lundi 28 février 2022

Enfer et bonnes intentions

Qui se souvient du "consensus de Washington" ? A la chute de l'URSS, les USA ont pensé que le capitalisme avait gagné la partie. Plus de crises, croissance continue, lisait-on. Le paradis sur terre. C'était la "nouvelle économie". Les économistes parcouraient le monde et donnaient des leçons. Il s'en est suivi une succession de crises, terribles. Turquie, Venezuela, Argentine, Mexique, Corée du sud, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Russie et Brésil 

Curieux : comment s'expliquer que parmi ces pays, il y ait quelques-uns de nos pires ennemis ?

Puis, il y a eu les armes de destruction massive et l'invasion de l'Iraq. Puis les printemps arabes, et le renversement de régimes qui jusque-là étaient des alliés de l'Occident contre le terrorisme... 

Et maintenant la Russie envahit ses voisins. Aurait-elle mal compris l'exemple que lui a donné l'Occident ? Serait-il temps de le clarifier ?

(Consensus de Washington.)

Innovation au 21eme siècle

De mon temps on innovait à l'intérieur de l'entreprise. Maintenant, c'est l'affaire des start up. Qu'est-ce que cela change ? 

Innover est avant tout une affaire d'équipe. Il faut combiner des talents. Cela est naturel et facile à l'intérieur d'une entreprise, mais pas à l'extérieur. D'autant que la start up n'a pas d'argent, or, elle doit tout acheter...

Mais la start up a des avantages, qui ont fait son succès. C'est que la bourse ne comprend rien à l'innovation interne. Elle la confond avec un coût. Donc, la grande entreprise et ses dirigeants, salariés à stock options, ont tout intérêt à ne pas innover. Et ce, d'autant que les start up sont devenues des objets de spéculation. Les virtuoses du beau discours vivent, sans gagner d'argent, pendant très longtemps. 

Seulement, ce sont des objets extraordinairement inefficaces. L'argent de la spéculation donne bien peu de résultats tangibles.

On essaie de compenser cette inefficacité par des moyens essentiellement publics : en les faisant profiter de la recherche universitaire, où en les installant dans des accélérateurs. Seulement, ces accélérateurs sont faits d'entreprises qui se ressemblent. 

Une solution intermédiaire est le "business cluster". C'est un écosystème, qui a la richesse de compétences de l'intérieur d'une grande entreprise, mais qui est constitué d'entreprises. Cela marche ou ne marche pas selon la nature des liens qui se tissent entre entreprises. Paradoxalement, elles ne doivent pas avoir de secret les unes pour les autres. Et leurs dirigeants doivent avoir suffisamment d'énergie pour monter sans arrêt de nouvelles coalitions. 

La morale de cette histoire est que ce n'est pas la raison ou l'efficacité qui dirige l'économie, ou la société, mais l'air du temps. Il est probable que l'individualisme moderne est incompatible avec l'innovation à l'ancienne mode. Et qu'il a fallu compenser l'inefficacité du modèle économique qui en résulte. 

dimanche 27 février 2022

Osons agir ensemble

L'Allemagne croyait avoir une relation spéciale avec la Russie. 55% de son gaz vient de ce pays. Et elle n'a plus d'armée. L'économie la plus puissante de l'Europe risque de passer un mauvais moment. 

Au fait, sur quoi était construit cette fameuse puissance ? Une illusion ?

Le capitaliste vend la corde pour le pendre. Tout le monde semble avoir beaucoup aimé M.Poutine. L'Angleterre est pleine d'oligarques, les banques françaises ont de gros intérêts en Russie, les Italiens semblent être à la fois français et allemands... 

Quant aux frontaliers, si, eux, se méfiaient de l'empire russe, ils risquent malgré tout d'être balayés par une vague d'immigrés.

Il est probable qu'aucun de ces problèmes n'est bien grave, si l'Occident combine ses forces et va au secours des pays ou des entreprises en difficulté. Pourquoi, par exemple, ne pas lancer un programme de réduction de la consommation énergétique, qui ne soit pas que de l'incitation mais une réelle démarche de "recherche et développement", scientifique et systématique ? 

Pourquoi ne pas s'inspirer de la façon dont l'organisation américaine a gagné la guerre en 40 ?

Changement planifié

Après le changement dirigé, le changement planifié. 

De l'extérieur, le changement planifié est identique au changement dirigé. Il se fait aussi selon un plan. 

Mais de l'intérieur tout est différent. On commence par demander aux chevilles ouvrières du dispositif ce qu'elles en pensent. Si l'on prend le cas de la crise ukrainienne et de l'Europe, un changement planifié commencerait par mesurer l'impact de la crise sur chaque pays, chaque entreprise, voire chaque individu, et ensuite en tirerait un plan qui permettrait de résoudre tous ces problèmes. 

Pour le "leader du changement" tout change, aussi, il n'est plus responsable du changement, il est un donneur d'aide. Les responsables sont les dîtes chevilles ouvrières. 

samedi 26 février 2022

Guerre à l'Europe

M.Poutine veut une Russie forte, ce qui signifie qu'il ne s'arrêtera pas à l'Ukraine, lit-on. 

L'Europe est dans la situation de la France en 40. Son mal ? Ce que l'on pourrait appeler une "civilisation supérieure", qui ne peut concevoir qu'il existe des esprits primaires assoiffés de sang, mais aussi l'individualisme pathologique de "l'idiot utile", qu'il soit grand patron, homme politique ou intellectuel, dont les pulsions sont le jouet du dictateur étranger. 

Et, en plus, il y a la Chine...

L'Europe peut-elle apprendre de la France ?

(Et d'Athènes, disloquée par l'individualisme ?)

Changement dirigé

Organiser une réunion Zoom, intéressant exercice ! Je peux faire ce que je veux, il y a toujours quelqu'un qui n'a pas vu le mail d'invitation, qui n'accepte que l'invitation s'inscrive dans son agenda (ou qui n'a pas d'agenda ?), qui me demande le lien à la dernière minute, ou qui a oublié qu'il y avait une réunion, alors qu'il s'était engagé à y participer le matin.

Alors que l'organisation d'une réunion devrait être immédiate, je passe un temps fou. 

C'est cela le "changement dirigé". On installe Zoom et on s'attend à ce que tout le monde l'utilise correctement. La plupart des changements libéraux ou d'un Etat jacobin sont dirigés. La plupart des systèmes d'information sont installés ainsi. Il est là, et hop, le changement, c'est maintenant !

Bizarrement, on n'a pas compris que le changement doit changer quelque-chose, pour être un changement ! Il doit changer les règles de la société, mais il doit aussi nous changer. C'est pour cela qu'il y a des écoles et que l'on ne s'attend pas à ce qu'il suffise de papier et de crayons pour que l'enfant sache écrire. La formation déforme. 

vendredi 25 février 2022

L'identité de la France

Saint Simon voyait la noblesse de son temps en parasite de la société. En effet, elle ne produisait rien, et vivait de ses rentes. 

Tocqueville écrit que la structure de la France n'a pas été changée par la Révolution. Et si l'on avait conservé, sous d'autres noms, une aristocratie (dont le sens étymologique est "élite") exploitant un peuple de travailleurs ? Et si le colonisateur s'était fait la main sur le Français ? 

Si c'était le cas, serait-ce un phénomène propre à la France ? 

De manière surprenante, cette théorie n'est peut-être pas incompatible avec ce que disent d'elles-mêmes les classes dirigeantes. Elles ont beaucoup parlé de "destruction créatrice". La destruction de la société, selon cette théorie, est favorable à l'innovation. (L'expression vient de Schumpeter, qui dit, exactement, le contraire.) La "conduite du changement", selon elle, est ou a été de produire ce "chaos". Les revues de management furent pleines de cette théorie.

Et cela rejoint aussi "la dialectique du maître et de l'esclave" attribuée à Hegel. Les conditions que crée le maître pour l'esclave forcent celui-ci à se transcender, à se transformer, et, finalement, à remplacer le maître, devenu obsolète. 

La crise et le conflit comme principe d'une société d'individus ? 

Comment "élever" ses enfants ?

"Tiens toi droit",  "aie de bonnes notes", "votre trésorerie est insuffisante", "exportez", "faites-vous vacciner"... Gouvernements et parents ont  en commun qu'ils ne nous donnent pas envie de faire ce qu'ils nous disent. 

Curieusement, quand on y réfléchit un peu, cette attitude chiante de pépé la morale est assise sur un a priori discutable : il existe un modèle unique, pour l'enfant, l'entreprise... Autrement dit, notre histoire est finie ! 

