journaliste vedette.

A qui viendrait-il à l'esprit de faire de telles choses ? Il y a des gens qui marchent sur l'eau. Ou dans l'espace. Quel est leur secret ? (En tout cas, nous souffrons d'interdits mentaux dont ils semblent libres.)

samedi 20 avril 2019

M.Macron fait président ?

Il paraît que, dans sa jeunesse, M.Sarkozy disait qu'il voulait "faire président", c'est-à-dire devenir président de la République. M.Macron a peut-être aussi l'ambition de "faire président", mais dans un autre sens. Il veut en avoir l'aspect.

On me disait, avec consternation, que ses ministres s'affichent dans des émissions de faible niveau intellectuel. Lui même s'affiche dans Paris Match. Quelle opinion a-t-il du Français ? "Faire président", pour lui, c'est du théâtre ?

Le socialisme c'est la redistribution ?

Dans un débat sur l'impôt, quelqu'un, qui se présentait comme "philosophe", expliquait que notre système politique était socialiste, sans le dire. L'impôt, c'était le vol. La redistribution était contre nature.

Idée intéressante. Il y a un évident manque de proportion entre ce que l'on gagne, et l'effort que l'on fait, voire la contribution que l'on apporte à la société. Même dans le domaine de l'entreprise, un petit patron est un quasi smicard, alors que le salaire d'un PDG salarié représente le chiffre d'affaires de dizaines de PME. D'ailleurs, il y a très peu d'entrepreneurs qui réussissent. Et lorsqu'ils arrivent à quelque-chose, c'est souvent la seconde génération (les Arnaud et les Pinault) qui deviennent très riches, ou leurs héritiers, qui ne sont que des rentiers. Il faudrait aussi se demander si le crime ne paie pas.

Le mécanisme de répartition monétaire étant déréglé, il semble donc dans notre intérêt collectif que l'on mette en place un système de redistribution, qui le corrige. Et ce que l'on se place sur le plan de la justice ou de l'efficacité (des gens très utiles sont peut-être en train de crever de faim, ou n'ont pas les moyens d'exprimer leur talent).

Le paradoxe du fonds d'investissement

Il paraît qu'en Turquie, il y a longtemps, un fabricant de polos s'est rendu compte qu'en leur ajoutant un crocodile, il en vendait beaucoup plus

On m'a raconté une histoire similaire en ce qui concerne les fonds et les start up. On propose aux fonds des projets qui ont un gros potentiel, seulement l'entrepreneur de l'a pas vu. Il a simplement trouvé que certains mots suscitaient des conséquences favorables. La méprise principale viendrait de ce qu'il ne veut pas faire fortune, comme s'y attend, implicitement, l'investisseur, mais trouver de l'argent.

Dans les deux cas, le danger ne vient pas de l'escroc, mais de nos biais de raisonnement ?

vendredi 19 avril 2019

Le low cost ou l'esprit de la culture anglo-saxonne ?

Avec un humour peut-être involontaire, un invité de France culture disait que les compagnies aériennes "low cost" ne faisaient qu'une promesse : la sécurité. Et elle était respectée : aucun avion n'était tombé.

Je me demande si le low cost ne reflète pas le modèle culturel anglo-saxon. En effet, d'un côté on a des gens qui voyagent entassés comme des animaux, et qui paient relativement cher pour cela (les compagnies low cost sont exceptionnellement rentables). De l'autre, une petite élite dépense beaucoup pour ce qui était jadis un service ordinaire. Et en plus, diraient les écologistes, l'augmentation de la fréquence des vols menace la planète. "Externalités négatives" des économistes.

Cela explique aussi, qui sait ?, la supériorité que ressent l'entrepreneur anglo-saxon, et son mépris du reste de l'humanité. Et aussi l'expression de "guerre" si fréquente dans le vocabulaire anglo-saxon. En effet, si l'on attaque les structures de la société avec des moyens démesurés, en prenant des risques fous, on peut parvenir à la faire aller contre ses intérêts, et à s'en réjouir, et à en tirer une immense fortune.

Le fourvoiement de la gauche ?

Pourquoi le populisme au Brésil ? Je cite un témoignage qui donne cette interprétation inattendue : le président Lula a abandonné le combat de la gauche. Au lieu de défendre l'accès à l'éducation, il a voulu l'enrichissement du pauvre. Faute d'éducation, le pauvre est séduit par les sirènes.

Phénomène mondial ? La gauche a changé son discours. Elle n'a plus demandé, comme elle l'avait fait auparavant, "les lumières", l'accès à la connaissance, à la justice, etc. Elle a exigé l'accès aux biens matériels. Ce qui, au fond, faisait consensus : cela plaisait à l'entreprise. Aujourd'hui, au mieux, elle pense trouver le salut dans l'écologie.

