J'entendais dire que les écologistes avaient gagné les grandes villes.
Qu'est-ce que cela signifie ? Lorsque je regarde les programmes des deux listes écologistes qui se sont présentées aux élections de ma ville, je vois, paradoxalement, un programme qui n'est pas vert, mais égoïste. C'est créer des conditions de vie idéales pour ses habitants. Cela a une conséquence indirecte : en fermer l'entrée aux autres. D'une certaine façon, c'est anti immigration. C'est un programme de riches.
Cela produit-il une politique durable ?
mardi 30 juin 2020
Prendre l'épidémie à la racine
Comment attaquer les épidémies à leur cause, de manière systémique ? se demande un groupe d'experts internationaux. Après une étude systématique des causes de passage d'un virus de l'animal à l'homme, ils concluent que "les interactions des hommes et des animaux domestiques et sauvages doivent changer radicalement". Ils proposent "161 options". (Article.)
Les 161 options comprennent :
Enfin une façon rationnelle de prendre le problème ?
- Des lois interdisant la cohabitation de différents animaux sauvages ou d'animaux sauvages et domestiques pendant le transport et sur les marchés ;
- L'augmentation de la consommation d'aliments d'origine végétale afin de réduire la consommation et la demande de produits d'origine animale ;
- Des protocoles de sécurité pour la spéléologie dans les zones à forte densité de chauves-souris, comme l'utilisation de combinaisons et de masques étanches ;
- L'amélioration de la santé animale dans les fermes en limitant les densités de stockage et en garantissant des normes élevées de soins vétérinaires.
lundi 29 juin 2020
L'avenir de notre système politique : la féodalité ou les USA ?
J'ai l'impression que la structure du pouvoir politique est en pleine recomposition.
Le contrôle de l'élection présidentielle par le couple Macron / Le Pen a mis un terme brutal aux ambitions des poids lourds de la politique. Une vie pour rien ? Alors, ils se tournent vers le local. Ils établissent des baronnies. Ils secouent le joug de la technocratie, que le coronavirus a ridiculisée. Les Régions d'abord, les métropoles ensuite. Mais tout est bon pour affirmer son pouvoir, même les communautés de communes. Plus curieusement, l'effacement total d'une assemblée nationale composée d'amateurs, donne une importance nouvelle au sénateur, car professionnel de la politique, et représentant de la France profonde. (Et l'on ne parle pas de la Corse, qui a fait sécession depuis longtemps.)
Le roi de France va-t-il à nouveau devoir composer avec de grands, et de petits, féodaux ? A moins que ce ne soit l'émergence d'un modèle à l'Américaine, avec ses puissants Sénateurs, ses gouverneurs, et sa chambre des représentants, et son pouvoir fédéral faible ?
Le contrôle de l'élection présidentielle par le couple Macron / Le Pen a mis un terme brutal aux ambitions des poids lourds de la politique. Une vie pour rien ? Alors, ils se tournent vers le local. Ils établissent des baronnies. Ils secouent le joug de la technocratie, que le coronavirus a ridiculisée. Les Régions d'abord, les métropoles ensuite. Mais tout est bon pour affirmer son pouvoir, même les communautés de communes. Plus curieusement, l'effacement total d'une assemblée nationale composée d'amateurs, donne une importance nouvelle au sénateur, car professionnel de la politique, et représentant de la France profonde. (Et l'on ne parle pas de la Corse, qui a fait sécession depuis longtemps.)
Le roi de France va-t-il à nouveau devoir composer avec de grands, et de petits, féodaux ? A moins que ce ne soit l'émergence d'un modèle à l'Américaine, avec ses puissants Sénateurs, ses gouverneurs, et sa chambre des représentants, et son pouvoir fédéral faible ?
L'Europe doit-elle voter Trump ?
Je lis, qu'au style près, il y aurait peu de différences entre les politiques de MM.Trump et Biden, notamment en ce qui concerne l'Europe. M.Obama, déjà, d'ailleurs, considérait l'Europe comme un nain ridicule. (Et on oublie souvent que les USA se sont bâtis comme une contre-culture à celle de leur colonisateur européen. Un sentiment qui ré émerge régulièrement.)
L'avantage de M.Trump : il ne laisse à l'Europe qu'une issue : se prendre en main ?
(D'après les dernières nouvelles, M.Trump serait lâché par ses électeurs.)
L'avantage de M.Trump : il ne laisse à l'Europe qu'une issue : se prendre en main ?
(D'après les dernières nouvelles, M.Trump serait lâché par ses électeurs.)
dimanche 28 juin 2020
Le Lean n'est pas agile
Le Lean Manufacturing a été le mot d'ordre de la transformation de la société. Il s'agissait de ramener les processus de production au "juste nécessaire" (lean). Pour autant, le Lean est aussi supposé être très flexible. Cela se voit, par exemple, dans une usine de fabrication de sièges pour voitures. En quelque sorte, il n'y a pas deux sièges identiques. Mais cela ne pose aucun problème puisque ce qui doit être assemblé est présenté à l'ouvrier en fonction de la demande, et qu'il n'a qu'à appliquer des gestes standard.
Mais le Lean n'est pas agile. Il a besoin d'un objectif. Et surtout, le strict nécessaire d'une période faste n'est pas le même que celui d'une période de crise. Optimiser ses coûts en plaçant ses usines dans des pays "low cost" est une mauvaise idée lorsque les frontières se ferment. Il en est de même d'une politique d'achat qui ne laisse pas de marge au sous-traitant : faute de trésorerie, la crise lui est fatale, et le donneur d'ordres, faute de sous-traitants, est gros Jean comme devant.
De mauvais esprits soupçonneront sans doute que le Lean était trop beau pour être honnête. Il a permis à certains investisseurs de pomper toutes les ressources des entreprises, de ne leur laisser que la peau sur les os. D'ailleurs, le modèle originel du Lean, qui est japonais, est beaucoup plus intelligent, et même résilient par nature, que ce que nous en avons fait.
En tout cas, les gourous du management ont du pain sur la planche.
Mais le Lean n'est pas agile. Il a besoin d'un objectif. Et surtout, le strict nécessaire d'une période faste n'est pas le même que celui d'une période de crise. Optimiser ses coûts en plaçant ses usines dans des pays "low cost" est une mauvaise idée lorsque les frontières se ferment. Il en est de même d'une politique d'achat qui ne laisse pas de marge au sous-traitant : faute de trésorerie, la crise lui est fatale, et le donneur d'ordres, faute de sous-traitants, est gros Jean comme devant.
De mauvais esprits soupçonneront sans doute que le Lean était trop beau pour être honnête. Il a permis à certains investisseurs de pomper toutes les ressources des entreprises, de ne leur laisser que la peau sur les os. D'ailleurs, le modèle originel du Lean, qui est japonais, est beaucoup plus intelligent, et même résilient par nature, que ce que nous en avons fait.
En tout cas, les gourous du management ont du pain sur la planche.
Après la glisse basque, le lin alsacien ?
L'Alsace va-t-elle créer un "cluster du lin" ? (Comme le cluster de la glisse basque ?)
Un entrepreneur a eu une idée originale. La production de textile en lin est beaucoup plus écologique que celle du coton, et l'Alsace a, dans le domaine du tissage, une très ancienne tradition. Et il ne s'agit pas que de remplacer le coton, le lin aurait des applications novatrices (le jean infroissable ?). Article.
Travaillez, donnez-vous de la peine, c'est le fonds qui manque le moins ? La France aurait-elle un potentiel ignoré à explorer ?
Un entrepreneur a eu une idée originale. La production de textile en lin est beaucoup plus écologique que celle du coton, et l'Alsace a, dans le domaine du tissage, une très ancienne tradition. Et il ne s'agit pas que de remplacer le coton, le lin aurait des applications novatrices (le jean infroissable ?). Article.
Travaillez, donnez-vous de la peine, c'est le fonds qui manque le moins ? La France aurait-elle un potentiel ignoré à explorer ?
samedi 27 juin 2020
Raoult président ?
Le professeur Raoult attire les foules.
Que lui trouvent-elles ? Croient-elles en la quinine ?...
Je n'ai pas l'impression qu'il y a unanimité sur le traitement qu'il propose. Alors, sa popularité viendrait-elle de sa personnalité ? Tout le contraire de ce que l'on appelle par dérision "l'élite" ? Le Gaulois, façon Goscinny et Uderzo ?
Celui qui résiste, comme de Gaulle ? Il se trouve d'ailleurs qu'il a l'âge qu'avait le général lorsqu'il est devenu président.
Que lui trouvent-elles ? Croient-elles en la quinine ?...
Je n'ai pas l'impression qu'il y a unanimité sur le traitement qu'il propose. Alors, sa popularité viendrait-elle de sa personnalité ? Tout le contraire de ce que l'on appelle par dérision "l'élite" ? Le Gaulois, façon Goscinny et Uderzo ?
Celui qui résiste, comme de Gaulle ? Il se trouve d'ailleurs qu'il a l'âge qu'avait le général lorsqu'il est devenu président.
Tous intermittents du spectacle ?
Il y a quelque-chose d'injuste dans une crise. Si ses conséquences étaient réparties sur toute la population, elles n'auraient rien de grave. Or, elles touchent démesurément certaines personnes, notamment les jeunes, les chercheurs d'emplois et les indépendants (une population que l'Etat a fortement encouragé à se développer).
Pourquoi ne pas généraliser le régime des intermittents du spectacle ? Le fait qu'il coûte cher est peut-être sa principale vertu. S'il était étendu à l'ensemble de la population celle-ci aurait une puissante incitation à en réduire le coût en fournissant des emplois à ses bénéficiaires...
Pourquoi ne pas généraliser le régime des intermittents du spectacle ? Le fait qu'il coûte cher est peut-être sa principale vertu. S'il était étendu à l'ensemble de la population celle-ci aurait une puissante incitation à en réduire le coût en fournissant des emplois à ses bénéficiaires...
vendredi 26 juin 2020
La curiosité est une grande qualité
Un article que je n'ai pas lu : je ne suis pas curieux.
A few benefits of curiosity:— Harvard Business Review (@HarvardBiz) June 20, 2020
- Fewer decision-making errors
- More innovation and positive change — even in noncreative jobs
- Less group conflict
- More open communication
- Better team performancehttps://t.co/ka2TrTKMec
L'entreprise sera agile ou ne sera pas ?
J’ai assisté à un intéressant webinaire (lien ici).
Il y était question des failles que l'épidémie a révélées dans l'organisation des entreprises.
Devant ce panorama, on peut se demander si les entreprises ont bien pris la dimension du problème, si elles font un diagnostic suffisamment rigoureux de leur situation, et si elles se préparent correctement au changement.
Je pense surtout qu’il y est dit quelque-chose de très important. L’entreprise doit devenir agile. A entendre ainsi :
Mais rendre une entreprise agile, sans a priori dogmatique sur la méthode à employer, ne va pas de soi…
Il y était question des failles que l'épidémie a révélées dans l'organisation des entreprises.
Devant ce panorama, on peut se demander si les entreprises ont bien pris la dimension du problème, si elles font un diagnostic suffisamment rigoureux de leur situation, et si elles se préparent correctement au changement.
Je pense surtout qu’il y est dit quelque-chose de très important. L’entreprise doit devenir agile. A entendre ainsi :
- capacité à se redéployer quasi immédiatement (je vends dans mes magasins, je vends en ligne) - mais aussi, l'excès de spécialisation tue ;
- surtout : saisir des opportunités : la crise rebat les cartes. Si ce n'est pas moi, c'est l'autre qui les saisit. Défendre le statu quo n'est pas une option. C'est un nouveau type de jeu.
Mais rendre une entreprise agile, sans a priori dogmatique sur la méthode à employer, ne va pas de soi…
jeudi 25 juin 2020
Peut-on combattre le racisme ?
Il est question en ce moment de combattre le racisme.
Mais, au delà du sentiment agréable de participer à une juste cause, est-il bien rationnel d'opposer la haine à la haine ? Ce faisant n'est-on pas ce à quoi on s'oppose ? D'ailleurs que veut-on faire ? Tuer les racistes ? Les mettre en prison ? Croit-on interdire le racisme par la loi ?...
Et si l'on cherchait, plutôt, les circonstances qui causent le racisme et la haine ? C'est ainsi que le sociologue Kurt Lewin résolvait les conflits entre communautés, après guerre.
Mais, au delà du sentiment agréable de participer à une juste cause, est-il bien rationnel d'opposer la haine à la haine ? Ce faisant n'est-on pas ce à quoi on s'oppose ? D'ailleurs que veut-on faire ? Tuer les racistes ? Les mettre en prison ? Croit-on interdire le racisme par la loi ?...
Et si l'on cherchait, plutôt, les circonstances qui causent le racisme et la haine ? C'est ainsi que le sociologue Kurt Lewin résolvait les conflits entre communautés, après guerre.
Pourquoi l'esprit humain est-il incohérent ?
Une amie me racontait que sa fille se levait la nuit pour "couper en deux" les limaces qui infestaient son jardin. Pourtant celle-ci est ultra-écologiste.
Comment expliquer nos incohérences de comportement ? Curieusement, je ne vois pas d'étude sur le sujet alors que, depuis quelques décennies, le scientifique s'intéresse de près à notre rationalité.
Je me demande si l'incohérence n'est pas plus normale que la cohérence. En effet, Konrad Lorenz observe que les animaux obéissent à des "déclencheurs". Ce qui produit, parfois, des comportements bizarres. Il en est probablement de même pour l'homme. On possède le déclencheur "ami de la planète", et le déclencheur "mort aux limaces" ?
