Les grandes épidémies sont toutes, ou quasiment toutes, des conséquences imprévues du "progrès" social (au sens progression). Toute l'histoire de l'homme depuis l'invention de l'agriculture semble être une tentative de s'isoler de la nature qui donne des résultats contraires à ses espérances. Résultats qui l'amènent à chercher à se protéger encore plus. Exemple ? L'on n'arrête pas de se "désinfecter". Et ce non parce que notre environnement est naturellement toxique, je crois, mais bien plus parce qu'il l'est devenu.
Herbert Simon, l'homme de l'intelligence artificielle, séparait "artificiel" et "naturel". Les lois naturelles étaient celles qui préexistaient à l'homme, les lois "artificielles", celles de son activité. La science de l'artificiel était donc la méthode efficace de mener l'action humaine. Une action humaine qui créait un monde nouveau.
Destruction créatrice
Eh bien, lorsque l'on regarde la nature, son principe premier semble celui de l'interdépendance. Les espèces paraissent chercher à tirer parti de leur écosystème, en lui permettant de faire quelque-chose qui lui était impossible jusque-là. Elles y parviennent en se rendant elles-mêmes dépendantes. (Cf. La fleur, qui a besoin de l'abeille pour se reproduire.) On pourrait parler d'une sorte "d'effet de levier". L'homme s'est privé de cet effet. Toute son histoire semble être mue par le défi qu'il lance à la nature. En se mettant en danger, il stimule sa créativité. C'est peut-être ce que l'on entend par "destruction créatrice". Je me demande même s'il n'existe pas une sorte de mouvement de la vie, le fameux élan vital de Bergson, et si l'homme n'y a pas joué un rôle de parasite. Il s'en est nourri sans y contribuer. Jusqu'à menacer de l'arrêter. Et à faire triompher l'inerte.
Si l'on en croit les modélisations du club de Rome, cela ne peut plus continuer. Il est possible que nous soyons en face d'un changement majeur. Le renversement d'un cycle de dix mille ans. Une société humaine dont le principe passe de l'indépendance à l'interdépendance.
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