vendredi 31 décembre 2021

La start up : l'invention qui a changé le monde

La start up est un phénomène dont on n'a pas compris la signification. C'est peut-être la plus grande innovation des 50 dernières années ! 

J'ai lu l'histoire de l'industrie en France. On y disait que les premières générations d'entrepreneurs s'étaient ruinées. Il est extrêmement coûteux de mettre au point une innovation et, peut être encore plus, de convaincre le marché de changer ses habitudes. Or, l'entrepreneur, par définition, n'a pas d'argent. Il doit vivre d'expédients. Ce qui lui est, bien souvent, fatal. 

Mais tout a changé avec la bulle Internet. D'un seul coup, le marché s'est mis à financer le rêve. L'entrepreneur est devenu un formidable bateleur. Certes, c'est fatigant d'être un bateleur, mais, avec un peu de technique et de conviction, cela permet de trouver rapidement de l'argent, et de vivre ensuite confortablement, comme un Elon Musk aux USA. 

La bulle Internet nous a aussi appris que la vaste majorité (je ne serais pas surpris que ce chiffre soit supérieur à 99,9%, pour la bulle Internet) de ces entreprises n'était pas viable et n'apportait rien à la société. 

Seulement, ces entreprises qui "ne créent pas de valeur" en ont une. De même que le diamant n'a pas d'utilité, mais une valeur sociale, il y a tout un marché de la start up. Les banques centrales, à chaque bulle, impriment de l'argent, qui est capté par une partie de la société, qui a besoin ensuite de l'investir. Cet argent va, par le biais de fonds ou en direct, vers les start up. Ainsi un fonds va investir dans une start up, puis revendre ses parts à un autre fonds, qui a besoin de mettre son argent quelque part, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'une grande entreprise achète la start up. 

En effet, dans ce modèle, l'entreprise n'a pas intérêt à supporter les coûts de l'innovation, alors qu'elle pourrait les faire assumer par le marché. Elle achète l'innovation avec la start up. 

La beauté de ce mécanisme est que, au moins en théorie, l'on a trouvé un moyen de financer l'innovation, et, en même temps, d'éviter l'inflation. Il prouve que la spéculation est un phénomène rationnel. Et le métier d'entrepreneur devient quasiment aussi sûr, mais bien plus rémunérateur, que celui de fonctionnaire. Reste à savoir ce que ce type d'innovation de bateleurs peut produire... 

2022 : retour vers l'avenir ?

2021. On déboulonne les colonialistes et autres mal pensants. Le passé est en procès. On le juge à l'aune de nos croyances, comme si, soudainement, on avait découvert la vérité ultime. Curieuse époque. 

Comment se fait-il que l'on épargne Proust, d'ailleurs ? C'est un privilégié comme il n'en existe plus. Il vit en un temps d'inégalités insupportables aujourd'hui. C'est un snob qui ne goûte que ce qu'il y a de plus riche. Dans son monde, on est oisif. On va de réception en réception. Et, pour lui l'amour ne peut être que jaloux et vénal. Dans le milieu qu'il décrit, on achète ses amants. On leur paie des diamants et des avions. Il va jusqu'à enfermer l'un d'entre eux. Et, un jour où il a besoin de prodiguer son affection, il enlève un enfant ! Par dessus le marché, il tient sans cesse des propos homophobes. 

On pense peut-être que le temps a fait son travail de juge. Alors, nous ne nous attachons qu'aux qualités de Proust, à ce qu'il a apporté à notre culture. 

Une idée d'avenir ? 

2022 : retour à la raison ?

Les Lumières pensaient que le "progrès", c'était la raison. Parvenue à la raison, l'humanité serait heureuse. 

Curieusement, cette idée a été oubliée. On ne se préoccupe plus de raison. Une forme de pragmatisme a envahi le monde. Il vit au jour le jour. Degré zéro de la pensée ?

Le virus nous rappelle peut-être à l'ordre. Que signifie la pandémie, sinon que nous allons de crise en crise ? Et, pourquoi cela ? Parce que nous sommes pris de coups de folies. Nous croyons pouvoir marcher sur l'eau. Comme le dit Denis Meadows, un des rédacteurs du rapport du Club de Rome, l'humanité va de bulle spéculative en bulle spéculative. 

Et si la raison c'était, simplement, cela ? L'anti bulle. Ne plus avoir besoin de crise pour réagir à temps. Comme le "sauvage" dans sa forêt, garder en permanence en tête les dangers de son environnement, et être sur ses gardes ? La raison, une humanité mondialisée redevenue sauvage ?

Réveil virus

2021, nouvelle année virus. 

Ce virus a eu un curieux effet. Il a trouvé la faille de notre société. Il a frappé son principe fondateur. Il fait dégringoler tout l'édifice social.

Voilà un exemple de destruction que n'avait pas prévu Schumpeter. 

Les anciennes religions auraient parlé de péché, et de main de Dieu. Avec raison. Le péché c'est "l'hybris" humain. Nous prétendions nous être affranchis de la nature, pouvoir vivre dans un monde de notre invention. Or, le principe même de la vie semble être la recherche aléatoire des failles de tout édifice. Ainsi il le force à évoluer. 

La devise du virus n'est peut être pas "indignez-vous", mais "réveillez-vous" ! 

(Ou, qui sait ?, "travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins !")

jeudi 30 décembre 2021

La femme et le changement

Un des phénomènes marquants de notre temps a été l'évolution du féminisme. Il est devenu extraordinairement agressif. 

Un de ses thèmes nouveaux a été la "théorie du genre" : c'est la société qui fait la différence entre les filles et les garçons.

Or, qu'observe-t-on ? Jamais la femme, peut-être, n'a été aussi féminine. C'est d'ailleurs, peut-être aussi, une revendication encore plus forte que l'autre. "Je suis comme je suis." 

Victoire ? C'est parce que la femme s'est montrée plus violente que l'homme qu'elle a pu choisir d'être ce qu'elle avait toujours été ? 

Débat citoyen

On parle de vacciner les enfants, de plus en plus jeunes. Pas pour leur bien, mais pour celui de leurs parents, grands parents ou arrière grands parents.

Imaginons que demain l'on découvre quelque effet imprévu du vaccin... Que diront les nouvelles générations ? Et les droits de l'enfant ? Abus de position dominante ? Egoïstes ?... Question d'intérêt général, répondrez-vous. 

Et si, toujours demain, parce que vous êtes vieux et sans défense, elles vous appliquaient la loi du Talion ?

N'est-il pas dangereux, soudainement, d'écraser les principes fondamentaux de notre société sans discussion ? Peut être que, si l'on en parlait, on arriverait aux mêmes conclusions, mais avec des raisons désormais inattaquables ? 

N'est-ce pas cela la démocratie ? 

La guerre est-elle le propre de l'homme ?

Montesquieu appelait de ses voeux l'ère du commerce. N'était-il pas évident qu'il mettrait fin aux exactions des hommes de guerre ? Eh bien, non seulement on fait la guerre au nom de l'économie, mais l'économie c'est la guerre. Le commerce de l'opium a vidé la Chine de son être. Les hommes de guerre, comme les primitifs, avaient même un grand mérite : ils avaient une capacité de démolition extrêmement limitée. Le progrès, en grande partie économique, nous a donné les moyens d'une mise à zéro radicale. 

Le phénomène s'est répété avec l'ère des intellectuels. On a constaté, à la fin des années 90, que le Bobo prenait les commandes de la planète. On a pensé que le ridicule ne tue pas. Le Bobo serait inoffensif. Méfiez-vous du gros bon sens ! Nouvelle erreur. Le Bobo, comme le disait Camus, c'est de la graine de totalitaire. Il n'en veut peut être pas aux corps, mais aux âmes.

L'homme, quel que soit sa manière de l'exprimer, a-t-il l'instinct de destruction ? Peut-être, simplement, est-ce une force mal orientée ? Quand elle ne peut pas aller vers l'extérieur, elle va vers l'intérieur, et détruit la société ? 

Vive la culture !

"A mon âge, Monsieur, on ne lit pas, on relit." Voilà ce qui pourrait s'appliquer à mon cas. Le virus, en me confinant, m'a amené à relire ce que, parfois, j'avais lu il y a plus d'un demi siècle ! 

J'ai beaucoup lu, dans ma jeunesse, mais ce n'était pas par amour de la lecture, mais par pression sociale. Il était bien de lire, dans ma famille. Car elle devait tout à l'ascenseur social. En même temps, paradoxalement, il n'était pas bien de lire. L'Education nationale, post 68, estimait que la culture était asservissement. Plus de contraintes, plus d'efforts. Je lui dois de ne voir que les ridicules de nos classiques. Et, encore plus, ceux de la littérature post 68, qui n'ayant plus les qualités de ce qui l'a précédée, n'est plus que ridicules. 

Eh bien, j'ai eu tort. Car il y avait dans ces oeuvres bien plus que du génie, une culture, justement. Et la culture, quand elle atteint un certain niveau de raffinement, amène l'homme à une forme de bonheur. Peut être une des formes les plus élevées. Car elle est le propre de l'humanité. 

mercredi 29 décembre 2021

2022 : réinvention de l'amitié ?

J'animais un débat sur la question des difficultés que nous avons à nous comprendre. Je ne m'attendais pas à entendre que, au delà de ce qu'en disent la psychologie et la philosophie depuis toujours, l'incompréhension est devenue volontaire. 

C'est une arme de combat. Si je ne comprends pas, je ne suis pas responsable. C'est l'argument de l'avocat dans un procès. 

Cela révèle peut-être ce qu'une partie de notre société croit maintenant être la nature de l'homme et de l'humanité. Dans cette vision, le conflit entre êtres humains serait une loi de la nature. Deux hommes ne pourraient, par définition, pas se comprendre. Ils ne pourraient que s'affronter. L'homme est un loup pour l'homme. Le plus important : ceux qui ont cette opinion seraient heureux de cet état de choses. 

Peut être comme le chasseur qui entre dans le forêt, hostile, avec un gros fusil ? 

Et si nous n'avions pas de fusil ? Cela pourrait changer ce point de vue. Prendre conscience de ce que signifie être seul, voilà ce qui peut nous ramener à la raison, et à l'amitié ?

(Vive le virus ?)

Et si l'on se taisait ?

Charlie Chaplin a commencé sa carrière dans un groupe théâtral silencieux. La raison en était qu'alors, en Angleterre, les textes des pièces devaient être soumises à approbation. Le muet permettait de dire ce qui aurait été censuré. (Emission de la BBC.)

"Nous n'avions pas besoin de paroles, nous avions des visages" dit Gloria Swanson, dans Sunset Boulevard. L'émotion passe bien mieux par le corps que par les mots. 

En ces temps de cancel culture, réinventons le muet ?

Le blog comme aliénation

Il y a près de 14 ans que j'écris ce blog. Presqu'une vie. J'ai commencé, selon mon habitude regrettable, à la fin de la mode des blogs. Une de mes idées était de l'écrire pour comprendre pourquoi je l'écrivais. Ce qui fait que, de temps à autres, je consacre un billet à mon expérience. 

Comme je le disais dans un précédent billet, écrire un blog est la découverte de l'irrationalité humaine. L'auteur obéit à des injonctions contradictoires. Il a à la fois envie et pas envie d'être lu. Il est guidé à la fois par ses convictions et par l'esprit du temps. Il est sensible aux modes... On ne sort pas grandi de l'écriture d'un blog.

Mais, surtout, écrire un blog est une "aliénation". C'est une ponction sur la vie, comme les phobies de Christophe André. Arrêter de l'écrire serait un soulagement immédiat. Et même, simplement, le remplacer par un carnet, secret, changerait totalement l'exercice. 