Autre exemple : celui du gouvernant. Il envoie les troupes au combat, tout en réduisant les budgets de l'armée. Deux déclencheurs différents ?
Sans raison, il n'y aurait peut-être pas d'exigence de cohérence...
(Il y a une autre interprétation de l'incohérence de l'écologiste. En anglais, elle se nomme "moral licensing". C'est ce que l'on appelait, au Moyen-âge, "les indulgences". Lorsque l'on est convaincu de faire beaucoup de bien, on tend à se permettre un peu de mal. Sujet d'étude pour psychologues.)
Comment expliquer nos incohérences de comportement ? Curieusement, je ne vois pas d'étude sur le sujet alors que, depuis quelques décennies, le scientifique s'intéresse de près à notre rationalité.
Je me demande si l'incohérence n'est pas plus normale que la cohérence. En effet, Konrad Lorenz observe que les animaux obéissent à des "déclencheurs". Ce qui produit, parfois, des comportements bizarres. Il en est probablement de même pour l'homme. On possède le déclencheur "ami de la planète", et le déclencheur "mort aux limaces" ?
Autre exemple : celui du gouvernant. Il envoie les troupes au combat, tout en réduisant les budgets de l'armée. Deux déclencheurs différents ?
Sans raison, il n'y aurait peut-être pas d'exigence de cohérence...
(Il y a une autre interprétation de l'incohérence de l'écologiste. En anglais, elle se nomme "moral licensing". C'est ce que l'on appelait, au Moyen-âge, "les indulgences". Lorsque l'on est convaincu de faire beaucoup de bien, on tend à se permettre un peu de mal. Sujet d'étude pour psychologues.)
Alerte : pénurie de compétences
La Tribune disait :
"Emploi : un rapport parlementaire alerte sur la pénurie de compétences
Le manque de main-d'oeuvre compétente reste un obstacle majeur au développement dans de nombreuses PME et TPE. Face à ces difficultés, deux sénateurs insistent sur l'importance de la formation à l'intérieur des entreprises dans un rapport publié ce mercredi 24 juin."
Autrement dit : n'attendez pas que la société vous fournisse des personnels adaptés à vos besoins spécifiques, formez-les.
Ce qui pose, implicitement, une seconde question : la compétence s'arrête-t-elle au recrutement ? Ne faudrait-il pas aussi s'occuper de la formation de ceux qui sont en place ? La gestion de l'épidémie, en particulier, n'a-t-elle pas montré un manque de compétences certain, un peu partout ?
"Emploi : un rapport parlementaire alerte sur la pénurie de compétences
Le manque de main-d'oeuvre compétente reste un obstacle majeur au développement dans de nombreuses PME et TPE. Face à ces difficultés, deux sénateurs insistent sur l'importance de la formation à l'intérieur des entreprises dans un rapport publié ce mercredi 24 juin."
Autrement dit : n'attendez pas que la société vous fournisse des personnels adaptés à vos besoins spécifiques, formez-les.
Ce qui pose, implicitement, une seconde question : la compétence s'arrête-t-elle au recrutement ? Ne faudrait-il pas aussi s'occuper de la formation de ceux qui sont en place ? La gestion de l'épidémie, en particulier, n'a-t-elle pas montré un manque de compétences certain, un peu partout ?
mercredi 24 juin 2020
Convention citoyenne est-ce bien sérieux ?
La Convention citoyenne, c'est l'intelligence collective, l'autorité définitive de la parole du peuple. C'est ce que pense, ou aimerait faire croire, le gouvernement.
Car la Convention citoyenne est un type de travail de groupe qui est bien connu pour ses biais.
Un groupe est extrêmement vulnérable à la manipulation, volontaire ou non. Le psycho-sociologue Serge Moscovici a montré, par exemple, qu'il suffisait qu'un petit nombre de "comparses" soient fermes dans leurs opinions, pour produire un recodage de la vision des couleurs du reste du groupe ! Robert Cialdini fait de la "validation sociale" (moutons de Panurge) une des lois des comportements sociaux. Pour beaucoup de raisons nous savons qu'il est désirable de penser comme les autres, ou dangereux de ne pas le faire. Ce phénomène se produit dans les jugements par jury. Le film "Onze hommes en colère" montre, d'ailleurs, comme un seul juré peut retourner un groupe complet.
La sélection du groupe influence ses conclusions. Soit il n'est pas représentatif de la population, et va refléter la culture, les intérêts, des gens choisis, soit il est représentatif de la population, et les virtuoses de la parole vont écraser les damnés de la terre.
Ce sont des phénomènes bien connus par ceux qui font des études de marché.
Le groupe ne travaillant pas correctement, il en reste à des considérations superficielles, il ne pénètre pas au coeur de la question. Par définition il ne va pas se confronter aux problèmes susceptibles de produire un conflit. De ce fait, ses décisions ne peuvent avoir aucune autorité.
(La question du groupe et de la démocratie est étudiée depuis les Grecs et les Anglais, pourquoi ne tient-on pas compte des enseignements du passé ?)
Car la Convention citoyenne est un type de travail de groupe qui est bien connu pour ses biais.
Un groupe est extrêmement vulnérable à la manipulation, volontaire ou non. Le psycho-sociologue Serge Moscovici a montré, par exemple, qu'il suffisait qu'un petit nombre de "comparses" soient fermes dans leurs opinions, pour produire un recodage de la vision des couleurs du reste du groupe ! Robert Cialdini fait de la "validation sociale" (moutons de Panurge) une des lois des comportements sociaux. Pour beaucoup de raisons nous savons qu'il est désirable de penser comme les autres, ou dangereux de ne pas le faire. Ce phénomène se produit dans les jugements par jury. Le film "Onze hommes en colère" montre, d'ailleurs, comme un seul juré peut retourner un groupe complet.
La sélection du groupe influence ses conclusions. Soit il n'est pas représentatif de la population, et va refléter la culture, les intérêts, des gens choisis, soit il est représentatif de la population, et les virtuoses de la parole vont écraser les damnés de la terre.
Ce sont des phénomènes bien connus par ceux qui font des études de marché.
Le groupe ne travaillant pas correctement, il en reste à des considérations superficielles, il ne pénètre pas au coeur de la question. Par définition il ne va pas se confronter aux problèmes susceptibles de produire un conflit. De ce fait, ses décisions ne peuvent avoir aucune autorité.
(La question du groupe et de la démocratie est étudiée depuis les Grecs et les Anglais, pourquoi ne tient-on pas compte des enseignements du passé ?)
Les vertus insoupçonnées de l'ignorance
Des études du raisonnement humain montrent que, dans certaines conditions, il vaut mieux en savoir peu que beaucoup. Par exemple on s'est rendu compte que des étrangers prévoyaient mieux les résultats de matchs de foot que des nationaux. L'explication de ce paradoxe tiendrait à une sorte d'élimination de l'information inutile par la distance.
J'ai été frappé par ce phénomène durant l'épidémie de coronavirus. Ce que m'avaient dit, bien avant le confinement, des gens "ordinaires" sur l'Afrique, sur le système médical ou même sur la quinine semble maintenant bien plus pertinent que les propos des experts. Plus exactement, a posteriori, les dits experts en arrivent aux conclusions des non experts.
Le mal de l'expert : manquer de recul ?
(Un point sur les recherches concernant la pensée humaine, et ses caractéristiques : Thinking and reasoning.)
J'ai été frappé par ce phénomène durant l'épidémie de coronavirus. Ce que m'avaient dit, bien avant le confinement, des gens "ordinaires" sur l'Afrique, sur le système médical ou même sur la quinine semble maintenant bien plus pertinent que les propos des experts. Plus exactement, a posteriori, les dits experts en arrivent aux conclusions des non experts.
Le mal de l'expert : manquer de recul ?
(Un point sur les recherches concernant la pensée humaine, et ses caractéristiques : Thinking and reasoning.)
Glisse : le coup de génie basque
Le Pays Basque est le point d'entrée sur le continent européen de tout ce qui concerne l'industrie de la glisse. Ce qui représente toute une culture, notamment vestimentaire, et un très gros business.
Si ses trente petits km de côte sont désormais aux côtés de la Californie, et de l'Australie, c'est grâce à un coup de génie. Il a vu le potentiel économique de cette culture émergente à une époque où on ne la prenait pas au sérieux.
En ces temps de velléités de relocalisation ne serait-ce pas un exemple à méditer ? (Et une illustration de Competing for the future, dont parle un précédent billet ?)
Interview de François Applagnat-Tartet.
Si ses trente petits km de côte sont désormais aux côtés de la Californie, et de l'Australie, c'est grâce à un coup de génie. Il a vu le potentiel économique de cette culture émergente à une époque où on ne la prenait pas au sérieux.
En ces temps de velléités de relocalisation ne serait-ce pas un exemple à méditer ? (Et une illustration de Competing for the future, dont parle un précédent billet ?)
Interview de François Applagnat-Tartet.
mardi 23 juin 2020
Pourquoi la somme sociale est-elle inférieure à ses individus ?
L'action et les déclarations brouillonnes du gouvernement français auraient coûté cher à son économie. Constellium, par exemple, a arrêté ses usines, alors que ses concurrents allemands continuaient à produire. Si bien qu'ils lui ont pris des marchés, à un mauvais moment. Il ne serait pas le seul dans son cas.
Dans un autre registre, certaines grandes entreprises étrangères annonceraient des plans d'économie, parce que c'est "ce que demande le marché".
La société paraît parfois inférieure à la somme de ses composants. Comment l'expliquer ? Cela tient peut-être à sa structure, à son principe d'organisation. L'Etat français est une hiérarchie technocratique dont le chef, pur produit de l'Education nationale, prétend décider pour la nation. Dans le second cas, on a mis au dessus des hommes le "marché", opinion commune façon populisme.
Dans un autre registre, certaines grandes entreprises étrangères annonceraient des plans d'économie, parce que c'est "ce que demande le marché".
La société paraît parfois inférieure à la somme de ses composants. Comment l'expliquer ? Cela tient peut-être à sa structure, à son principe d'organisation. L'Etat français est une hiérarchie technocratique dont le chef, pur produit de l'Education nationale, prétend décider pour la nation. Dans le second cas, on a mis au dessus des hommes le "marché", opinion commune façon populisme.
Walter Scott fonde la littérature européenne
Peu de gens connaissent Walter Scott, et pourtant il fut un coup de tonnerre dans l'Europe du début du 19ème. Il a inspiré toute la création littéraire de toutes ses nations.
En Français, les romans de Walter Scott sont insipides. Pour comprendre leur intérêt, il faut le lire en version originale. On y trouve des personnages truculents, des rebondissements incessants, une histoire d'amour, de peu d'intérêt, et une réflexion sur l'évolution du monde. C'est très proche de la bande dessinée.
Tout est perdu à la traduction, d'autant que, comme il est d'usage dans la littérature anglaise, les personnages de Walter Scott s'expriment dans un idiome local transcrit en phonétique. Pour moi, le meilleur disciple de Walter Scott est Victor Hugo, dans ses romans.
Plus curieux, peut-être. Walter Scott était un amateur. Un homme de loi, écrivain anonyme et honteux, jusqu'au succès. Succès qui a ruiné sa vie.
A y bien réfléchir, Walter Scott n'est pas unique dans son cas. Il y a eu aussi Paganini. Sa virtuosité, semble-t-il, a changé la vie de bien des musiciens, et même leur a révélé leur vocation. Paganini, pour qui nous n'avons pas de grande considération, a changé la musique. Certaines personnes arriveraient-elles à saisir l'air du temps ? Mais, étant des pionniers, elles sont fatalement dépassées par leurs créatures, et oubliées ?
(Note inspirée d'une rediffusion d'une conférence sur Walter Scott.)
En Français, les romans de Walter Scott sont insipides. Pour comprendre leur intérêt, il faut le lire en version originale. On y trouve des personnages truculents, des rebondissements incessants, une histoire d'amour, de peu d'intérêt, et une réflexion sur l'évolution du monde. C'est très proche de la bande dessinée.
Tout est perdu à la traduction, d'autant que, comme il est d'usage dans la littérature anglaise, les personnages de Walter Scott s'expriment dans un idiome local transcrit en phonétique. Pour moi, le meilleur disciple de Walter Scott est Victor Hugo, dans ses romans.
Plus curieux, peut-être. Walter Scott était un amateur. Un homme de loi, écrivain anonyme et honteux, jusqu'au succès. Succès qui a ruiné sa vie.
A y bien réfléchir, Walter Scott n'est pas unique dans son cas. Il y a eu aussi Paganini. Sa virtuosité, semble-t-il, a changé la vie de bien des musiciens, et même leur a révélé leur vocation. Paganini, pour qui nous n'avons pas de grande considération, a changé la musique. Certaines personnes arriveraient-elles à saisir l'air du temps ? Mais, étant des pionniers, elles sont fatalement dépassées par leurs créatures, et oubliées ?
(Note inspirée d'une rediffusion d'une conférence sur Walter Scott.)
Développement durable : savez-vous planter des arbres ?
Ce que l'on fait pour rendre le développement durable pourrait faire "plus de mal que de bien", dit la BBC.
On a crû que planter des arbres était une panacée. L'arbre piège le carbone.
Or, ce n'est pas vrai de n'importe quel arbre, surtout lorsqu'il tombe entre des mains peu durables, et de n'importe quel terrain. L'arbre que l'on plante, pour gagner de l'argent, est d'un type qui réduit la biodiversité. Sans compter qu'on le plante pour remplacer un arbre qui, lui, était efficace.
