mercredi 30 septembre 2015

Théorie de l'agence et lutte des classes

J'ai parlé d'agence au sujet de VW. Mais la théorie de l'agence ne dit pas que cela. Elle explique que Marx s'est trompé. 

Pourtant, tout commençait bien pour Marx. Car elle affirme que celui qui a le pouvoir n'est pas le "chef" mais l'exécutant. En effet, au contact avec la réalité, il apprend et il crée. Seulement, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Je constate que le "il" est collectif. Ce n'est pas telle ou telle personne qui sait. Pour dégager le savoir collectif il faut faire un travail d'analyse et de synthèse. C'est un travail créatif. Il débouche sur ce que la science du management appelle une "vision". Ensuite, il faut organiser l'effort collectif pour la réaliser. Et c'est là qu'entre en jeu le chef. Et c'est cela qui s'appelle le "changement planifié". 

Chaque "classe" a un rôle dont la société ne peut se passer. S'il y a lutte, c'est qu'il y a dysfonctionnement social. Marx : théoricien de la destruction sociale ?

Qu'est-ce que l'exception culturelle ?

Un mystère : qu'entend-on par "culture", dans "exception culturelle" ? La "culture" française ne semble avoir rien de très particulier. (Voir, par exemple, ce qui est dit de la France, ici.) Certes, il y a eu un modèle de la France, rurale d'ailleurs, dont a beaucoup parlé la 3ème République. Mais cette France a disparu. Elle a été liquidée par la transformation industrielle d'après guerre. Au fond on ne parle plus de culture que pour défendre quelques intellectuels qui réalisent des films que personne ne voit. 

J'ai repensé à cette question en lisant l'étude de Jean-Pierre Le Goff. La "culture" est la politique de la mairie de gauche. Une foule d'associations surgit spontanément. Mais tout capote. Il ne reste, comme manifestation culturelle, que le "vide grenier" ! Cela m'a fait comprendre les combats de N.Sarkozy. Ils étaient jusque-là totalement abstraits. La France que décrit JP. Le Goff donne l'impression de quelque chose de grotesque et de paresseux. Le loisir semble être sa seule valeur. "Travail" y devient un mot grossier. On reconnait l'esprit de 68. On croyait qu'il avait péri de ses ridicules. Or, il a survécu un demi siècle, et le pays est maintenant à son image !

Je me suis souvenu de ma jeunesse banlieusarde. Des missionnaires de la culture visitaient de temps à autre mon école. Ils nous considéraient, mes camarades et moi, comme des arriérés. Nous les trouvions minables. Qu'étaient-ils par rapport à ce que l'on voyait à la télévision ou au cinéma ? Et si la "culture" dans "exception culturelle" c'était cela ? Tout simplement l'affirmation qu'une élite est porteuse de quelque-chose de supérieur ? Et que le peuple est, par nature, ignorant ? "L'exception culturelle" : la protection des prérogatives de cette élite ? Fais ce que tu veux du pays, mais ne touche pas à mes privilèges

mardi 29 septembre 2015

Le changement est-il une adaptation ?


Le changement c'est faire que "ce qui ne marche pas" marche, dis-je à un dirigeant. Pas d'accord me répond-il, tout marche bien chez moi. Le changement est une adaptation. N'ayons donc pas peur du changement. Je lui ai signifié mon désaccord. 

Voici un souvenir de ma glorieuse carrière sportive. Il y a longtemps, donc, j'avais une passion pour la course à pieds. Il semblait que j'avais une capacité naturelle à courir de longues distances. Mais les compétitions étaient des désastres. Ça ne marchait pas. Et c'était frustrant. Je pensais qu'elles se couraient "au train". Or, elles démarraient très vite, comment tenir la distance ? Je m'économisais donc et terminait mal classé et reposé. Jusqu'à ce que je découvre simultanément que je pouvais récupérer dans les côtes, et qu'une course se gagne au bluff, au coup d'accélérateur qui déprime l'adversaire. Et être capable d'accélérer dans une côte est très déprimant. Bref, mes défaites n'étaient pas une question de hardware, mais de software : je pensais faux. 

Morale. On peut changer sans changer. Changer demande d'utiliser quelque chose que l'on possède. Mais de le faire d'une nouvelle manière. Mais, pour cela, il faut changer sa façon de penser. Et c'est là qu'est la difficulté. Donc, effectivement, nous ne devons pas avoir peur du changement puisqu'il ne nous rend pas obsolètes. Mais il est néanmoins un exercice incertain parce qu'il demande de parvenir à modifier la façon dont nous pensons. 

Pourquoi les acquisitions ratent-elles ?

Un des marronniers de la littérature du management est l'échec des fusions. On dit généralement que cela vient de facteurs humains. Mais je pense qu'on ne soupçonne pas à quel point ceux-ci sont infimes. Et à quel point tout l'équilibre de notre monde tient à peu de choses. 

Un exemple. Un phénomène usuel lors d'une acquisition est qu'il n'y a plus d'entraide. Ce qui conduit à une dégradation de la performance de l'entreprise suffisante pour la mettre en péril. C'est un peu comme si on laissait les jeunes conduire sans auto école. Ils sont, relativement, peu nombreux, mais ils provoqueraient suffisamment d'accidents pour paralyser la circulation. 

Un autre exemple de ce type de phénomène est celui dont parlent Myriam Carville et Hervé Kabla. Là, même pas de fusion, un simple déménagement. Et c'est une mutinerie. 

Comme quoi, l'homme et le groupe humain sont fragiles. Ils n'obéissent pas aux équations. Dommage que l'on ne dise pas cela aux élèves des grandes écoles... 

lundi 28 septembre 2015

Fortunée gauche

Fortune de Tony Blair ? Plus de 60m£. (Plus de 80m€.) Bill Clinton vaudrait 80m$. Quant à M.Schröder, le wikipedia allemand dit qu'il est consultant pour Ringier Publishing House, président de l'agence Harry Walker, membre et président du consortium du gazoduc NEGP Company, filiale de Gazprom, conseiller auprès de la Libyan Investment Authority, de la Banque Rothschild, et du ministère des affaires étrangères chinois, membre du conseil de la compagnie pétrolière russo-britannique TNK-BP. Et il gagnerait entre 50 et 75.000€ par conférence. 

Ces conférences seraient le principal moyen d'enrichissement de ces gens. Elles rapportent beaucoup parce que des riches paient cher pour y assister. D'où une question. Ces trois hommes sont des modèles pour la gauche. (M.Blair serait le modèle de M.Macron ; M.Schröder est donné en exemple du courage en politique...) Surtout, ils ont démantelé l'Etat providence d'après guerre. Et si, comme hier les transfuges soviétiques, ils étaient accueillis à bras ouverts, et rémunérés, par les adversaires de leur camp ? Et si la guerre froide s'était poursuivie au sein de l'Occident et avait abouti à la liquidation du socialisme ? 

Changement inéluctable

Talleyrand pensait que le monde était parcouru de grands courants de transformation, et qu'il était sot de s'y opposer. Lui même a remarquablement illustré sa théorie. Avec une exception : son cas ! Il a voulu créer une ancienne (!) et puissante "maison", sans se rendre compte qu'en détruisant l'Ancien Régime, et en trichant avec ses règles, il rendait son rêve impossible. 

Peut-être y a-t-il là un phénomène général ? Les sociétés disparaissent parce que certaines classes de la population veulent en remplacer d'autres. Ce faisant, elles détruisent le système qu'elles rêvent de dominer. Quand l'arrivisme devient le critère de sélection principal de l'Académie, l'ENA, la présidence de la République, ou toute autre institution, c'est Armageddon. 

Ce qu'il y a d'étrange c'est que le changement est d'autant plus implacable qu'il semble ridicule. Par exemple, je discutais il y a peu de réformes de la fonction publique. Bien faire n'est pas très compliqué. Pourtant on a l'impression que l'on s'ingénie à tout détraquer. Le mécanisme dont on me parle est simple : le gouvernement est schizophrène. D'un côté, il se veut généreux avec les ressources publiques, de l'autre il demande à l'administration des économies qu'aucune entreprise ne saurait réaliser. (Exemple ?) En outre il lui impose souvent des moyens de mener le changement coûteux, et qui ne marchent pas. Elle est contrainte de tricher. Par exemple, on me raconte qu'elle trouve le moyen de payer certains fournisseurs avec plus de six mois de retard, les mettant en danger, voire en faillite. 

dimanche 27 septembre 2015

Journée sans voitures


27 septembre, journée sans voiture ? Je ne m'en étais pas rendu compte.

La Mairie de Paris ne semble pas avoir réussi son changement. Kurt Lewin dirait que, pour changer l'individu, il faut agir sur le groupe, et qu'elle n'a pas su créer un mouvement social qui arrête la voiture. Pour cela, il aurait suffi que les piétons envahissent les rues. Mot d'ordre pour la prochaine fois ? 

Les conditions initiales d'Einstein

Einstein est d'utilité publique. Grâce à lui, nous avons une excellente opinion de nous-mêmes. Mécanisme en deux temps : 1) on proclame que c'est l'homme le plus intelligent de tous les temps ; 2) on montre qu'une de ses idées est ridicule. Ce qui sous-entend "qu'on" est plus intelligent que le plus intelligent... 