Mais, pour penser écologie, ou pour s'enrichir, il faut avoir été correctement formé, et être dans des conditions favorables. Sans bases, il ne peut pas y avoir d'édifice.

Ce glissement de sens est peut-être un des facteurs de changement les plus importants de notre temps.

Un milliard pour Notre Dame

Notre Dame fait des miracles. On devrait lui donner un milliard.

Que pourrait-on faire avec un milliard ? Réinsérer les SDF (qui n'existaient pas dans ma jeunesse) ? Remettre à niveau l'enseignement, et changer l'avenir de quelques dizaines ou centaines de milliers d'êtres humains, voire, grâce à eux, de la nation ? Investir dans le développement durable, diraient certains ?... 

Je me posais la même question en lisant un article qui constatait que quatre-vingts milliards investis dans la voiture autonome ne donnaient rien. 

De la rationalité humaine ? 

jeudi 18 avril 2019

Qu'est-ce que la pauvreté ?

La pauvreté est définie comme un écart à la médiane. Imaginons que vous soyez sur un îlot de milliardaires. Si la médiane se situe à 30 milliards, celui qui en possède 15 est un pauvre !

Mais est-ce cela la pauvreté ? Et si l'on cherchait du côté de chez Maslow ? Maslow disait que, pour que l'homme devienne ce qu'il a le potentiel d'être (métaphore de l'arbre), il a besoin de conditions favorables. Et si la pauvreté c'était ne pas disposer de ces conditions ? Par exemple, ne pas avoir accès à une école, à une justice, à un service de santé, à une nourriture... corrects ? Et si la pauvreté était une question de "droits de l'homme" et pas d'argent ?

La défense des pauvres crée la pauvreté ?

Depuis 50 ans, on entend qu'il faut "défendre les pauvres". Mais il n'y a jamais eu autant de pauvres ! A croire qu'on les aime tant qu'on les crée !

On découvre, aussi, que la classe moyenne a pris un choc. (Même l'OCDE s'en est rendu compte, récemment.) Lien de cause à effet ?

Après guerre, on voulait étendre la classe moyenne. Il est possible que l'on ait pensé que c'était une garantie anti-instabilité (une idée d'Aristote). Maintenant, on prélève sur la classe moyenne, pour donner au pauvre. "L'aide aux pays pauvres, ce sont les pauvres des pays riches qui donnent aux riches des pays pauvres" : est-ce ce qui s'est passé en France ? Car l'argent semble s'être perdu.

Intellectuel : de la vérité à la post vérité ?

L'histoire des intellectuels commence avec l'affaire Dreyfus, si l'on en croit Michel Winock. L'affaire Dreyfus n'est pas tant une question de justice ou d'antisémitisme, pour l'intellectuel, c'est une question de vérité. L'intellectuel est le combattant de la vérité.

Mais, l'intellectuel est devenu post moderniste. Il met sa parole au service du bien. Il ne défend plus la vérité, il la crée. (Voilà pourquoi il a si vite forgé le mot "post vérité" pour M.Trump : il était furieux que ce dernier lui ait emprunté sa technique ?)

mercredi 17 avril 2019

France dysfonctionnelle

Un ami a des difficultés avec sa ligne téléphonique. Il peste : les techniciens de l’opérateur concerné ne le considèrent pas comme un client. Je lui fais observer que la France est le pays de l’escalator en panne et de l’organisation dysfonctionnelle. Qu’il s’agisse d’un serveur, d’un personnel hospitalier ou d’un technicien, pour être servi, il faut commencer par le servir. Ce qu’a fait mon ami. Il a accompagné le technicien dans son travail. Puis lui a prêté une échelle. Sur laquelle le dit technicien s’est rendu compte que le problème ne venait pas de sa société, mais il l’a réparé.

Le grand débat : "j'accuse" ?

M.Macron n'a pas encore présenté le programme que lui inspire le "grand débat". Il a pensé que la France prêterait plus d'attention à Notre Dame, en flammes, qu'à son discours. Peut-être aussi que cela lui laisse un peu de temps pour réfléchir.

D'après ce que disait un sondeur, interrogé pas France Culture, le sentiment général est que l'on paie de plus en plus pour en avoir de moins en moins. La population n'a rien contre le service public, seulement, elle constate que sa dégradation est inversement proportionnelle à l'augmentation des prélèvements.

Cela sera-t-il compris par le gouvernement ? Ou entendra-t-il : moins d'impôts donc moins de service public ? Car, n'est-ce pas là le problème : si le service public s'est dégradé, c'est parce que celui qui en est responsable n'a pas été capable de remplir sa mission, or, comment pourrait-il se changer ?

