lundi 29 février 2016

La libéralisation de l'économie expliquée

La libéralisation de l'économie expliquée :
A partir des années 90, la Commission européenne exige des États membres de libéraliser de vastes secteurs de leur économie, notamment celui de l'énergie. L'objectif était de casser les monopoles verticalement intégrés afin de faire jouer la concurrence. EDF est donc contrainte, de l'amont à l'aval, d'opérer une séparation juridique entre ses activités (création d'ERDF et de RTE). L'État « stratège » opérant un pilotage de long terme des différentes entreprises de l'énergie laisse progressivement place à un État « neutre », c'est-à-dire gardant l'actionnariat par sécurité sans imposer sa vision aux entreprises.
Autrement dit, la libéralisation du service public, c'est, pour l'Etat, conserver la propriété, sans rien contrôler de ce qui est décidé ? Cela me rappelle l'histoire (vraie) d'un dirigeant à qui son oncle avait dit de ne pas "déléguer la signature". Du coup, il donnait à son comptable des chèques signés, à remplir... 

Notre élite intellectuelle serait-elle adepte de la pensée magique ?

(En tout cas, le résultat, en ce qui concerne EDF, est désastreux. A tel point que l'on en appelle à un retour du Colbertisme.)

Meilleurs objets connectés




Tout le monde en parle, mais à quoi cela ressemble-t-il donc un objet connecté ? A une brosse à dents, connectée à votre banquier, à une balise pour sportif de grande distance (un "tracker"), à des chaussures...

La montagne Internet accoucherait-elle d'un mulot ? Ou, comme souvent, il faut longtemps à l'homme pour trouver les applications d'une innovation ?

dimanche 28 février 2016

Harcèlement

Un ami me raconte l'histoire suivante. Une de ses filles est une élève d'un caractère réservé. Elle s'est trouvée au sein d'un groupe dont la meneuse l'a prise en grippe. Elle a monté le groupe contre elle. Le père a dû intervenir pour éviter que la situation ne devienne insupportable pour sa fille. 

Cette histoire remet en cause une idée reçue. J'avais fini par croire ce que me disait un psychologue : pas de harceleur sans harcelé. C'est une vision systémique de la société. Il n'y a pas de victime et de coupable, c'est le système que nous formons qui peut dysfonctionner. Mais, dans ce cas, il semble bien qu'il y ait aussi responsabilité individuelle.

Ce qui semble avoir déclenché le phénomène n'est pas tant les caractéristiques de l'une et de l'autre, que le fait que la fille de mon amie a remis en cause la ligne que la meneuse voulait imposer au groupe. C'était à l'occasion d'un devoir scolaire commun, et la première a montré à la seconde que ce qu'elle voulait faire était incorrect. Et elle avait raison. 

Il y a ici trois types de comportements. 
  • La meneuse. Elle substitue sa réalité à la réalité scolaire. Et elle veut détruire ceux qui s'opposent à son bon plaisir. Autrement dit, elle tente d'installer un système totalitaire. Il serait bon de l'aider à sortir d'un schéma qui risque d'être défavorable à bien des gens, et peut-être aussi à elle-même. 
  • Il y a les suiveurs. Ils forment la masse. Eux sont dans la banalité du mal. Quelle est leur motivation ? Paresse intellectuelle ?... Là aussi, il peut-être utile de les aider à se tirer de leurs mauvaises habitudes.
  • Il y a la "victime". Au moins, elle, elle a tenu ferme. Peut-être faut-il l'aider à construire des liens sociaux un peu forts de façon à bien se défendre si elle se retrouve dans une même situation ?
Autrement dit, je pense que la méthode belge, qui consiste à dire au groupe : vous avez un problème, réglez-le par vous même, n'est pas tout à fait la bonne. Il y a probablement aussi besoin d'une aide extérieure, qui permette de faire comprendre à chacun les conséquences de son comportement actuel. Et qui l'aide à se transformer. 

Hypocrite France

On ne pourrait pas publier cela chez nous m'ont dit deux journalistes de ce qui s'écrivait chez les Anglo-saxons. Ce souvenir m'est revenu en lisant un article de The Atlantic. On y explique le point de vue de l'électorat de M.Trump.

I - Il est opposé à M.Obama, parce que sa réforme des assurances a conduit à retirer de l'argent de leur sécurité sociale pour en faire profiter les non citoyens.
The Obama administration had laid hands on Medicare. It hoped to squeeze $500 billion out of the program from 2010 to 2020 to finance health insurance for the uninsured. You didn’t have to look up the figures to have a sense that many of the uninsured were noncitizens (20 percent), or that even more were foreign-born (27 percent).
II - Idem pour la classe riche, qui dirige le parti républicain. Elle est favorable à l'immigration, parce que c'est bon pour ses intérêts
Owners of capital assets, employers of low-skill laborers, and highly compensated professionals tend to benefit economically from the arrival of immigrants. They are better positioned to enjoy the attractive cultural and social results of migration (more-interesting food!) and to protect themselves against the burdensome impacts (surges in non-English-proficient pupils in public schools). A pro-immigration policy shift was one more assertion of class interest in a party program already brimful of them.
Pourquoi parle-t-on de ces sujets aux USA, et pas en France ? Peut-être parce qu'en Amérique, il est normal de défendre son intérêt. L'intérêt de l'électeur de M.Trump est de conserver ses "avantages acquis" dit l'article (en précisant que le concept vient de chez nous). En France, nous sommes supposés être des modèles de vertu ? 

samedi 27 février 2016

Harcèlement : no blame

Harcèlement d’enfant dans une classe belge. Réponse ? « No blame ». Au lieu de chercher un coupable, on demande aux enfants de trouver, entre eux, comment améliorer la situation
« Les élèves avancent "des actions pleines de bon sens". Exemple : "On a un travail par deux à faire pour le cours de français : je vais lui proposer de se mettre avec moi." Ou : "On prend le même bus. Je peux faire le trajet avec elle jusqu’à l’arrêt." Les harceleurs aussi proposent des choses : "Je vais peut-être arrêter de lui dire ceci" ou "Je ne vais plus lui parler". »
Et tout, apparemment, entre dans l’ordre. (Article.)

Illustration d'un raisonnement systémique. Le groupe forme un « système ». Il n’y a pas de harceleur sans harcelé. « No blame » consiste à passer de la perspective individuelle à la perspective systémique : qu’est-ce qui ne va pas dans le fonctionnement de notre groupe ? Résoudre cette question devient impersonnel.

La systémique change notre vision du monde. Le terrorisme, par exemple. L’esprit non systémique cherche un coupable : le terroriste, porteur du mal. Nous ne devons pas lui donner raison. La systémique, elle, pense que le terrorisme est une pathologie sociale. C’est le système qui produit le terrorisme. En conséquence, au lieu de renforcer le système, il faut le changer. Les limites à la croissance du Club de Rome sont un autre exemple du même type de raisonnement : la croissance ne nous sauve pas, mais est la cause de nos malheurs.

Oublions l'individu, pensons système ? Suite demain, à la même heure.

Les raisons du succès de M.Trump

Les succès de M.Trump révèlent une lutte de classe au sein du parti républicain, dit The Atlantic. D'un côté, il y a les classes moyennes blanches, qui sombrent, et qui soutiennent M.Trump. De l'autre il y a les grandes fortunes américaines, qui financent ses adversaires, et qui désirent toujours plus de libéralisme et de déréglementation. En particulier, elles sont farouchement favorables à une immigration qui est bonne pour les affaires. 