Mais que furent les Montaigne, Pasteur, Baudelaire, Steve Jobs ? Des rebelles ! Et si le monde était à créer ? Et si le citoyen admiré n'était rien d'autre qu'un révolté qui a réussi ? 

Mais alors qu'est-ce que cela signifierait en termes pédagogiques ? Peut-être bien : cherche tes forces, et apprend à repérer ce qui leur est favorable ? "Elever" doit s'entendre au sens premier du mot ? 

jeudi 24 février 2022

Guerre en Ukraine

Apparemment, l'Occident a été pris par surprise par une guerre que M.Poutine préparait depuis dix ans...

M.Poutine, Johnson, Trump et coronavirus sont probablement bons pour l'Europe. En la menaçant, ils la forcent à faire face à ses contradictions. Et à les résoudre en urgence absolue. Ce qui est terrible à dire. 

Ce qui l'est aussi c'est de constater à quel point elle s'était laissé aller, et à quel point elle est fragile. Peut-être, même, n'avait-elle plus conscience "d'être" ? Les nations, l'Europe, l'Occident, c'était dépassé ?

Ce qui ne tue pas renforce, dit Nietzsche...

L'âge du néologisme

Romain Gary s'est longtemps cherché un nom d'homme célèbre. Ne réussissant pas, il s'est demandé s'il ne serait pas contraint de faire une oeuvre. (C'est ce qu'il écrit dans La promesse de l'aube.)

J'ai l'impression que ce qui caractérise l'époque passée a été la croyance dans le mot. Orange, Engie, Thalès, Noos... Les programmes politiques, eux aussi, n'ont été que des mots. Les fabricants de mots ont fait carrière. Mais le mot n'est que du vent.

"Mais qu'est-ce que parler en homme ? Ce n'est jamais inventer de nouveaux noms, c'est toujours mieux entendre les anciens noms" dit Alain. Le programme d'un nouvel âge ?

La Russie en perspective

La Russie fait trembler le monde. Mais qu'est-ce que la Russie ? Un nain économique. Un pays pauvre.

Serait-elle à l'image des "géantes rouges", étoiles en fin de vie qui connaissent une phase d'expansion, avant de se contracter en naine blanche, étoile à neutrons, ou trou noir ?

(Politico.eu, hier : "Russia has an economy roughly the size of Spain’s. It also has three times the population, which means ordinary Russians are poor, and they die early — life expectancy in Russia is staggeringly over a decade shorter than in Spain. Russia’s GDP per capita is now one of the lowest in Europe — below Turkey.")

mercredi 23 février 2022

Gladiateurs

Les gladiateurs romains ne se battaient pas à armes égales. Il semble qu'il en soit de même des nations. 

M.Poutine a ses tanks, ses hackers, ses mauvais coups, et son gaz, l'Europe a son économie.  

Mais une nation, c'est aussi une culture. La Russie est une dictature, l'Occident un individualisme, plus qu'une démocratie. Or, la force va aux équipes. Depuis les mésaventures de la Grèce ancienne, et celles de la France en 40, on sait que là est à la fois la force et la faiblesse de l'Occident. S'il a conscience d'un danger partagé, l'autonomie de ses acteurs lui donne l'avantage ; sinon, les appétits égoïstes le disloquent. La paix est son pire ennemi ?

Changement et tyrannie

"Rien ne presse tant un Etat que l'innovation : le changement donne seul forme à l'injustice et à la tyrannie." (Montaigne)

Cela fait, au moins, cinq cents ans que l'on répète les mêmes erreurs. Comment l'expliquer ?

Ce sont les "jeunes cons" qui réussissent. L'étroitesse de vue des milliardaires et de nos gouvernants est effrayante. C'est elle qui les pousse à croire au changement par l'utopie : "dans l’éloignement presque infini où ils vivaient de la pratique, aucune expérience ne venait tempérer les ardeurs de leur naturel" (Tocqueville). 

C'est l'aveuglement qui donne la victoire. En moyenne, l'intelligent s'en tire mieux que le borné. Mais, dans la masse des bornés, il y en a toujours un qui parvient au sommet. C'est comme cela que je vois la lutte entre le virus, degré zéro de la vie, et les êtres complexes. 

C'est peut-être sain et naturel. Mais je me demande si on ne peut pas trouver un "réglage", qui permette d'avoir les bénéfices de ce phénomène, en atténuant les crises qu'il produit. 

Stupidité massive

M.Poutine veut envahir Kiev, parce qu'elle possède des "armes de destruction massive", lisait-on hier dans Politico.eu. 

Une leçon que nos "forces du bien" devraient méditer ?

("PUTIN’S SPEECH: Putin announced his decision to move into Ukraine in a flabbergasting televised speech to his nation. He unleashed a litany of false charges about Ukraine posing an acute threat to Russia’s security, claiming Kyiv was preparing to arm itself with nukes: “With the appearance of weapons of mass destruction in Ukraine, the situation in the world, in Europe, especially for us, for Russia, will change in the most radical way,” he said.")

mardi 22 février 2022

Francemali

Le Malien serait-il complotiste ? Il dirait que si une nation aussi puissante que la France ne parvient pas à rétablir l'ordre dans son pays, c'est que cela sert ses intérêts. Son intervention est une façon déguisée de maintenir son emprise coloniale. Voilà ce que j'entendais dans une émission de France Culture un peu lointaine (Christine Okrent). 

Peut-être en vain, ai-je essayé, dans ce blog, d'expliquer comment un président de gauche avait pu prendre une telle décision. Toujours est-il qu'en écoutant cette émission, j'ai pensé qu'il ne servait à rien de critiquer nos gouvernants : ce qui ne va pas, c'est le "système". Tant que l'on ne comprendra pas qu'un pays ne peut pas être dirigé par un homme seul, on continuera à faire des bêtises, et à croire qu'il n'y a pas un président pour rattraper l'autre. Sans doute aurions nous besoin de directions collégiales à l'image de ce qui se fait dans la PME allemande. 

Il y avait plus intéressant, dans cette émission. Il était dit que la force de l'Europe était d'être unie et d'apporter à une nation son savoir-faire de construction d'une économie prospère. 

Serait-ce là l'atout de l'Occident, quand il est bien utilisé ? L'économie est le dernier en date des développements humains, et c'est l'Occident qui continue à en posséder la recette ? 

Distanciation sociale

Distanciation sociale : "mot de la décennie". Ou du siècle ? 

J'ai découvert qu'elle se pratiquait avant qu'on la décrète. Une personne m'a expliqué que, déjà, elle évitait les grands rassemblements de début d'année, car c'était là que l'on attrapait la grippe. J'ai aussi découvert que, depuis longtemps, certains DRH faisaient appliquer à leurs collègues des mesures de "distanciation" dès qu'il y avait une épidémie de quoi que ce soit. Et aussi que, pour cette raison, le port du masque était courant en Asie. (Asie qui était, donc, déjà, un foyer d'infection ?)

Je me suis aussi rendu compte que j'avais régulièrement des périodes de fièvre inexpliquées, et qu'elles ont disparu depuis que je suis isolé. 

Qu'en déduire ? Notre modèle social était-il insuffisamment "distancié" ? Le contact, qu'il soit avec l'homme, l'animal, ou la nature, a un coût, qui peut être énorme ? Apprenons à cultiver, avec parcimonie et efficacité, l'art, si précieux, du lien ?

lundi 21 février 2022

L'ordinateur fou

La réalité dépasse la fiction. En Angleterre, un programme informatique a envoyé plus de 700 personnes en prison. Dont une femme de 19 ans. 

Une autorité des neurosciences me disait qu'il ne fallait pas avoir peur de l'intelligence artificielle, car les gens purement rationnels n'étaient pas méchants. Comme nous tous, il parlait de ce qu'il ne connaissait pas.

Le programme de la Poste anglaise a fait croire à des malversations. Les postiers devaient combler les déficits créés par l'ordinateur avec leur argent, et celui de leur famille ! Quand ils étaient à bout de ressources, c'était la prison. Il leur a fallu vingt ans pour se faire entendre. Pour ceux qui ne se sont pas suicidés.

Bienvenue dans un monde dirigé par les ordinateurs ? 

(La Poste n'a pas les moyens de dédommager les plaignants. Le contribuable anglais va devoir débourser 1 milliard de livres. Les romans d'anticipation ont vu juste : l'informatique va éliminer l'homme, incarnation du mal ? Source : File on 4, de la BBC.)

Du journalisme à la BBC

En écoutant la BBC, je m'interroge sur ce que devrait être le journalisme. 