Et l'arbre pompe le carbone des sols qui en sont riches.
L'énantiodromie. Systémique, page 1, chapitre 1.
On a crû que planter des arbres était une panacée. L'arbre piège le carbone.
Or, ce n'est pas vrai de n'importe quel arbre, surtout lorsqu'il tombe entre des mains peu durables, et de n'importe quel terrain. L'arbre que l'on plante, pour gagner de l'argent, est d'un type qui réduit la biodiversité. Sans compter qu'on le plante pour remplacer un arbre qui, lui, était efficace.
Et l'arbre pompe le carbone des sols qui en sont riches.
L'énantiodromie. Systémique, page 1, chapitre 1.
lundi 22 juin 2020
L'étrange victoire du RN
Marine Le Pen, il y a quelques mois, appelait à la fermeture des frontières pour empêcher la propagation du virus. Elle disait s'opposer en cela à la gauche et à la droite qui, par idéologie, voulaient la liberté de mouvement. (Entendu chez France Culture.)
L'hésitation n'a pas été longue. Les frontières ont été fermées. Et on ne parle plus que de relocalisation. Voire de préférence territoriale (circuits courts) ! L'Etat intervient massivement dans l'économie. Quant à l'immigration, le sujet est prudemment étouffé.
Voilà qui doit déprimer Marine Le Pen. On lui a volé son programme.
Grande leçon : il y a ce que l'on dit, et ce que l'on fait. Les idéologies ne résistent pas longtemps aux intérêts ?
L'hésitation n'a pas été longue. Les frontières ont été fermées. Et on ne parle plus que de relocalisation. Voire de préférence territoriale (circuits courts) ! L'Etat intervient massivement dans l'économie. Quant à l'immigration, le sujet est prudemment étouffé.
Voilà qui doit déprimer Marine Le Pen. On lui a volé son programme.
Grande leçon : il y a ce que l'on dit, et ce que l'on fait. Les idéologies ne résistent pas longtemps aux intérêts ?
European Painting and Sculpture
Qui l'eut dit ? Qu'un jour je lise un ouvrage d'art ! Mais celui-ci, trouvé par hasard, représente peut-être la culture anglaise à l'un de ses sommets. Un temps où les plus grands esprits écrivaient de manière simple et concise et cherchaient à mettre en mots l'apparemment inintelligible. Ce que, peut-être, seuls, les philosophes grecs avaient réussi avant eux.
Donc, ce livre est une sorte d'anthropologie de l'art. Il cherche à décrire ses "structures". La définition "d'art" n'est peut-être pas sa plus grande réussite, d'ailleurs : "une conception humaine rendue explicite grâce à un support". De même que la beauté "communication réussie d'une émotion personnelle". Pour être exact, l'ouvrage ne parle que de peinture, et pas de sculpture, contrairement à ce que dit son titre.
Plus intéressante est sa description du changement. Tout d'abord, l'art européen se démarque de l'art oriental en ce qu'il décrit une apparence, et qu'il s'intéresse au corps, à la vie, et que, justement, il évolue, alors que l'art oriental parle d'essence, et utilise pour cela des symboles éternels. La peinture européenne a progressé par phases, avec des périodes de créativité échevelée, suivies d'un assoupissement définitif. Comme dans la théorie de Hegel, chaque culture est, à un moment, un contributeur décisif, avant de s'éteindre. Tout part de l'Egypte, puis connaît un point culminant avec la Grèce, Rome est un néant créatif. Ensuite, Byzance marque un virage oriental : l'Eglise s'intéresse à l'âme, pas au corps, l'art redevient symbole. Avec Giotto et Florence, l'histoire repart dans le sens du corps et de la représentation. La Renaissance est italienne, Florence, Sienne, Venise. L'innovation se poursuit en Hollande et en Espagne, avant que la France ne devienne son principal foyer, à partir de la fin du 17ème siècle. Ce changement semble subir deux influences. D'abord, il reflète la culture de la nation qui l'accueille et l'esprit du temps. Ensuite, et avant tout, il est une recherche de représentation du monde visible, ponctuée d'une succession d'innovations.
Mais l'art est surtout contraint par la façon dont, collectivement, la société perçoit la réalité. Tout le monde peint de la même façon au même moment. Le changement artistique est un changement d'état d'esprit collectif. C'est pour cela qu'il est difficile.
On est en 1950. Eric Newton s'interroge sur l'avenir de son sujet. L'art est une chose compliquée. Car il est un mélange d'imagination, de technique, et il s'inscrit dans une relation à la société, à un client en particulier, et à des normes sociales, en général. Il semble penser que la contrainte est nécessaire au génie. Or, justement, l'artiste moderne s'est abstrait de la contrainte, pour exprimer son individualité. De ce fait, il n'a plus rien à dire ? Art européen : la fin de l'histoire ?
Donc, ce livre est une sorte d'anthropologie de l'art. Il cherche à décrire ses "structures". La définition "d'art" n'est peut-être pas sa plus grande réussite, d'ailleurs : "une conception humaine rendue explicite grâce à un support". De même que la beauté "communication réussie d'une émotion personnelle". Pour être exact, l'ouvrage ne parle que de peinture, et pas de sculpture, contrairement à ce que dit son titre.
Plus intéressante est sa description du changement. Tout d'abord, l'art européen se démarque de l'art oriental en ce qu'il décrit une apparence, et qu'il s'intéresse au corps, à la vie, et que, justement, il évolue, alors que l'art oriental parle d'essence, et utilise pour cela des symboles éternels. La peinture européenne a progressé par phases, avec des périodes de créativité échevelée, suivies d'un assoupissement définitif. Comme dans la théorie de Hegel, chaque culture est, à un moment, un contributeur décisif, avant de s'éteindre. Tout part de l'Egypte, puis connaît un point culminant avec la Grèce, Rome est un néant créatif. Ensuite, Byzance marque un virage oriental : l'Eglise s'intéresse à l'âme, pas au corps, l'art redevient symbole. Avec Giotto et Florence, l'histoire repart dans le sens du corps et de la représentation. La Renaissance est italienne, Florence, Sienne, Venise. L'innovation se poursuit en Hollande et en Espagne, avant que la France ne devienne son principal foyer, à partir de la fin du 17ème siècle. Ce changement semble subir deux influences. D'abord, il reflète la culture de la nation qui l'accueille et l'esprit du temps. Ensuite, et avant tout, il est une recherche de représentation du monde visible, ponctuée d'une succession d'innovations.
Mais l'art est surtout contraint par la façon dont, collectivement, la société perçoit la réalité. Tout le monde peint de la même façon au même moment. Le changement artistique est un changement d'état d'esprit collectif. C'est pour cela qu'il est difficile.
On est en 1950. Eric Newton s'interroge sur l'avenir de son sujet. L'art est une chose compliquée. Car il est un mélange d'imagination, de technique, et il s'inscrit dans une relation à la société, à un client en particulier, et à des normes sociales, en général. Il semble penser que la contrainte est nécessaire au génie. Or, justement, l'artiste moderne s'est abstrait de la contrainte, pour exprimer son individualité. De ce fait, il n'a plus rien à dire ? Art européen : la fin de l'histoire ?
Coronavirus et politique chinoise
Je trouvais quelque-chose de curieux à la résurgence du coronavirus en Chine. Peu de cas, mais beaucoup de bruit, et politique draconienne.
Hier, une émission de France Culture formulait une hypothèse vraisemblable : message politique. La Chine réagit vite et bien, et informe le monde, contrairement au chaos américain. La dictature est efficace, pas la démocratie.
A une époque où l'on manipule jusqu'au coronavirus, comment peut-on nous en vouloir de voir partout des complots ?
Hier, une émission de France Culture formulait une hypothèse vraisemblable : message politique. La Chine réagit vite et bien, et informe le monde, contrairement au chaos américain. La dictature est efficace, pas la démocratie.
A une époque où l'on manipule jusqu'au coronavirus, comment peut-on nous en vouloir de voir partout des complots ?
dimanche 21 juin 2020
Épidémie et raisonnement de type 2
J'ai entraperçu un commentaire disant que les résultats obtenus par le traitement du Professeur Raoult étaient ridicules car, dans ses échantillons, il y avait 0,5% de morts contre 0,7% sans rien faire.
Je ne sais pas de quoi il était question et si ces chiffres étaient comparables. Mais imaginons que ce soit le cas. Ils veulent dire que s'il y a 20.000 morts avec le traitement du Professeur Raoult, il y en a 28.000 sans lui. Trouvez-vous qu'il soit ridicule de sauver 8.000 vies ?
Cela illustre la difficulté à raisonner dans l'abstraction, ou "raisonnement de type 2", ce qui a été trouvé à multiples reprises par les travaux récents menés sur l'étude des décisions humaines.
En fait, nos raisonnements tendent à être "de type 1". C'est-à-dire que nous déduisons des lois de notre expérience, et, ensuite, nos décisions prennent l'aspect "d'intuitions". Par exemple, du fait de ce que j'ai vécu jusqu'ici, j'aime ou je n'aime pas le professeur Raoult. Du coup, je ne décide pas en fonction des preuves que l'on me donne, mais en fonction de mon impression. Les raisons que je donne sont une "rationalisation", elles sont là pour justifier mon idée préconçue.
Les miscellanées de Mr Schott
On trouvera dans ce petit livre des informations sans rime ni raison. Peut-être ce qui fait qu'on brille en société. Les lignes de la main, le langage des fleurs, les plaies d'Egypte, comment nouer un noeud papillon, diverses citations de plus ou moins grands hommes, les zones de la météo marine.
C'est une traduction de l'anglais avec remplacement de quelques sujets incompréhensibles par nous par des questions qui nous concernent.
Avons-nous l'équivalent en France ? C'était probablement le Quid : aussi un ensemble de fiches, mais le procédé utilisé était beaucoup plus systématique. L'absurde fait probablement parti du projet. Une oeuvre d'art, plutôt qu'un dictionnaire ?
Projet propre à la culture anglo-saxonne ? C'est une culture fière de ses traditions, aristocratiques (les régates Oxford contre Cambridge, ses grands auteurs, les toasts des officiers de la Royal Navy...).
La 3ème République a bien essayé de nous créer un panthéon, mais il a été dynamité de l'intérieur, et rien ne l'a remplacé. (Ce qui n'est peut-être pas plus mal...)
C'est une traduction de l'anglais avec remplacement de quelques sujets incompréhensibles par nous par des questions qui nous concernent.
Avons-nous l'équivalent en France ? C'était probablement le Quid : aussi un ensemble de fiches, mais le procédé utilisé était beaucoup plus systématique. L'absurde fait probablement parti du projet. Une oeuvre d'art, plutôt qu'un dictionnaire ?
Projet propre à la culture anglo-saxonne ? C'est une culture fière de ses traditions, aristocratiques (les régates Oxford contre Cambridge, ses grands auteurs, les toasts des officiers de la Royal Navy...).
La 3ème République a bien essayé de nous créer un panthéon, mais il a été dynamité de l'intérieur, et rien ne l'a remplacé. (Ce qui n'est peut-être pas plus mal...)
samedi 20 juin 2020
Recherche qui ne trouve plus ?
Comment la science a-t-elle répondu à l'épidémie de Coronavirus ?
- Par des modèles mathématiques. Comme si l'on pouvait modéliser la vie !
- Par la recherche d'un vaccin. Comme si le vaccin était la seule réponse possible.
Qu'est-ce que cela signifie ? Probablement que la science est aux mains du marché. Autrement dit le scientifique ne cherche plus, il vend ce que fabriquent les entreprises. Soit des vaccins, soit du "numérique". Quand on a un marteau, on voit des clous partout.
La question qui se pose à nous est : comment réinventer une science qui travaille pour la société dans son ensemble ? Une science qui parte du doute pour chercher à comprendre, et une science qui tire parti de l'expérience du passé ?
A portrait of the artist as a young man
De l'enfance à l'éclosion de l'artiste. Chaque âge a sa langue. Ce livre est une suite de nouvelles, une succession d'instants, avec, à chaque fois, une phase d'accumulation, parfois difficilement soutenable, puis un dénouement brutal, parfois une délivrance. Le roman en est une, en lui même, qui aboutit à la décision de s'émanciper de toute contrainte, religion, patrie, famille.
C'est fort bien fait, ai-je trouvé, mais cela a fini par me sembler mécanique. Artisan, plutôt qu'artiste ? Et si la contrainte sociale était le catalyseur du génie ?...
C'est fort bien fait, ai-je trouvé, mais cela a fini par me sembler mécanique. Artisan, plutôt qu'artiste ? Et si la contrainte sociale était le catalyseur du génie ?...
vendredi 19 juin 2020
La bataille de l'hydrogène
Après la bataille de l'eau lourde, celle de l'hydrogène "vert" (ou "décarboné") ? Politico, lundi dernier, disait que l'Europe voulait devenir un champion mondial dans ce domaine.
De quoi s'agit-il ? ai-je demandé à l'IFPEN. Réponse ici.
L'hydrogène est généralement extrait du gaz, il n'est donc pas vert. L'hydrogène décarboné est produit par électrolyse. Ce qui permet d'utiliser l'électricité générée en période de creux. C'est un moyen, donc, de stocker de l'énergie. Ensuite, cet hydrogène a plusieurs usages, dont les "piles à combustible", qui pourraient rendre obsolète Tesla.
Pour le moment, il coûterait cher à produire.