Ceci pourrait déboucher sur un scénario surprenant. En fait, c'est le scénario actuel. Les milliardaires américains peuvent obtenir ce qu'ils veulent sans la présidence. Le pouvoir peut être exercé par d'autres instances. La cour suprême, le sénat, la chambre des représentants... D'ailleurs, comme aujourd'hui, elles peuvent paralyser la présidence. 

(Autrement dit, il est probable que Trump va se faire torpiller par son propre camp ?)

vendredi 26 février 2016

Juger

Je suis victime d'Hannah Arendt. Elle a passé sa vie à se demander ce que signifiait "juger". Et je me pose aussi cette question. 

En fait, je crois qu'elle ne veut rien dire dans l'absolu. Au moins lorsqu'il s'agit de "juger quelqu'un". En effet, pouvoir juger signifie que la personne "est" définitivement. Alors qu'elle peut "devenir". Surtout, j'en suis arrivé à penser que sa transformation n'est pas continue, graduelle. La métaphore du fleuve ne s'applique pas. En réalité nous avons le potentiel de transformations radicales. Certes, il ne s'agit pas de changer une citrouille en carrosse, mais peut-être un égoïste en altruiste, par exemple. Hannah Arendt parle d'ailleurs de (re) naissance.

En outre, juger quelqu'un signifie que nous ne pouvons pas contribuer à son changement. Or, c'est faux. Notre capacité à nous transformer dépend des conditions dans lesquelles nous évoluons. De l'aide de la société.C'est d'ailleurs un des résultats centraux des travaux de Boris Cyrulnik concernant la résilience.

Il en est pareil des morts. Il n'est pas juste de les critiquer sans appel, car ils avaient peut-être le potentiel de se changer. 

Pour autant, le jugement, tel que la justice le pratique, a une utilité. En particulier, il signale à l'individu que l'erreur est humaine, mais que persévérer est diabolique.Mais il porte sur le comportement, pas sur l'homme.

Pensée

J'ai lu chez Lucien Jerphagnon que la mort du philosophe grec était à l'image de sa vie. Je pense qu'il en a été de même de ma mère. Cela l'aurait surprise que je la compare à un philosophe, car elle n'avait pas fait d'études et en était complexée. Elle avait fort peu de considérations pour elle-même. "Tu n'es pas belle, mais tu es propre", lui disait ma grand mère, qui voulait lui donner une excellente éducation. Et pourtant rien ne lui résistait. Il suffisait qu'elle veuille quelque chose pour qu'elle l'obtienne. Elle avait une maîtrise quasiment sans équivalents des forces auxquelles obéissent les groupes humains. J'ai d'ailleurs utilisé dans un livre un changement qu'elle avait réalisé dans la banque qui l'employait. Dans les années 80 elle avait créé un des premiers services de bureautique. Elle s'était opposée aux décisions de sa direction, qui voulait dissoudre son service. Elle n'avait pas protesté. Elle avait agi. Elle avait réalisé le changement qu'elle jugeait bon en un temps record. Et, curieusement, à la satisfaction générale. Cela dépassait de très loin ce qu'on lisait dans la Harvard Business Review. Et ce n'était rien par rapport à ce qu'elle a fait de son existence, qui a suivi le chemin dont elle avait rêvé quant elle avait onze ans. 

Peut-être aurais-je dû lui dire tout cela de son vivant. Mais elle n'aurait probablement pas voulu l'entendre. Je ne suis pas aussi doué qu'elle pour réussir le changement. Malheureusement.

jeudi 25 février 2016

Banque centrale : pyromane ?

Si la guerre des monnaies est menée à coup de taux négatifs, le danger pour l'économie mondiale sera considérable. On entrera alors en territoire inconnu et le secteur financier sera sous une forte pression. Il n'est pas alors exclu que les banques augmentent le taux des crédits qu'elles accordent, ou durcissent à nouveau leurs conditions de prêts pour compenser les pertes réalisées sur les marchés de taux, ou sur les dépôts régis par des rémunérations négatives. On aura alors atteint l'effet inverse de ce que les banques centrales souhaitent : une compression du crédit qui est naturellement déflationniste et qui, partant, encouragera encore à aller plus loin dans le taux négatif. La spirale déflationniste sera alors proche, sans vrai moyen de la contrer. (La Tribune.)
Les politiques des banques centrales ont l'effet inverse de ce qui est désiré. Au lieu de relancer l'économie en favorisant son financement, elles provoquent une contraction des crédits. Faillite du monétarisme, qui régit le monde ? Nouvel exemple d'énantiodromie ? Pas amusant. 

(Monétarisme : laisser-faire, rendu possible par une saine gestion de la monnaie par les banques centrales. Hypothèses qui sous-tendent ce modèle.)

La loi El Khomri expliquée

Pourquoi notre gouvernement de gauche propose-t-il une loi du travail ultralibérale ?
  • Pour Manuel Valls c'est une manœuvre tactique en vue des élections de 2022. Les partis politiques auront disparus. Il y aura les "hommes de raison", et les autres. Les premiers appliqueront les lois qu'ont inventé les pays raisonnables (notamment "Espagne, Suisse, Allemagne").
  • Pour François Hollande c'est une manœuvre tactique en vie des élections de 2017. Il pique les idées de son adversaire de droite. 

(Où l'on voit que la France n'est plus le pays de la raison, mais que celle-ci doit être importée d'ailleurs ?
Et si la stratégie de la droite était maintenant de faire une politique de gauche ? Cela tenterait-il Alain Juppé ?)

mercredi 24 février 2016

Et Dieu inventa l'intelligence artificielle

Dans ma jeunesse l'intelligence artificielle était une énorme mode. J'ai même consacré ma dissertation de MPhil à : un système expert en automatique. Comme se fait-il qu'elle revienne soudainement comme une immense nouveauté ? Et si mon billet précédent répondait à cette question ?

Et si, face à une entreprise bloquée par une série de changements ratés, l'ambition avait trouvé une issue de secours ? L'intelligence artificielle, c'est l'entreprise sans l'homme ! La solution à la résistance au changement ?

L'ambition carriériste, moteur du changement mondial ?

Soutenance de mémoire. (Il y a quelques années.) Nous étions deux examinateurs et nous ne comprenions pas de quoi on nous parlait. Pourtant mon collègue était professeur d'informatique, et il s'agissait d'un logiciel. L'étudiant l'avait fait mettre en place par son employeur. A notre avis le projet ne faisait aucun sens. Jusqu'à ce que l'étudiant nous dise avec une honnêteté désarmante que c'était le cas. La raison du dit projet avait été de se faire remarquer par ses dirigeants. Il avait réussi. Il avait été nommé directeur financier de filiale, et on lui avait payé un MBA.

Depuis mes débuts chez Dassault Systèmes, il y a trente ans, j'ai vu se multiplier ce type de changements. Ils ne sont pas motivés par l'intérêt de l'entreprise, mais par l'ambition personnelle. Résultat : les changements se succèdent au rythme des promotions (de l'ordre d'un tous les deux ans). Ils ratent. Et ce non parce qu'ils étaient fondamentalement mauvais, mais parce qu'on les a abandonnés en cours de route. Les vendeurs de logiciel et les consultants l'ont compris, ils ne parlent pas retour sur investissement, mais carrière. Et ils ne s'entêtent pas à promouvoir une mode de management dont le temps est passé.

