lundi 31 juillet 2017

Pissine

L'urine se combinerait au chlore pour donner un composant nocif. Or, d'après certaines études, il y aurait 75 litres d'urine par piscine. Apparemment, ce serait une pratique courante de s'y soulager. (La méthode scientifique, de France Culture, samedi dernier.) 

Faites du sport, nous disait-on... Et ce n'est pas tout. J'ai remarqué que tous mes amis anciens sportifs de haut niveau sont dans un état pitoyable. Et leurs maux ont commencé tôt : vers quarante ans. 

En fait, ce qui semble nocif, c'est l'excès, ou l'absolu. 

TNP

Le Théâtre National Populaire voulait "éveiller le peuple", disait France Culture. Je me demande si ce n'est pas la mission que s'est donnée France Culture. Et si ce n'est pas un peu prétentieux. En quoi les acteurs du TNP ou les journalistes de France Culture seraient-ils plus éveillés que moi, ou que quelqu'un d'autre ? 

Il y a là, en fait, tout un programme... Il y a l'idée que, pour bien agir, il faut bien penser. Et que la bonne pensée résulte d'une bataille de communication, entre ceux qui pensent bien et ceux qui pensent mal. D'où toutes ces associations qui "dénoncent" les "phobies", xéno-, islamo- ou autres. Et les ONG. Mais cela n'est pas qu'une idée de gauche. L'entreprise moderne croit que, pour réussir le changement, il faut faire de la "pédagogie". Comme si nous étions des retardés mentaux. 

Questions : nos dirigeants ignorent-ils que la vie est faite de problèmes pratiques et d'interactions compliquées entre hommes ? Que ce n'est pas en insultant des automobilistes que l'on débloque un embouteillage ?

Usine

Et s'il y avait des gens qui changent à temps ? Voilà un changement dans l'industrie, et comment le réussir, et pourquoi il n’est pas plus fréquent, malheureusement… Tiré d’un entretien avec l’un des deux directeurs généraux d'un site de production d’un groupe industriel.

Données du problème. Le site emploie 650 personnes, en France. Il exporte 97% de sa production. On n’est plus habitué à de tels succès chez nous. En 2011 l’entreprise entame une transformation radicale. Et ce « sans arrêter la production ». 6 ans plus tard, en dépit de nombreux aléas, mais dans les délais, elle s’achève.

Oser le changement. Le site marchait bien. Pourquoi changer ? Ses dirigeants constataient « qu’il n’y avait plus aucune souplesse ». Il fallait « accroître la capacité du site ». Et transformer radicalement son mode de fonctionnement. Le président du groupe était fier de son usine, il ne voyait pas de raison de la modifier. Mais il fait confiance à ses collaborateurs. Plus le projet a  progressé, plus il a vu « que l’on avait changé de braquet ». Il s'est senti renforcé dans sa décision.

Préparation. Les deux dirigeants ont cherché des « gens qui puissent les préparer au changement ». Mais ils n’en n’ont pas trouvé. (Mon interlocuteur a regretté que la question du changement, et les sujets que nous avons abordés dans notre discussion, n'intéresse personne.) Alors, « on a appris au fur et à mesure ». Ils ne se sont toutefois pas lancés immédiatement. « On est allé voir d’autres projets (…) cela nous a donné confiance. »

Facteurs de succès. Le changement requiert à la fois une vision à long terme, une organisation rigoureuse, une forte réactivité, et l’engagement de tous. « On (les deux dirigeants) avait une vision lointaine qui était la même. » « On a donné un planning. On l’a tenu. » « Un investissement sur cinq, six ans (demande) une gestion de projet draconienne. » « On a travaillé avec les équipes en mode projet. » En particulier, les membres de l’entreprise ont reçu la responsabilité de sous projets. « Le succès tient beaucoup aux hommes. » « La complexité c’est de démultiplier, et de percevoir le changement en permanence. » « Il faut intégrer tout de suite les fonctions intermédiaires. » Le plus important : créer une dynamique de groupe. Donc, il est impératif de ne jamais se faire arrêter par un imprévu : « il faut éviter les creux » !
Surtout, le changement, c'est l’imprévu. Qu'il ait été mené par deux dirigeants, et non un seul, a été important. Ils ont « pu s’appuyer l’un sur l’autre ». Ce type de changement demande une « forme de coaching », « comprendre comment ça va se faire, où vont être les difficultés. » Il est bon de « disposer d’un deuxième homme », avec qui s’entretenir dans les moments difficiles. « A deux, on est super clairvoyants. » « On est inquiets, mais confiants en nos forces. »
Il faut être sur le qui-vive et réagir vite. Danger : idées reçues. « Il faut intégrer les vrais modes de fonctionnement des gens. » « Il faut répondre au problème des gens sur le terrain (par exemple) « comment je fais pour aller à mon poste ? ». » « C’est de la logique floue. On s’est ajustés au fur et à mesure. » Par exemple, il a découvert le danger « des interfaces ( : ) les domaines dont personne n’est responsable. » Surtout, quand un problème survient, « il ne faut pas laisser dériver ». Il faut le résoudre immédiatement.
« Il faut rester humble. On a fait des erreurs, on en refera… »

Changement en France ? Peu d’entreprises s’engagent dans de tels changements. Pourquoi ? « Quand il est au pied du mur, le Français fait des prouesses. » Et l’industrie française a de « grosses potentialités, même en comparaison avec l’Allemagne ». Mais « il faut avoir envie de les exploiter ». « Les entreprises se noient dans un verre d’eau. » Et notre modèle de management demeure celui du monarque omniscient. Or, pour réussir, il faut « avoir envie de se faire aider, être plusieurs pour discuter ».

Dommage, pour le pays et pour l’emploi ?

dimanche 30 juillet 2017

Devise

Facebook, je crois, m'a demandé quelle était ma devise. A l'époque j'avais trouvé "ose penser", qui vient de Kant. C'est l'effort que m'a amené à faire ce blog. Jusque-là, j'étais convaincu que, vues les forces sociales qui sont à l'oeuvre, on ne pouvait guère agir sur les évènements. Je pense donc je suis : oser penser, c'est devenir humain. 

Puis, j'ai trouvé "aime et fais ce que tu veux", de Saint Augustin. C'est la devise du changement. Aimer, c'est comprendre que l'autre (l'homme, la société, la nature...) est incompréhensible. C'est l'aimer pour son mystère. Mais admirer ce mystère peut produire l'intuition de la façon d'agir qui fait bouger les choses. (La recette de l'amour comblé ?)

Puis j'en suis revenu à une phrase qui n'a rien de littéraire, mais qui m'est propre, et que je dis depuis longtemps : "j'ai toujours tort". Cela me semble résumer tout ce qu'il y a d'important dans ce que j'ai fini par comprendre, et qui doit me guider. Et peut-être les deux formules précédentes.

Kurt Lewin et le changement

Kurt Lewin est le pionnier des travaux modernes sur le changement. Mais on a peu de textes lisibles de lui. Il se trouve que j'ai remis la main sur un article d'Edgar Schein qui parle de ses idées. (Models and Tools for Stabilité and Change in Human Systems, Reflections, Volume 4, numéro 2, 2002.)

"If you want truly to understand something, try to change it" (Kurt Lewin)
Que dit-il ? Les sociétés sont en équilibre entre des forces opposées. Donc, si vous voulez les changer, il faut casser l'équilibre, en mettant en cause certaines de nos certitudes. En déséquilibre, nous allons rechercher un autre appui. C'est cela, apprendre. Apprendre est un changement de phase : dégel des certitudes, recherche, recongélation lorsque l'on a trouvé un nouvel appui. Seulement, on ne peut dégeler que si l'on a la confiance nécessaire pour partir dans l'inconnu. Nous avons besoin d'un environnement qui nous rassure suffisamment pour que nous puissions expérimenter. 

Et voilà la difficulté que nos experts du changement n'envisagent même pas. Il faut à la fois casser les certitudes, mais, aussi, donner confiance en la capacité de celui qui doit changer à en trouver de nouvelles.

