France Culture parlait du crépuscule de Martine Aubry. Qui a vécu par le glaive... Une fois de plus.
Martine Aubry est le héros de mes livres. Les 35h sont un exemple quasi caricatural de la façon dont la France mène le changement. A savoir
- La disjonction entre notre esprit linéaire, "réductionniste", et la nature systémique des organisations. Passer de 39 à 35h, c'est réduire de 10% le temps de travail. Or, il y a 10% de chômeurs. Donc cela devrait liquider le chômage. Or, le chômage est inchangé. Exemple d'homéostasie. La loi des 35h a produit un gain de productivité similaire aux lois Schröder.
- Les vices du "changement dirigé". Le changement dirigé est la technique de conduite du changement associée à la technocratie. Et au totalitarisme. C'est elle qui est utilisée systématiquement par l'entreprise et l'Etat. Le haut, éclairé, impose au bas, inculte. Ce qui entraîne le "phénomène de l'agence". Il vient de ce que celui qui a le pouvoir est celui qui met en oeuvre le changement. Il peut en faire ce qu'il veut. Dans ce cas, seules les grandes entreprises étaient armées pour transformer la mesure en quelque-chose qui leur convenait : la fin d'acquis sociaux gênant la productivité. Aussi bien l'Etat que les PME ou les syndicats n'étaient pas de taille à lutter avec elles.
Le plus surprenant est que Mme Aubry avait peut-être touché quelque chose de juste. Les pays occidentaux à faible chômage ne semblent pas le devoir à l'augmentation des heures travaillées, mais à une répartition de ces heures. Ce qui permet d'en abaisser le prix.
Quand à son "crépuscule", il semble venir, selon France Culture, de cette nature autoritaire. Elle lui a fait imposer les 35h sans consultation, et sans se préparer d'appuis. Aujourd'hui, elle l'isole de la société. Peut-être aussi n'a-t-elle plus les moyens d'exprimer ses désirs, par la seule façon qu'elle connaisse : l'ordre ? Forme de dépression ?
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