jeudi 31 mars 2022

Démocratie ?

Il ne faut jamais gaspiller une crise, disent les Anglo-saxons. 

C'est ce qui semble expliquer ce qui se joue en ce moment. M.Macron veut profiter de la guerre ukrainienne pour créer une "Europe puissance", avec une armée et des dettes communes, les lobbys nucléaires et agricoles reprennent le dessus sur les lobbys écologistes, qui, eux, se replient vers la promotion de l'énergie renouvelable... 

(Au passage, Boris Johnson pourrait avoir sauvé sa tête, en faisant oublier son comportement indigne. C'est la chance insolente qui distingue l'homme politique méritant ce nom ?)

L'ennui est que tout ceci n'est pas du tout démocratique. La dissimulation et la manipulation de l'émotion sont la règle du jeu. Qu'allons-nous découvrir quand la poussière retombera ? En fait, l'Union européenne empire les choses. C'est une boîte noire. Les élus y sont incontrôlés. Les Brexiters et la Cour suprême allemande ont raison ?

La suite au prochain numéro. 

Grandeur et décadence de l'ingénieur

Dans mon enfance, l'ingénieur était élite de la nation. Aujourd'hui, il est une sorte d'espèce protégée. Il a quelques emplois réservés, extérieurement prestigieux, mais sans conséquence. 

C'est peut-être l'histoire des deux sens de logos. Logos voudrait à la fois dire raison et parole. Eh bien, le tout parole a pris le pas sur le tout raison. L'X-Mines a été remplacé par l'inspecteur des finances. "Ingénieur" est à entendre au sens anglais : rustre.

Causes ? Trois hypothèses :

  • Le progrès, et ses grosses usines pestilentielles, a fait son temps. Toute la séduction de l'ingénieur s'est envolée. 
  • On a testé, ça n'a pas marché. L'ingénieur a dirigé notre pays et ses entreprises. Cela leur a été fatal. En le ménageant, on l'a écarté. 
  • Désormais, celui qui veut arriver au sommet doit s'expliquer. Or, l'ingénieur n'a pas été formé pour cela. 

Après l'ère de l'ingénieur autiste nous en sommes arrivés à celle du bonimenteur ? Pas tellement mieux ? Comment le dirait Aristote, il faudrait un "juste milieu" entre ces deux extrêmes. Le logos bien compris. L'homo sapiens ? 

Ecologie : le grand pivotement ?

La transition climatique "pivoterait" elle ? Mot clé : "circuit court". Grand intérêt, il fait consensus. Pour l'écologie, il veut dire zéro gaspillage. (Voir "du berceau au berceau".) Pour l'industriel, il signifie "souveraineté", donc relocalisation et nouveau marché. Pour la nation, cela signifie ne pas (trop) dépendre de régimes qui ne partagent pas ses valeurs. 

Dans le meilleur des cas, chacun mettrait de l'eau dans son vin. L'écologiste abandonnerait son obsession de la décroissance, qui n'est pas soutenable face à M.Poutine, et l'industriel verrait l'intérêt de revoir sa façon de travailler. 

(Politico.eu disait, hier, qu'il y avait de grandes manoeuvre européennes autour de ce sujet. "Under the proposed Sustainable Products Regulation, products will be obliged to adhere not only to energy efficiency rules but also to the concept of “circularity” — meaning they must be easier to refurbish, repair and maintain.")

mercredi 30 mars 2022

Increvable capitalisme ?

L'humanité va à sa perte. On ne peut pas produire toujours plus, nous dit-on. D'ailleurs, le capitalisme, lucre et matérialisme, est contre nature. Et si ce bon sens se trompait ? Et si les voix de la complexité étaient incompréhensibles ? 

Il y a quelques décennies, la préoccupation existentielle de l'humanité était la crise. Le propre du capitalisme, c'est la crise. Celle de 29 est à l'origine d'une guerre qui aurait pu rayer l'humanité de la surface du globe. M.Poutine ne serait pas si aigri, si la Russie n'avait pas subi une crise terrible, qui a réduit de 6 ans l'espérance de vie de sa population. (Si vous voulez savoir pourquoi un pays hait l'Occident, cherchez la crise.)

Mais les choses ne sont jamais si simples... Parce qu'elle détruit l'économie, la crise crée des "start up".  Ce qui est, qui sait ?, une nécessité. Et l'humanité vient d'innover en termes de crise :

  • La transition climatique est une crise artificielle. L'humanité se saborde sans contrainte immédiate. 
  • Les crises covidienne et ukrainienne sont traitées par la solidarité. Et une solidarité qui cherche à renforcer les faibles, à leur laisser une seconde chance. (Anti Darwin ?)

D'où la ruse de la complexité dont je parle en introduction. Il semble que, à moins d'un désastre, l'humanité ne va plus faire qu'un bloc. Mais cette unicité signifie la fin de l'innovation, le repli sur soi, la décadence, et, finalement, l'incapacité à résister au moindre accident naturel.

Or, si l'on en croit les spécialistes des réseaux, et peut-être aussi l'observation quotidienne, c'est l'expérience de la petite crise qui les rend de plus en plus résistants à la grande crise. C'est la théorie Antifragile de Nassim Taleb. Une société en crise permanente, sans, pour autant, qu'elle se fasse aux détriments des individus, serait extraordinairement résiliente. 

(A noter que l'on a là un modèle proche de ce qu'a imaginé Kant, qui, lui, voit la résilience par le conflit. Vers la paix perpétuelle.)

Le monde des sans grades ?

"Elite" est devenue une insulte. Un des traits marquants de notre époque. D'où cela vient-il ? 

Qui est scientifique ou enseignant ? Celui qui n'a pas fait d'études assez bonnes pour avoir un meilleur emploi. Il y a eu "massification" de ces professions. Et cela a eu l'effet paradoxal non seulement de faire baisser le niveau moyen, mais, surtout, de faire fuir ceux qui les occupaient auparavant. 

Des professions hier prestigieuses croient conserver leur autorité, alors que ce qui la justifiait n'existe plus.

Du coup, le taylorisme a gagné. Les professions dites intellectuelles sont occupées par des exécutants qui appliquent des normes. 

Changement irréversible, probablement. Il faut faire avec. En particulier, il faut demander à cette bureaucratie de faire bien ce qu'elle sait faire, mais pas plus. On ne fait pas éduquer des êtres humains par des robots, en particulier. Comme le disait Bergson, notre société technocratique a besoin "d'un supplément d'âme". Voilà une mission pour notre "jeunesse à impact" ? 

mardi 29 mars 2022

Une crise à la fois

Une guerre peut arrêter une épidémie, disaient des amis. On n'entend plus parler du coronavirus. 

Manipulation ? En fait, si j'en crois ce que j'entends, Omicron n'est pas plus terrible qu'un petit rhume. Or, il se trouve que, du fait de son nom de famille, on emploie les grands moyens pour le combattre. Tests, isolement, messages radio disant de se faire vacciner tous les trois mois... Le pouvoir politique semblait avoir été dépassé par le complexe sanitaro-industriel. 

Je me demande s'il n'a pas profité de la guerre en Ukraine pour en revenir à la raison. 

Cynisme et impuissance

Grand homme, où est ta victoire ? C'est la question que je me suis posée lorsque j'ai découvert les travaux de ce l'on me disait être des héros. Leur pensée, loin d'être géniale, était très compréhensible, et pleine de ridicules et d'erreurs manifestes. Ils étaient des hommes comme vous et moi. 

Lagarde et Michard m'ont fait voir les choses d'une autre façon. Ce qui les intéresse c'est l'innovation. C'est ce qu'a apporté le grand homme à l'humanité. Pour autant, ils ne font pas preuve d'une admiration béate. Ils dénoncent les facilités ou les relâchements (par exemple, chez Sartre), comme, peut-être, le professeur le faisait avec l'élève prometteur, en leur temps. Que la voie se révèle bonne ou non, l'important était de l'ouvrir ?

Comme on le dit parfois, les grands hommes le sont, surtout ?, par leurs échecs. Car ces échecs sont exceptionnellement riches d'enseignements. 

En ces temps de remise en cause, faut-il écouter Lagarde et Michard ? Comme moi, nous étions devenus cyniques, et le cynisme mène à l'impuissance. Tout en gardant un esprit critique (ce qui est le sens original de cynisme), il faut réapprendre à voir ce qu'il y a de grand dans notre humanité ? 

Est-ce pour cela que "inspirant" est à la mode ?

lundi 28 mars 2022

Condorcet et Mme Hidalgo

1,5%. Intentions de vote attribuées à Mme Hidalgo, selon le dernier sondage que j'ai vu. On peut douter de la précision du chiffre, mais, pour ce qui fut le parti le plus puissant de France, c'est bien peu. Comment expliquer que quelqu'un d'apparemment si peu populaire ait été aussi longtemps mairesse de la plus grande ville de France ?

Cela signifie que Condorcet s'est mis le doigt dans l'oeil. Comme beaucoup de ses amis, il pensait que le vote était l'expression juste de la volonté populaire. Or, pour commencer, comment savoir ce que quelqu'un va donner une fois élu ? Et, surtout, le candidat est le résultat d'un processus de sélection. Et la sélection produit un biais qui conduit à l'envers des intentions initiales. Il fait émerger un homme, ou une femme, d'appareil, plutôt qu'un leader du changement. Autrement dit un virtuose du moyen, et non de la fin. Systémique pour les nuls. 

Mais la complexité n'a pas dit son dernier mot. Elle sauve la démocratie. Car, à long terme, l'électeur parvient à se faire entendre. A force de "voter contre", il fait bouger le système, et "dégage" les conséquences imprévues du vote. Edgar Morin qualifierait la pensée de Condorcet de "simplifiante". Il lui donnerait sans doute une mauvaise note en "mathématique sociale". 

Qu'est-ce qu'une civilisation ?

De temps en temps, des mots oubliés remontent à la surface. C'est le cas de "civilisation". 

Ma génération lisait l'histoire des civilisations. Elle était liée au progrès. Nous étions les héritiers des Mésopotamiens, des Egyptiens, des Perses, des Chinois, des Grecs, des Romains... Tout cela a été oublié. 

La crise russe a eu l'effet dont parle les existentialistes. Face à l'absurde, l'homme prend conscience qu'il tient à certaines valeurs. M.Poutine nous a présenté son projet de société et ses missiles nucléaires et nous lui avons répondu : plutôt mort que rouge.

Et si nous n'étions pas les seuls dans ce cas ? Et si le monde de paix et de confort auquel aspire l'Occident, était, quand il n'est pas instrumentalisé par l'individualisme, un désir quasi universel ? 

Est-ce cela la civilisation ? L'humanité concevant, petit-à-petit, ce qu'elle désire être ?

dimanche 27 mars 2022

Soutien à l'économie : mais qui va payer la note ?

Qui va payer la note ? C'est bien d'éviter aux entreprises la faillite, mais qui va payer les dettes que nous avons accumulées ? Voilà la question que pose un groupe de dirigeants.

Dans un billet ancien, je disais qu'un économiste m’a rappelé que la méthode de soutien à l'entreprise que nous avons utilisée a été employée par les Allemands en 2008, alors que N.Sarkozy a laissé « faire le marché ». Nous : économie qui se contracte, chômage ; eux : « rebond ».

Prenons l'exemple d'une entreprise de "l'événementiel" que "j'accompagne" dans le cadre de mon action associative. L'aide du gouvernement lui a permis non seulement de ne pas déposer le bilan, mais surtout de se réinventer. Son modèle économique initial, location de matériel, valait zéro. Elle a découvert qu'elle avait un autre métier : la logistique. Elle est entrée sur ce marché. Les affaires que dégage un entrepôt comme les siens valent plusieurs millions d’euros, pour un investisseur. Et, en plus, rien n'empêche d'ajouter entrepôt à entrepôt. Ce qui était impossible avec son métier initial. 

Pas mal. 

Ce n’est pas tout : si elle a pu saisir cette opportunité, c’est que, en masse, le commerce est devenu électronique. C’est un tsunami. Cela signifie non seulement marketing digital mais aussi explosion des besoins de logistique. 

Si cet exemple n’est pas une exception, s’il y a réinvention de l’économie française, si nos PME, de zéro, se mettent à valoir « quelque chose », elles produiront des bénéfices, et elles emploieront des chômeurs et cela nourrira les impôts, et éliminera les dépenses d’assistance sociale, et cela remboursera les dettes. Et l’Etat aura bien joué. 

Zone de sécurité expliquée ?

Il y a quelques temps, on m'a suggéré d'interviewer une célébrité de la bulle internet. Il écrivait un livre sur l'avenir du monde, façon Hegel. 

J'ai découvert quelqu'un qui, visiblement, avait très peu étudié son sujet, et avait l'intention de dire Sa vérité. On n'était pas loin d'une sorte de gigantesque théorie du complot. 

Je me demande s'il n'y a pas là, au moins en partie, l'explication du fait que le Français reste dans une "zone de sécurité" : il peut y dire n'importe quoi. Quand il en sort, il y est très vite renvoyé...

samedi 26 mars 2022

L'erreur est artificielle ?

L'intelligence artificielle, c'est la bêtise décomplexée. Des gens se pavanent en braillant qu'ils sont des génies parce qu'ils utilisent une technique qu'ils ne comprennent pas. Voilà ce que répète ce blog. 

Eh bien, il se pourrait que la raison tente de reprendre ses droits. Elle en vient à la conclusion qu'il existe des cas dans lesquels l'Intelligence artificielle ne marche pas. Seulement, on ne sait pas lesquels. Pour le coup, c'est démontré. 

"Cela ne pose pas de problème, dans certains cas, que l'IA se trompe, mais il faut le dire. Et ce n'est pas ce qui se passe. On ne peut pas savoir si l'on doit avoir plus ou moins confiance en une décision." (Article de l'Université de Cambridge.)

Une idée bizarre. Et si l'IA, c'était l'esprit 68 ? Non à la dictature de la raison, des mathématiques, de la démonstration, du sang et des larmes ? Et si nous vivions la fin d'un cycle ? La fin de la grande récréation ? 

Le grand complot

Discussion. On me dit que l'information est manipulée. On ne peut rien croire. Surtout pas les sondages. On veut nous convaincre que l'élection présidentielle est gagnée d'avance ! Et Vladimir Poutine ne réprime pas son opposition. Désinformation ! Paradoxe : à l'appui de tout ceci, on avance des reportages. Mais pourquoi devrais-je croire des reportages puisque tout est manipulé ? 

Comme le dit ce blog, oui il y a manipulation. Et c'est de notoriété publique. C'est même écrit noir sur blanc. La gauche et la droite se revendiquent ouvertement de Gramsci, pour qui il fallait manipuler le peuple, pour son bien. Notre communication est aux mains de lobbys, qui cherchent à faire taire toute opinion divergente. Cancel culture. Et, oui, il y a une sorte de lutte des classes, qui a conduit "l'élite" à abuser de sa position. C'est le phénomène "oligarchique". La majorité d'entre nous sont des perdants du changement. D'où le malaise que nous pouvons tous constater. 

Là où nous différons, c’est quant aux conséquences que nous en tirons. Pour moi la violence n’est pas permise. Elle n’est jamais justifiable. Il y a une guerre, aujourd’hui. Et elle est entre deux conceptions irréconciliables du monde. En particulier, un pays ne peut pas en annexer une autre, comme veulent le faire les Russes et les Chinois, et comme a voulu le faire l'Allemagne hitlérienne. 

Il y a peut être beaucoup d’animosité entre Français, mais ils ont en commun l’essentiel. Il faut faire émerger cet essentiel. Et corriger nos impulsions suicidaires.

vendredi 25 mars 2022

M.Macron, les mécontents et les nains

Présidentielles. Coup d'oeil aux sondages. M.Macron est toujours à la même place. Il ne semble pas profiter de la guerre. Comme le disait Catherine Nay, il ne peut s'empêcher d'irriter ? 

Ce qui frappe est le mécontentement. Si l'on ajoute Mme Le Pen à MM.Mélenchon, Zemmour et Dupont-Aignan, il représente quasiment 50% des votants. (Et l'on dit que les très mécontents ne votent pas...) 

Pour le reste, c'est de la poussière. Le "dégagisme" se poursuit. Cette fois-ci, les partis politiques traditionnels vont devoir envisager sérieusement le changement ?

Psychanalyse africaine

Psychanalyse en Afrique. J'écoutais il y a quelques temps un ancien dépressif, spécialiste de la dépression, parler d'un traitement qu'il a reçu en Afrique. (The Moth, émission d'une radio américaine.) 

Après avoir été enseveli sous des piles de couvertures, agrippé à une chèvre, en plein soleil, avec une musique tonitruante, il se retrouve tout nu, couvert du sang de l'animal, avant que le village, qui a pris un jour de congé pour l'aider, ne le lave en lui crachant de l'eau sur le corps. Entre-temps, il a dit au revoir à l'esprit qui le martyrisait. 

A la fin de l'émission il compare ce qu'il a vécu à notre psychanalyse. N'est-il pas plus civilisé de passer toute une journée avec tout un village à oublier ses mauvaises pensées, que de raconter des souvenirs déplaisants à un individu sinistre ? 

Voilà certainement une réflexion pour phénoménologue. Il dirait que notre science n'est pas scientifique. Elle part d'idées reçues. 

Le déclin de l'empire russe

Pourquoi l'armée russe est-elle aussi inefficace ? Si j'ai bien compris, rien ne va plus. On nous parle de logistique défaillante, d'erreur de planification stratégique, ce qui sous-entend un état major peu compétent, des troupes mal entraînées et peu motivées, et d'un équipement qui souffre des attaques de drones turcs, drones qui seraient relativement "bon marché". 

Inquiétantes perspectives pour l'avenir de la Russie ? Déclin démographique et minorités remuantes, annexées pour raison de sécurité, économie souffreteuse et armée déficiente... Contraste frappant avec le dynamisme asiatique et, même, ottoman ? Alors ? La nature a horreur du vide ? 

jeudi 24 mars 2022

Lien social et changement

Yakafokon expliqué ? 

Le Yakafokon, c'est le raisonnement cartésien. Nos institutions ont des missions. Si elles les exerçaient tout serait facile. Par exemple, notre président ne devrait avoir qu'à ordonner pour être obéi. 

Mais une société, ce sont des rites et un "système". Nos comportements sont encadrés. Nous pouvons croire, dire, et faire croire que nous sommes puissants, nous faisons toujours la même chose. 

Le changement, le vrai, ne part pas du haut, mais du bas. Son principe, c'est le "lien social". Un à un, un groupe de personnes voulant faire bouger les choses se constitue. 

La question est : comment se crée un lien ? La réponse que je tire du confinement est : Zoom. 

J'ai découvert que j'étais anormal. Les entrepreneurs me disent avoir besoin de rencontrer les gens pour les connaître. Pas moi. Il peut se passer "quelque-chose" dans une discussion à distance. 

Kurt Lewin explique peut-être le phénomène : il dit que pour connaître quelqu'un, il faut vouloir le changer. Eh bien, ma préoccupation est toujours le changement. Et c'est peut-être cela qui crée le lien. 

Le duel de Tchekov


Suite de nouvelles, qui sont, en fait, de courts romans. 

Cela parle beaucoup d'incommunicabilité. De comportements apparemment incohérents. De vies qui changent, mais sans raison. Il n'y a pas de morale dans cette affaire. Absurde ? Ou chacun suit-il un cours dont il n'est pas conscient ? Le coeur a des raisons que la raison ne comprend pas ? En tous cas, il semble que s'il y a un bonheur ou une paix, ils sont tristes. Ce sont peut être des renoncements à la vie et à ses illusions... 