D'abord, cela me fait prendre conscience de ce que je n'aime pas du journalisme moderne. Il a souvent un côté "gros malin" : "vous ne me la ferez pas". Il est cynique, au mauvais sens du terme. Celui qui amène à se replier sur sa médiocrité méchante. Il a aussi un parti pris. Il a une ligne. En 68, on disait "d'où parles-tu ?". Eh bien le journaliste me semble souvent parler de quelque part. Il est une pendule arrêtée. Il sait ce qui est le bien. Il ne nous apprend rien.

Il me semble, au contraire, que le modèle de la BBC est l'enquête. Et l'enquête part du doute absolu. Et le doute absolu est aussi le point de départ du citoyen : le citoyen ne sait rien, mais doit se faire une opinion. C'est le juge ultime. Et il exprime son jugement par le vote. J'ai l'impression, qu'à l'origine, au moins, la BBC a voulu être la voix du citoyen. Et que c'était une très bonne idée. 

Les hasards heureux de la politique

Les défections se multiplient, de droite et de gauche. La popularité de M.Macron semble atteindre des sommets au sein du personnel politique. Le seul présidentiable à ne pas être un clown ? 

La politique est pleine de surprises. On savait la gauche en proie à l'anarchie, mais on se félicitait que la droite ait conservé un esprit de parti. Eh bien, il a suffi d'un mauvais choix de candidat, pour qu'elle se disloque.

Cela va-t-il résoudre le problème de l'inexistence des députés de M.Macron ? Va-t-il réussir à se constituer une "base" politique, parmi ses ralliés ? 

(Pourquoi M.Macron a-t-il voulu rencontrer M.Poutine ? L'Ukraine ? Et si c'était pour lui demander conseil ? Comment rester président, éternellement ?)

dimanche 20 février 2022

Dans la tête de M.Poutine

Hitler avait redressé l'économie allemande, lisait-on dans les livres d'histoire de mon enfance. D'ailleurs, l'Allemagne faisait l'admiration des USA et des hauts fonctionnaires français. Récemment, j'ai découvert un ouvrage qui montrait que l'économie allemande n'avait pas la performance annoncée, et que les dirigeants allemands étaient convaincus de n'avoir qu'une solution : la guerre. 

On se demande ce que pense M.Poutine. Mais, a-t-il la possibilité de penser ? La guerre n'est-elle pas une solution de facilité pour un Etat économiquement poussif, à la démographie déclinante, dirigé par un combattant d'élite de la guerre froide ? 

Dans l'optique structuraliste de Levi-Strauss, je me demande parfois si l'on ne pourrait pas modéliser les sociétés comme des espaces, dans lesquels les décisions seraient des billes qui roulent selon les plus grandes pentes. 

Tolstoi et Tchekov

"dans l'électricité et dans la vapeur, il y a plus d'amour du prochain que dans la chasteté et dans le refus de manger de la viande." (Tchekov)

Tchekov nous parlerait-il ?

Tchekov, pauvre qui a toute sa vie mangé de la vache enragée, s'oppose au richissime comte Tolstoi, qui nie le bénéfice du progrès, et prône le dénuement.

Tolstoi ou l'ultra Bobo ? Tolstoï et Tchekov, comme Sartre et Camus, l'éternel affrontement entre l'intellectuel privilégié, qui renie sa classe mais pas les avantages qu'elle lui apporte, et celui qui est sorti du peuple et qui lui est resté fidèle ? 

La femme et le changement

Etude sur la perception des jeunes de sujets "de société". La femme adhère fortement à ce que l'on pourrait appeler les "idées socialement avancées", alors que l'homme semble pencher vers l'attitude que l'on prête à l'électorat FN... 

Illustration de la "théorie du genre" ? Faut-il y voir une influence de la société ? 

Les jeunes hommes seraient-ils les perdants du changement ? 

samedi 19 février 2022

Guerre hybride

Guerre hybride, autre mot de l'année ? 

Les armes de M.Poutine sont bien plus que ses tanks, lit-on. Il y a le gaz et la crise énergétique, la cybercriminalité (paradoxe d'Internet, créé pour empêcher une paralysie de l'informatique mondiale !), et l'immigration. 

Quant à l'Occident, il a un équivalent de la bombe atomique : couper la Russie de l'économie mondiale. 

Ce qui coûterait très cher à l'Occident. Mais avoir peur de perdre un peu est le meilleur moyen de tout perdre. Voilà, peut-être, ce que M.Poutine est en train d'évaluer. 

De la démocratie en Angleterre

Chaque matin BBC4 parle de ce qui s'est passé au parlement. 

Les Anglais n'aiment pas leurs hommes politiques, et pourtant je trouve que leur système politique pourrait être un modèle. 

En effet, il est passionnant d'entendre des gens intelligents s'interroger sur un problème. D'autant que, contrairement à chez nous, le "constituant" est resté important pour le député. Il parle de son terroir.

Cela m'a fait penser à ce que je lis sur l'action européenne de M.Macron. J'ai l'impression que l'on n'en est pas informé. Ne serait-il pas utile d'avoir, justement, l'occasion d'entendre M.Macron dire : voilà mon diagnostic de la situation, voilà ce que je compte faire ? Avantage supplémentaire cela ferait de l'UE un sujet d'intérêt pour la population, qui ne se sent pas concernée, faute d'une information correctement formulée.

Une démocratie réelle serait probablement celle du doute. Les hommes politiques ne seraient pas supposés être omniscients. Ils apporteraient leur part de savoir, d'expérience, de convictions, et d'inquiétude pour l'intérêt général, à la résolution d'un problème. La chambre des députés servirait à instruire des dossiers. 

vendredi 18 février 2022

Munich ?

Un homme politique anglais évoquait Munich au sujet de l'Ukraine. L'Occident serait-il trop conciliant ? se demande-t-on en Angleterre. 

Peut-être peut-on interpréter Munich autrement. 

Je me souviens d'un roman d'espionnage dans lequel il est question d'un Soviétique qui propose à l'Ouest d'espionner pour son compte et lui demande les questions qu'il se pose. En réalité c'est une manoeuvre pour savoir ce que l'Ouest sait ou non. 

Dans le cas ukrainien, les intentions russes nous sont inconnues. L'objectif est-il l'Ukraine ? Ou autre chose ? Par exemple tester la cohésion d'un Occident post Brexit et America great again ? Comme à Munich ?

Mythes de mon enfance

J'ai écrit sur les mythes de mon enfance... 

Ma famille avait du respect pour les gens qui s'étaient faits eux-mêmes. Il y avait quelques scientifiques, comme Fleming, mais aussi beaucoup de sportifs, et de personnes de spectacle. Ils avaient le talent de faire des études, mais n'en avaient pas eu les moyens. Alors, ils avaient pris d'autres voies. 

Dans la mythologie familiale, souvenirs de guerre vécue en Corrèze, période d'angoisse ?, il y avait aussi la résistance et ceux qui avaient abrité des résistants. 

Paradoxalement, dirait-on aujourd'hui, ces gens estimés étaient en grande partie des étrangers. Comme Mimoun ou le Romain Gary de La promesse de l'aube. Pour ma famille, on ne naissait pas Français, on le devenait ?

Peut-être la France, sa classe moyenne ?, lui ressemblait ? 

jeudi 17 février 2022

Le paysan : un modèle ?

Il y a quelques temps j'ai interviewé les dirigeants du FMSE. C'est le fonds de solidarité des agriculteurs. Il permet de distribuer des aides sans contrevenir à la réglementation européenne sur la concurrence. Nos agriculteurs ont du génie ?

Ils m'ont raconté qu'ils n'avaient pas attendu le coronavirus pour constater que leurs exploitations étaient dévastées par les calamités. Il y a le temps et les virus. Ils ont été les premiers à observer les "externalités négatives" de la globalisation. 

Pourrait-on s'inspirer de leur exemple ? 

Tout leur souci est de maintenir leurs revenus à flots. Résilience, maître mot. Pour cela, ils font feu de tous bois. 

Seulement, si je comprends bien, dans ce dispositif entrent beaucoup de subventions à la calamité. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui, en ce qui concerne les nations, pour le coronavirus et l'entreprise. 

En bref, la conclusion que l'on peut tirer de cette expérience est que notre capitalisme avait un coût insoupçonné. Il se prête aux crises sanitaires ou politiques. Ses coûts peuvent-ils être réintégrés dans les prix qu'il pratique, sans produire une crise, ou faut-il envisager un autre modèle de société ? 

Meilleur des mondes

A l'époque où je travaillais avec les Chambres de commerce, leurs dirigeants me disaient qu'ils avaient la nostalgie des communistes : ils étaient convaincus qu'ils ne connaissaient rien à l'entreprise, mais ils voulaient de l'emploi. Tant que l'entreprise en fournissait, ils laissaient la Chambre faire son travail.