De quoi s'agit-il ? ai-je demandé à l'IFPEN. Réponse ici.
L'hydrogène est généralement extrait du gaz, il n'est donc pas vert. L'hydrogène décarboné est produit par électrolyse. Ce qui permet d'utiliser l'électricité générée en période de creux. C'est un moyen, donc, de stocker de l'énergie. Ensuite, cet hydrogène a plusieurs usages, dont les "piles à combustible", qui pourraient rendre obsolète Tesla.
Pour le moment, il coûterait cher à produire.
L’hydrogène pourrait répondre à deux enjeux essentiels de la transition énergétique :
Décarboner le secteur des transports.
- Les véhicules électriques équipés d’une pile à combustible (PAC) transforment l’hydrogène en électricité et en vapeur d’eau : mais cette solution n'est favorable en termes environnemental que si l’hydrogène est produit à partir de sources décarbonées,
- l’hydrogène présente des avantages par rapport aux batteries, en termes d’autonomie (500 à 700 km) et de temps de recharge (< 5 mn).
Pallier la variabilité de la production de certaines énergies renouvelables avec la possibilité de stocker l'hydrogène :
PS. L'aéronautique, aussi, serait concernée :
- l'hydrogène est produit par électrolyse de l'eau en utilisant les excédents de la production électrique, éolienne et photovoltaïque notamment,
- l'hydrogène ainsi produit peut être stocké puis reconverti en électricité,
- le stockage est envisagé principalement en cavité saline.
Competing for the future
Livre de circonstances ? Un des classiques de la stratégie d'entreprise. Un genre qui ne semble plus être beaucoup étudié.
Plaidoyer pour une stratégie comme transformation du monde, par l’entreprise (strategy as stretch), alors que la vision traditionnelle, de M.Porter, prône l’adaptation (strategy as fit).
Et éloge de la différenciation qui dénonce, notamment, le manque d’imagination des entreprises, renforcé par l’effet d’uniformisation qu’ont les cabinets de conseil, qui les amène à utiliser la seule arme du prix. (Pour le plus grand malheur du consommateur, en particulier, qui y perd choix et innovation.)
Mais, est-il facile de modifier l’avenir à son avantage ? Il est intéressant de voir ce qu’il est advenu des entreprises exemplaires citées par le livre.
Ce qui semble surtout digne d’intérêt ici est la vision d’une stratégie comme acquisition de "compétences clés", et, donc, d’une mise en œuvre de stratégie qui n’est autre qu’un apprentissage. Paradoxalement, la stratégie demande un travail long. Sans armée, il n'y pas de stratège. Et il faut des décennies pour construire une armée...
Plaidoyer pour une stratégie comme transformation du monde, par l’entreprise (strategy as stretch), alors que la vision traditionnelle, de M.Porter, prône l’adaptation (strategy as fit).
Et éloge de la différenciation qui dénonce, notamment, le manque d’imagination des entreprises, renforcé par l’effet d’uniformisation qu’ont les cabinets de conseil, qui les amène à utiliser la seule arme du prix. (Pour le plus grand malheur du consommateur, en particulier, qui y perd choix et innovation.)
Mais, est-il facile de modifier l’avenir à son avantage ? Il est intéressant de voir ce qu’il est advenu des entreprises exemplaires citées par le livre.
Ce qui semble surtout digne d’intérêt ici est la vision d’une stratégie comme acquisition de "compétences clés", et, donc, d’une mise en œuvre de stratégie qui n’est autre qu’un apprentissage. Paradoxalement, la stratégie demande un travail long. Sans armée, il n'y pas de stratège. Et il faut des décennies pour construire une armée...
Europe solidaire ?
La solidarité commence-t-elle par la dette ?
En tout cas, relance post covid oblige, l'UE va avoir maintenant une dette commune. Ce qui change beaucoup de choses. D'abord, parce qu'elle est là pour longtemps.
Ensuite parce que, jusqu'ici, les nations essayaient d'obéir à une certaine discipline budgétaire. Mais cela fonctionnait sur la logique de la menace de sanctions, qui ne donne rien. Maintenant, on passe de la théorie à la pratique : on est dans une logique de créditeur et de débiteur, dans un même bateau.
L'irrationnel des rapports humains est bien plus efficace que la raison de l'économiste pour souder une équipe...
(Voir article de Politico.)
En tout cas, relance post covid oblige, l'UE va avoir maintenant une dette commune. Ce qui change beaucoup de choses. D'abord, parce qu'elle est là pour longtemps.
Ensuite parce que, jusqu'ici, les nations essayaient d'obéir à une certaine discipline budgétaire. Mais cela fonctionnait sur la logique de la menace de sanctions, qui ne donne rien. Maintenant, on passe de la théorie à la pratique : on est dans une logique de créditeur et de débiteur, dans un même bateau.
L'irrationnel des rapports humains est bien plus efficace que la raison de l'économiste pour souder une équipe...
(Voir article de Politico.)
jeudi 18 juin 2020
L'agriculture contre l'Europe ?
Les Chambres d'agricultures tentent d'utiliser le coronavirus pour faire passer des demandes anciennes, au nom des relocalisations et de la relance. Notamment la préférence locale, les "prix planchers", la "protection du foncier agricole".
Tout cela va à l'encontre de la politique européenne commune. On a longtemps dit qu'elle était favorable à l'agriculture, mais était-ce réellement le cas ?
(En fait, l'Europe n'a peut-être pas que des inconvénients. Les agriculteurs anglais demandent une protection d'après Brexit : ils ont peur de se faire balayer par la concurrence internationale.
Tout cela va à l'encontre de la politique européenne commune. On a longtemps dit qu'elle était favorable à l'agriculture, mais était-ce réellement le cas ?
(En fait, l'Europe n'a peut-être pas que des inconvénients. Les agriculteurs anglais demandent une protection d'après Brexit : ils ont peur de se faire balayer par la concurrence internationale.
)Balancing Brexit promises with protection for UK agriculture poses big challenges. With less than 6 months left of the transition period, the farming community is concerned it will not be able to survive the coming onslaught of global competition https://t.co/dH41NmkB7h— Financial Times (@FinancialTimes) June 17, 2020
Relocalisation : des usines dans votre jardin
Relocalisation. Le changement pose de multiples questions, notamment celle du foncier.
Le retour des usines en ville ? Voilà la motivation dont nous avions besoin pour les rendre propres ?
Besoin d’espace, faible densité d’emploi, locaux spécifiques de taille souvent hors normes, activité générant du trafic de marchandises et de matières, entreprises ayant relativement peu de moyens financiers (faibles marges des entreprises de ces secteurs comparées à d’autres) et souvent réputées comme nuisantes (polluantes, bruyantes, malodorantes, sales...) sont les traits communs à ces activités productives dont l’objet est la transformation, le stockage ou le transport de matières et de marchandises.Amsterdam et Londres seraient des exemples à observer.
Le retour des usines en ville ? Voilà la motivation dont nous avions besoin pour les rendre propres ?
mercredi 17 juin 2020
Prendre le télé travail par le bon bout
Le télé travail est traité comme tout changement : mal.
Il s'est imposé, plus ou moins bien, mais on fait comme si rien ne s'était passé. Du coup, on ne tire pas tout le potentiel de cette innovation, et on ignore les aspects néfastes (notamment psychologiques) de son utilisation irréfléchie. Si bien qu'il n'est question partout que de fatigue, de découragement, de lassitude...
Il faudrait, au contraire, prendre le temps du recul.
Il s'est imposé, plus ou moins bien, mais on fait comme si rien ne s'était passé. Du coup, on ne tire pas tout le potentiel de cette innovation, et on ignore les aspects néfastes (notamment psychologiques) de son utilisation irréfléchie. Si bien qu'il n'est question partout que de fatigue, de découragement, de lassitude...
Il faudrait, au contraire, prendre le temps du recul.
- Qu'ai-je appris de la pratique ?
- Quels sont les impacts, notamment psychologiques, du télétravail ?
- En quoi le télétravail, bien compris, peut-il transformer la performance de mon entreprise, la façon de travailler et de vivre de ses membres ?
- Conclusion : comment faire évoluer rationnellement mes procédures de travail pour tirer parti de cette innovation ?
The Presentation of Self in Everyday Life
Le moi comme construction sociale.
Tout se passe comme si l’homme en société jouait un rôle, cherchait à « soutenir la définition d’une situation », et que chaque membre de la pièce l’aidait à réussir, quitte, une fois que l’on s’est séparés, à vider la tension accumulée par cet exercice en se moquant de l’autre. Deux lieux importants : l’avant scène où l’on joue le jeu et l’arrière scène où l’on se laisse aller.
Un classique de la psychologie, surprenant : que veut dire jouer un rôle ?
Jouons nous toujours un rôle ? Jouons-nous un rôle parce que nous avons quelque-chose à cacher (d’où la tension de la rencontre) ? Le rôle n'est-il pas, avant tout quelque-chose d'utile, un moyen de savoir ce que l’on peut attendre de quelqu’un sans le connaître (médecin, policier, boulanger, etc.) ? Une rencontre en société est-elle seulement une pièce dans laquelle rien ne peut être dévoilé ?...
Peut-être y a-t-il différentes situations dans la vie. Des situations à rôles, et des situations sans rôles. Il y a la question du donneur d'aide, dont parle Edgar Schein : on se révèle au donneur d'aide. On ne joue pas de rôle. Ou peut-être qu'il y a des gens à rôles, et d'autres qui n'ont pas besoin d'en jouer un. J'entendais Jack Lang parler de sa vie. Il disait avoir toujours fait ce qu'il avait voulu, en particulier avec F.Mitterrand. Je me demande si ce n'est pas ce que cherchait à révéler l'éducation antique : le caractère. Un homme qui a trouvé ce qu'il est n'a plus besoin de jouer un rôle. Il sait comment se comporter dans n'importe quelle situation.
Tout se passe comme si l’homme en société jouait un rôle, cherchait à « soutenir la définition d’une situation », et que chaque membre de la pièce l’aidait à réussir, quitte, une fois que l’on s’est séparés, à vider la tension accumulée par cet exercice en se moquant de l’autre. Deux lieux importants : l’avant scène où l’on joue le jeu et l’arrière scène où l’on se laisse aller.
Un classique de la psychologie, surprenant : que veut dire jouer un rôle ?
Jouons nous toujours un rôle ? Jouons-nous un rôle parce que nous avons quelque-chose à cacher (d’où la tension de la rencontre) ? Le rôle n'est-il pas, avant tout quelque-chose d'utile, un moyen de savoir ce que l’on peut attendre de quelqu’un sans le connaître (médecin, policier, boulanger, etc.) ? Une rencontre en société est-elle seulement une pièce dans laquelle rien ne peut être dévoilé ?...
Peut-être y a-t-il différentes situations dans la vie. Des situations à rôles, et des situations sans rôles. Il y a la question du donneur d'aide, dont parle Edgar Schein : on se révèle au donneur d'aide. On ne joue pas de rôle. Ou peut-être qu'il y a des gens à rôles, et d'autres qui n'ont pas besoin d'en jouer un. J'entendais Jack Lang parler de sa vie. Il disait avoir toujours fait ce qu'il avait voulu, en particulier avec F.Mitterrand. Je me demande si ce n'est pas ce que cherchait à révéler l'éducation antique : le caractère. Un homme qui a trouvé ce qu'il est n'a plus besoin de jouer un rôle. Il sait comment se comporter dans n'importe quelle situation.
mardi 16 juin 2020
La Suède et le coronavirus
Discussion avec un Suédois. La Suède est, en quelque-sorte, l'anti-France. Elle est à nous ce que la fourmi est à la cigale. En termes économiques tout les chiffres qui sont mauvais chez nous sont bons chez elle.
Et pourtant, dans l'affaire du coronavirus, nous en sommes arrivés au même point. Elle n'a pas procédé au confinement de ses citoyens, car elle comptait sur leur discipline. Seulement, elle avait deux failles : ses EHPAD et ses immigrés. Et elle dépend beaucoup plus que la France des exportations. Bref, autant de morts, en proportion, et une crise économique de même ampleur.
Et pourtant, dans l'affaire du coronavirus, nous en sommes arrivés au même point. Elle n'a pas procédé au confinement de ses citoyens, car elle comptait sur leur discipline. Seulement, elle avait deux failles : ses EHPAD et ses immigrés. Et elle dépend beaucoup plus que la France des exportations. Bref, autant de morts, en proportion, et une crise économique de même ampleur.
La modélisation nous a-t-elle sauvés du coronavirus ?
La nouveauté du coronavirus tient à l'importance qu'ont eue les modèles mathématiques et informatiques dans l'information que nous avons reçue. France Stratégie analyse ce phénomène dans un débat, que l'on retrouve ici : https://youtu.be/j0RVJID4D58.
Au fond, l'anthropologue du débat l'a tué dès qu'il a parlé : l'anthropologie a cru à la modélisation (le structuralisme de Lévy-Strauss) et a vite compris que la complexité du monde s'y refusait.
Il y a cacophonie entre modèles, ce qui ne conduit à rien. Tous leurs enseignements se ramènent à très peu de choses, qui ressortissent à la simple observation : les gouvernements ont tardé à réagir alors qu’il y avait une augmentation manifeste des malades, la densité semble un paramètre important dans la propagation du virus. (Mais, la question du fait que des pays hyper denses ne semblent pas touchés, n'a pas été évoquée.) Pour le reste, on ne sait pas.
Une remarque intéressante : certains modèles peuvent être "impérialistes". Ils imposent implicitement les normes qu'ils désirent pour la société.
