Peut-être parce que nous sommes fondamentalement
intolérants. Nous devons cela à notre passé catholique. Avec l’amour des principes
absolus. Chez nous, il n’y a pas de place pour le compromis, celui qui ne pense
pas comme nous doit disparaître.
Peut-être aussi parce que la logique de notre société est féodale, avec un État hyper puissant, mais sourd, dysfonctionnel parce que morcelé, et donc fragile, et une nuée de petits propriétaires qui oscillent entre une passivité bovine et la révolte.
Nos gouvernements tendent à exclure, voire à diaboliser, une
partie de l’électorat. Ce phénomène, combiné à des dissensions internes qui les
paralysent, conduit à des bouffées de colère qui prennent la
forme de tentatives de coups d’État.
- La Commune. La commune ressemble à un règlement de comptes, qui serait à la fois une guerre de religion et une sorte d’expiation de la défaite de 70 (comme en 1940 ?). Paris est évacué, puis ce qui reste de sa population est massacré. Début de notre tradition de l’affrontement sectaire ? À noter qu'un troisième parti, les radicaux, a essayé de jouer les médiateurs entre les adversaires. Débarrassé de son aile gauche, il va désormais pouvoir dominer la politique française.
- 16 mai 1877. 1877 semble être la réelle naissance de la 3ème République, et la défaite finale de la monarchie. Le 16 mai s’affrontent Mac Mahon, président de la République et orléaniste, et la chambre, de gauche. C’est elle qui gagne. La gauche aura une majorité durable. Mais, si ses partis parviennent à s’allier pour gagner les élections, ils se haïssent trop pour pouvoir gouverner. Ce qui conduit à un régime faible, et à une droite qui se sent minorité opprimée, et qui est prête à tous les coups tordus.
- Le Boulangisme. La République ayant fait des exclus, en 1887, ils vont tenter de se venger. Ils trouvent dans le général Boulanger le chef charismatique dont ils ont besoin. Mais il ne sera pas à la hauteur de l’événement. Début des mouvements de masse et populistes.
- L’affaire Dreyfus. En France, il est normal d’être antisémite, mais pas de condamner un innocent. C’est peut être ce qu’il faut retenir de l’affaire Dreyfus. C’est aussi la naissance, et la première victoire, des « intellectuels ». Mais c’est certainement la droiture de quelques officiers de l’armée qui mérite d’être remarquée.
- 6 février 34. Les forces coalisées d’une droite revancharde et du PC profitent de l’affaire Stavisky pour attaquer un gouvernement de gauche dysfonctionnel, mais soutenu par le peuple. Ça ne marche pas mais cela conduit à une forme de guerre civile larvée et suicidaire. La gauche prétextera d’une lutte contre le fascisme, qu’elle croit français, pour ne pas apporter les réformes nécessaires au gouvernement, et ignorer la montée du nazisme.
- 10 juillet 40. Paul Reynaud aurait pu être l’homme de la situation. Mais il manque de souffle. Pétain et surtout Laval profitent de l’éternelle faiblesse du régime pour faire un coup d’État et imposer leur vision médiocre, et revancharde, du monde.
- 13 mai 58. Guerre d’Algérie. Cette fois-ci l’armée se croit une mission, elle aussi a des comptes à régler. Le gouvernement en place, comme d’habitude, est trop divisé pour pouvoir réagir. De Gaulle arrive, transforme la constitution, et règle le problème, endémique, d'instabilité gouvernementale.
- Mai 68. Mai 68 est l’histoire d’une sorte de baby boom étudiant mondial, mais qui, en France, va, en se heurtant à la rigidité de la société gaulliste, exploser.
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