Le lien social, levier du changement
J'ai constaté que le changement d'un groupe humain se fait par le biais d'un petit nombre de leaders d'opinion. Lorsqu'une entreprise doit changer, elle est naturellement inquiète. Il suffit d'aider ses "leaders" (qui ne sont presque jamais ses chefs) à réfléchir à ce qu'il faudrait faire pour mener à bien la transformation, pour que, naturellement, l'organisation bouge, sans drame. La théorie du dégel est sûrement pertinente. 

samedi 29 juillet 2017

Kennedy

Tous les frères du président Kennedy auraient pu être présidents. Son frère aîné avait été préparé à cet emploi, mais il est mort à la guerre. (Il devait être un héros.) John Kennedy était le second fils. Son frère Robert a été victime d'un attentat, alors qu'il était candidat, et son autre frère, Ted, d'une affaire de moeurs. (Dans cette histoire, les femmes ne comptent pas.) Sans cela ils auraient probablement été élus. Tous étaient les enfants d'un homme d'affaire, plus ou moins honnête, par ailleurs ambassadeur, et qui les avaient modelés à l'image de ses ambitions. 

L'Amérique est différente de la France. Là-bas, porter un nom fameux est un atout politique décisif. Le nom fonctionne comme une marque pour une entreprise. Il véhicule avec lui tout un ensemble de promesses implicites. Son porteur doit être fidèle à la tradition familiale. Plus exactement, il doit la rénover, sans la bouleverser. "Le changement dans la continuité" du président Giscard d'Estaing. 

Chez nous "fils de famille" est synonyme de "pistonné". C'est un parasite, qui profite d'un avantage indu. (Cf. l'affaire du fils Sarkozy.) C'est une loi de la nature. Elle nous vient peut-être de l'Ancien régime. Et ce dans la politique, mais aussi dans l'art. Pourtant il y a des exceptions : Mme Le Pen, ou tel ou tel héritier qui a su renouveler l'affaire de famille. Curieux paradoxe. Peut-être reflète-t-il un principe culturel ? Dans une société égalitariste, chacun pense qu'il a une chance égale d'atteindre les sommets. La probabilité que deux membres d'une même famille réussissent également est nulle. Au contraire, lorsque l'on admet que les hommes sont génétiquement différents, l'individu renonce à son humanité. Il choisit une vie de légume sous la protection d'un nom rassurant ?

John McCain

Le sénateur John McCain, 81 ans, à peine opéré d'une tumeur au cerveau, retourne au sénat. Il vote contre l'abrogation de l'Obamacare, contre son parti. Sa voix emporte la décision.

Pensées diverses :
  • Les USA sont un pays où les sénateurs sont de vrais sénateurs : ils votent en fonction de leur âme et conscience. 
  • Alors que j'ai découvert que l'on tendait à mettre les personnes âgées sous tutelle, ce qui est inquiétant, il n'en demeure pas moins inquiétant de penser que le sort d'un pays dépend d'une personne âgée, qui vient de se faire opérer du cerveau... 
  • Et si c'était son opération qui avait convaincu John McCain d'assurer le pauvre ?  

vendredi 28 juillet 2017

Panama

Barrès parle de Panama. Ce fut peut-être le pire scandal qu'ait connu la République. Ferdinand de Lesseps est à l'origine du percement du canal de Suez. Ce succès lui permet de lancer un chantier identique, au Panama. Seulement, il ne parvient pas à lever assez d'argent pour les travaux. Surtout, ceux ci se révèlent plus compliqués, et coûteux, que prévu. Notamment, un nombre immense d'ouvriers meurt de maladie. Il pense que, pour trouver l'argent nécessaire, il lui faut un emprunt à lots. Mais, pour cela, il a besoin de l'accord des députés. Alors, il va les acheter. La faillite du projet révèle la malversation. 

Curieusement, le noeud de l'affaire serait une question d'ingénierie. Deux projets s'affrontaient initialement. Celui que choisit Lesseps, qui n'est pas un ingénieur, consiste à percer un canal en ligne droite entre deux océans. L'autre utilise des écluses pour monter, puis descendre, les bateaux, et éviter le percement. Dès le début, il semble meilleur marché. Mais, pour quelle raison ?, il n'est pas retenu. Eiffel, appelé en urgence, mais trop tard, serait revenu à cette option. Ensuite, les Américains auraient repris cette idée, et fini le projet à relativement faible coût. (Références : wikipedia.)

A quoi tient l'histoire ?

Ecole

On me demande mon avis sur une formation pour cadres dans laquelle j'ai enseigné. 

Curieux, ce que je réponds. Les enseignants étaient des pontifiants de troisième division : aucune expérience pratique et peu de souci des travaux scientifiques faits dans leur domaine. Mais les élèves, dont certains avaient plus de cinquante ans et des diplômes bien supérieurs à ceux des enseignants (un X, un docteur ès lettres, et j'en passe et des meilleurs, et des étrangers), avaient un parcours et une expérience particulièrement intéressants. (J'en cite même un dans un livre.) 

Je pourrais dire cela de tout l'enseignement français. Sauf, peut-être, de celui de mes prof de math normaliens. Je deviens soixante-huitard ! L'enseignant, tout desséché dans ses connaissances factices, doit apprendre de l'étudiant qui, lui, est la vie même ! 

(Mais je l'ai toujours été, soixante-huitard : mes livres sont pleins des histoires que m'ont racontées mes étudiants. C'est, d'ailleurs, ce qui les inquiètent chez moi : ils ne parviennent pas à comprendre mon système de notation.)


jeudi 27 juillet 2017

Nicolas Hulot

Lorsque Simone Veil est décédée, on en a parlé comme d'une sainte laïque. Mais qu'aurait-elle été sans le président Giscard d'Estaing, ses réformes et sa décision de la nommer ministre ? 

Et Nicolas Hulot ? Qu'aurait-on dit de lui, à son décès, d'ici 30 ou 40 ans, si M.Macron n'en avait pas fait un ministre ? Maintenant, les portes du Panthéon lui sont ouvertes, à lui de saisir sa chance... 

Chappaquiddick

Wikipedia rappelait l'anniversaire de l'accident qui a ruiné la carrière de Teddy Kennedy. Officiellement, une sortie de route. Sa voiture tombe à l'eau et il se tire d'affaire. Mais en oubliant de prévenir les secours. Car il y avait une femme avec lui. Elle s'est noyée, après avoir survécu deux ou trois heures, dans une poche d'air. La justice a fait quelques remontrances à M.Kennedy. Mais, jamais cette affaire n'a été oubliée. Il n'a pas pu avoir d'ambition présidentielle. (Ce qui lui a peut-être permis de finir sa vie dans son lit, contrairement à ses frères.)

Une autre explication (de la BBC) semble plus cohérente avec les faits que celle-ci. A l'écart d'une réception, il s'était engagé dans quelque ébat amoureux lorsqu'il a entendu venir du monde. Il faut dire qu'il était marié (et que sa femme était enceinte, et qu'à la suite de cette histoire elle a fait sa troisième fausse couche), et qu'il était sénateur. Il est reparti à pieds, laissant à sa compagne le soin de ramener sa voiture. Elle a fait une mauvaise manoeuvre. 

Plutôt que d'avouer son infidélité, il a préféré mentir et être accusé de meurtre, de lâcheté ou de bêtise ? Autres temps ? 

mercredi 26 juillet 2017

Vacances

Je ne suis jamais, ou je suis toujours, en vacances. C'est une des premières décisions dont je me souvienne. Erreur : du coup je n'ai plus de vie. J'ai toujours le même type de préoccupation. Les scientifiques sont comme moi : leur recherche est leur vie. Depuis mon retour en banlieue, j'ai vu que j'étais anormal. J'ai découvert la place que les vacances tiennent dans la vie du Français. Et il n'y a pas que les vacances et les voyages, il y a aussi les loisirs du week-end. Et je ne parle pas des retraités. Je suis un extra terrestre. 

Et s'il y avait un complot pour faire de nous des légumes ? La sélection scolaire nous élimine des filières qui forment à la pensée (philosophie). Ensuite, tout se conjugue pour nous donner une existence végétative. Ainsi, nous sommes faciles à gouverner. Ce qui explique pourquoi on nous reproche, avant que rien ne se soit passé, de résister au changement ? Quand nos dirigeants veulent le changement, ils se souviennent qu'ils ont mis tout leur talent à nous le rendre impossible ?

Intellectuel

Populisme ! dit France Culture. Le peuple est manipulé par les réseaux sociaux. Mais l''amour est aveugle, non ? Et s'il cherchait l'amour ? Et pas la vérité ? D'ailleurs, les intellectuels patentés ne nous ressemblent-ils pas ? Les plus grands d'entre eux ont défendu, contre la vérité, tous les totalitarismes.  