En fait, comme dans toute activité, il y a des effets inattendus. Parfois, ils deviennent essentiels. Dans mon cas, le blog m'a amené à réfléchir sur la question de l'écriture. La forme tend à devenir plus importante que le fond. Quelques minutes pour transformer une idée en un texte aussi court que possible qui puisse intéresser un inconnu, voilà qui est difficile, mais gratifiant ! 

Son principal intérêt est de me forcer à penser. Surtout, j'ai un esprit d'escalier. Une idée, même stupide, en amène une autre. Car ma vie m'abrutit. Peut-être est-ce une pathologie sociale ? Notre société ne stimule pas le fonctionnement de notre intellect. Elle a quelque-chose d'un éteignoir. 

Le blog devrait-il être recommandé par la sécurité sociale ?

mardi 28 décembre 2021

Amis et droits de l'homme

On parle d'un "boycott de la Chine", pour cause de droits de l'homme. 

Pourquoi maintenant, alors que l'affaire ne semble pas nouvelle ? Mais aussi, comme on l'a vu lors de l'histoire des sous-marins australiens, ce type d'action n'est-elle pas, avant tout, un attrape-nigaud pour "alliés" des USA ? 

Il est possible, comme on le voit dans les procès aux USA et comme l'a illustré M.Trump que, dans la culture américaine, l'intérêt individuel soit intimement associé à la notion de "bien". Comme au Moyen-âge, le jugement de Dieu récompense le gagnant, qui écrit l'histoire, par ailleurs. 

Mais, si l'on n'est pas américain, on peut adopter un autre point de vue. Peut-être estimer que les droits de l'homme sont trop importants pour être associés à ses intérêts, et qu'il n'y a pas que les moyens qu'utilisent les Américains ne sont pas les plus efficaces pour les faire respecter...

Epidémie : on n'a encore rien vu ?

Un ponte de la médecine anglaise disait qu'il fallait se préparer à la prochaine épidémie. Par prochaine épidémie, il ne parlait pas d'un nouveau variant du coronavirus, mais d'un autre virus, bien plus terrible. 

J'observe les dirigeants. Ils ont cru que tout repartirait avec le premier confinement. Ils ont été abattus par le second. Peut-être faudrait-il changer ? Dès que l'économie est repartie, ils se sont dit que le virus pourrait y mettre toute sa bonne volonté, il n'arriverait pas à nuire à leurs affaires. Puis tout a recommencé... L'individu n'obéit qu'à la crise, semble-t-il. Dès qu'elle se calme, il oublie. Le phénomène est fascinant. 

Comment se fait-il alors que l'on parle de "transition climatique", sans qu'il y ait de crise véritable ? Peut-être parce que, comme la spéculation, elle a touché des moteurs de l'humanité puissants, en particulier économiques. 

Que serait un changement rationnel ? Un changement qui ne jouerait pas sur nos "esprits animaux" ?

Monde réel

En 2008, on parlait "d'économie réelle". On entendait par là que les financiers avaient créé une économie coupée de la réalité, dont l'explosion menaçait d'être fatale à l'humanité. 

Il semble que le virus nous ait fait découvrir que nous vivions, comme les financiers, dans un monde de belles théories sans aucun lien avec la réalité. 

Il faut peut être voir dans ce phénomène ce que Robert Merton a appelé, pour la bureaucratie, "displacement of goals". Les bureaucrates s'inventent des objectifs qui n'ont rien à voir avec la mission de leur organisme. Il semblerait, plus généralement, que, lorsque l'humanité parvient à s'isoler de la nature, comme elle l'a fait après guerre, elle invente un monde fantasmagorique, façon Kafka. 

L'enfer, c'est les autres, disait Sartre dans Huis clos. Si l'humanité ne veut pas être asile de fous, elle doit éviter le huis clos ? La conscience permanente du risque est une hygiène de l'esprit ?

lundi 27 décembre 2021

Vladimir le terrible

Faut-il avoir peur de M.Poutine ? 

Certainement. Son pouvoir de nuisance est sa raison d'être. 

La Russie ressemble à la France de De Gaulle : elle n'a pas fait le deuil de sa gloire et de son empire. M.Poutine veut que le monde considère son pays comme une grande puissance. Le seul moyen d'atteindre son objectif est de faire peur. Pour cela, il a les moyens de se battre, alors que ses anciens ennemis n'en ont plus envie. Pire : ils le prennent pour un clown.  

A cela s'ajoute une vieille tradition russe : "l'impérialisme défensif" (voir ici). L'empire russe s'étend parce qu'il se croit menacé. Il envahit donc ses voisins pour, à chaque fois, en découvrir de nouveaux, encore plus menaçants. (Ce qui explique, peut-être, pourquoi il fut un pionnier de la conquête de l'espace ?) 

Prospective présidentielle

Un anthropologue, Clifford Geertz, a étudié les paris sur les combats de coqs à Bali. Quand les coqs sont inégaux, on peut calculer avec précision des probabilités de victoire. Ce type de combat n'intéresse que le vulgum pecus. Là où l'on voit la véritable noblesse de l'individu, c'est lorsqu'il joue sa chemise dans un affrontement entre égaux. C'est le hasard qui fait la différence. 

Si la finale de notre élection présidentielle réunit Mme Pécresse et M.Macron, il se pourrait que l'on se retrouve dans cette situation, tant ils se ressemblent. 

Un résultat qui, jusque-là, marche à tous les coups, est que l'on réélit une équipe qui gagne. Si l'économie est florissante, le président est réélu. 

Sera-ce le cas en avril ? D'ailleurs, sera-ce l'économie qui fera le vote de l'opinion ? Ou sera-t-elle essorée par la lassitude ? M.Macron n'est guère sympathique, le peuple voudra-t-il le rappeler à l'ordre, comme il l'a fait pour ses prédécesseurs, en votant contre lui ? Ou, au contraire, apprécie-t-il son style de PDG jupitérien, bien adapté à une crise ? Il doit obtenir des résultats concrets, en urgence, alors que son opposante peut se contenter de promettre : gros handicap ?... 

Décidément, combat de coqs ? 

Dreyfusard de la rigueur intellectuelle

Serais-je le dreyfusard de quelque-chose ? me suis-je demandé en entendant parler de Pierre Vidal-Naquet.

Peut-être de la rigueur intellectuelle. 

La rigueur intellectuelle est la victime de notre temps. Il n'est plus question que de croyance. Même une question aussi importante que la transition climatique n'est pas traitée de manière rigoureuse. Toute critique est interdite. Pour ébranler la doxa (par exemple le mythe de la perfection des laboratoires), il faut quasiment une catastrophe. 

Comment en est-on arrivé à vivre sous la dictature d'idées qui ne semblent pas même avoir été pensées ? Je soupçonne un effet pervers de l'individualisme poussé à l'extrême. Lorsque le lien social se distend, la régulation des membres de la société perd en précision. Paradoxalement, les intellects les plus frustes, peut être parce qu'ils sont les plus résistants, font l'opinion. Comme je le disais dans un billet précédent, l'isolement de l'individu produit un effondrement de l'intelligence collective. 

dimanche 26 décembre 2021

Conduite du changement et projet informatique

Discussion avec un expert de grands projets de mise en place de systèmes d'information. Je suis impressionné par l'évolution des techniques modernes, mais aussi par la capacité à prendre en compte vite et bien les particularités des métiers des différents services concernés. 

Seulement, implicitement, il est fait l'hypothèse que, si le système est parfaitement paramétré, il va être parfaitement utilisé. Or, il y a autant de raisons, sans lien avec lui la plupart du temps, qu'il y a d'employés, que ce ne soit pas le cas. Et mon interlocuteur en est bien conscient. La conduite du changement consiste, justement, à faire que ce ne soit pas le cas. Comment ? 

Dans un premier temps il faut définir l'objectif du projet : que veut-on "changer" dans l'organisation ? Que veut-on gagner ? Avec des chiffres. Ensuite, on ne doit pas s'arrêter avant d'avoir atteint le but. La conduite du changement, c'est l'art délicat du Pit Bull.

Il y a l'esprit, et la technique. Les techniques de "conduite du changement" sont conçues pour garantir l'atteinte de l'objectif en un temps court, et connu. Sans les dommages qu'occasionne l'emploi d'un Pit Bull, ou d'un équivalent. Et encore ?

On encadre le changement et sa durée, en utilisant des "schémas directeurs" adaptés à la question à traiter. Le principe fondateur de "l'animation du changement", qui va utiliser se cadre comme guide de son action, consiste à faire coïncider intérêt général et intérêt particulier. 

Le point le plus important à saisir est le changement que ce changement entraîne dans la situation du leader du projet : de responsable, il devient "donneur d'aide". Ce qui signifie que, de "personne à abattre", il devient sympathique. 

Changement systémique

Ce blog étudie le changement depuis qu'il existe. Ce qui arrive est stupéfiant. Pourtant, c'est prévu par la systémique. 

En effet, la société est en train de changer, radicalement. Et cela touche les principes mêmes qui gouvernent nos comportements. Montesquieu aurait parlé d'une changement de "l'esprit des lois". 

Par exemple, il y a une pénurie mondiale de ressources humaines. Du jour au lendemain, le dirigeant, qui se tapait sur les pectoraux en clamant qu'il était un "premier de cordée créateur de valeur", n'est plus rien. Maintenant, il doit être "séduisant". Car le jeune veut servir une juste cause. Et la fiche de poste, c'est fini : il faut bâtir à partir de ce qui se présente. Et peut être même, le superbe isolement du chef d'entreprise a fait son temps, car il va probablement falloir partager son personnel. La coopération est la règle du jeu, en période de rareté. 

Il y a aussi la globalisation. Son hypothèse implicite était la quasi gratuité du transport. Or, le virus a montré qu'il présentait un risque imprévisible. La supply chain est à terre. Et cela a une conséquence massive : de la période du moins disant, on passe à celle de l'innovation. Du moins cher au meilleur. Le règne du gestionnaire risque bien d'être remplacé par celui de l'entrepreneur. Si le dirigeant veut garder son poste, il va devoir remettre en marche son cerveau. L'élite va devoir justifier ses prétentions.

Et la rigueur, que nous imposait Mme Merkel ? Je lisais un article qui expliquait que le monde s'était mis à imprimer des billets, et constatait avec stupéfaction que le ciel ne lui tombait pas sur la tête. 

Où cela nous mène-t-il ? Aucune idée. En tout cas, les rapports de force se sont totalement inversés. Alors que juste avant l'épidémie la SNCF et Air France étaient paralysés par des grèves, qui parierait aujourd'hui un kopeck sur les hommes forts d'hier ? Ecole de l'humilité. 

Enseignement ? Nous tendons à être des mouches du coche. Nous croyons que nos succès sont dûs à notre génie, alors qu'ils sont le résultat des circonstances. Et les belles théories dont on nous a abreuvé, et qui ont valu quelques prix Nobel, ne sont que des rationalisations de rentes de situation. Peut-être peut-one espérer une renaissance de la science ?

Le grand pivotement ?

Liz Truss est la possible remplaçante de M.Johnson. Elle disait qu'il était idiot de s'entre égorger pour des questions portant sur le passé. Qu'il fallait au contraire se tourner vers l'avenir, et se demander si les Anglais n'avaient pas des valeurs communes qu'il s'agissait, sinon de promouvoir, au moins de défendre. 

Est-ce là, effectivement, le changement que nous devons réussir ? Le passé est peut être regrettable, mais il a le mérite de nous avoir fait tels que nous sommes. Construisons l'avenir à partir de ce que nous aimons ? Le défi de l'optimisme ?

(Entre temps, Liz Truss est devenue négociatrice du Brexit.)

samedi 25 décembre 2021

Anticorps

Le virus nous indique peut-être une faille dans la façon dont la recherche en médecine est menée. 