En écoutant l'histoire d'Ernest Bevin, je me suis demandé s'il n'aurait pas été plus efficace pour tout le monde que les syndicalistes aient été de droite. Les employés auraient bien gagné leur vie, et il n'y aurait pas eu de grèves. 

Comme dans ces histoires que l'on me racontait dans mon enfance, selon que l'on met une personne à un endroit ou à un autre, on obtient le paradis ou l'enfer ? Et c'est la raison et le bon sens qui pavent ce dernier ?

mercredi 16 février 2022

Une page est tournée ?

Levelling up, le programme de M.Johnson, c'est l'enterrement de Mme Thatcher. Et Tony Blair est un gros mot en Angleterre. 

Je lisais qu'il en serait de même de Schröder, en Allemagne. Ses liens avec M.Poutine, en particulier, sont gênants. Or, M.Schröder nous a été donné en exemple, comme ayant été l'homme qui avait eu le courage de démonter le système de protection sociale de Bismarck, qui fut un modèle pour l'Europe. Combien d'hommes politiques français n'ont pas rêvé d'être notre Schröder ?

Décidément, la page du libéralisme est tournée ?

Penser avec Montaigne et Miss Marple

C'est curieux comme l'humanité est incapable d'apprendre. Lorsqu'il parle d'éducation, Montaigne est étonnamment moderne. Il écrit qu'elle nous bourre le crâne. Mais, bon sang, pourquoi fait-elle tout pour nous empêcher de penser ? 

Mais qu'est-ce que penser ? Faire ce qu'il fait ? Regarder ce qui se passe autour de soi, et en soi, et se demander ce que l'on en pense, soi, avec ses petits moyens, et non ce qu'en dit la société. 

"Quand bien nous pourrions être savants du savoir d'autrui, au moins, sages ne pouvons-nous être que de notre propre sagesse." 

Oui, mais comment devenir sage ? Quel chemin emprunter ? Miss Marple, après Montaigne ? Ce qui fait qu'elle résout toutes les énigmes, c'est qu'elle piste le paradoxe. Ce qui est anormal. Et elle lui cherche une logique. Paradoxe après paradoxe surgit la vérité. Au fond, c'est aussi ce que fait Montaigne. C'est un critique, au sens vertueux du terme.

"Mon métier et mon art, c'est vivre."

mardi 15 février 2022

Les gens en ont marre

"Les gens en ont marre" (des restrictions) me dit un ami, qui vit au Canada (anglais). 

D'ailleurs, on entend depuis quelques temps que les routiers canadiens sont en grève, en protestation contre les mesures sanitaires prises par leur gouvernement. Et que cela insupporte le gouvernement américain, car les échanges entre USA et Canada sont bloqués.

Ce qui est surprenant, car on nous donne souvent les Canadiens comme des modèles de civisme et de bonne éducation. 

D'ailleurs, on pourrait dire la même chose des Allemands, dont le mécontentement a été bien plus violent que le nôtre. 

Et quid de l'Angleterre, où le personnel médical réticent à la vaccination semble faire plier le gouvernement ?

Quant à la Russie, dictatoriale, finalement bien peu de gens se sont fait vacciner, dit-on.

Qu'en déduire ? Peut-être que les restrictions de liberté sont allées un peu loin ? Peut-être aussi que le désir de liberté individuelle n'est pas le même dans chaque pays. Et qu'il est relativement faible en France. Au fond, nous sommes des assistés ? 

Responsabilité vis-vis des prochaines générations

Il faut faire preuve de responsabilité vis-à-vis des prochaines générations. Voilà ce que l'on entend depuis quelques temps.

Contre-coup à l'esprit de 68 ? Alors, il s'agissait de profiter de la vie. Serait-on allé trop loin ? Les parents boivent les enfants trinquent ? 

Ce discours accuse les politiques de "lâcheté". En fait de populisme. Au lieu d'en appeler au sacrifice que demande la réduction des émissions de CO2, ils encouragent les appétits bas du citoyen. Par leur faute l'humanité pourrait disparaître. (C'est plus ou moins ce que disait une émission de BBC4.)

Ce discours révèle une méconnaissance inquiétante de la réalité. Tout d'abord l'homme politique ne fait pas ce qu'il veut. C'est un élu, pas un dictateur. Ensuite, la société ressemble à un écosystème naturel, elle est un assemblage complexe de relations. On ne peut pas la changer par décret. 

On semble avoir un peu facilement oublié les leçons de l'histoire. Il en faut vraiment très peu pour que le monde bascule dans le chaos. Espérons que la crise Ukrainienne ne va pas nous le rappeler. 

lundi 14 février 2022

Chaos en Irlande

Dans l'affaire du Brexit, l'Irlande du Nord, en particulier les "unionistes", semble jouer un rôle extraordinairement nocif. 

Actuellement, le parti protestant mène une croisade contre les contrôles douaniers qui résultent des accords du Brexit. Il n'en veut plus. La parole de la Grande Bretagne ne l'engage pas. Il a démissionné du gouvernement, ce qui a entraîné sa dissolution. L'Irlande n'a plus de chef. 

Un parti de martyrs de leur foi en la Grande Bretagne ? Si je comprends bien, c'est une manoeuvre politique. Ils risquent fort de perdre la majorité aux prochaines élections. L'Irlande serait alors dirigée par le Sinn Fein. Inacceptable ? Tous les coups tordus sont possibles ?

Voilà un type de complication que n'avaient pas prévu les théoriciens des démocraties. Elles envoient au pouvoir des égoïstes qui loin de représenter l'intérêt général servent leur intérêt personnel, qui est, bien souvent, le pouvoir pour le pouvoir. 

Si elles fonctionnent, c'est grâce à la contrainte sociale, qui finit par remettre l'individualiste dans le rang ?

Infantilisme

La génération 68 a quasiment 80 ans, et pourtant elle paraît se croire adolescente. On ne peut pas incriminer le gâtisme. 

Jadis, encore au début du siècle dernier, les jeunes paraissaient vieux. On habillait, d'ailleurs, les enfants comme des grandes personnes. L'âge donnait la sagesse, l'autorité. Il était désirable ? En 68, tout a changé. La jeunesse, plus exactement l'adolescence, s'est voulue éternelle. Avec, en particulier, une de ses caractéristiques curieuses : une activité sexuelle frénétique et désordonnée. 

Quelles sont les conditions qui ont produit cet étrange phénomène ? Après guerre, la position de l'enfant a-t-elle changé ? A-t-on créé, involontairement, "le paradis des amours enfantines ?" Si bien que les enfants n'ont plus eu de raison de grandir ?

Ukraine : tous perdants ?

Le génial M.Poutine a trouvé une arme extraordinaire : le gaz, la vache à lait de son Etat ! Et il a réussi. Il freine efficacement la croissance de l'Europe. Demain une crise ? La guerre ukrainienne fait deux victimes : l'UE et la Russie. Le reste du monde va très bien. Merci. 

Or, M.Poutine dirige un empire comprenant des dizaines d'ethnies dont certaines, comme les Tchétchènes, ne restent pas en place. Or, que pèsent 140 millions de Russes, et encore pas tous slaves, face à un milliard et demi de Chinois ? Un temps les Russes ont dit qu'ils étaient "asiatiques". Je doute qu'ils soient vus ainsi par les vrais Asiatiques.

Quel est l'intérêt de la Russie à affaiblir l'Europe, son meilleur client. Surtout celui qui pourrait, si elle était aussi habile que les Chinois, lui apporter ce qui manque le plus à son peuple : la prospérité ? 

Paradoxe du changement, et des familles : alors que, dans son intérêt à long terme bien compris, on doit coopérer, pour des raisons, à court terme, incompréhensibles tellement elles sont minables, on s'affronte.

(Suscité par deux émissions de France Culture, l'une sur la crise gazière, l'autre sur le concept de frontière dans la culture russe.)

dimanche 13 février 2022

Le, finalement, séduisant M.Macron ?

J'ai l'impression (mais je suis les présidentielles de loin) qu'à gauche et à droite, l'homme politique est tenté par M.Macron. Par exemple, je lisais que le clan de M.Sarkozy semblait faire défection en masse. 

(Plus exactement, le dit homme politique semble désespérer des compétences du leader de son parti.)

Etonnant ? Il semblerait que M.Macron réussisse à nouveau ce qu'il a fait à la précédente présidentielle : paraître de gauche et de droite, et attirer des caciques de chaque bord recherchant un job. 

Comme quoi, une élection n'est pas qu'une question d'électeurs ? 