Et si cela avait été par manque de "critique" (le terme favori des Lumières) ? Et s'il fallait qu'ils aient de la concurrence ? Et s'il fallait que tout le peuple pense, pour que la société pense correctement ?

(Ce qui va demander un apprentissage, dangereux ?)

mardi 25 juillet 2017

Journalisme et changement

Voici comment Kurt Lewin voit le changement. L'individu vit en équilibre entre des forces opposées. Si l'une s'efface, nous sommes en déséquilibre. (En anglais on parle de "disconfirmation" : nous découvrons que ce nous pensions juste est faux.) Nous devons chercher un nouveau point d'appui. Ce processus s'appelle l'apprentissage. 

Les journalistes l'illustrent (billet précédent). Ils se croyaient nos maîtres à penser. Ils ont découvert que nous ne les suivions plus. Alors, ils ont cherché une autre force sur laquelle s'appuyer : la vérité. Il n'y avait qu'eux qui la disaient. Cela ne marche pas mieux. Peut-être que, d'essai en essai, ils vont trouver une nouvelle utilité ? 

(Alors, dit Kurt Lewin, ils se "recongèleront" dans leurs certitudes.)

Journalisme

Les journalistes ont les mêmes accents que les députés "dégagés". Le peuple ne les écoute plus, pas plus que M.Mélenchon et Macron. (Et Mme Le Pen ?) Or, la vérité est dans la bouche du journaliste ; vous n'êtes pas équipés intellectuellement pour la trouver, disaient les invités du Grain à moudre de France Culture ce matin.

C'est nouveau. Hier, le journaliste pensait qu'il y avait mieux que la vérité. Qu'il y avait le bien. Et qu'il devait l'enseigner. Cependant, peut-être y a-t-il deux autres nouvelles, dans ce changement :
  • Le journaliste comprend qu'il peut se faire "dégager" (un des invités du Grain à moudre est éditeur de The Conversation, parole d'experts, mise en page par le journaliste). Il s'est mis à s'interroger sur son rôle. Il s'est mis à penser.
  • Pour la Révolution, l'esclavage, c'était le lavage de cerveau (en ce temps on parlait de "coutume"). La liberté, c'était parvenir à penser par soi-même. Eh bien, ce projet pourrait commencer à se réaliser : le peuple "ose penser". 

L'appel au soldat

Qui était ce fameux Barrès, admiré par de Gaulle et Mitterrand ? Et, par quasiment tous ses contemporains, même ennemis politiques ? Serait-ce son style qui aurait fasciné son siècle ? Il ne reprend jamais son souffle. Aucun mot de trop. Comme si chaque phrase était une formule.

Le "soldat" du titre est le général Boulanger. Barrès fut, à 27 ans, député boulangiste. Il a suivi le général jusqu'à la fin. Boulanger, "la revanche", surgit, jeune et couvert de gloire. Promesse de laver la France de la honte de 70. Mais aussi des concussions du parlementarisme, dont on a oublié à quel point il fut haï. On est à l'époque du scandal de Panama. Il y a ici quelque chose de la France moderne : classe politique honnie et discours nationaliste. Seulement, en ce temps, le nationalisme a un sens. En effet, si certains émigraient plus volontiers qu'aujourd'hui, la majorité restait dans son terroir. On avait l'impression d'une permanence du caractère français.

Le sauveur en simple d'esprit ?
Quant au général, Barrès en fait un portrait inattendu. Sa pensée est sommaire. Il est incapable de saisir sa chance. Et, encore moins, de comprendre le sens des événements. Il rencontre la femme de sa vie. Elle meurt. Il se suicide sur sa tombe. L'aventure du général aura duré trois ans. Curieux héros, me suis-je dit. Mais, il m'a rappelé le portrait que l'on fait d'Hitler ou de Pétain, et peut-être même de certains grands patrons américains. L'intellectuel, mal de notre société ? Le sauveur a l'oeil candide et la tête vide. "Heureux les simples d'esprit" ?

Et Barrès ? Il ressemble à son héros. Je ne suis pas certain que son analyse (par exemple de Clémenceau) ait résisté aux ans. N'est pas Tocqueville qui veut. Et le livre paraît bizarrement construit. Par exemple, il y a un voyage à vélo en Lorraine, façon tour de France de deux enfants, qui produit un passage à vide. Y a-t-il une histoire, dans ce livre, d'ailleurs ? Des personnages ? Au moins, il fait revivre une période oubliée. Comme si l'on y était.

lundi 24 juillet 2017

Engagement

Dans son livre, M.Macron parle "d'engagement". Un terme vieillot. C'est celui qu'ont employé les intellectuels d'après guerre. Il a culminé dans "l'artiste engagé", qui désignait l'animateur de maison de la culture. Celui qui éduque les misérables. 

Ce qu'il entend par là n'est pas clair, pour moi. Il parle d'associations, lui-aussi... A moins qu'il pense surtout aux membres de son mouvement ? Vu ce que l'on en dit, ce serait pire que tout. Que l'animateur de maison de la culture, en particulier. 

A la réflexion, je me demande si la personne qui est "engagée" n'est pas celle qui donne son temps à la société, sans compter. Elle est "désintéressée". En conséquence, on peut trouver des "engagés" partout : dans les associations, dans l'entreprise, dans l'administration. "Executive" de Chester Barnard ? Les gens qui, selon lui, constituent la colonne vertébrale d'une société durable. 

Avons-nous encore des "engagés" ? Si oui, ils ont été jetés au bas de la société par l'individualisme triomphant. Peut-être que M.Macron espère créer un appel d'air ? Qui remettra cette hypothétique population à la place qu'elle n'aurait pas dû quitter ? 

Révolution

Sous la pression de mes proches, qui voulaient que je leur en fasse la synthèse, j'ai fini par lire l'ouvrage de M.Macron. Ce fut éprouvant. Quoi que court et bien écrit. C'est typiquement français : un système. M.Macron fait un panorama complet des problèmes de la France. Il en tire un réquisitoire poli, mais sanglant. Ceux qui l'ont pris pour un ami ont dû se mordre les doigts. De même il répond à ce qu'on dit de lui, et qu'il a entendu. 

Avoir raison avec Macron
Il m'a fait comprendre pourquoi on a préféré "avoir tort avec Sartre que raison avec Aron". L'homme a besoin de rêve. Tant pis s'il produit des Goulags. Dans le livre de M.Macron, on trouve l'existentialisme : comprendre l'âme de la France, et agir selon elle. Proudhon : chercher les forces qui sont à l'oeuvre, pourquoi elles produisent le mal, et comment leur faire faire le bien. Troisième voie, et deuxième gauche, aussi. Mais la société de ses rêves ne fait pas rêver. Il n'est pas "libéral" au sens "individualisme". Il appartient à une ancienne tradition française, qui reconnaît le rôle fondamental de la société pour assurer la liberté de l'homme. Mais il est libéral, au sens de M.Mélenchon : il veut faire entrer le pays dans un XXIème siècle, qui est aux antipodes de notre rêve multiséculaire. 

Président engagé
Ce livre est faussement simple. M.Macron a une solution pour chaque problème. Mais il ne l'exprime pas clairement. Surtout, il ne donne pas une ligne directrice commune qui permettrait de s'y retrouver. On dit que c'est parce qu'il ne sait pas où il veut aller. Et s'il avait, au contraire, en tête un plan minutieusement, et froidement, préparé ? Il en donne le calendrier : dix ans. Il veut faire non seulement changer la France, mais surtout l'Europe. Car l'Europe est le moyen pour la France d'affirmer sa souveraineté et de servir ses intérêts. Et l'Europe a perdu son âme. Quant à la France, il veut donner le pouvoir au bas, à "ceux qui font". C'est en bas qu'on est le mieux placé pour régler les problèmes d'en bas. Pas à l'Elysée ou au Palais Bourbon. Et cela est vrai partout : entreprise, administration, région. Il veut surtout libérer ceux qui "s'engagent". (Ceux qui contribuent, beaucoup plus que d'autres, à l'intérêt collectif ?) Cela ne signifie pas la disparition de l'Etat, au contraire. L'Etat doit combattre pour l'intérêt général. Ce qu'il ne fait plus. (Puisqu'il perd son temps à nous dire ce que nous savons mieux que lui.) Mais cela demande une réorganisation du pays de fond en combles. Il semble qu'il sache ce que cela signifie. Et qu'il s'y soit préparé. Façon main de fer dans un gant de velours ?

