Il s'est produit un changement étonnant depuis que j'ai écrit mon premier livre, il y a 20 ans : une génération spontanée d'experts du changement. Désormais, on sort de l'Education nationale diplômé en conduite du changement.
Le changement est partout, pourtant rien ne change.
Comment expliquer, alors, avec tout ce savoir-faire, le conflit qui mine le pays, l'échec des réformes gouvernementales, et l'état de notre économie ?
Je constate le manque de "boussole" dans le changement. Une boussole a deux intérêts :
- Elle demande un cap. Ce cap doit être un "changement de rupture" (par opposition à "incrémental"), ce que l'on appelle aussi un "stretch goal" ou un "changement de modèle économique". Autrement dit le changement doit être un changement : l'organisation ne doit plus être la même avant qu'après. Quand on observe de près nos changements, ils n'en sont pas. On installe tel ou tel logiciel, par exemple, mais, simplement, en espérant qu'il transformera l'entreprise. Non : la fin justifie les moyens, et pas le contraire.
- Ensuite la boussole guide. L'humanité semble incapable d'envisager le long terme, elle est dans l'instant présent. A chaque fois qu'elle rencontre une difficulté, elle cherche à l'escamoter. Le changement dévie de son cours, et le statu quo revient au galop. Homéostasie. La boussole rappelle le cap, et pourquoi on l'a choisi, et comment on compte l'atteindre. Et alors, miracle, le problème devient simple à résoudre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire