Si je fais fortune, je finirai ma vie dans une université américaine au soleil. Voilà ce que je disais quand j'avais quatorze ans. Dans mon enfance, la science émerveillait. On pensait qu'elle produirait toujours des résultats nouveaux et surprenants. D'ailleurs, il était plus important de comprendre, d'apprendre, que de découvrir.
La science inspire maintenant la méfiance. Elle patine, et l'accès général à l'éducation a démystifié le savant. Certes il nous domine par son talent. Mais c'est aussi le cas du collectionneur de timbres, ou du champion de 100m. Comme me le disait un mathématicien, la mathématique moderne ne se préoccupe-t-elle pas de problèmes triviaux ? Ce qui a ébranlé la science, c'est la découverte qu'elle reposait sur un a priori, non scientifique : il existe une vérité absolue que l'on peut approcher par la raison. Le pire, peut-être, c'est qu'entre les mains de l'entreprise, elle cherche artificiellement à retrouver sa gloire : elle s'engage, sans contrôle social, dans des chemins dangereux : manipulation du vivant, par exemple.
Doit-on abandonner la science ? Peut-être, comme le disait Niels Bohr du fer à cheval qu'il avait mis sur sa porte : "il paraît que cela marche, même quand on n'y croit pas" ?
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