Bref, on va voir ce que tout ceci va donner. Mais, si M.Macron ne rompt pas prématurément, nous sommes partis pour une intéressante aventure. 

dimanche 23 juillet 2017

Clean tech

J'aime à me vanter de mes études en Intelligence artificielle, il y a l'âge du Christ. Mais je viens aussi de me rappeler que j'avais été un précurseur des clean tech, et ce en 82. Déjà elles faisaient fureur. Mais elles avaient en autre nom. A l'époque, j'avais rédigé un rapport sur "l'énergie solaire". Et j'avais trouvé que la technologie faisait peu de promesses. En revanche il y avait beaucoup à gagner avec le bon sens (c'est fou ce qu'une aération naturelle bien conçue peut permettre de faire d'économies) ou des technologies rustiques. D'ailleurs, les esquimaux vivaient en consommant fort peu d'énergie, dans des conditions bien froides... 

Les clean tech sont revenues à la mode il y a quelques années. Un de mes anciens étudiants, étranger, en a été le grand analyste, pour de grands organismes financiers très internationaux et prestigieux. A un moment, il accompagnait des investisseurs du Golfe à la recherche d'entreprises propres à acheter. Puis, la mode a fait flop. Maintenant, il enseigne. 

M.Macron et l'armée

La démission du chef d'état major aurait été une erreur de M.Macron. A tort ou à raison, je pense que M.Macron ne fait pas d'erreur. Il a une stratégie. Et il exploite les événements pour la mener à bien. Un article me semble confirmer mes idées reçues : avec le général de Villiers s'achève l'élimination de l'équipe qui pendant 5 ans a fait la pluie et le beau temps pour notre défense. Le général, en tenant des propos malheureux, s'est fait piéger, je crois.

Dans son livre, M.Macron annonce qu'il va s'attaquer à l'administration. (Ce qu'il entend par là n'est pas clair, mais il s'attend à un affrontement sanglant.) Pour cela il s'est entouré d'une équipe qui peut tenir tête à ses oligarques. Lui même a un caractère totalement différent de celui de ses prédécesseurs, de Gaulle compris : il ne cède pas. Il l'a montré avec MM. Trump et Poutine, qui avait terrorisé, paraît-il, Nicolas Sarkozy.

Mais ce n'est rien en comparaison avec son prochain combat. Le combat du siècle, dirait un boxeur. C'est Mme Merkel. Elle a fait plier l'intégralité des machos allemands et a ridiculisé les Grecs et les Italiens, quand à nos précédents présidents, comme Circé, elle les a transformés en ses exécuteurs des basses oeuvres. Or, M.Macron veut la faire changer de politique. Sera-t-il à la hauteur d'un adversaire aussi formidable ?

samedi 22 juillet 2017

Surréalisme

M.Trump a quelque chose de déroutant. Il est interviewé par le New York Times. Parmi d'autres choses on lui demande ce qu'il retient de son passage en France. Eh bien, M.Macron aime lui tenir la main. Ensuite, il est admiratif du défilé du 14 juillet. En deux heures seulement, il a vu une quantité de militaires et d'avions. Voilà qui est admirable. 

Parfois, ce blog est sans voix. 

Pas clean tech

Les matériaux qu'utilisent la clean tech ne le seraient pas tant que cela, disait The Financial Times. Ils "pourraient créer des problèmes environnementaux" !

Il me semble que l'obstacle que rencontre le développement durable est que nous voulons corriger les torts de la technologie par plus de technologie. 

Selon une étude de Cambridge, sans changer grand chose, et avec une meilleure organisation de notre action collective, nous saurions réduire radicalement notre consommation d'énergie et émission de CO2. On pourrait arriver encore à mieux si l'on utilisait les forces de la nature au lieu de s'évertuer à la détruire. 

L'entrepreneur et l'argent

J'entendais un business angel parler de son expérience. Un entrepreneur vient le voir : c'est épuisant de chercher des aides de l'Etat, et les fonds de capital risque veulent récupérer leur mise... Voilà qui est typique du Français. Il ne se sent aucune obligation vis-à-vis de ceux qui ont investi leur argent dans son entreprise. Au contraire. 

L'Américain veut gagner beaucoup. Il a les mêmes intérêts que l'investisseur. Ce qui est suffisant pour faire leur bonheur collectif. 

(Une étude européenne montrerait qu'il n'y a que dans 21% des cas que l'investisseur retrouve au moins sa mise. Dans 50% il récupère moins du quart de son investissement. En France, le taux de rendement du capital risque était de 1,6% il y a quelques années. Soit à peu près l'inflation. Il s'est un peu amélioré récemment.)

vendredi 21 juillet 2017

Changements

J'en suis arrivé à penser que trois changements expliquant notre situation actuelle :
  • La massification de l'enseignement. Je crois que l'objet de ce changement a été de nous donner à tous les mêmes armes intellectuelles. C'était probablement la conclusion du projet républicain. L'aboutissement de 1789. Ce qui n'était pas prévu c'est que cela serait fatal à notre système éducatif, et susciterait une inadaptation de l'offre d'emplois à la demande. 
  • La régionalisation. On voulait équilibrer Paris et la province. Mais l'Etat ne s'est pas allégé. Je lisais récemment que les collectivités territoriales se sont mises à imiter l'Etat ! D'où excès global. 
  • L'euro. Il s'agissait d'arrimer l'Allemagne à l'Europe et d'installer définitivement la paix en Europe. En outre, il semble qu'il y ait une rationalité économique à une monnaie commune entre zones qui font beaucoup de commerce ensemble. Mais cela a eu pour conséquence de nous faire perdre en compétitivité, avec chômage et désindustrialisation corrélatifs. 
Tout cela illustre notre façon de conduire le changement : sans imaginer que nos actes puissent avoir des conséquences. Pourtant il n'y avait aucune fatalité à ce que ces changements tournent mal. 

Rationalité

On m'a enseigné que les marchés financiers étaient parfaits. Conclusion : il fallait vider l'entreprise, inefficace, de son argent, pour le donner à l'actionnaire. Cet actionnaire s'est révélé ne pas être tout à fait le marché. C'était le fonds d'investissement et le dirigeant à bonus. Non seulement les entreprises ont procédé à des licenciements massifs (on représentait les dirigeants américains avec une tronçonneuse), mais elles ont cessé d'investir. Leur développement n'est plus durable. 

Pour justifier cette théorie, on a inventé le fait que l'homme était totalement rationnel. Démontrer que ce n'était pas le cas a valu au moins un prix Nobel et a fondé l'économie comportementale. Le marché n'est pas rationnel, et il ne s'adapte pas immédiatement à une information nouvelle. La meilleure façon de le prouver est d'ailleurs que la théorie a résisté, dans l'opinion, aux preuves qui l'ont infirmée. Elle faisait les affaires de beaucoup de gens. Les mythes sont là pour soutenir le statu quo, me dira l'anthropologue. La science étant importante pour notre culture, il est naturel qu'elle soit manipulée pour justifier l'esprit du temps. 

C'est peut-être ce que notre culture a de particulier. Elle a créé la "science" dont le principe est de résister à la manipulation. Elle est anti-mythe. L'individualisme, qui tend à la manipulation pour l'intérêt personnel, a sécrété son antidote : la science ? 

jeudi 20 juillet 2017

Science fiction

Je me demande si la recette de la science-fiction n'est pas de nous projeter dans le passé, par l'artifice de l'anticipation. Le passé, c'est rassurant, parce qu'on sait comment il finit. Voilà pourquoi la science fiction est aimée ?

Mais l'avenir n'est pas concevable, selon moi. Car, l'homme co évolue avec son environnement. Ce qui paraissait inhumain à nos ancêtres, est notre quotidien. Il est probable qu'il en sera de même demain. 

(Il y a peut-être une autre forme de science fiction. Par exemple 1984, ou Le meilleur des mondes, ou les ouvrages d'Asimov. Cette science fiction ne nous parle pas de passé, mais de présent. Et de ce qu'il a de dangereux. Elle corrige les moeurs.)