Le changement et la gauche

Pour ma génération, la gauche, c'était la lutte des classes. C'était Marx, les Misérables, Germinal, camarade... Maintenant, celui qui parle au nom du peuple est un "populiste". (Le terme n'a pas toujours eu sa connotation actuelle.)

En fait, mon étonnement ne ressortit pas tant à une question d'éthique, qu'au bon sens calculateur de l'intérêt à court terme : comment prétendre se faire élire, Mme Clinton, lorsque l'on se coupe de sa base, et d'autant d'électeurs ? 

Le changement c'est maintenant ?
France Culture consacrait à cette question une émission. Le sociologue interviewé définissait la "domination" moderne par la position que nous occupons au travail. Celui qui exécute, le "dominé" (dans sa définition mise à jour), représenterait 48% de la population. Il est plus souvent employé qu'ouvrier. La classe moyenne, dans une situation guère plus enviable, transmet les ordres, et le reste les donne. (Mais où sont les chefs d'entreprise, les indépendants, les agriculteurs et autres précaires, passablement "dominés" ?)

Paradoxalement, ce serait l'arrivée de la gauche au pouvoir qui aurait amorcé ce décalage vers la droite. A chaque élection, les promesses étaient trahies, et le mouvement s'accélérait. La gauche est dominée par des diplômés méprisants. Pour eux, nous sommes "la France moche". 

Qu'en penser ? Je me souviens d'une dame du seizième qui me disait, en 81, que les ministres de gauche étaient inquiétants car ils n'avaient pas fait d'études. C'est tout le contraire aujourd'hui. 

La classe des (hauts) diplômés a pris le pouvoir et, comme l'aristocratie, elle agit selon ses intérêts ? Cette classe a redéfini ce que "gauche" signifiait ? La gauche ayant "le monopole du coeur", pourquoi devrait-elle avoir des scrupules ?

samedi 12 février 2022

Noir et créole

On parlait de la compagne de Man Ray comme d'une "noire". Or, c'était une Gouadeloupéenne. 

Dans ma jeunesse, les Gouadeloupéens n'étaient pas des "noirs", mais des créoles. (Pour mon dictionnaire, vieux ?, le créole était un Français qui vivait aux Antilles.) Henri Salvador, par exemple, n'était pas "noir", il n'était d'ailleurs rien du tout, sinon un chanteur qui avait un gros succès.

Les noirs étaient africains. Ceux que l'on appelait "noirs" en Amérique étaient au mieux marrons. Je ne me souviens pas avoir entendu Joséphine Baker, par exemple, être qualifiée de "noire". (Mes souvenirs flous en font une sorte de "people" qui avait eu une vie extraordinaire, et qui avait adopté un grand nombre d'enfants. Ce qui dominait la mythologie familiale, c'était l'ascenseur social...)

J'ai aussi été très surpris que l'on traite les Indiens (d'Inde) de "noirs". 

A quel moment notre définition de "noir" a-t-elle changé ? Je soupçonne que l'on a adopté les usages américains. C'est probablement le fait des nouvelles générations. D'une certaine façon, il y a assez peu de transmissions entre générations. Les jeunes prennent ce qui est dans l'air, d'où qu'il vienne ?

Schadenfreude

Schadenfreude est le mot anglais pour "se réjouir du malheur d'autrui". 

C'est une explication que l'on donne, à la campagne, à ce que tant de personnes âgées se retrouvent aux enterrements.

En ces temps d'incertitude l'histoire de Boris Johnson nous apporte une rare occasion de se réjouir. Va-t-il finir en bouc émissaire ? Les bavures et les coups tordus à la Trump se succèdent. Bientôt des photos de "tricky Johnny", avec comme légende : "lui achèteriez-vous une voiture d'occasion ?". 

Mais, la messe n'est pas dite. Car il semble avoir la capacité de retourner ses opposants, qui n'ont probablement pas beaucoup de leçon d'éthique à lui donner. On dit que c'est le haut qui donne l'exemple. Mais le haut est aussi à l'image de la nation...

Voilà le changement comme le décrit ce blog, quelque-chose de mystérieux. Qu'est-ce qui fait qu'un groupe de personnes se mobilise et devient assez fort pour changer le cours des événements ? 

(En tout cas ses opposants, de tous bords, semblent tous se présenter comme des modèles de vertu sourcilleuse : "nous ne sommes pas Boris Johnson". Un indice quant au "monde d'après" ?)

vendredi 11 février 2022

Epidémie et culture

L'Angleterre annonce qu'elle va mettre un terme aux "mesures anti covid". Le Danemark serait déjà passé à l'acte. 

Curieuse Europe du Nord. Lorsqu'il s'est agit du risque de thrombose lié à certains vaccins, elle a été la première à user du principe de précaution. Mais, elle est aussi la première à libérer ses citoyens. 

Dans cette gestion de la pandémie, la culture semble avoir eu le dessus. D'un côté, les USA semblent une sorte de chaos, de l'autre, il y a des régimes dirigistes comme la Chine et la France. Et, au milieu, un compromis entre la liberté individuelle et la discipline sociale ? 

Confiance et coopération

Le mal de la France, c'est que le Français considère le Français comme un ennemi. Ailleurs, dès que l'intérêt collectif est en jeu, on se sert les coudes. 

Question qui pourrait être de simple survie, pour notre pays : comment inverser les choses ? 

F.Mauriac, dans ses Mémoires intérieurs, a peut-être une réponse. C'est un croyant convaincu, qui a trouvé la lumière. Et, comme Dieu, il juge tout le monde par rapport à ce critère. Mais il accorde des circonstances atténuantes aux auteurs qui ont du talent, et qui ont du succès. (Sachant, comme il le dit, que le succès est fait par trois mille personnes, en France.)

Et si c'était le parcours du combattant qui faisait l'estime ? La raison du bizutage ? Et si le Français n'estimait pas le Français parce qu'il estimait, lui-même, être un escroc ? Et si la fraternité avait pour cause la confiance en soi ? 

jeudi 10 février 2022

Réalité relative

Emission américaine (Radiolab) reprise par la BBC. Il était question des tours que nous joue notre cerveau. 

Histoire d'un homme qui est devenu très lent, du fait d'un accident. Il a découvert la lenteur de sa parole (quasi insupportable pour l'auditeur), par hasard, après s'être enregistré. Son cerveau la lui restituait à la même vitesse que celle des autres personnes. D'ailleurs ceux qui vivaient avec lui, eux aussi, s'étaient adaptés. 

Autre histoire : une femme est sujette à des attaques. Une part de son cerveau est nécrosé. On la lui enlève. Mais cela l'empêche de comprendre une carte, et lui fait perdre le sens de la durée. Ce qui fait d'elle quelque-chose comme la championne du monde des courses d'ultra longue distance (pouvant durer une semaine) : le temps ne lui pèse plus. Quant à l'orientation, elle a trouvé un moyen de compenser ses failles : arrivée à un embranchement, elle prend n'importe quelle route, mais elle laisse un fil d'Ariane. Quand elle comprend qu'elle s'est trompée. Elle rebrousse chemin.

Ces cas sont-ils la règle ou l'exception ? J'ai fini par penser que la société me trouvait, comme ma maman, "pas très malin, mais tellement gentil", par exemple. Nous avons certainement tous une vision totalement fausse de la façon dont nous sommes perçus. Nos difficultés existentielles viennent probablement, en grande partie, de ce que nous n'en avons pas conscience. 

Staline, tsar comme les autres ?

On décrit Staline comme un ogre. Mais n'était-il pas, plutôt, un genre de tsar ? Solution de continuité ?

J'entendais, il y a déjà pas mal de temps, que le Goulag pourrait avoir remplacé le servage. Le pays ne pouvait pas vivre sans main d'oeuvre gratuite. En lisant Boulgakov (un billet précédent), j'y vois, aussi, une société qui collabore activement. D'ailleurs, comment un homme seul pourrait-il diriger tout un pays, sans collaboration enthousiaste ? Pas besoin d'être La Boétie ou Hannah Arendt pour se poser la question. Quant aux millions de morts, n'était-ce pas, tout simplement, un résultat normal de ce type de système ? La politique de Mao, elle-aussi, a tué en grand. Et les guerres napoléoniennes ont ravagé l'Europe, dans la joie et la bonne humeur. D'ailleurs, cela n'a jamais gêné personne que les guerres fassent des millions de morts, et de blessés.

Arrêtons d'attribuer les maux de l'humanité à des boucs émissaires, et considérons notre responsabilité collective ? 

mercredi 9 février 2022

La Révolution culturelle de Xi Jinping

Christine Okrent parlait de la Chine, il y a quelque temps. C'est devenu, pour l'Occident, un ennemi redoutable. Ce qui est curieux. N'était-elle pas désignée, hier encore, comme un modèle à la "vieille Europe" ? 

