Aurais-je trouvé les raisons des changements que j’observe
chez mes étudiants ? (Troisième article sur le sujet.)
Henri Bouquin,
qui dirigeait l’unité dans laquelle j'enseigne, abordait le
contrôle de gestion comme une science. Une science que l’on pourrait peut-être appeler le « contrôle des organisations ». Comment les organisations font-elles
pour mener à mener à bien leur mission ? Ses livres synthétisaient toutes les sciences qui avaient trait au sujet : modélisations de
type systémique, sciences humaines, sciences du management. Il avait
tout lu et tout compris. Il s’était
entouré d’une remarquable brochette d’universitaires de sa trempe, par exemple Michel Fiol (d’HEC) et
Raymond Danziger (son prédécesseur),
et d’intervenants extérieurs qui, tout en étant des dirigeants,
partageaient sa perspective scientifique. Ils poursuivaient une sorte de quête
de la vérité. De ce fait, ils publiaient peu. Ils considéraient d'ailleurs les stars de
l’université américaines comme des faiseurs. D’où le profil
des élèves, et leur intelligence élégante, qui m’a tant frappé : ils étaient faits à leur image.
Mais les Amerloques ont eu le dernier mot ! Aujourd’hui, nous avons une sorte de génération
Sarko. Des jeunes gens ayant avant tout une grosse énergie, et peu embarrassés par les bonnes
manières. Il n’est plus
question de science, mais de réussite. Et pour cela, la fin justifie les
moyens. Ils recrutent des
intervenants extérieurs, sur leur modèle, qui sont flattés de pouvoir se dire enseignants à Dauphine.
Il demeure cependant une énigme. Pourquoi l’université
ancienne, avec sa concentration de grosses têtes, était-elle rentable, alors
que la nouvelle, qui n’en compte plus aucune, ne l’est pas ? (à suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire