Une des découvertes de l'année aura été White Working Class. Ce livre a eu un succès considérable aux USA, parce qu'il explique les valeurs de la classe moyenne américaine, et, donc, son état d'esprit et les succès électoraux de Donald Trump.
L'Américain rêve d'un foyer. Pour cela, il a besoin d'un travail suffisamment rémunérateur pour lui permettre de vivre correctement. C'est ce qu'il n'arrive plus à trouver.
Une ambition aussi limitée peut surprendre. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas celle de la poignée de gens qui font l'opinion. En fait, le gros de la population n'a plus la parole.
Ce rêve était aussi celui de mon père. Il était agrégé d'économie, et, manifestement, exceptionnellement doué pour les études, mais l'enseignement, pour lui, n'avait été qu'un travail alimentaire, choisi par défaut. Il a vécu ce que Pierre Bourdieu a appelé "la misère des classes moyennes". Pour acquérir un confort que beaucoup considéreraient comme minable, il a passé des concours, retapé des maisons et des voitures, et été dans les dettes, toute sa vie, et bien au delà.
(Voici aussi pourquoi les femmes de la classe moyenne ne rêvent pas de prendre le travail de leur mari : parce qu'il n'a rien d'attirant. Si ma mère s'est mise à travailler, ce n'était pas pour faire carrière, mais pour être indépendante, et diversifier les risques de la famille. Elle pouvait aussi compter sur ma grand mère, qui s'occupait de la maison, et de moi.)
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