Détail inquiétant : pour masquer cette cacophonie, qui en elle-même est un signal, les chercheurs tendent à s'entendre pour parler d'une seule voix...
(Détail rassurant ? On apprend que les Anglais sont très en avance sur nous en termes de modélisation...)
Au fond, l'anthropologue du débat l'a tué dès qu'il a parlé : l'anthropologie a cru à la modélisation (le structuralisme de Lévy-Strauss) et a vite compris que la complexité du monde s'y refusait.
Il y a cacophonie entre modèles, ce qui ne conduit à rien. Tous leurs enseignements se ramènent à très peu de choses, qui ressortissent à la simple observation : les gouvernements ont tardé à réagir alors qu’il y avait une augmentation manifeste des malades, la densité semble un paramètre important dans la propagation du virus. (Mais, la question du fait que des pays hyper denses ne semblent pas touchés, n'a pas été évoquée.) Pour le reste, on ne sait pas.
Une remarque intéressante : certains modèles peuvent être "impérialistes". Ils imposent implicitement les normes qu'ils désirent pour la société.
Détail inquiétant : pour masquer cette cacophonie, qui en elle-même est un signal, les chercheurs tendent à s'entendre pour parler d'une seule voix...
(Détail rassurant ? On apprend que les Anglais sont très en avance sur nous en termes de modélisation...)
La planification reviendrait-elle ?
M.Macron a annoncé un "plan". L'Etat va-t-il redevenir planificateur ?
Il y a plan et plan. Contrairement à ce que l'on a dit, l'entreprise n'est jamais aussi mal à l'aise que lorsqu'elle est laissée à elle-même. Il suffit de regarder les yoyos de la bourse pour comprendre que l'entrepreneur est un trouillard. (Les Anglo-saxons, qui en savent bien plus que nous sur ce sujet, parlent de "greed and fear".) Ce qu'il sait faire le mieux c'est courir dans une direction qu'on lui donne. C'est la raison qui fait qu'il aime les guerres : tout devient alors facile.
Mais, quand il n'y a pas de direction, il se replie sur lui, il a recours au coup bas, il licencie, et c'est la crise. C'est ce qui nous menace.
En conséquence, le gouvernement pourrait donner de grandes lignes de transformation de l'économie, et promettre des carottes à ceux qui s'engagent à les mettre en oeuvre avec enthousiasme.
Il y a plan et plan. Contrairement à ce que l'on a dit, l'entreprise n'est jamais aussi mal à l'aise que lorsqu'elle est laissée à elle-même. Il suffit de regarder les yoyos de la bourse pour comprendre que l'entrepreneur est un trouillard. (Les Anglo-saxons, qui en savent bien plus que nous sur ce sujet, parlent de "greed and fear".) Ce qu'il sait faire le mieux c'est courir dans une direction qu'on lui donne. C'est la raison qui fait qu'il aime les guerres : tout devient alors facile.
Mais, quand il n'y a pas de direction, il se replie sur lui, il a recours au coup bas, il licencie, et c'est la crise. C'est ce qui nous menace.
En conséquence, le gouvernement pourrait donner de grandes lignes de transformation de l'économie, et promettre des carottes à ceux qui s'engagent à les mettre en oeuvre avec enthousiasme.
lundi 15 juin 2020
Coopérative ferroviaire : la fin de l'Etat jacobin ?
Voilà que l'on parle de réouvrir une ligne ferroviaire entre Lyon et Bordeaux. Relier Lyon à Bordeaux par Paris serait plus rapide, mais il y aurait d'autres avantages.
Lesquels ? Renforcer les échanges économiques entre villes qui sont sur le trajet, et donc renforcer les entreprises locales et susciter de nouvelles implantations ? Favoriser le tourisme : la ligne fait penser à un chemin des écolier au coeur de la France ?...
Autre curiosité : elle serait administrée par une coopérative.
Fin de l'Etat jacobin, cela commence ? Les régions prennent en main l'aménagement de leur territoire ?
En tout cas cela pose la question de l'équilibre économique du projet, puisque l'on entend qu'il coûte très cher d'entretenir une ligne de chemin de fer, d'autant que, faute d'effet d'échelle, le matériel risque d'être acheté au prix fort. (A moins que la SNCF-Etat jacobin ne soit très inefficace.)
Lesquels ? Renforcer les échanges économiques entre villes qui sont sur le trajet, et donc renforcer les entreprises locales et susciter de nouvelles implantations ? Favoriser le tourisme : la ligne fait penser à un chemin des écolier au coeur de la France ?...
Autre curiosité : elle serait administrée par une coopérative.
Fin de l'Etat jacobin, cela commence ? Les régions prennent en main l'aménagement de leur territoire ?
En tout cas cela pose la question de l'équilibre économique du projet, puisque l'on entend qu'il coûte très cher d'entretenir une ligne de chemin de fer, d'autant que, faute d'effet d'échelle, le matériel risque d'être acheté au prix fort. (A moins que la SNCF-Etat jacobin ne soit très inefficace.)
Faut-il avoir peur du grand Microsoft ?
Le coronavirus a montré que le numérique était vital et que nous étions totalement dépendants des USA.
C'est particulièrement le cas des entreprises. Microsoft installe son monopole sur le "cloud" d'entreprise. Or le cloud est maintenant essentiel. Ce qui pose un problème qui est moins la localisation des données (potentiellement à la disposition de concurrents américains) que la stratégie d'obsolescence programmée de Microsoft. C'est un mécanisme parasitaire.
Une solution serait une relance du mouvement open source, dans une logique Internet frugal - anti obsolescence programmée ?
C'est particulièrement le cas des entreprises. Microsoft installe son monopole sur le "cloud" d'entreprise. Or le cloud est maintenant essentiel. Ce qui pose un problème qui est moins la localisation des données (potentiellement à la disposition de concurrents américains) que la stratégie d'obsolescence programmée de Microsoft. C'est un mécanisme parasitaire.
Une solution serait une relance du mouvement open source, dans une logique Internet frugal - anti obsolescence programmée ?
dimanche 14 juin 2020
Développement supportable plutôt que durable ?
Ce que l'on appelle "développement durable" conduirait à des mesures insupportables. Par exemple, un hôtel peut devoir remplacer 50 téléviseurs, un ballon d'eau chaude... il faut faire tout immédiatement, sans moyens et trésorerie, me disait un hôtelier.
Les Canadiens ont inventé la notion, très canadienne, de "développement supportable", qui tempère l'idéologie par le pragmatisme.
Les Canadiens ont inventé la notion, très canadienne, de "développement supportable", qui tempère l'idéologie par le pragmatisme.
Le monde d'après : le retour en force du gain de productivité ?
La phase de délocalisation qui se clôt a tranché sur les périodes précédentes en ce que l'entreprise occidentale a renoncé au gain de productivité pour compenser des différences de salaires. (Cf. travaux de Paul Bairoch.)
Pour pouvoir re localiser, il va falloir, de nouveau, compenser les différences salariales par le gain de productivité. Cela ne signifie pas moins de travail, mais un travail réparti différemment. C'est une économie de machines et d'innovation, peu d'exécution. Cela demande des personnels qualifiés (formation permanente), et des ingénieurs. C'est un cercle vertueux : bons emplois, bonnes conditions de travail, bons salaires...
Pour pouvoir re localiser, il va falloir, de nouveau, compenser les différences salariales par le gain de productivité. Cela ne signifie pas moins de travail, mais un travail réparti différemment. C'est une économie de machines et d'innovation, peu d'exécution. Cela demande des personnels qualifiés (formation permanente), et des ingénieurs. C'est un cercle vertueux : bons emplois, bonnes conditions de travail, bons salaires...
samedi 13 juin 2020
L'Etat d'après : il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas ?
Elie Cohen s'interroge sur l'Etat d'après :
Pour le gouvernement, passé le moment de l’autocritique, trois chantiers ont été ouverts qu’il faudra suivre : celui de la réforme du système de santé qui éclipse celle des retraites ou comment tirer le meilleurs parti des budgets mobilisés (comparables à l’Allemagne mais bien moins efficaces) ; celui de la réforme de l’État dans le sens de la déconcentration, de la décentralisation et de la simplification administrative (qu’est devenu le nouveau girondisme un moment envisagé par le président de la République ?) ; et enfin celle de la stratégie industrielle articulée entre niveau européen et niveau national (sans renouer avec les mânes de Colbert, quels sont les segments des chaînes de valeur ajoutée à préserver sur le territoire européen et à défaut français ?).C'est la mise en cause du principe même des réformes des dernières décennies. il
Open innovation : notre avenir ?
Open innovation. Mot apparu au début des années 2000. Définition : contraire de "closed innovation" ! Closed innovation : innovation qui vient de l'intérieur de l'entreprise. Closed innovation a été la norme. C'est ainsi que des monstres comme IBM, Boeing ou GM ont imposé leurs monopoles.
Maintenant, les multinationales achètent des start up. Il y a aussi Android et Google (Android est donné, pour imposer un standard Google) et les écosystèmes de développeurs autour de "plates-formes" logicielles.
Mais ce n'est pas tout. Les abeilles pollinisent les plantes. Pourquoi ces plantes ont-elles un intermédiaire ? Cette "complexité" est le propre des écosystèmes naturels. Elle est créative. Il en est de même avec les entreprises : rassembler des entreprises ayant des compétences différentes fait émerger des possibilités nouvelles.
Contrairement aux modèles "d'open innovation" dominés par un acteur central, c'est une "open innovation démocratique". Elle permet de créer immédiatement quelque-chose de neuf. C'est un moyen de sauver des entreprises en difficultés.
Maintenant, les multinationales achètent des start up. Il y a aussi Android et Google (Android est donné, pour imposer un standard Google) et les écosystèmes de développeurs autour de "plates-formes" logicielles.
Mais ce n'est pas tout. Les abeilles pollinisent les plantes. Pourquoi ces plantes ont-elles un intermédiaire ? Cette "complexité" est le propre des écosystèmes naturels. Elle est créative. Il en est de même avec les entreprises : rassembler des entreprises ayant des compétences différentes fait émerger des possibilités nouvelles.
Contrairement aux modèles "d'open innovation" dominés par un acteur central, c'est une "open innovation démocratique". Elle permet de créer immédiatement quelque-chose de neuf. C'est un moyen de sauver des entreprises en difficultés.
vendredi 12 juin 2020
Gouverner, c'est apprendre ?
Les dysfonctionnements de notre système de santé (ARS, gestion comptable des hôpitaux...) viendraient de réformes de 2009.
Ces réformes suivent une mode européenne. Son origine est l'Angleterre de Mme Thatcher. Son but : une économie performante assurée par un marché libéré. Mais, pour libérer, il faut un libérateur : un Etat fort qui disloque ce qui empêche le changement. Etat tellement fort, qu'il finit par absorber toutes les ressources de la nation !
Il s'est passé ce qui est arrivé en Angleterre : Etat atrophié, règne des agences, et accumulation de dysfonctionnements. Plus aucune efficacité. Jamais notre Etat ne nous a coûté aussi cher pour aussi peu, et, face au coronavirus, il a été impuissant, avec chute de PIB sans précédent ! On a voulu nous rendre performants, belle réussite !
Un homme politique me disait qu'un gouvernement démantelait systématiquement ce qu'avait fait son prédécesseur. Impossible de s'améliorer si l'on n'apprend pas du passé ?
Ces réformes suivent une mode européenne. Son origine est l'Angleterre de Mme Thatcher. Son but : une économie performante assurée par un marché libéré. Mais, pour libérer, il faut un libérateur : un Etat fort qui disloque ce qui empêche le changement. Etat tellement fort, qu'il finit par absorber toutes les ressources de la nation !
Il s'est passé ce qui est arrivé en Angleterre : Etat atrophié, règne des agences, et accumulation de dysfonctionnements. Plus aucune efficacité. Jamais notre Etat ne nous a coûté aussi cher pour aussi peu, et, face au coronavirus, il a été impuissant, avec chute de PIB sans précédent ! On a voulu nous rendre performants, belle réussite !
Un homme politique me disait qu'un gouvernement démantelait systématiquement ce qu'avait fait son prédécesseur. Impossible de s'améliorer si l'on n'apprend pas du passé ?
L'énigme de l'empathie humaine
Les "violences policières" aux USA ont provoqué des manifestations un peu partout.
L'UNICEF écrit : "Il y a aujourd'hui 250 millions d'enfants dans le monde qui vivent dans des zones de conflit. Alors que les combats se poursuivent, la pandémie du Covid-19 aggrave les tragédies qui se jouent. Les enfants du Yémen sont ceux qui en paient le plus lourd tribut."
Des mystères de l'émotion collective.
L'UNICEF écrit : "Il y a aujourd'hui 250 millions d'enfants dans le monde qui vivent dans des zones de conflit. Alors que les combats se poursuivent, la pandémie du Covid-19 aggrave les tragédies qui se jouent. Les enfants du Yémen sont ceux qui en paient le plus lourd tribut."
Des mystères de l'émotion collective.
jeudi 11 juin 2020
Ce que la pandémie nous apprend de notre cerveau et de notre société
Au début de l'épidémie de coronavirus, il y a eu un doute : est-ce une épidémie ? Des tableaux sont sortis qui montraient que le taux de mortalité était faible si on le comparait à d'autres causes de mortalité, qui n'inquiètent personne. Pourquoi le coronavirus n'entrerait-il pas dans la catégorie des fatalités ?
Même après coup, on se pose la question. On a été obligé de parler de "surmortalité" pour évaluer l'impact du coronavirus. Et encore, on peut se demander si c'est un bon indicateur, car, existe-t-il une mortalité "normale" ? Et la surmortalité peut tenir en partie aux mesures prises pour combattre l'épidémie...
D'ailleurs, devait-on arrêter l'économie ? Les économistes, nobélisés parfois, nous ont dit que le confinement allait provoquer une crise pire que celle de 29. Or, 29, c'est Hitler, guerres mondiales et génocides, avec fin nucléaire...
Les Chinois, que l'on a beaucoup critiqués, ont été, au fond, l'exemple même de cette hésitation. Ils ont commencé par dire que ce n'était pas une épidémie, puis que c'en était une. Puis le consensus s'est établi. Les Trump, Johnson ou Bolsonaro, qui ont tenté de résister, ont été balayés.
Cela illustre bien des théories scientifiques. Le principe de la société d'après guerre est le gouvernement par le diplôme. Le diplômé prétend diriger par la "raison". Mais la raison ne permet pas de décider, répondent les spécialistes du cerveau. De ce fait, c'est l'inconscient collectif qui entre en fonctionnement. Et une de ses règles est la "validation sociale" : je fais ce que les autres font. La réponse de l'humanité à l'épidémie a suivi le mécanisme qui décide des modes vestimentaires.
(Paradoxalement, la raison n'est que "sophismes" au sens négatif du terme : par exemple nous savons que ce n'est pas la chute de PIB qui a fait 29, mais les conditions sociales de l'époque. L'argument "baisse de PIB" utilisé par les économistes ne signifie donc pas ce qu'ils laissent entendre.)
Même après coup, on se pose la question. On a été obligé de parler de "surmortalité" pour évaluer l'impact du coronavirus. Et encore, on peut se demander si c'est un bon indicateur, car, existe-t-il une mortalité "normale" ? Et la surmortalité peut tenir en partie aux mesures prises pour combattre l'épidémie...
D'ailleurs, devait-on arrêter l'économie ? Les économistes, nobélisés parfois, nous ont dit que le confinement allait provoquer une crise pire que celle de 29. Or, 29, c'est Hitler, guerres mondiales et génocides, avec fin nucléaire...
Les Chinois, que l'on a beaucoup critiqués, ont été, au fond, l'exemple même de cette hésitation. Ils ont commencé par dire que ce n'était pas une épidémie, puis que c'en était une. Puis le consensus s'est établi. Les Trump, Johnson ou Bolsonaro, qui ont tenté de résister, ont été balayés.
Cela illustre bien des théories scientifiques. Le principe de la société d'après guerre est le gouvernement par le diplôme. Le diplômé prétend diriger par la "raison". Mais la raison ne permet pas de décider, répondent les spécialistes du cerveau. De ce fait, c'est l'inconscient collectif qui entre en fonctionnement. Et une de ses règles est la "validation sociale" : je fais ce que les autres font. La réponse de l'humanité à l'épidémie a suivi le mécanisme qui décide des modes vestimentaires.
(Paradoxalement, la raison n'est que "sophismes" au sens négatif du terme : par exemple nous savons que ce n'est pas la chute de PIB qui a fait 29, mais les conditions sociales de l'époque. L'argument "baisse de PIB" utilisé par les économistes ne signifie donc pas ce qu'ils laissent entendre.)
L'intelligence artificielle supprime un emploi
Les navires modernes sont pleins de capteurs. Ils envoient des milliers de données, toutes les quelques minutes, aux satellites qui les expédient à l'armateur.
Un manager demande à un subordonné, un ancien officier mécanicien qui, depuis deux décennies, est l'homme qui intervient partout dans le monde pour régler les imbroglios dans laquelle son métier fourre sa société, d'utiliser ces masses de "data" pour améliorer la "performance" de la flotte. L'innocent répond "le roi est nu". Selon les conditions météo, la vitesse d'un bateau peut aller de 13 à 3 noeuds. Et l'informatique embarquée a sérieusement augmenté le risque de panne du navire (notamment du fait de virus informatiques, qui arrivent avec les cartes électroniques mises à jour sans arrêt). Sans égard pour ses états de service, il est débarqué.
Quelques temps après, le manager est parti, et l'entreprise a constaté qu'elle ne pouvait pas faire mieux que ce que lui avait dit le marin. Pourquoi ne revient-il pas ? Parce qu'il a découvert qu'il avait des talents qui valent cher, pour beaucoup de secteurs économiques (en dehors des emplois évidents, un chef mécanicien est la personne idéale pour faire fonctionner bien des usines)...
(Autre intérêt de cet exemple : voir le discours du consultant tel qu'il est perçu par les membres de l'entreprise : ils essaient de comprendre ses "mots" par leur sens courant alors qu'ils appartiennent à une langue étrangère, celle du conseil en management.)
Un manager demande à un subordonné, un ancien officier mécanicien qui, depuis deux décennies, est l'homme qui intervient partout dans le monde pour régler les imbroglios dans laquelle son métier fourre sa société, d'utiliser ces masses de "data" pour améliorer la "performance" de la flotte. L'innocent répond "le roi est nu". Selon les conditions météo, la vitesse d'un bateau peut aller de 13 à 3 noeuds. Et l'informatique embarquée a sérieusement augmenté le risque de panne du navire (notamment du fait de virus informatiques, qui arrivent avec les cartes électroniques mises à jour sans arrêt). Sans égard pour ses états de service, il est débarqué.
Quelques temps après, le manager est parti, et l'entreprise a constaté qu'elle ne pouvait pas faire mieux que ce que lui avait dit le marin. Pourquoi ne revient-il pas ? Parce qu'il a découvert qu'il avait des talents qui valent cher, pour beaucoup de secteurs économiques (en dehors des emplois évidents, un chef mécanicien est la personne idéale pour faire fonctionner bien des usines)...
(Autre intérêt de cet exemple : voir le discours du consultant tel qu'il est perçu par les membres de l'entreprise : ils essaient de comprendre ses "mots" par leur sens courant alors qu'ils appartiennent à une langue étrangère, celle du conseil en management.)
mercredi 10 juin 2020
Serions-nous immunisés contre le coronavirus ?
Le professeur Raoult (un précédent billet) observe que, depuis longtemps, les enfants seraient sujets au coronavirus, qui produit, chaque année, des épidémies de troubles gastro-intestinaux.
Cela pourrait signifier qu'une partie de la population, ces anciens jeunes, serait immunisée.
Il se trouve qu'un médecin m'avait dit quelque-chose de semblable : il avait lu dans des ouvrages médicaux que le coronavirus, dans les années 2000, était recensé, effectivement, comme cause relativement bénigne de maux intestinaux chez les enfants. Et il se demandait comment le virus avait pu, aussi rapidement, subir des mutations qui l'ont fait attaquer le système respiratoire.
Voilà qui est intéressant. Enfin de la recherche qui ressemble à de la recherche ? Je me demande si la médecine cherche correctement, et si elle n'est pas biaisée par ce qui est supposé rapporter beaucoup... Et si l'on retrouvait l'esprit de la recherche ? L'instinct du limier ?
Cela pourrait signifier qu'une partie de la population, ces anciens jeunes, serait immunisée.
Il se trouve qu'un médecin m'avait dit quelque-chose de semblable : il avait lu dans des ouvrages médicaux que le coronavirus, dans les années 2000, était recensé, effectivement, comme cause relativement bénigne de maux intestinaux chez les enfants. Et il se demandait comment le virus avait pu, aussi rapidement, subir des mutations qui l'ont fait attaquer le système respiratoire.
Voilà qui est intéressant. Enfin de la recherche qui ressemble à de la recherche ? Je me demande si la médecine cherche correctement, et si elle n'est pas biaisée par ce qui est supposé rapporter beaucoup... Et si l'on retrouvait l'esprit de la recherche ? L'instinct du limier ?
Le mal de la France : le champion national au pied d'argile ?
La crise révèle une faiblesse, grave, de la France : sa dépendance à un tout petit nombre de très grandes sociétés, comme Airbus, dit le Financial Times.
Conséquence : non seulement cela risque de mal se passer pour elles, mais, surtout, pour des sous-traitants totalement dépendants.
S'il y a un changement à réussir, c'est parvenir à redéployer toutes ses entreprises, et leurs personnels, sans que leurs compétences ne soient acquises, pour rien, par l'étranger.
Conséquence : non seulement cela risque de mal se passer pour elles, mais, surtout, pour des sous-traitants totalement dépendants.
S'il y a un changement à réussir, c'est parvenir à redéployer toutes ses entreprises, et leurs personnels, sans que leurs compétences ne soient acquises, pour rien, par l'étranger.
Sommes-nous dirigés par des seconds couteaux ?
Le professeur Raoult dit qu'il suscite la haine des seconds couteaux. Ils dirigent la médecine et les journaux. Et, en dehors de lui, ils ont fait fuir les premiers couteaux français.
Cela prouve que l'on a vécu une grande période de calme : l'occasion de tester nos compétences ne s'est pas présentée !
Curieusement, cela rejoint une étude citée par The Economist puis par ce blog, il y a fort longtemps. Il y était dit que ce n'était pas la compétence qui menait au sommet d'une entreprise, mais, en substance, les techniques du courtisan. Le phénomène ne serait pas propre à la France.Écoutez bien les arguments de Didier Raoult. Son discours est bien plus intelligent qu'on ne veut le faire croire.https://t.co/Gxziq0geAp— Herve Kabla (@HerveKabla) June 9, 2020
Cela prouve que l'on a vécu une grande période de calme : l'occasion de tester nos compétences ne s'est pas présentée !
mardi 9 juin 2020
Le monde d'après sera-t-il nécessairement plus vert ?
Si l'on en croit ce qu'on lit, il y a envie de changer de monde. L'écologie a-t-elle vaincu ?
Des forces contradictoires sont en présence :
(Bien sûr, on peut imaginer faire basculer la logique régissant la société, mais c'est ce qu'un très grand nombre de gens ont tenté de faire, depuis longtemps, sans résultat, ou, plutôt, avec des résultats désastreux.)
Des forces contradictoires sont en présence :
- Le ralentissement économique va toucher en premier les jeunes, qui sont les troupes de choc de l'écologie. Cela pourrait en faire des Gilets jaunes. Plutôt diesel que SDF.
- Un "green deal" mondial serait une "destruction créatrice" : en forçant à réinventer l'économie il créerait des "opportunités de business", comme le font les guerres. Voilà ce qu'aime le monde des affaires. Paradoxalement, ce pourrait être une nouvelle révolution industrielle.
(Bien sûr, on peut imaginer faire basculer la logique régissant la société, mais c'est ce qu'un très grand nombre de gens ont tenté de faire, depuis longtemps, sans résultat, ou, plutôt, avec des résultats désastreux.)
Environmentalists on back foot as Germany’s newest coal plant opens
Coronavirus and possible recession heap challenges on fight against fossil fuel lobby (Financial Times)
L'hypocrisie, vertu du dirigeant ?
Les mutinationales combattent le racisme aux USA et soutiennent le PC chinois à Hong Kong, dit le Financial Times.
Un dirigeant doit-il être hypocrite ?
Un dirigeant doit-il être hypocrite ?
The twisted logic of backing both George Floyd and Xi Jinping
Double standards abound but bosses have recognised they must look like they care
La légumineuse, solution à l'alimentation durable ?
Le Sénat changerait-il ? Voilà qu'il fait des propositions. Comment aller vers une "alimentation durable".
Et une surprise : une approche systémique du changement : remplacer la viande par les légumineuses pourrait être une transformation décisive !
Et une surprise : une approche systémique du changement : remplacer la viande par les légumineuses pourrait être une transformation décisive !
La proposition la plus originale du rapport consiste en la promotion d’une filière légumineuse (pois chiches, fèves, lentilles, haricots et autres) – car, comme le disent les rapporteurs, une transition alimentaire durable implique de réduire la consommation de viande, et les légumineuses sont une excellente source alternative de protéines. « Réduire la consommation de viande animale de 20 à 30 % n’aurait pas d’effet sur notre équilibre alimentaire, mais permettrait de revenir à un élevage plus extensif pour remobiliser des espaces (de pâturages, ndlr) abandonnés, et de libérer en même temps du foncier pour, par exemple, la culture des légumineuses », affirme Jean-Luc Fichet.
Les sénateurs proposent d’augmenter leur consommation de 4 à 11 kilos par Français et par an, ce qui implique une surface cultivée de 520 000 hectares, contre 115 000 aujourd’hui. Et également « d’abandonner la monoculture, de remettre des rotations longues » - les légumineuses sont connues pour capter l’azote dans l’air et le fixer dans le sol, ce qui permet de préparer celui-ci pour des cultures plus gourmandes en nutriments, comme les légumes.
lundi 8 juin 2020
Petit traité de manipulation : complotisme
Un ami, qui a longtemps était l'époux d'une Américaine, disait, fort las, que l'on avait adopté les moeurs des USA.
Apparemment, aux USA, on ne peut qu'être d'un côté ou d'un autre. Parce qu'il doutait de quelques affirmations de sa belle famille (par ailleurs universitaire), elle l'accusait d'être, quasiment, une force du mal. Quand vous n'êtes pas d'accord avec un Américain d'un certain milieu, vous êtes un complotiste.
Exemple du laboratoire de Wuhan. On entendait que le coronavirus aurait échappé accidentellement à ce laboratoire. La presse française a fini par enquêter, mais, après avoir nié la possibilité de cette fuite, non en parlant d'accident, mais en n'évoquant que des rumeurs concernant le lâché volontaire de virus créés pour tuer.