Dans cet épisode, on s'en prend à ses déclarations concernant la mécanique quantique. Pour lui, des conditions initiales identiques doivent donner des résultats identiques. La mécanique quantique dit que ce n'est pas le cas, et l'expérience lui donne raison. (Article de F.Wilczek.) Le monde est imprévisible. 

Pour ma part, je soupçonne que "condition identique" n'a pas de signification. La physique travaille sur des abstractions. Qu'est-ce qu'un "électron" par exemple ? De loin, on le sait, mais de près ? Il en est de même pour toutes les grandeurs de la physique, la hauteur d'eau par exemple. 

Usage des réseaux sociaux

A l'époque de la bulle Internet, on disait qu'il fallait du haut débit et que les "usages" en résulteraient. Quels sont les usages des réseaux sociaux ? 

Récemment, je me suis mis à utiliser Facebook. Jusque là je me servais surtout de Google+. Je l'utilise pour suivre ce que publient des journaux scientifiques ou économiques. Seulement, j'ai découvert qu'il y avait beaucoup moins de choix chez Google que chez Facebook. D'où mon changement. 

J'ai trouvé que Facebook n'avait rien à voir avec Google+. Google+ est assez froid, impersonnel, alors que Facebook est familial. L'idée "d'amis" n'y est pas déplacée. On suit des proches. On affiche ses photos. On fait des "private jokes". Mais voilà qu'il y a de nouveaux problèmes. Certains de ces proches publient énormément, d'où saturation. D'autant que cela interfère avec ma revue d'articles. Dommage qu'il n'y ait pas une possibilité, à la Google+, de séparer les deux flux. Ensuite, plus grave, j'ai découvert que mes amis ou ma famille étaient extrêmement peu actifs. Il y a un nombre étonnant de comptes dormants, y compris chez des gens branchés. Et les jeunes écrivent peu. Impossible de savoir ce qui se passe dans leur vie. (Le SMS me semble le meilleur outil de communication avec le jeune.) En dehors des anniversaires, rappelés automatiquement, bien peu de choses. 

C'est dommage. Au fond, je trouve que Facebook était une belle invention. Cela m'a fait penser à une citation de Charles Gide : lorsqu'on laisse le marché à lui-même, on obtient ce que donnerait un jardin s'il n'était pas entretenu : de la mauvaise herbe. 

samedi 26 septembre 2015

Agence VW

Le scandale VW illustre le phénomène de "l'agence", obsession de l'économiste. Comment faire que celui qui a l'argent (principal) ne soit pas arnaqué par celui à qui il le donne (agent) ? Car ce dernier est mieux informé que le premier. L'économiste se préoccupe ordinairement d'entreprise. Mais le phénomène est général. Dans le cas de VW, VW a utilisé ce qu'il savait mieux que nous contre nos intérêts. Goldman Sachs, autre exemple : naguère il vendait des produits qu'il savait dangereux. On lui a fait un procès pour cela. Mais alors, me direz-vous, comment puis-je avoir confiance en mon vendeur de légumes, en mon assureur, en mon médecin... ? 

La solution trouvée par l'entreprise moderne est de remplacer l'homme par le robot. Mais, d'ordinaire ce n'est pas comme cela que la société procède. Elle utilise le lien social. Ce sont ses membres qui se contrôlent les uns les autres. Ainsi, vous ne roulez pas à gauche, parce que si vous le faisiez, vous n'existeriez plus. Il est possible que si Goldman Sachs, VW ou votre médecin peuvent tricher, c'est parce qu'un excès d'individualisme a détendu le lien social. 

VW black swan

Et si VW faisait tomber l'Europe ?, disait Wired. Si le scandale qui touche VW lui était fatal, il pourrait l'être à l'Europe. Il n'y a pas que les banques qui soient "systémiques", c'est aussi le cas des multinationales. 

Ce qui illustre la théorie du "black swan" de Nassim Taleb. La vie est faite d'événements improbables qui font des dégâts massifs. Dans ce cas, et conformément à la théorie du chaos, la cause est infime. Quelques lignes de programme, en réponse à un changement (législation) auquel on est trop paresseux pour trouver une solution correcte. C'est ce que Robert Merton appelle une "innovation". 

vendredi 25 septembre 2015

Le cabinet de conseil : de l'adhocratie à la bureaucratie

Le conseil s'est transformé. Il y a 30 ans, le consultant était un grenadier voltigeur. Il était parachuté seul, et sans moyens dans la jungle : l'entreprise à transformer. L'éventuel problème à résoudre n'était même pas bien posé. On pensait : il est ingénieur, donc intelligent, donc il saura faire. Les cabinets de conseil étaient des "adhocraties" : l'initiative était la première des attentes que l'on avait vis-à-vis de l'employé. 

Aujourd'hui, les cabinets sont des bureaucraties. Ils sont dirigés par des vendeurs. Ils commercialisent des procédures, mises en oeuvre par de la chair à canon, dont les prix sont négociés avec hargne. C'est le volume de juniors à petite marge qui fait gagner beaucoup d'argent. Les cabinets de conseil sont donc énormes. 

(Phénomène mondial. Et peut-être pas propre au conseil. Le développement de logiciel a fait de même. Au départ les ingénieurs étaient des divas qui regardaient leur management de haut : la gestion des hommes, c'était pour les ratés, ou les usés. Maintenant le développeur est un rouage muet.
Peut-être faut-il voir là une évolution sociale. Hier il était prestigieux de réaliser. Aujourd'hui on veut être "chef".)

Plage de La Rochelle

La Rochelle, il y a un mois. Cela faisait longtemps que je n'étais pas allé à la plage. C'est peut-être pour cela que quelques détails m'ont frappé. Tout d'abord, j'ai vu une petite minorité de pères s'occupant de leurs enfants. Nouvelle tendance ? Je me demande, par ailleurs, si je ne les ai pas repérés parce qu'ils n'étaient pas très adroits dans leur fonction. Il faudrait, probablement, que l'apprentissage commence dès l'enfance. En particulier que les garçons jouent à la poupée. 

Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de couples blanc et noir. Pourquoi ne m'en suis-je pas rendu compte à Paris ? Peut-être parce que Paris n'est pas une plage, et que je ne vois pas les couples ensemble ? Pas sûr, finalement. Quand je regarde autour de moi, dans mon quartier, je vois beaucoup de couples franco-asiatiques. 

Explication ? Une hypothèse, pas très scientifique : Paris serait plutôt une ville de riches globalisés, qui vont chercher leurs conjoints à l'étranger ; La Rochelle serait une plage de pauvres. 

jeudi 24 septembre 2015

Gouverner c'est dépenser

On se croyait en régime de rigueur, et pourtant le gouvernement promet, promet, promet... Le Monde a enquêté

En fait, il fait des tours de passe-passe. Il essaie de faire entendre gros, mais de donner peu. Mais, tout de même, il donne. Et il n'a pas. Il en est même arrivé à inventer une nouvelle ressource : "la bonne nouvelle" qui pourrait nous surprendre. Autrement dit, il est à deux doigts de la comptabilité créative. La France, nouvel ENRON ? 

La morale de cette histoire est peut être bien que nos gouvernements croient que gouverner, c'est arroser. Et que ce mode de fonctionnement a une grosse part de responsabilité dans les difficultés actuelles du pays. 

La vie privée dans l’Empire romain de Paul Veyne

La vie de la haute société romaine, le reste n’a pas laissé de traces. 

C’est une société qui n’a pas grand-chose à voir avec la nôtre. Le plus curieux, me semble-t-il, est que le « droit romain » est une illusion. Le droit ne réglait pas la société. La loi, c’était la parole des sénateurs. Car les sénateurs représentaient l’autorité, la tradition fondement de la société. C’était donc une question de rapport de forces. La société était une sorte de fédération de grandes familles, petits Etats dans l'Etat. Le père y était tout puissant, il était juge unique sur ses terres. Le noble romain était un propriétaire terrien dont l’idéal était l’oisiveté, puisque seul un oisif peut se livrer aux travaux de l’esprit. En réalité il était un homme d’affaires mu par la soif du gain. Ce qui faisait qu’il s’engageait dans tout ce qui pouvait lui rapporter, et que l’Empire romain était une diaspora de businessmen. C'était un citadin. Car la ville c'était la civilisation. La femme était considérée comme mineure intellectuellement, mais avait une totale liberté, notamment sexuelle. Et elle ne se privait pas de partir avec dot et bagages quand cela lui plaisait. Le bon maître affranchissait ses esclaves à sa mort. Ceux-ci, alors, entraient dans le commerce, et s’enrichissaient. Leurs enfants pouvaient envisager la carrière des honneurs. L'équivalent de nos "petits blancs", le citoyen pauvre, les haïssait. Pour le reste, il y avait une populace de paysans ployant sous l’impôt.

Les grands gouvernaient. Ce qui signifiait essentiellement bâtir des monuments et organiser des fêtes. Tout ceci sur leurs deniers : ruineux. D’autant qu’ils devaient entretenir une cour de clients. Mais, à l’envers, la règle était la corruption, le fort exploitant le faible.

Finalement, le noble romain semble avoir vécu au présent. Il ne croyait pas à ses dieux. Au mieux les voyait-il comme de grands hommes, plutôt que des être surnaturels. Il ne s’intéressait pas à l’au-delà. Il demandait à la philosophie de l’aider à vivre, et à mourir dignement. « Apollinisme distingué fait d’autocensure, vertu de la richesse satisfaite, quiétisme et esthétisme voulus et secrètement puritains, il y a tout un monde là dedans. »

(VEYNE, Paul, La vie privée dans l’Empire romain, Points Histoire, 2015.)

mercredi 23 septembre 2015

La décadence de l'Etat ?

Notre gouvernement se rend-il compte du danger qui plane sur lui ? De même que l'on découvre que la gauche a dérivé de Corbyn a Macron, on réalise que l'Etat est passé de l'interventionnisme au laisser faire. 

En effet, pour les réfugiés, il est question d'emploi, de logement, de formation. Quant à la population, elle, elle est laissée au bon vouloir de l'économie. La politique de notre gouvernement est le laisser faire. Tout notre avenir tient à la fort mystérieuse "croissance". Nouvelle religion, dont les économistes sont les grands prêtres. D'ailleurs, notre président ne répète-t-il pas qu'il est professeur d'économie ? 

Curieux, cette dérive. Il y a eu l'Etat constructeur, interventionniste, dont les grands commis payaient de leur personne, puis l'Etat Keynésien, panier percé et clientéliste, et maintenant que l'on ne peut plus rien donner, le "laisser faire". Histoire d'un basculement de notre "élite" dans la paresse ?

VW et la vertueuse Allemagne

L'Allemagne a bonne mine. Son entreprise la plus prestigieuse triche à grande échelle ! Et en plus cela concerne l'écologie, une croisade du pays et de ses gouvernants. Comment dans ces conditions peuvent-ils donner des leçons de vertu au reste du monde ? En particulier à la Grèce ? Voilà, me semble-t-il, ce qu'il faut retenir du scandale VW. 

Et si la vertu était le vice de l'Allemagne ? Lorsque l'on se donne des objectifs trop nobles, le seul moyen de les atteindre est de tricher ? Enantiodromie ?

(D'autres constructeurs vont-ils être touchés ? Si je comprends bien, les sanctions contre VW tiennent aux lois américaines. Les Français exportant peu devraient être peu touchés. Il est aussi possible que la taille du moteur entre en jeu. Plus c'est puissant, plus ça émet. Les Allemands vendent du gros cube pour gros riche, nous de l'équivalent Traban pour prolo. En revanche cela pourrait flinguer le marché du diesel.
PS. J'avais tort : ce sont plutôt de petites voitures qui sont concernées. En tout cas, la manipulation ne toucherait que les USA. Article du Monde.
PS2. On soupçonne le gouvernement allemand d'avoir été au courant des malversations de VW...)

Idée de tous les jours

Occident, empire des idées, disais-je. Un truc pour intello ? Non, nous sommes tous concernés. 

Un exemple. Un écrivain explique que l'un de ses parents a manipulé sa famille. Il lui en veut à mort. Il y a là un raisonnement typiquement occidental. Le parent est ramené à un modèle mathématique. Celui du manipulateur. Il devient une mécanique, une chose. Ce qui est, selon Kant, le plus grave crime que puisse commettre un homme. De victime notre écrivain est devenu criminel ? N'avons nous pas tous la même tendance à la simplification que lui ?

Définition même de crime contre l'humanité ? Crime dont fut coupable le nazisme. C'est remplacer l'homme par un modèle ? Ou agir selon un modèle, sans souci de la nature humaine ? Peut-être pas tout à fait, car définir c'est être victime du syndrome de l'Idée !

(Exemple de modèle : celui du "marché" ou du "chaos", qui a fait les beaux jours de la littérature du management anglo-saxonne. Littérature dont nous appliquons tous les jours les idées.)

mardi 22 septembre 2015

Egalité de traitement

Des employés marocains de la SNCF demandent à leur employeur 400.000€ en dédommagement d'un traitement inégalitaire. Parce qu'ils étaient marocains leur salaire était inférieur à celui des Français. Hier matin, France Culture justifiait cette revendication au nom du principe : "même travail, même paie". 

Principe intéressant. Pourquoi ne l'appliquons-nous pas systématiquement ? Par exemple, je rencontre beaucoup de pigistes excellents, pourquoi ne sont-ils pas autant payés que des journalistes, en titre ? Pourtant ils font un travail qui me semble au moins équivalent, voire bien meilleur ? On en revient à un débat qui est aussi vieux qu'Adam Smith ou Marx : pourquoi y a-t-il de telles disparités parmi les rémunérations de l'effort humain ? 

Y aurait-il des sous-hommes ? Les Américains répondent oui. C'est la théorie du "créateur de valeur". Tout ce que nous possédons est dû, non à Dieu, mais à quelques êtres d'exception. Quant au reste de l'humanité, il vit à leur crochet. Rien ne peut justifier son existence. 

Occident : l'empire des Idées ?

Je lis Bergson. Il affronte Kant. Car Kant croit que l'homme obéit au modèle de la mécanique classique. Donc qu'il est mécanique. Une erreur qui peut avoir de graves conséquences, si elle est traduite en politique.

En fait Kant est la règle pas l'exception. La particularité de l'Occident, c'est l'Idée, au sens de Platon. En Orient, c'est l'équilibre social qui compte. Nous sacrifions tout à elle, sans nous préoccuper de ses conséquences. Si bien que l'Occident procède par "destruction créatrice". Chaque nouvelle idée veut asservir l'homme. Totalitarisme. Ce qui produit une révolte, au sens de Camus.

Théorique ? Soit un milliardaire de la Silicon Valley. Pendant des années il se concentre sur une tâche extraordinairement étroite. Par exemple, il va programmer. Il réussit. Il est milliardaire. Et alors, il veut imposer au monde sa façon de voir. On pourrait dire de même de n'importe quel penseur. L'Occident c'est cela : des gens extrêmement limités qui croient avoir trouvé le Graal et partent en croisade pour l'imposer au monde par le lavage de cerveau. Pas question d'envisager les conséquences de leurs actes, ils sont guidés par Dieu. (Où ils sont Dieu.)

(Remarque. Ce processus n'est-il pas rendu possible par le fait que ceux qui profitent de l'idée ne sont pas ceux qui en subissent les conséquences ? Une réelle société démocratique où chaque homme a à peu près le même degré de conscience le laissera-t-il se perpétuer ?)

lundi 21 septembre 2015

Les sondages et M.Tsipras

M.Tsipras obtient beaucoup plus de voix que prévu. J'ai pensé en entendant la nouvelle qu'il y avait un biais systématique dans les sondages : à chaque fois qu'ils annoncent un bouleversement dans l'ordre des choses (le FN en France, Ed Milliband en Angleterre, etc.), ils se trompent. L'ordre établi a une sorte d'inertie. 

France Culture proposait une autre explication : les journaux grecs sont aux mains d'intérêts puissants. Ils cherchent à influencer le peuple. Du coup, je me suis demandé s'il en était de même en France. 

M.Macron et les fonctionnaires

M.Macron s'en prend aux fonctionnaires. Cela se comprend. Qu'est-ce qui justifie encore que certaines professions soient protégées ? Et comment se fait-il par exemple, que leur retraite n'entre pas dans le calcul de l'impôt sur la fortune, alors qu'elle est garantie ? Et qu'un calcul d'actualisation classique montre qu'elle atteint facilement le million d'euros. D'ailleurs, l'inflexibilité de la fonction publique ne force-t-elle pas le reste du pays à la flexibilité ? Et si le travail précaire, la PME sous-traitante.. c'était, en grande partie, de son fait ? 

Je lis ce raisonnement depuis des années dans les journaux anglo-saxons. C'est étrange qu'il paraisse une nouveauté chez nous. Malheureusement, cette justice est justice en trompe l'oeil. Car il y a des gens qui seront toujours protégés : les riches. Et ces riches doivent rarement leur argent à leur mérite. Mais pltôt à leur naissance, à leur mariage, à leur arrivisme, au hasard... Démolir le statut des fonctionnaires, c'est vouloir la misère pour tous, pour enrichir un peu plus les riches. Car eux sont au dessus de la justice. Notre problème est : comment remettre en piste ceux qui ne sont pas fonctionnaires. 

dimanche 20 septembre 2015

Disparition des abeilles


Pourquoi l'homme se soucie-t-il tant des abeilles, et de leur disparition ?, se demandait un philosophe. Faut-il voir dans cet intérêt une constante de l'histoire humaine ?

Je ne sais pas ce qu'il en était dans l'antiquité, mais il me semble que le sort des abeilles est le symbole de la façon dont l'homme se comporte avec la nature...

Nous sommes conscients qu'elles travaillent, et pour nous. Aux USA on leur fait même faire les trois huit, on les déplace de région en région. Pour autant, l'abeille n'est pas domestiquée, comme la vache. Autrement dit, nous avons détourné à notre profit une partie de la nature. Et nous la traitons durement. Par ailleurs, sans pollinisation plus rien ne fonctionne. 

On retrouve donc la question de la "mesure" (de la prudence) qui comptait tant pour les peuples anciens. C'est l'idée qu'il faut être sans cesse sur ses gardes, si l'on ne veut pas être victime d'un malheur. Un peu comme un alpiniste au milieu d'une ascension délicate. Sentiment de crainte mêlée d'admiration, que l'on appelait jadis "horreur". Ce sentiment a disparu, les Soviétiques d'abord, les Américains toujours, un moment les Chinois, nous un peu moins, l'humanité en est arrivée à penser qu'elle avait non seulement un droit, mais surtout un devoir de détruire. Laisser des papiers gras ou un sac plastic à la mer, rouler en 4x4, c'est être un homme, un vrai. La destruction n'est-elle pas créatrice ?