Conséquence actuelle : saturation de changements ratés. Le changement bénéfique se heurte au cynisme de l'organisation. Et échoue. L'avenir des entreprises est bouché ? Notre économie est sinistrée ?

(Si une entreprise a échappé à ce phénomène, elle a probablement un très gros potentiel à exploiter. Tuyau pour boursicoteur ?)

mardi 23 février 2016

Tocqueville avait-il raison ?

Tocqueville et Flaubert s'inquiétaient de la démocratie de masse. Ils pensaient qu'elle ferait disparaître tout ce qu'il y avait de beau en leur temps, tout ce qui faisait le prix de la vie.

Et s'ils avaient eu raison ? Le noble était une pièce unique. Aujourd'hui l'éducation nationale est une machine de production de masse. Mêmes les grandes écoles fabriquent des centaines d'élèves que l'on a bien du mal à distinguer les uns des autres. Eux-mêmes se définissent en premier par leurs études. C'est aussi une machine qui forme à la conformité. Le bon élève est celui qui dit ce que l'enseignant juge bon. Demain, le meilleur des mondes ?

Clients, méfiez-vous des vendeurs

J'en suis arrivé à la conclusion que je ne pouvais pas me vendre. Je devais être acheté. Je crois que cela explique le succès de mes missions. Pourquoi ? 

Mon métier est de travailler avec un patron à la conception d’une stratégie et de sa mise en œuvre. J’interviens lorsqu’il y a (gros) risque. Mes missions sont, paradoxalement, courtes, et, évidemment, délicates. 

Me « vendre »  instaure une relation, avec mon client, qui est antinomique avec le concept même de changement. En effet, il croit que, parce que je lui demande de l’argent, je lui suis redevable, et que j'ai une obligation de résultat. Or, c'est son entreprise, et souvent sa carrière, qui sont en jeu. S'il n'a aucune anxiété de survie, s'il est passif, la mission est vouée à l'échec. 

 Pour ces raisons, je ne prospecte pas, et je ne travaille qu’avec des gens qui viennent me chercher.

lundi 22 février 2016

Changement, colonies et générosité

Nos ex colonies n'ont-elles pas été prises entre Charybde et Scylla ? Une hypothèse. D'un côté, une pensée de gauche croyait voir triompher ses utopies. Les opprimés libérés, auxquels elle s'identifiait, produiraient le paradis sur terre. D'un autre, la pensée de droite. Elle voulait punir les colonisés de leur ingratitude. Elle conjecturait qu'ils auraient bien des difficultés. Car on avait plaqué sur eux un modèle qui ne correspondait pas à leur culture, et qu'il nous avait fallu des siècles pour mettre au point. Sans notre aide, ils ne pouvaient pas s'en sortir.

Comme souvent ce n'est pas cet exemple qui m'intéresse, mais la généralisation qui peut en être tirée. La voilà :
  • Pouvoir prévoir juste est la marque de la défaite de l'humanité. Car c'est laisser un piège se refermer sur des êtres humains. On ne peut prévoir avec une bonne certitude qu'un malheur.
  • Le propre de l'homme est de changer le monde. Mais, pour cela, il doit se changer en premier. De la perte de l'autre, il doit souhaiter son succès. Et prendre l'autre tel qu'il est. Pas vouloir l'enfermer dans une utopie.
La générosité condition nécessaire du changement bénéfique ?

Développer l'esprit cirtique

Il y a quelques temps, on m'a demandé ce que j'aimerais changer dans l'école. J'ai répondu : j'aimerais bien qu'elle nous donne un esprit critique. 

Comme dans Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, il est possible que la société nous ait toujours seriné que nous étions bien à notre place, de façon à ce que nous n'en sortions pas. Mais, d'une part, ce n'est plus à la mode, et, d'autre part, ce type de technique semble être utilisé par certains pour exploiter les autres. Comment l'éviter ? Quelques idées :
  • On enseigne à nos élites que la manipulation, ou "soft power", est le seul moyen de parvenir à leurs fins. Ce qui n'est pas vrai. On pourrait leur enseigner le changement selon Kurt Lewin. 
  • Nous faisons l'objet d'un lavage de cerveau dès l'école. Comme on le disait au temps des Lumières, il faudrait remplacer "l'éducation" par "l'instruction". L'école doit nous apprendre ce que la société sait, et les règles qui permettent d'y vivre. Elle peut apprendre aussi à avoir un esprit critique, toujours au sens des Lumières. Mais pas la morale, ce qui est bien ou mal. C'est à chacun d'en décider. 
  • Face à la manipulation, l'individu est faible, mais pas le groupe. Pourquoi ne pas encourager le développement d'équipes complémentaires, chacun utilisant au mieux les compétences de l'autre ? 
  • Il n'est probablement pas bon de se débarrasser totalement de la manipulation. Car si elle réapparaissait nous serions sans défense face à elle. Pourquoi ne pas concevoir des mécanismes de vaccination ? Un laboratoire de manipulation, qui inventerait de nouvelles techniques de manipulation et leurs contre-mesures ? 

dimanche 21 février 2016

L'esprit du capitalisme

"Capitalism is the astounding belief that the most wickedest of men will do the most wickedest of things for the greatest good of everyone." John Maynard Keynes.

Il y a du paradoxe dans la pensée de l'entrepreneur anglo-saxon. D'une part, il y a le "Marché", le bien absolu (récemment on parlait "des Marchés" (financiers), comme de justiciers). D'une autre, il considère que sa vie est un combat contre la masse, à commencer par ses ouvriers. Les livres sur l'histoire du capitalisme le montre en homme courageux, prêt à se battre seul contre tous, mais avec la puissance de feu d'un destroyer, s'il le faut. Ce qui n'est pas sans rappeler le courage de poignées de colons anglais affrontant les révoltes de colonisés indiens. L'entrepreneur a reconnu très tôt les mérites de la science. En particulier, celle de la manipulation de masses

Pour lui, le peuple n'est pas le marché ?

(Citation venue d'ici. En France, il pourrait y avoir quelque chose de similaire. Les forces de la Raison affronteraient le peuple pour lui faire voir la Lumière. Là aussi la fin justifie les moyens. Voir le livre de J.B. Fressoz sur l'histoire du progrès technique.)

Large porte

"Efforcez vous d'entrer par la porte étroite car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition et nombreux sont ceux qui y passent mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la Vie, et il en est peu qui les trouvent." (André Gide, grâce à La cause littéraire.)

J'ai l'impression parfois que depuis 50 ans, nous avons choisi la porte large de la facilité. Un exemple.

L'autre jour Hubert Védrine parlait à France Culture des concessions que l'on pourrait faire, sans dommages, à l'Angleterre pour la retenir dans l'Europe. Il disait que l'on pouvait sacrifier le principe "d'union toujours plus étroite". Cela ne correspondait pas à l'esprit du temps. 

Ce qui correspond à l'esprit du temps, c'est le bricolage et la médiocrité à courte vue. L'ère des principes est finie. On liquide ce que nos pères ont fait, sans se demander pourquoi ils l'avaient fait, et quelles seront les conséquences de nos décisions. La paresse intellectuelle, le contentement de soi béat et l'irresponsabilité sont rois. Et il n'y a même plus de débats et de contrepouvoirs.

Mais il ne sert probablement à rien de le regretter, le mouvement est certainement impossible à arrêter. Nous sommes tous comme Mme Merkel : nous conduisons dans le brouillard épais. Suivons le conseil de Dennis Meadows : préparons-nous à la catastrophe en bâtissant notre résilience ?

samedi 20 février 2016

Générations et révoltes

Un metteur en scène de théâtre et de cinéma, de mon âge, me disait que la génération 68 ayant monopolisé la culture, il n'avait quasiment pas pu avoir de carrière. Mais que la situation était bien pire pour la jeune génération. 

La génération qui s'est révoltée après guerre était celle des Sartre, pas celle des enfants. Et si les jeunes générations avaient été manipulées par les un peu plus anciennes au profit des petits intérêts de ces dernières ? Un enseignement à retenir pour ma génération ? Résister à la tentation du règlement de compte mesquin, et aider les jeunes à monter un monde sain, leur projet ?  

Notre pensée est-elle viciée ?

Hannah Arendt dissèque la question du totalitarisme. Elle la trouve nichée au sein de notre façon de penser, à vous et à moi, et maintenant. Ce qui me préoccupe sérieusement.

Le mot apparaît vers 1950. Il remplace "impérialisme". Le sens commun a repéré l'émergence d'un phénomène. Mais la science affirme qu'il n'y a rien de neuf. Elle est prisonnière de ses présupposés. Le totalitarisme les invalide. Ce qu'elle refuse.

Méfions-nous de notre raison ?
Selon Montesquieu une société repose sur des lois et des mœurs. Les lois ont flanché au XVIIIème. Mais le bon sens des mœurs continuait à guider notre action. Malheureusement il a cédé au XIXème.

Le totalitarisme procède comme le serpent de la Genèse. Par ses insinuations perfides, il fausse le sens commun. Comment ? Il ne peut y avoir "sens commun", sans communauté. Le totalitarisme sape donc le lien social. Il remplace l'expérience de la pratique commune par des pseudo vérités. Elles deviennent des dogmes. Par exemple la thèse de la survie du mieux adapté ou celle que telle ou telle classe sociale est porteuse du progrès. Il en déduit, par une logique implacable, le comportement que l'homme doit adopter. 

Le totalitarisme serait-il le cancer de la raison, qui attend son heure pour se réveiller ? Ma pensée ne repose-t-elle pas sur des présupposés dangereux ? D'ailleurs, selon Hannah Arendt, notre élite intellectuelle est la première victime, et le vecteur de la peste totalitaire.

La solution qu'Hannah Arendt apporte à ce problème n'est pas rassurante. Il y a des gens qui ont la capacité de faire renaître la société. Alors, elle repart de zéro avec un sens commun sain. A l'origine de cette renaissance est l'inspiration, ce que Bergson (qu'elle ne cite pas et ne paraît pas avoir beaucoup lu) appelle l'intuition. L'individu parvient à aller au delà de la raison. Il entraperçoit l'essence du monde. C'est de l'action que naît cette inspiration. 

(Compréhension et politique (1954), in La philosophie de l'existence et autres essais, Petite bibliothèque Paillot. Hannah Arendt découvre, soixante ans avant lui, les constatations de Mark Lilla.)

vendredi 19 février 2016

Qu'il est difficile de lire...

Mais que dit-il ? Que le décodage d'un livre peut être compliqué ! D'autant que je lis des ouvrages techniques, et parfois philosophiques. C'est une question d'adaptation. Il s'agit de parvenir à se mettre à la place de l'auteur qui, lui, s'est rarement mis à la place du lecteur. Herméneutique.

Arrive un moment où il me semble que j'ai compris quelque-chose. Piège : satisfaction stérile, d'où oubli. Jusqu'à ce que je rencontre un problème auquel ce que j'ai lu apporte une solution. Je m'en rappelle alors. Tout s'éclaire. 

Conclusion : quelle attitude à la lecture ? Je suggère : Que m'apporte ce livre ? Que sais-je maintenant de plus qu'avant ? Qu'est-ce que je ferais différemment ? Et, surtout : application ?

(Je constate que l'attitude du lecteur a évolué. Jadis, on s'escrimait à comprendre les grands auteurs. "Comme dit Untel." Maintenant le lecteur plaque sa vision des choses sur le livre. Il refuse de changer. "Je ne comprends pas" est une condamnation sans appel. Il ne lit que ce qui lui donne raison... Peut-être ce changement vient-il de notre éducation, qui veut que ce soit l'élève qui sache et pas l'enseignant ?)

Qu'est-ce que l'existentialisme ?

Hannah Arendt parle des existentialistes, et je ne comprends rien. 

Kierkegaard est le Platon de l'existentialisme. il est suivi par Schelling, Nietzsche, Bergson, Scheler, Heidegger, Jaspers, Sartre et Camus. Elle étudie essentiellement Heidegger et Jaspers, qu'elle a connus, et Kierkegaard. Elle fait subir aux autres un traitement sommaire. Ce n'est pas pour autant qu'elle rend Heidegger compréhensible. Il y est dit, par exemple, que nos êtres nous étant donnés, la seule façon d'avoir quelque chose à soi est le néant, pour autant il est interdit de se suicider. Plus loin on apprend que le "néant néantise"... Jaspers s'en tire mieux. Pour lui, on n'existe que dans les "situations limites", moments où la raison disjoncte. Par exemple lors des crises. Mais son œuvre nous laisse en plan.

L'existentialisme est une remise en cause de la philosophie. La philosophie est basée sur le primat de la raison. Par la raison, l'homme est supposé avoir accès à la Vérité. L'existentialisme, lui, part de l'existence. Nous existons, c'est un fait. Qu'est-ce que cela signifie ? Mais, surtout, il constate la défaite de la raison. En deux mille cinq cents ans d'efforts, la raison n'a réalisé aucune de ses promesses. Elle n'a rien expliqué. La raison est au mieux un outil. L'essentiel commence là où elle s'achève.  

C'est peut-être pour cela que chaque œuvre existentialiste se finit en contradiction, en échec. Car la philosophie, c'est la raison. Si la raison est fondamentalement viciée, l'utiliser c'est se prendre au piège ! (Hannah Arendt décrit d'ailleurs Heidegger comme un renard famélique enfermé dans son propre piège.) 

Pour autant, tout ceci n'est pas vaine rhétorique. Car nous utilisons tous la raison. Et si c'était là l'enseignement de la philosophie : tu ne te fieras pas à la raison ? 

(Ce qui précède se réfère à plusieurs chapitres de La philosophie de l'existence, Petite bibliothèque Payot. Sur ce même sujet : a very short introduction.)

jeudi 18 février 2016

Deux doigts, mieux que cinq ?

Expérience. On taperait aussi vite avec deux doigts qu'avec cinq. C'est ce que dit un article.

Différence : des années de formation. Et s'il en était ainsi dans d'autres domaines ? Et si tout ce que l'on apprenait n'était pas utile ?

Billet sans nom

Ce blog a perdu son lecteur le plus fidèle.

Et je ne sais pas pourquoi j'écris ce billet.

Une base lunaire, demain ?

Il serait facile d'installer une base lunaire, et pas excessivement coûteux. Et cela pourrait se faire vite. A quoi cela servirait-il ? Tourisme, expériences scientifiques, peut-être extractions diverses...

Ou encore, relance Keynésienne ? Stimuler la créativité de nos ingénieurs rouillés par le manque de défis à leur mesure ? Redonner un sens à la vie : motiver une humanité en mal de rêve ?

Pouvoir, enfin, être dans la Lune, programme de présidentielle ?

mercredi 17 février 2016

Comptes de campagne Sarkozy : procès de notre temps ?

