Mes étudiants discutent des critères de sélection de
Dauphine. Si je comprends bien, durant les premières années, les lycées
parisiens proches ont un avantage décisif. En dernière année, ce sont les
polyglottes qui gagnent (étrangers, double nationalité…). Je constate aussi que
j’ai des élèves charmants mais que je n’ai plus les esprits subtils et modestes qui m’avaient
tant impressionné lorsque j’ai commencé à enseigner.
Je me suis souvenu d’une émission de la BBC. Des professeurs
d’universités anglaises se demandaient pourquoi Oxbridge avait une telle cote
alors que d’autres universités offraient un bien meilleur enseignement. Leur
réponse : les relations que l’on s’y faisait.
Ce
que recrutent les universités et les grandes écoles, ce sont des
élèves susceptibles de réussir en société ? Cercle vertueux. Ils prouvent par
leur réussite que l’établissement est efficace. Or, comment réussir en société,
sinon par ses relations ? Par conséquent, la meilleure façon d’être vue
comme une bonne école est de recruter dans la classe supérieure. Du coup, elle
peut se reproduire. Ce qui m’amène à me demander si l’ancien modèle de
recrutement, celui de l’ascenseur social, n’avait pas pour fonction de changer
la société.
Serions-nous passés d’une éthique du missionnaire, qui
servait la société (cf. le polytechnicien), à une éthique de l’oligarque, qui
se sert de la société ?
(Un professeur avec qui je discute de ce sujet, m'explique l'avantage concurrentiel d'être une université du 16ème, qui recrute dans le 16ème. Quand un élève a des difficultés à trouver un stage ou un emploi, ses parents décrochent leur téléphone et appellent leurs amis. Et le problème est résolu.)
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