En tous cas, cela ne ressemble pas à mon expérience, et je ne crois pas non plus que ce soit une oeuvre d'art, qui fasse entrer dans un monde incompréhensible mais fascinant. Bref, à mon avis, Tchekov est mieux fait pour écrire du théâtre que des romans. 

Habile Turquie ?

Turquie et guerre en Ukraine. Conférence du Comité France Turquie. 

D'où il ressort que la Turquie ménage la chèvre et le chou. Mais, aussi, ce qui confirme ce que je soupçonnais lorsque j'ai vu que l'ambassadeur de Turquie en France était un énarque : la Turquie a mené une habile politique de réconciliation avec tout le monde. 

On découvre aussi qu'elle a su créer une puissante armée, qui pourrait être utile à l'OTAN, et qu'elle a préparé la guerre en réduisant sa dépendance énergétique à la Russie. 

Essaie-t-elle de tirer les marrons du feu ? Après tout, ses drones expliquent en grande partie les contre performances russes. Plus compliqué. Les Turcs sont inquiets de retombées de la guerre, directe, ou indirecte : ils sont à la fois dépendants du tourisme russe et de la croissance européenne. Quoi qu'ils fassent ils pourraient être perdants. Une forme de neutralité est probablement judicieuse. 

Bref, le Turc est prudent. Ce qui, pour les Grecs anciens, était une vertu ultime. 

mercredi 23 mars 2022

La fin des civilisations

"Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", écrit Paul Valéry en 1919. Nous pourrions peut-être dire la même chose aujourd'hui. La crise ukrainienne a été un avertissement pour l'Occident. Il était à deux doigts de l'impuissance et de la décadence. 

Il y a quelque chose de curieux dans l'évolution de l'humanité. Il y a des moments où des cultures deviennent dominantes et semblent indestructibles. Puis, soudainement, elles disparaissent. 

Le sort d'un pays se joue souvent à pile ou face. Un attentat, une réaction stupide... et c'est le chaos. Et il y a la perte de mémoire. Chaque génération, qui n'a rien appris des précédentes, prend les commandes du monde, pleine de certitudes. Certitudes issues de rationalisation de ses intérêts. L'humanité n'est que crises d'adolescences. 

Une société a-t-elle des moyens de résilience ? Dans un de mes livres, je dis que j'ai observé que les gens qui réussissaient le changement étaient "in quiets". Je me demande si ce n'est pas, en définitive, la principale garantie de longue vie. 

Zone de sécurité

Dans un précédent billet, je parle de "zone de sécurité". De quoi s'agit-il ? 

Une histoire me revient en tête. J'ai fait mon service militaire comme scientifique du contingent dans un bureau d'études de l'armement. Pourquoi m'avait-on fait venir ? Mystère. Comme les autres scientifiques, j'étais inoccupé. Et nous avions l'impression d'être des ethnologues chez les pygmées, tant les moeurs des natifs étaient étranges. 

Ce qui frappait était l'extraordinaire hiérarchisation des fonctions. Au sommet, les polytechniciens, sortant de l'école. Puis les IETA, école d'armement moins prestigieuse, qui sont les chevilles ouvrières du dispositif, puis les ingénieurs non formés dans les écoles de l'armée, qui me disaient être là pour "la qualité de la vie" (et me demandaient de ne pas "en faire trop"), puis les techniciens formés par l'armée, puis les techniciens non formés par l'armée, et ainsi de suite. 

Un jour, m'a-t-on dit, un nouveau polytechnicien déclare que ses calculs lui ont révélé que la conception du nouveau canon n'est pas la bonne. Les IETA lui répondent que, selon leur expérience, ce n'est pas le cas. On fait des essais. Le canon tient. Le polytechnicien est remis à sa place, définitivement. Il est, d'ailleurs, avec sa secrétaire, dans un bureau fermé, alors que le reste de l'étage est en "open space".

Le phénomène "zone de sécurité" résulte probablement d'un double mouvement. Notre comportement naturel est totalitaire. Il est toxique. Il produit une réaction violente. Or, et, cela va avec, notre société est fortement structurée. Du coup, elle force chacun à vivre côte à côte. Mais, faute de communication, c'est bancal. Pour que nous parvenions à nous entendre et à nous coordonner, il faut beaucoup de bruit, et donc des crises. 

mardi 22 mars 2022

I love Putin

On découvre que M.Poutine a beaucoup de "followers" en Occident. Comment l'expliquer ? 

Une thèse officielle est que ce sont les faibles d'esprit. Les antivax, les complotistes, les quartiers pauvres de Marseille, etc.

Ce qui est au moins partiellement faux :

L'autre jour, j'ai eu la surprise d'entendre la thèse des armes de destruction massive livrée à l'Ukraine par l'Occident évoquée par une amie... Comme je l'ai écrit, j'ai découvert que ce que je prenais pour un groupe de gentils papys diplômés des plus prestigieuses grandes écoles m'avait invité à la suite de Marion Maréchal. Les idées "anti" sont répandues parmi les classes les mieux formées et les plus aisées. 

D'ailleurs, un "anti" n'est pas systématiquement "anti". Les antivax, par exemple, sont une minorité importante de la communauté médicale, scientifique et intellectuelle, généralement peu nationaliste. (Et ils ont gagné, en Angleterre au moins.)

Le plus surprenant est que M.Poutine n'a réellement rien de séduisant. Certes les Russes me disent que c'est l'équivalent de James Bond : un champion sportif qui a fait de grosses études, et une carrière rapide au KGB. Mais le voyons nous comme cela ? Et comment ne pas être touché par le drame ukrainien ? Faire la nique à certaines valeurs occidentales, pourquoi pas, mais bombarder la veuve et l'orphelin... 

Alors, M.Poutine, "un héros de notre temps" ? Si notre société glorifie de tels tristes sirs, c'est qu'elle avait atteint un extraordinaire niveau de frustration ? 

Géniale nature

 Le bon usage d'enzymes permettrait de transformer le maudit dioxyde de carbone en un combustible "propre", dit une étude de l'Université de Cambridge. Cela marcherait bien mieux que la capture de C02. 

M.Poutine semble avoir mis du plomb dans l'aile de la transition climatique. Ce type de technique pourrait-il sauver les combustibles traditionnels ? 

En tout cas ce qui est fascinant et mériterait peut être beaucoup plus d'études est la capacité de la nature à mener ses changements très efficacement, et avec très peu d'énergie. Le plus prometteur ne semble pas de chercher à l'imiter, mais, plutôt, d'apprendre à l'utiliser. Peut-être que, si nous en comprenions le langage, notre progrès pourrait être plus rapide, et plus durable ? 

lundi 21 mars 2022

Occident : on ne change pas une équipe qui perd

La semaine dernière, une émission de Christine Okrent parlait de sanctions et d'Ukraine. Il en ressortait que le soutien à l'un ou l'autre camp en conflit était aligné sur l'intérêt à court terme des pays. Celui qui ne peut se passer de la potasse russe soutient la Russie. 

"Guerre froide acte II" ? L'Occident croyait avoir gagné l'acte I, mais s'était mis le doigt dans l'oeil. Probablement parce qu'il a été rattrapé par ses mauvais démons, qui l'ont rendu odieux. 

De manière intéressante, il semble, brutalement, chercher à se faire des amis parmi ses ennemis, Iran, Turquie, Venezuela... 

Que devrait-il faire s'il voulait définitivement convertir le monde à sa cause ? Probablement apprendre de ses erreurs. Les USA, partout, ont appuyé des dictatures. 

Peut-être n'ont-ils pas compris le succès du plan Marshall ? Pour transformer un pays, il faut, comme les nations européennes, qu'il présente des conditions favorables. Max Weber disait qu'une forme de "culture" (au sens anthropologique du terme) est nécessaire au capitalisme. 

Cette culture n'est, peut-être, pas nécessairement le protestantisme des thèses de Weber. Comme l'ont fait les Chinois, les Japonais, et les Asiatiques d'une manière générale, il faut chercher dans sa culture ce qui permet de vivre en mode capitaliste, sans y perdre son âme. 

La véritable aide que peut apporter l'Occident est probablement là : fournir les conditions de l'adaptation à ce qui est peut-être bien un nouvel ordre mondial. Ordre pas tant capitaliste ou démocratique que manifestation d'un plus haut degré de "civilisation", faute de meilleur mot. 

(Ces conditions sont ce qu'Edgar Schein appelle "Process consultation".)

BBC et Radio France

Il suffit de regarder les sites web de la BBC et de Radio France pour constater que les deux radios ne font pas la même chose. 

Pour commencer, celui de RadioFrance est le meilleur des deux. Paradoxalement, il semble même bien plus "up to date" que celui des radios américaines. Seule curiosité : un moteur de recherche qui ne trouve pas... Il est plus efficace d'utiliser Google. Décidément, le Français sera toujours un amateur ? 

Et c'est peut-être là que se trouve la différence. Je n'ai pas trouvé d'équivalent de France Culture dans l'offre, très vaste, de la BBC. En revanche, ses émissions sont bien mieux préparées, et sont beaucoup plus fluides. Ses animateurs ont un métier. Comme ailleurs, les Français semblent, avant tout, avoir des diplômes. Il n'y a que le fond qui les intéresse. La forme est secondaire et bancale. En outre, le contenu de la BBC est beaucoup plus "populaire", beaucoup moins donneur de leçons qu'en France. En particulier, BBC4, l'équivalent de France Inter, propose un grand nombre de feuilletons. Quand on parle de science, l'émission est agréable à écouter, mais elle ne va pas loin. 

La BBC me semble ressembler à Marx and Spencer : du populaire d'excellente tenue. 

Comparer la BBC (radio) et RadioFrance, est-ce comparer deux cultures ? Peut-être bien. 

(La question du diplôme ne doit pas être mal comprise : dans leur domaine les journalistes anglais en ont de plus prestigieux que leurs équivalents français. En effet, dans le monde anglo saxon, héritier de la Grèce antique, la presse est à la fois un quatrième pouvoir et le forum de la démocratie. L'élite intellectuelle, à l'image de Boris Johnson, trouve noble d'être journaliste.)

dimanche 20 mars 2022

Solidarité allemande

Un économiste me rappelait un fait oublié. Lors de la crise de 2008, les Allemands ont décrété le chômage partiel, en soutien à leurs entreprises. Le gouvernement Sarkozy a laissé les nôtres aux mains de la "destruction créatrice". 

Il interprétait les fonds de solidarité covid comme l'enseignement tiré de cette leçon. 

Seulement, disait-il, les Allemands n'aident que les entreprises qui méritent d'être aidées, alors que la France aide tout le monde. Ce qui fait qu'elle maintient en vie des canards boiteux qui se complaisent dans leur obsolescence. Une leçon pour une prochaine crise ? 

Gouverner et punir

A force de m'interroger sur de Gaulle, j'en suis arrivé à une très simple hypothèse. Nous sommes victimes de sa malédiction. 

Modélisation simple : il croyait que la France et ses colonies devaient lui être reconnaissantes, peut-être se voyait-il, comme Poutine, le petit père des peuples ; mais les peuples lui ont fait la nique. Il a très mal pris l'affront. Alors, il a décidé de les punir. Colonisés, vous voulez la liberté ? Jeunes vous voulez polytechnique sans effort ? Je vous ai compris, petits cons ! 

Autrement dit, il a sabordé le navire. 

Maintenant, il faut le reconstruire. En s'inspirant de Noé. 

samedi 19 mars 2022

Intérêt complexe

La Chine et la Russie ont peut-être cru fini l'Occident. L'Occident est mené par l'intérêt aveugle de ses individus. Ce qui les conduit à vendre la corde pour les pendre. 

Mais l'intérêt n'est pas aussi simple qu'on le croit. Car, il peut y avoir de l'intérêt à remplacer la Chine et la Russie dans la "supply chain" mondiale. Cela crée de nouveaux marchés. Et cela, l'entrepreneur et le spéculateur l'adorent. Il en est de même de la transition climatique. Qu'on y croit ou non, c'est bon pour le business. 

"The trend is our friend", dit l'Anglo-saxon. L'économie de marché s'asphyxie en ligne droite, elle a besoin de "disruptions". La destruction est créatrice, mais pas au sens où l'entendait Schumpeter. Le moteur du capitalisme, c'est le changement, la crise. Il la recherche. 

Seulement, nouvelle pirouette, cette crise ne fait pas nécessairement de victimes. Encore une solution que n'avait pas vu Schumpeter. La "flexisécurité" nordique est un procédé qui amène la société à s'adapter au changement, sans casse. 

Exemple de "complexité" dirait Edgar Morin. La "pensée simplifiante" pense maîtriser la nature, et hop, le phénomène si simple prend une forme inattendue. Mais compréhensible a posteriori. Ce qui fait croire à l'idiotie des premiers à le penser. Sans comprendre que le chemin qu'emprunte la vie est, par nature, imprévisible. 

L'oiseau d'acier d'Axionov


Pour comprendre le monde de M.Poutine ? L'histoire quelque peu délirante des habitants d'un immeuble à l'époque soviétique. Ecrit en 1965. (Mais jugé impropre à la publication.)

Bien loin de ce que l'on nous racontait à l'Ouest, on y voit un petit peuple prospère, une vie de petites magouilles entre amis, de petits ridicules, la crainte de la dénonciation et des purges n'en étant qu'un aspect secondaire, et de culte de Staline. 

Quant à l'oiseau d'acier, c'est un mystère. C'est le personnage central du roman. Il apparaît misérable, au début, mais se révèle avoir des facultés surhumaines, être un "oiseau d'acier". Petit à petit, en jouant avec les règles du système et les faiblesses des hommes, il prend le contrôle de l'immeuble et de ses habitants. 

Et M.Poutine ? La société dont il rêve : un petit père d'un peuple d'irresponsables ?

(Faut-il voir un lien entre le fait que Staline veuille dire "d'acier" et le titre du roman ? Question que je me suis posée.)

Economie et politique

Jusqu'ici il n'y avait pas de lien entre économie et politique disait, en substance, un invité de Christine Okrent (France Culture). Mais cela vient de changer avec l'invasion de l'Ukraine. 

Une remarque bien innocente. Cela arrangeait beaucoup de monde de faire des affaires avec les Russes et surtout les Chinois. Mais ces derniers ne cherchaient qu'à acheter à l'Ouest la corde pour le pendre. Les Chinois ont exposé ouvertement leurs plans. Si l'on entendait moins parler du projet des Russes, cela tenait à l'insignifiance de leur pays. L'intérêt rend sourd et bête. 

D'ailleurs, c'est peut-être aussi leur intérêt qui a abusé les Russes et les Chinois. Ils avaient intérêt à croire au déclin dont l'Occident donnait tant de signes. 

vendredi 18 mars 2022

Capitalisme anglais

Hier, une compagnie de ferrys anglaise a licencié son personnel sans préavis, avec effet immédiat. Pour faire des économies, elle veut les remplacer par des employés meilleur marché. Par ailleurs, elle a encaissé les aides de l'Etat, durant la pandémie, et elle distribue des dividendes généreux à ses actionnaires.

Cela indigne l'Angleterre. Mais cela rappelle aussi où allait notre société, pas seulement ce pays, avant le Brexit. 

J'ai toujours tort

V. Jankélévitch dit qu'il arrive des moments où nous comprenons, soudainement, ce que nous disions depuis des années. 

C'est peut-être ce qui m'arrive avec ma devise "j'ai toujours tort". 

D'une certaine façon, elle est fausse. Si l'on regarde ce blog, on verra qu'il constatait que le monde marchait sur la tête. Et, il est effectivement tombé. 

Mais là où j'ai toujours tort, c'est lorsque je passe du blog à l'action. Mes premières idées me font immanquablement rencontrer un mur. Ce n'est qu'après ce que les entrepreneurs appellent des "pivotements" que je finis par toucher juste. C'est très, très, douloureux. D'autant que le mécanisme est inconscient et, donc, qu'il est logique d'avoir mauvaise conscience lorsque l'on se sent en paix avec soi-même. Et si j'étais en train de rater quelque-chose ? Paradoxalement, une fois que l'objectif est en vue, je découvre que l'idée originale était correcte. Mais, elle décrivait le changement a posteriori. A défaut d'avoir été utile à l'action, elle a servi à me motiver, pendant l'action. 

D'où l'explication de : "j'ai toujours tort". C'est le doute cartésien, ou celui de la phénoménologie. Pour réfléchir correctement, il faut tout casser. La certitude, la science, la morale... sont à la fois la pire et la meilleure des choses. 

jeudi 17 mars 2022

Démence et changement

Des zones du cerveau seraient spécialisées dans le changement. Elles seraient atrophiées chez les personnes atteintes de démence. Cela expliquerait qu'elles soient désorientées par tout ce qui n'est pas normal. (Article.)

Je me suis rappelé ce que me disait un spécialiste du cerveau. L'hygiène du cerveau demande des exercices de changement permanents. Et, outre la vieillesse qui fait un travail d'obstruction, c'est parce que notre société ne nous en offre pas assez que notre cerveau périclite. 

La force et l'opinion

Le philosophe Alain oppose la force et l'opinion. 

Exemple ? L'affaire Dreyfus. Il y a la force, l'Armée. Rien ne semble pouvoir lui résister. Et pourtant, l'opinion la fait plier. Et qu'est-ce qui fait l'opinion ? Quelques informations. 

J'ai pensé aux Gilets jaunes. A mon grand étonnement, ils ont fait renoncer le président Macron à son programme de gouvernement. Et ce du jour au lendemain. Après avoir joué un temps les bateleurs, il s'est converti à l'arrosage du pays à la finance publique.

J'ai aussi pensé à Staline et à Xi Jinping. Est-ce "l'opinion" qui les empêche de dormir ? Et c'est pour cela qu'ils doivent surveiller leur peuple comme le lait sur le feu ? En le divisant, si nécessaire à coups de purges, pour régner ? 

mercredi 16 mars 2022

Le gouvernement des héros

Catherine Nay était interviewée par France Culture. J'ai appris qu'elle avait été mariée à Albin Chalandon. 

C'était un nom qui me rappelait quelque-chose. Un ministre gaullien. J'ai consulté le who's who des "People" : wikipedia. C'était un héros de la résistance. Et, en passant de fiche de ministre en fiche de ministre, j'ai constaté que, à son époque, c'était le cas général. 

C'étaient de vrais héros. Pas comme Eisenhower, qui a hérité d'une armée, mais comme les maréchaux de Napoléon, qui commençaient simples soldats, étaient remarqués pour leur bravoure sur le champ de bataille. Et encore, les armées de Napoléon surclassaient celles de l'Europe...

Cela en a-t-il fait de bons ministres ? Peut être n'étaient-ils pas faits pour la paix ? Ceux qui l'ont gagnée ne leur montait pas à la cheville en termes de droiture et de courage. Une leçon ? 

Se réconcilier avec nous-mêmes

Depuis 1989, l'Occident dirige le monde... et s'est fait haïr. 

La raison semble double. Economique, d'abord. Le modèle qu'il promouvait a produit des crises. Culturel ensuite. Ses "Bobos" ont inventé une idéologie qui suscite un violent rejet. Idéologie, qui, par ailleurs, est obsédée par le bien, et a pour principe que l'Occident est l'incarnation du mal ! 

Désormais, le reste du monde revendique le droit de faire les erreurs de l'Occident !

Si l'on veut éviter une crise violente, l'Occident doit se réconcilier avec lui-même. Il a, effectivement, une vocation universaliste : son modèle s'est imposé. Et, il a des mérites : il n'est pas guerrier. 

Et l'Occident peut apporter aux autres des règles du jeu qu'ils n'ont visiblement pas comprises et l'expérience qu'il a tirée de ses erreurs. 