(Les journalistes de France Culture fournissent une surprenante illustration à cette thèse. Ils étaient inquiets de constater que plus personne ne veut payer la redevance de l'audiovisuel public. Or, plutôt que de s'interroger sur la façon dont ils font leur métier, ils accusaient un "manque de pédagogie" !)

mardi 16 avril 2019

Rénovation de Notre Dame de Paris

Nettoyage par le vide. On a voulu rénover Notre Dame, on l'a détruite. J'ai pensé à une de mes missions pour une entreprise de rénovation de bâtiments historiques, en voyant notre Dame en feu. J'ai pensé que cela ferait du travail pour son corps de métier.

Les bâtiments historiques le sont-ils ? La charpente n'était pas d'origine. La flèche qui s'est effondrée était construite par Viollet Leduc. Celui-ci semble plutôt avoir suivi les plans de Victor Hugo que ceux des créateurs du bâtiment, pour peu qu'il y en ait eu. Ces derniers n'étaient pas assez authentiques, pas assez "moyen-âge", sans doute, pour le XIXème. La cathédrale a été sans cesse détruite et reconstruite. Les grandes orgues, par exemple, sont modifiées sans cesse.

Le propre du monument historique, c'est d'être éternellement jeune ?

Dr Jeckhill and Mr Hyde, et autres histoires, de Stevenson

Stevenson est l'auteur de l'Ile au trésor, et du Dr Jekyll, ce dont je ne me souvenais pas. Dans ce livre sont reprises trois de ses longues nouvelles. Outre Dr Jekyll, deux autres se passent dans les îles des mers du sud, où Stevenson a achevé sa courte vie.

Y a-t-il des choses en commun ? Peut être la complexité des pulsions avec lesquelles l'homme, ou certains hommes, sont aux prises. Dr Jekyll est une histoire fantastique. Mais aussi une réflexion étonnante sur le mal : au fond, quelqu'un qui ne serait que "mal" serait heureux ! Les deux autres nouvelles sont un peu plus réalistes. Après la haute société de Londres, et le froid et la grisaille, c'est la chaleur et la lumière, et le monde des aventuriers venus chercher fortune. On y croise des personnages faibles ou inquiétants. Mais aussi des gens humbles et droits.

Intéressant, mais pas un choc littéraire.

lundi 15 avril 2019

Big Google

Google parle de ses échecs comme d'un bien, inévitable pendant de l'entrepreneuriat. Mais n'auraient-ils pas pu être évités ? Google+, par exemple, n'avait rien de bien séduisant. De même que cette plate-forme de blogging. Or, à chaque fois, Google affronte ou affrontait une entreprise dont le produit était sa raison d'être.

Google donne l'impression d'être une bureaucratie. Ce qu'il fait est soviétique. Sa vache à lait est son moteur de recherche. Il n'a rien de brillant, mais il occupe un monopole. Pour le reste ses succès se situent là où il n'y a pas de concurrence. Par exemple son système d'exploitation pour mobile ou ses bibliothèques d'algorithmes.

La technostructure ou la politique de la terre brûlée ?

J'ai étudié la réforme politique comme "changement" (Un aperçu.) Elle donne presque toujours le contraire de ses objectifs. Et si ces réformes n'étaient pas que ridicules, mais avaient un effet cumulé ?

Depuis la guerre, le rôle de la technostructure est de "moderniser" le pays. Et si elle continuait à croire que c'est sa mission ? Et si elle favorisait les secteurs dits "d'avenir" ? Pour cela, elle devrait trouver des ressources ailleurs, dans ce qu'elle jugerait dépassé. D'un côté on aurait la start up et le premier de cordée, de l'autre l'industrie et le gilet jaune ?

A cela s'ajoute une théorie que l'on m'enseignait en MBA. Elle veut que le chaos qu'est le marché soit créatif : cassons l'ordre, le vieux, l'allocation inefficace qu'est l'entreprise traditionnelle et il émergera "quelque chose" (que, par définition, on ne connaît pas) de mieux.

Et si la technostructure se trompait ? Et si elle détruisait la forêt sans avenir,  parce qu'elle empêche les nouvelles pousses de sortir ? Et si elle créait un désert ?

(La taxe de production : origine de cette interrogation.)

dimanche 14 avril 2019

Gauche et droite : même combat ?

Bernard Kouchner disait à France Culture qu'il avait tôt découvert que la gauche et la droite avaient quasiment les mêmes idées. (A voix nue.)

Histoire de la laïcité en France montre peut-être ce phénomène à l'oeuvre. Dans un premier temps la gauche réforme l'école, façon 68. La droite réagit en relançant l'école privée. L'école laïque de la 3ème République a vécu. Idem, les réformes de gauche du temps de travail désorganisent la fonction publique. La droite réagit en coupant les vivres à la dite fonction publique, ce qui amplifie le chaos.

Et si gauche et droite étaient la manifestation d'un même principe : l'individualisme ? Leur point commun est de s'attaquer aux institutions collectives ?

(Faut-il remettre l'individualisme à sa place, et à "refaire" un rien de collectif ?)