BPI

La Banque Publique d'Investissement présente son offre d'accompagnement de l'innovation. Elle est très bien pensée. (Je suis surpris !) Par exemple, il y a une avance remboursable pour ceux qui sont en négociation d'une levée de fonds. Une phase pendant laquelle on se trouve souvent en panne de liquidité. En outre, la BPI, en accordant sa garantie, encourage les banques, frileuses sans cela, à prêter, me dit un entrepreneur. Remarquable compréhension de l'entreprise. 

Et connaissez-vous beaucoup d'organismes financiers qui vous expliquent que l'on ne lui rembourse pas une avance d'amorçage sur deux ? Je me demande si l'on trouve ailleurs qu'en France une telle aide au lancement d'entreprise. 

Malheureusement, les relations avec la BPI sont kafkaïennes. Il faut de la "patience" dit la représentante de la BPI... 

Il est curieux que personne en France ne se soit jamais dit que lorsque l'on prend une décision, il faut s'intéresser à sa mise en oeuvre... 

(Peut-être est-il encore plus curieux que je me sois évertué à écrire des livres sur le sujet !)

mercredi 19 juillet 2017

Location saisonnière

Je m'intéresse au marché de la location saisonnière. Comme souvent j'avais tort. Je croyais qu'il était sous l'emprise de Big Brother AirBnB. Il troublait l'ordre public en y introduisant les lois du marché. Dans certains cas, cela faisait s'envoler les prix, le travailleur honnête ne parvenait plus à se loger. Dans d'autres, au contraire, le prix de la location s'effondrait. Le petit propriétaire était aux abois.

Le GAFA gagne une manche
L'affaire n'est pas simple. Le marché de la location saisonnière vaudrait 100md$. Mais, dans deux tiers des cas, les propriétaires résistent au changement, et continuent à louer comme par le passé. D'autant que beaucoup de vacanciers reviennent chaque année au même endroit. En fait, la technologie compte peu. L'app de AirBnB n'a rien de sorcier. Ce qui fait sa force, c'est le marketing. Sa faiblesse, c'est de beaucoup embrasser. Ce qui laisse de la place à des acteurs de niche. Par exemple, j'ai découvert qu'il y a un marché neuf : les salariés riches. Ils cherchent une villa de vacances avec personnel. Ils ont des moyens importants, mais peut-être pas ceux appropriés à un palace. Il y a aussi la niche des étudiants américains riches venant faire des études dans telle ville... La technologie peut donner des ailes au pro qui a de bonnes idées. Ou une nouvelle vie à l'association ! Rien n'empêche les propriétaires de se réunir en conseil syndical et d'exploiter une plate-forme de réservation à eux. A cela vient s'ajouter des luttes pour se répartir les commissions entre agences de tourisme, éditeurs de logiciel, gestionnaires de biens, propriétaires... Rien ne va plus ?

Et si le GAFA n'avait gagné que la première manche du changement numérique ? 

Bartleby

Bartleby, c'est l'histoire d'un homme absurde, avant l'heure. Elle peut nous arriver à tous : quand la vie n'a plus de sens, on n'a plus la force d'exister. La nouvelle m'avait plu, je ne sais pas pourquoi. Quelque chose de calme et de paisible. Ce n'est que plus tard que j'ai découvert que la vie imitait la fiction. Qu'il existait des Bartleby. C'est étrange, les histoires prennent un sens après qu'on les ait lues. Il en est de même de ce que j'ai appris à l'école. Généralement, j'ai redécouvert ce que je croyais savoir. Je ne l'avais pas compris. 

Bergson a une idée de ce genre. La meilleure façon d'apprendre est d'approcher la connaissance par sa périphérie. Par exemple, un poème par sa musique. Ce n'est que plus tard que le sens viendra. 

C'est le paradoxe de l'école. Elle sélectionne ceux qui comprennent, alors qu'il faut probablement une vie pour comprendre ce qui est important. 

mardi 18 juillet 2017

Singe

Arrosage du soir. J'aperçois mon nouveau voisin à notre clôture commune. Conversation habituelle entre voisins ? Il me dit qu'il ne croit pas à Darwin. En effet, si ce sont les espèces les plus adaptables qui survivent, pourquoi le singe, dont nous sommes issus, est-il encore parmi nous ? 

Observation pertinente. J'ai répondu que Darwin pouvait avoir été influencé par la culture anglo-saxonne. L'Anglo-saxon explique son succès par la sélection naturelle. C'est aussi une façon de défendre ses avantages acquis : ne venez pas m'ennuyer, puisque j'ai été naturellement sélectionné. 

On s'est séparé, me semble-t-il, sur un accord. La théorie de Bergson mériterait d'être approfondie. Il pensait que le changement était une sorte de big bang. Il était imprévisible. Il produisait une réorganisation de l'existant, vu comme un (éco)système. Il n'y a pas sélection mais co adaptation ?

(Ce qui explique d'ailleurs que la disparition du singe n'ait lieu que maintenant. L'homme a décidé de lui faire la peau. La sélection naturelle, c'est nous ?)

Systémique Macron

Quand M.Macron a annoncé sa candidature, j'ai à peu près vu comment il pouvait réussir, mais j'ai jugé ses chances nulles. (Une loi qui n'a pas d'exception est que j'ai toujours tort.) En fait, je crois qu'il avait perçu un effet Bergson ou Titanic. Alors que l'on pensait que les hommes politiques avaient des comportements indépendants, ils formaient un système. Du coup, M.Macron a exploité une faille du dit système, qui s'est effondré, emportant avec ses constituants. Exit FNUMPS. 

Et s'il faisait la même chose au niveau international ? Les Anglais, par exemple, rejouent le drame des Républicains. Il aurait suffi à ses derniers qu'ils portent M.Juppé à leur tête pour qu'ils gagnent la présidence et l'Assemblée. Il se peut que les Anglais, eux aussi, s'entêtent dans le Brexit. 

Dans ces conditions, il ne faudrait pas chercher la force de M.Macron dans ce qu'il dit, mais dans ce qu'il est. Antisystème. 

(Ces caractéristiques illustrent une théorie du changement. Le changement se faisant de l'intérieur, les agents du changement sont des "hybrides", ils sont installés dans le système, mais voient plus loin que ses limites. M.Macron est à la fois un haut fonctionnaire et un banquier...)

lundi 17 juillet 2017

Cybersécurité

La cybersécurité, cela devient un sujet sérieux. Elle consiste à assurer la sécurité de son entreprise face aux risques posés par Internet : virus, espionnage industriel, calomnie (il y a même des robots pour diffuser de "fausses nouvelles"). Mais ils sont, encore plus, systémiques : si une attaque virale paralyse un de vos clients ou fournisseurs, vous êtes atteint, parfois coulé. A plus forte raison, si le système électrique européen s'arrête de fonctionner... Bienvenue au paradis des objects connectés.

On vient de trouver une nouvelle source d'inquiétude. Le "cloud". Si un grand fournisseur était touché, les dommages pourraient s'élever à 120md$ dit une étude Lloyds citée par le Financial Times

Internet : propriété privée ou bien public ? 

Casse du siècle

Depuis que j'ai entendu parler de M.Macron, je m'épuise à chercher une vision un rien enthousiasmante dans ses idées. Et si je regardais au mauvais endroit ? Car, il y a un hold up à réaliser. Il est même triple. Il y a l'Angleterre à désosser, d'abord. Ensuite, il y a l'Allemagne. Elle nous inflige la rigueur depuis trente ans, et un euro au dessus de nos moyens. Cela nous vide, à son profit, de notre industrie. Il suffirait qu'elle inverse sa politique, pour que notre économie cesse de suffoquer, et que remontent nos salaires. Enfin, il y a notre image. Quand vous êtes à l'étranger, on vous présente ses condoléances quand on apprend votre nationalité. Les rodomontades de nos gouvernements successifs nous ont probablement coûté très cher.

Cependant, si M.Macron a en tête hold up, il est concevable qu'il ne s'en vante pas. 

(Au moins, j'espère que ses réformes internes ne sont là que pour la galerie. Car, je doute sérieusement de l'efficacité de leur mise en oeuvre. Dans ce domaine a-t-il vraiment appris des erreurs de ses prédécesseurs ?)

dimanche 16 juillet 2017

En marche

En anglais, En marche est traduit par Forward (en avant) ou On the move (en déplacement, to move, c'est, notamment, déménager). J'ai constaté que, généralement, la solution du problème était dans sa formulation. Le nom du mouvement de M.Macron est en train de devenir commun, alors que, comme le traineau de Citizen Kane, il y a peut-être là le secret de son histoire. 

