jeudi 18 novembre 2010

Trotskysmes

BENSAÏD, Daniel, Les Trotskysmes, Que-sais-je ?, 2002. L’aventure trotskiste vue par un de ses acteurs.

Il y a eu Trotski, esprit élégant et libre, et ses orphelins, les Trotskistes, une poignée d’intellectuels querelleurs et teigneux. Alors qu’il était tout sauf un messie, ils se sont évertués à construire sa parole en dogme. D’où une série ininterrompue de conflits et d’interprétations à contre sens de l’histoire.

Que pensait-il ? Que la révolution devait être mondiale. Mais aussi qu’il n’y aurait pas de grand soir, mais un changement long, incertain, soumis au coup de théâtre. Il pensait que le prolétariat était fait d’opinions différentes et qu’elles devaient être démocratiquement représentées. Et il s’inquiétait de la bureaucratisation de la société. Et si le peuple se montrait incapable de diriger le monde et laissait sa place à une bureaucratie privilégiée ? Surtout, il était pragmatique, et sa pensée évoluait au gré des événements, la rendant difficile à suivre. 

Le Trotskisme est devenu à sa mort le repère des jeunes intellectuels révoltés. En dehors de cette révolte, tout les séparait. Il s’est réduit à chercher « l’effet de levier » qui modifierait les « rapports de force » et mettrait en mouvement la « masse ». Croyant sans cesse à l'imminence de la révolution, incapables de ne rien construire à long terme, ils se sont aigris ou sont allés chercher ailleurs la reconnaissance due à leur mérite, exceptionnel.

Commentaires

Le trotskysme serait-il simplement un mouvement de revendication pour intellectuels individualistes ? Un moyen de faire reconnaître des talents hors norme lorsqu’ils ne se prêtent pas aux mécanismes traditionnels de promotion sociale ?  (Ce qu’a peut-être compris F.Mitterrand, qui a fait entrer de nombreux Trotskystes au PS.)

Curieusement, la vision de Trotski de la bureaucratisation de la société rejoint celle de Schumpeter. Ce dernier y voyait une réalisation du communisme par des moyens non marxistes. Galbraith pensait que cette bureaucratisation avait créé une société d’opulence.

Compléments :
  • Mon début d’enquête sur le Trotskysme et les Trotskystes.

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