Qui a écrit mon livre ?

Mon dernier livre. Voici une synthèse de ce que l'on m'a dit : 

Ce qui frappe : « addictif » !  « Passionnant, lu d’une traite » « D'habitude je peux laisser passer des jours avant de reprendre ma lecture, mais là, chaque paragraphe apporte un intérêt nouveau. » « fascinant », « dévoré », « scotché », « vrai plaisir de lire ».

Un lecteur me dit même qu'il a lu le livre trop vite, il aurait aimé qu'il soit plus long ! (Il l'a lu durant un voyage en avion.)

Ce qui plaît : 
  1. Culture éclectique « votre grande culture et surtout éclectique. » « Il y a une telle puissance dans la réflexion et dans la richesse des connaissances. » (Ce qui est passionnant :) « part dans tous les sens » « spectre culturel ». 
  2. Beau petit livre, qui donne l’impression que la lecture sera facile « C'est un ouvrage de grande qualité. » « Le format est pratique pour l’emmener partout. La division en chapitres courts avec des couleurs repères est également très utile. Bref j’adore il me suit partout. » « maquette super simple, donne l’impression que c’est super simple » 
  3. Le découpage « Structuration d’un sujet complexe par les commandements et le tableau de synthèse, excellent. » « La rédaction me parait très claire et accessible même si chaque paragraphe est un condensé. Le découpage des chapitres est également bien pensé notamment avec l’astuce d’éviter une liste de références en annexes que l’on ne lit pas… L’astuce des 10 commandements est également une excellente idée cela donne des repères et non une recette c’est donc anti énantiodromie… » 
Que retire-ton du livre ? Un plaisir de lecture. Et, cela suffit à la majorité. Mais, tout de même, pour me consoler ?, en mineur, l’envie de changer le monde… « Finalement il donne envie de mener le changement qui est l’essence de la vie, la seule loi fixe. » « Il me suit au quotidien comme un repère ! » Il peut donner, aussi, envie de m'imiter : écrire un livre amusant sur son combat. En fait, il semble qu’il soit perçu comme un livre de philosophie. Humanisme de l’entreprise ? Sans précédent ? Un moyen d’en faire la promotion ? « école de management », « bouquin sur la nature humaine dans l’entreprise », « philosophie dans l’entreprise ».

Auteur comblé mais surpris
Je suis, bien sûr, heureux de cette réception. Ecrire un livre est un travail extraordinairement ingrat, qui ne rapporte rien. Que l'ouvrage soit incompris est le comble de l'injustice. C'est perdre des années de sa vie pour rien. Car écrire un livre, à ma façon, cela prend des années. Mais ce qui me frappe surtout c'est le côté inattendu de ces réactions. D'autant qu'elles expriment un sentiment commun chez des gens très différents. Sans m'en rendre compte il semble que j'ai écrit un livre radicalement différent des précédents. Mais lequel ? Que m'est-il arrivé ? 

samedi 19 septembre 2015

Qu'est-ce que La Marque

Il y a peu je lisais un article qui parlait de "La Marque". C'est un terme que j'ai découvert à une époque où je travaillais avec des agences de communication. On ne le prononçait qu'avec stupeur et tremblement. "La Marque", d'ailleurs, semblait avoir une vie, une opinion. On lui rendait un culte. 

C'est probablement un sujet pour anthropologue. Le monde de la publicité semble s'être coupé du reste de la société. Par exemple, il se décerne des prix, sans se préoccuper de l'opinion du public ou du marché. (Je me souviens d'une publicité pour un assureur, je crois, qui avait reçu de grandes distinctions alors que le téléspectateur n'était pas capable de dire à qui elle était associée.) Et il a ses divinités, La Marque. Serait-ce pour cela qu'il est menacé "d'ubérisation" ? 

La crise : maladie auto-immune ?

On parle de plus en plus de maladies auto-immunes. Si je comprends bien, ce serait une conséquence de notre système de santé et de notre mode de vie. Comme nous nous sommes ultra protégés, notre système immunitaire n'a plus à faire le travail pour lequel l'évolution l'avait construit. Du coup, il utilise ses talents contre son camp. C'est un peu comme une nation qui aurait une grande armée qui déclencherait une guerre civile, faute d'avoir de guerres extérieures à livrer. Une explication complémentaire dit que notre société est elle-même un agent agresseur de notre système immunitaire, qui le déprimerait. 

Justement, je me demande s'il n'en est pas de même de notre crise. On peut interpréter ainsi la croissance vertigineuse des inégalités de ces dernières années : notre société s'était habituée à une forte croissance ; lorsqu'elle s'est arrêtée, les mécanismes qui portaient cette croissance se sont retournés contre leur camp

Question : que faire ? 4 idées me viennent : 
  1. réduire les protections, favoriser des "petites agressions" d'apprentissage
  2. trouver une forme de croissance qui permette d'employer les ressources existantes ; 
  3. réduire la taille de "l'armée" dont la raison d'être est la croissance ; 
  4. regonfler le moral du reste de la population en l'aidant à connaître de petits succès. 

vendredi 18 septembre 2015

Google réenchante la vie


Je dois être une star en Turquie ! C'est du moins ce que me disent les statistiques de Google. 
En réalité, mon blog a une popularité tournante. Longtemps, l'Allemagne a fourni le gros de mon fan club. Auparavant, il oscillait, curieusement ?, entre la Russie et l'Ukraine. 

Après cela qui pourra prétendre que le numérique va désenchanter le monde ? Le numérique, c'est la fantaisie, l'originalité, l'imprévu, la poésie ! 

Les réfugiés, révélateurs des disparités françaises

« Les cadres et professions supérieures, qui vivent une mondialisation heureuse, sont nettement favorables à l’accueil des migrants, alors que les catégories populaires, notamment les ouvriers, y sont hostiles », note M. Cann, qui lie cette hostilité à un « syndrome de la concurrence victimaire », dit Le Monde

La France est double. Il y a une (petite ?) frange qui vit bien, et un gros bataillon qui est inquiet, ou, peut-être, en difficulté. On n'en entend pas beaucoup parler. La presse ne doit pas être très représentative de son opinion. A moins que son rôle soit de nous dire ce qu'il est bien de penser. 

Ce qui est étrange, c'est que, d'ordinaire, on affirme que le pauvre est généreux, mais pas le riche. A moins que le ne pauvre sente une injustice ? Et que le riche ne soit que théorie ?... 

(Les Anglo-saxons ont une autre façon de voir les choses. Ils disent que l'homme suit son intérêt. Sous cet angle, l'immigré est favorable aux intérêts des riches, sinon ils protesteraient, et défavorable à celui des pauvres. Un peu court ?)

jeudi 17 septembre 2015

Faites de votre vie une aventure !

"Usual suspects ver1" by Source. Licensed under Fair use via Wikipedia.
Un ami pisse contre un arbre, une journée au poste de police. Scooter sans casque : retour au poste. Son art est grand. Il connaît les lois mieux que vous, moi et l'administration ou la justice. Et c'est comme cela qu'il transforme des incidents insignifiants en drames. Car, en jouant au plus malin avec l'ordre public, il le rend fou. Heureusement, c'est pas tous les jours qu'on coffre un polytechnicien.

Il y a quelque chose d'admirable dans cette vie, je trouve...
  1. elle est pleine d'un imprévu tonique qui a disparu de nos existences de morts vivants ; 
  2. elle est résiliente : par un entrainement constant, elle entretient ses facultés de survivant ; 
  3. elle lui fait rencontrer une France ignorée. Celle de la garde à vue. Une cour des miracles de paumés attachants, et, qui sait ?, aux talents utiles. Comme dans Usual suspects.

La collaboration : caractéristique culturelle ?

Les cent jours seraient à l'origine d'un des mythes français : la France trahie par la collaboration. Voici ce que me semble dire L'histoire à rebrousse poil

La collaboration est un phénomène curieux. La classe dirigeante française appelle volontiers à l'aide l'étranger pour la défendre de la France. Il y a la Restauration, la guerre de 70, celle de 40 (Allemands puis Américains), et peut-être bien aujourd'hui aussi. En fait, cela remonte au delà de la Restauration, puisque Louis XVI et Marie-Antoinette se sont comportés comme les légations occidentales durant la guerre des Boxers

Comment expliquer ce phénomène ? Comment expliquer qu'il ait contaminé des classes dirigeantes de natures différentes ?... Formation à la théorie mais pas au courage ?... Biais méditerranéen (les Grecs ont appelé l'étranger à l'aide, l'Italie, sous sa pression, a éliminé Berlusconi...) ?...

mercredi 16 septembre 2015

Les jeux olympiques à Paris

En lisant la revue de la Mairie de Paris, j'ai appris que Paris voulait héberger les jeux olympiques. L'article insiste : de nos jours, ça ne coûte rien. Que six milliards. Une bouchée de pain. Avec plein d'aides. 

Mais six milliards, c'est beaucoup pour pour deux millions de personnes... Et qu'est-ce que cela peut bien nous apporter ? Quelle est la raison d'organiser un tel événement ? Une partie de l'électorat marche-t-il encore au pain et aux jeux ? Mais, elle ne pourra pas y assister, de toute manière. Est-ce bon pour le tourisme ? Cela me semble plutôt devoir le gêner. Et Paris n'a plus besoin de pub depuis longtemps. Alors, un monument à la gloire du maire ? Un rite politique ?... 