En écoutant parler des comptes de campagne du président Sarkozy, je me suis demandé si l'on ne faisait pas le procès d'un état d'esprit qui prévalait hier encore. 

Beaucoup, les politiques en premier, se disaient des grands patrons, des entrepreneurs. L'entrepreneur ne compte pas. Il fait des paris fous. D'ailleurs, répétaient les journaux anglo-saxons, c'est dans l'adversité, la concurrence du marché, que se révèlent les talents. C'est ainsi qu'émerge l'innovation, que surviennent les grandes découvertes. Voilà pourquoi il ne fallait pas se préoccuper de l'intendance, mais lui donner des "challenges", qui la forceraient à se transcender. Voilà qui explique l'histoire de VW ? Et celle de la Société Générale ?...

Aujourd'hui nos grands fauves ont la gueule de bois. Leurs rêves de démiurges ne se sont pas réalisés. Et la communauté paie leurs dettes.

2016 : le retour de 29 ?

Cette fois-ci c'est la bonne ? Paul Krugman, après avoir rappelé une pensée de Samuelson "les marchés ont prédit 9 des 5 dernières récessions", disait que s'ils voyaient juste, nous étions bons pour Armageddon. Hier matin, le chroniqueur de France Culture, qui annonce la reprise en France depuis un an, expliquait que les raisons sur lesquelles reposait son raisonnement pouvaient tout aussi bien signifier la "Tempête parfaite". D'autant que les marchés tendent à la prédiction auto-réalisatrice. Va-t-on rejouer 29 ?

Rien ne va plus ?

(PS. Les mécanismes en marche.)

mardi 16 février 2016

L'innovation française est-elle ringarde ?

Je rencontre et on me parle d'entreprises innovantes. Et ce que je vois me déprime. Cela a beau être abrité par un incubateur, cela a quelque-chose de "has been". Alors que je tends à m'enthousiasmer pour la technologie, là, je ne vois rien de neuf. En outre, il n'y a aucune ambition, aucune conquête de marché mondiale, aucune levée de fonds grandiose. On vit des allocations de l'Etat. Il est bien loin le temps des Blériot. Ou même mes débuts chez Dassault Systèmes. 

Bien sûr, il reste Sigfox. Mais je trouve notre innovation tristounette. Nous manquons de centres de recherche, et de gens brillants qui se consacrent à la recherche ? Les dits gens brillants se perdent-ils dans des ambitions managériales contre nature ?...

Ce à quoi je crois encore, c'est à l'entreprise traditionnelle. J'y découvre souvent des savoirs-faire étonnants, ignorés. Trésor à exploiter ?

Catholicisme cartographié

Hannah Arendt met le catholicisme français en équations (on est en 45) :
  • "Catholiques sans foi", Action française. Ils aiment l'Eglise, figure d'autorité, mais pas la religion. Réaction anti-démocratique.
  • Tendance Péguy et Bernanos : cherchent "la liberté pour le peuple et la raison pour l'esprit", réaction contre la bourgeoisie, porteuse de tous les maux.
  • Tendance Maritain : individualiste, veut sauver son âme. 
(La philosophie de l'existence, Petite bibliothèque Payot, Chrétienté et révolution.)

lundi 15 février 2016

Qu'est-ce qu'un bon élève ?

J'enseigne sans être un enseignant. De ce fait, le regard que je porte sur l'élève et l'université n'est pas celui d'un pro. Voici comment je caractérise l'étudiant.
  1. Celui qui comprend :
    1. L'élève épatant est celui qui comprend ce que je dis sans que j'ai besoin de l'expliquer, et qui en tire quelque-chose que je n'attendais pas. C'est le bon élève absolu. 
    2. Le "bon élève" cherche à faire plaisir au professeur. Il le fait parfois avec un art consommé. C'est le champion du retour sur investissement. C'est le bon élève navrant. 
  2. Celui qui ne comprend pas :
    1. Soit parce qu'il croit avoir compris. Il sait mieux que moi. C'est le rebelle bête. 
    2. Soit parce qu'il ne m'a pas compris, nous ne partageons pas les mêmes références. Mais, s'il comprend mal, il agit bien. Instinctivement, il a compris l'esprit de la question. Et, lui aussi peut m'épater. C'est le rebelle intéressant.
En dernière année de l'enseignement supérieur (Bac+5), 1.1 est une espèce en voie de disparition ; 1.2, correspond au gros de la masse, 2.2, petite minorité (a remplacé 1.1 ?), et 2.1 autre petite minorité (en croissance ?). 

Une fois diplômés, les étudiants passent en masse dans la catégorie 2.1. Désormais : je n'ai pas compris = c'est idiot. (Car mon diplôme prouve ma capacité intellectuelle surhumaine.)

Comment atteindre la plénitude

Comme être un "homme optimal", atteindre la plénitude. Une synthèse des travaux de psychologie sur le sujet donne ceci :
  1. Try to balance your basic needs for autonomy, competence, relatedness, security, and self-esteem.
  2. Choose a goal that is in line with these needs, as well as your deepest self and talents, and that helps the larger community or world.
  3. Learn self-regulatory strategies and cultivate your character strengths to make efficient progress toward your goals.
  4. Constantly listen to your organismic valuing process, and modify your goals and personality as necessary.
Pour comprendre ce que cela signifie.

dimanche 14 février 2016

Peut-on aimer un égoïste ?

L'homme est intelligent, il faut s'adresser à sa raison, à son libre arbitre, pour le faire changer. C'est aussi pour cela que l'on peut l'aimer : par "sympathie". Depuis que j'ai rencontré Ayn Rand, je doute de ce jugement. Ayn Rand, c'est l'apologie de l'égoïsme. L'égoïsme a pour principe qu'il est seul au monde. L'autre est une chose que l'on manipule, notamment en jouant sur les lois de la société. On "aime" l'autre, comme on aime le poulet, pour le consommer. L'égoïste, ayant besoin de poulet, n'est pas auto-suffisant, paradoxalement. 

Et s'il n'y avait pas de bons altruistes et de mauvais égoïstes, ou  inversement ? Il faut de tout pour faire un monde. L'homme est complexe. Il a une logique qui lui est propre. Il faut se méfier des idées toutes faites que la société nous donne de lui. Chaque homme demande un travail de découverte spécifique.

Et l'amour dans cette histoire ? Pas de déterminisme ici aussi. L'établissement d'une relation entre hommes est une histoire sans précédent, et sans définition.

(Une entorse aux règles de ce blog, qui n'est jamais dans l'actualité, en ce jour de Saint V.)

Faut-il penser avec méthode ?

Face à un problème, le réflexe du consultant est de penser "méthode". D'ailleurs, lorsqu'il est pris par surprise, il se reproche d'avoir suivi son instinct et de ne pas avoir abordé la question de façon méthodique. C'est ainsi que je répète que je devrais lire mes livres !

Le pragmatisme, lui, a un autre point de vue. Il perçoit la vie comme une "expérience". Deux conséquences : la surprise, et une nécessaire réceptivité. Il va probablement arriver de l'imprévu, et même de l'inconcevable. "J'ai toujours tort" est la devise de ce blog. La vie est une découverte, et peut-être même une invention permanente. Si j'en crois Bergson, il n'y a pas eu Création, il y a Création. 

La "méthode" est utile dans la mesure où elle empêche de sombrer dans la paralysie du chaos. Mais elle est dangereuse si elle ferme notre capacité à l'émerveillement ?