En effet, elle semble partir du principe que le corps utilise exclusivement des anticorps pour se défendre contre les infections. Donc qu'en lui en donnant, on doit arrêter le mal. Or, de manière manifeste, ce n'est pas le cas. Au mieux, les vaccins freinent-il l'épidémie et évitent-ils des cas graves, mais ils n'empêchent pas totalement d'être touché (et même sérieusement), ou d'en être le vecteur. (Ce que disait d'ailleurs récemment le PDG de BioNtech.) 

Une nouvelle piste d'étude serait certainement de chercher à comprendre ce qui fait qu'il y ait des porteurs sains, ou que, dans une même famille, certains attrapent la maladie et d'autres pas. Mais aussi s'il n'y a pas, comme ce qui semble exister chez les gorilles, des mesures de distanciation sociale qui réduisent la contamination sans empêcher la communication. 

Une idée plus originale, mais peut-être pas chez les Chinois antiques, serait que le mal n'en est pas un. En effet, il semble que toutes les épidémies viennent de déséquilibres, créés par l'homme. Le moustique, par exemple, n'est pas un mal en tant que tel. Il le devient lorsque son écosystème est bouleversé. Il en est de même du tamia, porteur de tiques. Notre ADN est fait d'héritages viraux, ce qui semble montrer que le virus joue un rôle central dans l'évolution naturelle. En conséquence de quoi, on pourrait s'interroger sur la manière de faire que cette évolution ne produise pas de crises.

Question : comment sortir la science de ses idées fixes ?

(Jeudi dernier j'entendais qu'il faudrait envisager une 4ème injection. Apparemment, le vaccin ne serait pas efficace plus de 6 mois.)

Wuthering heights

Découverte de fond d'armoire. On pourrait appeler ce livre "les diaboliques". De bruit et de fureur, observé par un être humain généreux, une servante. 

Surtout, une question qui a inspiré peu de romanciers, et pourtant qui est d'une grande importance, pour la vie : la destruction de l'enfant par l'adulte. Un homme recueille un enfant vagabond, tout noir, et différent des siens. Il est son favori. Mais l'homme meurt prématurément. Alors son fils se venge sur l'enfant. Seulement, celui-ci est un surhomme. Il s'échappe, fait fortune, et revient se venger, et asservir l'âme des descendants de son ennemi.

L'histoire, racontée à un étranger, se joue quasiment à huis clos, entre deux familles, deux générations et deux propriétés, une sur une colline battue par les vents, Wuthering Heights, et l'autre dans la vallée. Chaque emplacement correspond à l'esprit de ses occupants. Des sauvages d'un côté, des êtres beaux, gentils, mais diaphanes de l'autre. 

Au fond, ce livre est l'histoire d'une tempête. 

Inspiration surprenante, quand on compare ce livre à ce qu'a produit la littérature française. 

vendredi 24 décembre 2021

Electric Spac

Récemment, Harley David, qui va mal, a fait de son activité moto électrique une entreprise à part entière. Pour cela, elle a utilisé un SPAC. Un montage financier pour manoeuvre spéculative, qui fait fureur parmi les grandes fortunes. 

Ce blog a parfois raison avant tout le monde... Parmi les nombreuses défaillances du marché, qui n'est que défaillances, il y a son incapacité à évaluer ce qui est à l'intérieur d'un entreprise. Ainsi Tesla vaut-il très cher alors que son équivalent à l'intérieur d'un fabricant d'automobiles traditionnels ne vaut rien, voire a une valeur négative ! Paradoxe : la partie vaut plus que le tout (la valeur du fabricant traditionnel). 

Dans ces conditions il est surprenant que personne n'ait compris plus tôt que dès que vous possédez quelque-chose qui a le vent de la spéculation dans le dos, vous devez en faire une société séparée. Vous avez des entrepôts ? Vous êtes de la graine des Amazon ! Des taxis, Uber en puissance ! Des caravanes, des tentes ou des bateaux, des bunkers ou autre abri à louer ? C'est AirBnB ! 

Cela n'a que des avantages. C'est le marché qui paie votre recherche et développement, et qui assume le risque d'échec. En outre vous pouvez donner des parts de la société nouvelle à ceux qui en sont les chevilles ouvrières, ce qui les motive extraordinairement. Et, avec la valeur de vos propres actions, vous pouvez acheter de vraies sociétés. C'est ce qu'a fait AOL avec Time Warner. Comme je l'écrivais il y a peu, Chief Speculation Officer est une métier d'avenir. 

Pour finir, il y a peut-être quelque-chose de vertueux dans cette affaire. En effet, un des problèmes de notre temps est que les banques centrales, à chaque crise, impriment beaucoup d'argent. Cet argent, qui devrait stimuler l'économie, reste coincé dans les couches hautes de la société, créant des fortunes de plus en plus colossales. Pour le reste, l'inflation sur les biens de grande consommation (la seule qui est prise en compte) était contenue jusque-là. Si la spéculation financière pouvait créer des crises qui ne touchent pas l'économie réelle, cela permettrait une régulation naturelle des émissions des banques centrales. 

(Ce blog, aussi, peut sacrifier aux circonstances, et vous proposer des idées originales de cadeaux.)

Visiteur mystère

Nouvelle année coronavirus. Quel enseignement ? Le moins que l'on puisse dire est : virus au comportement mystérieux. 

Depuis le début, il me semble qu'un des facteurs de contamination majeurs est l'exposition au virus. La jet set, en particulier, est très exposée. D'où nécessité d'éviter les regroupements en espaces confinés. Les fêtes de fin d'année devraient, si cette analyse est correcte, produire un bond des infections. 

Surtout, il existe un grand mystère : dans de mêmes conditions, des personnes a priori semblables (même famille), sont atteintes totalement différemment. Et ce avec ou sans vaccin. 

Cela signifie peut être qu'il y a une énorme variabilité dans la création d'un être humain. Même deux frères, peut-être même des jumeaux, sont extrêmement différents. Ce qui fait que la population, dans son ensemble, parvient à ne pas être éliminée par, même, la plus imprévisible des attaques virales. 

Le coronavirus n'a probablement rien inventé. Cela a dû fonctionner selon le même principe au temps de la peste. Mécanisme de "sélection naturelle" ? Un mécanisme hautement aléatoire, certainement, puisqu'il dépend de virus aléatoires. 

Qui sait ? ce qui compte, peut-être, n'est pas la solution trouvée, mais le changement. La vie a progressé vers un état de plus grande complexité. Et cela se fait par crises. 

Rigueur intellectuelle

On entend dire, en Angleterre, que Omicron serait beaucoup moins méchant que Delta. Peut-être une conséquence de la vaccination, ou de systèmes immunitaires qui ont appris de leur expérience. Ce qui paraît possible.

Seulement, on disait aussi que le variant était moins dangereux que ses prédécesseurs lorsqu'il est parti d'Afrique du Sud. Or, elle est peu vaccinée. 

Voilà une illustration (bien pacifique) de la raison qui fait que le débat a été remplacé par le conflit. 

L'idée selon laquelle il y a des vérités évidentes s'est imposée. Du coup, celui qui en doute est un arriéré. Or, ce qu'est arrivée à penser la science est que le mieux que l'on puisse faire est de produire des théories "falsifiables" (en anglais), c'est à dire qui soient capables de donner des prévisions que l'on puisse tester, et qui soient susceptibles d'être contredites par l'expérience. L'exemple type est celui de l'équivalent entre masse et énergie prévu par Einstein, qui a pour conséquence que la lumière doit être courbée par la gravitation. Ce qui se vérifie. 

jeudi 23 décembre 2021

Les paradoxes du poète

Baudelaire est l'archétype de l'intellectuel moderne, du "bohème". Il incarne toutes ses contradictions. 

Baudelaire voulait vivre comme un dandy. Il prétendait que la société devait à son talent le droit de jeter l'argent par les fenêtres. Après avoir dilapidé un gros héritage, il a été réduit à une maigre rente. Cela lui a permis de vivre sans travailler, sans quasiment rien écrire, en révolté. 

Le plus surprenant est que ce qu'il dénonçait lui était essentiel. Les biens matériels, d'abord, mais aussi la culture de son temps. Il n'y a rien de plus classique que sa poésie. D'ailleurs, c'était un virtuose du vers latin ! 

Il en est de même des apôtres de la "contre-culture" moderne. Les chanteurs anglo saxons, par exemple, sont souvent des fondamentalistes religieux. Ils s'identifient généralement à Jésus Christ. 

Peut-être Durkheim verrait-il dans la contre-culture une pathologie sociale ? Cela ressemble à un des cas de suicide dont il parle, d'ailleurs. Ceux qui sont trop liés à une culture, ses meilleurs élèves en quelque sorte, tendent à se suicider plus facilement que le reste de la population. La contre-culture, manifestation de ce phénomène ? Lorsque l'on croit trop à la culture, paradis artificiel, l'on devient inadapté à la vie ?

(Inspiré de la lecture des Fleurs du mal.)

Impossible Tchekov

J'admirais l'art de Tchekov. Grâce à la radio, qui diffusait nouvelles et pièces. Magie de l'expression juste, et brève. 

Mais, nous ne pourrions plus avoir de Tchekov. Pour payer ses études de médecine, il publiait des contes dans les journaux. Son talent a été reconnu, et il est devenu écrivain. Aujourd'hui, il n'y a plus de journaux qui publient des contes. Et il n'est pas certain que l'Education nationale fournisse un enseignement nécessaire à l'expression du talent.

Aspect mystérieux du changement, qui fait que beaucoup de bonnes choses disparaissent. Un peu comme si la société était frappée d'amnésie, et redémarrait de temps à autres de zéro, en balayant le passé.

mercredi 22 décembre 2021

Changement et virus

Les questions que soulèvent les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre l'épidémie illustrent celles que pose toute conduite du changement, quand elle est menée de façon dite "dirigée" (décideur / exécutant). 

Ce qu'exige l'épidémie, c'est de mettre un terme à une vie normale. Jeux interdits. Plus de réjouissances. La résistance au changement expliquée : réaction d'un organisme auquel on demande de faire ce qui est anormal. (Ce que ne peut comprendre le "leader" du changement, qui est enfermé dans une logique aveugle.) 

Bien entendu, le gouvernement n'a pas non plus intérêt à tout arrêter, car alors, il déclencherait une crise économique. Le "changement dirigé" ne lui laisse qu'une option : une vaccination à forte dose. Cela ne semble pas très bien marcher, mais, au moins, on a l'espoir que la population puisse tomber malade sans engorger les hôpitaux. De toute manière, tant que tout le monde ne sera pas vacciné, pas question d'envisager autre chose. 

Mais la population n'est pas passive, comme le suppose le changement dirigé. Certains résistent. Mais, surtout, elle apprend de son expérience. Ainsi y a-t-il de plus en plus d'événements annulés. Peut-être, au moins pour une partie d'entre-elle, est-elle en train de changer de comportement ? 

De Gaulle exemplaire ?

Ce blog s'interroge sur ce qu'il faut penser de De Gaulle, depuis longtemps. Sa biographie montre un militaire peu glorieux (peut-être gêné par sa grande taille). Pendant la dernière guerre, il fut un symbole quasi immobile (sa taille, encore ?), alors que d'autres jouaient leur vie, avec une bravoure stupéfiante. Puis il nous a imposé, à contre histoire, un régime monarchique, qui est en crise depuis un demi siècle. Et il s'est engagé dans une politique de décolonisation dont il était certain qu'elle nuirait au décolonisé. Et cela pour des raisons d'amour propre. 

Et, pour autant, quand on le compare à nos hommes politiques modernes, et, surtout, à ceux qui le critiquent et qui l'ont toujours critiqué, qu'il les ridiculise ! Car, si sa première guerre fut aussi courte, c'est que l'on ne peut pas courir sus à l'ennemi, quand on mesure deux mètres. Il faut bien du courage pour se dresser face à une mitrailleuse en sachant que l'on n'a aucune chance de l'atteindre. Puis, quasiment seul contre tous, il a compris ce qu'il aurait fallu faire pour gagner la guerre : mécaniser l'armée française. Pendant la guerre, il a tenu tête, seul, à tous, à commencer par Roosevelt, pour qui la France méritait le même traitement civilisateur que l'Allemagne. De Gaulle, seul, a fait plier la nation la plus puissante du monde ! Et, il n'a jamais confondu les fonds de l'Etat et les siens. On disait qu'à l'Elysée il payait son électricité. Et que, avant d'y arriver, il avait du mal à boucler ses fins de mois, avec sa retraite de colonel (il n'était général qu'à titre provisoire, et il a refusé d'être nommé maréchal). 

L'enseignement de cette histoire, c'est peut-être, d'une part, les dangers du pouvoir solitaire. Personne n'est assez intelligent pour éviter l'erreur grave. Et c'est le citoyen qui la paie, cette erreur. Et, d'autre part, qu'avant de critiquer, nous ferions bien de balayer devant notre porte, et de nous regarder dans une glace. 

(Une réflexion qui m'est venue, en entendant parler de l'incurie de Boris Johnson.)

mardi 21 décembre 2021

Pas de liberté sans crise ?

Surprenant. M.Macron, qui s'était présenté comme celui qui allait faire entrer la France dans la modernité, globalisée, ultra libérale et numérique, est maintenant le défenseur de l'administration, face aux assauts de Mme Pécresse, qui semble avoir sorti des cartons les discours de campagne poussiéreux de la droite ! (Encore une qui a une guerre de retard ?)

Qui aurait dit, d'ailleurs, que la "solidarité" serait le mot d'ordre de toutes les nations développées. Qu'elle serait tellement efficace qu'elle aurait quasiment éradiqué le risque de faillite ? Que l'on aiderait les nécessiteux à résister à l'inflation ? M.Macron serait-il la cinquième colonne du communisme ? 

Il y a la théorie et la pratique. Dans la crise, l'individu devient pragmatique. Peut-être aussi ses convictions se révèlent-elles. Et voilà, qui sait ?, pourquoi la paix est le plus grand danger que nous courrions ? Il n'y a que le risque qui nous rende solidaires, et qui évite à l'homme d'avoir le temps d'être un loup pour l'homme ? 

Vive la résistance au changement !

Ce blog explique que nos hauts fonctionnaires court-circuitent, en maîtres, les mécanismes qui s'opposent à leurs plans. Ne font-ils pas le bien commun ? Ce qui lui résiste n'est-il pas pure arriération ? 

Et c'est comme cela que l'on découvre, avec surprise, que tel ou tel "champion national" a accumulé 70md€ de dettes (presqu'un plan de relance), que la nation va devoir rembourser. Et c'est aussi comme cela qu'elle se trouve devant des faits accomplis qui ne sont ni bons pour elle, ni tout à fait conformes à ce qu'en attendait leur auteur. Ce qui provoque le mécontentement dont se nourrit le "populisme". Il n'y a pas de complot sans feu. 

Et voilà pourquoi il ne faut pas cracher sur la résistance au changement. Elle force le dirigeant, qui la respecte, non seulement à faire bien, mais aussi et surtout à donner le meilleur de lui-même, ce pourquoi il occupe son poste. C'est la résistance au changement qui révèle l'élite, pas l'Education nationale. 

lundi 20 décembre 2021

Vidal-Naquet dreyfusard

Pierre Vidal-Naquet et le combat contre la torture : une émission de France Culture retraçait sa vie, et le présentait comme le dernier des dreyfusards. Comme eux, il combattait pour un principe, dans son cas : l'inviolabilité du corps. 

En écoutant cette émission, j'ai pensé qu'il nous faudrait un Vidal-Naquet de l'âme. Les Lumière avaient, déjà, signalé que la liberté était bien moins une question de corps que d'esprit. Nous sommes soumis à des pressions "aliénantes", et elles sont d'autant plus efficaces qu'elles s'exercent dès l'enfance, et qu'elles sont quasi indétectables. 

Société de la confiance

Vincent Lindon, il y a quelques années, parlait du sentiment de sécurité qu'il ressentait, enfant, lorsqu'il allait se coucher et qu'il entendait ses parents causer avec des amis. Maintenant, il était en première ligne. 

Ce qui m'a surpris, car c'est un homme qui semble avoir réussi sa vie. Que peut-il craindre ? 

Mais j'ai pensé que j'avais eu le même sentiment. Mais je ne crois pas que la cause du changement vienne du passage à l'âge adulte. Il me semble, plutôt, que ce que nous avons perdu, c'est la confiance que toute la société des années 60 avait en son avenir, et en elle-même. Alors, les problèmes avaient des solutions simples. (Peut-être cette génération fut-elle aussi "infantilisante" ?)

La société s'est fissurée de deux façons. D'abord, nous avons découvert que le progrès n'était pas inoffensif. Ensuite, il y a eu perte de confiance, entre individus, et dissolution des solidarités implicites. 

A nous de faire repartir le changement dans le bon sens ?

Tardigrade

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Curieux animal. Une fraction de millimètre. Surtout, il ne semble vivre que par intervalles. Il a la capacité de se dessècher totalement. Ce qui en fait une poussière. Ainsi il parcourt le monde au gré des vents. Puis il renaît. Et il peut supporter quasiment le 0 absolu, aussi bien que plus 150°, ainsi que des pressions de 6000 atmosphères. Il semble pouvoir multiplier par un facteur considérable, peut être de100, sa durée de vie active, qui est courte (quelques mois). 

Les spécialistes du biomimétisme diraient que cela nous ouvre de vastes perspectives. Le rêve de vie éternelle du milliardaire américain est à portée de main. Ne pourrait-on pas aussi dessécher nos astronautes, et les confier aux vents stellaires ? Les années lumières ne seraient plus un obstacle à la colonisation de l'espace. Ils ne se réveilleraient que lorsqu'ils auraient touché une terre hospitalière. Les Américains ont enfin une nouvelle "frontière" ? Plus prosaïquement, il y a peut être là un moyen d'éviter d'avoir recours à la chaîne du froid, notamment pour les vaccins. 

(Inspiré d'une émission de la BBC. Ce que dit wikipedia sur ce qu'il nomme "oursons de mer" : ici.)

(Légende de la photo : Par Schokraie E, Warnken U, Hotz-Wagenblatt A, Grohme MA, Hengherr S, et al. (2012) — Schokraie E, Warnken U, Hotz-Wagenblatt A, Grohme MA, Hengherr S, et al. (2012) Comparative proteome analysis of Milnesium tardigradum in early embryonic state versus adults in active and anhydrobiotic state. PLoS ONE 7(9): e45682. <a href="//doi.org/10.1371/journal.pone.0045682" class="extiw" title="doi:10.1371/journal.pone.0045682">doi:10.1371/journal.pone.0045682</a>, CC BY 2.5Lien)

dimanche 19 décembre 2021

Après les fêtes, le déluge ?

En Angleterre, la nouvelle variante du virus s'est répandue à une vitesse stupéfiante et produit des records de contaminés. Mauvaise nouvelle : contrairement aux premiers espoirs, des scientifiques britanniques estiment que, pour le moment, on ne peut pas prétendre qu'elle serait moins dangereuse que la précédente. Or, il se confirme que les vaccins sont moins efficace avec elle qu'avec delta, qui, lui-même, leur posait beaucoup de problèmes.  

Idéalement, il faudrait éviter de se réunir. Mais, ce serait mauvais pour le moral des troupes, et pour le commerce. Alors, la France a fermé les frontières avec l'Angleterre, et on fait comme si... 

Que va-t-il arriver en janvier ? Et quid de l'élection présidentielle ? J'étais surpris qu'on l'est fixée en avril, généralement époque infectieuse, mais là... 

Sciences et lettres

Il y a quelque chose d'insupportable dans les sciences humaines. C'est leur prétention à singer la physique. Leurs articles se veulent "scientifiques". Ils sont truffés de références "scientifiques". Toutes prétendant avoir découvert des lois de la nature. 

Ce type de "science" a envahi le monde. L'université produit des masses de ce qu'on aurait nommé jadis des "littéraires". La société ne laisse aux réels esprits scientifiques, qui n'ont pas choisi d'eux mêmes quelque voie "littéraire" vers la fortune et la gloire, des lots de consolation, des postes de chef, pour lesquels ils ne sont pas faits. Gâchis complet. 

Le propre de la science c'est la prévision "falsifiable" (en anglais). Ce dont est incapable la science humaine. Avec les travaux de Tversky et Kahneman, sur les biais cognitifs, il semblait qu'il y ait une exception. Mais, depuis, on a compris que ces expériences étaient des prévisions auto réalisatrices : les conditions de ces expériences ne se présentent pas dans la nature. Une manipulation de plus ?

Une bonne nouvelle, tout de même : la méthode scientifique, bien comprise, a un potentiel inexploité. 

samedi 18 décembre 2021

Mme Merkel m'a tué

M.Scholz, successeur de Mme Merkel, dit que, pour lui, rien n'a changé. En particulier, il a l'habitude de travailler avec M.Macron.

Pendant sa campagne, il a expliqué qu'avec lui il n'y aurait pas de changement. Il était le digne héritier de Mme Merkel, avec qui il a longtemps collaboré. 

Une ambassadrice canadienne en Allemagne expliquait que Madame Merkel avait éliminé ses concurrents de la CDU. D'où, selon elle, la défaite de son parti. 

Le paradoxe du parti politique ? On préfère ses adversaires à ses camarades ? 

(Les effets imprévus de la concurrence...)

Crise et changement

Les dirigeants de PME ont fait des miracles pendant la crise, mais sont retombés dans la routine, me disait un consultant. Il était très déçu que les entreprises françaises n'aient pas profité des événements pour se moderniser radicalement. Le problème de leur sous-performance reste donc entier. 

Cela rappelle qu'il n'y a pas changement sans "anxiété de survie". Et que la crise est probablement le moyen le plus efficace de la créer. 

C'est, probablement, un argument en faveur du vote Macron : s'ils reviennent au pouvoir, nos partis politiques traditionnels reprendront rapidement leurs mauvaises habitudes. 

Vivrons-nous un jour à l'âge de la raison ?

vendredi 17 décembre 2021

Enigmatique virus

On me raconte l'histoire suivante : réunion de 17 personnes. 6 atteintes par le coronavirus. Dont certaines passent deux ou trois semaines au lit. Avec des symptômes dont je n'avais pas entendu parler : pas de fièvre, mais grand froid, difficulté à se déplacer et à penser, voire amnésie, grande fatigue. 

Pourquoi ces 6 là ? Surtout pourquoi autant de différences dans les conséquences du mal ? Le vaccin ne semble pas expliquer grand chose. Mon interlocuteur, sérieusement touché, était vacciné. Parmi ceux qui n'ont rien eu il y avait des non vaccinés. 

Cette question ne paraît faire l'objet d'aucune étude. En tout cas, il semble que ce que l'on entende (pas assez fort ?) soit juste : éviter les rassemblements, et les pièces fermées. 

Immigration et changement

J'écoute ce qui se passe en Grande Bretagne, et je comprends que je n'avais rien compris à la question de l'immigration. Elle ne semblait pas sérieuse. La France, la Grande Bretagne et les États Unis ont des traditions de forte immigration, sans que cela ait posé de problème existentiel. Pourquoi tout ce bruit ?

A côté de cela, il y avait un autre discours, pas plus sérieux, parce qu'il nie tout ce qu'observe l'anthropologie. L'anthropologie (et l'expérience commune) constate que dès que des hommes forment un groupe, ils créent une "culture", des règles généralement implicites, qui dirigent leurs comportements collectifs. (cf. la politesse ou le code de la route.) C'est vrai aussi bien pour les entreprises que pour les nations. Cette notion de "culture" semblait rejetée au profit d'un concept mal défini, juxtaposition d'individus ou de communautés hétérogènes. 