Toujours est-il que je trouve que les jeux ont perdu de leur lustre. On n'est plus au temps de Mimoun. Les sportifs dont on se sert pour promouvoir les jeux me semblent peu admirables. La raison en est, probablement, qu'il y a inflation d'épreuves. La médaille d'or a été dévaluée. Peut-être, aussi, la gloire olympique a-t-elle été un ascenseur social ? Le champion n'était pas seulement musclé, il était intelligent, et attachant ?

(PS. J'ai entendu dire que les Jeux allaient coûter au Brésil 15md€...
PS2. vendredi matin, France Culture interroge un universitaire qui a étudié les JO. Aucun de rentable, sauf ceux de Los Angeles en 84, parce qu'une seule ville se présentait et qu'ils étaient boïcottés pas les Soviétiques. En moyenne doublement des coûts, les fournisseurs jouant de la politique de l'avenant pour augmenter leur facture. Les revenus sont très inférieurs à ceux projetés. Car ceux-ci sont volontairement enflés : on compte comme dus aux jeux ce qui serait arrivé quoi qu'on fasse, par exemple les touristes de Paris ; et les équipements battis pour les jeux sont peu ou pas réutilisés.)

Le son de Christophe Faurie

Une émission, maintenant disparue, de France Culture demandait aux artistes branchés, ses invités, "d'apporter un son". C'est à dire de faire entendre un bruit qui les avait marqués. Cela peut sembler une idée de cultureux vain, mais je la trouve bonne : c'est par ce genre de détail que l'on révèle sa personnalité, me semble-t-il. Malheureusement, le peu que j'ai entendu ne trahissait pas grand chose, sinon un conformisme déprimant : les sons étaient consensuels (Rolling stones and co). 

Je me suis demandé ce que j'aurais répondu. Voici mon son : la fin du Retour de Martin Guerre. J'ai vu ce film il y a plus de trente ans, alors que j'étais en Angleterre. Souvenir flou. Mais ce qui compte est ce que j'en retiens. Moyen-âge. Un jeune mari s'engage dans l'armée. Des années plus tard, un homme revient (Depardieu), sa femme (Nathalie Baye) le reconnait. Le village est heureux. Pas pour longtemps, car le revenant se met à réclamer les terres qu'on lui a prises. Alors survient un misérable, qui prétend être Martin Guerre. Un procès s'ensuit. Au moment où tout semble gagné, Martin Guerre fait une erreur fatale. Il comprend qu'il est perdu. Et il a la présence d'esprit de disculper son épouse. Il sera pendu. Tarentelle. Pour moi la Tarentelle est à l'image de toutes les musiques populaires : un rythme diabolique, pied de nez au sort. Mais cette tarentelle est associée à autre chose. Il est dit en peu de mots que l'histoire a été racontée par celui qui a jugé l'affaire. Et que ce juge a été pendu pendant les guerres de religion. Cette extraordinaire histoire d'amour a ébranlé ses préjugés de classe, et il est mort pour ses idées. Voilà le type d'homme que j'ai toujours admiré : il n'est rien, il est broyé par le sort, mais il tient droit. 

mardi 15 septembre 2015

Le Brésil victime de la rigueur ?

Plan de rigueur au Brésil. Il le faut bien : le pays doit se faire aimer des "marchés". 

Mais la rigueur est-ce le remède qu'il lui faut ? Le peu que je sais de ce pays est qu'il est victime de ses ressources naturelles. Il ne possède pas d'industrie. Donc, quand l'économie mondiale va bien, il va bien. Quant elle va mal, il va mal. Autrement dit, il devrait investir, et non réduire ses dépenses. Et cela serait aussi bon pour les "marchés", qui creusent leur tombe en accentuant une dépression qui menace d'arrêter l'économie. 

Juger Areva

Les employés d'Areva manifestent. On peut comprendre qu'ils soient mécontents d'avoir à payer les conséquences d'une stratégie qui les dépasse. Et si cette stratégie méritait un jugement ? 

Ma conception du jugement n'est pas habituelle. Pour moi, l'objectif du jugement n'est pas, principalement, condamner. C'est comprendre. Et comprendre pour que l'on ne recommence pas. Car Areva n'est probablement qu'un des multiples exemples d'un phénomène qui démolit l'économie française depuis des décennies. 

En outre je ne crois pas qu'un dirigeant ou un politique ait à se plaindre de passer en jugement. C'est une façon de s'expliquer, de défendre ses idées. Cela fait partie de l'emploi. En particulier, cela va avec les privilèges et le salaire accordés à la fonction. 

Vive les grèves !

Les grèves peuvent être bénéfiques. Une grève du métro anglais a permis à une fraction de ses usagers de trouver des routes plus courtes que celles qu'ils utilisaient jusque-là. Le gain qu'ils ont fait a suffi à contrebalancer les pertes occasionnées par la grève. Contrairement à ce que dit l'économie, l'homme n'optimise pas. Il est coincé dans ses habitudes. C'est l'imprévu qui met en branle son génie. 

Je peux produire des exemples de ce phénomène. Ils ne viennent pas du métro, certes. Mais des commerces des environs. Plusieurs fois, un mécontentement m'a fait modifier mes habitudes. Et j'y ai souvent beaucoup gagné. Il me semble surtout que subir souvent des imprévus est un entraînement qui permet de se préparer au pire... Et si la grève faisait partie de la mission du service public" ?

lundi 14 septembre 2015

Politique : le retour des purs ?

« Stilke Hermann Anton - Joan of Arc's Death at the Stake » 
par Hermann Anton Stilke — http://www.arthermitage.org/Hermann-Anton-Stilke/Joan-of-Arc-s-Death-at-the-Stake.html.
Sous licence Domaine public via 
Wikimedia Commons.
Clinton contre Bush n'aura pas lieu ? Hillary et Jeb pensaient semble-t-il que la présidence des Etats Unis leur était due. Car, ils étaient les bons, les intelligents, de leur famille. La victoire de leur conjoint ou de leur frère était une injustice. On leur devait réparation. Mais, les choses ne tournent pas à leur avantage. Chez les Républicain, Trump fait des miracles. Chez les Démocrates, c'est Sanders. Et l'on parle beaucoup de Bidden. 

Quel est le point commun de Trump, Sanders et Bidden ? Ce sont des "purs". Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ils sont droits dans leurs convictions. C'est exactement ce que reprochait ce matin une chroniqueuse de France Culture à Jeremy Corbyn. Il est pro Russe, et anti Américain, comme aux origines. Il refuse le compromis. Il préfère faire échouer son parti que de renoncer à ce qu'il croit. Comment peut-on être de gauche ("de progrès" précisait-elle), dans ces conditions ?

Et si l'opinion occidentale rejetait les politicards sans principes qui la gouvernent ? Et si c'était le nom du prochain changement ?

(PS. J'entendais un chroniqueur de France Culture dire à peu près la même chose que moi. Pour lui, le seul Corbyn français est Emmanuel Macron.)

Notre droit du travail est il un problème ?

Ma vie c'est l'entreprise et le changement. Ai-je rencontré une fois le droit du travail ? Jamais. Si l'entreprise doit changer c'est qu'elle n'a pas fait son métier d'entreprise. Elle s'est fait larguer par le marché. 

J'ai discuté il y a quelques temps avec une avocate spécialiste de la question. Par ailleurs ultra libérale à ascendant destruction créatrice par le numérique. Elle me disait que partout où elle était passée, ce n'était pas le droit du travail qui était un problème, mais ce qu'en avaient fait les entreprises. Elles lui avaient ajouté une quantité de mesures particulières, et elles s'en mordaient les doigts. 

Je tire de tout cela deux conclusions. La première est que l'Etat est aux abois. Il n'a plus aucune idée, si bien qu'il est contraint d'emprunter celles des autres. 

La seconde est la façon dont le pays et la grande entreprise sont dirigés. Gouverner, en quelque sorte c'est "lâcher", c'est du pain et des jeux. Quant cela ne devient plus possible, on accuse l'employé ou le citoyen de la peste, autrement dit de résistance au changement, et on cherche un moyen de le punir. 

Et si tout cela tenait à la façon dont l'élite voit le peuple ? A savoir comme une masse animale. Et si considérer que nous sommes des hommes dignes de respect était une autre façon de désigner le changement que doit réussir notre élite ? Et si elle avait tout à y gagner, en particulier la découverte de ce que signifie "courage" ?

(Un autre exemple de la façon dont nos politiques gouvernent : voir billet sur le principe de précaution.)

dimanche 13 septembre 2015

Femme de Jésus


Controverse scientifique. Un papyrus sur lequel est écrit, "Jésus dit : ma femme...", est jugé faux par certains, sur des analyses lexicales et syntaxiques, et juste par d'autres, sur des analyses de l'âge de l'encre et du papyrus. 

Le papyrus ne compte que quelques mots disjoints les uns des autres. Ce qui a de l'intérêt est la controverse. Elle dit que la science ne sait pas grand chose. Et elle soulève la question de l'expertise Les experts affirment, apparemment sans aucun doute, que le texte est un faux. Or, il suffit de regarder les textes qui sont produits aujourd'hui, pour constater qu'il y a des tas de façons d'écrire, avec ou sans faute. Imaginons que l'on retrouve, dans cent ans, 1% de cette production, plus un document isolé. Comment juger que ce document est contemporain du 1% par son seul style ? Je me souviens d'ailleurs de sonnets attribués à Shakespeare qui divisaient les "experts". 

