Le missionnaire et le privilégié semblent le Yin et le Yang
français. C’est une idée qui a fini par émerger du livre
de Pierre Rosanvallon sur L’Etat en France.
Mais le missionnaire et le privilégié n’ont-ils rien en
commun ? Il me semble que l’on peut les expliquer par un individualisme
comme négation de l’humanité de l’autre. Le missionnaire (pas uniquement
religieux, pour Pierre Rosanvallon, c’est l’instituteur, le polytechnicien des origines ou l’énarque
de l’immédiat après guerre) veut faire le monde à son image. La société pour
lui est une chose qui lui doit tout. Quant au privilégié, c’est un parasite. Il
se nourrit de la société. Elle n’a pas pour lui une plus grande réalité que pour le
missionnaire.
Curieusement, ces notions sont indifféremment de gauche et
de droite. 68 était une revendication du privilège (profiter de la vie et des
autres, sans obéir à aucune contrainte), de même que le libéralisme économique.
L’église catholique et la gauche collectiviste sont missionnaires.
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