Parallèle entre opposés

Il est curieux d'entendre les forces opposées utiliser les mêmes arguments. Par exemple Monsanto dit que "la science" a montré l'innocuité de ses produits. Ou encore, les entreprises veulent pouvoir attaquer en justice les Etats. Or, si l'on prend le camp adverse, celui du développement durable, on entendra que la science a dit qu'il fallait arrêter le réchauffement climatique, et qu'il faut attaquer en justice les Etats pour qu'ils défendent le climat.

Comme le dit la systémique, les opposés sont souvent les deux manifestations du même phénomène. Ici c'est la "volonté de puissance" individualiste, probablement. Elle utilise la force pour faire plier la communauté à ses idées.

samedi 13 avril 2019

Homosexualité et Eglise

Homosexualité et Eglise : conséquence de la promiscuité et de règles "contre nature" ?

Apparemment, le phénomène serait plus complexe qu'on pourrait le croire : l'Eglise attirerait des homosexuels refoulés, qui ne trouveraient pas leur place dans la société.

Mariage pour tous ?

Un maire à l'Elysée ?

A 15 ans déjà de Gaulle écrivait que le "général de Gaulle" sauvait la France. Le général de Gaulle voulait "la grandeur de la France". Un voeu ruineux. La nation était-elle d'accord avec lui ? Et si nos présidents se croyaient élus pour réaliser le projet qu'ils portent depuis leur naissance, alors que personne n'en veut ? Et si ces réformes incessantes étaient le mal, et pas sa solution ?

Et si la France désirait un maire plutôt que Jeanne d'Arc ? Pas un maire qui ruine ses administrés en Jeux Olympiques, mais un maire de petite ville, qui entretient avec amour ses institutions, sans rêver de gloire ou d'abstractions ?

vendredi 12 avril 2019

Palais de l'Elysée ou Fort Alamo ?

Le "grand débat" en a-t-il été un ou a-t-il été l'occasion pour M.Macron de se donner en spectacle ?LREM présente à l'élection européenne une équipe inaudible. Elle semble constituée de techniciens inconnus. Idem pour le dernier remaniement gouvernemental.

Le groupe qui est autour de M.Macron est de plus en plus homogène : des jeunes inexpérimentés venus des meilleures écoles, non scientifiques, et des meilleurs milieux ? Repli sur soi et déni de réalité ?

ENA et inégalités

Les rangs de classement de MM. Macron, Giscard d'Estaing, Hollande et Chirac, à la sortie de l'ENA sont 5, 6, 8, 10. Sur nos 6 derniers présidents, il n'y a que M.Sarkozy et M.Mitterrand qui n'en soient pas diplômés. Ce qui était impossible pour M.Mitterrand, puisque l'ENA n'existait pas lorsqu'il faisait ses études. (Idem pour M.Pompidou.)

Problème ?

(Source : wikipedia.)

jeudi 11 avril 2019

Start down nation

Lyft est entré il y a peu de temps en bourse. Depuis, son titre a perdu un quart de sa valeur. (Alors que la bourse est, globalement, en hausse.)

Notre gouvernement semble avoir une admiration sans bornes pour ce type de sociétés et chercher, à coups de milliards prélevés sur le reste de l'économie, à créer les conditions pour qu'elles naissent en France. Judicieux ?

Que veut le peuple ?

J'ai regardé le fil twitter du "grand débat". D'un côté les annonces du gouvernement, de l'autre des insultes. J'ai bien peur que le gouvernement ait fait le contraire de ce que je lui conseillais en janvier.

Que veut le peuple ? Comme cet agent de la DGSE qui disait, dans une émission de France Culture, qu'il en apprenait beaucoup des taxis, mes sources ne sont pas représentatives. Mais, elles me font penser que le Français en veut peu. Il constate que ce qui marchait ne marche plus. Il a l'impression que ceux sur lesquels il devrait pouvoir se reposer le trahissent (plus par incompétence que par malhonnêteté ?). Il aimerait, simplement, que tout le monde fasse son travail correctement.

Le gouvernement l'a-t-il fait ?

mercredi 10 avril 2019

La justice et le politique

M.Netanyahou semble devoir être réélu. Heureusement pour lui, car il est poursuivi par la justice.

Il y a d'ailleurs quelque-chose de curieux. Beaucoup de leaders "populaires" ont la justice sur le dos. Y a-t-il corrélation entre ce qu'aime le peuple et ce qui est malhonnête, ou la justice ne serait-elle pas totalement aveugle ?

Aux USA, la justice est devenue caricaturale. Dès qu'un homme politique surgit, on lui fait un procès. Le mal américain gagnerait-il le monde ? Le système judiciaire pourrait-il avoir des biais systématiques ?

Le CNRS ou Les misérables

France Culture célébrait les 80 ans du CNRS. Entretien avec son PDG et le directeur du Collège de France. Interviews de gens fameux étant passés par le CNRS.

J'en retiens que le CNRS n'a pas les moyens de payer ses chercheurs. Mais, les salaires lui coûtent tellement cher (pas loin de 85% de son budget), qu'il n'a plus les moyens de leur donner de quoi travailler ! Exception française. Quant aux prix Nobel interviewés, ils déclarent que, dans les conditions actuelles de recherche conditionnée par l'économie et les appels d'offres, ils n'auraient jamais pu réussir.

Le ridicule ne tue pas.

mardi 9 avril 2019

L'extraterrestre Macron ?

Politico EU donne des nouvelles des institutions européennes. On y rapporte les déclarations de M.Macron. Je m'interroge. M.Macron semble parler en son nom propre. Deux questions. Ne devrait-il pas se préoccuper de son opinion nationale, et s'assurer qu'elle sait, et est d'accord, avec ce qu'il dit ? Ce qu'il dit, justement, est-il jugé pertinent par les autres chefs de gouvernement européens ?

Je me demande s'il ne ressemble pas à George Mikes. George Mikes, Hongrois installé en Angleterre, explique que les Anglais ne savent pas parler anglais. Le véritable anglais est celui qui est parlé en Hongrie. Et si M.Macron avait inventé son "libéralisme", et si, d'une part, il découvrait que ce n'était pas celui des libéraux, et, d'autre part, qu'il n'est plus à la mode et que ce qui l'est est ce qui fait que la nation qui l'a élu résiste au libéralisme, comme elle a résisté à la guerre d'Irak ?

L'ère de la technocratie ritualiste

Nous sommes une technocratie, pas une démocratie. Non seulement la bureaucratie étatique est une machine gigantesque, mais les multinationales sont, elles aussi, des bureaucraties qui ont un poids formidable.

Le principe de la technocratie est "l'artificiel" par opposition au "naturel" (cf. Herbert Simon). La technostructure trouve la vérité dans sa tête, dans ce qu'elle a étudié. Elle ignore le monde.

Curieusement, on est arrivé au delà de ce qu'avait prévu Max Weber. Il disait, en substance, que la bureaucratie était constituée de gens compétents, les fonctionnaires, dirigés par des incompétents, les élus du peuple. Or, aujourd'hui, même les élus sont des fonctionnaires !

Après guerre, la bureaucratie a fait l'objet d'une quantité de travaux. Par exemple ceux de Robert Merton, ou de Michel Crozier, en France. Tous montraient qu'elle était aux prises avec des cercles vicieux systémiques. C'est une forme de ritualisme. Le membre d'un système oublie ce pourquoi le système a été créé, pour vénérer le système lui-même.

Faut-il s'inquiéter ?

lundi 8 avril 2019

Epater le bourgeois, est-ce une politique ?

Bobos in paradise dit que le mot d'ordre de l'élite est "épater le bourgeois", le provoquer. Cela explique certainement la stratégie des démocrates américains, qui ne cherchent pas tant à gagner les élections qu'à choquer les électeurs de M.Trump.

Cela expliquerait aussi pourquoi, après avoir défendu le mariage libre, la gauche s'est faite la championne du mariage pour tous. Elle est mue par une "contre culture". Elle cherche les valeurs de la culture, pour les provoquer. Les "valeurs socialement avancées" ont pour but de choquer les valeurs sociales ? Que la société adopte ces contre valeurs et "l'intellectuel", par réaction, défendra ce qu'il combattait ?

Voilà pourquoi les pouvoirs de gauche n'ont eu aucune action politique ? Ils se payaient de symboles ?

Flaubert est le modèle du Bobo. Non seulement il a vécu de ses rentes, mais il a empêché sa nièce de faire un mariage d'amour, pour un mariage bourgeois (qui a mal tourné, et a ruiné Flaubert). "L'intellectuel" n'est pas qu'un bohème, c'est surtout un (grand) bourgeois. Il est imprégné des valeurs qu'il combat. L'académie française est pleine de soixante-huitards.

("L'intellectuel" serait-il un gosse de riche qui veut conserver le confort, l'irresponsabilité, de l'enfance ?)

Faire payer les riches ?

Une gilet jaune disait : "il faut faire payer les riches". Ce n'est pas original. Mais ça ne semble pas avoir marché par le passé. En effet, la richesse est inégalitaire. En grande partie elle est possédée par peu de personnes. Il leur est aisé de s'enfuir, ou de procéder à des mesures de rétorsion : nous sommes tous dépendants les uns des autres. (Voir ce qui s'est passé au Vénézuéla.)