Et si les experts avaient été choqués que Jésus puisse avoir une femme ? (Même si c'est un texte du 8ème siècle qui n'exprime que l'opinion de son auteur, et qui, de tout manière, est incompréhensible.) Et si l'expertise n'était qu'un rite social, qui ne fonctionne que lorsque la société est prête à l'accepter ? (Par exemple lorsqu'il y a une fuite d'eau.)

Entreprises : croyez en vous ?

Toutes les entreprises changent sans cesse. Et pourtant, elles ont l'impression d'être les seules à changer. Et c'est cela qui les stresse ! Voilà l'idée que je viens d'avoir dans une discussion.  

Je me rends compte que c'est plus mon expérience du changement qui intéresse les gens qui me demandent des séminaires, que réellement les techniques de changement. Ils sont étonnés de ce que dit Le changement par l'exemple (un recueil de "cas" de changements venus d'une trentaine d'interviews, que l'on trouve sur slideshare), à savoir que cela bouge dans tous les secteurs. On réussit ou on rate, certes, mais on tente, et on n'en fait pas tout un drame. En fait, ces changements terre à terre n'ont rien à voir avec l'idée de "changement" que l'on a en tête. Je crois que c'est là que se trouve l'explication de cette forme de paradoxe. On découvre que l'on faisait du changement sans le savoir. Comme M.Jourdain et la prose. 

Lorsque l'on comprend que tout le monde change et que le changement n'est pas une question abstraite, on se met à penser qu'il ne doit avoir rien de sorcier. 

samedi 12 septembre 2015

Quel changement pour la France ?

Et si le changement en France tenait à peu de choses ? Deux billets me font me poser cette question. 

En fait, c'est la fable du laboureur. Le gouvernement pense que l'on gouverne à coups de nobles principes. Que lorsque l'on a trouvé la "formule ailée", les bons mots, le pays se transforme par miracle. Or, pas du tout. Gouverner c'est descendre dans l'arène et se colleter à la réalité. Et alors, en essayant de s'en dépatouiller, on trouve des solutions. Et, parmi ces solutions, il y en a une qui respecte ses principes.

Et si "le changement c'est maintenant", c'était passer d'un gouvernement par la raison pure à un gouvernement par la raison pratique ?

Gauche de principe

France Culture et la position de la gauche concernant les réfugiés : nous devons les accueillir car la France a un principe : le droit d'asile. Et, en plus, cela divise la droite qui, elle, n'arrive pas à se mettre d'accord sur la question. Chouette ? 

Attention, danger ? Où sont les principes de gauche lorsqu'il s'agit de droit du travail ? Y aurait-il des principes pour les étrangers, mais pas pour les Français, remarquerait un nationaliste ? 

Mais ce n'est pas cela qui me frappe. C'est le parallèle avec ce que dit H.Arendt d'Eichmann. Eichmann confondait "penser" et trouver des "pensées ailées", c'est à dire de belles phrases, qui rendaient heureux lorsqu'on les prononçait. Ainsi au moment de se faire pendre, il déclare qu'il est un "incroyant" (un courant à la mode en Allemagne, selon lequel il n'y avait pas d'au-delà) et, dans la foulée, que lui et ses bourreaux "se retrouveront". En écoutant les débats de France Culture, je me demande si toute la pensée de gauche ne se ramène pas à chercher ce type de "pensée ailée", de principe d'autorité.

(Ce qui est paradoxal pour un mouvement qui est bâti sur le rejet de l'autorité.)

vendredi 11 septembre 2015

Nous sommes tous des réfugiés !

Comment soigner et loger les réfugiés ?, disait ce matin la radio. Demain elle se demandera comment leur trouver un travail. 

Ce problème se pose à beaucoup d'entre-nous. Et si, en se penchant enfin sur la question, notre gouvernement découvrait la réalité de la situation du pays ? Or, quand on cherche, on trouve. Une fois que l'on aura résolu le problème pour les immigrés, il suffira de nous considérer comme des immigrés pour que la crise soit derrière nous ?

(Deux remarques. Après avoir écrit ceci, j'ai entendu dire que certains aimeraient que l'on traite les Roms comme des réfugiés. Comme quoi l'idée de ce billet fait son chemin. Ensuite, un point technique. Beaucoup de textes sur le changement parlent de "problème périphérique". Si vous parvenez à résoudre un petit problème, ce qui est généralement facile, vous saurez résoudre le problème général. C'est le principe du vaccin.) 

Droite et gauche : même combat ?

Pourquoi la pensée de gauche rejoint-elle celle de droite ? Mystérieux. En effet, à chaque fois, cela semble un hasard. La conséquence de principes totalement différents. Mais autant de hasards qui aboutissent au même résultat, est-ce un hasard ? L'exemple de l'immigration. La droite et la gauche sont d'accord : l'immigration, c'est bien, ça ne se discute pas. 

L'argument de droite : l'immigration est bonne pour l'économie. Le marché fonctionnant sur la loi de l'offre et de la demande, et s'alignant sur "la marge", une main d'oeuvre immigrée, quasi gratuite, conduit à une réduction de la masse salariale. A long terme c'est bien pour tout le monde. Promis, juré, craché. Pour la gauche, l'immigré c'est la même chose qu'un Rom ou qu'un homosexuel : une minorité. Et il est bien de défendre la minorité. Parce que toute minorité est opprimée. 

Point commun de ces deux mouvements ? L'idée que la majorité, le peuple, est le mal. Son contraire : une élite. Elle "crée la valeur" selon les théories américaines, ou elle distingue, depuis Platon, les "idées", autrement dit le bien.

Cela peut paraître une pauvre pensée. A tort. Flaubert et Tocqueville avaient peur de la dictature de la masse, eux-aussi. Rien de neuf. Décidément, "l'humanisme", est bien la question du moment.

jeudi 10 septembre 2015

Corbyn : hirondelle qui change l'Europe ?

"Jeremy Corbyn No More War crop" by Garry Knight from London, England - 
Jeremy Corbin [sic]. Licensed under CC BY 2.0 via Commons.
Jeremy Corbyn leader des travaillistes anglais ?

Le succès de cet inconnu surprend la presse anglaise. Car elle pensait que les travaillistes avaient été punis pour le gauchisme de M.Milliband. Or, ils iraient encore plus à gauche. On présente M.Corbyn comme un soixantehuitard fossile ayant les pires fréquentationsUn article de la Tribune fait un point sur cette question :

M.Corbyn ne devrait pas survivre longtemps ! Il a tout le monde contre lui. Et il fait tout pour cela. Ses pires ennemis sont les cadres de son parti : plutôt la droite que lui ! Pire, il prend l'opinion à rebrousse poil. Il dit le contraire des idées reçues. Surtout, il a un discours fort peu démago. Certes il veut rééquilibrer l'activité de la société en faveur des démunis, qui votent de moins en moins pour les travaillistes et de plus en plus souverainistes, écologistes ou indépendantistes écossais. Mais il veut le faire par des moyens bien tristes à l'aune du Marxisme : par exemple, il pense que le déficit anglais (très supérieur au nôtre) est lié à un cercle vicieux : le régime fiscal anglais est très favorable aux entreprises, mais le surcroît d'activité qui en résulte, dont la captation d'entreprises étrangères, ne compense pas le manque à gagner. 

S'il y a changement de la gauche anglaise, ce n'est peut-être pas celui que l'on dit. Après avoir cru au père Noël, d'abord keynésianisme irresponsable puis amour blairiste du marché tout aussi aveugle, elle entrerait en contact avec la, terne, réalité ?

Les Anglais ont été les pionniers de la libéralisation de l'économie. Ce revirement, sans lendemain ?, annonce-t-il un changement politique européen ?

(PS.
  1. Depuis que j'ai écrit ce billet, Jeremy Corbyn a été élu : une analyse des conséquences de l'événement : "one thing looks certain: British politics is about to change in a dramatic way."
  2. A y bien réfléchir, j'ai probablement tort. Le retour d'une forme de "hard left" a peut-être été annoncé par Syriza. Un changement serait en cours ? Et ses voies sont impénétrables ?)
(P2. Corbyn, à la chambre.)

Pourquoi la gauche est-elle de droite ?

Réforme du droit du travail, France Culture semble s'étonner qu'il n'y ait pas de différence entre les idées de droite et de gauche. J'entends des interviews d'un syndicaliste CGT et d'un professeur de droit. Ils trouvent la loi dangereuse. Curieusement, ils sont bien modérés. On aurait pu parler de "dumping social". Ou même des fondements de la République : l'assemblée représente le peuple, et les lois émanent du peuple et s'appliquent à tous. Ou encore évoquer Rousseau : la liberté demande une "égalité de puissance", i.e. personne ne doit pouvoir placer l'autre dans des conditions qui le poussent à renoncer à sa liberté. Il se trouve que le principe du droit du travail, c'était exactement cela. Ainsi que les principes du droit des contrats. Et c'est exactement cela qui est remis en cause aujourd'hui.