Ce qui semble s'être passé, c'est une "désintégration" de la société, venant de deux bords :

  • Un bord gauche dénonçait la culture nationale comme oppressive, colonialiste, pire, l'incarnation du mal (car le colonialisme est propre à toute société humaine), et voulait la faire disparaître, peut être en la remplaçant par une sorte de fraternité humaine constituée de tout ce qui n'est pas occidental. 
  • Un bord droit, et c'est très clair en Grande Bretagne, a utilisé l'immigration comme équivalent à la délocalisation. En effet l'immigré, s'il est pauvre en Grande Bretagne, est riche dans son pays. Ce qui lui permet d'accepter des conditions inacceptables par la main d'oeuvre locale. L'immigration était une facilité qui a permis à l'Angleterre de s'endormir sur ses lauriers. De perdre massivement en productivité. Le réveil est extrêmement difficile. 

On entendait ces discours, mais on n'avait pas compris leurs conséquences. D'ailleurs le rôle du citoyen est de bien faire son travail, pas de se casser la tête à analyser des mécanismes aussi compliqués. 

Quant au Brexit, il semble irrationnel. Car au temps ou la Russie veut envahir l'Ukraine et la Chine Taiwan, jamais l'union n'a autant fait la force. Mais il s'explique par la frustration de la population soumise au changement ci-dessus, et qui a fini par en sentir les résultats. Se découvrant trahi, le peuple veut tout casser. Plus question de lui parler raison. Il a donné. 

Yin et Yang, dirait un Chinois. La société change en passant par des opposés. Mais, il est probable qu'à chaque changement il y ait embranchement. Comment prendre le bon ? Toute la difficulté est de retrouver un peu de raison, alors que l'on n'a aucune raison d'en avoir, et de pardonner. Mais, sans cela, les dommages seront définitifs. 

Les conditions de la coopération en France

Depuis des décennies, la politique économique gouvernementale attribue le défaut de compétitivité français au facteur individuel : en quelque sorte à l'arriération du patron français. Les études que mène l'association des interpreneurs montrent qu'il n'en est rien. En termes d'esprit entrepreneurial, le Français est probablement un champion du monde. Son talon d'Achille est la coopération. Ce qui fait la force de l'Allemagne, c'est le collectif. Tout le reste en découle. 

Vous pouviez mettre n'importe quel sénateur à la tête de l'armée romaine, elle gagnait des batailles. Il en est quasiment de même en Allemagne, pour l'entreprise. 

Problème : la coopération est, presque, dans les gènes allemands (témoignage). Comment pourrions-nous reprendre l'avantage ? 

L'association constate que le Français tend à voir le Français comme un ennemi, alors que l'Allemand le perçoit comme un confrère, un membre d'une d'élite. Pour autant, dans certaines conditions, très particulières, la coopération, en France, se produit. (En particulier, chez certains clusters d'entreprises.) Seulement, il semble que cette coopération ne soit jamais un acquis. Il n'est pas impossible que la coopération à la française obéisse à la logique du "bateau pirate" : un groupe d'individus, se respectant les uns les autres pour certaines qualités, peut être d'honneur ?, se réunit pour faire "un coup".

Nous cherchons à les déterminer plus précisément ces conditions. 

jeudi 16 décembre 2021

Gouvernement et intelligence collective

La mortalité par alcoolisme aurait augmenté de 20%, en Angleterre (1500 morts de plus, d'après mes calculs), du fait du confinement, disait la BBC. En outre, les progrès scolaires de tous les élèves auraient plus ou moins faibli, y compris ceux des meilleurs. Ce qui semble dire que l'apprentissage a une importante part de stimulation sociale. 

Quand on fait des tests statistiques, on utilise deux critères. Le premier est le risque d'écarter une hypothèse alors qu'elle est juste. Le second est d'écarter l'alternative, alors qu'elle est juste. 

Dans la vie de tous les jours, on ne prend en compte que le premier critère. C'est généralement une erreur. En effet, en se laissant un peu de souplesse, on peut réduire presque toujours massivement le second risque. Car, à long terme, c'est souvent lui qui compte réellement. 

Ce qui manque à notre type de gouvernement (mondial) à exécutif jupitérien, c'est cette capacité à la souplesse, à l'intelligence. Car la véritable intelligence n'est pas, comme le croit implicitement ce modèle de gouvernement post gaullien, individuelle, mais collective.

Gouvernement mondial

Conférence sur la régulation des affaires mondiales. Présentation d'un livre d'un éminent technocrate mondial. Comment faire évoluer l'ONU pour qu'elle puisse, vite et bien, régler des affaires comme la transition climatique ? 

De manière peut-être inattendue, ce qui ressort de la discussion est que l'ONU devrait ressembler à l'Union européenne. Il semblerait même que le projet initial ait été de la faire ressembler aux USA. Ce projet aurait été dénaturé par le sénat américain et l'URSS. 

En particulier, elle devrait avoir une chambre de représentants des peuples, élus. Et pas un pays, une voix, comme aujourd'hui, ce qui donne autant de poids à la Chine qu'à une île du pacifique. Dans ce nouveau dispositif, la Chine serait dominante ! 

Quant on constate les difficultés de l'UE, et le rejet que suscite actuellement plusieurs décennies d'activisme de ses instances dirigeantes, avec le Brexit comme résultat, ont peut douter de ce montage. Et encore, imaginons une UE qui contiendrait des rivaux tels que la Chine et les USA ! Imaginons que l'on impose une transition climatique en force, alors que l'on n'a pas la moindre idée de comment la réaliser ! 

Comme le disait Camus, le technocrate est un "révolutionnaire", certain d'avoir raison, il veut imposer ses idées ? C'est un "possédé", au sens de l'oeuvre de Dostoievsky ? Paradoxe d'une administration dont la mission est d'être au service de l'humanité ? 

Vaccination et liberté

Les conservateurs s'opposent à Boris Johnson. Il jugent les mesures qu'il veut imposer, pour éviter une aggravation de l'épidémie, liberticides. C'est à dire contraires aux principes mêmes de ce que signifie être conservateur : la liberté de l'individu. Ces mesures seront adoptées, car elles sont soutenues par les travaillistes. Seulement, ce type de décision additionné aux scandales qui le concernent pourrait faire que son parti décide de choisir un autre premier ministre, avant les prochaines élections. Son remplaçant pourrait être Liz Truss, une réincarnation de Mme Thatcher. 

Intéressante question. Ne faudrait-il pas, de temps à autres, s'interroger sur ce que sont les principes de notre démocratie, et, s'ils sont violés, quels peuvent en être les conséquences ? 

Cela dit peut être surtout qu'une démocratie n'est pas ce que l'on croit. On ne peut lui imposer que ce qui fait consensus. Ce qui ne marche pas, c'est la décision fruste, grossière, façon "j'ai raison, vous avez tort". La démocratie demande du débat, et des mesures subtiles et complexes. La démocratie, c'est l'intelligence collective. Et on en est encore loin. 



mercredi 15 décembre 2021

Vive l'électricité !

Pour changer un individu, il faut changer son environnement. Voilà ce que dit Kurt Lewin. 

Je mesure souvent la justesse de cette idée. Par exemple ? 

Je me suis installé en banlieue. Comme ailleurs, ma ville a conservé une partie de l'héritage du Moyen âge, en particulier, en termes de routes. Si bien que l'on y circule mal, et qu'énervé par les bouchons, l'automobiliste cherche à emprunter à pleine vitesse ses sens uniques étroits et tortueux, aux trottoirs minuscules. C'est bruyant, dangereux, et polluant. On se demande : tous ces gens ont-ils vraiment besoin de prendre leur voiture (en particulier le week-end), et de conduire aussi brutalement ? Et on en arrive à voir les bénéfices du moteur électrique. Certes, on n'est pas très sûr que, tout étant pris en compte, il ne soit pas globalement pire que le diesel, mais, au moins, il transformerait la vie de ma bourgade. Et on en arrive à comprendre Mme Hidalgo. 

Phénoménologie

Le billet "Phénoménologie" est un des best sellers inattendus de ce blog. (En fait, c'est aussi le cas de la plupart de mes tentatives de décryptage d'ouvrages de philosophie.)

La phénoménologie, en elle-même, illustre un phénomène curieux, mais qui semble être une loi de la nature humaine. Elle a été récupérée par ceux qu'elle était supposée dénoncer ! 

Le principe même de la phénoménologie est de dire que notre interprétation des faits est biaisée. Et c'est, en particulier, vrai pour les scientifiques. Ils ne voient que ce qui correspond à leurs préconceptions. Voilà qui est terrible. Et qui devrait nous inquiéter : nous sommes sujets à l'illusion individuelle et collective ! Nous sommes des "aliénés" ! Faire que nous soyons sans cesse sur nos gardes, comme un pygmée dans la jungle, ou comme un alpiniste à main nue, accroché à 500m du sol. Or, si la phénoménologie a été une telle mode, c'est parce qu'elle a permis aux esprits non scientifiques de croire qu'ils l'étaient ! Les autres ont tort, moi j'ai raison, dit le phénoménologue. Je suis le seul à percevoir la vérité ! L'aliénation a la peau dure. 

Paris en faillite ?

Les dettes de Paris sont très inquiétantes, lit-on. On parle d'interdire une pratique dont sa mairie a usé : la capitalisation des loyers. C'est-à-dire additionner les futurs loyers qui vont lui être versés et les considérer comme des revenus. (Ce qui fait que l'on remplace 6,5m de revenus par 360...)

Cette pratique a choqué ce blog il y a fort longtemps. En effet, elle avait été utilisée par Enron, société américaine de sinistre mémoire, pour gonfler (invraisemblablement) sa valeur. La Grèce, aussi, s'en était servie aux temps de ses malheurs. (Explication.)

Question : pourquoi a-t-il fallu aussi longtemps pour réagir ? 

mardi 14 décembre 2021

Vive la concurrence ?

M.Macron ne peut plus dormir tranquille. Du jour au lendemain, Mme Pécresse est devenue une formidable menace. (Comme quoi, un rien peut changer une personne !) 

S'il veut conserver son emploi, il va devoir sortir le grand jeu. L'électeur a retrouvé le pouvoir qu'il avait perdu depuis bien des décennies ! Vive la concurrence ?  

Le retour de l'opinion

"L'opinion". Un terme dont on n'entendait plus beaucoup parler semble revenir en force. Que pense "l'opinion" ? ai-je entendu dire à plusieurs reprises, dans une émission de radio. 

Jusqu'ici il semblait que c'était la raison qui gouvernait le monde. Egalité des sexes, transition climatique, etc. Mais, soudainement, apparaît une sorte d'impondérable : "l'opinion". Phénomène mystérieux, dont on ne parle qu'avec stupeur et tremblements, avec "horreur" au sens romantique du terme. 

Est-ce elle qui explique certains revirement surprenants ? Du jour au lendemain, l'énergie nucléaire ne semble plus susciter de rejet. Plus curieusement, l'immigrant n'est plus désirable. 

Tolérance

La France a la particularité d'être un pays où l'on se hait. (Suite du billet publié à la même heure, hier.)

Cela est très probablement culturel. Notre enseignement, en particulier, nous serine qu'il existe à tout problème une bonne solution, et qu'elle est unique. On dit que c'est un héritage du catholicisme. 

Comment remédier au mal ? C'est la tolérance, probablement. Henri IV. 

Comment la réaliser ? Probablement par la complexité. Le monde est complexe, il n'y a pas une seule bonne solution. Pour autant, on n'est pas démunis. On peut trouver une voie dans laquelle on a envie d'aller, à condition de mettre à contribution le talent de la société, "l'intelligence collective". 

