Pour Chris Riddell (The sporting life, CAM n°60), quand nous assistons à une représentation de notre sport national, nous affirmons notre adhésion à ce que notre pays prétend être. Rome et les jeux du cirque :
les spectateurs donnaient un gage d’allégeance publique à une certaine image de Rome, à une citoyenneté hiérarchique mais en interaction, chacun se regardant et étant regardé. Faire partie d’un groupe, un moment, simplifie un monde complexe et y rend la vie plus facile.
Le Super Bowl est le grand moment sportif américain, un moment lors duquel la publicité compte au moins autant que le sport :
l’Amérique et le football américain sont relativement jeunes mais obsédés par la célébration de leur propre histoire ; ils parlent hautement d’idéaux et de caractère tout en affichant ouvertement leur préoccupation de gagner de l’argent. Le Super Bowl fait comme si le reste du monde n’existait pas.
La compétition d’aviron entre Oxford et Cambridge marque l’année anglaise : selon les interprétations, elle signifie « équité, persévérance et subordonner l’intérêt personnel à celui du groupe » ou est « un symbole d’élitisme et de privilège ».
La sport national français serait le Tour de France. Lui ne parle ni d’élite ni d’une nation repliée sur elle-même : « Le Tour de France accueille le monde et le rend français », « Les coureurs du Tour viennent traditionnellement de milieux pauvres, et les gens s’identifient à eux ». Ce symbole vient des profondeurs de l'histoire. « Le Tour a ses origines dans les processions monarchiques, qui démontraient la grandeur de la France ; dans le tour de France du compagnon ; et dans la technique pédagogique qui permettait d’enseigner la France aux élèves grâce à un tour de France virtuel ». Il se réinventerait sans cesse en fonction des aspirations de la nation.
Tout ceci me surprend. Le Tour de France, avec ses coureurs surdopés, est-il une communion nationale ? N’est-il pas dénoncé comme ringard par Canal+ qui lui préfère le football et ses revenus ?
Si le mythe fondateur de notre nation est quelque chose qui s’appelle la « France », détentrice bienveillante de valeurs universelles, je comprends mieux notre dépression actuelle : si la France n’existait pas, tout serait permis ? Sans ce qui nous faisait nous transcender dans les grands moments, sans ce que Montesquieu appelait « honneur », plus rien ne fait oublier notre médiocrité mesquine, que nous renvoient en miroir notre gouvernement et notre équipe de football ?
2 commentaires:
Dans l'époque du web dit "2.0" qui est défini par la collaboration, l'interaction et l'esprit de communauté, je trouve que l'équipe nationale de football en France donnerait une mauvaise impression.
Cependant, il y a, dans l'histoire de ces sports des racines intéressantes (j'adhère quant à l'aviron en GB et le Super Bowl au EU); mais si on met sous le microscope et regarde le de facto expérience, il y a souvent des petites histoires plus lugubres. Par exemple, le dopage parcourt le sang dans bcp de sports, y inclus le foot américain bien entendu.
Autre exemple "culturel": le "World Series" de baseball, qui concernent uniquement les équipes de baseball en Amérique du Nord, parlerait de l'ampleur démesurée de l'ego Américain.
Effectivement, le baseball comme le football semblent être des hymne à la grandeur des USA, qui se suffisent à eux-mêmes...
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