Un entretien avec Catherine Martin, dirigeante de Créinvestisseurs.
Qu’est-ce que recouvre le concept de
créinvestisseur® ?
Un Créinvestisseur est un investisseur créateur de valeur, autrement dit un
investisseur qui apporte de l’argent et qui s’investit au sein de l’entreprise.
C’est la convergence entre finance et RH, actionnariat et salariat.
C’est passer du salariat de la grande entreprise à l’actionnariat combiné
au salariat de la PME ou TPE. Entreprises de 0 à 50m€ de chiffre d’affaires. Et c’est le faire à trois moments clés dans la vie de l’entreprise :
- Mise sur le marché du produit (0 à 300k€ de CA) : besoin d’un développeur commercial.
- Changement de dimension ou de nature, par exemple développement international, ou modification de la gouvernance de l’entreprise qui demande un dirigeant professionnel (au-delà de 1 m€ de CA).
- Transmission de l’entreprise, l’entreprise n’ayant pas trouvé de solution interne. Aujourd’hui la greffe échoue dans deux tiers des cas. C’est essentiellement un problème de comportement. Le créinvestissement ménage une période de transition durant laquelle le cadre extérieur va prendre, en quelque sorte, le statut d’héritier du fondateur.
Y a-t-il beaucoup de cadres qui quittent
la grande entreprise ? Pourquoi ? Quelles sont les options qui leur sont ouvertes
?
L’entreprise est conçue pour recruter en permanence des diplômés de grandes
écoles, mais n’est conçue que pour offrir une carrière à long terme à un petit
nombre d’entre-eux. Une partie va donc être remise sur le marché. Plusieurs
solutions s’offrent à eux :
- Retrouver une place dans une grande entreprise. Cela devient difficile
lorsque l’on dépasse 45 ans.
- Devenir consultant, formateur, manager de transition, coach ou autre.
L’offre dépassant nettement la demande, les prix son cassés, la situation est
précaire.
- Créer une entreprise. Il y a beaucoup d’échecs. Contrairement à ce que beaucoup
de créateurs croient, il n’est pas suffisant d’avoir une idée pour qu’elle soit
commercialisable.
- Reprendre une entreprise. Il y a 5000 reprises d’entreprises de plus de 5
personnes chaque année. La demande dépasse l’offre. Ce qui fait monter les prix
au-delà de la capacité de remboursement de la structure. D’où faillite. Une
autre cause d’échec est le manque de préparation du cadre.
A qui s’adresse le créinvestissement.
Comment un cadre peut-il savoir s’il est fait pour être créinvestisseur ?
80% des créinvestisseurs sont des business developers avec prime à
l’international. Puis viennent les directeurs généraux et enfin les DAF.
Il y a deux raisons principales pour lesquelles une personne ne fait pas
l’affaire : l’égo et la peur.
L’égo, c’est surestimer sa valeur. C’est être arrogant, notamment vis-à-vis
du dirigeant. La peur, c’est ne pas savoir prendre des risques. Il faut se
lancer sans avoir résolu toutes ses questions. La combinaison des deux bloque
l’écoute des attentes et des freins du dirigeant.
Si c’est le cas. Que doit-il faire ?
Quelles sont les erreurs à éviter : commises en phase de recherche, durant les
premiers temps de l’arrivée dans l’entreprise… ?
Beaucoup de cadres investissement beaucoup de temps dans des dossiers qui
ne sont pas en vente. En effet, il est très fréquent qu’un dirigeant fasse un tour
du marché pour voir ce qu’on lui propose, mais sans être décidé à céder.
La seconde erreur, une fois l’affaire conclue, c’est de vouloir tout
révolutionner en arrivant. Le gros problème du cadre d’entreprise, c’est qu’il
a une expérience très riche et diversifiée et qu’il croit tout savoir. Mais la
PME ne demande pas la même palette de compétences. Il doit tout réapprendre. La
réalité derrière les mêmes mots est différente.
Le créinvestissement, c’est de la chasse
de têtes. Pourquoi les chasseurs de têtes ne savent-ils pas en faire ?
Le créinvestissement est une nouvelle solution à un besoin nouveau qui
intègre une dimension d’ingénierie financière. La démarche n’est pas d’aspirer
des ressources d’une entreprise pour les placer dans une autre mais de prendre
en charge les ressources peu occupées ou disponibles, de les préparer à changer
d’écosystème et de les accompagner dans leur migration.
Il s’agit d’un autre métier qui complète ou se substitue à l’outplacement
et ne concerne encore qu’une minorité de cadres.