mardi 23 février 2021

Mauvaise santé

Dans ma jeunesse, on avait l'impression que notre santé était entre de bonnes mains. Nous étions le pays de Pasteur. Qu'est-il arrivé ? Voici ce que je retiens de deux études : l'une sur le secteur de la santé en général, et l'autre sur Sanofi, en particulier :

  • "Quand j’ai commencé ma carrière, jeune chercheur venant de Belgique, j’ai été ébloui par la science française, notamment au CNRS. Malheureusement, je dois dire qu’au fil des décennies, les moyens n’ont cessé de s’éroder et la bureaucratie de fleurir." L'appareil administratif s'est nourri sur la bête ? (On réduit le nombre de soldats pour avoir plus de généraux ?) Et ce par un effet Tour de Babel de création d'agences qui tirent chacune de son côté. Paradoxe d'une politique dite "libérale" ?
  • Sanofi, "champion" français, parti d'Elf Aquitaine (!), a été construit, de bric et de broc, par acquisitions. Lancée sur fonds français, la société est maintenant aux mains d'investisseurs étrangers. Elle a suivi la mode qui consiste à acheter sa recherche en acquérant des start up. Comme le disait un précédent billet, personne n'a vu que cette mode faisait le jeu des USA, car plus propices au financement des start up. La start up française, elle, n'a pas les moyens de se financer. (A moins de partir aux USA.) Le champion qui devait "tirer" la recherche française l'a abandonnée ! Il ne reste qu'un désert ?
  • Doit on s'en consoler ? Sanofi n'est plus français, mais on n'a peut être pas perdu grand chose, car il est peu malin : il a raté les "bonnes" start up. (Est-ce pour éviter qu'ils ne le sanctionnent, qu'il verse de gros dividendes à ses actionnaires ?) 
  • Quant aux médicaments de tous les jours, ils ont été délocalisés, parce qu'ils rapportent peu. Ils nous arrivent par des chaînes d'approvisionnement dont la seule raison d'être est le coût. Ce qui les rend incompréhensibles, et sensibles aux aléas, comme on l'a vu. Le souci de l'administration est de réduire le prix des médicaments, ce qui ne fait qu'accélérer le phénomène. 
Qu'en conclure ? 
  • Tout cela n'est pas le résultat des "lois du marché", mais d'une politique industrielle délibérée ? Toute notre politique industrielle a donné le même résultat ? Ce qui devait créer les conditions de compétitivités du pays, comme pour les coopératives agricoles, s'est retourné contre ceux qu'il devait servir (le citoyen, et les intérêts de la nation). 
  • Les hauts fonctionnaires qui dirigent notre administration et nos entreprises ont joué les moutons de Panurge, en appliquant les idées reçues du moment. (Ou les oligarques russes ?) 
  • Grande faille de notre processus démocratique. 
Que faire ? On part de loin. Un des articles dit que l'on ne pourra pas s'en tirer seul. Il faut l'aide de l'Europe. En tout cas, cela pose la question du "champion national". Mais aussi celle de l'intervention de l'Etat, redoutable apprenti sorcier. Mais comment revivifier notre économie sans lui ? 

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