Juste milieu entre la conquête et la charité, il y a l'aide. Apporter à l'autre le recul qui lui permet de prendre conscience de ce qu'est réellement le monde, et de ses forces.  

mardi 15 mars 2022

Covid, grippe et complot

J'entends dire que le coronavirus repart à la hausse. En même temps, je lisais dans le Financial Times que sa version Omicron était moins dangereuse que la grippe. 

Il y a quelques mois, imaginons que quelqu'un ait émis cette hypothèse, qui semblait pourtant bien correspondre à la réalité palpable par l'honnête homme, il aurait été brûlé en place publique.

Il n'y a pas de théorie du complot sans feu ?

Intelligence artificielle, calamité agricole ?

L'avenir de la ferme serait le robot. Attention, danger, disent des chercheurs

Dangers apparemment paradoxaux. Ils sont pour ceux qui utilisent, et pour ceux qui n'utilisent pas...

  • Cyber risque, pour commencer. Sans commentaire. 
  • Danger de mauvais dosage et de dommages graves à l'environnement, faute de prise en compte des effets à long terme des traitements.
  • Perte de compétitivité de la plupart des agriculteurs, qui ne pourront se payer ces robots...
Que penser de cette étude ? En tout cas, cela pourrait illustrer un effet pervers d'une forme de progrès : des gains à court terme, qui l'imposent, mais des coûts à long terme. 

(Illustration d'un billet précédent sur le coût du progrès ?)

lundi 14 mars 2022

Vive l'ETI ?

J'ai l'occasion de participer à une étude sur les ETI. C'est une enquête "auto administrée", donc susceptible au biais. Mais j'en tire tout de même une impression : ce type d'entreprise a une stratégie qui lui est propre.

Je caractériserait ce que je vois par : renforcer l’avantage concurrentiel et entreprise citoyenne. A l'envers, la grande entreprise est obsédée par l'optimisation financière et la PME est dans une logique de survie aveugle "nez sur le guidon". Toutes les deux sont les victimes du court terme.

A l'appui de cette impression :

  • L’investissement va vers la production et la "digitalisation" (renforcer l’avantage concurrentiel pas finance)
  • Idem pour la croissance externe : cherche avant tout à consolider l’avantage concurrentiel
  • Investissement vert (fortement poussé par la contrainte) 
  • Financement par capitaux propres et dette. Profite « normalement » des subventions et autres PGE et chômage partiel. 

Une surprise : le chiffre d'affaires et la rentabilité sont, globalement, assez fortement en hausse, ce qui est remarquable. 

Vertu et dynamisme ? Vraie relance ? En tout cas, si cet échantillon est représentatif, cela explique l'intérêt que le gouvernement porte à ce type d'entreprise, et aussi la force de l'économie allemande. 

Les externalités du progrès

L'ordinateur est sensible au rayon gamma. Or, le rayon gamma est partout. Résultat ? Un pilote automatique qui se débranche, un comptage électoral faux... Problème sérieux lorsqu'il s'agit de commande de type "discret", zéro ou un (j'accélère ou je freine, par exemple.)

C'est pourquoi, de plus en plus, les systèmes de contrôle sont redondants. 

Seulement, la miniaturisation constante des composants électroniques pose de nouvelles difficultés : contrairement aux anciens composants, ceux des nouvelles générations sont sensibles à des impulsions électriques infimes... 

Voilà ce que disait l'émission de radio Radiolab. 

Ce qui amène à s'interroger sur le progrès, au sens où on l'entend depuis quelques siècles. Il est de notoriété publique que l'on commence par en voir les avantages, avant d'en percevoir les "externalités négatives". Externalités que l'on met des décennies à maîtriser de manière "satisfaisante". Seulement, la question que l'on ne se pose pas est : et si ce progrès était une sorte "d'attrape nigaud". Et si l'innovation consistait à masquer habilement son coût réel ?

dimanche 13 mars 2022

L'OTAN et la Russie

Poutine ne fait que répondre aux manoeuvres de l'OTAN, ai-je entendu dans le "Profile" que consacrait la BBC au secrétaire général de cette organisation. C'est aussi ce que disent les mails que m'envoie un inconditionnel de Poutine. 

Dans Guerre et Paix, Tolstoï décrit les guerres napoléoniennes comme un mouvement des peuples : d'abord d'Ouest en Est, puis à l'envers. Il n'est pas impossible de penser qu'il en est de même ici. Ce sont deux conceptions du monde qui s'affrontent. D'un côté celle de Poutine et de ses tanks, une résurgence de l'URSS et de l'Ancien régime, de l'autre celle de l'Occident, pour qui "jeu de mains, jeu de vilain". 

Un autre article disait que Poutine joue la carte du long terme, face à un Occident qui a la mémoire courte. Mais est-ce une question de mémoire ? Ce qu'affronte le vieux Poutine, ce n'est pas quelques hommes politiques, c'est l'histoire. 

Le scrabble et le prisonnier

Pour me vider la tête, je scrabble en solitaire. Ce qui n'est pas prévu par le règlement. 

Exercice curieux : j'ai constaté que, seul, je fais de l'ordre de 300 points de plus qu'en groupe. 

Serait-ce que la théorie des jeux appelle le dilemme du prisonnier ? A plusieurs, on a tout intérêt à maximiser ses gains immédiats, ce qui conduit à paralyser le jeu. Seul, c'est le score final qui compte. On sacrifie un coup pour en préparer un autre. On adopte une stratégie d'occupation du damier, qui rappelle un peu ce que je comprends du go. 

Au fond, on manque de jeux qui nous prouvent le génie du collectif. Même ce qui ne peut se faire seul, comme la construction d'une cathédrale, est le produit d'une division des tâches, qui laisse penser à chacun qu'il est meilleur dans sa discipline que les autres dans la leur...

samedi 12 mars 2022

Pitoyable Russie ?

Il faudrait 500.000 hommes à la Russie pour tenir l'Ukraine, disait un invité de la BBC dimanche dernier. Ce qui lui demanderait de déclarer la mobilisation. Ce qu'elle ne veut pas faire. 

J'ai aussi entendu dire que la tactique qu'elle a adoptée a échoué, probablement du fait de la faible qualité de ses troupes. Et que les dysfonctionnements de ses équipements auraient pour cause la corruption qui ronge le pays. 

Bref, M.Poutine a probablement été victime de ses illusions. L'amour de la patrie est aveugle. 

En tout cas, sauf si, pour ne pas perdre la face, il fait sauter la planète, avec de tels moyens militaires, une invasion d'autres pays semble peu crédible. 

Si les sanctions économiques occidentales sont efficaces, cela pourrait aussi être un avertissement pour la Chine, et ses velléités d'invasion de Taiwan. Contrairement à ce que je disais, bien que beaucoup plus riche que la Russie, elle est aussi plus sensible aux sanctions économiques. En effet, elle semble avoir besoin d'un très fort taux de croissance pour éviter le mécontentement populaire... 

(En outre, remplacer la Chine serait certainement un exercice qui enchanterait les entrepreneurs occidentaux. Et peut-être aussi les nations dont elle a annexé les terres.)

Pour vivre heureux...

J'ai toujours tort est ma devise, et elle n'a jamais été aussi juste. 

L'association des interpreneurs s'est lancée dans une étude de l'entreprise qui se révèle pleine de surprises. A chaque fois que nous pensons avoir trouvé quelque-chose, nous découvrons que nous l'avions mal interprété... 

Dans un précédent billet, je parlais de la PME et du changement, cette fois il s'agit de la question du "collectif". 

Ce qui parait évident quand on le dit est que la force de l'Allemagne est son esprit collectif. La performance de ses entreprises en résulte. Or, le collectif est la faille de la France. Nous avons donc cherché ce qui pourrait le favoriser, puisque c'est la condition nécessaire de la performance économique, et de l'élimination d'un empilement de dettes qui pourrait être fatal à brève échéance.

Miracle. La France est pleine d'exemples d'initiatives surprenantes, dans ce domaine. 

Alors, cela paraissait évident, nous avons demandé à leurs auteurs de faire du prosélytisme. Flop radical. Nous les avons terrorisés !

Explication ? L’association a pris petit à petit conscience de ce que notre société est « toxique » pour certains de ses "constituants". Tous ces gens ont été, c'est notre hypothèse, victimes d'expériences qui les ont traumatisés. Du coup ils se sont repliés sur eux-mêmes. Parmi ceux-ci, il y a les collectivités rurales, les PME traditionnelles, et toute une partie de la population. 

Certes, ces gens pensent "collectif" mais pour protéger leur cadre de vie. Ce pour quoi ils sont prêts, d'ailleurs, à faire de gros sacrifices. Nous découvrons un pays extrêmement résilient, car il n'a plus rien à perdre. Sa devise : "pour vivre heureux, vivons cachés". 

vendredi 11 mars 2022

Ukraine européenne

On parle de faire entrer l'Ukraine dans l'UE. Bonne idée ? 

A condition de ne pas procéder comme avec la Pologne, la Hongrie et les autres adhérents de l'Est : en ne laissant pas faire "le marché". (Autre leçon à étudier : celle de l'Afghanistan.)

L'intégration d'un pays à l'UE doit probablement ressembler au plan Marshall, peut-être même "en mieux". 

Le changement doit être "planifié". Il faut, d'abord, s'assurer que ce sont bien les valeurs européennes que désire l'Ukraine. Ensuite, il faut identifier les problèmes qu'elle aura à résoudre. En particulier, il faudra reconstruire le pays, et éliminer sa corruption, qui est dite pire que la russe. Puis trouver une solution qui convienne à ses habitants. Puis financer tout cela. Et s'assurer que tout se passe bien. 

Mais, si ça marche pour l'Ukraine, cela pourrait marcher pour d'autres pays... 

La justice est-elle une invention ?