Y aurait-il d'autres solutions ? Il y a eu déversement des riches vers les pauvres, sans révolution. Ne serait-il pas possible que le phénomène ait lieu dans l'autre sens ? Un ouvrage traitant de l'émergence du Bobo, disait que les nouvelles classes dirigeantes pensaient n'avoir aucune responsabilité sociale (elles estiment qu'elles doivent leur fortune à leur mérite). Est-ce ce qu'on appelle "oligarchie" en Russie ? Le détournement, à leur profit, des biens collectifs par ceux qui en avaient la charge ? Un retour, modéré, au passé ne permettrait-il pas de conserver les avantages acquis, sans risquer une révolution, et en étant récompensé par la reconnaissance générale ?

dimanche 7 avril 2019

Vax ou Antivax ?

Mouvement anti-vaccins. Origines ? Apparemment les anti-vax reprennent du poil de la bête actuellement. C'est l'effet de l'individualisme ambiant. D'ailleurs les anti-vax étaient au creux de la vague pendant les périodes de guerre, alors que la vaccination faisait des dégâts... Mais alors il n'était pas permis de critiquer la nation.

Curieusement, vax ou anti-vax se ressemblent. Ce sont des actes de foi. Initialement, la vaccination tue relativement souvent, parfois des gens qui ne seraient pas morts sans vaccination (comme lorsque le procédé vaccinal transmet par inadvertance la syphilis)... On ne comprend pas ce qui se passe. Pas certain que si l'on devait recommencer aujourd'hui de la même façon, le principe de précaution ne mettrait pas un terme à la carrière de Jenner et de Pasteur.

Vax et anti-vax : deux faces d'une même pièce ?

Bug de Boeing et fiabilité de l'aviation civile

L'accident des Boeing 737 Max pose deux questions : y a-t-il un problème "émergeant" de fiabilité des avions modernes et peut-on croire Boeing s'il dit qu'il a réparé son avion ?

Ce qu'on lit :
  • Le 737 Max serait une version à peine modifiée du 737, qui a 50 ans. Un avion parmi les plus vendus. Argument : pas besoin de former vos pilotes. Probablement aussi : un nouvel avion pour pas cher. 
  • Le changement tiendrait à un nouveau moteur. Ce moteur a conduit à une modification du comportement de l'avion, que l'on a cherché à corriger par un système informatique, en particulier pour que le pilote ne se rende compte de rien. 
  • Pour des raisons inconnues ce système ne serait pas pourvu des redondances habituelles. 
  • La validation du système n'aurait pas été faite par un organisme indépendant, mais par Boeing. 
  • Le développement de l'avion aurait pris du retard, les tests de vol ne se sont pas bien passés, et il y avait donc des raisons pour aller vite et ne pas prêter attention aux mauvaises nouvelles. 
Scénario habituel du bricolage qui a des conséquences imprévues ? Ou culture pervertie par la soif du gain, ou la gestion par les coûts ?

Quant à mes questions. Pour la première, il semble qu'il faille remettre en place les processus traditionnels de certification. Pour la seconde, il est possible que la phase de test et de mise au point du 737 Max ne soit pas finie... Avec une probabilité, faible mais non nulle ?, qu'il y ait une erreur de conception définitive.

(USA Today ; France Culture.)

samedi 6 avril 2019

Michel Foucault ou l'instrumentalisation de l'autorité ?

Le philosophe Pierre Vesperini parlait de Marc Aurèle. Quand on étudie ce qui se disait à l'époque de Marc Aurèle, on en arrive à une interprétation des écrits de cet empereur qui est totalement différente de celle qui domine la pensée française. En particulier, Marc Aurèle n'est pas un stoïcien, le membre d'une secte, mais une personne qui se sert de différentes disciplines de la pensée pour guider sa vie. Les travaux de Michel Foucault, en particulier, reposent sur une interprétation tronquée des textes.

Les philosophes et les scientifiques patentés ont-ils eu le tort d'utiliser leur position d'autorité pour servir leurs combats personnels ? Devrait-on s'interroger sur ce qu'exige, en termes de rigueur intellectuelle, "la science" ?

Qu'est-ce que le pragmatisme ?

Le pragmatisme est un des grands courants philosophiques mondiaux. Il est traditionnellement puissant aux USA. Il semble aussi proche de la pensée chinoise (ou d'une forme de pensée dominante).

La raison n'est qu'un outil, mais elle croit être la réalité, ou savoir ce qu'est la réalité. Le pragmatisme me semble être une tentative de contrôle de la raison par la raison, de même que l'on apprend à utiliser un outil. Par exemple, les lois de la physique ne disent pas ce que sont les lois de la nature (y en a-t-il ?) mais permettent de concevoir des outils qui nous sont utiles. Le pragmatisme, c'est la science comme autre nom d'une pensée qui pense correctement (ce que Descartes et Edgar Morin appellent "méthode").

Après une période où l'on a fait grand usage de l'utopie, marxisme, nouvelle économie, consensus de Washington, block chain ou autre intelligence artificielle, le retour sur terre pourrait s'appeler pragmatisme.

vendredi 5 avril 2019

Taxe de production

Les taxes de production sont un type d'impôt qui pèse sur l'industrie, beaucoup plus lourdement en France qu'ailleurs. Leur montant est supérieur à celui de l'impôt sur le revenu.