En marche, a les initiales d'Emmanuel Macron. Cela fait aussi penser aux premières paroles de la Marseillaise : Aux armes, citoyens, Marchons, marchons, qu'un sang impur... 

Les Allemands ont cherché à donner à leur armée "l'esprit d'Austerlitz". Une caractéristique de l'armée républicaine était son autonomie. En quelque sorte, ses troupes faisaient ce qu'elles voulaient. D'où, probablement, les carrières météoritiques de simples soldats, devenus généraux en quelques campagnes et de nombreux exploits individuels. Simples soldats qui, parfois, étaient fort bien nés et instruits, mais qui devaient leur promotion à leur seul courage. Voilà l'ascenseur social, tel que probablement la France l'a toujours entendu. 

Aurait-on raison de dire que M.Macron est Napoléon ? Dans ces conditions, ne fait-il pas un pari ? Qu'il y a chez nous un esprit d'initiative qui sommeille ? En marche, voudrait, alors, dire "wake up", réveillez-vous ? Je fais la nique aux grands de ce monde, ça ne vous donne pas envie de m'imiter ?...

Ordre public

Dzvetan Todorov était universaliste. Anne Tcheng (France Culture) lui faisait remarquer que l'universalisme est relatif. Les Chinois pensaient, et pensent encore, que l'humanité c'est eux. 

D'ailleurs, pourrait-on ajouter, notre universalisme n'est pas celui des Américains. Pour eux, les lois du marché, le libéralisme, est universel. Pour nous, le banquier d'affaires est passible de la peine capitale. 

L'Ancien régime parlait "d'ordre public". Tout ce qui le troublait méritait les pires condamnations. Chaque nation a peut-être son "ordre public". Ce n'est pas pour autant qu'il est immuable. La Chine l'a montré. Quand son peuple est mécontent, il est prêt au sacrifice. De même, si l'Occident a eu une telle influence sur le monde, c'est certainement qu'on a trouvé désirable ce qu'il avait accompli. Ce type de changement est probablement ce que Mme Clinton a appelé "soft power". Seulement, elle entendait pas là une manipulation qui ferait adhérer l'homme aux valeurs américaines. Mais la manipulation n'a qu'un temps. L'ordre public a probablement besoin de fondations solides pour changer. 

samedi 15 juillet 2017

Proportionnelle

M.Macron veut mettre de la proportionnelle dans l'élection législative. Cela semble "plus démocratique". 

Pourtant mêmes les démocraties les plus admirées, comme l'Angleterre, ne le sont pas tellement. L'Angleterre est gouvernée par des partis très minoritaires. Son système "de first past the post", est conçu pour donner une majorité au parti qui reçoit un peu plus de voix que les autres. La plupart des démocraties privilégient la stabilité. Il est probable qu'il en est de même des électeurs; Ils n'attachent pas une importance démesurée au choix qu'ils ont exprimé par leur vote. En dehors de ceux que seul le chaos peut satisfaire.

Comme le disait Tocqueville, toute société obéit à des principes (culturels), et la loi doit s'y adapter. 

Dzvetan Todorov

Dzvetan Todorov était le sujet de France Culture, la semaine dernière. Il se trouve que ce blog parle de lui. C'était un penseur qui a défendu l'esprit des Lumières. 

Je n'ai entendu que des morceaux de l'émission de France Culture. Cependant, il me semble qu'elle est passée à côté de ce qui fait la particularité de cet homme. Car, il a pensé à contre-courant. 68 a été "post moderne". C'est à dire explicitement opposé aux Lumières. Tout était relatif pour l'homme de 68. Or, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, il est devenu "droit de l'hommiste" comme le disent élégamment ceux qui l'exècrent. Il a adhéré sans retenue aux valeurs des Lumières. Et Charlie Hebdo est devenu son fanion. Charlie revendique l'héritage voltairien. 

Comment expliquer une telle pirouette ? "Framing" diraient peut-être les psychologues. Les conclusions que nous atteignons dépendent du contexte dans lequel nous nous trouvons. Chacun voit midi à sa porte. Lorsque vous êtes jeune, vous contredisez les idées du pouvoir. Quand vous êtes au pouvoir vous voulez imposer vos idées au peuple. Ce n'est pas scientifique. Mais c'est humain. 

vendredi 14 juillet 2017

Emmanuel et Donald

Selon la journaliste Anne Fulda, Emmanuel Macron a un don quasi unique : il séduit les vieux.

Son charme va-t-il opérer sur M.Trump, et le transformer en "tree hugger", comme on dit aux USA ?

Changement Macron

France Culture disait, ce matin : MM.Trump et Macron se ressemblent : ils défendent les intérêts de leur pays. Sous entendu : ils oublient les valeurs universelles.

On a beaucoup parlé du programme de M.Macron, de sa "pensée". Je lis son oeuvre. C'est désespérant. Faut-il chercher là le changement ? Jusqu'ici les présidents français étaient des exceptions culturelles. Ils refusaient les règles internationales. Ils croyaient que leur rôle était de fanfaronner devant leur opinion publique. Du coup, la France prenait tous les coups. M.Macron, lui, est formidablement à l'aise dans la culture de l'élite internationale. C'est un président normal, pour ses collègues présidents. Or, nous retirer le handicap formidable des rodomontades présidentielles peut nous donner un peu d'air. Forts, nous serons peut-être en mesure d'imposer nos idées universelles au monde ? Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire. 

GAFA

De quoi le GAFA est-il le nom ? Microsoft en est le précurseur. Son succès, il le doit à sa capacité à saisir sa chance. A l'exploiter de manière peu honnête. Puis à défendre sauvagement l'avantage acquis. Notamment par sa puissance de lavage de cerveau marketing. Mais aussi par sa capacité financière, qui lui permet de tuer l'innovation dans l'oeuf. En l'achetant, le cas échéant. 

Il y a eu Carnegie et Rockefeller au début du 20ème, puis les IBM et autres dans les années 60, maintenant, c'est au tour du GAFA. C'est une caractéristique culturelle américaine : le talent de créer des monopoles. Mais, ce sont des monopoles au pied d'argile. Car ils sont rongés de l'intérieur. Comme je l'ai entendu au début de ma carrière, d'un homme de Boeing : "chez nous on ne fait pas des avions, mais des carrières"...

jeudi 13 juillet 2017

Intelligence artificielle

Pour une fois, je suis un précurseur : on entend de plus en plus dire qu'il n'y a rien de neuf dans l'Intelligence Artificielle. McKinsey et quelques autres répondent : certes, mais avec la puissance des ordinateurs modernes et le volume de données brassées, tout change. 

Pour moi, c'est un faux débat. "Intelligence Artificielle" est un terme de marketing qui a eu le bonheur de séduire les masses. Il n'a qu'une parenté distante avec ce que l'on appelait du même nom dans ma jeunesse. Alors, on pensait qu'il se passerait dans l'ordinateur quelque chose qui dépasserait notre entendement. Par exemple, on pourrait y dupliquer les mécanismes du cerveau. 

Or, il s'est produit deux phénomènes inattendus. Ce que l'on croyait incompréhensible est de plus en plus souvent expliqué par les mathématiques traditionnelles. Surtout, l'homme a besoin de comprendre pour décider. On ne demande pas à l'ordinateur de nous expliquer comment il procède, mais de nous donner une "intuition", qui nous permettra de décider juste. C'est le soleil d'Austerlitz, qui dévoile les troupes ennemies. Or l'Intelligence Artificielle moderne, de "Big Data", est une boîte noire. Elle nous donne des ordres incompréhensibles. Je suis, d'ailleurs, toujours à la veille de recevoir une suggestion d'achat intelligente de la publicité en ligne... 

Déclaration d'interdépendance

Les grandes épidémies sont toutes, ou quasiment toutes, des conséquences imprévues du "progrès" social (au sens progression). Toute l'histoire de l'homme depuis l'invention de l'agriculture semble être une tentative de s'isoler de la nature qui donne des résultats contraires à ses espérances. Résultats qui l'amènent à chercher à se protéger encore plus. Exemple ? L'on n'arrête pas de se "désinfecter". Et ce non parce que notre environnement est naturellement toxique, je crois, mais bien plus parce qu'il l'est devenu. 