Bergson dit que l'homme invente la justice. Pour sa part la plus noble, les droits de l'homme, par exemple, elle n'a pas de fondement dans la réalité. C'est un prolongement de sa théorie sur l'art. Pour lui le peintre ne représente pas la nature telle qu'elle est, il change notre façon de la voir. Il en est de même pour la justice. Certains "créateurs" ont la capacité de modifier notre vision du bien et du mal. 

Exemples ?

  • M.Poutine ? Il explique que la Russie et l'Ukraine ne sont qu'un seul peuple. Tentative de prédiction auto réalisatrice ?
  • Dans ma jeunesse, j'ai été surpris de la critique de l'Etat. Jusque-là les Français étaient très contents de leur administration d'élite, avec ses trains qui arrivaient à l'heure (toute ma scolarité dépendait de la ponctualité de la SNCF !), et son réseau télécom le plus moderne au monde. Or, paradoxalement, l'Etat s'est mis à se dégrader et ce de plus en plus vite. Et plus le dispositif était important pour le pays, plus il était sévèrement atteint. L'exemple type est l'Education nationale, qui faisait la fierté de la République. 
  • Idem pour le "gauchiste" en 68. Ses théories semblaient un délire d'adolescents. Et, pourtant, elles sont devenues réalités.

Conclusion ? 

  • Notre idée de la justice est, effectivement, fort artificielle. 
  • Mais elle n'a pas toujours, comme Bergson le pense, l'altruisme pour inspiration. De même que le peintre veut se faire une place au soleil, en tuant ses pères et leurs écoles picturales, il est bien plus probable que la "rationalisation" d'un intérêt particulier soit son moteur. Et que la justice soit vue comme l'opium du peuple. Au fond, c'est l'histoire du serpent de la Bible. 
  • Mais la réalité se rappelle bien vite aux souvenirs de l'humanité. Pour que l'illusion soit durable, elle doit passer le baptême du feu. 

jeudi 10 mars 2022

5G pour les nuls

La technologie n'est plus que du marketing, du vent. Le pur et innocent ingénieur que j'étais a été vacciné à cette vérité dès sa plus tendre enfance. Alors, dès qu'il entend, big data, objets connectés, intelligence artificielle, 5G... il pense "manipulation". Passez votre chemin, il n'y a rien à voir.

J'entends d'ici Edgar Morin parler de "pensée simplifiante". Il a raison : un esprit humain ne devrait jamais s'arrêter à des considérations aussi simplistes. 

Que penser de la 5G, alors ? On m'a obligeamment envoyé l'intéressant article suivant : https://www.boutique-box-internet.fr/actualites/5g-francais-particuliers-entreprises/

J'en retiens que ma "pensée simplifiante" avait vu juste : la 5G est un flop, faute d'applications. En outre, ses promesses de haut débit ne sont pas tenues. Peut-être provisoirement. 

Plus intéressant, et ça je ne le savais pas (méfiez-vous de votre pensée simplifiante !), il y a 5G et 5G. La vraie 5G est dans une certaine bande passante. Or, l'offre de beaucoup d'opérateurs est ailleurs ! Marketing à la puissance deux ! Le pire n'est jamais certain.

Du coup, j'ai lu le rapport remis au gouvernement par la mission 5G industrielle. Effectivement, il confirme que la 5G est une solution à la recherche d'un problème. (Implicitement, cela signifie que le gouvernement est sensible à la propagande.) Mais il dit, surtout, que la France s'est mise dans une situation tellement dysfonctionnelle que, même si le problème existe, elle n'a aucune chance de le trouver ! Elle indique 7 blocages à faire sauter. 

Voilà un travail remarquable ! (Accès aux conclusions, et au rapport complet.)

Impossible liberté d'expression ?

On a parlé de "cancel culture", c'est un nouveau nom pour un phénomène ancien. Certaines idées s'imposent que l'on ne peut contredire, sans prendre le risque d'un autodafé. Phénomène mystérieux. 

  • "Validation sociale" des psychologues ? Je suis rassuré d'être comme les autres. Cela m'évite de réfléchir et, le groupe est plus compétent que l'individu. 
  • "Mythes" des anthropologues, et sa fonction d'orientation du comportement collectif tout à fait rationnelle ? 
  • Modes des publicitaires, et leurs leaders d'opinion ? 
  • Plus que cela ? 

On observe que :

  • Le mythe a été détourné. Et personne n'y croit vraiment. On sait qu'il est dangereux d'exprimer un doute. 
  • A son origine, il y a des "lobbys", infimes groupes de personnes. Leur art est, paradoxalement, celui de la manifestation de force. 
  • Comme pour les modes, c'est une histoire de leaders d'opinion, maîtres des ondes ou des réseaux sociaux, organisateurs de manifestations..., qui trouvent leur intérêt dans l'affaire. 
  • Mais, contrairement à la mode, qui joue probablement sur la "validation sociale", c'est la menace implicite qui fait l'originalité du phénomène. 
  • Cela évoque la rhétorique des Grecs, façon sophisme. En inscrivant leur message dans les codes de ce que la société considère être le bien, les lobbys rendent toute opposition impossible. C'est une perversion de la morale. 

La liberté d'expression serait-elle un combat perdu d'avance ?

Robert Cialdini voit à l'origine de toute "influence" la propension de l'homme à économiser son cerveau. Si nous voulons éviter la manipulation, il faut donc qu'il soit en éveil permanent. 

Alors, doute et "anti validation sociale" ? Analyse continue des valeurs de la société, pour leur éviter de se figer, et de se faire manipuler ? Analyse qui doit démarrer dès la naissance ? Que sais-je ? dit Montaigne. 

Ecosystème européen

L'Europe, en partie le monde, semble illustrer ma théorie sur les écosystèmes. Cette théorie dit qu'un écosystème digne de ce nom est résilient par nature, et qu'il doit cette résilience à sa capacité à remplacer un de ses membres. Il y parvient parce que, ensemble, les autres membres de l'écosystème ont les moyens de se répartir les fonctions que le membre remplacé a.

Aujourd'hui, une partie de l'humanité cherche à se réorganiser pour se passer de la Russie. 

(Ce qui me rappelle ce que j'ai lu sur les Vikings : chez eux la peine capitale n'était pas la mort, mais l'ostracisme.) 

mercredi 9 mars 2022

Mal français : le sens des réalités ?

Et si le mal de notre pays, c'était son gouvernement ? 

La logique qu'il suit, depuis toujours, semble la suivante. Il veut résoudre instantanément tous les problèmes du moment. Transition climatique, Education nationale, terrorisme au Mali, intégration, pauvreté, culture... Mais il n'a pas les moyens pour. Alors, petite entourloupe pour faire "comme si". Si bien que tout rate, et que les fonds investis sont perdus. On avait peu, on a encore moins. Et le problème a empiré.

Et si tout n'était qu'une question de priorités ? On ne commence une réforme que lorsque l'on a réussi la précédente ? Et on part de la réforme la plus importante ? 

C'est comme cela qu'un de mes interviewés redresse les entreprises. D'ailleurs, quand il en prend les commandes, il les trouve dans l'état de la France... Et il nomme sa démarche : "garder le sens des réalités"...

(Il n'a pas présenté sa candidature à l'élection présidentielle.)

Education nationale : on ne change pas une équipe qui perd

Comment sauver notre éducation ? Suite. 

Apprenons de 68. En voulant réformer l'Education nationale, gauchistes et gouvernements ont perdu ce qu'elle faisait de bien. C'est que ce l'on appelle, élégamment, "jeter le bébé et l'eau du bain". "Rien ne presse tant un Etat que l'innovation : le changement donne seul forme à l'injustice et à la tyrannie." (Montaigne) 

Il ne faut donc rien changer, et surtout pas vouloir revenir au système d'avant, mais améliorer celui que l'on a. Et on peut le faire, vite et bien, de deux façons. 

  • L'urgence est économique. Faute de personnel qualifié, notre pays dévisse économiquement depuis des décennies. Il ne pourra pas résister aux coups de boutoir de la Russie et de la Chine. Il faut prendre en main la formation professionnelle, en urgence. Elle ne dépend pas de l'Education nationale. Pour cela, il faut être pragmatique. La plupart des emplois n'ont pas besoin de diplômes. (D'ailleurs un loubard de banlieue maîtrise certainement bien mieux Internet qu'un major de l'ENA.) L'important, c'est la motivation. En outre, la technologie moderne permet un "reengineering" de l'instruction.
  • Ensuite, il y a l'Education nationale en tant que telle. Et si l'on demandait leur avis aux enseignants ? Ils ont probablement une bien meilleure vision des défauts de leur organisation que vous et moi. Ils se sentent aussi, probablement, impuissants. Et ils en souffrent. Qui dit qu'une enquête bien menée ne nous donnerait pas un diagnostic pertinent des failles du système et des moyens, peu coûteux, de le transformer ?

mardi 8 mars 2022

Objectif Chine

Le problème du monde, c'est la Chine. Car si l'humanité survit à la guerre de M.Poutine, il faudra faire face à l'invasion de Taiwan. Or, la Chine n'est pas un nain comme la Russie, c'est le bénéficiaire des "délocalisations". Nous avons fait sa puissance, et notre économie est entre ses mains. 

La Chine et la Russie haïssent l'Occident. Comme l'Allemagne du 19ème siècle, qui n'a pas compris les intentions universalistes de la France, et n'en a retenu que les prouesses guerrières, ces pays ont mal interprété l'histoire récente. Certes, il y a eu des crises, et ils en furent victimes. Mais, elles n'étaient que des conséquences imprévues de bonnes intentions. L'Occident est fondamentalement pacifiste. 

C'est ce dont il faut convaincre la Chine. Mais il faut aussi l'aider à ouvrir sa pensée à d'autres moyens d'action que la guerre. Elle ne doit pas répéter nos erreurs. Surtout, elle doit comprendre qu'elle n'est pas chinoise : de son communisme à son économie, elle a été modelée par les valeurs occidentales ! Elle a besoin de notre expérience !