La question que France Culture et d'autres se posent est : comment se fait-il que la gauche soit devenue de droite ? Voici deux hypothèses que je tire de The Economist :
  • Dans les années 60, le peuple américain s'est désintéressé des mouvements de contestation qui agitaient le pays au motif qu'ils étaient le fait de gosses de riches. Et si la gauche était dirigée par des gosses de riche, qui ont trouvé ses valeurs pratiques pour la paix de leur conscience, mais dont la politique reflète un instinct forgé par leur milieu ? Le naturel est revenu au galop (phénomène "bobo") ?
  • The Economist dit que M.Blair a voulu faire profiter le peuple de l'économie de marché. Autrement dit, gauche et droite partagent les mêmes idées. Leur différence se situe dans la façon de répartir la manne du capitalisme. 
(En fait, il se trouve que M.Sarkozy est à l'origine de cette réforme, qu'il n'est pas parvenu à mettre en oeuvre.)

mercredi 9 septembre 2015

E=MC2, ce n'est pas Einstein ?

E=MC2. Avant Einstein, la formule était dans l'air. La science mondiale cherchait à établir un lien entre la masse et l'énergie. Et trouvait des formules proches. Poincaré est, d'ailleurs, le premier à l'établir. Mais pour un cas particulier. Quant à Einstein, il l'énonce mais sera incapable de la démontrer, et ce en dépit de quarante ans d'efforts. (Article de Scientific American.)

Comme quoi, en science comme ailleurs, c'est le marketing qui gagne. Mais aussi cela confirme une observation du sociologue Robert Merton : c'est la société qui trouve, bien plus que l'homme providentiel. Toutes les découvertes que nous attribuons à Newton, Darwin ou d'autres étaient dans l'air à leur époque. 

Il semble qu'il y ait ici une sorte de prévision auto réalisatrice. Nous sommes une société individualiste, alors nous avons besoin de croire que ce sont des individus qui la font avancer. Que la science est portée par des épaules de géants. La Chine classique avait une vision des choses différente. Pour elle, c'était la tradition qui comptait. Alors, lorsqu'on faisait une découverte, on se débrouillait pour expliquer qu'elle était déjà connue...

Mme Merkel et la crise des réfugiés

Et si la générosité allemande était sans lendemain ? Un article de La tribune semble dire qu'elle serait avant tout un coup politique. Mme Merkel, animal politique ? Mais qu'il va falloir faire absorber rapidement par l'Europe le flux de réfugiés, car ils ne seront pas longtemps les bienvenus en Allemagne. En fait l'élan actuel de générosité serait une réaction contre des actes hostiles aux migrants. Ils rappellent un passé honni... Ce qui signifierait que le sujet est explosif. Et peut-être aussi que nous avons tous le cœur sec : même la compassion est calculée ?

L'article répond à une question que je me posais : que faut-il faire pour intégrer un grand nombre de personnes, dans une société moderne ? L'Allemagne construit "150000 hébergements", et ouvre l'intérim. Mais ce ne serait pas totalement satisfaisant, puisque l'Allemagne aurait surtout besoin de personnels qualifiés, et qu'il n'y en aurait pas parmi les gens qu'elle reçoit. A moins qu'elle ne leur fasse construire leurs logements ? En tout cas, tout ceci coûte 6md€. Voilà une générosité que Mme Merkel ne permettrait pas à tout le monde ?

(Une solution : faire payer les pays du Golfe pour l'hébergement en Europe des réfugiés de leur région, à qui ils n'ouvrent pas leurs portes ?)

mardi 8 septembre 2015

Mais que sont devenus les printemps arabes ?

BHL a bien fait. En nous incitant à bombarder la Lybie, il lui a évité un bien plus grand malheur. Kadhafi aurait eu en tête un plan effroyable pour sa population. Voilà ce que je retiens d'une chronique entendue hier matin chez France Culture. Il n'était pas dit ce que Kadhafi avait en tête. Et la nouvelle m'a surpris. 

Mais j'ai surtout pensé aux printemps arabes. On nous a dit que c'était une révolte démocratique : mais où sont les démocrates ? En Irak, Sunnites et Chiites s'affrontent. En Egypte, un pouvoir laïc met en prison une opposition musulmane. En Syrie, un autre pouvoir laïc fait face à de multiples factions elles aussi musulmanes... Jamais, il n'est question de démocrates. S'il y en a, ils ne sont guère nombreux, ou guère soucieux de risquer leur vie pour leurs idées. Rien à voir avec les multiples révolutions qui ont ébranlé la France du XIXème. Alors, on périssait pour Rousseau et Voltaire. Que s'est-il passé ? Avons-nous pris nos désirs pour des réalités ? Avons-nous instrumentalisé des mouvements de mécontentement qui n'avaient rien de démocratique, comme il est dit ici ? Autre idée ? 

Changement chez France Musique

Mais où est donc passé l'animateur de la matinale de France Culture ?, me demandais-je l'autre jour. Eh bien, il est devenu patron de France Musique

Il y a quelques temps, je me suis penché sur le changement chez France Musique. La conduite du changement semblait une caricature de ce qu'il ne faut pas faire. Cela aurait-il nui à la carrière de sa directrice ? 

lundi 7 septembre 2015

Qu'est-ce que juger ?

Du livre d'Hannah Arendt, je tire plusieurs idées :
  1. Nous sommes tous coupables. L'effet d'entraînement de la société sur l'homme est colossal. Notre inconscient est formé par elle, et elle prend en charge notre vie. Comment voir ses errements ? Le seul moyen de ne pas finir criminel est d'éviter que la société ne déraille. Les vrais criminels sont ceux qui ont créé les conditions du déraillement. Il aurait été utile de demander comment il s'était passé. Et comment faire pour qu'il ne se reproduise pas. Cela explique peut-être pourquoi le procès Eichmann a été ce qu'il a été : les gouvernants du monde n'avaient pas envie d'être jugés. Ils sont au dessus des lois.
  2. Contrairement à ce que dit Hannah Arendt, je ne pense pas qu'il y ait des gens qui jugent mal et d'autres bien. Nous avons perdu la capacité de juger. Tout l'enseignement que nous recevons nous note sur notre façon de régurgiter ce que l'on nous a fait avaler. La critique est interdite. 
  3. Quant au jugement collectif, il me semble, comme elle le dit, devoir obéir à la logique anglo-saxonne : juger, collectivement, c'est créer la société que l'on veut, donc de nouvelles lois. De ce fait, la loi a un effet rétroactif. 

Eichmann à Jérusalem d’Hannah Arendt

Le livre qui a valu beaucoup d’ennemis à Hannah Arendt, et, peut-être, la célébrité. Elle instruit et elle juge. Accessoirement Eichmann, mais, principalement, Israël, le monde et la justice.

Il est difficile de ne pas conclure des ses observations que ce procès résulte d’un accord entre l’Allemagne et Israël. L’Allemagne sacrifie un lampiste, suicidaire d’ailleurs, contre la tranquillité pour ses autres ressortissants. Israël organise un procès à grand spectacle, qui marque la naissance d’une nation. Et, comme semble le dire Ben Gourion, que ce procès soit une mascarade fait partie du jeu : une nation puissante se moque de la justice. Elle fait sa loi.

Qui est Eichmann ? Un raté en mal de destin. C’est la brebis galeuse d’une famille bourgeoise. Il est impropre aux études. Il croupit dans des emplois sans intérêt. Jusqu’à ce qu’il entre au parti nazi. Le hasard fait qu’il va être chargé de la question juive. Il lit les textes fondateurs du sionisme. Il est impressionné. Il veut trouver une terre pour les Juifs. Et, il se révèle un logisticien hors pair. Il a alors une promotion fulgurante. Jusqu’au grade de lieutenant-colonel. Mais il n’ira jamais plus haut, ce qui est le drame de sa vie. Puis c’est l’heure de la solution finale. Eichmann fait contre mauvaise fortune bon cœur. Qui est-il pour juger ? Il organise maintenant des déplacements vers les camps d’extermination. Après guerre, il fuit en Argentine. Mais il retombe dans l’anonymat. Il dépérit. Son enlèvement par les Israélien est un soulagement. Et son procès est une confession. Pourquoi sa vie a-t-elle été un échec ?, se demande-t-il. Pourquoi sa carrière a-t-elle connu un plateau ? Il ne lui vient jamais à l’esprit qu’il a conduit à la mort des millions de personnes. Il s’excuse même d’avoir fait une entorse à son devoir pour sauver quelques Juifs (notamment de sa famille).

Le plus curieux est qu’il n’y a pas eu de héros. Les nations ont réagi en bloc. Il y a eu celles qui ont dit oui à l’extermination, et d’autres non. Et lorsque c’était non, les Nazis ne pouvaient pas faire grand-chose. Il y a eu d’ailleurs plusieurs façons de dire non. Franchement, comme au Danemark. Ou en disant oui, mais en ne faisant pas, comme en Italie. Quant à la France, elle a été séduite par la théorie, mais elle n’a pas voulu s’associer à une liquidation de masse. L’Allemagne, elle, est passée par plusieurs stades. Dans une première phase, chacun fait de la surenchère pour plaire au chef. Puis, lorsque les choses commencent à mal tourner, on organise la désobéissance. D’abord, on essaie de monnayer le Juif, puis en désespoir de cause de le libérer afin de prétendre que l’on est un bienfaiteur de l’humanité. Eichmann, lui, désapprouve ce désordre et désobéit à ceux qui désobéissent. Autre étrangeté, il semblerait que non Juifs et Juifs allemands soient d’accord sur un point : il y a des Juifs éminents que l’on doit sauver, on peut se passer des autres ! D’ailleurs, ce qui a dû choquer l’opinion à l’époque est ce qu'Hannah Arendt dit de la technique employée par les Nazis pour faire que des millions de personnes partent en bon ordre à la mort. Ils organisaient des Conseils juifs et leur demandent d’organiser la dite déportation. Pour le reste, ce n’est qu’une question de moyens de transport. Apparemment, les membres des conseils finissaient dans un camp pour VIP, que l’on donne à visiter à la Croix Rouge.

