Pour commencer, voici le problème à
résoudre. Un exemple, au moins. Depuis des années, je fais faire l’exercice du paradoxe aux
participants à mes cours. Je leur demande si quelque-chose les a frappés dans
une entreprise pour laquelle ils ont travaillé, dans leur vie quotidienne, dans
la politique… et s’ils peuvent trouver à ce « paradoxe » une logique. Effectivement,
beaucoup de choses les ont frappés. Leur explication ? Incompétence ou malhonnêteté.
Ce résultat s’applique à mon cas. Des expériences
simples montrent que ces participants me croient spontanément incompétent et
malhonnête. Il en est de même dans l’entreprise : à de rares exceptions près,
tout nouveau plan est interprété comme une preuve d’incompétence ou de
malhonnêteté.
Et maintenant, un exemple de réussite. Je donne, ailleurs
dans ce blog, l’histoire
de Christian Kozar, à l’époque directeur général du Courrier de la Poste.
Il a eu à fermer ses centres de tri. Changement,
dangereux, alors que des conflits, infiniment plus modestes, paralysaient
périodiquement la société ? Pourtant, les syndicats ont adhéré au plan. Christian Kozar leur a expliqué qu’il fallait des « centres de tri internationaux ». Les centres de tri doivent se trouver aux nœuds des réseaux
de transport mondiaux, alors qu’ils étaient placés « à côté de gares où les
trains ne s’arrêtaient plus ». L’argument était imparable.
Ces exemples illustrent deux résultats fondamentaux :
- La communication ne doit rien cacher. La pratique française qui consiste à dissimuler les nouvelles susceptibles de mécontenter le personnel a des effets désastreux. Non seulement il n’est pas dupe, mais, bien pire, il invente une interprétation de ce qu’il ne connaît pas fondée sur l’incompétence et la malhonnêteté de ses dirigeants.
- Au contraire, prouver que le changement est un défi qu’il faut relever dans l’intérêt collectif met spontanément l’organisation en mouvement.
Et voici comment formuler l’objectif d’un
changement et pourquoi cela est aussi difficile. En effet, un objectif est bien
défini si vous êtes si bien convaincu de son intérêt pour la collectivité que, en
conséquence, vous ne redoutez le regard de personne. D’une certaine façon vous
devez être prêt à périr pour votre cause. L’organisation le verra. Elle saura
que vous êtes honnête. Reste à lui démontrer que vous êtes compétent.
Pour cela, il existe une technique pour définir un objectif au changement. Elle est en trois composants.
- Objectif quantitatif symbolique, qui traduit indirectement la raison profonde de la transformation.
- Analyse objective et indiscutable de la situation actuelle, telle que perçue par l’organisation.
- Raisons (indirectes) qui feront le succès du changement. Ces raisons sont de deux ordres. Les compétences que l’organisation a démontrées ; les moyens que vous lui apportez pour réussir le changement.
2 commentaires:
Finalement on peut résumer cette technique à de l'honnêteté? Ou encore ce que SERRES propose pour améliorer la société : être soi-même et donner de soi?
C'est juste. Mais il faut aussi démontrer sa compétence.
Il est vrai que les gens qui arrivent à conduire le changement par la parole sont des gens de conviction. D'ailleurs, ils n'ont pas besoin de faire de grands discours: on voit ce qui les préoccupe, et qu'ils ne lâcheront pas. Du moins c'est ce que j'ai constaté.
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