"Il est malheureux que la sagesse vous défende d'être satisfait de vous et d'être plein de confiance et vous laisse toujours mécontent de vous et craintif tandis que l'entêtement imbécile et la légèreté remplissent leurs hôtes de joie et d'assurance. Ce sont les gens incompétents qui ont le droit de regarder les autres hommes avec dédain en s'en retournant toujours du combat pleins de gloire et d'allégresse. Et le plus souvent aussi cette outrecuidance de langage et cette gaieté sur leur visage leur donnent leur victoire aux yeux de l’assistance qui est ordinairement faible et incapable de bien juger et de discerner les avantages véritables." (Montaigne traduit par La Pléiade)
Voilà qui explique notre situation actuelle ? Nos hommes politiques nous disent, maintenant, avec le sourire, "ce que nous faisons depuis 40 ans a dévasté l'Occident, revenons-en à ce que nous faisions avant". Nous aimons les gens qui sont sûrs d'eux, et seuls les simples d'esprit peuvent l'être ? Si bien que nous allons de crise en crise, avec le sourire ?
Mais, pourquoi le mécontentement de soi du sage devrait-il le rendre d'une fréquentation désagréable ? Est-ce vraiment être sage que de se désespérer dans son coin ? Considérons le Lieutenant Colombo, il n'est ni sûr de soi, ni des autres, et pourtant, il emmène la société, sympathiquement, vers la vérité. L'humour est la politesse du désespoir ? Et si être sage, c'était, surtout, être de bonne fréquentation ? Ce, qu'au fond, était Montaigne.
(Mme Merkel, aussi, a su imposer son doute. D'ailleurs, il n'y a que lorsqu'elle a été sure d'elle qu'elle a fait des erreurs graves. Comme quoi, ce n'est pas le doute qui est désagréable au peuple, mais la façon dont on l'affiche ?)
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