Pour Hannah Arendt, ce procès fut une occasion manquée. Le crime nazi, contre l’humanité, était sans précédent. Il fallait qu’un jury international trouve un moyen pour qu’il ne puisse pas se reproduire. Des intérêts inférieurs en ont décidé autrement.

(ARENDT, Hannah, Eichmann à Jérusalem, Folio, 2002.)

dimanche 6 septembre 2015

La SNCF est sympathique

Je dois me rendre en banlieue. Je découvre, un peu par hasard, que mon train habituel a été supprimé. Pour des raisons de travaux, il ne peut plus franchir une gare. Je dois en prendre un autre, puis un bus m'amènera à ma destination finale. Voilà qui a doublé la durée du trajet et lui a apporté un peu de piquant. Mais, ce qui m'a surpris était la capacité de la SNCF à mobiliser beaucoup de personnel, sympathique par ailleurs, pour accompagner son client dans son odyssée. 

L'avenir de la SNCF (et de notre société ?) : de moins en moins de machines, mais des foules de gens serviables ? 

Rationalité et réfugiés

J'entends parler France Culture de la crise des réfugiés. Je me demande si son traitement du sujet ne dessert pas sa cause. Et ne crée pas un fâcheux précédent.
  1. La photo d'un petit mort susciterait un émoi mondial. Or, il y a partout au Moyen Orient des drames humains, et on n'en dit rien. L'émotion est-elle une bonne façon de régler des questions aussi graves ? A ce sujet, je m'interroge sur ce que signifie être un photographe : je ne pense pas que, rencontrant un enfant mort, j'aurais pour réflexe de le photographier. 
  2. J'entends qu'il est inconvenant de parler des causes de cet afflux de réfugiés. Or, elles semblent bien être liées à la gestion du monde par les élites occidentales. Il est, d'ailleurs, étrange que si peu de gens sentent leur conscience concernée par des décisions qui ont provoqué des drames humains effroyables.
  3. Etrangement, les peuples européens sont traités comme des coupables par leurs élites. Ne pas accueillir ces réfugiés est être sans cœur. Mais insulter une population est-elle une bonne façon de susciter sa solidarité ? Ne serait-il pas préférable 1) de commencer par reconnaître que les politiques de nos élites ont été, pour le moins, maladroites, 2) de compatir un rien avec les difficultés des Européens ?

samedi 5 septembre 2015

Le virus chasse en équipe

Ce qui ferait la force de certains virus, c'est qu'ils seraient de l'ARN. L'ARN contrairement à l'ADN n'a qu'un brin, pas deux. Du coup sa duplication conduit facilement à des erreurs. Ce qui serait un atout. L'explication est subtile. En effet, la reproduction du virus produit un grand nombre de variantes. Ces variantes ont une sorte de jeu d'équipe : la bonne variante passe les défenses immunitaires, pour les autres. Ce qui permet au virus d'aller d'un tissu à un autre et d'une espèce à une autre. Mais, pour cela, il faut qu'il y ait une équipe de la "bonne" taille. S'il n'y a pas assez de variantes, le virus se trouve coincé dans certains tissus, s'il y en a trop, les variantes utiles ne sont pas assez nombreuses pour être efficaces. 

Les ressorts de la crise : trop d'argent

Nous sommes promis à une succession de crises. Il y a trop d'argent. A chaque fois qu'une zone géographique semble se relever, l'argent vient s'y placer ce qui crée une bulle spéculative, fait augmenter sa devise et la rend non compétitive. Voilà ce que dit Paul Krugman

Il me semble qu'il aurait pu aussi dire que cette spéculation a pour effet de détruire l'économie. En effet elle apporte un avantage momentané à des projets qui n'ont rien de durable, mais qui, du fait du dit avantage, sont fatals à l'existant. 

C'est un étrange phénomène. Car c'est une forme d'inflation que l'on ne sait pas traiter et qui ne concerne qu'une partie de la population. La politique monétaire actuelle paraît alimenter directement ces bulles spéculatives. On préfère les gonfler, faute de savoir gérer leur éclatement. 

vendredi 4 septembre 2015

SNCF et la bataille du bus

La bataille du rail ridiculisée par celle du bus ?

M.Macron conduit le changement. Le bus attaque le train. La SNCF semble avoir décidé que la meilleure défense était l'offensive. Elle va mettre des bus partout. Mais elle n'est pas la seule. Les monstres du transport vont utiliser les grands moyens. Stratégie : "mettre beaucoup de bus sur les routes rapidement pour capter la demande". Transdev, Flixbus (allemand), Megabus (anglais). Comme lors de la libéralisation des télécoms, cela va-t-il faire des victimes ? Sans compter que les routes du covoiturage sont visées. Des start up pourraient elles boire un bouillon ? Certains trajets ferroviaires vont-ils être liquidés ? Le contribuable va-t-il devoir renflouer la SNCF ? Quid des embouteillages ? De la pollution ?...

Étrange que cette idée ait été lancée au moment où la France organise la COP21 ? On devait avoir besoin de bus pour transporter ses participants...

Vive les urgences !

Quelques observations tirées de ma rencontre récente avec les services médicaux français, et en particulier leurs urgences.

L’exception française
La première chose qui m’a frappée est que la médecine n’est qu’exceptions. J’ai découvert la pharmacie de garde « exceptionnellement fermée », les urgences de Cochin (à qui j'avais été envoyé par les urgences de l'Hôtel Dieu) « exceptionnellement fermées » pour cause de pont du 13 juillet. Voilà qui est extrêmement désagréable, quand on est inquiet pour son sort.

Orientation patient
Et les urgences. Première loi des urgences : les urgences, c’est là où l’on attend. Seconde loi : faire confiance, aveuglément. Ceci est probablement une loi culturelle propre à la France. Les gens y font leur travail. Ils ont une conscience professionnelle. Mais les états d’âme du client ou de l’usager ne comptent pas. Ce n’est que du détail.
Par ailleurs, tout ce qui ne s’exprime pas n’existe pas. De l’intérêt de l’éducation littéraire, qui permet de mettre des mots sur ses sentiments. Et du handicap d’être un ingénieur. Cependant, tout ce qui n’est pas mesurable n’existe pas non plus. La médecine n’est que mesures. Lorsque l’on sort des chiffres on rencontre le regard vide du médecin. J’en ai tiré la conclusion que si ce que j’exprimais n’était pas connu, c’est qu’il devait se dissiper avec le temps… Ou que je représentais un cas économiquement non rentable. Exception française.
Aux urgences, il y a deux types de personnels. D’une part le personnel administratif. D’autre part les médecins. Il faut franchir les premiers pour arriver aux seconds. Les premiers ont leurs lois, qui varient d’un établissement à un autre. Par exemple, l’Hôtel Dieu a ses étiquettes, que n’a pas Cochin, alors que tous les deux semblent frères. Du moins dans le domaine de l’ophtalmologie. Le patient doit deviner ces règles. Ce qui est d’autant plus compliqué que s’il est aux urgences, c’est qu’il est dans un triste état. Mais, au moins cela a du bon. Cela lui montre, après coup, qu’il a des ressources qu’il ignore. Et si « ce qui ne tue pas renforce » devenait le principe de la médecine française ?
Je soupçonne que cet état de fait rend le patient agressif. Ce qui produit un cercle vicieux. Le personnel administratif tend à se replier, à éviter le contact… ce qui rend encore plus agressif le souffrant, qui estime que l’on ne s’occupe pas de lui.
Lorsque l’on arrive au corps médical, tout change. Il ne ménage pas ses moyens, et son temps. Et cela vient en partie de ce qu’il est composé d’internes qui doivent se faire la main, et qui, en outre, ne sont pas très sûrs de leur diagnostic. On y passe beaucoup de temps, mais la qualité des soins semble sans commune mesure avec celle d’un médecin de ville, qui est « aux pièces ».

Connais-toi toi-même
La systémique dirait que le patient et le médecin forment un système. C'est-à-dire que le médecin est habitué à un certain type de comportement du patient. Si l’on n’a pas ce comportement approprié, on est susceptible de ne pas être bien soigné. Je me souviens avoir lu quelque part un article qui disait qu’un commerçant honnête serait ruiné par le fisc. Eh bien, avec la médecine, c’est un peu pareil.
Un ami, qui suivait mes aventures par SMS, m’a dit « qu’il fallait en rajouter ». Effectivement, je commence à comprendre que je ne réagis pas comme tout le monde et que ça me nuit. Tout d’abord, je suis touché que l’on s’occupe de moi. Et surtout que ceux qui s’occupent de moi soient aussi compétents et utilisent le meilleur de la technologie et de la science. Ensuite, je me réjouis dès qu’il y a du mieux. Du coup on pense que je suis soigné, alors que ce n’est pas le cas. Le comportement qu’il faut avoir en France est : la santé est un dû, et je proteste dès que j’ai un pet de travers. Je constate toutefois que ce comportement n’a pas que des avantages. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de malades de surmédication.

En tout cas, vive les urgences ! Je suis infiniment reconnaissant que la société vienne à mon secours dans les moments difficiles.