L'« idéologie » (acception honorable du terme : idée directrice non démontrée, mais qui semble importante) américaine est décisive dans le changement que vit la planète. Et le néoconservateur a des choses à dire sur cette idéologie. D’ailleurs c’est lui qui a influencé la politique de George W. Bush. Une étude du neocon :
- L’article que Wikipedia lui a consacré explique qu’il était, à l’origine, un intellectuel de gauche. Influence majeure : Leo Strauss (Droit naturel et histoire). Idée fondamentale : guerre au « relativisme ». Lutte contre la décadence de l’Amérique. Ce que l’on appellerait probablement en France la « bien pensance ». Le relativisme veut que toutes les valeurs soient respectables (celles des musulmans, des chrétiens, des athées…). Il n’y a ni bien ni mal, comment trouver une voie dans ces conditions ? Le neocon pense qu’il y a des valeurs fondamentales, un « droit naturel ». Quelles sont ces valeurs ? Il est possible qu’elles varient d’un neocon à l’autre. Approximativement, ce sont celles de l’Amérique, une démocratie libérale. Le neocon trouve donc justifié de rayer de la carte, à titre préventif, « l’axe du mal » qui rejette ces valeurs.
- Limiter le neocon à l’action de George W. Bush est peut-être erroné. Les réformes des pays en développement (Russie, Amérique latine, Asie du sud est – voir Consensus de Washington ) menées par la communauté internationale dans les années 90 rappellent ses idées. On a voulu y installer des marchés libres (parfois après destruction des institutions existantes – Changement en Russie). Ce qui ne correspondait ni aux enseignements de l’histoire (les nations capitalistes ont connu de longues phases protectionnistes), ni à une vérité scientifique (aucune des prédictions de l’économie n’ayant jamais été prouvée), mais à l’idéal américain (l’idéologie du boutiquier).
- Cependant, les valeurs du néoconservateur ne seraient pas matérialistes. Allan Bloom, théoricien neocon, parle de « quête philosophique pour la vérité, ou la recherche civilisée de l’honneur et de la gloire ». Contradiction ? Pas forcément : les anglo-saxons ne se voient pas comme matérialistes. La fortune est la récompense du bien (Management fad).
- Une dernière caractéristique du néoconservateur est de penser que le peuple est idiot. Et qu’il faut le bercer de pieux mensonges pour le maintenir dans le droit chemin, et faire son bonheur.
En résumé, le neocon est un surhomme, qui sait que ce qu’il croit (les valeurs de la société dont il est issu) est une vérité absolue.
Compléments :
- Sur les difficultés de l’économie à devenir une science : BLAUG, Mark, The Methodology of Economics: Or How Economists Explain, Cambridge University Press, 1992.
4 commentaires:
En bref, le neocon est... un con !
Je crois que nous sommes tous des neocon. Le neocon est probablement le portrait d'un homme enfermé dans ses certitudes. Un fondamentaliste.
Les théoriciens des Lumières, que généralement nous admirons, ressemblaient beaucoup au portrait que je fais du neocon. Comme les siennes, leurs idées ont eu des conséquences imprévues : une révolution, suivie d'une guerre européenne, qui a tué 10% de la population française (et qui a sûrement fait bien plus de morts étrangers).
Leo Strauss a ecrit de nombreux autres ouvrages, dont un "Pourquoi nous restons juifs : Révélation biblique et philosophie".
Le probleme, ce n'est pas les theoriciens, mais ceux qui pensent en appliquer la pensée. Marx n'est pas coupable, Staline l'est...
Je suis tout à fait d'accord (cf. mon commentaire justement sur le droit naturel de Léo Strauss).
Je tends à penser que sur le fond toutes les théories ont quelque chose de vrai. Elles sont justes par rapport aux hypothèses implicites qu'elles sous-tendent.
Ce qui les rend dangereuses c'est l'application qu'en font ceux qui y voient des règles absolues.
ça me rappelle une pub qui se trouvait près d'une machine à café: on y voyait une casse de voitures avec en commentaire : "conçues par des ordinateurs, construites par des robots, conduites par des Italiens".
Je crois qu'il y a quelque chose de similaire dans l'usage que nous faisons des oeuvres de nos philosophes.
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