Dans les faits, consciemment ou non, l'Etat affaiblit certains secteurs pour en nourrir d'autres. Actuellement, il semble être extrêmement généreux avec les start up. Et s'il avait tort ? Et s'il détruisait des compétences nécessaires à l'économie, en créant au passage du chômage, pour alimenter une bulle spéculative ? En fait, la question n'est pas là. La question est le choix politique. Les choix qu'effectue un gouvernement peuvent être modélisés relativement simplement. Ce sont ces choix qui doivent être débattus lors d'une élection. C'est cela la politique.

Soit les politiques ne savent pas ce qu'ils font, soit ils le masquent pour avoir les mains libres.

L'étranger est-il un barbare ?

J'ai toujours vécu avec beaucoup d'étrangers (type cadre à haut potentiel). Ce qui me frappe est à quel point ils sont critiques vis-à-vis de la France. Mais aussi à quel point ils exploitent tout ce qu'ils dénoncent, et à quel point ils ne respectent pas les règles les plus élémentaires (pour nous) du vivre ensemble.

En Allemagne, quand vous ne traversez pas au feu rouge, vous êtes rappelé à l'ordre. En France, il ne semble pas qu'il y ait de mécanisme de défense des lois sociales. Peut-être que nous pensons cela inutile : nous regardons l'étranger comme un barbare ? (Ce qui est une idée chinoise : l'être humain est celui qui connaît les règles de la société.)

jeudi 4 avril 2019

La France : des libertaires unis par un projet commun ?

Y a-t-il une "culture" française, que l'immigré, par exemple, refuserait ? Les candidats à la dite "culture" n'ont rien de folichon.

J'ai eu à m'interroger sur la "culture" d'un club que j'anime, et j'ai été surpris de mes découvertes. Certes, nous nous ressemblons, notamment par nos valeurs. Mais pas par des choses qui nous rapprocheraient. J'ai fini par dire que nous étions "un groupe de libertaires unis par des projets communs".

Je me demande s'il n'en est pas de même pour la France. L'événement fondateur pour notre culture a été la Révolution. La Révolution a été un projet de transformation du monde. Depuis, la France semble passer de phases de "réaction", où elle se replie sur soi, à des phases d'innovation, où elle est poussée en avant. Cela a encore été le cas après guerre, avec le "progrès". Ce n'est ni le sang, ni le sol qui font sa culture, c'est le changement ?

(Mais un type de changement relativement désintéressé ?)

On achève bien les intellectuels ?

Ce qui se disait après guerre revient à la mode. Qu'il se soit agi de philosophes comme Camus ou Arendt, du pragmatisme ou de la théorie de la complexité / systémique (la science de l'époque), il y avait accord pour penser que ce qui suscitait les catastrophes de l'histoire était l'intellectuel. La personne qui croit qu'elle trouve la vérité absolue dans sa tête. Or, l'intellectuel a maintenant tous les pouvoirs. Avec les bons diplômes, on devient PDG ou président de la république en sortant de l'école.

Faut-il se débarrasser des intellectuels? Non. D'abord parce que l'intellectuel ne tient pas à ses idées. Il en change sans arrêt. Il n'y a pas encore longtemps, tous les intellectuels étaient marxistes. Qu'en est-il aujourd'hui ? Et, d'ailleurs, pourquoi ont-ils changé d'idée ? Influencés par la masse ? Ensuite, être un intellectuel est une pathologie, semblent dire les neurosciences. La partie du cerveau liée à la raison domine. N'ayant pas de conviction, ou ayant des convictions restées à l'état infantile, l'intellectuel est incapable de décider. C'est pourquoi il est amoureux des idées. Idées des autres. Il est mal fini, donc. Ce qui ne signifie pas qu'il ne peut pas être achevé.

mercredi 3 avril 2019

M.Macron à Paris

La mairie de Paris pourrait-elle échoir aux amis de M.Macron ? C'est ce que l'on dit.

Le camp Macron est convaincu que la ville est macroniste. Est-ce vrai ? M.Macron doit séduire le Bobo de droite (trader), mais pas le Bobo de gauche (universitaire ou fonctionnaire). Et il y a une importante minorité anti-Hidalgo, façon 16ème, qui ne doit pas se reconnaître dans les valeurs "avancées" de M.Macron.

Reste que M.Macron pourrait réitérer le coup de la présidentielle. (Voilà ce qui éclaircirait un mystère : pourquoi est-ce que LREM présente autant de candidats maires.) Il y a certainement une volonté de "dégagisme" à Paris, et un disciple de M.Macron serait la seule solution crédible. Seulement, y en a-t-il un qui soit compétent et expérimenté ? Un débat entre ce candidat et Mme Hidalgo finirait-il comme celui du second tour de la présidentielle ? Même en France, il y a des limites au règlement de comptes ?

