De tous temps la pensée économique classique a combattu les corporatismes. Or, curieusement, comme on le voit à nouveau aujourd’hui, la déréglementation conduit à leur renaissance.
Les services achats pourraient avoir accéléré le phénomène :
- En mettant leurs sous-traitants en « concurrence parfaite », ils les ont soumis à une sorte de dilemme du prisonnier. Ceux-ci se sont mis à vendre à perte. En outre les acheteurs ont voulu réduire massivement le nombre de sous-traitants. Résultat : pour ne pas crever, les survivants ont eu intérêt à s’entendre ; comme ils ne sont plus très nombreux, c’est facile. Et, s’ils ne s’entendent pas, il n’en restera bientôt plus qu’un, en situation de monopole. (cf. la sous-traitance automobile.)
- Les acheteurs jugent les offres qu’ils reçoivent sur des critères quantitatifs (typiquement un prix et un délai). Le sous-traitant réagit en dégradant les critères qui ne sont pas pris en compte (le bœuf aux hormones atteint d’encéphalopathie spongiforme est toujours un bœuf, le spécialiste est remplacé par un stagiaire...). Mais ce n’est pas durable. Le sous-traitant est alors amené, dans la logique des achats, à définir ses propres normes (bœuf bio, auditeur diplômé…). De telles normes tuent l’innovation et l’investissement qu’elles imposent bloque l’entrée de nouveaux concurrents, et, peut-être aussi, amène ceux qui l’on consenti à demander qu'il soit fortement rémunéré, i.e. à vendre cher leurs services (cf. les médecins).
Compléments :
- Les achats pousseraient soit à tricher, soit au ritualisme, non à une saine innovation ? (cf. modèle de Robert Merton.)
- Je cite ailleurs Mancur Olson : un monde non réglementé tend à former des oligopoles contrôlant la production d’un bien commun (voitures ou coiffure affro).
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