Au fond, la tolérance est ce que n'a pas su réussir la troisième République, en particulier Clémenceau et Jaurès. Certes on s'y affrontait, on y parlait brillamment, mais pour abattre l'autre. Cela a débouché sur un régime faible et instable, qui s'est fait balayer par les Nazis. 

Or, il n'y a pas de tolérance, s'il n'y a pas admiration de l'adversaire, justement pour son art et sa pugnacité. Deux militaires s'entre-tuant sont peut être plus tolérants que deux Français modernes. 

lundi 13 décembre 2021

Manque de chercheurs

Que le vaccin n'arrête pas la diffusion du variant Omicron est alarmant, disait le Financial Times, vendredi dernier. 

Ce qui est surtout frappant, c'est à quel point on en sait peu sur la question, d'une manière générale. Je constate autour de moi que le vaccin ne protège pas de formes sérieuses de la maladie (à quoi, on répondra que, sans vaccin cela aurait été, évidemment, pire). A tel point que, même surdosés, mes amis ne se réunissent plus. Mais surtout, comment se fait-il que, dans une même famille, une partie soit atteinte, et l'autre pas, et même pas du tout, zéro symptômes ? 

Nous sommes une société de l'affirmation. Il ne peut y avoir que le bien et le mal, ou, plutôt, le complot. On a des vaccins ? on utilise les vaccins ! Et si ça ne marche pas très bien ? C'est la faute de l'arriération de la population. 

On raconte que de Gaulle, visitant le CNRS, aurait dit : mais où sont les trouveurs ? Aujourd'hui, nous n'avons que des trouveurs. Il nous manque des chercheurs. Il faut réhabiliter le droit au doute, l'esprit critique, qui fut, jadis, l'apanage de la France. 

(Le Financial Times en VO : The Omicron paradox is starting to reveal itself. Vaccine-induced antibodies can blunt the variant’s onslaught, but transmissibility remains alarming.)

Ptit con

A chaque fois que j'entre en contact avec le monde de l'informatique (et j'y ai toujours travaillé), je deviens fou. J'ai le sentiment que ses systèmes ont été conçus par des extraterrestres. Même le français qu'ils utilisent est incompréhensible. La seule logique, dans ce monde, est celle de la "boîte noire". Il faut débrancher sa raison et tout essayer. Comme les chiens des expériences de psychologie, il faut bondir dans tous les sens pour avoir un espoir de toucher le levier qui va mettre fin aux décharges électriques. 

Ptits cons ! me dis-je, quand je pense à tous ces mecs qui se prennent pour des génies, et qui ne comprennent rien. 

Et moi aussi, j'en ai été un. A peine sorti du système scolaire français, qui n'apprend rien, je me suis trouvé à m'occuper de la stratégie d'une start up. Son métier était la CAO, aider les gens à faire leur métier. Ceux avec qui je travaillais, partenaires ou clients, avaient souvent trente ans de plus que moi. Ils avaient fait une grosse carrière. Mais le chef, c'était moi ! Ils avaient beau nous répéter que nous ne comprenions même pas ce qui était évident pour eux, nous insulter, parfois, nous étions de marbre. Ils ne parlaient pas notre langue. J'ai même entendu dire qu'écouter le marché nuisait à la créativité ! Comme le chien de l'expérience, un jour j'ai touché le levier du changement. Mais, peut-être aussi comme lui, il m'a fallu quasiment une vie pour comprendre ce qui aurait dû être évident. Et cela vient de de ce que, du fait de mon métier, j'ai passé beaucoup de temps avec ceux qui étaient mes clients, au temps de ma jeunesse. 

Morale ? Des dangers de la division des tâches. Notre société donne le pouvoir à l'incompétent. Pas étonnant qu'elle soit en crise permanente. 

Politique et sélection

Ecouter la BBC, c'est découvrir un personnel politique qui ne nous est pas familier. 

Chez nous, ce personnel a quelque chose qui rend mal à l'aise. Peut être au sens de Bergson, de ce qui devrait provoquer le rire : le mécanique voulant se faire passer pour naturel. L'Anglais semble humain. Explication ?

Chez nous, l'homme politique est sélectionné par l'Education nationale. Cela réduit étonnamment le choix aux quelques meilleurs diplômés de l'ENA. Des gens qui font des études interminables, qu'ils poursuivent par une succession de postes administratifs. A cela s'ajoute la particularité de l'enseignement français : il prétend connaître la vérité, avec lui on ne peut avoir que tort ou raison. Et, surtout, c'est celui qui n'a aucun contact avec la réalité, qui prétend l'enseigner à celui qui s'y trouve ! 

L'Angleterre est une société de classes. (Mais, en cela, la France, désormais, n'est pas très différente.) Seulement la classe pouvant accéder au pouvoir est bien plus nombreuse qu'une poignée d'énarques. Surtout, on lui donne un enseignement qui est probablement proche du type grec, c'est à dire on lui apprend à formuler des idées et à en débattre. 

L'Anglais convainc, le Français excommunie. 

Cela fait toute une différence. 

dimanche 12 décembre 2021

Indigne Boris

La grande affaire de la semaine en Angleterre fut les fêtes des Boris Johnson. Alors qu'il le niait, il est maintenant démontré qu'au moment où les rassemblements étaient interdits, on faisait la fête dans la maison du premier ministre. Au même moment il est révélé que ses appartements ont été retapés grâce à un don, non déclaré, d'un riche partisan (en France ou condamne des François Fillon pour moins que ça ?). 

Cela peut être examiné selon plusieurs angles. D'abord, les gens qui enfreignaient la loi, à l'époque des fêtes, étaient susceptibles d'une amende. Ensuite, il y a l'insulte : alors que l'Angleterre se privait, le gouvernement ne se refusait rien. Et il y a le mensonge. Le parti conservateur estime que "conservateur" est, avant tout, un état d'esprit. Et qu'il est l'exact opposé du comportement de M.Johnson. Ue réflexion entendue : l'exemple vient d'en haut. 

Le plus intéressant, peut-être, sont les circonstances atténuantes qu'on lui trouve : quand on travaille aussi dur que nous, on a bien droit à une petite compensation. 

Cela définit probablement le terme "élite", et pourquoi il est aujourd'hui employé avec dérision. Alors qu'après guerre le service de l'Etat était un sacerdoce, l'élite est désormais constituée de gens qui pensent avoir tous les droits, du fait de leur position sociale. 

(Rubrique "people". On annonçait aussi que M.Johnson vient d'avoir un enfant. C'est le second qui lui naît, depuis qu'il est premier ministre. Je me demandais s'il s'était marié tard. En fait, c'est son nième mariage. Je n'ai pas fait un compte exact, mais, entre les légaux et les illégaux, il semble avoir engendré au moins huit descendants. Un modèle à suivre ?) 

Vaccination obligatoire

Comment un Occident ultra-libéral peut-il imposer une vaccination obligatoire ? A l'époque où il y avait des manifestations en France, je me suis demandé s'il ne s'y trouvait pas une partie de l'électorat de M.Macron.

L'Allemagne est, d'ailleurs, extrêmement surprenante. Le vaccin semble y avoir tué la culture du consensus. Et la réaction est extraordinairement violente : il y aurait des appels au meurtre des "provax", disait la radio ! 

Voilà un des paradoxes qu'aime ce blog. Comment l'expliquer ? L'amour de la liberté individuelle du libéral ne s'applique peut-être qu'à lui. Selon la formule des nobles d'antan, ce qui compte est son "bon plaisir". Il impose aux autres ce qui est bon pour lui. C'est sa définition de la liberté. Elle est logique. 

En fait, le principe du libéralisme est qu'il n'y ait pas de chef humain. C'est une forme d'anarchisme. Dans le cas du libéralisme économique, c'est le marché qui règle la société, sans intervention de l'homme. Par conséquent, le paradoxe n'est qu'apparent. On ne peut pas être à la fois libéral et chef d'un gouvernement. 

samedi 11 décembre 2021

M.Macron, cet inconnu

L'UE veut faire passer une loi qui reconnaisse comme salariés les travailleurs employés par les plates-formes numériques. Rien de neuf. Or, la France, seule apparemment, s'y oppose. Pour, semble-t-il, des "raisons économiques". (Potitico.fr de vendredi dernier.)

Qu'est-ce que cela révèle de notre président ? Y aurait-il des Français qui valent moins que d'autres ? Qu'ils ne viennent pas se plaindre, ils ont un emploi ?...

Ce type d'esprit se retrouve-t-il dans des réformes qui puissent laisser une marque durable sur le pays ? 

Le temps des intellectuels

Il n'y a plus d'intellectuels, disait Michel Winock dans une travail qu'il consacre à un trait marquant de notre culture, depuis l'affaire Dreyfus. 

Ce qui m'a choqué. Car ne vivons-nous pas, au contraire, au temps de l'intellectuel ? N'est-ce pas, justement, ce qui est le propre de la "méritocratie" ? Nos entreprises et notre Etat sont gouvernés par les "meilleurs élèves". D'ailleurs, n'est-ce pas ce que dit l'enquête qui a créé le terme "Bobo" à la fin des années 90 ? 

Mais, il y a peut être intellectuel et intellectuel. Michel Winock reconnaît que nous avons des intellectuels du quotidien. Mais ce n'est pas, probablement, ce qu'il entend comme un véritable intellectuel. Les intellectuels d'antan, c'était les Montaigne, les Descartes, ou les Marx. Ils n'étaient pas dans (uniquement) le feu de l'action. Ils construisaient des systèmes, de nouvelles sociétés, autrement dit une oeuvre. Elle guidait ensuite les hommes d'action, "l'exécutif".  

De là tous nos "Think tanks" ? Il semble, effectivement, que la société doive réapprendre à penser. Il est possible que les stratégies émergent de l'action. Mais il faut au moins un dispositif qui ne soit pas dans l'action pour comprendre ce qui se passe, et en tirer des conclusions et une façon d'organiser la société qui permette des les mettre en oeuvre. L'intellectuel ?

vendredi 10 décembre 2021

Réinventer le député

Vive le cumul des mandats ! Le député maire sait de quoi il parle, et, lorsqu'il parle de ce qu'il connaît, sa parole a du poids. Selon la radio, on débattrait de ce sujet entre hommes politiques. 

Le non cumul des mandats avait été présenté par des universitaires comme permettant au député de ne pas se disperser. Ainsi, il aurait tout le temps pour bien faire son travail. 

Tempête parfaite, comme on dit en anglais, cette réforme s'est accompagnée de l'élection de M.Macron, qui a rempli l'assemblée de ses partisans, généralement des intellectuels supérieurs qui y voyaient l'antichambre du pouvoir. Prince philosophe, selon les voeux de Platon, le député est devenu un extraterrestre, et un godillot. 

Eh bien, ce qui donne de la légitimité à un député, ce ne sont pas de belles idées, mais de connaître la réalité du citoyen, dit-on maintenant. Au passage, voilà qui ne va pas dans le sens de la proportionnelle. 

Hayek avait-il raison ?

Hayek aurait dit que, dans les conditions actuelles, la société se réinventait en permanence. Ce qui m'a paru ridicule lorsque j'ai découvert cette opinion. Nos goûts, nos coutumes, nos infrastructures de transport... changent lentement. Les travaux de Marc Bloch montrent des invariants culturels qui semblent remonter au moins au Moyen-âge. 

Mais, comme souvent, j'ai peut-être tort. 

Que l'on considère la société actuelle. L'Occident se réveille, se trouve divisé et malheureux face à des menaces inquiétantes. Il découvre que l'idéologie qu'il suivait était auto destructrice. Il faut, en quelque sorte, réinventer la société, le "vivre ensemble". Pourra-t-on réagir assez vite, avant d'être écrasé ? 