En écoutant l'émission, j'ai pensé que nous avions de la chance d'être libres. Et pourtant, la Chine n'a pas que de mauvais côtés : ses dirigeants forcent leurs milliardaires à distribuer une partie de leur argent au nécessiteux, et se préoccupent de la santé mentale des joueurs électroniques. 

Le gouvernement chinois a dit aux capitalistes nationaux : enrichissez-vous ! Or, selon l'expression américaine, le capitaliste, c'est "greed and fear". C'est l'animalité pure. Le degré zéro de l'intelligence. Voire moins. Donc, maintenant qu'il a fait son office, on le rappelle à l'ordre, façon mafia ?

Tradition de "révolution culturelle" ? L'art du changement à la chinoise ? Jouer sur les forces sociales puis les doucher, une fois qu'elles ont donné ce qu'on attendait d'elles ? 

J'ai toujours regretté que l'on ne prenne pas au sérieux l'anthropologie...

A qui profite le crime ?

L'Angleterre est la patrie de l'histoire criminelle. Dans les archives de BBC4 (radio), on en trouve de toutes les sortes. Sherlock Holmes, Miss Marple, le commissariat de quartier, le prêtre enquêteur, le romain détective... Tout cela excellent, et souvent écrit par des femmes. 

S'il n'y avait pas de criminels, il faudrait les inventer ? Non seulement l'argent du crime est recyclé par la société, ne serait-ce que par le marchand de légumes du mafioso, mais le crime fait vivre la justice, le législatif, la police, le cinéma, la littérature, le système de santé... Et si cette économie honnête du crime rapportait plus que la malhonnête ? 

Et si tout homme honnête rêvait de crime, d'ailleurs ? Et si toute cette honnête économie du crime était simplement là comme substitut au passage à l'acte ? Problème pour sociologue ?

mardi 8 février 2022

Boulgakov

Le billet précédent m'a amené à consulter la fiche que le camarade Wikipedia consacre à la vie de Boulgakov. 

Cette vie a, effectivement, quelque-chose de la vie de Molière. Quasiment rien de ce que Boulgakov n'écrivait ne parvenait à être publié ou produit, en ce qui concerne ses pièces de théâtre. En revanche quand ça l'était, il rencontrait un gros succès. Sans l'intervention de Staline, Boulgakov aurait crevé encore plus tôt qu'il ne l'a fait. Cabale de dévots ? L'URSS a-t-elle été, au moins à ses débuts, le monde de l'hypocrisie, un déchaînement d'appétits vils ? 

Le Maître et Marguerite de Boulgakov


Chef d'oeuvre de Bougakov, dit-on. De quoi s'agit-il ? 

De deux histoires entremêlées. Le drame de Ponce Pilate est dans l'une, et les farces du diable à Moscou sont dans l'autre. Et c'est peut-être, dans les deux, l'histoire de Boulgakov. 

Car ce que fait le diable, agent des basses oeuvres de Dieu, c'est de venger Boulgakov de ceux qui ont rendu sa vie misérable, l'intelligentsia moscovite, et de lui apporter la paix. Le Maître, écrivain malheureux, c'est lui, et Marguerite, réincarnation de la reine Margot d'Alexandre Dumas, c'est sa dernière femme. 

Le plus surprenant, c'est l'Union soviétique, sous Staline, dans les années 30. Elle n'a rien à voir avec ce que l'on nous en a dit. Elle ressemble à la Vienne de la fin du 19ème siècle. Elle est prospère et cultivée. On y emploie du personnel de maison. Seulement, petit à petit, on remarque que l'on s'y appelle "citoyen", comme après la Révolution française. Puis qu'elle n'est que calomnie, envie et délation. Chacun n'a qu'un mot à la bouche : "appeler la milice". Milice qui est, d'ailleurs, fort honnête. 

Boulgakov a écrit sur Molière. A-t-il pensé être le Molière russe ? Corriger les moeurs par le rire ? Et qui est ce Ponce Pilate qui a de la sympathie pour Jésus, mais est contraint par son devoir, les usages et le peuple, de le condamner ? Staline ? Avec Boulgakov en Maître mais aussi en Jésus ? 

France : le cercle vicieux ?

Surprenante (stupéfiante ?) étude de Patrick Artus

Il fait une modélisation systémique de la situation du pays. En bref : 

  1. Pour rendre possible l’égalité qu'exige notre culture, un système de redistribution extrêmement puissant existe, il est efficace, mais il asphyxie l’économie
  2. l’investissement nécessaire à la « transition écologique » en demandant un prélèvement sur la population et l'entreprise, à court terme, semble devoir accélérer violemment le cercle vicieux actuel. 
  3. L'UE présente des effets pervers de type "dilemme du prisonnier".
  4. Le plus surprenant : le noeud du problème serait l’éducation, inadaptée. (Principe du raisonnement : faute d'employés qualifiés, les entreprises ne se développent pas, pour compenser le chômage des non qualifiés, il faut prélever sur les entreprises et les employés, ce qui affaiblit l'économie et l'entreprise...) Le décrochage aurait commencé à se faire sentir au début des années 2000. 
Qu'en penser ? Au moins quelques réflexions :
  • Le fait qu'il existe une sorte de thermostat de l'égalisation a été totalement ignoré jusqu'ici. Les politiques dites "libérales" qui visaient à améliorer la performance du pays ont dû faire exactement le contraire. (Ouvrir la porte d'un réfrigérateur n'abaisse pas sa température, mais augmente sa consommation d'énergie...)
  • La "transition écologique", quoi que l'on en pense, est une crise sans cause immédiate, qui risque d'avoir des conséquences redoutables. 
  • Il est clair que notre éducation a perdu le sens des réalités, que ses résultats sont abyssaux et que cela se traduit par chômage et pénurie RH. Mais de là à en faire la cause de la crise de toute l'économie, c'est inattendu. (Cependant, ce blog cite des études similaires pour les USA.) Le plus curieux, peut-être, est que la dégradation s'est produite il y une ou deux décennies, alors que j'avais l'impression que 68 avait été le point de départ de la destruction du système. 
En tout cas, cette étude donne l'impression que l'on est au bord du gouffre. Et que l'on va faire un grand pas en avant. J'ai beau constater que la crise est favorable au changement, et le répéter, la situation est préoccupante.

lundi 7 février 2022

La crash stratégie d'Emmanuel Macron ?

Dans le film "Mars attacks", on voit le gouvernement français, tout sourire, annoncer au monde qu'il a conclu "a negotiated settlement" avec les Martiens, avant que la France ne soit rayée de la carte. 

Trait culturel français ? M.Macron semble lui aussi penser qu'il peut régler seul la crise russe. Apparemment, M.Poutine se moque de lui. La France, combien de divisions ? (Au sens militaire du terme, sinon nous serions champions du monde.)

Ou "crash strategie" de M.Macron ? (La "crash stratégie" est l'obsession qui vous aveugle.) 

Je me souviens avoir vu un show de M.Blair. C'était un numéro d'acteur, sans notes. J'ai été frappé de retrouver quelque chose de l'acteur chez M.Macron. Cela explique peut-être pourquoi il ne peut s'empêcher de faire, à la France et au Monde, des discours interminables. Vocation ratée ? 

Sa biographie dit aussi qu'il a l'amour des anciens. Une émission de Ch.Okrent remarquait qu'il avait un grand respect pour le président italien. Il a cherché à devenir l'ami de M.Trump. Et, maintenant, il y a Vladimir ?

Faut-il s'en inquiéter ? Ou penser que le ridicule ne tue pas, et que la réputation, interplanétaire, du Français n'est plus à faire ?

(PS. Du fait de la particularité de la programmation de ce blog, ce billet a été écrit bien avant d'être publié, au moment où M.Macron avait appelé M.Poutine, qui s'était moqué de lui. Sa rencontre récente obéit à une autre logique : celle du co leader de l'UE. L'initiative de la France était judicieuse : affirmer la présence de l'Europe, se répartir les tâches avec le dirigeant allemand (par ailleurs apparemment très timoré), gagner du temps, en répondant au besoin de M.Poutine d'être traité comme une grande puissance, apprendre à le connaître... Reste le problème que pose ce billet, démontré en son temps par M.Sarkozy dans des circonstances similaires : la capacité de la France à se laisser abuser...)

Pourquoi est-il difficile d'aider ?

Dans un précédent billet, je disais que beaucoup de phénomènes se conjuguaient pour nous empêcher d'aider notre prochain. De quoi s'agit-il ?

