Troisième entretien avec Claudine Catinaud. Qu’est-ce qu’une
situation d’urgence ?
A quoi ressemble une
situation d’urgence ?
Une compagnie d’assurance m’appelle pour remplacer au pied levé
une DRH en congé maladie, le temps de négocier les augmentations annuelles. Au
bout de deux jours, je suis informée d’une réunion avec le CHSCT. Il a fait
venir un expert pour évaluer les impacts d’un projet de changement local.
Le dirigeant de la filiale avait décidé de passer d’un système
de rémunération collective à une rémunération individuelle. Ce faisant, il avait
mis le feu aux poudres. La plateforme de gestion clientèle et l’exploitation
informatique du groupe pouvaient être bloqués par une grève ! Ce qui
créait une situation de risque majeur qu’il soit social, technique, managérial,
financier et bien sûr de notoriété.
A la lecture du document
de l’expert CHSCT, je comprends que, sous-jacent à une remise en cause du
management de la filiale, une remise en cause du management du siège social
pourrait également se faire jour.
Je demande alors au directeur de la filiale de suspendre sine
die son projet afin d’éviter une expertise qui pourrait conduire à la remise en
cause du management du groupe.
Assise aux côtés du directeur de filiale, nous avons donc
annoncé la suspension du projet en séance en proposant d’entrer dans une
démarche participative (ateliers à l’appui) afin que le système de rémunération
proposé soit en cohérence avec l’activité.
En quelque sorte, j’ai fait un retournement de situation en
permettant à l’entreprise de reprendre la main sur le management de la filiale.
Et d’éviter la propagation d’un mouvement social qui aurait bloqué soit le
centre d’appels, soit l’exploitation informatique du groupe !
On attend le DRH
Quels enseignements tirer
de cet exemple ?
Alors que la réponse à la crise passe par la communication, gérer
l’urgence impose une rupture, ou dit autrement, une force d’action et de
mobilisation : il faut agir en profondeur en un temps court ! Il ne faut pas vouloir le consensus,
mais revenir à un management directif à l’image des militaires en
manœuvre : en management en temps de paix, en commandement en temps de
guerre. Il faut marquer les esprits. Il faut mobiliser. Il faut mettre les gens
dans une posture de rupture, de mobilisation exceptionnelle, d’engagement. D’où l’intérêt d’être extérieur.
Le prochain billet creuse cette question : que faut-il savoir sur les techniques de gestion
de l’urgence ?