Herbert Simon, l'homme de l'intelligence artificielle, séparait "artificiel" et "naturel". Les lois naturelles étaient celles qui préexistaient à l'homme, les lois "artificielles", celles de son activité. La science de l'artificiel était donc la méthode efficace de mener l'action humaine. Une action humaine qui créait un monde nouveau. 

Destruction créatrice
Eh bien, lorsque l'on regarde la nature, son principe premier semble celui de l'interdépendance. Les espèces paraissent chercher à tirer parti de leur écosystème, en lui permettant de faire quelque-chose qui lui était impossible jusque-là. Elles y parviennent en se rendant elles-mêmes dépendantes. (Cf. La fleur, qui a besoin de l'abeille pour se reproduire.) On pourrait parler d'une sorte "d'effet de levier". L'homme s'est privé de cet effet. Toute son histoire semble être mue par le défi qu'il lance à la nature. En se mettant en danger, il stimule sa créativité. C'est peut-être ce que l'on entend par "destruction créatrice". Je me demande même s'il n'existe pas une sorte de mouvement de la vie, le fameux élan vital de Bergson, et si l'homme n'y a pas joué un rôle de parasite. Il s'en est nourri sans y contribuer. Jusqu'à menacer de l'arrêter. Et à faire triompher l'inerte. 

Si l'on en croit les modélisations du club de Rome, cela ne peut plus continuer. Il est possible que nous soyons en face d'un changement majeur. Le renversement d'un cycle de dix mille ans. Une société humaine dont le principe passe de l'indépendance à l'interdépendance. 

mercredi 12 juillet 2017

Universalisme

Un ami suédois me dit que le Français est "universaliste". Je n'ai pas compris de quoi il parlait. Mais il m'a semblé, à son sourire entendu, qu'il pensait avoir porté un coup fatal à mon pays. (A la façon croix d'argent et gousse d'ail dans le cas du vampire.) La France est un pays totalitaire (et ridicule), qui veut imposer au monde la seule bonne façon de se comporter. Voilà pourquoi j'ai été surpris qu'Emmanuel Macron parle d'universalisme dans Révolution. Pour lui c'est effectivement une caractéristique de la culture France. On l'a trop longtemps négligé. Il faut y revenir.

Peut-être y a-t-il plusieurs façons d'être universaliste ? On disait de Condorcet que c'était un "mouton enragé". Etre placide, timide et complexé, il était prêt à tout dès qu'il s'agissait d'imposer ce qu'il croyait être la vérité. C'est à dire, les "lois naturelles" qu'il croyait pénétrer par son raisonnement. Il en est peut-être de même de bon nombre d'intellectuels français, Sartre par exemple, ou Robespierre. Ce sont des Dr Jekyll, qui, sous l'emprise de l'Idée, deviennent des Mr Hyde. C'est le principe de toutes les inquisitions. 

Mais si l'universalisme "a priori" est terrorisant, l'universalisme "a posteriori" a du bon ? La caractéristique de l'esprit français, c'est le système. C'est à dire remplacer une pile de constations compliquées par une loi simple, qui les explique. M.Macron parle de Lumières. Peut-être la France est-elle utile au monde quand elle est capable de lui indiquer ce qu'il cherche sans parvenir à le formuler ? La France éclairant le monde ?

Innutrition

Je lisais que M.Macron s'était arrêté à Jacques Brel. Il ne s'intéresse pas à la chanson d'aujourd'hui. Je suis comme lui. Curieusement, les Beatles m'ont toujours paru de la guimauve, et la musique anglo saxonne, devant laquelle tout le monde se pâme, n'est guère plus qu'un fond sonore. Quant à la chanson française, elle semble avoir eu une panne d'inspiration définitive dans les années 70. Il y a bien quelques exceptions, mais elles ont, généralement, été sans lendemain. 

La particularité de la chanson française fut son texte. A la renaissance, on parlait "d'innutrition". C'était en se gavant de beaux textes classiques que venait l'inspiration. Je me demande si nous ne sommes pas en déficit d'innutrition. Nos grands écrivains avaient généralement commencé tôt. Aujourd'hui, le jeune n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. L'école est devenue d'une pauvreté affligeante. Elle est pauvre, mais, aussi, elle nous force à la suivre, interminablement. Elle nous forme à la pauvreté intellectuelle. Il n'y a plus de place pour un autodidacte tel qu'Audiard, Prévert, Guitry, Rimbaud ou Rousseau. Explication plausible ? 

Idées noires

Intelligence Artificielle. Il y a une sorte de hold up dans cette affaire. On met en boîte le savoir de milliers de personnes. (CF. billet sur l'apprentissage.) Et ensuite, celui qui possède la boîte, annonce aux dites personnes que demain sera un monde sans travail. La machine les a mises au chômage, parce qu'elles n'avaient pas fait les études qui leur permet de la faire fonctionner... 

Mais nous ne sommes pas forcés de le croire. Marx ou Hegel parleraient peut-être de dialectique. Numérique : Big Brother a gagné la première manche ? A nous de gagner la seconde ? Il a détruit, à nous de créer ? Il a lancé le changement, à nous de le réussir ?

mardi 11 juillet 2017

Déficit

Le gouvernement fait faire un audit des comptes publics. On les trouve plus en déficit que prévu. La France prend un nouveau coup de rigueur. 

Je crois que le président Obama est plus grand par ce qu'il n'a pas fait, que par ce qu'il a fait. Ce blog a beaucoup parlé de son renoncement à la guerre. Mais il y a aussi son renoncement à la rigueur. Curieusement, on a oublié que les USA étaient décrits comme un Etat en faillite. Une faillite qui n'avait rien à voir avec celle de la France. Brutalement, sans que je comprenne bien ce qui s'est passé, les dettes ont disparu. Elles ont été effacées par les recettes tirées de la croissance. 

En fait, la France est bien plus en déficit qu'on ne le dit. L'Etat est solidaire de ses grandes entreprises. Or, EDF et la SCNCF ont chacune 40md de dettes. Et je ne sais pas l'état des finances des villes. En particulier celles de Paris si elle obtient les Jeux olympiques. Mais, est-ce une bonne idée de freiner un peu plus ? Effacer la dette n'aurait-il pas été plus probable si on ne l'avait pas dénoncée ?

M.Macron semble exceptionnellement habile à exploiter les événements. Ce déficit masque-t-il une manoeuvre tactique ? Tactique risquée ?

Le problème avec l'Intelligence Artificielle

Obéiriez-vous à une boîte noire ? En particulier, si vous êtes un général. C'est ce qui coince l'adoption de l'Intelligence Artificielle. D'autant, que l'on constate qu'elle n'est pas infaillible. Voilà ce que dit The Financial Times. (Décidément, il s'intéresse à l'IA, et il fait un journalisme remarquable.) Alors des projets de recherche sont lancés. On essaie de comprendre comment pense la machine. Mais les chances de succès semblent faibles, et on n'attend des résultats que pour 2021. 

D'ici là l'IA, bulle spéculative - selon moi, risque d'avoir connu le même sort que la Cinquième génération ? Je propose, depuis près de 35 ans la même solution à ce problème : le rôle de l'ordinateur n'est pas de décider à notre place, mais de nous faire voire ce que nous n'avions pas vu. Un genre de lieutenant Colombo : je vous admire, mais il y a quelque chose que je ne comprends pas dans votre raisonnement... 

(Dans le langage de l'analyse de données, on parle de "recherche d'anomalie".)

Rhétorique

La rhétorique est l'art de convaincre l'autre que l'on est sincère. Elle s'oppose à la dialectique, qui est l'art du raisonnement. 

Si vous savez qu'un vendeur d'eau de source produit maintenant des jus de fruit, vous penserez peut-être que c'est un moyen d'écouler son eau, et donc que la nouvelle boisson n'a peut-être pas bon goût, mais qu'elle est saine. La meilleure façon de juger nos actes est de regarder notre vie. Comme dans "un jour sans fin", nous n'arrêtons pas de faire la même chose. Il nous arrive de changer, mais c'est rare.

lundi 10 juillet 2017

Je pense donc je suis

Je pense donc je suis, disaient des manifestants en réaction au terrorisme récent. C'est ce que rappelait hier France Culture. 

