J'interroge un ami, après avoir écrit Devons-nous revenir à un capitalisme entrepreneurial ? Pourquoi as-tu créé une entreprise ? Pour tes arrières petits enfants ?...
Réponse : Non, pour ne plus dépendre d'un autre patron. La succession ne m'intéresse pas. L'indépendance si.
Une réponse qui me semble extraordinairement intéressante. Parce qu'elle éclaire une des nombreuses erreurs de Nicolas Sarkozy, et de The Economist. Si l'entreprise française ne se développe pas, ce n'est pas du fait d'un environnement défavorable, mais parce que le patron français n'est pas un entrepreneur. Il veut l'indépendance. C'est tout. (Voir aussi le deuxième point de ce billet.)
Si cette hypothèse est juste, arroser l'entreprise de fonds publics n'est pas judicieux. Le patron les utilisera pour ses besoins propres, non pour créer des emplois. Et s'il était plus efficace de rendre la grande entreprise plus hospitalière qu'aujourd'hui ? En effet, je soupçonne que notre économie aurait plus à gagner à mettre le talent de mon ami, et de quelques autres, au service d'une grande cause que de ses intérêts individuels...
2 commentaires:
Pas tout à fait d'accord avec ta conclusion. Arroser de fonds public - si tant est qu'on puisse utiliser le terme arroser... - ne servira pas les besoins propres du dirigeant (sauf cas tordus) mais permettra de pérenniser l'entreprise qui pourra recruter et créer des emplois, qui n'auraient de toute façon pas été créés si le dirigeant était resté dans un grand groupe (et n'aurait pas bénéficié de la liberté d'action recherchée).
Le problème des fonds publics, c'est le mauvais suivi de ce à quoi ils sont employés. C'est plutôt quand une entreprise perçoit plusieurs millions d'euros au titre du CIR, par exemple, et qu'elle réalise plusieurs centaines de millions de bénéfices, qu'il y a un problème...
Dans le cas que je cite, il me semble que le patron en question aurait créé plus d'emplois s'il avait travaillé pour un grand groupe que pour son entreprise. En effet, son grand talent aurait eu un effet de levier plus important. (De même que Napoléon n'aurait pas pu faire grand chose s'il était resté en Corse.)
Plus généralement, subventionner le patron français aura un effet limité, puisqu'il est vite satisfait de sa situation. En particulier, j'ai rencontré plusieurs cas pour lesquels le CIR était non seulement un très gros poste du budget (Plus de 10% du CA, "mon plus gros client" m'a-t-on dit), mais aussi ce qui mettait l'entreprise dans le vert, et surtout l'excuse que l'on m'a donnée pour ne pas développer le chiffre d'affaires: il n'y en avait pas besoin...
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