(Reste la question : que voulait défendre la presse ? Toutes les "autorités" sont infaillibles ?...)
Apparemment, aux USA, on ne peut qu'être d'un côté ou d'un autre. Parce qu'il doutait de quelques affirmations de sa belle famille (par ailleurs universitaire), elle l'accusait d'être, quasiment, une force du mal. Quand vous n'êtes pas d'accord avec un Américain d'un certain milieu, vous êtes un complotiste.
Exemple du laboratoire de Wuhan. On entendait que le coronavirus aurait échappé accidentellement à ce laboratoire. La presse française a fini par enquêter, mais, après avoir nié la possibilité de cette fuite, non en parlant d'accident, mais en n'évoquant que des rumeurs concernant le lâché volontaire de virus créés pour tuer.
(Reste la question : que voulait défendre la presse ? Toutes les "autorités" sont infaillibles ?...)
Enfance et adolescence de Tolstoï
L'enfance et l'adolescence d'un noble russe, qui n'est pas vraiment Tolstoï. Un roman de jeunesse.
C'est dramatiquement nul. Moi qui avait été enchanté par Les cosaques, je suis tombé de haut. Le personnage est totalement inintéressant. Il ne lui arrive rien. Au mieux, c'est un songe-creux. On ne voit rien de la société qui l'entoure. A quelques précepteurs près ce pourrait être n'importe quelle famille de la classe moyenne. Pas de dépaysement non plus : aucun paysage.
Il est possible que Tolstoï ait été trahi par le traducteur : cela ressemble à une dissertation de bon élève. Mais, il est aussi possible que le traducteur ait été fidèle à l'original...
On ne naît pas Tolstoï, on le devient ?
C'est dramatiquement nul. Moi qui avait été enchanté par Les cosaques, je suis tombé de haut. Le personnage est totalement inintéressant. Il ne lui arrive rien. Au mieux, c'est un songe-creux. On ne voit rien de la société qui l'entoure. A quelques précepteurs près ce pourrait être n'importe quelle famille de la classe moyenne. Pas de dépaysement non plus : aucun paysage.
Il est possible que Tolstoï ait été trahi par le traducteur : cela ressemble à une dissertation de bon élève. Mais, il est aussi possible que le traducteur ait été fidèle à l'original...
On ne naît pas Tolstoï, on le devient ?
Faut-il priver le scientifique de télé ?
Réponse d'un ami universitaire à mon billet sur "la problématique du "manque de sérieux des scientifiques", en l’occurrence ici, des grands médecins."
Une question importante m’est apparue lancinante et claire dans mon esprit : comment les soi-disants professeurs ou top experts avaient-ils obtenus leurs titres et leurs diplômes, tant le flou artistique dans lequel ils nous ont entrainés a duré longtemps, et tant ils nous ont montré le contenu très partiel, voire parcellaire de leurs connaissances ? Leur présence quasi quotidienne à la Télé sur les chaînes généralistes d’information et aux micros de radios d’opinion, nous montraient qu’ils ne savaient pas grand chose sur le Covid et qu’ils étaient dans l’expectative la plus totale.
On aurait aimé, pour certains d’entre eux, qu’ils consacrent un peu plus de temps à leurs malades et à la révision de leurs cours de virologie et d’épidémiologie plutôt que de les voir pérorer à la Télé, essentiellement d’ailleurs pour critiquer le traitement du Professeur Raoult (lequel Professeur Raoult a fait un peu fort au niveau de la com et a entrainé les réactions), plutôt que de suggérer des voies différentes, de nouveaux traitements, des constatations explicatives autour de la situation… qui auraient pu donner des résultats intéressants, voire rassurer un tantinet le "vulgum pecus".
Aidés en cela par une presse et des journalistes toujours à la recherche de scoops plutôt que de la vérité, ils ont sans doute été au delà de leur prérogatives et leurs compétences, mais ça c’est humain…
dimanche 7 juin 2020
Vive l'Internet frugal !
Nous avons découvert notre dépendance à Internet. Sans lui, pas de confinement. Malheureusement Internet n'est pas développement durable. Il consomme une quantité colossale d'énergie, et produit toujours plus de déchets non biodégradables.
En fait, la logique même du numérique est l'inverse de celle du développement durable : c'est l'obsolescence programmée. On rend nos machines inutilisables pour que nous soyons obligés d'en changer ! Mon premier Mac avait 1 mégaoctet de mémoire, soit quasiment 100.000 fois moins qu'un ordinateur moderne, et il marchait fort bien. Et si l'on avait besoin de, qui sait ?, 1000 fois moins de ressources informatiques que ce que nous utilisons aujourd'hui ? Qui veut relever le défi ?
Mais alors, comment gagner de l'argent ? L'informatique, aujourd'hui, n'est associée à aucun gain de productivité. Il suffirait que ce soit le contraire pour qu'elle n'ait plus besoin de nous forcer à acheter du non durable. Mieux : le numérique est lié à la connaissance, et si l'on passait du PIB, au CIB ? (A défaut de BIB, avec B comme bonheur.)
En fait, la logique même du numérique est l'inverse de celle du développement durable : c'est l'obsolescence programmée. On rend nos machines inutilisables pour que nous soyons obligés d'en changer ! Mon premier Mac avait 1 mégaoctet de mémoire, soit quasiment 100.000 fois moins qu'un ordinateur moderne, et il marchait fort bien. Et si l'on avait besoin de, qui sait ?, 1000 fois moins de ressources informatiques que ce que nous utilisons aujourd'hui ? Qui veut relever le défi ?
Mais alors, comment gagner de l'argent ? L'informatique, aujourd'hui, n'est associée à aucun gain de productivité. Il suffirait que ce soit le contraire pour qu'elle n'ait plus besoin de nous forcer à acheter du non durable. Mieux : le numérique est lié à la connaissance, et si l'on passait du PIB, au CIB ? (A défaut de BIB, avec B comme bonheur.)
Sans haine pas de liberté ?
Le Français hait le Français, disait un précédent billet. Culture imbécile ?
Et s'il y avait un coupable ? Montesquieu ? Son idéal est que la société ne puisse pas asservir l'homme. Comment faire ? Que tous pouvoirs s'annihilent ! Les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires doivent s'opposer les uns aux autres. La dysfonction est le prix de la liberté !
Comment avancer, alors ? Seule solution : le consensus.
Comme je le dis du groupe que j'anime depuis plus d'une décennie : "des libertaires fédérés par des projets communs" ?
Et s'il y avait un coupable ? Montesquieu ? Son idéal est que la société ne puisse pas asservir l'homme. Comment faire ? Que tous pouvoirs s'annihilent ! Les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires doivent s'opposer les uns aux autres. La dysfonction est le prix de la liberté !
Comment avancer, alors ? Seule solution : le consensus.
Comme je le dis du groupe que j'anime depuis plus d'une décennie : "des libertaires fédérés par des projets communs" ?
samedi 6 juin 2020
L'honneur perdu du scientifique
Etrange histoire que cet article du Lancet sur la chloroquine. Un statisticien écrivant pour le blog de Mediapart s'est penché sur les données de l'article, avant même qu'on ne se mette à les critiquer. Il explique que l'on ne peut rien en tirer, car on ne peut pas savoir réellement les conditions dans lesquelles on a appliqué le médicament, et à quoi l'on compare l'échantillon qui l'a reçu. Apparemment, donc, il n'y avait pas besoin d'être un grand expert pour émettre des doutes sur la solidité de l'étude.
Que se passe-t-il ? Le professeur Raoult semble avoir le don de rendre fous ses collègues. Qu'est-ce qui se joue ? Pourquoi autant d'irrationalité ? Pourquoi des universitaires importants prennent-ils le risque de compromettre leur crédibilité aussi facilement ?
C'est d'autant plus surprenant que le gouvernement semble avoir un respect religieux pour les experts, justement au moment où ils ne se comportent plus comme des experts.
Peut-on encore croire celui qui s'affiche comme un scientifique ? Il faut impérativement remettre la maison des scientifiques en ordre.
Que se passe-t-il ? Le professeur Raoult semble avoir le don de rendre fous ses collègues. Qu'est-ce qui se joue ? Pourquoi autant d'irrationalité ? Pourquoi des universitaires importants prennent-ils le risque de compromettre leur crédibilité aussi facilement ?
C'est d'autant plus surprenant que le gouvernement semble avoir un respect religieux pour les experts, justement au moment où ils ne se comportent plus comme des experts.
Peut-on encore croire celui qui s'affiche comme un scientifique ? Il faut impérativement remettre la maison des scientifiques en ordre.
Le Gilet jaune est-il stupide ?
Pourquoi le gilet jaune se plaint-il ? Toutes les études montrent que son pouvoir d'achat a augmenté. Voilà ce que disaient deux économistes. La thèse n'est pas nouvelle.
Le Gilet jaune se plaindrait-il le ventre plein ?
Tout dépend ce que l'on met dans "pouvoir d'achat". Imaginons que je veuille donner à mes enfants ce que mes parents m'ont donné, le puis-je ? Là, tout change. Car il y a deux choses importantes : l'éducation, et le logement. Aujourd'hui, les formations d'élite se sont concentrées en quelques endroits, hors d'atteinte de la majorité de la population, quelle que soit son QI, et le prix de l'immobilier (en particulier à proximité des dits endroits) a explosé. Il ne faut pas parler de pouvoir d'achat, mais d'inégalités. C'est à dire d'injustice. Et, pour l'injustice, on fait la révolution, messieurs les économistes.
Le Gilet jaune se plaindrait-il le ventre plein ?
Tout dépend ce que l'on met dans "pouvoir d'achat". Imaginons que je veuille donner à mes enfants ce que mes parents m'ont donné, le puis-je ? Là, tout change. Car il y a deux choses importantes : l'éducation, et le logement. Aujourd'hui, les formations d'élite se sont concentrées en quelques endroits, hors d'atteinte de la majorité de la population, quelle que soit son QI, et le prix de l'immobilier (en particulier à proximité des dits endroits) a explosé. Il ne faut pas parler de pouvoir d'achat, mais d'inégalités. C'est à dire d'injustice. Et, pour l'injustice, on fait la révolution, messieurs les économistes.
vendredi 5 juin 2020
Pendant ce temps, en Iran
Que se passe-t-il en Iran ? L'Iran a ignoré le virus, et si le virus se vengeait en faisant tomber le régime ? (Article de Telos : Coronavirus: le Tchernobyl de la République islamique?)
En fait, ce que subit l'Iran c'est bien plus les conséquences de la politique de M.Trump que les ravages du virus. Le virus pourrait-il faire déborder le vase ?
Comme le montre le cas du Vénézuela ou de la Corée du nord, et probablement d'autres pays que l'on ignore, le vase a beaucoup de mal à déborder de lui-même. Si l'URSS s'est disloquée c'est peut-être bien parce qu'elle a crû au chant des sirènes. Depuis, celles-ci ont perdu beaucoup de leur séduction.
En fait, ce que subit l'Iran c'est bien plus les conséquences de la politique de M.Trump que les ravages du virus. Le virus pourrait-il faire déborder le vase ?
Comme le montre le cas du Vénézuela ou de la Corée du nord, et probablement d'autres pays que l'on ignore, le vase a beaucoup de mal à déborder de lui-même. Si l'URSS s'est disloquée c'est peut-être bien parce qu'elle a crû au chant des sirènes. Depuis, celles-ci ont perdu beaucoup de leur séduction.
Le Monde made in USA ?
Il n'est question que de George Floyd, à la fois pour Le Monde ou France Culture.
Pourquoi, d'ailleurs, parlent-ils tant de M.Trump ? N'y a-t-il rien d'autre dans le monde ? Le journaliste est-il paresseux, ou est-il un démocrate américain égaré ? (Ou les deux à la fois ?)
(Au moins, il y a quelque-chose de bon dans cette affaire : le coronavirus ne fait plus la une.)
Pourquoi, d'ailleurs, parlent-ils tant de M.Trump ? N'y a-t-il rien d'autre dans le monde ? Le journaliste est-il paresseux, ou est-il un démocrate américain égaré ? (Ou les deux à la fois ?)
(Au moins, il y a quelque-chose de bon dans cette affaire : le coronavirus ne fait plus la une.)
Les ARS : l'épuration commence ?
Avant la crise du coronavirus, je n'avais jamais entendu parler des ARS (Agences Régionales de Santé). C'est en causant avec un médecin que j'ai entendu ce nom. Il m'a dit que, depuis des années, le système de santé français était paralysé par une "armée mexicaine" d'agences.
Puis "ARS" est revenu sans cesse, à chaque fois que l'on découvrait un nouveau dysfonctionnement du dit système de santé. Jusqu'à un hôtelier, qui m'a expliqué qu'il avait hébergé des membres d'une ARS. Et qu'ils étaient tellement arrogants, qu'il s'arrangeait pour ne jamais les rencontrer.
Leur tête est maintenant sur la sellette. Mais ce qu'explique un article, c'est, qu'au fond, les ARS n'ont fait que leur travail.
Puis "ARS" est revenu sans cesse, à chaque fois que l'on découvrait un nouveau dysfonctionnement du dit système de santé. Jusqu'à un hôtelier, qui m'a expliqué qu'il avait hébergé des membres d'une ARS. Et qu'ils étaient tellement arrogants, qu'il s'arrangeait pour ne jamais les rencontrer.