Détournement de la pensée de Descartes ? Pour lui, ce qui prouve notre existence, c'est notre faculté de penser. Terrorisme ou pas, tout le monde pense. Donc tout le monde est. Le manifestant, lui, estime que pour "penser", il faut pouvoir s'exprimer. Le terroriste veut nous couper la parole. Mais le terroriste n'est pas loin de penser comme le manifestant. Ce qu'il lui reproche, c'est son fameux "universalisme". Il est en guerre contre une pensée qu'on lui impose. 

Morale ? On a peut-être bien besoin de s'exprimer en public, pour penser, et pour vivre. Mais, justement, cette pensée ne se construit pas sur la recherche d'absolu, d'universaux, mais par débat. Elle a besoin de tout le monde.

(Ou, s'il y a recherche d'universaux, ce sont des universaux relatifs au groupe humain qui débat. Des universaux qui expriment, principalement, que nous sommes tous des hommes, également respectables.)

Déçus de Marine

Je crois fermement que le FN est derrière nous. C'est un parti qui ne peut vivre sans leader charismatique. Et Mme Le Pen a perdu la face lors du débat présidentiel. Elle pourrait être victime de ce qui a fait son succès : la contestation irresponsable. 

Peu de gens pensent comme moi. Un invité de France Info disait que M.Macron avait détruit la politique française, comme il allait échouer, cela laisserait le champ libre au FN. J'entendais encore récemment un intellectuel de France Culture dénoncer la montée des extrêmes comme il l'aurait fait il y a un an. Je me suis demandé si les vrais déçus de Marine Le Pen n'étaient pas à gauche. Ce qui justifiait leur vie était une lutte héroïque pour extirper le mal qu'il y a en l'humanité, sauf en eux. Et le FN était la manifestation de ce mal. Que leur reste-t-il ? M.Macron. Sera-t-il pour eux, après de Gaulle, une nouvelle incarnation du fascisme ? Une raison d'être ?

Programme

J'entends dire que M.Macron n'a pas de programme. Pas sûr. Lorsque l'on voit ce qu'il veut faire de l'assemblée nationale, en réduire la taille pour donner les moyens dont il a besoin au député, je retrouve ce que j'ai lu souvent chez les meilleurs d'entre nous. Il me semble que M.Macron met en oeuvre ce qui est sorti, notamment, de la commission Attali, à laquelle il a participé, et où il s'est fait des amis de tous les participants. 

Il a constaté que personne n'avait eu le courage de faire ce qu'il fallait pour mettre en oeuvre ces idées. Alors, il a conçu un dispositif dans lequel il aurait les mains libres pour le faire ? As de la conduite du changement ? 

dimanche 9 juillet 2017

Que cache l'Intelligence Artificielle ?

Article du Financial Times. L'Intelligence Artificielle cache un secret honteux. Elle a besoin d'énormément d'hommes pour fonctionner. En effet, elle demande une phase "d'apprentissage" lors de laquelle il faut expliquer aux ordinateurs ce que signifient les données. Le problème est particulièrement compliqué en ce qui concerne la voiture autonome.
Most companies working on this technology employ hundreds or even thousands of people, often in offshore outsourcing centres in India or China, whose job it is to teach the robo-cars to recognise pedestrians, cyclists and other obstacles. The workers do this by manually marking up or “labelling” thousands of hours of video footage, often frame by frame, taken from prototype vehicles driving around testbeds such as Silicon Valley, Pittsburgh and Phoenix.
A cela s'ajoute le fait qu'il faut enregistrer des masses gigantesques de données de test, masses tellement importantes qu'elles ne peuvent être transférées en temps réel, par communication sans fil, et doivent être stockées sur disques durs. En outre, ce ne serait pas qu'une question d'apprentissage de la conduite, qui se fait une fois pour toute, comme pour un homme. Le travail est sans fin : quand il y a des travaux quelque part ou quand le paysage change, il faut aussi en informer l'ordinateur. 

Qu'est-ce que cela signifie ? "Qu'Intelligence artificielle" est avant tout un terme marketing ; que, dans l'état de l'art actuel, ses applications sont limitées, par les moyens financiers qu'elles exigent. 

Theresa May

On disait que Theresa May ne durerait pas longtemps. C'est peut-être faux. En effet, personne ne veut être à sa place...

Conséquence imprévue. En prenant la décision malencontreuse de dissoudre le parlement, elle s'est mise dans une situation qui, paradoxalement, la place en situation de force.

Espion

La radio racontait l'histoire des espions de Cambridge. Philby et les autres. En fait, ils étaient typiques des intellectuels des années 30. Ou peut-être même des intellectuels modernes. Ils étaient convaincus que le fascisme (sachant qu'alors, on n'avait aucune idée de l'horreur que signifiait ce terme) était à l'oeuvre en Grande Bretagne, et que seule l'URSS pouvait sauver le monde. On voit aussi que l'intellectuel occidental a un pouvoir énorme : ces jeunes gens n'ont eu aucun mal à infiltrer les centres névralgiques de l'Etat britannique. L'un conseillait même la reine. Surtout, l'intellectuel a une immunité quasi totale. C'est ce qu'explique Philby

Mais ce n'était peut-être pas l'intérêt général qui les motivait. Ils étaient en proie à de petites difficultés médiocres (par exemple, alcoolisme, homosexualité honteuse), que leurs beaux esprits ont rationalisé en une lutte mondiale du bien contre le mal. Staline a appelé l'intellectuel occidental, qu'il manipulait, "idiot utile". La formation de l'esprit le rend-elle incapable de fonctionner ? 

samedi 8 juillet 2017

Intellectuel

Je découvre progressivement pourquoi le Marxisme a eu la vie aussi dure. C'est la biographie de F.Mitterrand, confirmée par l'ouvrage sur la revue Esprit, qui m'a fait comprendre ce qui s'est passé. Apparemment l'intellectuel pense que son rôle est de défendre "l'exploité". Or, l'exploité votait communiste. Donc l'intellectuel devait être communiste. 

Cela pose beaucoup de problèmes. Tout d'abord, implicitement, l'intellectuel préfère la minorité à la majorité. Ensuite, je ne suis pas sûr que ceux qui votaient communiste goûtaient particulièrement Marx. Il me semble que le Parti communiste apportait surtout à une classe de la population une certaine fierté. Mon grand père, par exemple, était fier de me dire que telle ou telle innovation de la SNCF venait d'un cheminot. Ce qui m'amène à me demander si la raison d'être du PC, comme celle du FN, n'est pas le mépris que l'intellectuel manifeste vis à vis du reste du peuple. Ce serait un curieux paradoxe.

Pragmatisme

Jean-Baptiste Fressoz raconte que la chaudière fut un dernier cri technologique. La France et l'Angleterre adoptent deux façons opposées de traiter la question. Les meilleurs scientifiques français démontrent, équations de la physique à l'appui, que la technique ne présente aucun risque. Le sujet est confié au corps des mines de polytechnique (où entrent les élèves qui ont obtenu le meilleur classement final). Les accidents surviennent. A chaque fois, on désigne un coupable. Généralement un grouillot illettré, dont il est démontré qu'il n'a pas respecté les lois "naturelles". 

En Angleterre on part du principe que l'on ne sait pas ce qui va se passer. Alors, on construit ce que l'automatique appellerait une "boucle de rétroaction". Les utilisateurs de chaudières s'assurent. Et le assurances véhiculent de l'un à l'autre les "bonnes pratiques" qui "semblent marcher". Rapidement, la chaudière ne claque plus. 

Il y a là des attitudes culturelles. Elles se voient, par exemple, en anthropologie. D'un côté l'Anglais va sur le terrain et décrit ce qu'il voit. De l'autre le Français, Durkheim et Lévi-Strauss par exemple, cherchent le principe immanent qui expliquerait tout. 

Comme en anthropologie, il faut probablement combiner les deux. Un excès d'empirisme conduit à dribbler les poteaux du but. On accumule des recettes qui se contredisent. C'est alors que le sens de l'abstraction français devient utile : il identifie des "méta règles" qui simplifient le problème. 

(Je préconise la boucle de rétroaction en termes de conduite du changement : puisqu'on ne sait pas ce qui va se passer, il faut se doter d'un mécanisme qui va permettre d'identifier, si possible préventivement, ce qui risque de mal se passer, et de déclencher une réaction pertinente.)