Mon premier employeur invite son club d’anciens. Je retrouve une société laissée il y a 17 ans :
Grand succès de la soirée : bonheur inattendu de rencontrer d’anciens collègues, qui n’ont pas changés. Ils ont l’air bien dans leur fonction.
En les voyant, je me suis demandé pourquoi j’ai eu plus d’exigence qu’eux vis-à-vis de mes employeurs. Pourquoi leur ai-je demandé de me fournir un travail passionnant ? Pourquoi en ai-je épuisé si vite les charmes ? D’ailleurs pourquoi suis-je devenu si difficile à satisfaire ?
Le DS pour lequel je travaillais était minuscule et pourtant je le trouvais épatant. Je m’enthousiasmais pour un rien. Je pensais que nous allions révolutionner la construction navale, le placement de robots, l’usinage des pièces de tôleries… Aujourd’hui, DS est un gros succès qui emploiera sous peu 10.000 personnes, pourtant ça me laisse tiède. Ai-je vu trop de multinationales ? Je ne perçois plus que banalisation, « commoditization ». Le siège de la société évoque celui de Microsoft, son marché inclut la grande consommation, ses rapports annuels parlent de développement durable, les titres de ses dirigeants s’allongent comme ailleurs (« senior executive vice president » !)...
Quand aux applications informatiques elles me paraissent plus tirées par les effets spéciaux du cinéma, ou inspirées par la gestion, que par la conception de produits. Une vidéo qui parle de prêt-à-porter : on clique sans arrêt sur des lignes « coût », on entraperçoit à peine deux ou trois dessins, et encore c’est un 2D qui ne fait pas rêver. Jadis, je voulais transformer le métier de nos clients.
Étonnant aussi de trouver des gens de Procter et Gamble dans ce qui fut le temple de l’ingénierie française. La poudre à laver a défait les mathématiques ? Ou bonne nouvelle ? La culture si imperméable de DS (le langage y était codé : on y parlait en jeux de mots sur les noms de programme) laisse-t-elle enfin entrer des étrangers ? Beaucoup de noms américains en effet. Mais, au sommet, une équipe d’amis soudés par 25 ans de vie commune.
À force de vivre de crises et de changement, je ne sais plus apprécier le calme et le succès ?
2 commentaires:
Il te faut relire la fable suivante:
http://www.bacdefrancais.net/loup.php
Ne va pas chercher plus loin le bonheur de tes anciens collègues, et ton questionnement personnel.
Effectivement, je me trouve bien dans ma forêt!
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