Osiris, mystères engloutis d'Égypte

Exposition à l'Institut du Monde Arabe. Jadis on célébrait les mystères d'Osiris. Mythe fondateur de l’Égypte ancienne. Deux des temples où se passaient ces cérémonies, qui duraient vingt et un jours !, ont été engloutis. Des archéologues les ont retrouvés. 

Visite en forme de plongée ? Il fait nuit, seules les pièces exposées sont éclairées. C'est plus grec, voire romain, qu’égyptien. En ce temps là les envahisseurs s'emparaient des dieux des peuples conquis. Et l’Égypte semble avoir été à la mode. Adrien a même fait représenter son favori en Osiris. Quant aux mystères, il n'en surnage pas grand chose. L'expérience est irremplaçable ?

samedi 13 février 2016

Choice overload ou la faillite du marketing ?

The “choice overload” (...) when shoppers at an upscale grocery store were given six choices of jam, they were far more likely to actually buy one than when they were presented with 24 choices of jam (...) decision paralysis: more options lead to fewer selections—and, it turned out, less satisfaction with the choices made. (Article.)

Les marketeux pensent que le plus est le mieux. Faux et énantiodromie. Le talent du concepteur de produit est de comprendre son marché, et de faire des choix qui lui plairont. Du moins c'est ce que je pense.

Slow love

Les nouvelles générations sont-elles incapables de s'engager ? (A constituer un couple.) Il semblerait plutôt qu'elles soient adeptes du "slow love", elles procèdent à un long travail d'évaluation de façon à ce que leur engagement repose sur des fondements solides. (C'est du moins ce qui se passe aux USA.) 
Slow love means that before marriage, people are taking time to sleep around, have friends with benefits, or live with their partners. In Fisher’s view, this isn’t recklessness; it’s a way to get to know a mate better before signing up for a life with that person. “These days, people are so scared of divorce that they want to be absolutely positive of who they’re going to marry long before they tie the knot”.
Et si les dîtes nouvelles générations avaient appris des erreurs de leurs parents ?

vendredi 12 février 2016

Méfiez-vous des liens HTML

Méfiez-vous des liens HTML ? J'entendais France Culture dire que M.Bolloré attaquait des journalistes pour avoir fait référence, via un lien HTML à un article qui ne lui plaît pas. (Apparemment une histoire africaine.)

Dangereuse dérive ? Et si cela rendait tout débat, toute démocratie, impossible : si je ne peux pas citer les opinions que je combats, cela leur laisse libre cours ? C'est la défaite de la raison ?

Wikipedia perd son âme ?

On aurait créé en urgence ("en un jour") une fiche Wikipedia pour la nouvelle ministre de la culture, disait France Culture. (Qui la présentait comme une femme d'appareil et "fille de".)

Si l'on peut aussi facilement agir sur Wikipedia, où est l'indépendance sans laquelle il ne serait rien ? Wikipedia a-t-il encore un sens ?

Ayrault arrive

Fabius part, Ayrault arrive. J'entendais dire que c'était le choix de la raison :
  • C'est un ancien premier ministre, comme M.Fabius, cela montre que la France considère les relations internationales comme de première importance. 
  • Il a enseigné l'allemand dans le secondaire, c'est important pour Mme Merkel. Or, la stratégie de la France, dans les prochains mois, c'est l'Europe. 
  • C'est peut-être aussi un copain du président, et un bon soldat, ce qui est certainement utile à l'approche des présidentielles. (Peut-être aussi est-ce une sucette accordée à quelqu'un qui s'est fait débarquer de son poste peu élégamment ?)
 Mais il n'a pas le réseau international de M.Fabius, disait-on aussi. Ni la stature qui convient au poste ? Des considérations tactiques ont-elles prévalu sur l'intérêt général ?

Ondes gravitationnelles

Rencontre entre trous noirs. Une partie de leur masse devient de l'énergie. Ce qui crée une "onde gravitationnelle". Tout le monde en parle. Il y a beaucoup de ce qui fait les caractéristiques de la science dans cette histoire :
  •  Elle a quelque-chose d'invraisemblable : on mesure des écarts d'un dizaine de millième de la dimension du proton. Comment y parvient-on en dépit de toutes les incertitudes qui peuvent entrer en compte ?
  • Les héros de l'affaire sont trois scientifiques, maintenant en retraite (l'un a perdu la raison...), qui ont conçu l'expérience et se sont battus pour obtenir les énormes fonds nécessaires. Découvrir demande-t-il de vivre comme si l'on ne devait pas mourir ? (On est bien loin de l'esprit de l'économie de marché ?)
  • Finalement, on aurait détecté des phénomènes que l'on ne croyait pas possibles : des trous noirs massifs.

jeudi 11 février 2016

Et si la vérité était vivante ?

"Il est difficile de dire la vérité, car il n'y en a qu'une, mais elle est vivante et a par conséquent un visage changeant." (Kafka, cité par Hannah Arendt.)

Et si la vérité, comme les lois de notre justice, évoluait avec les transformations du monde ? Et si cela nous demandait de ne jamais dormir sur nos deux oreilles ? "in quiétude", comme je le dis souvent ?

Laurent Fabius part

Quel bilan tirer du ministère Fabius ? Plutôt bien, dit Le Point. Mais comment juger ? Au moins, il n'y a pas eu de manœuvre ridicule qui nous éclatent à la face, comme c'est si souvent le cas en politique. Il est, surtout, possible que Laurent Fabius ait donné de lui l'image que nous espérons d'un homme d'Etat. Autrement dit quelqu'un qui a des convictions et un métier, digne, discret mais ferme, et qui n'a pas les défauts que l'étranger associe à la France. Comme quoi certains hommes réussissent leurs changements ?

mercredi 10 février 2016

La drogue comme compensation ?

Le mécanisme de la dépendance à la drogue expliqué par la bande dessinée (Scientific American). A l'origine, il y a le processus de récompense du corps. On est récompensé pour avoir fait quelque-chose d'utile, qui sécrète de la dopamine. La drogue produit le même effet. Le meilleur moyen de s'en tirer, c'est l'entraide. "La meilleure façon de gagner face à une dépendance dangereuse est de dépendre des autres."

Consommerait-on de la drogue du fait d'un manque de relations humaines satisfaisantes ?

Corée du nord : la logique de la bête traquée ?

De temps à autres la Corée du nord tire un missile. Irrationnel ? 

La provocation a du bon. Elle pousse le peuple à faire cause commune avec un gouvernement impopulaire. En outre, elle force peut-être la Chine, allié de fait de la Corée du Nord, à la solidarité. 

Il est probable que le marché a bien plus sûrement disloqué l'URSS que la guerre froide. Or, les sanctions occidentales gênent l'infiltration de la Corée du Nord par l'économie de marché. De même, priver la Corée du Nord d'alliés devrait logiquement conduire à un comportement de plus en plus agressif, de bête traquée. 

Nouvel exemple d'énantiodromie ? (Ou espérons que la Corée du Nord ne parviendra pas à mettre au point une ogive nucléaire ?)

(Dernier tir : une fusée. Signe qu'il y a un petit artisanat prospère de la fabrication de fusées / missiles en Corée du Nord, en dépit de sa pauvreté. Artisanat aidé par l'Iran. Ou, il n'est jamais bon de se faire des ennemis ?)

mardi 9 février 2016

L'économie collaborative : combien de divisions ?