Leur tête est maintenant sur la sellette. Mais ce qu'explique un article, c'est, qu'au fond, les ARS n'ont fait que leur travail.
pour le sociologue, la déconnexion des territoires est une réalité et serait même à l’origine de la création des ARS dans la loi Hôpital Patients Santé Territoires (HPST) de 2009 : « Les élus locaux sont vus comme des freins aux restructurations hospitalières. L’idée de la loi HPST était d’éloigner le régulateur régional de la pression des élus locaux. Il s’agissait de ne pas reproduire les DDASS [direction départementale des affaires sanitaires et sociales] et de recentraliser tout ce qui pouvait l’être. »
jeudi 4 juin 2020
Coûts imprévus des pays à bas coûts : HSBC soutient le PC chinois
Marx disait que les capitalistes vendraient la corde pour les pendre, n'est-ce pas ce qui arrive à HSBC ? Hier le Financial Times annonçait qu'HSBC, banque anglaise dont le siège est à Hong Kong, approuvait le coup de force de la Chine sur l'ile.
Exemple d'une entreprise qui a fuit le vieil Occident rétrograde, pour trouver des cieux plus cléments à son ultra libéralisme à gros bonus, et qui se retrouve piégée par une dictature communiste et nationaliste, parce qu'elle est trop paresseuse pour envisager un changement de siège et de stratégie ? Banalité du mal dirait Hannah Arendt ?
Exemple d'une entreprise qui a fuit le vieil Occident rétrograde, pour trouver des cieux plus cléments à son ultra libéralisme à gros bonus, et qui se retrouve piégée par une dictature communiste et nationaliste, parce qu'elle est trop paresseuse pour envisager un changement de siège et de stratégie ? Banalité du mal dirait Hannah Arendt ?
La liberté d'expression comme droit constitutionnel
Twitter parle de censurer les propos de M.Trump. Avec l'approbation de beaucoup d'intellectuels.
Politico rappelait mardi dernier, qu'aux USA, la liberté d'expression est un droit constitutionnel qui va jusqu'à permettre le négationisme. C'est une des valeurs fondatrices du pays.
M.Trump aurait-il attiré les intellectuels dans un piège ?
Politico rappelait mardi dernier, qu'aux USA, la liberté d'expression est un droit constitutionnel qui va jusqu'à permettre le négationisme. C'est une des valeurs fondatrices du pays.
M.Trump aurait-il attiré les intellectuels dans un piège ?
mercredi 3 juin 2020
L'esprit du confinement : nouveau mot d'ordre ?
"S'adapter ou se diversifier" est le nom du changement pour le restaurateur anglais, selon le Financial Times. A quoi ressemblera le restaurant de demain ? Les restaurateurs répondent : "Esprit du confinement".
Fini l'anonymat ? Lien social (avec client et fournisseur) - logique de "communauté", souci de ne pas gaspiller, découverte (!) de la nourriture saine, circuits courts / production locale (redécouverte). Le restaurant est, d'abord, une cuisine, qui acquiert un réseau de distribution tous azimuts (ce qui l'amène sur le marché des traiteurs). Le restaurant est aussi une boutique. Nouveaux usages : déjeuners raccourcis, service continu. On parle aussi de réduire les loyers.
A cela, il faut peut-être ajouter deux questions, implicites :
Fini l'anonymat ? Lien social (avec client et fournisseur) - logique de "communauté", souci de ne pas gaspiller, découverte (!) de la nourriture saine, circuits courts / production locale (redécouverte). Le restaurant est, d'abord, une cuisine, qui acquiert un réseau de distribution tous azimuts (ce qui l'amène sur le marché des traiteurs). Le restaurant est aussi une boutique. Nouveaux usages : déjeuners raccourcis, service continu. On parle aussi de réduire les loyers.
A cela, il faut peut-être ajouter deux questions, implicites :
- Le numérique. La réservation, la vente en ligne... devraient devenir la règle. Cela fait partie intégrante du réseau de distribution.
- Le talent. Ce que font les restaurateurs interviewés par le FT est unique. Leur succès vient du bouche à oreille. Sans cela, aucun espoir "d'exporter". Le restaurateur quelconque pourrait disparaître.
The One Best Way : la vie de Frederick Taylor
Il est surprenant à quel point les idées de Frederick Taylor ont eu d'influence.
Taylor est l’inventeur du « managent scientifique » et la première personne à porter le titre de « consultant en management », semble-t-il. Le contrôle de gestion, les processus, le « benchmarking », le « knowledge management », les « best practices », etc. c’est lui !
C’est aussi lui qui a remplacé les managers intermédiaires « cols bleus » par des hordes de « cols blancs » devant mesurer, consigner les meilleurs pratiques, les faire appliquer. Ce sont aujourd’hui les consultants, les qualiticiens, les contrôleurs de gestion… (Dans Organizations, March et Simon écrivent la science du management est construite sur l’hypothèse que l’organisation humaine est une machine !)
Comment est-ce que des idées incorrectes (mais non dénuées de bons sentiments) ont pu exercer une telle emprise sur notre société ? Et ce d’autant plus que les applications que Taylor en a faites ont été peu concluantes (sauf lorsqu’il les appliquait aux machines-outils) et qu’il a été congédié, brutalement, par ses clients ?
Il est frappant de voir à quel point Taylor était le fruit des a priori culturels américains. Le pouvoir de séduction qu’il exerce provient peut être d’une résonance culturelle. Résonance présente aussi en France, un des pionniers de l’application du Taylorisme, et qui en demeure l’un des champions.
Une biographie remarquable d’un homme dont les idées n’arrêtent pas de marquer nos vies.
(A lire aussi : la critique faite par le professeur J.P. Schmitt. Il explique que les idées de Taylor conduisent à l'opposé de ses intentions : l'hypothèse de l'organisation machine et la notion de performance sont incompatibles. Ce qui est évident : on se prive de l'intelligence humaine !
Inquiétant, lorsque l'on sait que la "pensée" qui domine le conseil et le management des entreprises est fondamentalement taylorienne.)
Taylor est l’inventeur du « managent scientifique » et la première personne à porter le titre de « consultant en management », semble-t-il. Le contrôle de gestion, les processus, le « benchmarking », le « knowledge management », les « best practices », etc. c’est lui !
C’est aussi lui qui a remplacé les managers intermédiaires « cols bleus » par des hordes de « cols blancs » devant mesurer, consigner les meilleurs pratiques, les faire appliquer. Ce sont aujourd’hui les consultants, les qualiticiens, les contrôleurs de gestion… (Dans Organizations, March et Simon écrivent la science du management est construite sur l’hypothèse que l’organisation humaine est une machine !)
Comment est-ce que des idées incorrectes (mais non dénuées de bons sentiments) ont pu exercer une telle emprise sur notre société ? Et ce d’autant plus que les applications que Taylor en a faites ont été peu concluantes (sauf lorsqu’il les appliquait aux machines-outils) et qu’il a été congédié, brutalement, par ses clients ?
Il est frappant de voir à quel point Taylor était le fruit des a priori culturels américains. Le pouvoir de séduction qu’il exerce provient peut être d’une résonance culturelle. Résonance présente aussi en France, un des pionniers de l’application du Taylorisme, et qui en demeure l’un des champions.
Une biographie remarquable d’un homme dont les idées n’arrêtent pas de marquer nos vies.
(A lire aussi : la critique faite par le professeur J.P. Schmitt. Il explique que les idées de Taylor conduisent à l'opposé de ses intentions : l'hypothèse de l'organisation machine et la notion de performance sont incompatibles. Ce qui est évident : on se prive de l'intelligence humaine !
Inquiétant, lorsque l'on sait que la "pensée" qui domine le conseil et le management des entreprises est fondamentalement taylorienne.)
mardi 2 juin 2020
Le CNR ou la France unie, c'est possible !
On avait oublié le Conseil National de la Résistance. On l'a redécouvert avec Stéphane Hessel.
Les résistants membres du CNR avaient conçu un programme pour la guerre, et l'après guerre. On y parlait de planification et de sécurité sociale. A l'origine, c'était une idée de Léon Blum. Le plan était une idée de gauche. Mais, le CNR est surtout quelque chose qui nous est unique, et qui semble même anti culturel !
Contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays, où la résistance a été victime de guerres fratricides, des monarchistes aux communistes, la résistance française était unie ! Et elle s'est mise d'accord sur un plan qui a fait consensus !
C'était probablement cela l'esprit du CNR : conserver l'union des Français après guerre. Rêve impossible ?
(Emission de France Culture - Concordance des temps - dont j'ai tiré ces réflexions.)
Les résistants membres du CNR avaient conçu un programme pour la guerre, et l'après guerre. On y parlait de planification et de sécurité sociale. A l'origine, c'était une idée de Léon Blum. Le plan était une idée de gauche. Mais, le CNR est surtout quelque chose qui nous est unique, et qui semble même anti culturel !
Contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays, où la résistance a été victime de guerres fratricides, des monarchistes aux communistes, la résistance française était unie ! Et elle s'est mise d'accord sur un plan qui a fait consensus !
C'était probablement cela l'esprit du CNR : conserver l'union des Français après guerre. Rêve impossible ?
(Emission de France Culture - Concordance des temps - dont j'ai tiré ces réflexions.)
De quoi un chef tire-t-il sa légitimité ?
Une particularité de l'entreprise française est que son dirigeant est supposé omniscient.
D’où vient cette tradition ? Mystère. En tout cas, pas de l’ancien régime, puisque les rois consultaient leurs conseillers avant de prendre une décision. Ils étaient juges de dernière instance, il leur arrivait, d’ailleurs, de ne pas suivre ce qu’on leur suggérait. Mais, ce faisant, ils avaient tiré parti de la puissance des intellects dont ils s’étaient entourés. Ils réservaient leur intellect propre au juste nécessaire.
Cela pose la question de la légitimité du « chef ». Aujourd’hui, cette légitimité vient de ce « ce qu’il sait ». Dans le modèle royal, la légitimité vient de ce que le dirigeant assume la responsabilité de ses décisions. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, lui, si. Il n’est donc plus dans une logique de vérité, mais de conviction. Voilà qui change tout.
D’où vient cette tradition ? Mystère. En tout cas, pas de l’ancien régime, puisque les rois consultaient leurs conseillers avant de prendre une décision. Ils étaient juges de dernière instance, il leur arrivait, d’ailleurs, de ne pas suivre ce qu’on leur suggérait. Mais, ce faisant, ils avaient tiré parti de la puissance des intellects dont ils s’étaient entourés. Ils réservaient leur intellect propre au juste nécessaire.
Cela pose la question de la légitimité du « chef ». Aujourd’hui, cette légitimité vient de ce « ce qu’il sait ». Dans le modèle royal, la légitimité vient de ce que le dirigeant assume la responsabilité de ses décisions. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, lui, si. Il n’est donc plus dans une logique de vérité, mais de conviction. Voilà qui change tout.
lundi 1 juin 2020
Dette : bombe à retardement ?
La politique du gouvernement a-t-elle sorti la tête de la PME de l'eau pour mieux ensuite la lui enfoncer ?
La PME a un "modèle économique" peu rentable. Or, les aides coronavirus aux entreprises sont des dettes, qu'il faudra repayer. Or, pour diverses raisons (dont la nécessité de repayer ses dettes), il va y avoir une tentation de réduire les coûts et les prix. Donc les entreprises vont devenir encore moins rentables !
Extrait d'un rapport :
La PME a un "modèle économique" peu rentable. Or, les aides coronavirus aux entreprises sont des dettes, qu'il faudra repayer. Or, pour diverses raisons (dont la nécessité de repayer ses dettes), il va y avoir une tentation de réduire les coûts et les prix. Donc les entreprises vont devenir encore moins rentables !
Extrait d'un rapport :
Cette politique va déboucher (...) surtout sur des dettes nettement plus importantes pour les entreprises. Dès lors, plusieurs réactions en chaine peuvent survenir, dont :
- Augmentation des ratios d’endettement donc dégradation des notations donc augmentation des spreads de crédit donc risque d’illiquidité donc augmentation des primes de risques et des taux de défauts donc impact sur les bilans des banques
- Année 2020 blanche (on évite la faillite mais on n’a pas de marge) donc une absence de résultat donc capacité d’investissement en fonds propres limitée pour 2021 donc un recours à des levées de fonds massives
- Déstockage massif et politique de parts de marché/discount pour générer des revenus donc effondrement des marges et bouleversement du paysage concurrentiel (quoique différent, le marché du pétrole démontre combien les politiques de dumping peuvent être rapidement néfastes pour les agents économiques)
- Chamboulement profond des modes de travail et organisations donc évolution de la productivité donc incertitudes sur l’emploi et les salaires voire possible inflation.
(Baby) Boomers : une occasion de vous faire aimer ?
Les jeunes seront une victime collatérale de l'épidémie, dit-on. Les entreprises, par précaution, ne recrutent plus. Les quelques places libres seront réservées, comme d'habitude, à la jeunesse dorée des écoles prestigieuses.
Les mesures de confinement auront servi à sauver les personnes âgées. N'y a-t-il pas là une chance à exploiter, pour elles ? Venir au secours des jeunes ? Se mobiliser pour que l'économie se remette à les employer ? Et, du coup, enterrer "OK Boomer" ?
Les mesures de confinement auront servi à sauver les personnes âgées. N'y a-t-il pas là une chance à exploiter, pour elles ? Venir au secours des jeunes ? Se mobiliser pour que l'économie se remette à les employer ? Et, du coup, enterrer "OK Boomer" ?
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