Ce phénomène était déjà visible chez les Grecs, notamment à Athènes. En période faste, la société se déchirait. Elle était solidaire, et même géniale, dans la difficulté. Seulement, elle a fini par disparaître...

jeudi 9 décembre 2021

Cyber canaille

Entre les deux guerres, le libéralisme était à la mode en France. Charles Gide avait trouvé une image curieuse pour le caractériser : dans un jardin libre, ce sont les mauvaises herbes qui gagnent. 

On a parlé d'Internet comme d'une création libertaire. Qu'est-il devenu ? Il est parcouru de bandes sans foi ni loi qui rançonnent le faible. Faiblesse relative, d'ailleurs, car le faible ne l'est que par son manque de relations et sa méconnaissance de la science du piratage informatique. Comme jadis, les maîtres de ce monde sont des gueux. 

Les caves du Vatican

Gide est l'anti Proust. Livres lestes, phrases courtes. Cela ressemble à de l'Anatole France ou aux contes de Voltaire. Mais, n'est-ce pas sérieux pour autant ? 

Celui-ci ressemble à une farce. Les Francs-maçons et l'Eglise se disputent le monde. On y croise des combattants de la raison, un moment touchés par la grâce, des piliers de la morale, un moment tentés par la révolte, des escrocs qui prétendent avoir enlevé le pape, et un être parfait, qui commet un crime gratuit, par désoeuvrement. 

Cela fait penser à l'Immoraliste. N'exagérons-nous pas un peu trop avec la morale ? semble dire Gide. Ne laissons pas assombrir notre joie de vivre par la culpabilité ? Livre hautement subversif ?

Blanc bonnet ?

Qui est Mme Pécresse ? Difficile de la distinguer du président. HEC, sortie seconde de l'ENA. Elle n'a pas  choisi l'inspection des finances, contrairement à lui. Quand elle est entrée en politique, elle avait été approchée par la gauche et la droite... 

Quant à ses convictions ? Elle a été ministre sans histoire pendant la présidence Sarkozy. Seule particularité : son opposition au mariage pour tous. 

Elle se voit "deux tiers Merkel, un tiers Thatcher". Qu'entend-elle pas là, alors que l'Angleterre renie Mme Thatcher, et que Mme Merkel de la fin n'a probablement rien à voir avec ce qu'elle était au début de son mandat ? Peut-être veut-elle parler de leur caractère ? Mais, quand on a réellement de la trempe, a-t-on besoin de se comparer à quelqu'un ? Enfin une différence avec M.Macron ?

(Source : wikipedia.)

mercredi 8 décembre 2021

Inconnue Pécresse

Mme Pécresse, présidente de la République, disent les sondages. 

C'est l'effet Zemmour, dont parlait un précédent billet. M.Zemmour nuit à Mme Le Pen, ce qui permet à un candidat traditionnel d'être au second tour de la présidentielle.

Mais Mme Pécresse est un candidat peu évident. Elle et M.Macron sont quasiment du même bord, celui de l'élite privilégiée, aux valeurs "socialement avancées". Par conséquent, la gauche et l'extrême droite devraient s'abstenir. Ce qui laisse peu de monde. 

Un écart entre eux se creusera peut-être dans les débats. Il serait intéressant, en tous cas, de faire une "étude de perception", pour savoir ce que chacun représente pour l'électorat. Peut-être serait-on surpris du résultat. 

Autre sujet dont on parle peu : l'élection des députés. C'est le point faible de M.Macron. Son parti n'existe pas. Etre élu, pour lui, n'est pas la fin de l'histoire. 

Rien ne va plus ? comme à la roulette ?

Paul Valery et le déclin de l'Occident

Curieux qu'en ces temps de remise en cause, on ne parle pas de Paul Valery. 

Une de ses thèses était que l'Occident avait donné au monde le bâton pour se faire battre. En effet, il était à l'origine d'inventions extraordinaires. Les autres cultures étaient incapables de le rattraper. Or, ces inventions, il les leur avait données. Si bien que, du fait du déséquilibre démographique, il ne serait bientôt plus rien. 

Voilà qui n'est pas un raisonnement d'économiste. L'économiste dit : plus il y a de monde qui produit, plus chacun s'enrichit. J'ai donc intérêt à donner mes inventions. Bien entendu, dans le monde de l'économiste, il ne peut pas exister de personnes ou de nations mal intentionnées. Il n'y a, d'ailleurs, pas de nation tout court. 

Cela pose, tout de même, la question des raisons du comportement de l'Occident. Deux explications possibles :

  • Le savoir-faire aéronautique de la France remonte à la nuit des temps. La France a été le pionnier du domaine. Un temps, on mourrait même pour le progrès. Son industrie actuelle est le fruit de subventions massives. Tout cela ne compte pas pour le salarié qui dirige Airbus. Son intérêt, en quelque sorte, est de brûler le Van Gogh pour se chauffer. 
  • L'Occident, du moins ses classes dirigeantes, est en proie à un étrange phénomène de haine de soi. C'est mystérieux. Mais les intellectuels (cf. Les Bohèmes, les Surréalistes, la contre-culture moderne), qui forment l'élite occidentale, sont particulièrement touchés. 
L'auto destruction de la société serait-elle une pathologie d'une société excessivement individualiste ? 

mardi 7 décembre 2021

Le surhomme et la loi d'Internet

Notre société est totalement numérique. La cyber criminalité devient donc une menace mortelle. Qui vise-t-elle ? Le faible ! (Article.)

Autrement dit, vous et moi. Car, que pesons-nous, nous les amateurs d'Internet, face à un spécialiste ? Ou à une organisation criminelle ? 

D'ailleurs, que pensent de nous ces génies du numérique ? 

Dans Les caves du Vatican, André Gide imagine le caprice d'un être parfait, qui précipite d'un train un voyageur ridicule. L'esprit d'Internet ? 

Villette de Charlotte Brontë

Villette, édition 1952 de l'université d'Oxford, de Charlotte Brontë. Hasard du rangement.

Au dix-neuvième siècle, lorsque l'on était pauvre, on ne pouvait pas se marier. Mariage, qui était la grande affaire de la vie. Une jeune femme, pauvre, décide de partir à l'étranger chercher fortune. Car il semble y avoir de la place pour les services de gouvernantes étrangères. Elle arrive dans le pays de Labassecour, avec son port de Boue-Marine, sa ville de Bouquin-Moisi, son fils ainé de monarque répondant au nom de duc de Dindonneaux, et sa capitale, Villette. (Il s'agit, je soupçonne, de la Belgique.) On y parle français. Elle se fait embaucher par une école pour jeunes filles, l'enseignement étant une des industries de la ville. Elle y rencontre, par un hasard qui fait étonnamment bien les choses, des proches, fortunés, dont elle avait perdu la trace depuis dix ans.

Livre construit un peu curieusement, avec des histoires qui émergent et disparaissent brutalement, sans qu'il y ait un fil conducteur véritable. Plus biographie et anthropologie que roman. 

Notre pauvre coeur trouvera-t-il le bonheur ? En tout cas, ce livre est l'occasion de portraits tout en nuances, pleins d'humour. C'est aussi un livre de femme, qui dément les thèses des féministes modernes. Non la femme du dix neuvième siècle ne se sentait pas opprimée par l'homme. Le livre de femmes est un miroir de celui écrit par l'homme, d'ailleurs : on n'y voit que des femmes, elles tirent les ficelles de la société, et s'affrontent dans une lutte à mort ; les hommes y sont "le beau sexe", pas très futés, et essentiellement jugés sur leur apparence. 

C'est aussi un livre d'Anglais, très content des valeurs, saines, de sa nation, et très méfiant vis-à-vis des Papistes, et de leur doucereuse hypocrisie, ou de l'art quand il heurte le bon sens populaire. On y aperçoit le Français, mais de très loin : insupportablement arrogant. 

Pour le Français, une leçon de ce livre est que la Belgique est une France à visage humain. 

Cohabitation à la française

M.Macron a tous les pouvoirs, et, pourtant, il a un formidable contre-pouvoir : il n'est rien en termes de démocratie locale. Il n'a quasiment aucun maire, conseiller général ou régional, ou sénateur, dans son camp. Le peuple lui a imposé une cohabitation. 

Depuis de Gaulle, au moins, nos gouvernants fulminent. Ils pestent contre une cohabitation qui les empêche de gouverner. Alors ils font tout pour avoir tous les pouvoirs. Mais ça ne marche pas. Même au temps de De Gaulle, le peuple lui avait imposé un sénat opposé à ses vues ! Puis il y a eu la cohabitation gauche droite, puis droite gauche. De fort bonnes années, d'ailleurs. Mais, voilà que l'on a voulu y mettre un terme. Le mandat du président a maintenant la même durée que celui du député. Ce qui a produit une série de présidents omnipotents, dont la politique a suscité l'ire générale. Jusqu'à l'arrivée d'un M.Macron, Jupiter sans base. 

Ce qu'impose le peuple à son élite, ce sont les idées de Montesquieu. Il ne peut pas y avoir liberté sans division des pouvoirs. La démocratie est réalisée quand ces pouvoirs opposés s'entendent. 

(Définition de l'élite ? Des esprits qui se disent supérieurs, parce qu'ils ont lu Montesquieu, alors qu'ils ne l'ont pas compris ? Tandis que le peuple ne l'a pas lu, mais l'a compris ?)

lundi 6 décembre 2021

Lumière et changement

L'astrophysicien David Elbaz (reçu par Etienne Klein, chez France Culture) disait que l'évolution semblait avoir un sens, celui de la lumière... L'univers produit de plus en plus de lumière. En particulier, les être vivants sont, par kilo, considérablement plus émetteurs que le soleil. Car, plus un corps est "structuré", plus il est émetteur. 

Voilà qui est rassurant. Peut-être que nous ne sommes pas là par hasard, contrairement à ce que dit la théorie de Jay Gould.

Il est régulièrement question, dans les ouvrages qui portent sur le changement, et la vie, d'une sorte de travail difficile d'élaboration de la "complexité". Un jeu de combat et d'équipe entre principes opposés. Un peu façon Yin et Yang.

L'effet de serre illustrerait peut-être une des phases typiques de cette lutte éternelle, disait David Elbaz. La "serre" empêche l'émission de lumière. Le vivant doit donc adopter une nouvelle organisation, se réinventer, pour ne pas imploser. 

Les pensées de Pascal


La réputation de Pascal serait-elle surfaite ?

Les pensées sont des notes prises par Pascal, des réactions à la pensée d'autres auteurs, dans le but de composer une démonstration qui aurait convaincu, par la raison, les libertins de se convertir au catholicisme. Ce qui fait que c'est un livre qui n'a aucune originalité quant à son fond. D'ailleurs, ce n'est pas un livre. Les fragments n'avaient pas d'ordre, ce sont les différents éditeurs de l'oeuvre qui en ont choisi un (par éditeur). 

La partie qui me semble la plus intéressante correspond aux errements et à la vanité des prétentions de la raison. Cela vient de Montaigne. Ensuite, il y a une réponse aux attaques contre l'incohérence des textes religieux. C'est, carrément, de l'escroquerie intellectuelle. En effet, Pascal explique systématiquement que c'est parce que le texte est incohérent qu'il prouve la véracité de la religion ! D'où des raisonnements indignes d'un esprit scientifique. Puis il met à contribution les avancées de la science de son temps : de l'infini et des probabilités pour les nuls. Et finit dans des considérations d'apothicaire concernant les miracles et autres sujets hautement profonds. Pour un peu, on avait droit à un débat sur la température des flammes de l'enfer. 

Ce que démontre Pascal, c'est que le calcul est incompatible avec la foi véritable. 

Fin d'épidémie ?

Lorsque l'on a commencé à parler de la version "petit o" du coronavirus, on a entendu dire qu'elle semblait avoir des caractéristiques qui rendraient inefficaces les vaccins actuels, et qu'elle paraissait relativement bénigne. Elle ne tuerait pas. (Mais, elle a commencé en Afrique, qui a une population beaucoup plus jeune que la nôtre, et donc moins à risque, si le nouveau virus se comporte comme l'ancien.)