Finalement, il faut attaquer le coeur du problème. Pourquoi ne peut-on pas faire confiance à "l'homme blanc" ? (En particulier, quand on est soi-même un "homme blanc".) Pourquoi a-t-il, comme le disaient les Indiens, une "langue fourchue" ? Car, tant qu'un mauvais coup sera possible, l'humanité sera en danger.

Nous avons besoin d'aide pour répondre à cette question. 

Echange de bons procédés ?

L'Education nationale, problème français

L'Education nationale est au centre de tous nos problèmes. C'est un thème qui revient sans cesse dans ce blog. 

Pour comprendre ce qui s'est passé, il faut partir des origines. Voici une tentative de remise en cohérence de ce que j'ai lu. Elle est beaucoup moins caricaturale que ne le laisse penser ma façon de l'exprimer. 

Les révolutionnaires et leurs successeurs de la 3ème République paraissent avoir cru que le génie était inné, et que l'Education nationale devait identifier les intellects supérieurs et leur donner la place des nobles. Il fallait rendre à "aristocratie" son acception originale "d'élite". Seulement, outre le fait qu'ils ne pensaient pas que l'on "devienne homme", ils ont fait l'hypothèse de l'inégalité des hommes à la naissance... Contradiction avec la devise de la République.

Ils ont appelé leur dispositif "éducation", et pas "instruction". Ils comptaient façonner le citoyen, comme le faisaient sa famille et son milieu. Projet totalitaire ! Mais, aussi, remarquablement intégrateur : il ne s'intéressait pas à la provenance de l'individu, seulement à sa capacité à se fondre dans le système. 

La mise en oeuvre du changement s'est faite grâce aux instituteurs, les "majors" de canton au certificat d'études. L'instituteur sélectionnait l'instituteur. Les classes dominantes le restaient, mais elles laissaient passer un peu de sang neuf, comme Albert Camus, ou son camarade, polytechnicien en puissance. 

Ce système ne pouvait pas être éternel. En 68, il a semblé être victime d'un double mouvement. Les "gauchistes" ont dénoncé ses défauts, en pensant, comme les anarchistes, "sous les pavés, la plage". Le gouvernement a jugé que la meilleure façon de les punir était de leur donner raison. Il venait d'utiliser la même méthode avec ses colonies. 

Il avait vu juste. Fini l'ascenseur social. Les "élites" se reproduisent, probablement encore mieux que sous l'ancien régime. L'Education nationale n'enseigne rien. Les études, invraisemblablement longues, vident (ou déforment) le cerveau et remplissent l'arrogance. Les vocations sont tuées, ainsi que la capacité de penser. Création d'un chômage, massif, artificiel. L'économie ne parvient pas à recruter. Elle subit un préjudice colossal. Plus d'intégration de l'immigré. Justement mécontent.

L'enseignant, "gauchiste" d'hier, est maintenant le dernier de la classe. Ses nobles idées ont abattu le système. Et c'est un des gagnants du changement : il utilise ce qui se dit "ascenseur social" au profit de ses enfants. 

Comment se sortir de l'impasse ? 

lundi 7 mars 2022

Humanité : crise existentielle ?

Nous venons de découvrir que, volontairement ou non, M.Poutine peut déclencher un accident nucléaire. Mais il n'est pas le seul. M.Xi Jinping veut envahir Taiwan, et, demain, M.Trump pourrait diriger les USA. Ces personnes commandent les armées les plus puissantes du monde.

Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. D'Internet au secteur médical, le "progrès" met entre les mains des individus les moyens de détruire l'humanité. Et d'individus, hommes politiques, scientifiques, milliardaires, ou simple bricoleur... qui ne sont pas les plus éclairés d'entre nous. 

Ce problème a été identifié, après guerre, par la communauté scientifique. Pour elle, le mal venait du "réductionnisme", l'obsession de l'humanité de l'individu ultime, de l'atome au sens grec du terme. Ce qui a conduit à la physique. Cette pensée nie la réalité de la vie, et conduit à la détruire. 

Cela a débouché sur la systémique, puis la théorie de la complexité. Edgar Morin est un des derniers représentants de ces temps. Le fameux "rapport du club de Rome" est un exemple de ce qu'elle a produit. 

La question est devenue infiniment plus grave. Non seulement le "progrès" n'a pas changé de principe, mais il n'est plus entre les mains de quelques-uns. Nous devons trouver le moyen de contenir les pulsions destructrices de milliards d'individus. 

Comme le disait Schumpeter, qui, lui, s'intéressait aux crises économiques, la solution est le "communisme". Pas au sens de Marx, mais au sens de contrôle du "bien commun", qui est notre humanité. Au sens d'Elinor Ostrom. 

Comment faire ? La seule chose que l'on sache, c'est que, dans ce domaine, on ne sait rien et que, probablement, toutes les solutions que nous avons spontanément en tête sont pires que le mal... 

Recruter par l'appétence

Nous avons énormément de chômeurs, depuis longtemps, alors que les entreprises ne parviennent pas à recruter, depuis longtemps. Mais de plus en plus. Qu'est-ce qui ne va pas ? 

Le diplôme ? Alors que tout le monde a le bac, la majorité des emplois n'en a pas besoin ! 

Ou le CV ? L'entreprise a des spécifications trop étroites. Et, pire que tout, le candidat au bon CV découvre, dans la majorité des cas, que l'emploi ne lui va pas !

Il faut prendre le problème à l'envers : partir des "appétences", des plaisirs qu'offre l'emploi, et chercher les gens qui les apprécient. Si j'ai envie de faire, j'apprendrai vite ! Le contraire de ce que nous dit l'Education nationale !

Le recrutement par l'appétence change tout. Une fois la sélection sur appétences faite, des rencontres courtes permettent aux employeurs et aux candidats de s'apprécier.

Si j'ai bien compris, voici ce que dit cet article.

dimanche 6 mars 2022

Méfie-toi de l'Etat quand il fait des cadeaux ?

Le CRTE (contrat de relance et de transition écologique), c'est  la relance par en bas. Les intercommunalités décident de projets locaux et en négocient les moyens avec l'Etat. Le changement planifié ? La fin du jacobinisme ?

"Le CRTE, un paquet sans cadeau" répond : attrape nigaud. En réalité, ce serait un moyen déguisé de faire faire à la collectivité locale ce qu'a décidé l’Etat, mais avec moins de moyens qu’auparavant. Mais, avec, en plus, le handicap nouveau d'un cadre dysfonctionnel hérité des dernières réformes : c'est l'intercommunalité qui décide, alors que c'est la commune qui connaît et subit la réalité, et doit appliquer les décisions d'en haut. 

Curieusement, on retrouve quasi exactement le mécanisme décrit pour les EHPAD dans un précédent billet. L'Etat jacobin impécunieux décide en fonction de la dernière mode (environnement, relance...), sans faire aucun choix, c'est génétique ? Mais ne veut pas assumer le coût de ses décisions ? Pour cela, il invente un dispositif supposé abuser le bon peuple, et lui faire réaliser des exploits, contre sa volonté. 

Peut être serait-il temps qu'il comprenne que ce qui est bon pour l'Ukraine est bon pour la France ? La défiance mine une nation. Le jour où notre gouvernement sera convaincu que l'entourloupe est interdite, il fera enfin travailler le cerveau qui lui vaut le titre "d'élite" et le pays entamera son redressement ? 

Naissance de l'Europe ?

On observe souvent que le changement procède par crises. Il semblerait que ce soit le cas pour l'Europe. 

Depuis 15 ans, elle subit crise sur crise. Au départ elle donne un spectacle consternant. Concert d'égoïsmes à courte vue. Mais, après un voyage au bout du ridicule, elle finit par faire juste. Seulement, à chaque crise, elle accélère. Et, d'étape en étape, elle ne fait pas que trouver une réponse à la crise, elle élimine une après l'autre ses contradictions internes. Aujourd'hui, elle commence à montrer, dans sa réponse à la crise ukrainienne, qu'elle est capable d'inventer du jamais vu. Voilà ce que disent, en substance, MM.Elie Cohen et Richard Robert.

Un jour, on m'a demandé ce qu'était l'objectif d'un changement. Je pense que l'on s'attendait à quelque chose d'abstrait, de quantifié, une parole de consultant. J'ai répondu : l'optimisme. L'optimisme des psychologues : être stimulé par le revers ! C'est la marque des champions, et des grandes équipes. Espérons que l'Europe soit en train d'en devenir une ! Et qu'elle le demeurera même sans crise...

samedi 5 mars 2022

EHPAD

Un ami se demandait comment un EHPAD de Neuilly pouvait-il être touché par un scandal. Les familles concernées devaient avoir des moyens d'action. 

Un article sur le sujet semble dire que les EHPAD souffrent à la fois d'un système de surveillance dysfonctionnel, partagé entre ARS et départements, et de financements insuffisants. 

La question que cela pose est : n'est-ce pas le principe de notre Etat qui est dysfonctionnel ? Il est obsédé par la diminution de ses coûts. Pour cela il a multiplié les réformes. Elles ont pour caractéristique une réduction de financements associée à un montage d'une structure de contrôle en "usine à gaz", et appel au privé, supposé être efficace par nature. Résultat : accidents et crises violentes. L'Etat se met alors, brutalement, à déverser l'argent public. 

Une autre question concerne la société dans son ensemble, et, peut-être, Neuilly en particulier : comment se fait-il que l'on ne se préoccupe pas du sort des personnes âgées ?

Surprenante Allemagne

Le chancelier allemand a trompé son monde. Il s'est révélé un décideur rapide et efficace. 

Et surtout, il a fait faire à son pays une étonnante volte face. Dépendance au gaz russe, charbon, nucléaire, pacifisme, dette... tout a été remis en cause. Et il s'agissait, dans certains cas, de doctrines qui semblaient consubstantielles au pays. Or, il préside une coalition faite des écologistes et des libéraux les plus intransigeants d'Europe !