Economie politique : faut-il la réinventer ?

J'ai été frappé par le fait que Friedrich List, le théoricien du protectionnisme, avait appelé son livre "système national d'économie politique". Qui parle encore "d'économie politique" ?

Pour nous l'économie, c'est le marché. C'est l'offre et la demande qui s'équilibrent. Mais c'est aussi l'arme de la désertification : c'est à coup de calculs économiques que l'on démontre que pour faire des économies, les écoles et les hôpitaux doivent aller là où il y a déjà des écoles et des hôpitaux. D'où spéculation immobilière. D'où gens exclus des zones d'emplois. D'où chômage. D'où diminution de la capacité de production de la société, d'où besoin d'économies...

L'économie politique me semble un calcul économique a posteriori. L'économie politique étudie les facteurs de production. Et ces facteurs sont des talents collectifs qui mettent des années à apparaître. (Le GAFA est le résultat de toute l'histoire des USA, en particulier de l'histoire de ses formidables efforts de guerre.) Ce n'est qu'une fois qu'ils existent que le marché peut en faire quelque-chose, et que l'on se rend compte que l'on est riche.

J.K. Galbraith disait que la science économique était une rationalisation des intérêts de ceux qui possédaient le pouvoir...

mardi 2 avril 2019

Serge Tchuruk

Huawei fait penser à Serge Tchuruk, le dirigeant d'Alcatel. Serge Tchuruk est probablement l'exemple même de ce que provoque la technocratie française lorsqu'elle dirige une entreprise. Dans un secteur qui a produit Apple, Foxconn, et Huawei. Alcatel est allé, de manière extraordinairement déterminée, exactement à contre-courant, jusqu'au naufrage. Idéal-type du cercle vicieux systémique.

Le plus intéressant, ici, est la question de la responsabilité. Imaginons que vous ayez été un des employés d'Alcatel victimes de cette stratégie. Vous auriez peut-être vécu des moments difficiles, mais vous auriez votre conscience pour vous. Et, surtout, si vous êtes parvenu à retrouver une situation, vous avez le sentiment d'avoir vécu une aventure. Vous êtes fier de vous. Mais, qu'il doit être désagréable de vivre, à perpétuité, dans la peau du capitaine qui est allé droit sur l'iceberg !

L'éducation nationale ou la réforme technocratique

Manifestations contre la réforme du lycée. Un des sujets de mécontentement toucherait l'enseignement des mathématiques. Quelqu'un quelque part aurait décidé que l'avenir exigeait d'un petit nombre d'élus un niveau de mathématiques sans précédent. "Donc", certains élèves vont recevoir une formation exceptionnelle, et les autres plus de formation du tout... A cela s'ajoute le fait qu'il n'y aurait pas les moyens d'appliquer les textes du gouvernement.

Où l'on voit les invariants de la réforme en France :
  • Une réforme qui est passée en douce, sans discussion. ("Ils" ne comprendraient pas ? "Ils" résisteraient au changement ?)
  • On en demande toujours plus, en en donnant toujours moins. 
Vivons-nous dans une démocratie, ou dans une technocratie ?

(D'après Europe 1. Au fait, où va se recruter la petite élite mathématique ?)

lundi 1 avril 2019

Haine de soi du Français

Alain Finkielkraut semble dire que la France se hait. Il me semble que c'est une erreur. Cela revient à confondre les idées de ceux qui dirigent le pays avec celles du reste de la population.

Après guerre, il nous est venu à l'esprit que la nation devait être dirigée par des gens éduqués, plutôt que par des gens sachant en diriger d'autres. Or, la culture des gens éduqués était une "contre culture". En conséquence de quoi, ceux qui nous dirigent sont contre nous.

Mais les choses peuvent changer. Il suffit de remettre les intellectuels à leur place. Ils seront d'ailleurs certainement plus heureux dans un rôle de critique que dans celui de responsables.

(Une contre culture n'est pas une culture. Une contre culture n'a d'existence que tant que la culture à laquelle elle s'oppose existe. Une contre culture est peut-être la culture de l'adolescent qui s'oppose à ses parents, d'ailleurs. Et si l'intellectuel était simplement un enfant attardé ?
La genèse du Bobo.)

L'humanisme commence par le rire

On en appelle à un "nouvel humanisme". Comment passer à l'action ?

Rabelais dit : "le rire est le propre de l'homme". On rit de moins en moins. 68 semble avoir déclenché une contre-révolution puritaine. Or, le rire, c'est la manifestation du bonheur. Rire renforce le système immunitaire. Mais c'est surtout le signal que notre esprit s'égare, selon Bergson : nous confondons l'artificiel et le réel. Course vers le néant.