Intelligent virus ? Il nous propose une sorte de paix des braves ? On le laisse passer, et il ne nous tue plus ? 

Est-ce pour cette raison que les virus ont une telle part dans notre ADN ? Le virus, agent du changement génétique ? 

Pas très scientifique tout cela, mais c'est une belle histoire. En tout cas, cela a une conséquence pratique. Si c'est le cas, il n'est peut-être pas intelligent de concevoir un vaccin qui l'arrête. Car, qui sait ?, notre petit o pourrait laisser la place à une version pi bien plus méchante. Et si la nature obéissait à la loi du Talion ? 

dimanche 5 décembre 2021

Changement surréaliste

Les Surréalistes, si j'en crois Lagarde et Michard (billet précédent), ces purs intellectuels, en voulaient à la culture, et à la société. Ils pensaient que le génie était inconscient, que la société l'étouffait. D'où écriture automatique, drogues, etc.

Les romantiques pensaient de même, et les Bohèmes, et aussi la contre culture moderne de Bob Dylan. Le Bobo est un Surréaliste. Ce qui peut expliquer qu'il s'en soit pris à la culture occidentale, qu'il voyait comme une oppression.  

(Paradoxe : le poète, en se révoltant a détruit l'éducation, ce qui fait que, sans éducation, l'on ne comprend plus rien à la poésie, et que l'on ne peut plus en écrire.)

Un sujet pour M.Blanquer ? Les études font tellement de mal à ceux qui les réussissent qu'ils cherchent à éliminer la cause de leurs tourments ?

Lagarde et Michard


Rencontre avec un Lagarde et Michard du XXème siècle (édition de 1965). Travail colossal. Il synthétise les oeuvres de dizaines d'auteurs, en les illustrant par quelques textes marquants. Et il décrit, brièvement, l'évolution de la pensée française. 

Tout devient simple. En particulier j'ai compris pourquoi tel ou tel poète a marqué son époque. Cela ne tient pas, toujours, à la beauté de son style ou à l'intérêt qu'a pour nous les sujets qu'il a traités, mais à la nouveauté de ses idées, qui ont changé la littérature qui l'a suivi. 

Que nous avons de la chance d'avoir une telle culture ! ai-je pensé. Mais aussi : grand recul ! Que les interminables pages de wikipedia sont ridicules et inefficaces, en comparaison. D'ailleurs elles s'intéressent beaucoup plus aux potins qu'à l'oeuvre. Même nos philosophes modernes semblent avoir les idées moins claires sur Sartre et Camus, par exemple, que Lagarde et Michard, qui étaient leurs contemporains. (Camus n'est pas décrit comme un existentialiste, par exemple, ou défini par son opposition à Sartre, comme ayant raison ou tort, ainsi qu'on le fait aujourd'hui, mais comme le créateur d'un nouvel "humanisme".)

Le plus surprenant, peut-être, est leur attitude vis à vis des auteurs dont ils parlent. Elle est, pour reprendre le terme à la mode, formidablement "bienveillante". Il n'y a pas de "bons" et de "mauvais". Tous ont un parcours, généralement chaotique, qui a abouti à une oeuvre, et c'est cela qui compte. Tous contribuent à la culture française, à son rayonnement. 

Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de critique. Par exemple, il est dit de Sartre qu'il a du génie et de la générosité, mais que, lorsqu'il s'engage dans la politique, c'est "au détriment de l'élaboration esthétique". Ce que Lagarde et Michard n'acceptent pas, c'est la facilité, le relâchement. Pour Bertold Brecht, on lit : "idéologie sommaire" et "saine vigueur technique efficace". Ce qu'ils recherchent, c'est le talent. Une leçon ?

samedi 4 décembre 2021

James Bond a trouvé son maître, il est chinois

MI6, les services secrets anglais, appellent à l'aide. Ils ne sont pas de taille à lutter avec la Chine. Son effort de guerre technologique ridiculise les moyens anglais. (Nouvelles de la BBC d'il y a quelques jours.)

Il y a quelques années, on entendait parler de la "vieille Europe", et d'une Chine nouvel Eldorado, et nouveau paradis terrestre des forces du progrès. Sommes-nous gouvernés par des innocents ? 

Maintenant, tout est numérique. Les cyber criminels parviennent déjà à paralyser des entreprises. Demain une nation ? Face aux moyens considérables, et à la détermination, des Chinois et autres Russes, les innocents vont-ils reprendre leurs esprits ? 

Donner avec des élastiques

"Donner avec des élastiques." Expression de ma mère. Je pensais que cela signifiait être pingre. Mais cela veut dire "faire croire que l'on donne, tout en gardant". 

Toutes nos politiques ont été menées au nom des plus démunis. Mais à qui ont-elles rapporté ? Donner un enseignement gratuit, par exemple, alors que le seul bon enseignement est dans les beaux quartiers, est-ce donner ou prendre ? "Donner avec des élastiques" ? 

Non. Faire croire que l'on donne, alors que l'on prend, c'est plus fort. Malheureusement, ma mère n'est plus là pour trouver un nom à ce jeu. 

vendredi 3 décembre 2021

Ciotti ou le Brexit ?

Mais qui est cet Eric Ciotti, qui sort de la primaire LR ? Décidément, je ne suis pas dans le coup. 

Le discours est apparemment RN. Quant à la fiche wikipedia de l'homme, elle présente un apparatchik, un science po, qui a passé toute sa vie dans le monde politique. (Mais, d'une certaine façon, c'est aussi le profil de M.Zemmour.)

Est-ce un bon choix pour LR ? En termes d'image, Mme Pécresse représente le type d'élite, de modèle de société et les valeurs, que rejette une partie grandissante de la population. Si M.Ciotti parvient en finale, la gauche pourrait s'abstenir, et la droite traditionnelle, les partisans de M.Zemmour et de Mme Le Pen, voter pour lui. Ce qui fait beaucoup de monde.

M. Ciotti ce serait notre Brexit ? Pas tant le choix de la raison, qui comprend que les enjeux majeurs ne sont pas nationaux, mais internationaux, que celui de l'accumulation des frustrations ?

Perversion

Il semblerait qu'un diplômé de médecine sur 4 n'exerce pas la médecine. (Article.) A cela s'ajoute le fait que ceux qui pratiquent sont, pour certains, à temps partiel. Surtout, il y a eu longtemps de terribles quotas. Mais pourquoi ces gens n'ont-ils pas laissé leur place à des gens motivés ? Pourquoi ne leur a-t-on pas fait passer d'entretiens d'embauche ?

Ce phénomène est plutôt la règle que l'exception. L'ingénieur n'est plus ingénieur, le normalien n'enseigne plus, le haut fonctionnaire ne sert plus l'Etat... 

Tous ces gens ont découvert que leur situation leur donnait des privilèges, et qu'ils seraient bien bêtes de s'en priver, comme l'avaient fait leurs prédécesseurs. 

Signe des temps ? Aurions-nous oublié que nous faisons partie d'une société ? Et qu'elle ne peut aller, si nous ne remplissons pas nos responsabilités ? 

(Idée qui m'est venue en écoutant la BBC. L'Angleterre semble avoir les mêmes problèmes que nous. Le NHS est chancelant, et le public est très remonté contre les médecins à temps partiel. Il ne semble pas y avoir de quotas, toutefois.) 

jeudi 2 décembre 2021

Caillot et virus

On aurait trouvé la cause des caillots provoqués par les vaccins Astra Zeneca et Johnson et Johnson, disait la BBC, ce matin. (Vaccins à adénovirus, ce n'est pas la technique de l'ARNm.) Mécanisme tellement complexe, que je n'ai rien compris. En tout cas, cela pourrait permettre de faire évoluer le dit vaccin, au moment où les mêmes informations de la BBC annonçaient qu'il faudrait probablement que la vaccination soit annuelle. 

Dans ma jeunesse de programmeur, on disait que corriger un bug en ajoutait trois... Mais la médecine n'est pas l'informatique. 

En tout cas, on est bien dans le monde de la complexité d'Edgar Morin. Un monde qui désarçonne notre "pensée simplifiante", et pour lequel, il n'y a qu'une règle de conduite : l'humilité. 

(Article ici. Une protéine du sang serait attirée par un composant du vaccin, ce qui produirait une réaction en chaîne dans le système immunitaire.)

La bulle spéculative pour les nuls

La plupart des entreprises travaillent très dur et tirent le diable par la queue. D'autres ne produisent rien et valent cent milliards ou plus. La différence, c'est la spéculation. 

Pourquoi, chaque entreprise ne chercherait-elle pas à en tirer partie ? Pourquoi pas une chaire de spéculation à HEC, par exemple ? 

Les mécanismes spéculatifs ont fait l'objet de travaux d'économistes très sérieux, et sont forts complexes. Quoi qu'ils soient tout à fait rationnels. 

La technique de la bulle spéculative consiste à faire penser que, même si un bien ne vaut rien, il y a un consensus social selon lequel il y a de l'argent à gagner en pariant sur lui, lorsqu'il est à la hausse, et en se dégageant, avec célérité, lorsqu'il est à la baisse. Et il y a des leaders d'opinion, tels que Goldman Sachs en 29, pour montrer la voie. 

Il y a le degré zéro de la spéculation, la bulle spéculative évidente, telle que la voiture électrique, ou le moteur à hydrogène, il y a aussi l'art, le grand art. Et il consiste à prendre une activité totalement ringarde, les taxis ou les entrepôts, par exemple, pour en faire un nouvel eldorado, Uber ou Amazon. La sidération produit la spéculation. Les investisseurs de la Silicon Valley, qui avaient compris la valeur de start up de B.Obama, disaient que la bonne start up est un discours nouveau sur un sujet ancien. Mais ce n'est pas un art de brute. Il est tout en subtilités. The Economist, par exemple, a cru à la disruption de la prostitution. Flop. 

Ce n'est qu'un début. Tout le succès est dans la communication. Un travail de pro, d'Américain. Comme l'écrivait le professeur Trivers, un psychologue, ce qui fait le succès de l'escroc, c'est qu'il croit à ce qu'il dit.

mercredi 1 décembre 2021

Les causes du malheur français

Pourquoi le Français est-il malheureux ? se demandaient MM. Bourlange, Gauchet et Finkielkraut, chez France Culture, samedi dernier. 

Francois, éternels râleurs ? Ces trois personnes ne le pensaient pas. Pour elles, il y a quelque-chose d'existentiel dans ce malaise. Quant à M.Macron il a cru régler la question à coups d'économie. Il s'est sans doute trompé. 

M.Zemmour est un révélateur, disaient-ils. La France a subi une tentative de changement de culture (au sens anthropologique). Cela s'est fait sans discussion, non démocratiquement. Le Français est mis devant le fait accompli. Et il n'aime pas ce qu'est devenu la société. 

En particulier, l'immigration, sujet qu'exploite M.Zemmour. Elle n'est pas vue (par la gauche, selon eux) comme devant s'assimiler dans une culture commune, comme par le passé ; son rôle, au contraire, est de s'affirmer. France Arc en ciel, patchwork de cultures ?

L'échec du changement et le facteur humain

Ce qui explique l'échec d'autant de projets numériques, c'est l'oubli du facteur humain, me disait un consultant. Il me citait une étude faite par un prestigieux cabinet de conseil. 

C'est déjà ce que j'écrivais il y a plus de vingt ans, en m'appuyant sur d'autres études, d'autres cabinets prestigieux. Curieux que rien n'ait changé en autant d'années. 

Quand on parle de "facteur humain", à qui pense-t-on, d'ailleurs ? A ceux qui subissent le changement ? Ou à ceux qui sont à son origine ?