"si on fait le compte des entreprises du secteur dit collaboratif (la location, la revente, le prêt de bien, les achats groupés, l'habitat participatif, etc.), l'Ademe nous dit, c'est 15 000 entreprises (sur 3 millions en France) qui font travailler 13 000 personnes et dégagent un chiffre d'affaire de 2 milliards et demi d'euros." (France Culture.)

Autrement dit, l'économie collaborative a un poids infime, qui se chiffre en millièmes, même pas en pourcents. Et, même en pariant sur une croissance forte dans les prochaines années, cela demeurera très faible. Or, on n'entend parler que de cela. Et si ce que l'économie collaborative avait d'exceptionnel était sa capacité à manipuler les esprits ?

(Autre caractéristique exceptionnelle, que remarquait aussi France Culture : elle ne paie pas d'impôts.)

Informatique = faillite de l'intelligence ?

Les hackathon me navrent. C'est le retour du stakhanovisme. De mon temps les gourous du développement parlaient de méthode, de mathématiques, et disaient que lorsque l'on se mettait à travailler comme un fou, c'est que l'on était partis pour un désastre. C'est d'ailleurs ce que j'ai constaté. Une raison de plus au fait que l'informatique ne soit pas un facteur de productivité ? 

Toujours est-il que je me demande si cette perte de méthode n'est pas la conséquence du libéralisme. L'individu est laissé à ses instincts. On ne l'instruit pas. Et l'informatique n'aide en rien : au lieu de réfléchir, de penser astuce qui va résoudre la question sans effort, appel au savoir scientifique, de démonstration sur le papier, on se jette dans la programmation. 

(Mais y a-t-il encore des gens qui pensent mathématiques ?)

lundi 8 février 2016

Piketty président ?

Thomas Piketty semble avoir ce qui manque à nos politiques : un programme, et une façon simple de le présenter. La crise ? Une erreur européenne. La rigueur à contre courant. Elle a fait que l'Europe s'est effondrée économiquement. Résultat : dislocation sociale, chômage et extrémismes. Comment mettre en œuvre un changement de cap ? Italie, Espagne et France pèsent 50% de l'économie européenne, contre 25% à l'Allemagne, champion de la rigueur... La politique du gouvernement ? Pas de politique du tout. Au mieux du bricolage. Et encore, contre-productif, comme le CICE, qui aurait coûté 20md pour rien. (Thomas Picketty était l'invité de France Culture, ce matin.)

Aujourd'hui, il n'y a que le FN qui ait un discours clair, qui sous entend un passage à l'acte. Et si nos partis politiques traditionnels comprenaient que c'est ce qui est attendu d'eux ? Qu'ils ne peuvent plus faire passer des mots pour des actes ? 

Force : une définition

Le fort voit vos forces, le faible vos faiblesses. Voici une idée qui m'est venue dans une discussion. Il y était question de deux comportements : celui d'un "fort" qui est d'autant plus fort qu'il sait utiliser vos forces : et celui d'un "faible" dont la stratégie est de chercher vos failles, parce qu'il ne vous comprend pas. 

(On ne naîtrait donc pas fort ou faible. La force et la faiblesse ne seraient qu'une attitude à la vie. Peut-être que, comme dans les travaux d'Edgar Schein, force ou faiblesse ne serait qu'une question de "comment" : le faible ne connaîtrait pas la technique qui permet d'être fort. Le faible pourrait aussi obéir à un principe d'économie. Dernière idée : le fort doit savoir se garantir du faible...)

dimanche 7 février 2016

Dangereux antidépresseur

On ne serait pas sûr que les antidépresseurs sont efficaces. En revanche, on aurait remarqué quelques effets secondaires curieux : ils pousseraient au suicide et susciteraient des comportements agressifs. 

Ce seraient les études cliniques qui le diraient. Mais elles n'auraient pas été communiquées au public. 
Taken together with other research that raises questions about the pros and cons of this class of drugs—including studies that suggest antidepressants are only marginally better than placebos—some experts say it is time to reevaluate. “My view is that we really don't have good enough evidence that antidepressants are effective and we have increasing evidence that they can be harmful,” Moncrieff says. “So we need to go into reverse and stop this increasing trend of prescribing [them].”(L'article.)

L'esprit du conseil

Discussion avec un dirigeant dont l'entreprise a été achetée par un des principaux cabinets de conseil américains et qui a, de ce fait, passé plusieurs années comme associé. Voilà ce qu'il en dit :

"Le client sait ce qu'il veut, il fait intervenir le cabinet pour justifier ses décisions ; on utilise la capacité de travail du consultant, pas son intelligence."

Le conseil : apporter de nouvelles idées ou justifier les anciennes ?

samedi 6 février 2016

La guerre du talent fait des victimes

Trop de talent nuirait à la performance d'une équipe ou d'une entreprise. La personne de talent cherche l'exploit personnel, ce qui n'est pas dans l'intérêt du groupe. On a beaucoup parlé de la "guerre du talent". Fin d'une mode ? (L'article.)

Mais qu'entend-on par talent ? L'aptitude à se faire remarquer ? Et si le réel talent était, au contraire, d'être un catalyseur social ? Il n'entre pas dans la réaction, mais, sans lui, elle ne se fait pas ?

Accélérateur de réflexion

"Je me suis plongé dans ton livre qui est effectivement un accélérateur de réflexions au delà de l'entreprise" me dit un ami. Et j'en suis heureux. C'est ce que je cherchais à faire. 

Un participante à la séance de dédicace du 2 février m'a demandé ce que je changerais, si je devais changer l'Education nationale. J'ai répondu que j'aimerais que les élèves en sortent avec un esprit critique. 

(L’Éducation nationale suscite effectivement la critique, m'a-t-on dit. Mais je désirerais une critique qui ne se contente pas d'elle-même et qui débouche sur une action. Et une action qui exploite les potentiels de l'existant, pour le changer sans le casser.)

vendredi 5 février 2016

La transformation d'Hillary Clinton

Quand elle était jeune, Hillary Clinton était solidement républicaine. C'est son passage à l'université qui l'a transformée

Question que je me posais pour F.Mitterrand. Quelle est la nature de ce type de changement ? Et si seul le discours changeait, mais pas le comportement ? (Plus clairement : j'ai un discours démocrate, mais j'agis comme un Républicain.)

The Economist et France Culture

The Economist et France Culture furent les piliers de ce blog. Pourquoi ? Parce que la contradiction fait réagir, que la réaction nourrit le blog, et que ces deux médias me semblaient dogmatiques, un à droite, l'autre à gauche, et contraires à ma nature in quiète (en deux mots), autrement dit qui se méfie des certitudes. 

Eh bien, aujourd'hui, j'ai lâché The Economist et je trouve France Culture de mieux en mieux. Pourquoi ? Parce qu'ils ont évolué à l'inverse l'un de l'autre. Le premier en se solidifiant dans son idéologie, en lui sacrifiant une forme de rigueur intellectuelle et d'élégance britannique, le second en menant l'enquête, en s'interrogeant. Et si, finalement, la France avec quelques leçons à donner au monde ? 

jeudi 4 février 2016

Bâillement empathique

La femme aurait plus d'empathie que l'homme, c'est une mère. Et cela se verrait dans le bâillement : quand quelqu'un bâille, elle bâille par sympathie. C'est ce que dit la science...

Sens de la vie et bonheur

the “parenthood paradox”: parents often report that they are very happy they had children, but parents who are living with children usually score very low on measures of happiness.
Le sens et le bonheur ne vont pas toujours ensemble dit un article.Ce qui me pose avant tout la question de ce que l'on entend par ces mots.

mercredi 3 février 2016

François Mitterrand était-il d'extrême droite ?

M.de Villiers estime M.Mitterrand, mais pas J.Chirac, dit Hervé Kabla qui a lu le livre du premier. Surprenant ? 

La fin de vie de M.Mitterrand a eu quelque chose de plus surprenant encore. Comme Talleyrand et les nobles d'ancien régime dont parle Bossuet, il semble s'être mis en règle avec sa conscience et ses convictions, après une vie dissolue. Non seulement, il a reconnu sa fille illégitime, mais il y a eu l'affaire Bousquet.

Question : vie dissolue, ou vie qui ne fut qu'un moyen au service d'une fin ?

Car sa politique était-elle de gauche au sens où l'entendaient ses partisans ? Les "nationalisations", il y en a eu de massives après guerre, et le gouvernement n'était pas de gauche. Les guerres étrangères ? La grandeur de la France ?...  

(Sa jeunesse, n'a vraiment pas été de gauche... Quant à Jacques Chirac, Anne Fulda dit qu'il est "radsoc". Mitterrand : "natsoc" ? Dans la série homme et changement : ce que l'on dit semble plus facile à changer que ce que l'on fait...)

Andorra ou la mauvaise conscience de la suisse alémanique ?

Afficher l'image d'origineAndorra, pièce de Max Frisch (1911, 1991). Vendredi soir, j'étais au Théâtre 13. C'est un Suisse allemand, contemporain de la sortie de l'oeuvre, qui m'a fait découvrir cet auteur. Sans lui j'aurais manqué beaucoup de choses. 

Elle a fait un énorme scandale à sa sortie dans les années 60. Elle dénonce la société suisse allemande, qui eut, on ne le sait pas en France, une admiration certaine pour le nazisme. Elle n'aurait peut-être pas été défavorable à une Anschluss. J'avais compris qu'il y avait critique, certes. La pièce me rappelait ce qui se faisait probablement un peu partout à l'époque, en particulier Sartre. Mais ce qui se comprend moins c'est ce que chaque personnage, chaque geste... signifient. C'est la culture suisse que l'on agresse. Surtout, ce qui est perdu, c'est la langue suisse-allemande, bien pesante, à l'image d'une société, provinciale, petite, médiocre, écrasante, aliénante, qui asphyxie l'individu et le force à une conformité mesquine.

Bien loin de ce patois allemand, qu'un ami alsacien qualifie de "maladie de la gorge", le français et le jeu des acteurs étaient aériens. J'ai reconnu une autre tradition. Celle des acteurs "engagés" de mon enfance. Façon Maison de la culture d'Argenteuil. Je ne croyais pas la revoir chez une troupe aussi jeune. Décidément, tradition, tradition...  ?

(Ce qui me semble original, voire nouveau, dans cette pièce, c'est le rôle de l'intellectuel. Qu'il soit allemand ou suisse, ses velléités de révolte ont fait long feu, il a été victime du conformisme ambiant. Au mieux, il est désespéré. Et il pourrait avoir été à l'origine, bien plus que la société qu'il dénonce, du drame final. Étrange.)

mardi 2 février 2016

Attention : électeur en colère

They are angry at a political system they see as rigged. They feel squeezed by immigration, or the power of big banks. They sense that America is heading in the wrong direction, but emphatically believe only their candidate has the strength and vision to change things.
The voters driving two of the more remarkable movements of this election cycle — for Donald J. Trump and Senator Bernie Sanders — share striking similarities. Both groups are heavily white, more male than female, and both are fueled partly by people who, in interviews, express distrust of their parties and the other candidates, especially Hillary Clinton.
Les supporters de MM.Trump et Sanders, selon The New York Times. Unis par la colère contre le système politique et l'injustice. Cela ressemble à la France ? A d'autres pays d'Europe ? Temps de colère ?

Admissions parallèles : la fin des grandes écoles ?

Les grandes écoles : "il est désormais moins fréquent de suivre une classe prépa que d’entrer via les admissions parallèles" dit Le Monde. Ce ne serait pas vrai pour les "très grandes" écoles. HEC limiterait sévèrement les admissions parallèles (qui ont profité, par ailleurs, à notre président). 

En écoutant mes amis, je pense que la voie parallèle est plus facile que celle des préparations. Un bon élève qui va en IUT peut terminer aisément en tête de sa promotion et passer ensuite dans une très bonne école d'ingénieur. Il n'est pas sûr qu'il aurait aussi bien réussi par le parcours ordinaire. De même, il existe de nouvelles voies d'admission qui permettent d'éviter les chemins anciennement d'élite, sciences ou lettres. Du coup, ceux que l'on considérait hier comme les meilleurs élèves sont maintenant handicapés. 

Au train où vont les choses, les grandes écoles semblent à la fois être réservées aux catégories sociales qui ont les moyens de trouver le parcours qui maximise les chances de leurs rejetons, et perdre en légitimité du fait d'un amoindrissement de leur différenciation. La fin des grandes écoles ? 

lundi 1 février 2016

France autoritaire ?

Jean Quatremer dit que l'UE est très ennuyée de la "dérive autoritaire de la France". Ce n'est peut-être pas tellement l'attitude de notre pays qui l'inquiète que ce qui se passe en Pologne ou en Hongrie. Mais comment frotter les oreilles de ces nations et laisser-faire la France ? L'UE est impuissante. 

C'est étrange. Un gouvernement français, socialiste de surcroît, vecteur du retour de l'autoritarisme ?

7000

Ce blog. Sept mille billets. Près de huit ans d'existence. Changement qui provoque une série de changements. Plus j'ai analysé ce qui se passe autour de nous, plus j'ai été conscient d'une gigantesque manipulation des esprits. Une manipulation qui ne ressortit probablement pas au complot, mais à des idées dont nous ne percevons pas les conséquences. Les philosophes ont appelé cela "aliénation". Y mettre un terme a été le combat des Lumières. Il a débouché sur la Révolution. Le thème a été repris ensuite, notamment par Marx. Les Lumières ont aussi dit comment éviter la manipulation : par la "critique". Ce blog est un exercice de critique. 

Plus long chemin de soi à soi dont parle un anthropologue ? L'analyse critique de la société ne permet pas d'atteindre une vérité absolue. Elle débouche sur des choix. Il n'y a pas une bonne réponse à ces choix. La réponse dépend de soi. Le choix force à se définir. Et là surgit un paradoxe. Alors que choix égale perte d'options, c'est le contraire qui se produit. Ce choix fait, le monde et l'avenir changent de tête. On entre dans un nouvel univers plein d'incertitudes et de possibilités. C'est un peu comme si l'on hésitait entre deux portes. Certes en entrant dans une pièce on renonce à l'autre, mais, on sort du couloir. Actuellement, nous sommes dans un couloir gris et terne, alors que nous pourrions entrer dans une pièce pleine de joie et de vie.

Est-ce à ce processus que Sartre pensait lorsqu'il disait que l'on "devient homme" ? Ce qui fait l'homme, c'est le jugement, le thème de l’œuvre d'Hannah Arendt ? Je juge donc je suis ? Et la manipulation ne veut pas nous couper l'accès à la Vérité, comme le croyaient les Lumières, mais nous empêcher d'être ?