J’ai rencontré il y a quelques temps un journaliste qui avait écrit un livre sur l’impossibilité du changement. Eh bien, il avait tort. La France est sans dessus dessous. Et ce changement a une bizarre caractéristique :
- Il est théorique et simpliste. Par exemple les CCI, qui s’étaient développées à partir d’un tissu économique, sont maintenant restructurées sur le modèle de l’état français, la région dirige des départements. La commission Attali, semble-t-il, a trouvé que c’était d’une logique aveuglante : ainsi on pourrait faire des synergies et des économies. Cela rappelle la restructuration des syndicats après 68 : ils sont devenus des appareils et ont perdu toute efficacité et la quasi-totalité de leurs adhérents.
- Mais le clou du spectacle est notre façon de mener le changement. On s'y prend de la même façon que, si, ayant découvert que notre code de la route est irrationnel, nous le supprimions, laissant les automobilistes se débrouiller pour en refaire un plus efficace.
Comment tout ceci peut-il se terminer ? On est dans le cas d’un changement qui n’est pas contrôlé. Plusieurs modèles s’appliquent.
- Le Français résiste. Aujourd’hui les résistants sont liquidés.
- La théorie de l’agence. Les économistes ont observé que celui qui est dans l’entreprise a un avantage sur celui qui est dehors (notamment l’actionnaire). Ils ont gagné des prix Nobel à expliquer comment graisser la patte du dirigeant de façon à ce que ses intérêts soient les mêmes que ceux de l’actionnaire. De là la mode du bonus qui marche si fort aujourd’hui. Mais le diagnostic est juste : celui qui est au cœur de l’organisation a un coup d’avance sur le gouvernement, s’il est mal intentionné (« oligarque »), il profitera du changement.
- Le modèle de Juran. Juran est avec Deming un des experts auxquels les Japonais doivent une partie de leur miracle. Il disait que le risque du changement était le bricolage, les gens ne sachant pas quoi faire ont recours à des mesures de fortune, qui peuvent réserver de mauvaises surprises quelques temps plus tard.
- Le modèle des Contes du Lundi. On y voit les soldats de 1870 essayer de sauver la patrie pendant que les généraux jouent au billard. Le Français a une grande autonomie et un fort sens de l’intérêt de son pays. Mais c'est rarement suffisant.
Compléments :
- Industrial Diagnostics. A Systematic Approach to Management Problem-Solving, selected papers n°3, 1957, Juran Institute.
- Sur le bricolage : Il y a des bombes qui se perdent.
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