  • Nos interprétations sont fausses. Je saute, inconsciemment, de l’observation au jugement. Et je n’écoute plus. Ainsi, je tends à appliquer à l’autre un stéréotype. La personne que je veux aider, par exemple, peut me prêter des intentions qui ne sont pas celles d’un donneur d’aide. Elle me fait entrer dans un mauvais stéréotype. 
  • La société nous impose des règles qui s’opposent à la relation d’aide. En particulier, elle nous donne des rôles et il est impossible de faire, en temps normal, en public un "examen de conscience" ou de dire que "le roi est nu". 
  • La société nous impose, dès la naissance, des objectifs et des façons de les atteindre. Ils sont rarement appropriés à une personne donnée. Ils sont même, généralement, la raison principale de nos drames existentiels. 
  • Finalement, la relation d’aide est une recherche créative tous azimuts. Ce qui "bloque" celui que l'on veut aider est tellement évident qu'on ne le voit plus. Or, nos rigidités intellectuelles nous maintiennent dans les sentiers battus.  

dimanche 6 février 2022

Les Chinois à Moscou

M.Poutine a-t-il envisagé les risques que lui fait courir sa politique belliqueuse ? Coût de troupes d'occupation, sanctions, et surtout amitié chinoise. 

Car l'ennemi de mon ennemi est-il mon ami ? La Russie est tout le contraire de la Chine : un territoire immense, une faible population, des ressources naturelles, une économie ridicule. 

La BBC disait que les Russes apprenaient le chinois. Sage décision ? 

Aide et panne

Il y a fort longtemps, ma voiture connaissait des pannes incompréhensibles. Soudainement, elle s'arrêtait. Ce qui est extrêmement ennuyeux. Mon garagiste ne trouvait rien. Un jour, je suis pris dans un bouchon. Le conducteur qui me suivait sort de sa voiture et vient vers moi : votre clignotant ne marche pas ! me dit-il. Je me suis alors souvenu de ce que m'avait raconté un ami, qui avait eu un incident semblable : cela signifiait un fusible claqué. (Bizarre. Je pensais ne pas avoir fait attention à cette histoire.) Et, effectivement, c'était cela. Le fusible était lié au clignotant et au système de refroidissement du moteur. Le refroidissement ne marchant plus, quand le moteur chauffait, la voiture s'arrêtait. 

On s'interroge rarement sur ce que signifie aider. C'est à la fois évident et pas si évident que cela. Prenons cet exemple. 

  • L’aidé cherche à résoudre un problème, qu’il ne sait la plupart du temps pas formuler. Ou qu'il formule mal, voire de façon trompeuse. Dans ce cas je constatais que ma voiture s'arrêtait de manière aléatoire. Mais je n'avais aucune idée d'où pouvait provenir la panne. La solution de l'énigme m'a étonné, d'ailleurs : je ne soupçonnais pas qu'il pouvait exister de tels étrangetés dans une voiture. (Par principe, je suis fâché avec la mécanique.)
  • Le principal outil du « donneur d’aide » est le « feedback ». Il donne des informations à l’aidé sur ce qu’il est, sur sa façon de se comporter, « en réalité ». Bon exemple : seul, je n'avais aucune chance de voir le fonctionnement de mon clignotant. Il en est de même pour nos problèmes personnels : ils se résoudraient facilement, si nous pouvions nous voir de l'extérieur, avec les yeux des autres.
  • Connaissez-vous beaucoup de gens qui sortent de leur voiture pour indiquer à quelqu'un d'autre que son clignotant est en panne ? La difficulté de l’aide est que de nombreux phénomènes, tout à fait naturels, se conjuguent pour fausser cette transmission d’informations. Or, ils nous sont quasiment consubstantiels. Les éviter est une question de prise de conscience, essentiellement, de techniques et de pratique. 
  • Finalement, le plus curieux est le rôle du "donneur d'aide". Comme dans ce double cas (si l'on ajoute l'ami au conducteur qui est sorti de sa voiture), il répond rarement à une demande, et il n'a pas conscience des conséquences de l'aide qu'il apporte... Et pourtant, c'est ce type aide, sans but bien défini, qui est efficace. 
Enquête : quand vous cherchez à aider quelqu'un, en quoi la façon dont vous voulez aider correspond-elle à ce qui précède ? Ou n'y correspond pas ? Votre aide est-elle efficace ?

samedi 5 février 2022

Paradoxe présidentiel

Le général de Gaulle voulait que le président de la République soit au dessus des partis. J'ai cru comprendre récemment que c'était déjà le cas des présidents des précédentes républiques. L'originalité de De Gaulle aurait été de donner au président une légitimité par l'élection au suffrage universel. 

Ce faisant, il en est résulté qu'il est devenu un chef de parti, qui n'est plus au dessus de quoi que ce soit. 

La complexité du monde déroute le simplisme de la raison ? 

Ernest Bevin

Qui connaît Ernest Bevin ? Intérêt de la BBC : découvrir d'illustres inconnus. 

Au mieux, probablement, c'est un nom associé à l'histoire d'Israël. 

Pourtant son histoire, à lui, est extrêmement surprenante. C'est un pauvre, un ouvrier, qui devient leader de la plus grosse centrale syndicale anglaise, à un temps où cela signifiait quelque-chose. Par définition, il est travailliste. Mais il est repéré par Churchill, qui en fait son ministre du travail, durant la guerre. Puis, il devient, après guerre, de manière inattendue, ministre des affaires étrangères. Il meurt à son poste.

Je me suis demandé s'il n'avait pas manqué un Bevin à la France. 

En effet, il était à la fois un défenseur des ouvriers,  un négociateur redoutable, tout en étant un farouche anti communiste. En conséquences, l'industrie de guerre a marché à plein régime. Avec de tels hommes, il n'y avait plus de lutte des classes.

Et, ministre des affaires étrangères, il était le seul à tenir tête à Staline : ils parlaient la même langue. 

Premier 12000

Douze millième billet de ce blog. Comme à chaque millier, je m'interroge sur l'art de bloguer. 

Dans ce domaine, je dois être une sorte de dernier des Mohicans, qui blogue dans le désert. Le blog a été une mode comme les réseaux sociaux, les objets connectés, l'intelligence artificielle et bien d'autres. 

Je me souviens, en ces temps héroïques, d'avoir rencontré une journaliste que je terrifiais. J'imagine qu'on avait imposé à elle et à ses collègues de tenir un blog. Or, elle produisait, dans la douleur, un billet par semaine, alors que j'en écris plusieurs par jour. Et que je n'y consacre que quelques heures le samedi, en revenant du marché. Comment cela pouvait-il se faire ? Elle, héritière des Clémenceau et des Zola, de tous ces gens qui ont fait la gloire du journalisme français, et moi, petit rien du tout ? 

Peut-être est-ce comme cela que se font les révolutions ? Il y a le créateur, qui avait le talent, et l'héritier, qui a la position. Et l'héritier défend ses privilèges, en écrasant le talent ? Jusqu'à ce que cela ne soit plus possible ?

vendredi 4 février 2022

Pourquoi la raison déraille-t-elle ?

Enantiodromie. Propriété de certaines de nos actions de donner le contraire de leurs intentions. J'ai découvert ce terme il y a quelques années. Mon enthousiasme a été contagieux : un temps, et peut-être encore, j'étais cité par wikipedia. 

Les exemples d'énantiodromie sont partout. La France lui est propice. Pourquoi ? 

Un exemple le fera comprendre. Celui de la fusée et de la sonde interplanétaire. La trajectoire de cette sonde est calculée par la physique classique. Seulement, la sonde tend à ne pas y demeurer. Les petits écarts s'amplifient jusqu'à l'égarer. Si ce n'est pas le cas, cela tient à ses moteurs, qui la remettent sur les rails. 

Il en est de même de la raison. Or, la France est LE pays de la raison. La raison peut nous donner un objectif, mais, si elle prétend s'affranchir de la réalité, si elle n'est pas associée à un "asservissement", qui nous maintient sur la trajectoire désirée, elle pave l'enfer de bonnes intentions. Et l'ange fait la bête. 

Voilà pourquoi les institutions dont nous étions fiers vont à l'envers de leur mission.

Pétain, père de la 5ème République ?

La France a gagné la guerre, et Vichy, comme Alésia, n'a jamais existé. Voilà qui est connu de tous. 

Seulement, en écoutant les voeux du maréchal Pétain, dans une émission de France Culture, je me suis demandé s'il n'a pas été le modèle de De Gaulle, ou s'ils n'ont pas partagé la même inspiration. 

Car c'est véritablement lui qui a mis à terre le régime parlementaire et la 3ème République, elle même prolongement de la Révolution. Mais c'est aussi à lui que l'on doit la structure bureaucratique de notre société dominée par le haut fonctionnaire. Le chef représente l'intérêt général, et la liberté de la population est d'obéir aux ordres des envoyés du maître. 

Pétain, le réformateur inconnu ? 

jeudi 3 février 2022

L'enseignant peut-il apprendre ?

Il y a des investissements qui servent peu. J'ai mis des années à maîtriser un rasoir mécanique, et à savoir nouer correctement une cravate. La raison en était que je n'avais personne pour me montrer comment faire. 

C'est fantastique à quel point on apprend vite en copiant. Or l'Education nationale nous dit tout le contraire. Elle croit, comme Platon, qu'il existe un monde des "idées", et que l'esprit bien né les discerne naturellement. 

Elle nous présente comme des évidences des résultats que des génies ont mis une vie à obtenir, eux-mêmes étant perchés sur les épaules d'autres génies.

Le plus surprenant, dans cette affaire, est que l'Education nationale soit incapable d'apprendre. Dans ma jeunesse, une mode de management parlait de "Learning organizations" (en France, on disait "organisation apprenante"). Eh bien, dans ce domaine, on n'a guère progressé. 

Conçus pour penser

John Le Carré excuse les espions anglais qui ont fait défection, en expliquant, en substance, qu'ils ont été trahis par la Grande Bretagne. Elle les avait formés pour diviser et régner, sur le monde, alors, qu'ayant sombré dans l'insignifiance, elle leur en a retiré les moyens. 

Le premier exercice d'un cours de MBA anglo-saxon consiste à décider de l'avenir d'une entreprise. La mission de ses élèves est simple : être patron. Les gens qui ne sont pas passés par là ne peuvent s'imaginer patron. Même, d'une certaine façon, s'ils le sont devenus par leurs propres moyens. 

L'influence que notre formation a sur nous vient bien moins de ce qu'elle nous apprend, que des ambitions qu'elle nous dit devoir être les nôtres. Elle nous ouvre, ou nous coupe, les ailes ?

mercredi 2 février 2022

Ignorance et vertu

Les vaccins Astra Zeneca et Jensen ne sont plus autorisés pour les moins de 55 ans. La nouvelle n'est probablement pas récente. Mais il est curieux que je n'en aie pas entendu parler plus tôt. 

Apparemment, on a réussi à relier des thromboses à ces vaccins. Ce qui montre probablement l'efficacité de la recherche : relier l'un à l'autre est fort compliqué. Mais aussi que l'on était dans un cas où le principe de précaution ne s'applique pas : le soupçon n'a pas été suffisant pour arrêter la vaccination. 

L'article qui m'a appris la nouvelle disait qu'il fallait mettre cela au regard des millions de doses injectées. Certes. Mais ceux qui sont morts étaient jeunes, et ne seraient pas morts du virus. En outre, j'imagine qu'une trombose peut ne pas être mortelle à tous les coups, mais laisser des séquelles. 

Bien entendu, c'est le jeu de la vie en société. L'intérêt général exige le sacrifice individuel. En outre, l'erreur est humaine. Cependant, ce qui est un peu moins humain est la façon dont on nous informe. Comme le disait Agrippa d'Aubigné,  

"le vice n’a point pour mère la science, 

Et la vertu n’est pas fille de l’ignorance." 

A study in scarlet de Sherlock Holmes

Hasards de la BBC. Histoire de Sherlock Holmes. Apparemment, la première. 

Elle ne ressemble pas aux autres. Le docteur Watson, vétéran des guerres d'Afghanistan, rencontre Holmes, un consultant spécialisé dans le crime. Jeunes et ayant de maigres revenus, ils partagent un logement. 

Dans cette histoire, Watson n'est pas le vieux balourd usuel. Et la guerre d'Afghanistan est une guerre, comme celle du Vietnam. Il en revient blessé et traumatisé. Il a, par ailleurs, une vocation littéraire. Quant à Holmes, c'est l'archétype du "geek" américain. Car il a toutes les caractéristiques de l'autiste. C'est un savant idiot. Dans un domaine très particulier, ses facultés sont extraordinaires. Pour le reste c'est un ignare. Et, comme son équivalent américain, il est insupportable d'arrogance. 

mardi 1 février 2022

Le rasoir de Spinoza

Conséquence imprévue du coronavirus : j'utilise un rasoir électrique. En revenant du marché, le premier jour du confinement, j'ai constaté que j'avais oublié de renouveler mon savon à barbe. J'ai ressorti mon rasoir électrique. Et j'ai trouvé qu'il rasait mieux que je ne le pensais. 

En fait, je n'ai pas un rasoir électrique, mais trois. Or, l'un après l'autre, ils se sont arrêtés de marcher. L'âge ? Je me suis demandé s'ils n'avaient pas été asphyxiés par les poils de barbe. Mais, pas possible de les démonter. Et, il vaut peut-être mieux ne pas le faire. Donc, je me suis mis à les secouer. Miracle. L'un après l'autre, ils sont repartis. 

Etait-ce le poil la cause de la panne ? Si oui, que coinçait-il ? A moins que le mauvais diagnostic n'ait eu la bonne conséquence ? Le rasoir avait besoin d'être secoué. D'ailleurs, ce que je dis n'explique pas pourquoi ce n'est parfois qu'au dix ou vingtième essai que le rasoir part. Comme souvent, la réelle cause du changement est ma volonté de ne pas baisser les bras, et de ne pas avoir peur de faire des choses stupides. En s'agitant comme une mouche contre une vitre, on finit par trouver la sortie. Rien de pire que la raison.

Quel est l'intérêt de cette histoire ? Elle contredit Spinoza et quelques autres. Il semble évident que tout n'est que causes et conséquences. Mais ma panne a-t-elle une cause ? Le cancer, d'ailleurs, a-t-il une cause ? N'est-il pas juste de dire qu'il résulte de la combinaison de circonstances particulières. Circonstances que l'on n'est pas capable de définir précisément. 

Niels Bohr disait qu'il paraissait que les fers à cheval portaient bonheur même lorsque l'on n'y croyait pas. C'est peut-être la même chose pour les causes. 

Dindon indépendant

D'après une étude de l'INSEE, 40% des indépendants gagneraient moins que le SMIC et 18% seraient au dessous du seuil de pauvreté (article).

Il y a quelques années nos hommes politiques nous ont poussés à quitter le salariat et créer nos entreprises. Et voilà ce que cela donne. Or, reconnaissent-ils leurs erreurs ?

Ne serait-on pas plus intelligents si, de temps à autres, notre gouvernement faisait un RETEX, un "retour d'expérience", comme l'on dit, fort élégamment, dans l'entreprise ?

(De quoi vivent-ils, ces "indépendants" ? "Le revenu de solidarité active (RSA), qui bénéficie à 5 % des indépendants ; La prime d’activité, allouée à 14 % des indépendants ; L’ allocation adulte handicapé (AAH), ouverte à 1,7 % des indépendants ; Les allocations logement, pour 14 % des indépendants (en moyenne elles représentent 10 % du revenu disponible moyen des ceux qui en perçoivent) ; Les prestations familiales, destinées aux ménages ayant des enfants, et dont 37 % des indépendants bénéficient." Autrement dit, nos "indépendants" sont dépendants de l'Etat ! - mais ils lui coûtent peut-être moins ainsi qu'au chômage ?)

La phénoménologie de Miss Marple

Miss Marple, plus forte que Husserl ? 

Ce que raconte Agatha Christie, c'est que nous inventons, collectivement, une réalité. Et qu'il existe des mécanismes extraordinairement puissants pour nous empêcher d'émettre un doute sur elle. Des mécanismes qui tiennent à la fois à la nécessité pour la société d'éviter le trouble à l'ordre public, mais aussi à nos petites faiblesses, à nos petits ridicules. C'est ainsi que l'on admire le dévouement de ce jeune homme admirable, pour sa femme, qui a des moments d'absence, qui la terrorisent. 

Mais, derrière cette vérité d'apparence, il y a une autre vérité, plus vraie. Comme chez Descartes, c'est la raison, la rigueur intellectuelle, qui la révèle. En effet, il y a des accrocs dans le récit que raconte la société sur elle-même. Pourquoi le vieux et riche M.X a-t-il dit aussi fort qu'il ne laisserait rien à sa secrétaire ? Et progressivement, tous ces accrocs racontent une autre histoire, elle sans accrocs. Le jeune homme drogue sa femme, pour qu'elle soit soupçonnée des crimes qu'il commet...