Epreuve existentielle : c'est la crise qui révèle la nature d'un homme et d'une nation ?

vendredi 4 mars 2022

Docteur Folamour

Dr. Strangelove.png

Les Russes tirent sur une centrale nucléaire. Information au réveil. Puis, un Ukrainien contacté par la BBC explique qu'il s'agit du dortoir de la centrale. 

M.Poutine nous avait déjà parlé de son gros arsenal nucléaire. Et si le nucléaire pouvait tuer autrement que par des missiles ? 

Et si M.Poutine était en train de perdre la face ? Pas parce qu'il n'arrive pas à conquérir l'Ukraine, mais parce que son armée est ridicule. J'ai cru comprendre, toujours la BBC, que l'on n'avait pas dit aux soldats qu'ils partaient à la guerre... Si c'est vrai, ils ne doivent pas être très combattifs... 

Et si l'Ukraine menaçait de tuer le rêve de grandeur de Vladimir ? Un monde dans lequel la Russie éternelle ne serait plus rien est-il acceptable par lui ? Que ferait-il ?

La question que posait Dr Folamour ne serait-elle pas d'actualité ? Si nous survivons à cette guerre, ne faudra-il pas prendre conscience du besoin d'un mode de "gouvernance" qui convienne à une humanité explosive ?

(A ce que l'on dit, l'Ukraine est truffée de réacteurs nucléaires.)

Texte associé par wikipedia à la photo : "By Directed by Stanley Kubrick, distributed by Columbia Pictures - Dr. Strangelove trailer from 40th Anniversary Special Edition DVD, 2004, Public Domain, Link."

Pardon

Les mystère du pardon, une émission de Radiolab. Curieuse chose que le pardon. L'émission commence avec Justin Trudeau. Par mégarde, il bouscule une députée. Pendant deux jours, il n'arrête pas de se confondre en excuses. Un rien lassant. 

D'ailleurs, lorsque le dommage est sérieux on n'a pas intérêt à demander pardon, car cela est une reconnaissance de culpabilité. Alors, les Américains ont eu l'idée de permettre un pardon qui n'engage pas. Mais il a été exploité, par les avocats, à l'envers de ses intentions. 

Et pourtant, le pardon peut réussir. L'émission citait le cas d'une erreur médicale qui tue un enfant. Le directeur de la clinique rencontre la mère, et reconnaît sa faute. Ainsi se mettant en son pouvoir. Un lien s'est établi entre deux personnes qui n'étaient que vrais sentiments. Et la mère aide maintenant la clinique pour que de tels accidents ne se reproduisent plus. 

Le pardon est un miracle ? 

(Je et tu de Martin Buber ?)

jeudi 3 mars 2022

Kropotkine

Kropotkine fut apparemment l'anarchiste le plus respecté de son temps. La particularité de son oeuvre était d'avoir souligné l'importance de l'entraide à la fois pour l'homme et les animaux. Ce qui contredit les théories darwiniennes. Comme l'a fait remarquer Adam Smith, c'est la société qui pacifie l'homme. Voilà ce que j'ai entendu dans une émission de la BBC.

Idée intéressante. Toutes les sciences qui s'appuient sur la nature humaine pour justifier un modèle de société font fausse route : la nature de l'individu laissé à lui-même est la guerre. Le propre de tout être est de construire des sociétés. Ce sont elles qui le rendent fort et intelligent. Et ces sociétés doivent être conçues pour le bien être de leurs membres. 

Bernadotte, empereur des Français

Hasard. Je tombe sur les fiches wikipedia (anglaises, les françaises sont très différentes) de Bernadotte et de son épouse, Désirée Clary, ancienne fiancée de Napoléon. Bernadotte, maréchal d'empire et ancêtre de la famille régnante suédoise actuelle. 

Surprise. Ce n'était pas qu'un maréchal de Napoléon, parmi d'autres, mais son quasi équivalent. Je me suis demandé même s'il n'aurait pas pu faire le coup d'Etat à la place de ce dernier (voir citation en fin de billet).

Et s'il avait dirigé la France, comme il gouverna la Suède ? Quelques campagnes militaires pour se faire respecter, puis la paix. Exactement ce qui semble avoir été le conseil de Talleyrand à Napoléon.

Nez de Cléopâtre ou aile de papillon : l'histoire tient à peu de choses ?

(Wikipedia dit : "During the coup of 1799, when Napoleon took power, (Désirée Clary) was exposed to manipulation from both the Bonaparte family, who wanted Bernadotte to support Napoleon, and the Bernadotte faction, who wanted him to take action for himself. ")

mercredi 2 mars 2022

La crise existentielle de l'Occident

Athènes. Dominée, sans ressources, elle gagne ! Mais la paix lui est fatale. Les appétits égoïstes la disloquent. (La guerre du Péloponnèse.) L'histoire de l'Occident ? Et si elle ne s'est pas répétée en 40, c'est que nous avons été sauvés par la Manche ?

Comment faire que la liberté individuelle, obsession occidentale, ne tourne pas à l'anarchie, puis à, sa conséquence logique, l'esclavage ? Elinor Ostrom a obtenu le prix Nobel pour son travail sur les "communs". Une piste ?

Guerre en Ukraine : crise existentielle, pour l'UE ?

(Dans ce cas, le "commun", c'est la liberté.)

Internet ou les limites de l'individualisme

J'ai toujours géré des "communautés". Eh bien, c'est un calvaire. Avec les réseaux sociaux tout, pourtant, devrait être facile. Pas du tout. Personne ne maîtrise correctement leurs fonctions. Même les plus évidentes. Et, comme pour les vaccins, il y a une quantité non négligeable de récalcitrants absolus. Et je ne parle pas de ceux qui ne voient pas passer leurs mails. Si bien que je dois avoir une stratégie adaptée à chacun : envoyer un rappel, juste avant une réunion, un sms au démarrage (avec le lien visio) ou téléphoner lorsque je soupçonne un oubli. Ce qui ne va pas de soi car tous ces gens ne sont pas des proches. Certains pourraient même se considérer comme mes supérieurs. Leur seul point commun est d'être une sorte d'élite intellectuelle, pour laquelle le progrès technique devrait être une évidence.

Une histoire de vieux ? Quand j'enseignais, j'avais proposé à mes élèves un travail sur un blog. Mon mot de passe ne marche pas ! Est-ce celui avec lequel vous vous êtes inscrit ? etc. Que des problèmes idiots... 

N'allons pas chercher plus loin la perte de productivité que produit l'informatique ?

Un temps, on disait que les libertaires avaient vu Internet comme le moyen d'imposer leur mode de vie. L'expérience montre qu'une société se construit. Elle doit définir ce qu'elle veut faire, écrire les lois qui correspondent à son projet et, surtout, former ses citoyens pour qu'ils les suivent. Bref, c'est ce que les livres de management appellent le changement. Dommage qu'on ne les lise pas.

Team building

"Burning platform" disent les consultants. le problème avec le changement, c'est qu'il lui faut la proximité du gouffre pour commencer. 

Cela semble être le cas de nos relations aves la Pologne. Sa peur de la Russie explique peut être son comportement : un régime fort, et l'UE comme substitut de la protection américaine. Un comportement qui est contraire aux règles de l'UE. 

Maintenant, il est possible que la Pologne comprenne l'utilité de l'UE, et que nous comprenions ses inquiétudes... Peut-être allons-nous redécouvrir que nous avons une histoire commune. 

Article.

mardi 1 mars 2022

Le choc des réalités

On envisagerait de reprendre la prospection pétrolière en mer du nord, lisais-je. Et l'atome, maintenant, est écologique. Et on découvre que les fabricants de viande sans viande ne trouveraient pas de marché... 

La vague écologique se heurterait-elle à un obstacle ? 

(PS. Le 4 mars, je lis ceci dans Polotico Allemagne

  • Here’s a good question for the Greens: Is security more important than climate protection? “In case of doubt, yes,” Climate Minister Robert Habeck, the vice chancellor, told Deutschlandfunk radio this week with remarkable candor. “This means that in the short term, we may have to keep coal-fired power plants in reserve, perhaps even keep them running, as a precautionary measure to be prepared for the worst. Pragmatism has to beat any political determination,” he said. Translation: The one huge priority of the Green party has just been thrown under the bus. 
  • Next up: Nuclear. Make no mistake, even an extension of the three remaining nuclear plants is being discussed within the Green party, despite its strong roots in the anti-nuclear movement of the 1970s and 80s. Habeck showed some openness to the idea but the debate will be heated: Environment Minister Steffi Lemke, also a Green politician, warned strongly against such a move.)
(PS2. Le 9 mars, le Financial Times demande aux producteurs de gaz de schiste de remplacer "quoi qu'il ennuie coûte" les exportations russes.)

Gary Hart président

Qui se souvient de Gary Hart ? Ce fut Bill Clinton avant Bill Clinton. Un démocrate jeune et séduisant qui aurait dû devenir président des États Unis. Mais, il a été victime d'un changement. La presse américaine s'est mise à s'intéresser à la vie privée des candidats. Or, il avait une liaison extramaritale. L'électeur ne le lui a pas pardonné. (Une émission de la BBC.)

Faut-il en vouloir à la presse, ou à la culture américaine ? Que ce soit un bon ou un mauvais moyen de sélectionner un candidat, il semblerait que l'opinion aime ceux qui se rient des aléas. Avis aux amateurs ?

Fier de l'Europe ?

Qui l'eut dit ? L'Europe se mobilise pour défendre l'Ukraine. L'Allemagne, qui a le plus à perdre, fait de gros sacrifices. Et l'on s'organise pour héberger les ukrainiennes et leurs enfants. 

On ne sait pas où tout cela nous emmène. Mais on y va. M.Poutine nous parle même d'arsenal nucléaire... Pour le moment, ce qu'il a réussi à tuer, c'est notre égoïsme. A moins que ce ne soit l'effet du courage des Ukrainiens ?

"Je suis fier de" n'arrête-t-on pas de lire à droite et à gauche. Déplaisant comme toutes les formules toutes faites, traduites de l'anglais. Mais, pour une fois, ne serait-elle pas appropriée ?